Chapitre 3 : Ceux liés par le destin
Table des matières
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Chapitre 3 : Ceux liés par le destin
Partie 1
Avec un éclat bleu vif, cela fut gelé par de la glace.
Ce jeune homme ne savait pas l’endroit dans le monde où cet événement s’était déroulé. Aux côtés du plus grand épéiste de l’Empire, l’« Homme de l’acier noir » Crosswell, il parcourait toutes les terres du continent.
« L’Empire n’est pas tout ce qu’il y a dans le monde. Regarde bien tout ce qui est autour de toi. »
« Dans dix ans, voire vingt, il s’agira d’une expérience qui deviendra nécessaire pour toi, » telles furent les paroles de son maître.
Au cours de leur voyage, Iska s’était retrouvé séparé de son maître en raison de certaines circonstances. En se focalisant sur la lointaine lumière annonçant la distance qui le séparait de la Cité Neutre, il avançait pendant la nuit dans des terres désolées à bord d’un train. Et le train dans lequel se trouvait Iska avait été attaqué par une meute de bêtes qui dominaient cette terre.
Il avait été pris dans un dilemme à partir du moment où la petite lame présente dans sa main s’était brisée. Et celle qui avait sauvé la vie d’Iska à cette époque fut une unique sorcière. Un mur de lumière bleu en glace le protégeait, et des pics de glace abattaient les bêtes.
Une sorcière m’a sauvé ?
Moi, qui suis de l’Empire ?
Une sorcière de glace.
Il ne pouvait pas voir le visage de la sorcière alors qu’un voile d’obscurité la recouvrait. Elle était probablement une passagère présente dans le même train dans lequel il était monté.
Il n’y avait aucun doute que la sorcière ne pensait absolument pas que le garçon qui voyageait dans un train depuis une terre si loin de la Capitale Impériale soit quelqu’un de l’Empire. C’était également un fait que les bêtes attaquaient la sorcière comme toutes les autres personnes présentes au sein du wagon. Elle avait vaincu les bêtes pour se protéger, et il se pouvait qu’Iska ait été protégé simplement à cause de cela.
Cependant, peu importe la raison, le fait qu’il ait été « sauvé » était resté présent.
Même si l’on m’a enseigné dans l’Empire que les sorcières étaient de cruels monstres.
A-t-elle agi afin de me sauver moi ainsi que les personnes autour de moi ?
Ce n’était que le commencement.
Il s’agissait de l’événement qui avait repeint la perception d’Iska vis-à-vis des sorcières.
Les sorcières... Non, les Mages des Étoiles pouvaient tout à fait ne pas être de mauvaises personnes. S’il était possible de discuter avec eux, il serait alors possible de tous s’entendre.
Tout en faisant partie de l’Empire, Iska croyait en cette intuition et cela encore de nos jours.
***
Dans la zone d’entraînement du secteur 3 de la Capitale Impériale.
Une chaleur meurtrière se déversait d’en haut, dégageant un vent chaud qui dépassait facilement les cinquante degrés Celsius.
─ Le Terrain d’Entraînement du Désert.
Comme son nom l’indiquait, il s’agissait d’une configuration présente dans les terrains d’entraînement utilisé afin de simuler une bataille dans un gigantesque désert. Le sable à leurs pieds était extrêmement fin, le rendant encore plus efficace quant à l’absorption de la chaleur du soleil, et dans cette installation, la température ne descendait pas au-dessous de quarante degrés et cela même pendant l’hiver.
« Haa... Haa. A-auuuu... E-Eau...! »
Quatre personnes couraient sur les pourtours du terrain.
En courant à l’arrière de la formation, Mismis avait fait une expression pitoyable comme si le monde se terminait alors qu’elle avait crié. « EAUUUUUU ! »
« Veux-tu boire un peu ? Après tout, il s’agit d’un entraînement pour savoir se réhydrater tout en voyageant, » Jhin se retourna en courant avant de dire cela.
Les sacs à dos qu’ils transportaient étaient équipés d’une réserve en eau, et il était possible tout en courant de s’abreuver à l’aide d’une paille.
« Au lieu de transporter des armes, la règle de cet exercice d’entraînement est de pouvoir à la place boire l’eau que tu transportes. Ne portes-tu pas une tonne d’eau sur ton dos ? » demanda Jhin.
« J’ai déjà tout bu ~. Jhin-kun, de l’eau, juste une gorgée... partagez-la avec moi ! » demanda Mismis.
« Tu vas être gonflée si tu continues ainsi, » répliqua Jhin.
« Jhin-kun, sale brute ! » s’exclama Mismis.
Alors qu’elle était complètement épuisée, elle semblait assez énergique pour laisser échapper un cri.
« Ce terrain d’entraînement est tout simplement trop bizarre ! » s’exclama Mismis. « Il y a une lampe représentant le soleil qui nous brûle d’en haut, et un ventilateur à haute température qui souffle de l’air chaud sur notre dos... Nous ne sommes pas du linge dans une laverie, moi je vous le dis ! »
« Il s’agit là de deux magnifiques armes à chaleur. Néné se souvient de les avoir vues avant aujourd’hui, » Néné désigna le ventilateur géant présent derrière eux. « Comme elles peuvent parfaitement reproduire les conditions d’un désert, elles peuvent être utilisées pour notre entraînement. Et les chercheurs du secteur 1 sont en mesure d’utiliser les données des tests effectués sur des cobayes humains afin d’améliorer l’arme. C’est une bonne affaire pour tous ! »
« Néné-chan, tu es effrayante de pouvoir penser ainsi, tu le sais !? » La capitaine criait à propos de l’utilisation de l’expression « tests effectués sur des cobayes humains. »
« Ah, aaah... R-Regarde, Iska-kun... Là-bas... je vois, une oasis... Les anges m’appellent afin que je vienne auprès d’eux... Plus... ? » déclara Mismis.
« Capitaine, attends ! Cet ange n’est probablement pas une bonne personne ! » s’exclama Iska.
Mismis s’était mise à courir en pleine panique pendant qu’Iska essayait de l’arrêter alors qu’elle poursuivait avec zèle le pays imaginaire de l’eau.
« Hourra ! E-Enfin, ma première victoire sur le Terrain d’Entraînement du Désert ! » Mismis avait jeté les bagages présentant sur son dos alors qu’elle sautait sur place.
« Capitaine, tu avais l’habitude d’appeler un brancard arrivé seulement à mi-chemin, » déclara Iska.
« Vraiment ? Après tout, j’ai quand même réussi à désespérément augmenter mon endurance au cours de la dernière année ! » répondit Mismis.
Mismis leva son poing en l’air en signe de victoire alors que la sueur coulait comme une cascade depuis son front et sa nuque. Elle avait fait surgir un sentiment de joie qui avait dissipé sa fatigue.
Mais c’est vraiment incroyable.
D’une façon ou d’une autre, le capitaine Mismis a fait de gros efforts pendant que nous ne la regardions pas.
Tout en essuyant rapidement la sueur dégoulinant de ses cheveux, Iska jeta un coup d’œil à Mismis qui se trouvait derrière lui.
Elle avait une petite silhouette et un visage enfantin qui ne pouvait être vu que vers les treize ans, peut-être quatorze ans tout au plus. Parce qu’elle avait l’air d’une enfant, même les soldats les plus jeunes la regardaient de haut, mais Mismis continuait à faire des efforts sans se décourager. Et cela était pleinement visible dans les résultats obtenus lors de leur entraînement de tout à l’heure.
« Aaah. Iska-nii, tu regardes vraiment beaucoup la Captaine Mismis, » Néné gonfla ses joues. « Iska-nii aime donc ce genre de chose ~ !? »
« ... Quelle sorte de chose ? » demanda Iska.
« Une dame sexy, » répliqua Néné.
Mismis avait enlevé sa veste et n’était plus que légèrement habillée. Ses bras exposés s’étaient empourprés en raison de la chaleur causée par l’activité physique et la météo et ses vêtements s’étaient collés à son corps à cause de la grande quantité de sueur qui sortait d’elle, rendant les lignes de son corps bien distinctes.
Ses deux seins poussaient sa chemise vers l’extérieur et elle avait de charmantes courbes visibles au niveau de ses hanches. Son corps voluptueux qui suintait de sueur créait un mélange entre sa silhouette et son visage enfantin, et c’était assez sensationnel pour faire prendre conscience à quiconque qu’elle était en vérité une « adulte ».
« ... Comme c’est mignon ~. La Capitaine, en dépit d’être petite, possède des endroits qui dépassent largement sa silhouette, hein ? » avec un regard d’envie présent dans ses yeux, Néné fronça les sourcils alors qu’elle disait ça.
« Hein !? Quel endroit, Néné-chan ? » demanda Mismis.
« Comme je le disais avant, Iska-nii regarde la capitaine d’un air suspect... Hmm ? » répondit Néné.
« Je n’ai pas fait de telle chose ! » Puis, scellant la bouche de Néné, Iska secoua la tête de toutes ses forces tout en répondant. « Néné, je te dis que ce n’est qu’un malentendu. »
« ... Vraiment ? » demanda Néné.
« Vraiment. Je voulais juste..., » commença-t-il.
Alors qu’Iska était sur le point de continuer à parler, le vent qui rugissait depuis le ventilateur à haute température avait varié. Le vent chaud auquel ils avaient été exposés jusque là et qui risquait de transformer un œuf cru en un œuf cuit avait totalement changé pour devenir un vent agréable, frais et doux.
« ... Oh mon Dieu ! Comme c’est rafraîchissant. C’est aussi rafraîchissant qu’un ventilateur électrique, » Mismis pencha la tête sur le côté en raison de sa curiosité. « Un dysfonctionnement ? »
« Il n’y a aucune chance que je puisse te répondre ~, » répondit une voix inconnue. « Bon d’accord, je l’ai passé en mode refroidissement juste pour ton bien-être, Mismis. »
« Kya!? »
Celle qui venait de saisir les épaules de la capitaine assise sur le banc était une autre femme.
« Quoi-quoi !? Alors c’était toi, Lishia-chan ? » demanda Mismis.
« Yaaaho! Iska-chi, Néné-tan, Jhin-jhin, ça fait environ un an depuis la dernière fois, n’est-ce pas ? Vous souvenez-vous de moi ? » demanda Lishia.
La fille que Mismis avait appelée Lishia-chan avait fait un salut exagéré. Il s’agissait d’une femme qui avait des traits élégants et gracieux qui correspondaient bien à ses lunettes noires. Couplée avec sa grande taille, même quand elle portait des vêtements de combat, son apparence était bonne. Cette femme avec une apparence exceptionnelle était quelqu’un qu’Iska connaissait bien.
« As-tu besoin de demander une telle chose ? Il n’y a pas de soldats qui ne connaissent pas les Saints-Apôtres en service actif, » répliqua Mismis.
« Exact et après tout, Iska-chi n’était-il pas mon collègue jusqu’à il y a un an ? » déclara Lishia.
Lishia cligna des yeux à travers les verres de ses lunettes.
Lishia Ean Empire ─
Pour la décrire en une seule phrase, elle était un « génie omnipotent » inégalé vanté dans tout l’Empire. Que cela soit les compétences universitaires, les arts martiaux, les techniques de tir, les compétences de survie et même le commandement stratégique... Ayant démontré son talent dans tous les domaines, elle était diplômée avec le plus haut rang de l’académie militaire. Ayant remporté la victoire lors de l’examen compétitif, elle était passée de commandant à Saint Apôtre en un clin d’œil.
« Maintenant... N’es-tu pas une invitée spéciale du quartier général de la force de défense ? » demanda Mismis. « C’est incroyable. »
« Ce n’est vraiment pas grand-chose tout ça. Iska-chi était également un Saint Apôtre jusqu’à l’année dernière, » Lishia avait légèrement ri. Et derrière ça...
« Même s’il était le plus jeune à avoir le statut de Saint Apôtre, Iska avait le siège le plus bas. Toi, tu es sur le cinquième siège, tu es pour ainsi dire l’une des mains de l’Empereur. Même parmi les Saints-Apôtres, tu es à un niveau totalement différent de lui, » répliqua Mismis.
Jhin, qui s’était refroidi à l’ombre d’un arbre, se leva avec une expression montrant son ennui.
« Alors, quel genre de rôle gênant êtes-vous venue nous pousser sur nous ? » demanda Jhin.
« C’est simplement une petite requête, » répondit Lishia. « Et c’est comme ça, donc Mismis... »
Tout en faisant dépasser sa langue comme pour montrer qu’elle plaisantait, Lishia posa son doigt sur Mismis.
« Pour votre prochaine mission, l’équipe de Mismis travaillera sous mes ordres. Et donc, bien que ce soit après les faits, je suis contente de vous rencontrer ! » déclara Lishia.
« Eeeeh... » s’exclama Mismis.
« Ohh, insatisfaite ? » demanda Lishia.
« Mais tu sais, Lishia-chan, tu es trop intelligente, alors je me demande si je peux bien comprendre tes stratégies, c’est tout..., » répondit Mismis.
« C’est correctttttt. Après tout, ce n’est que moi et toi, Mismis, » répondit Lishia.
Mismis regarda Lishia avec un froncement de sourcils. Quant à Lishia, elle avait commencé à frotter la tête de son ancienne camarade de classe.
« Je vais obtenir un fascicule sur les stratégies juste pour ton usage Mismis, » rajouta Lishia. « Tu ne peux pas le perdre, tu me comprends bien ? »
« Vraiment ? Alors c’est parfait ! » répondit Mismis.
« Alors c’est comme ça, je vais vous laisser la création du fascicule stratégique, d’accord Jhin ? » demanda Lishia.
« Vais-je devoir le faire ? » demanda Jhin.
« Je n’ai pas dit que je le ferais moi-même, » répliqua Lishia. « En tout cas, je suis venue ici aujourd’hui afin de saluer tout le monde. Tout le monde ici, sauf la capitaine sont après tous, des personnes de l’élite. »
« ... Lishia-chan ? » demanda Mismis.
« Ahahah, c’est une blague, juste une blague. Mismis, tu es également splendide. Je suis celle qui te le dit, donc il n’y a pas de doute à avoir ! » répondit Lishia.
Mismis avait gonflé ses joues pendant que Lishia se frottait la tête. Était-ce parce qu’elles étaient des camarades de classe ayant une relation amicale ? Un Saint Apôtre sous le commandement direct de l’Empereur agissant de telle manière avec une capitaine d’escouade n’était probablement pas quelque chose que l’on pouvait voir si souvent.
─Une doctrine stricte basée sur la suprématie des compétences.
Pour un jeune capitaine comme Mismis, un Saint Apôtre était une « cible formidable à abattre un jour ». Pour un Saint Apôtre, on disait que quelqu’un au niveau d’un capitaine était « quelqu’un qu’il avait déjà vaincu et qui était en dessous d’eux ».
La raison pour laquelle Lishia-san et le capitaine Mismis s’entendent si bien.
Est parce que notre capitaine avait un caractère qui ne regardait jamais de haut la moindre personne ou elle n’avait pas la moindre envie de compétitions face aux autres.
Lorsqu’elle était venue par la suite dans leur équipe sans réel but, à ce moment-là, sans discuter de stratégie, il se rappelait qu’elle avait gonflé à bloc tout le monde présent en parlant de choses telles que faire du shopping. Mais ce genre d’attitude était également venu de la confiance en soi de Lishia. Précisément parce qu’elle avait une confiance inébranlable dans son propre talent et ses compétences qu’elle pouvait s’en tirer avec une attitude si décontractée.
« Mais êtes-vous sûre de pouvoir rapidement vous déplacer ? » Faisant face à quelqu’un qui occupait une position beaucoup plus élevée que lui, Jhin parla avec un sourire audacieux d’une manière qui pouvait être appelée provocatrice.
« Dix-sept heures après la libération d’Iska, nous avons mené une expédition dans la forêt de Nelka, » continua Jhin. « Au cours de l’année écoulée, cela aura été la seule mission à laquelle nous avons participé. Malgré cela, je suis surpris que vous ayez fait un tel jugement avant de nous placer sous votre commandement. Si j’étais vous, je nous laisserais reprendre nos marques un peu plus longtemps. »
« Est-ce que ça ne vous permet pas d’évaluer un peu mieux vos capacités ? » demanda Lishia. « Hmmmm, bien sûr que j’ai cette intention. Mais de toute façon, je pense que j’ai déjà une bonne compréhension de vous, les gars. »
Derrière ces lunettes, les yeux du Saint Apôtre se plissèrent tel un croissant de lune.
« Le rapport de bataille de la forêt de Nelka était bien écrit, n’est-ce pas ? » demanda Lishia. « Précis et bref. Bien sûr, il n’y avait pas une seule faute de frappe ou omission. Jhin est celui qui l’a écrit, n’est-ce pas ? »
« Bien sûr, » répondit Jhin.
« Juste à la lecture de tout ça, je peux dire que vos sens ne se sont pas du tout émoussés, » répliqua Lishia.
En leur laissant un clin d’œil, Lishia se retourna et fit face à Iska.
« Au fait Iska-chi, est-ce que je peux un peu t’interroger ? » demanda Lishia.
« M’interroger ? » demanda Iska.
« Comment va ton état physique et mental ? » demanda Lishia. « Tu vois, j’ai entendu parler de ça de la part de Mis-chi. Après l’expédition dans la forêt de Nelka, tu ne dors pas bien, n’est-ce pas ? »
« ... Je n’ai pas dormi beaucoup, » répondit Iska.
C’était le devoir d’un soldat de rapporter ce genre de fait à son capitaine. Tant que c’était quelque chose transmis à Mismis, en tant que Saint Apôtre, Lishia serait en mesure de le savoir. Cependant, Iska lui-même ne savait pas pourquoi il était incapable de bien dormir ces derniers temps.
La Sorcière de la Glace de la Calamité, Alice
Pour une raison inconnue, son visage était présent en tout temps dans son esprit et il était incapable de dormir.
« Eh bien, il s’agit là d’une réponse imparfaite que tu m’as donnée, hein. J’ai entendu dire de Mis-chi que tu étais allé voir un opéra, mais est-ce que le changement de rythme de l’autre jour n’a pas arrangé ton état ? » demanda Lishia.
« C’était agréable. Hummm, et cela faisait un moment depuis que j’étais allé dans la Cité Neutre, » Iska secoua la tête tout en répondant.
Dire que j’ai rencontré Alice dans la Cité Neutre.
... est vraiment quelque chose que je ne peux pas dire ici, hein.
« Ah oui, c’est vrai. Capitaine Mismis, merci beaucoup. L’opéra était très intéressant, » déclara Iska.
« N’est-ce pas ? N’est-ce pas super ? Ce genre d’amour brisé n’est-il pas également agréable une fois de temps en temps ? C’est douloureux pour le cœur, mais n’est-ce pas plutôt satisfaisant ? » Mismis posa sa main sur son cœur avec ravissement alors qu’elle demandait ça. « Lishia-chan a dit que c’était ennuyeux comme spectacle. »
« Je suis une personne qui n’a aucun goût pour ce genre de chose artistique, » répondit Lishia. « Quand il s’agit d’Iska-chi, il appréciait après tout la musique et la peinture depuis le commencement. »
« Tout à fait. Mais Lishia-san, est-ce que je vous ai déjà parlé de mes passe-temps ? » demanda Iska.
« Ce genre de collecte de renseignements est mon hobby, » répondit Lishia. « La vie amoureuse et les potins de mes subordonnés sont mes repas préférés. »
Lishia avait alors mis son doigt dans sa poche de poitrine.
« Iska-chi, connais-tu Vibran Salil ? » demanda Lishia.
« Il était un peintre de la cour pour l’Empire, n’est-ce pas ? » demanda Iska. « Si je me souviens bien..., il y a environ cent cinquante ans, il était un peintre à l’huile qui était actif avant la guerre de cent ans. »
« Comme prévu de ta part. Franchement, on dirait que tu m’as enlevé les mots de la bouche, » répondit Lishia.
Cet officier supérieur avait alors fait un sourire espiègle. Et ce qu’elle avait sorti de sa poche de poitrine était un seul et unique petit billet.
« Il semblerait qu’il y aura prochainement une exposition, » déclara-t-elle.
« ... Des tableaux de Vibran ? Dans la Cité Neutre ? » demanda Iska.
« Tout à fait. Je l’ai gagné d’un subalterne au cours d’un jeu, mais il semblerait que le fait d’aller voir Vibran profiterait davantage à Iska que si c’était moi qui y allais, » déclara Lishia.
« Mais je viens de passer un jour de congé l’autre jour..., » déclara Iska.
« Je vais te faire travailler en proportion du temps que tu te seras reposé, alors c’est bon, » répondit Lishia. « Après tout, Iska-chi, tu es important pour la prochaine mission. »
Lishia avait frotté la tête de Mismis, et contrairement aux attentes, elle s’était arrêtée et s’était retournée sur place.
« C’est comme ça. Alors l’équipe de Mismis travaillera maintenant avec bonheur sous mon commandement, » déclara-t-elle. « Nous nous réunirons la semaine prochaine et je me joindrai à l’entraînement le mois prochain. Donc c’est bien pour toi de continuer à t’entraîner jusque là, ou tout comme Iska-chi, c’est aussi bien pour Jhin-jhin et Néné-tan de faire une pause. »
« Et moi ? Ne puis-je pas faire une pause ? » demanda Mismis.
« Mismis, tu es un officier donc ne peux pas faire ça ~. De plus, tu vas avoir des réunions stratégiques avec moi, » répondit Lishia.
« Pingre ! » s’écria Mismis.
Mismis se gonfla les joues comme une enfant alors que Lishia la taquina gaiement. Et en mettant les deux de côté...
« De retour à Ayin, hein..., » murmura Iska.
Ce qui était arrivé dans les pensées d’Iska, c’était la rencontre qu’il avait eue il y a juste deux jours. Comme on pouvait s’y attendre, une autre coïncidence ne se reproduirait plus jamais. Cette fois, il se rendait seul à l’exposition de l’artiste impérial Vibran. C’était également plus tard dans la journée. Il n’y avait aucune raison pour lui de la rencontrer à nouveau dans un tel endroit.
Finalement, Alice a toujours mon mouchoir.
Attends, à quoi je pense là ?
Comme pour chasser de sa tête ces pensées oiseuses, Iska secoua la tête.
***
Partie 2
Dans le Palais Royal de Nébulis.
Il s’agissait du château situé dans la partie la plus profonde de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis fondée par des Mages des Étoiles. Le château était divisé en trois tours pointues, et chaque tour était ouverte au public toute l’année. En d’autres termes, la population pourrait inspecter l’ensemble du château. C’était un signe de la confiance établie entre la famille royale et les citoyens.
─ Il n’y a rien à cacher.
─ Nous sommes tous des camarades qui combattons l’Empire.
Cependant, il y avait une place dans le palais royal qui n’était pas ouverte au public. C’était une zone qui était limitée à ceux du palais à moins d’avoir la permission expresse de la royauté.
« Désolée je suis en retard, Rin. As-tu attendu longtemps ? » demanda Alice.
« Non. Je viens aussi d’arriver, » répondit Rin.
Alors que Rin se tenait dans l’obscurité éclairée par la lumière des bougies, Alice vint vers elle en courant.
« Chaque fois que je regarde cet endroit, c’est assez étrange, n’est-ce pas ? »
Il s’agissait d’un passage souterrain qui utilisait une grotte naturelle de calcaire. L’air était humide et tiède. Un vent venant d’un endroit inconnu circulait sur les contours de la grotte de calcaire. Il brossait doucement la nuque d’Alice. Chaque fois que c’était le cas, elle ne pouvait s’empêcher de penser que c’était le frisson causé comme par une sorte de malédiction.
« ... Rin, sauve-moi, » déclara Alice.
« Mademoiselle Alice, s’il vous plaît, ne vous collez pas si timidement à moi. Après tout, vous n’êtes plus une enfant, » déclara Rin.
« M-mais, qu’est-ce que je fais si un fantôme sort... ? » demanda Alice.
« Votre Esprit des Étoiles est probablement bien plus puissant qu’un fantôme. En outre..., » commença Rin.
Alors que Rin marchait à côté d’elle, elle continua de parler comme si elle disait. « Pourquoi, après tout ce temps ? »
« Ceux qui dorment ici ne sont pas encore morts, » déclara Rin.
« ... Je sais déjà ça, » répondit Alice.
Alors qu’elles progressaient en silence sur le chemin accidenté, une faible lumière dorée apparut.
─ L’Autel Doré
Un tapis cramoisi était étalé sur la surface de la roche, et sur ce trésor se trouvait un chandelier en laiton à sept pointes, des textes écrits avec des mots anciens et de nombreuses urnes saintes à la place des personnes dont Alice ne connaissait pas le nom.
« Je suis arrivée en retard, mère, » déclara Alice.
« Vous êtes juste à l’heure. »
La femme portant des vêtements royaux se retourna. Ses cheveux éclairés par la lueur des bougies étaient colorés avec une teinte brune. Ses yeux couleur rubis avaient affiché à la fois la gentillesse et la rigueur, ainsi que sa fierté de noble.
Il s’agissait de Mirabelle Lou Nébulis XIII ─ la mère d’Alice et l’actuelle reine de Nébulis.
Cependant, c’était étrange pour sa mère de l’appeler ailleurs que dans la salle d’audience.
« Alice, à propos de l’autre jour, vous avez dit que vous avez combattu avec un épéiste de l’Empire, n’est-ce pas ? Bien qu’il n’était pas un Saint Apôtre, il avait la force qui s’approchait celle d’un Saint Apôtre, est-ce bien ça ? » demanda la Reine.
« Tout à fait, » répondit Alice.
C’était à propos d’Iska. Alice avait fait ce rapport sur la bataille ce jour-là dans la Forêt de Nelka. Mirabelle, la mère d’Alice, était aussi une Mage des Étoiles avec un long service militaire. Elle avait l’expérience de la lutte contre les Saints Apôtres, et elle était très familière avec l’organisation de l’Armée Impériale. Si c’était elle, il était possible qu’elle connût son identité. Toutefois. Même sa mère ne semblait pas sûre de qui était l’escrimeur connu sous le nom d’Iska.
« ... Est-ce vrai ? » demanda la Reine.
« Mère ? Quelque chose ne va pas ? » demanda Alice.
La reine s’était déplacée derrière l’autel.
« S’il vous plaît, vous deux, venez ici, » déclara la Reine.
« C’est... Les reliures de l’honorable Fondatrice... !? » Dans la grotte de calcaire, la voix de Rin qui approchait d’un cri résonnait à plusieurs reprises.
Puis, regardant le pilier noir qui se tenait devant elle, la jeune servante recula comme si elle avait peur.
─ La Fondatrice Nébulis.
Le pilier noir sur lequel cette Grande Sorcière avait été crucifiée était là.
Sa peau bronzée et ses cheveux gris perle ondulée étaient impressionnants. En tant que fondatrice du paradis des Mages des Étoiles, la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, elle était une ancienne Mage des Étoiles dotée de l’Esprit des Étoiles ultime. Son apparence ne semblait pas plus vieille qu’une femme dans la trentaine ou la quarantaine.
« Il y a cent ans, notre honorable Fondatrice se tenait toute seule face à l’Armée Impériale qui comptait des dizaines de milliers de personnes. Et même maintenant, elle est toujours en vie, » la reine actuelle de Nébulis parlait d’un ton doux.
« La fondatrice avait une sœur jumelle. C’était Nébulis la Première, » continua-t-elle. « Tout en nous incluant moi et Alice, elle était le début de la lignée royale. L’Empire ne savait pas que la Fondatrice qu’ils craignaient en tant que “Grande Sorcière” avait une petite sœur. C’est pourquoi, lorsque Nébulis la Première fut couronnée, l’Empire se réjouit que la Grande Sorcière ait disparu. »
La Grande Sorcière Nébulis était vivante. C’était un fait qui était seulement connu par la famille royale, et la lignée de Rin qui avait servi la famille royale depuis des temps immémoriaux. La jeune sœur jumelle avait servi comme la reine pour la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, avait eu un enfant, et avait été plus tard appelée Nébulis la Première.
Cependant, la sœur aînée était différente. La fondatrice qui avait en elle l’Esprit des Étoiles qui était considéré comme le plus ancien au monde était même capable de s’isoler de l’écoulement du temps avec son pouvoir. Et même maintenant, elle attendait l’occasion de se venger de l’Empire.
« Mademoiselle Alice, les fermoirs de l’honorable Fondatrice ont été endommagés ! » s’exclama Rin.
Ce qui soutenait le corps de la femme endormie dans l’air était des loquets en forme de chaînes attachées au pilier. Et ils avaient été quelque peu ébréchés.
« Le changement présent chez notre honorable Fondatrice, Alice, est arrivé en même temps que vous avez combattu l’épéiste impérial dans la Forêt de Nelka, » déclara la Reine.
« ... Qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Alice.
« Les Esprits des Étoiles réagissent au danger qui menace leur hôte, » répondit la Reine. « Par exemple, quand l’Armée Impériale avait déjà atteint la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, il est dit que de nombreux Esprits des Étoiles avaient tous réagi en même temps. C’est la même chose pour l’Esprit des Étoiles de la Fondatrice. »
La reine de Nébulis se rapprocha du pilier noir. Il allait jusqu’au plafond de la grotte de calcaire, et la femme connue sous le nom de Fondatrice était dans une position crucifiée à plus de dix mètres dans les airs.
« C’est comme un présage de son éveil. Ne le pensez-vous pas ? » déclara la Reine.
En entendant les paroles de la reine, Alice et Rin échangèrent des regards tout en restant silencieuses. Ce phénomène ne s’était pas produit toutes les fois qu’elle avait combattu sur la scène impériale. Cependant, la Fondatrice avait seulement réagi quand elle avait combattu contre Iska.
« Même maintenant, nous n’avons pas déterminé les conditions pour que l’Esprit des Étoiles de la Fondatrice réagisse, » déclara la Reine.
La Reine secoua la tête sur les côtés.
« Cependant, on dit que les Esprits des Étoiles résonnent avec les autres Esprits des Étoiles, » continua la Reine. « Alice, parce que l’Esprit des Étoiles dans votre corps est puissant, il est question de savoir si l’Esprit des Étoiles de la Fondatrice est influencé lorsque ce pouvoir s’est manifesté — c’est l’hypothèse des chercheurs de l’Institut des Esprits des Étoiles. »
« Il est vrai que c’était la première fois que Mademoiselle Alice manifestait son pouvoir à ce niveau, » déclara Rin.
Nébulis XIII et Rin s’étaient parlé. En écoutant leur conversation, Alice leva les yeux vers la Mage des Étoiles connue comme étant la Fondatrice.
Cela a réagi à mon pouvoir ?
Il n’y a aucune chance que ce soit vrai. Je veux dire...
Pour déterminer les limites de son Esprit des Étoiles, Alice avait secrètement répété des expériences dans une arène abandonnée à la périphérie de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis. Naturellement, elle avait également libéré son pouvoir au niveau qu’elle avait dû faire ressortir dans sa lutte contre Iska.
Mais, à ce moment-là, la fondatrice n’avait pas réagi. En d’autres termes, elle avait seulement réagi quand Alice avait combattu contre Iska. C’était la seule chose à laquelle elle pouvait penser.
« ... Iska, qui est-il ? » murmura Alice.
« Avez-vous dit quelque chose, Alice ? » demanda la Reine.
« N-Non ! Rien du tout ! » s’exclama Alice.
Elle avait essayé de faire passer ça sur le fait qu’elle pensait sérieusement au combat avec Iska.
Je ne peux certainement pas dire que ce que je veux.
Comme le fait que je viens de le rencontrer l’autre jour dans la Cité Neutre.
Non seulement cela, elle avait fini par être vue alors qu’elle pleurait en appréciant un opéra, et qu’elle avait même partagé un repas à la même table. Cela ne pouvait être considéré que comme une blague du destin... Il vaudrait mieux l’oublier. Elle aurait dû l’oublier. Mais même ainsi, pourquoi plus elle pensait qu’elle devait l’oublier, plus son visage lui venait à l’esprit ?
« En tout cas... » Nébulis VIII croisa les bras. « Il y a beaucoup de points qui nous sont encore inconnus au sujet de l’Esprit des Étoiles de la Fondatrice. Pendant que les chercheurs de l’Institut des Esprits des Étoiles se dépêchent de mener leurs investigations, Alice, vous devez vous abstenir d’aller sur les champs de bataille. Au moins jusqu’à ce que l’identité de l’épéiste impérial soit découverte. »
« D’accord. Alors, s’il vous plaît, veuillez m’excuser, » déclara Alice.
─Allons-y, Rin.
Tout en transmettant cela avec ses yeux, elle tourna le dos à la Fondatrice Nébulis.
La Grande Sorcière crucifiée sur le pilier noir semblait imiter une énorme épée. C’était comme si, une unique épée noire perçait le sol.
Éveil
Les sorts qui ont été isolés par l’Épée de l’Étoile Noire seront libérés par l’Épée de l’Étoile Blanche.
« ... “Éveille”, était ça ? » Elle s’était soudainement retournée.
Le pilier noir sur lequel dormait la Fondatrice était comme une épée qui perçait le sol. Était-ce juste une coïncidence que la couleur de la pierre ressemblait à celle de l’épée d’Iska ?
La Fondatrice en sommeil.
Les paroles qu’Iska avait prononcées quand il avait déchaîné ce pouvoir, « Réveille-toi. »
Et si les paroles de sa mère étaient correctes, en même temps qu’elle combattait Iska, l’Esprit des Étoiles de la Fondatrice Nébulis avait réagi et elle avait tenté de briser les liens qui la retenaient.
« Mademoiselle Alice, il y a quelque chose qui ne va pas ? » demanda Rin.
« ... ! Hmm, » murmura Alice.
Elle s’arrêta. Alice effaça l’image qu’elle se représentait dans sa tête qui n’était même pas une conjecture, mais juste une idée obtenue après avoir laissé sauvages ses pensées. Pour l’instant, elle devrait tout oublier quant au fait de l’avoir rencontré ce jour-là. À cause de lui, elle avait été récemment incapable de bien dormir. Elle avait dû se bourrer la tête avec des pensées sur d’autres sujets.
« Si je me souviens bien, il y avait une exposition d’art en cours en ce moment, » murmura Alice.
« Mademoiselle Alice, est-ce que vous étiez en train de réfléchir à faire une expédition dans la Cité Neutre... ? » demanda Rin.
Comme Rin avait entendu le murmure d’Alice, elle avait fait une expression exaspérée.
« Si par hasard, quelque chose comme l’autre jour devait se produire..., » déclara Rin.
« C’était juste une coïncidence, » répondit Alice. « Juste au cas où j’éviterais l’opéra. L’autre jour, je n’ai pas eu beaucoup de distractions, alors cette fois-ci, je devrais profiter de mes loisirs autant que possible. »
Alice murmura d’une manière que sa mère derrière elle n’entendit pas. Et en remontant le sentier dans la grotte de calcaire jusqu’à la surface...
« Dans la Cité Neutre Ayin, il se trouve qu’il y a une exposition pour le peintre impressionniste Vibran, » déclara Alice.
« Vibran ? » demanda Rin.
« ... Ce n’est rien, je me parlais à moi-même, » déclara Alice.
Si elle avait mentionné qu’il était un peintre de la cour impériale, Rin serait certainement opposée à ça. Même si l’Empire était son ennemi, il s’agissait d’une vérité indubitable qu’ils avaient une profonde influence sur le monde des beaux-arts et de la musique. Surtout quant à l’utilisation douce et délicate des couleurs du peintre de la cour, Vibran.
« Rin, tu m’attendras ici dans le palais. C’est juste dans la ville voisine, donc tout ira bien, » déclara Alice.
Il était temps pour elle d’apprécier les peintures autant qu’elle le voulait pendant une période de repos. Tout en étant excitée face à une telle perspective, Alice avait quitté le sanctuaire de la Fondatrice en sommeil.
« C’est sûr. Cela devrait définitivement faire disparaître l’hésitation présente dans mon cœur, » déclara-t-elle.
***
Partie 3
Le jour suivant.
« Fr-anch-ement, POURQUOI ÊTES-VOUS ICIIIIIIIIIIIIIIII !? »
Dans la place centrale de la Cité Neutre Ayin─
Montrant le jeune homme qu’elle repéra par coïncidence, Alice cria de toutes ses forces.
« Iska !? » demanda Alice.
« ... Alice !? Pourquoi êtes-vous ici !? » demanda Iska.
En même temps, ses mouvements s’arrêtèrent complètement comme s’il avait été gelé. De plus, dans sa main, il tenait un billet pour l’exposition vers laquelle Alice se dirigeait également.
« Pour que même votre destination soit la même... Quelle est la signification de tout ça !? » demanda Alice. « Pourquoi un soldat impérial comme vous vient-il si souvent dans la Cité Neutre ? Qu’est-il arrivé à votre devoir de protéger l’Empire !? »
« Même si vous dites ça, Vibran est un peintre impressionniste impérial, » répliqua Iska. « Ce n’est pas si étrange pour moi de venir voir ça. D’un autre côté, est-ce que cela vous est permis d’aller voir les peintures d’un peintre impérial ? »
« Les beaux-arts n’ont pas de frontières, » répliqua Alice.
« Je suis d’accord. Même moi, je suis venu ici parce qu’il s’agit d’un peintre que j’aime, » répondit Iska.
Et ainsi, tous deux se fâchèrent l’un sur l’autre, sans même remarquer que ceux qui passaient par la place commençaient à les regarder.
« Je n’aurais jamais pensé que vous, Alice, vous viendriez voir des peintures d’un peintre impérial, » déclara Iska.
« N-N’est-ce pas bon !? » s’exclama Alice. « La cité dans la brume du soir et dans le matin brillant que Vibran a peint, alors même que je ne me peins pas, j’aime les regarder. Est-ce si mal que j’aime ça ? »
« Heee! » s’exclama Iska.
« ... Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Alice.
« Je pensais tout simplement que c’était pareil pour moi, » répondit Iska.
Iska regarda le billet se trouvant dans sa main, puis indiqua la rue principale qui sortait de la place.
« La galerie d’art est probablement sur cette route. Venez-vous ? » demanda Iska.
« Oui... Attendez, non ! » cria Alice.
Même s’ils se trouvaient dans la Cité Neutre, si la princesse de la Maison Impériale Nébulis accompagnait un épéiste impérial, cela deviendrait un énorme tumulte.
Même la famille royale de Nébulis n’est pas un monolithe.
Si je causais un problème, cela causerait des problèmes à ma mère la reine.
Dans le passé, la famille royale de Nébulis s’était souvent affrontée pour obtenir le trône de la reine. Même s’ils étaient parents, afin de gagner le trône de la reine, c’était un fait de tous les jours, certains avaient fabriqué des menaces et avaient manipulé l’information en répandant de fausses rumeurs. Alice elle-même avait déjà reçu un mépris immérité un nombre incalculable de fois. Et c’était la même chose envers ses trois sœurs.
En vérité, j’étais troublée parce que je ne savais pas où se trouvait la galerie d’art.
Hmm. Mais je ne peux pas. Montre donc ta volonté, Alice !
Rin n’était pas avec elle en ce moment. Si quelqu’un la voyait avec Iska, il était possible qu’ils répandent des rumeurs imaginaires d’une rencontre clandestine entre une princesse et un épéiste de nations ennemies.
« Vous descendez cette rue principale. Je vais... U-utilisez ce chemin-là ! » déclara Alice.
Avec force, Alice avait indiqué un chemin qu’elle vient juste d’arriver à repérer.
« Allez-vous utiliser ce chemin étroit ? » demanda Iska.
« C-C’est bien ça, » répondit Alice.
« Peu importe comment vous le regardez, c’est un chemin qui ne mène qu’à des ruelles, si vous allez par là, je pense que vous finirez par vous perdre, » déclara Iska.
« Je ne vais pas me perdre ! Attendez et regardez ! » s’exclama Alice.
« Ah, attendez, Alice..., » déclara Iska.
Sans attendre la réponse d’Iska, elle se retourna. Elle pouvait dire qu’il criait quelque chose derrière elle, mais Alice continuait simplement à marcher sans l’écouter et se dirigeait vers un étroit passage perpendiculaire à la rue principale qu’Iska désignait. Et plusieurs minutes après avoir marché sur ce chemin...
« ... Où est-ce... ? » murmura Alice.
Alice avait rapidement eu envie d’abandonner. Il faisait sombre. Même si c’était censé être le moment de la journée où le soleil brillait de mille feux, plutôt que d’un passage étroit, c’était plus un fossé entre les bâtiments. Parce que la lumière du soleil était bloquée par les bâtiments, il faisait aussi sombre que la nuit.
« Non seulement ça, avec toutes ces saletés. Il y a des ordures partout et elles n’ont jamais été nettoyées, et ça pue..., » déclara Alice.
Il y avait des substances à l’air menaçant le long des murs. Ce qui semblait être des taches de sang fanées était probablement le résultat d’un combat entre ivrognes ou quelque chose du genre.
« Je ne peux pas le croire, » déclara Alice. « Si j’étais la princesse de ce pays, j’ordonnerais à tous les citoyens de faire un nettoyage majeur... Bon, parce que c’est la ville des beaux-arts, ça ne veut pas dire que c’est correct de garder seulement la rue principale jolie. »
Alice continuait à marcher dans la ruelle avec inquiétude. Elle ne savait pas où elle était actuellement, et elle faisait entièrement confiance à son intuition pour la guider vers la galerie d’art. Et encore dix minutes plus tard...
« ... Rin, s’il te plaît, sauve-moi, » murmura Alice.
Alice s’était complètement perdue. À la suite de la descente du chemin obscur continuellement rempli de déchets, elle avait même perdu de vue le chemin qui la ramenait à l’endroit où elle était tombée sur Iska.
« Même si j’ai demandé le chemin de la galerie d’art à mi-chemin..., » déclara Alice.
Elle ne savait pas si elle avait mal demandé ou si l’autre partie l’avait mal entendue, mais elle s’était retrouvée sur une place complètement différente où la galerie d’art n’était pas située.
« Q-Qu’est-ce qu’il y a avec cette ville... ? » demanda Alice pour elle-même. « Faites vos rues pour qu’elles soient plus conviviales pour les touristes, pouvez-vous le faire... ? »
Avec une fontaine dans le dos, Alice trouva un banc et s’y laissa tomber. Alors qu’elle était laissée seule à la recherche de la galerie d’art, juste après avoir traversé cette ruelle sale, ses pieds avaient été entièrement alourdis par la fatigue.
Avant qu’elle ne le remarque, la soirée s’approchait déjà. Alors qu’un rideau gris descendait à l’horizon, les touristes qui s’étaient rassemblés sur la place revenaient peu à peu à leur logement.
« ... »
Les éclaboussures de la fontaine reflétaient le soleil couchant et scintillaient d’un éclat ambré. Plus loin sur la place, deux enfants couraient l’un à côté de l’autre tout en s’amusant.
« ... Je ne suis pas seule ou quoi que ce soit... » Alice se parla d’une voix usée. « Si je retourne au château, Rin sera là, même si je ne passe qu’une journée comme aujourd’hui... »
« Alice ? » Et juste à ce moment-là, elle entendit une voix familière se trouvant derrière elle.
« Juste comme je le pensais, c’est bien vous, Alice. »
« Hein !? Qui voudriez-vous... Ou pas, Iska !? » demanda Alice.
Alors qu’elle voyait la silhouette du jeune homme debout derrière elle, Alice cria et elle se leva d’un bond. Parce qu’elle avait haussé si soudainement sa voix, le choc de tout cela avait fait accélérer son rythme cardiaque au point où cela lui faisait mal.
« Pourquoi êtes-vous ici ? Qu’est-il arrivé dans la galerie d’art ? » demanda Alice.
« Je suis allé la voir brièvement, » répondit Iska. « Mais parce que je ne vous y ai pas vu, j’ai pensé que peut-être vous aviez fini par vous perdre ou qu’il vous était arrivé quelque chose. Ce passage étroit vous a, après tout, fait marcher dans la direction opposée de la galerie d’art. »
« Uu... » Voyant qu’il avait deviné correctement, elle n’avait aucun moyen d’objecter.
« Voulez-vous que je vous guide ? » demanda Iska.
« Hein !? » s’exclama Alice.
« C’est déjà le soir. La galerie d’art se fermera bientôt si vous ne vous dépêchez pas. Alors, le voulez-vous ? » Iska lui avait demandé ça dans un ton décontracté.
« M-mais, comme je pensais, je ne peux pas. Nous sommes des ennemis, n’est-ce pas !? Je suis une princesse de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, et vous êtes un épéiste de l’Empire, n’est-ce pas ? » demanda Alice.
« Êtes-vous une princesse ? » demanda Iska.
« Ah... ! » s’exclama Alice.
Ayant révélé sa propre identité, Alice se raidit sur place. Elle se souvenait d’avoir dit qu’elle avait le droit d’hériter du trône, mais elle ne l’avait jamais informé de son statut social exact. Et tout à l’heure, elle avait laissé entendre qu’elle était la fille de la reine actuelle, Nébulis VIII.
« Eh bien, je m’attendais à ça, » déclara Iska.
« ... Vraiment !? Ce n’était donc pas nécessaire de vous le cacher après tout ce temps, » déclara Alice.
Alice enleva le chapeau qu’elle portait sur ses yeux, et son visage fut révélé par le soleil du soir.
« Nous sommes des ennemis, il est évident que nous ne pouvons pas aller ensemble dans quelque chose comme une galerie d’art, » déclara Alice.
« Nous sommes des ennemis, mais..., » commença Iska.
Avec un regard sérieux, Iska pencha la tête sur le côté.
« Les beaux-arts n’ont pas de frontières. Alice, n’êtes-vous pas celle qui le disait avant ça ? » demanda Iska.
« ... »
Alice était instinctivement restée silencieuse. Afin d’oublier toutes les querelles et profiter des arts. Voilà ce qu’était l’idéal de la Cité Neutre. Et ce que Alice était venue voir était les peintures d’un peintre de la cour impériale. Il n’y avait pas une seule chose qui était étrange d’être tout à fait par hasard en présence des touristes de l’Empire si elle était allée là.
« ... C’est vrai. Je l’ai bien dit, » déclara Alice.
Alice avait mis le chapeau se trouvant dans sa main sur sa tête. Ce n’était pas de façon à couvrir son visage, mais ce n’était que légèrement enfoncé. Il avait été placé juste au-dessus de sa tête.
« S’il vous plaît, montrez-moi la voie, » déclara Alice.
« Alors, venez par ici, » répondit Iska.
Alice suivit Iska alors qu’il commençait à marcher.
Aah, finalement, je dois encore marcher...
Qu’il ait ou non senti qu’Alice pensait cela, les pieds d’Iska s’arrêtèrent.
« Nous sommes arrivés, » annonça Iska.
« Hmm, ça pourrait être..., » murmura Alice.
L’exposition de Vibran — comme Iska l’avait indiqué, il y avait un panneau d’affichage qui indiquait cela. Les deux personnes avaient alors regardé en arrière à l’endroit qu’ils venaient de quitter.
« La place où je me suis perdue était en fait juste derrière la galerie d’art ? » demanda Alice.
« Oui, » répondit Iska. « C’est parce que c’était la place juste derrière la galerie d’art que je vous ai trouvée si rapidement, Alice. En mettant cela de côté, dépêchons-nous. Il n’y a que trente minutes jusqu’à ce que cela se ferme. »
Iska leva les yeux vers l’horloge placée à l’entrée.
« Il peut être difficile de tout voir. Y a-t-il quelque chose que vous vouliez voir ? » demanda Iska.
« U-umm... Um... Alors la “Ville Colorée au Crépuscule” serait un bon départ, » déclara Alice. « Il s’agit de la peinture d’un paysage faite à partir du toit d’une grande chapelle qui représente la Capitale Impériale pendant l’hiver alors que la journée touchait à sa fin ! »
« Alors c’est par ici, » déclara Iska.
Iska se dirigea rapidement vers la file de personnes qui sortaient du bâtiment. En opposition à la circulation des touristes qu’ils passaient, seulement elle et Iska se dirigeaient plus dans les profondeurs de la galerie d’art.
« Est-ce bien elle ? Je parle de la peinture que vous vouliez voir ? » demanda Iska.
Les pieds d’Iska s’étaient arrêtés. Alors que le jeune homme se retournait, le tableau qu’Alice avait vu plusieurs fois depuis qu’elle était enfant dans un livre de photos était apparu devant elle. L’article authentique était plusieurs fois la taille de celui qu’elle avait vu dans le livre photo.
« ... Ah... » Sa voix jaillit des profondeurs de sa gorge. Ce n’était pas pour exprimer ses pensées, mais simplement une impulsion née d’émotions débordantes hors d’elle. « ... je voulais vraiment le voir. »
Alice se rapprocha de la grande toile qui était tout aussi grande qu’elle, et elle fit un autre pas de plus. Une cité était couverte de neige. Une peinture unique qui montrait ce spectacle comme un voile d’obscurité. Il n’était pas très coloré, mais utilisait un ton gris pour se colorer. Cependant, les lumières chaudes qui venaient des fenêtres des bâtiments débordaient.
─ Ni froid ni chaud.
Depuis son enfance, elle était fascinée par cette merveilleuse scène. Même si c’était une cité remplie de ses ennemis haineux. Elle ne pouvait s’empêcher de se sentir comme si toute sa colère était simplement réduite au silence par son pouvoir.
« Iska ? » demanda Alice.
« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda en retour Iska.
« Pourquoi, aimez-vous ce peintre ? » demanda Alice.
« ... C’est..., » commença Iska.
Juste à côté d’elle, à peu près à la même hauteur, il regardait la toile se trouvant juste devant eux. Et il avait alors pointé un point exact présent sur la toile.
« Les couleurs sont légèrement empilées ici, » déclara Iska.
« Qu’en est-il de ça ? » demanda Alice.
« Ce n’est peut-être que mon imagination, mais quand il a utilisé le couteau pour peindre les couleurs ici, j’ai l’impression qu’un instant, il a repensé à la façon dont il allait peindre, » expliqua Iska. « Au moment où il pensait à la scène qu’il voulait peindre sur la toile, il pensait à une meilleure façon de le faire. Et là, il a arrêté sa main. »
« ... D’accord, » répondit Alice.
« Et ici aussi, » continua Iska. « Une couleur complètement différente a été repeinte sur cette zone. Le paysage qu’il voulait peindre a changé dans sa tête. Avec une couleur plus forte, avec plus de passion, comme ça. »
Alors que les pas des autres touristes sonnaient dans les airs, Alice ne pouvait entendre que la voix à côté d’elle.
« Alice, vous pouvez peut-être aussi être consciente de cela, mais le peintre connu sous le nom de Vibran n’a peint que des paysages de villes, de routes et de ports, » continua Iska. « Non seulement cela, mais pas une seule personne n’est présente dans ses peintures. Le sujet principal de ses peintures était toujours inorganique, et l’usage de la couleur était sombre, mais... »
« N’est-ce pas incroyablement passionné d’avoir agi ainsi ? » demanda Alice.
« Tout à fait, » répondit Iska. « C’est très calme, mais à l’intérieur, il était probablement une personne extrêmement passionnée. Juste en regardant ses peintures, la personnalité du peintre est transmise, c’est probablement ce que j’aime chez lui. »
« Je comprends. Moi aussi..., » commença Alice.
Alors qu’elle s’apprêtait à parler, la princesse de Théocratie de la Maison Impériale Nébulis remarqua soudainement quelque chose. Elle ne regardait pas la peinture, mais le profil du visage à côté d’elle.
Avant aujourd’hui, elle avait appris les fondements de la peinture par un artiste de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, mais Alice était incapable de comprendre les sentiments de ce peintre. C’était probablement parce qu’il s’agissait d’un peintre de l’Empire. L’artiste avec qui elle avait parlé avait pensé qu’ils étaient meilleurs en tant qu’artistes que ceux de l’Empire. C’était tout ce dont ils avaient parlé. C’était la première fois qu’on lui parlait avec tant de passion et de détails d’une peinture qu’elle aimait tant.
« Alice, qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Iska.
« ... Ce n’est rien, » répondit Alice.
Alice répondit d’une telle manière que c’était comme si elle était restée silencieuse quant à ce qui était en elle. Elle devait faire semblant d’être calme...
Parce qu’elle avait le sentiment que si elle ne le faisait pas, quelque chose en elle changerait alors elle devait le faire.
***
Partie 4
Dans la soirée.
En tant que derniers visiteurs dans le bâtiment au moment de la fermeture, Alice et Iska avaient quitté la galerie d’art en dernier. Sur la place derrière la galerie d’art, devant le banc où Alice s’était assise après s’être perdue, Alice lança une bouteille en verre à Iska.
« ... Tenez. C’est pour vous remercier de m’avoir guidée, » déclara Alice. « Votre gorge doit vraiment être desséchée d’avoir dû parler pendant tout ce temps. »
« Il n’est pas nécessaire de me remercier, » répondit Iska.
Iska avait attrapé en plein air la bouteille de verre remplie de jus de fruits. Se tournant vers lui, Alice leva le jus de fruits qu’elle avait acheté pour elle.
« Je n’aime pas avoir de dettes. Surtout vis-à-vis de vous, » répondit Alice.
« Ce n’était pas quelque chose d’important. Même moi, je peux au moins payer pour... hm ? » déclara Iska.
Alors qu’Iska fouillait ses poches, il arrêta de bouger.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Alice.
« ... J’ai peut-être oublié mon argent, » déclara Iska.
« Avez-vous oublié votre argent ? » demanda Alice.
« Possible, hm... Ma tête était entièrement occupée à ne pas oublier le billet pour la galerie d’art, alors..., » répondit Iska.
« Alors comment êtes-vous arrivé ici depuis l’Empire ? » demanda Alice.
« J’ai un carnet de tickets pour le bus régulier, » répondit Iska.
« Ainsi, vous avez oublié votre argent parce que vous n’en aviez pas réellement besoin, » déclara Alice.
Le jeune homme s’excusa tout en restant silencieux. Après avoir regardé la bouteille de verre contenant du jus se trouvant dans sa main, il regarda dans la direction Alice et il ouvrit la bouche en un éclair. « Ah, mais le prix de ce jus est... »
« Idiot ! » Alice avait fait un sourire aigre-doux. Peu importe combien il était petit, c’était la première fois qu’Alice souriait naturellement à un soldat impérial. « Je dis que je vous l’ai offerte en cadeau, ne vous inquiétez donc pas pour ça. »
La fontaine avait été teinte par le soleil du soir. Sans se sentir gênés de s’asseoir sur le même banc, ils s’étaient tous deux installés près du bord de la fontaine.
« ... Maintenant que j’y pense, » tout en tenant la bouteille vide dans sa main, Alice regarda le jeune homme à côté d’elle. « Quel âge avez-vous ? »
« J’ai seize ans. Cette année, j’aurai dix-sept ans, » répondit Iska.
« ... Oh ? Ainsi, j’ai un an de plus que vous, » déclara Alice.
Elle se demandait avant ça s’ils avaient à peu près le même âge.
« Alors vous êtes plus jeune que moi, » déclara Alice. « Puisque je suis la plus vieille, il est bon pour vous de montrer un peu de respect pour moi, vous savez ? »
« Je ne veux pas qu’on me le dise par quelqu’un de plus âgé qui s’est perdu dans la ville, » répliqua Iska.
« V-Vous avez tort ! Je voulais tout simplement dire que j’étais juste en train de visiter la Cité Neutre ! » répondit Alice.
Il s’agissait bel et bien d’une conversation frivole qu’ils avaient eue après ça. Ils avaient parlé à propos de peintres qu’ils aimaient autres que Vibran. Il y avait aussi eu le sujet des pâtes qui avaient déjà goûté auparavant. Et pendant qu’ils parlaient de telles choses, sans que l’un ou l’autre mette fin à la conversation...
Elle s’était assoupie.
Au moment où Alice avait remarqué qu’elle s’était endormie pendant un instant, le soleil du soir était sur le point de disparaître à l’horizon.
« Qu-qu-qu’est-ce que je suis... !? » commença-t-elle.
Même si elle avait eu des problèmes dernièrement pour trouver le sommeil, le fait de s’endormir là où se tenant un épéiste impérial qui pouvait la voir agir ainsi était bien trop stupide. Et alors qu’elle regardait par réflexe de son côté...
« ... Iska ? » murmura-t-elle.
Assis près du bord de la fontaine se trouvait le corps du jeune homme qui penchait légèrement alors qu’il s’endormait. Ses yeux étaient fermés et elle pouvait entendre le souffle tranquille provenant de son sommeil.
« Êtes-vous endormi ? » murmura-t-elle.
Selon elle, il était juste en train de faire semblant. Et alors qu’Alice se penchait afin de confirmer ses doutes...
« ... »
Le jeune homme endormi s’affaissa contre elle tout en enfouissant son visage contre la poitrine de la jeune femme.
« Kya!? »
Son corps s’était raidi par réflexe.
« Qu’est-ce que vous faites !? » s’écria-t-elle.
« ... »
« ... Bon sang, comment pouvez-vous dormir si profondément ? » demanda Alice. « N’êtes-vous donc qu’un enfant... ? Bien que je me sois également un petit peu assoupie. »
Le jeune homme qui dormait trop profondément était sans défense face à elle. Il se pouvait que, tout comme elle, il eût été incapable de dormir depuis un moment. Tout en l’écoutant calmement respirer pendant son sommeil, elle avait eu cette impression.
« Nous sommes des ennemis, vous vous en souvenez ? Même si nous sommes dans la Cité Neutre, ne pensez-vous pas que vous êtes bien trop sans défense ? » demanda Alice. « Si je... Si je... me sentais ainsi, avec la manière dont vous êtes maintenant, avec une seule frappe... »
Il n’y avait pas eu de réponse à ce qu’elle disait. Alors qu’elle voyait cette silhouette pleine d’ouvertures, Alice leva les yeux vers le ciel et laissa échapper un profond soupir.
« Idiot ! Si vous vous endormez dans un endroit comme celui-ci, vous attraperez tout simplement un rhume, » Alice garda soigneusement Iska dans son bras et l’étendit à plat. Et encore une fois, elle confirma qu’il était profondément endormi...
« Excusez-moi, » Alice héla un taxi qui se déplaçait sur la route devant elle.
« Pourriez-vous, s’il vous plaît, transporter cette personne jusqu’à l’Empire ? L’emmener jusqu’à la porte de la Capitale Impériale serait parfait, » déclara Alice.
« Euhh ! » De l’autre côté de la fenêtre, le conducteur fronçait les sourcils. « C’est un peu un problème, petite dame. En ce moment ? Peu importe à quelle vitesse vous allez, il faudra six heures pour arriver en territoire impérial. Les portes de la Capitale Impériale ne s’ouvrent qu’à l’aube. Combien pensez-vous que cela vous coûtera ? Non seulement il s’agit d’une super longue distance, mais c’est en dehors des heures régulières, alors ce sera stupidement cher. Est-ce que vous vous en rendez compte ? »
« Je paierai le tarif à l’avance, » déclara Alice.
« Haa? Payer à l’avance vous dites, savez-vous combien ça va..., » commença le chauffeur.
« Voilà ! » Avant qu’il puisse finir de parler, Alice jeta un paquet de billets de son sac vers le conducteur. Il s’agissait de billets qui pouvaient être utilisés dans le monde entier. Tous les pays les acceptaient. En y pensant, c’était probablement assez pour acheter le véhicule entier.
« S’il vous plaît, utilisez le surplus comme vous le souhaitez, » déclara Alice.
« ... Merci pour votre parrainage, » répondit le conducteur.
« S’il vous plaît, transportez-le délicatement, » demanda Alice.
« Très certainement ! » répondit-il.
En courant vers la fontaine à pleine vitesse, le chauffeur avait délicatement porté Iska et l’avait déposé sur le siège du passager. Après s’être assis sur le siège du conducteur, le taxi se dirigea rapidement vers la sortie de la ville.
« Ne vous méprenez pas. Ceci est juste pour vous remercier de me guider dans la galerie d’art. C’est tout ce que c’est et ce n’est rien de plus, » murmura Alice comme si elle parlait à Iska qui était parti.
Elle resta là à regarder jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus voir la voiture, puis Alice lui tourna le dos et décida de rentrer chez elle.
Mais pourquoi ?
Jusqu’à aujourd’hui, je ne me suis jamais sentie agressée par une telle somnolence.
Depuis le jour où elle s’était battue contre Iska dans la forêt de Nelka, jusqu’à maintenant. Le visage d’Iska avait été gravé dans son esprit et elle n’avait pas pu obtenir un instant de sommeil réparateur. Rin avait dit qu’elle était incapable de soulager la tension qu’elle ressentait après ce combat, mais si c’était vraiment le cas, elle ne pourrait en aucun cas s’endormir quand la personne en question était juste à côté d’elle.
« Bon sang, que se passe-t-il !? » se demanda-t-elle.
Plutôt que de disparaître, le flou dans sa tête s’était épaissi, Alice avait lancé un caillou sur le bord de la route aussi fort qu’elle le pouvait.