Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : Juste rétribution

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Chapitre 9 : Juste rétribution

Partie 1

Le Royaume Papal de Frantz poursuivit sans relâche sa persécution des hérétiques. L’un après l’autre, ses citoyens furent arrêtés par les inquisiteurs et mis à mort.

« C’est effrayant. Ils chassent toujours les hérétiques… »

« Une telle tragédie. J’ai l’impression que leur définition de qui est et n’est pas un hérétique devient de moins en moins claire avec le temps. »

Un jeune couple dans la capitale de Saania discutait de l’état des choses. Ils s’appelaient Gina et Frederico. Ce couple heureux était bien connu dans leur quartier pour diriger une boulangerie locale. Leur boulangerie était autrefois célèbre pour ses pains au sucre, mais il leur était interdit d’en vendre, car c’était considéré comme un luxe.

« J’ai entendu dire que M. Biliotti de la guilde des commerçants a été brûlé sur le bûcher récemment. Pour ce que nous en savons, quelqu’un pourrait nous dénoncer ensuite. »

« Ne dis pas des choses comme ça, Frederico ! Nous avons respecté chaque principe à la lettre ! »

L’anxiété et la méfiance se répandaient dans la population. Il n’y avait aucun moyen de savoir quand un autre citoyen pourrait vous dénoncer ou craquer sous la contrainte de la torture et imputer ses péchés à un autre. Comme la Russie soviétique lors de sa grande purge, le peuple ne pouvait pas faire confiance à ses voisins et était rempli de doutes. Ce couple pouvait faire confiance à l’autre, mais à personne d’autre.

« Umm, excusez-moi… »

C’est alors qu’une fille entra dans leur magasin.

« Oui ? »

« Eh bien, je suis une réfugiée du Duché de Schtraut, et je cherche un endroit pour travailler », grinça la fille.

Frederico soupira.

« Je vois. Je suis vraiment désolé d’entendre cela, mais nous ne sommes pas en état de… »

« Viens, chéri, on va l’engager. Les inquisiteurs pourraient choisir de nous ignorer si nous faisons un peu de bien. »

« Très bien, alors, mettons-nous au travail. Avez-vous de l’expérience dans une boulangerie ? », dit Frederico avec un soupir.

« Non, mais j’ai travaillé comme serveuse à Schtraut. Je suis sûre que je peux vous aider à servir les clients », répondit la jeune fille avec enthousiasme.

« Très bien, ça devrait suffire. Quel est votre nom, mademoiselle ? »

« C’est Maëlys. Maëlys Maurice. C’est un plaisir de faire votre connaissance ! »

Elle les gratifia d’une révérence rapide et polie.

« Très bien, Maëlys, j’espère que vous apprécierez votre temps de travail ici. »

« Merci. »

Ce genre d’échange agréable entre un réfugié de Schtraut et des citoyens du Royaume Papal était assez rare. La plupart des gens les évitaient, craignant que le contact avec les réfugiés ne leur cause des ennuis avec l’Inquisition. Les réfugiés craignaient également que le fait de s’impliquer inutilement avec les civils n’attire l’attention des inquisiteurs.

« Je suis vraiment impatiente de travailler avec vous ! », s’exclame Maëlys.

Ainsi, Maëlys devint une nouvelle employée dans cette petite boulangerie de Saania. La vue de cette jeune fille joyeuse et travailleuse attira de nombreux clients. La boulangerie de Frederico devint très fréquentée bien qu’elle ne soit autorisée à servir que du pain ordinaire.

Mais plus tard, cette situation ne pouvait que mener à une tragédie.

☆☆☆**

Le Conseil des Cardinaux était une assemblée régulière de tous les cardinaux du Royaume Papal de Frantz. En règle générale, le pape était également présent au Conseil, mais Benoît III était épuisé par ses fonctions et n’avait donc pas pu y assister ces derniers temps.

« À la lumière de l’attaque de Fennelia, je crains que l’envoi de notre marine à Schtraut soit maintenant effectivement impossible. Si nous ne pouvons pas mobiliser nos forces pour lutter contre les pirates, nous ne pourrons pas sécuriser les routes maritimes. Et comme vous le savez tous, le coût du strict nécessaire dans ce pays est déjà en augmentation. », dit Paris

La base navale de Fennelia avait été attaquée par la reine de l’Arachnée, qui avait réduit la ville portuaire à un tas de ruines et de corps. Cela avait porté un coup considérable à la marine de Frantz, ce qui signifiait qu’envahir les territoires de Schtraut par la mer n’était plus une option viable. De nombreux marins et officiers de la marine avaient péri, laissant sur leur passage des navires vides et sans équipage. Le nombre de navires qu’ils possédaient n’avait pas d’importance s’ils manquaient d’effectifs pour les faire fonctionner.

« Non, je crois que nous devrions continuer à attaquer Schtraut avec les forces qu’il nous reste », déclara l’un des cardinaux.

Paris se jeta sur l’autre cardinal, incrédule.

« Mais notre marine est paralysée. Essayer d’envoyer les maigres forces qui restent serait du suicide. Je suis contre cette idée. »

« Alors sommes-nous censés nous asseoir et attendre que l’ennemi vienne à nous ? Cardinal Pamphilj, j’ai peur que vous ne soyez pas assez affirmé. Ou peut-être devrions-nous interpréter cela comme un manque de foi ? »

« C’est exact. Vous êtes soupçonné d’hérésie, Cardinal Pamphilj. »

Paris était choquée. C’était son idée de persécuter les hérétiques de la nation, il ne s’attendait donc pas à ce que les lames de l’inquisition soient tournées vers lui. Il avait supposé que tous les cardinaux, y compris lui-même, étaient à l’abri de la menace de l’inquisition. Après tout, son cœur était rempli de foi.

Il avait seulement suggéré de traquer les hérétiques rien que pour montrer leur force. C’était une façon de montrer à leurs voisins que le Royaume Papal était prêt au combat et ne voulait pas se soumettre, malgré le fait que l’Empire de Nyrnal avait rejeté leur alliance et qu’ils étaient toujours menacés par la légion de monstres. Tout cela n’avait été fait que pour le spectacle.

Non… La vérité était bien plus complexe. Avec la perte de leur créancier, le duché de Schtraut, le Populat était désormais libéré de ses dettes. Cependant, cela signifiait aussi que le duché n’était plus là pour prêter de l’argent.

Alors que l’Union des Syndicats de l’Est était une nation riche, il n’osait plus prêter quoi que ce soit à Frantz après ce qui était arrivé à Schtraut. Ses marchands étaient parfaitement heureux d’être avare si cela signifiait qu’ils ne seraient pas abandonnés et dévorés par des monstres.

De plus, le Royaume Papal avait dénoncé trop souvent l’Union des Syndicat de l’Est, proclamant que la conduite de cette dernière nation était un affront à Dieu. Cela signifiait bien sûr que le peuple de l’Union des Syndicat de l’Est détestait Frantz. Tant les dirigeants du pays que ses citoyens considéraient le Royaume Papal comme un ennemi.

Pourtant, le Royaume avait un besoin urgent de fonds. Face aux menaces de l’Empire de Nyrnal et des monstres de Schtraut, leurs militaires avaient besoin d’argent. Et le clergé, qui vivait dans le luxe, avait également besoin d’un soutien financier.

C’était pourquoi Paris avait ordonné une inquisition — une inquisition qui volait la richesse de tous les citoyens riches qui ne faisaient pas partie du clergé. Ces personnes seraient condamnées comme hérétiques et brûlées sur le bûcher tandis que les inquisiteurs confisqueraient tous leurs fonds et leurs biens. De plus, l’inquisition interdisant toute forme de luxe, les dépenses du pays diminueront également.

La chasse aux hérétiques était à la fois un acte de frime pour les pays environnants et une méthode pour stabiliser l’économie du pays. Ainsi, Paris ne s’attendait pas à ce qu’on l’accuse lui-même d’hérésie. En tant que membre du clergé de haut rang, il croyait également que ses fonds seraient protégés. Après tout, cela n’avait jamais été vraiment une question de foi ou de piété, c’était une solution pratique à un problème.

« Euh, très bien… Nous allons rassembler nos forces navales restantes et envahir les anciens territoires du duché. Je suis tout à fait d’accord pour faire face à cette monstrueuse menace, je vous l’assure. »

La queue entre les jambes, Paris accepta de poursuivre l’opération pour apaiser les autres cardinaux.

« Et puisque c’est vous qui avez élaboré le plan, j’exige que nous vous en confions son exécution. Vous rédigerez l’opération et en assumerez l’entière responsabilité », déclara un cardinal.

« Je suis d’accord. J’attends beaucoup de ses efforts. Je suis sûr qu’il va mettre au point une opération formidable et chasser les insectes du duché », ajouta un autre.

Un sentiment de terreur s’était installé au creux de l’estomac de Paris. Il croyait déjà que l’utilisation de la marine pour envahir Schtraut était une cause perdue, mais les autres cardinaux ne semblaient pas le comprendre. Ils croyaient sincèrement à ce rêve impossible de victoire.

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour réussir, mais n’oubliez pas que la chance peut être un facteur majeur quand il s’agit de guerre. Je vous implore de ne pas l’oublier », déclara Paris, sachant qu’il risquait d’échouer.

« Comment la chance pourrait-elle jouer contre vous quand le Dieu de la Lumière est de votre côté ? Ne croyez-vous pas en sa protection, Cardinal Pamphilj ? »

L’un des cardinaux le regarda fixement.

« Eh bien, bien sûr que j’y crois. »

« Alors c’est décidé. Nous attendons de bonnes nouvelles, Cardinal. »

L’angoisse lui brûlant encore les tripes, Paris retourna docilement à son bureau.

« Je suis la main droite du pape, et pourtant même moi je suis menacé par l’inquisition !? Ce n’est pas bien ! Tout cela est mal ! Je ne peux pas être un hérétique ! J’ai tout donné au Dieu de la Lumière ! Comment pourrais-je être un traître à la foi !? », cria-t-il en claquant son poing contre son bureau.

Il avait fait tout cela pour assurer la richesse de la nation et améliorer les relations internationales. L’idée qu’il puisse être considéré comme un hérétique était absurde. Cette inquisition se transformait en quelque chose de trop différent de ce qu’il avait prévu à l’origine.

L’inquisition initiale qui avait eu lieu pendant l’âge des ténèbres de Frantz avait été menée pour contraindre à la foi dans le Dieu de la Lumière. Celle-ci était différente, ce n’était que la mise en scène d’une pièce politique avec un domaine plus vaste. Il se trouvait qu’elle avait également contribué à réduire la population de Frantz, alors que celle-ci devenait un peu trop importante.

Les réfugiés et les marchands de Schtraut, chassés de l’Union des Syndicats de l’Est, se réfugièrent en grand nombre dans le Royaume, ce qui en fit plus un bazar qu’un centre religieux. Paris avait proposé l’inquisition dans l’espoir que la réputation de Frantz se détériorerait, ce qui le rendrait beaucoup moins attrayant en tant que sanctuaire. Cependant, il n’avait jamais prévu que cela allait aussi le mordre en retour.

« C’est ça… Je n’ai pas le choix. »

Paris tendit la main et fit sonner une cloche sur son bureau.

Aussitôt, une nonne entra dans la pièce.

« Qu’y a-t-il, Votre Éminence ? »

« Appelez le chef de la Division de la Recherche Mystique. Dites-lui que c’est urgent. »

Une demi-heure plus tard, cet homme arriva au bureau de Paris.

« J’ai entendu dire qu’il y avait peut-être des affaires urgentes à régler, Votre Éminence. Qu’est-ce qui peut bien peser si lourdement sur vos épaules ? »

« Je veux que vous enquêtiez sur le Seigneur Bernardelli, le responsable du Département de la Répression. Cherchez un scandale… n’importe quel scandale que vous pourrez trouver. Même s’il est mineur. En fait, oubliez ça. Trouvez quelque chose de gros. Je dois le faire tomber de son poste actuel. »

« Votre Éminence, est-ce une demande personnelle ? »

Le Département de la Répression était l’organisation chargée de soutenir l’inquisition.

« Je demande cela au nom du Dieu de la Lumière et pour le bien de Sa Sainteté le Pape Benoît III. J’ai reçu des informations par mes canaux personnels selon lesquelles le Seigneur Bernardelli utilise l’inquisition pour mener des activités de corruption dans notre dos. Mes informateurs me disent qu’il détourne les avoirs de ceux qui sont punis. », répondit Paris.

« Je vois. Un crime grave en effet, et il doit être arrêté. »

Le chef de la Division de la Recherche Mystique inclina la tête.

« Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour enquêter sur cette affaire. »

En bref, Paris ordonnait à cet homme d’inventer une histoire qui inculperait Bernardelli pour corruption. Depuis qu’il avait lui-même été soupçonné, Paris avait perdu confiance dans l’inquisition et faisait tout ce qu’il pouvait pour éviter de se retrouver sur le bûcher. Au fond, ce n’était qu’un lâche ultime.

« Nous allons donc commencer tout de suite. Il ne faudra pas plus de trois ou quatre semaines pour que notre enquête porte ses fruits. »

« Excellent. Vous pouvez y aller. »

Paris estima qu’il pouvait maintenant se reposer. Si les inquisiteurs devaient perdre leur autorité, sa position de cardinal, sans parler de sa vie, serait assurée.

« Je devrais faire une dernière tentative, juste pour être sûr », songeait-il à voix haute.

Il fit ensuite appel à un deuxième invité : le Seigneur Bernardelli.

***

Partie 2

Six mois s’étaient écoulés depuis que Maëlys avait commencé à travailler dans la boulangerie de Gina et Frederico, et elle était désormais pratiquement de la famille pour eux. Elle travaillait de son mieux, servant toujours leurs clients avec un sourire éclatant, ce qui faisait des merveilles pour éclairer ces temps sombres de tous ceux qui le voyaient. Grâce à cela, elle était devenue une sorte de célébrité locale.

Un jour, Frederico découvrit que Maëlys écrivait une lettre avec passion.

« Qu’est-ce que tu écris là, Maëlys ? »

« Oh, une lettre à mes parents. Ils sont dans un camp de réfugiés près de la frontière. »

« Je ne savais pas que tu savais lire et écrire. C’est impressionnant. »

« Le prêtre de l’église près de chez moi m’a appris, mais je ne sais que peu de choses. »

Le taux d’alphabétisation dans ce monde était assez faible. Quel que soit le pays, la plupart des gens ne savaient lire que ce qui était absolument essentiel pour leur vie quotidienne.

« Que leur dis-tu ? »

« À quel point c’est agréable de travailler dans ta boulangerie ! À vrai dire, j’étais la seule à avoir obtenu un permis de sortie du camp de réfugiés, alors je suis venue ici toute seule. J’ai pensé que mes parents pourraient s’inquiéter pour moi. »

Le Royaume Papal acceptait les réfugiés de Schtraut sous l’ordre du Pape Benoît III, mais le nombre de personnes autorisées à entrer dans le pays était limité. Les autorités craignaient que si trop de réfugiés affluaient dans le pays, ils risquent de troubler l’ordre public ou de fournir une couverture aux ennemis qui se faufilaient. En effet, les réfugiés qui ne pouvaient pas trouver d’emploi devaient souvent recourir à la petite délinquance pour survivre. C’était pourquoi le Royaume Papal se montrait prudent quant au nombre de personnes qu’il était prêt à laisser entrer.

Une fois que le Royaume avait été bombardé de demandes de familles cherchant à entrer dans le pays, il avait permis à un membre de la famille de traverser la frontière. Ainsi, de nombreux réfugiés qui arrivaient à Frantz devaient vivre loin de leurs proches.

« Maëlys a écrit des lettres tous les jours. N’as-tu pas remarqué ? », demanda Gina.

« Vraiment ? Je n’en avais aucune idée. »

En fait, la quasi-totalité du modeste salaire de Maëlys était consacrée aux envois de fonds et aux frais postaux.

« Tu sais quoi ? Nous allons payer tes frais postaux à partir de maintenant. Il est normal que tu t’inquiètes pour ta famille dans ces circonstances. Les affaires sont florissantes grâce à toi, c’est donc le moins que l’on puisse faire. »

« Quoi ? Non ! Je ne voudrais pas vous demander une chose pareille ! Cela reste mon problème… »

« Oh, chut. Tu fais partie de notre famille maintenant, Maëlys. »

Même dans ce monde sauvage, les gens s’étaient tendus les uns aux autres, remplis de gentillesse et de sympathie.

« Excusez-moi. »

Leur conversation avait été interrompue par quelqu’un à l’avant de la boulangerie.

« Oui ? Je suis désolé, mais nous sommes déjà fermés pour la journée », dit Frederico, se tournant vers leur client.

« Oh, je vois. Et moi qui venais d’entendre que les pains au sucre que vous vendez sont à mourir. »

Une jeune fille de 14 ans se tenait là, accompagnée d’une femme chevalier portant une armure complète. Elles regardaient les pâtisseries exposées avec une expression amère.

« Oh, mes excuses. Nous ne servons plus de petits pains au sucre. C’est considéré comme une hérésie. »

La langue de Frederico s’aigrit sur le mot « hérésie », comme s’il ne pouvait pas supporter de le sortir.

« Les pâtisseries sont une hérésie maintenant ? Eh bien, qu’est-ce que cela signifie ? Que devient ce monde ? », répondit la jeune fille, un petit sourire aux lèvres.

« Au fait, est-ce que cette petite dame est votre fille ? Hmm, peut-être pas, à en juger par la couleur de vos cheveux… »

« Non, Maëlys est une employée ici. Mais elle est comme une fille pour nous », répondit chaleureusement Frederico.

« Oh, très bien, alors. Puisque vous ne vendez pas ces petits pains, je suppose que je suis venue ici pour rien. On s’en va, Sérignan. »

Sur ce, les deux femmes quittèrent la boulangerie.

« L’inquisition fait vraiment un malheur dans ce pays, hein ? »

« Il semblerait, Votre Majesté. »

Ceux qui avaient visité la boulangerie de Frederico n’étaient autres que Grevillea, la reine de l’Arachnée, et son fidèle chevalier, Sérignan.

« Ils exécutent leurs propres sujets en grand nombre. À ce rythme, le pays tout entier va s’effondrer de lui-même, même si nous nous contentons de nous défouler et de regarder. Ce n’est pas comme si c’était ce que je voulais faire. »

Grevillea jeta un long regard sur la capitale.

« Saania est vraiment jolie. La détruire me fait presque de la peine. Mais nous allons la démolir complètement, car nous sommes l’Arachnée. »

La reine se retourna et laissa Saania derrière elle. Et pendant qu’elle parcourait le territoire ennemi, les choses commencèrent également à bouger dans les territoires de Schtraut.

☆☆☆**

« Donc, l’ennemi va lancer une attaque sur nos côtes avec ce qu’il reste de leur marine ? », demanda Roland.

« C’est essentiellement ça », dit Lysa.

Il poussa alors un gémissement.

« Je suppose que les pirates n’ont pas pu les retenir complètement. »

« Sa Majesté dit que leurs chances de réussir une invasion sont minces maintenant qu’on s’est débarrassé d’une partie d’entre eux ! »

Lysa faisait de son mieux pour paraître encourageante.

« Je vois. Je suis sûr que c’est plus un geste politique qu’autre chose. »

Il s’arrêta pour prendre quelques informations de la reine à travers la conscience collective.

« Oh, mon Dieu, notre reine peut être cruelle parfois. »

Seule l’Arachnée savait que la moitié des membres du Conseil des cardinaux étaient actuellement contrôlés par des Essaims Parasites. La reine avait utilisé les cardinaux infectés pour tendre un piège à Paris Pamphilj. Paris avait accepté à la hâte de procéder à l’opération de débarquement, bien que ni le général des forces terrestres ni l’amiral de la marine n’aient cru que c’était une bonne idée. Ils avaient peu de navires déployés en mer, et beaucoup de membres d’équipage survivants étaient terrifiés par les monstres et refusaient de participer à la mission.

La nouvelle du massacre de Fennelia se répandit, et les marins furent terriblement secoués par tout cela. La vue des restes démembrés et des flaques de chair leur avait causé des vomissements et des frémissements sans fin. Ils ne pouvaient pas imaginer quel genre d’ennemi pouvait faire cela à des êtres humains.

Néanmoins, Paris était sur le point de procéder à l’opération navale. Il sacrifiait volontiers leurs soldats et leurs marins afin de préserver son honneur et sa peau.

« Quel est notre objectif ? », demanda Lysa.

« Nous devons intercepter l’ennemi. Les forces de Frantz prévoient de jeter l’ancre dans la vieille capitale, Doris. Ils savent que leur marine n’est pas assez forte pour envahir tout Schtraut, alors ils vont essayer de reprendre seulement la capitale. Au moins, ils espèrent une victoire symbolique. »

L’ennemi avait les yeux rivés sur Doris, qui se trouvait être précisément l’endroit où Lysa et Roland avaient cette conversation.

« Sa Majesté est occupée par sa mission d’éclaireuse, il nous incombe donc de nous occuper des choses ici », ajouta-t-il.

« C’est une bonne chose que nous puissions compter sur les ordres de Sa Majesté. Tant que nous les suivons, c’est dans la poche. »

En ce moment, leur reine observait les mouvements de l’ennemi de l’intérieur. Le groupe de Roland avait été laissé pour garder Schtraut et gérer l’invasion arrivant.

« Si nous continuons ainsi, je plains l’ennemi. »

« Oui, mais ils le méritent. Même si ce sont des soldats pitoyables qui participent à une opération sans espoir », dit Lysa.

En cas de succès, le plan de la reine porterait un coup fatal à l’ennemi.

« Tu as raison. Quiconque s’oppose à l’Arachnée mérite de souffrir. Et honnêtement, l’idée de voir les hommes de Frantz déboulant dans ma patrie comme s’ils en étaient les propriétaires m’irrite vraiment. »

Frantz avait promis d’aider le duché de Schtraut, mais il l’avait seulement trahi à la place. L’idée de ces renégats qui entraient à Schtraut ennuyait beaucoup Roland. C’était comme s’ils tenaient enfin leur promesse au duché… mais bien trop tard.

« Donnons-leur tout ce qu’on a, Roland ! » dit Lysa en riant.

« Oui. Au nom de Sa Majesté. »

Peu après, les Essaims Mascarades cachés à Frantz signalèrent que la flotte du Royaume avait enfin pris la mer. Le voyage de la base navale de Frantz à Doris prendrait environ deux jours. Dans ce laps de temps, Roland et Lysa allaient faire leurs préparatifs pour l’opération à venir…

Et cette opération reposait sur le lancement d’une nouvelle unité que l’Arachnée avait secrètement débloquée.

☆☆☆**

À ce moment précis, la marine du Royaume Papal naviguait vers Doris, capitale de l’ancien duché de Schtraut. Frantz avait déployé ses précieux grands navires de transport, qui transportaient une force de 5 000 hommes. Si les choses se passaient comme ils l’espéraient, cette armée serait suffisamment importante pour reprendre Doris.

La reine de l’Arachnée s’était moquée de cette idée. Non seulement l’ennemi n’avait envoyé que 5 000 hommes, mais ils portaient des armes légères et des armures légères. Avec de tels armements, ils seraient massacrés par une force encore moindre d’Essaims Éventreurs. À part cela, les soldats n’avaient aucune idée du piège qui leur avait été tendu à Doris.

« Ça semble clair jusqu’ici, monsieur ! À ce rythme, nous devrions pouvoir effectuer un débarquement sans incident. », rapporta un des marins.

« Mais nous ne devons pas être négligents. On ne sait pas ce qui pourrait arriver, étant donné que l’ennemi nous est pratiquement inconnu. », répondit l’amiral de la flotte.

Il avait vu le massacre de Fennelia ainsi que la manière dont les citoyens et les soldats avaient été mis en pièces ou fondus dans des flaques d’eau charnue. Par conséquent, l’amiral savait que les ennemis auxquels ils étaient confrontés dépassaient l’entendement humain.

La puanteur nauséabonde. La vue des gens dissous dans un liquide. Les cris et les pleurs des gens qui suppliaient d’être épargnés. C’était un cauchemar. Ils étaient maintenant confrontés à la véritable peur, la peur de cette terreur incarnée, capable de massacrer sans discernement.

L’amiral ne savait pas comment il avait survécu au massacre de Fennelia, mais il allait bientôt apprendre une simple vérité : on ne pouvait pas échapper aux griffes de la sinistre faucheuse.

« Mais monsieur, l’ennemi n’a pas de marine. Ils ne peuvent pas nous faire de mal tant que nous n’avons pas débarqué. »

« Et bien qu’ils n’aient pas de marine, ils ont détruit Fennelia. »

Regardant son subordonné, l’amiral secoua la tête.

Leur ennemi était peut-être une légion de monstres, mais ces monstres étaient toujours capables d’utiliser des navires. S’ils allaient au combat sans tenir compte de cette mise en garde, ils subiraient sûrement un coup terrible.

« Matelot ! Des signes de troubles proches !? »

« Oui, monsieur ! Je peux voir un certain nombre de petits vaisseaux flottant près de notre point de débarquement ! »

« Des petits bateaux, vous dites… ? »

« L’ennemi les a peut-être utilisés pour attaquer Doris. Peut-être qu’ils sont devenus désespérés et ont pensé à les utiliser pour nous barrer la route. »

« C’est la seule chose à laquelle je pense aussi. Ces petits vaisseaux ne peuvent rien nous faire d’autre. »

Aussi terrifiants que soient les monstres eux-mêmes, ils ne pourraient pas arrêter la fière marine de Frantz avec des bateaux si petits qu’ils pourraient pratiquement être repoussés. Même s’il y avait des monstres cachés à l’intérieur, ils couleraient une fois que les navires de la flotte les auraient percutés. Du moins, c’est ce que croyait l’équipage de la marine.

Mais quand l’un des navires du Royaume Papal heurta un petit bateau, une forte explosion éclata sur l’eau alors que le bateau explosait. Le grand bateau qui avait été pris dans l’explosion commença à couler. En coulant, le bateau derrière lui entra en collision, endommagea sa quille et commença à couler lui aussi.

Mais ce petit bateau ne fut pas le seul à exploser, les autres commencèrent à éclater un par un, et malgré les tentatives des marins pour les éviter, les grands navires subirent de graves dommages. Les ondes de choc envoyèrent les hommes par-dessus bord. Alors que les flammes envahissaient la surface de l’eau, les hommes qui se noyaient sombraient, implorant de l’aide.

« Qu’est-ce que cela signifie ? Que diable se passe-t-il ici ? ! », s’exclama l’amiral alors qu’il se dirigeait vers les navires en perdition.

Ils étaient actuellement attaqués par les unités flambant neuves de l’Arachnée : les Essaims Incendiaires. Un Essaim Incendiaire possédait deux capacités. Premièrement, il pouvait répandre un gaz à haute température sur l’ennemi. L’attaque était puissante, mais ses dégâts par seconde étaient faibles. Si un joueur d’Arachnée n’était pas prudent, ses Essaims Incendiaires pouvaient être tués avant de pouvoir vaincre l’ennemi.

Deuxièmement, cet Essaim pourrait s’autodétruire. Il partageait cette capacité avec l’Essaim Mascarade mais la dépassait de loin en termes de puissance de feu. Une seule unité pouvait facilement détruire les fortifications défensives d’un ennemi.

C’était l’unité que la Reine Grevillea avait préparée pour cette bataille. Les Essaims Incendiaires avaient été utilisés comme mines pour empêcher la flotte ennemie de débarquer. Ce type d’action n’était pas disponible dans le jeu, mais Grevillea l’avait improvisé pour une stratégie réelle.

Si cela signifiait que tous ces Essaims seraient sacrifiés, l’autodestruction était au départ une partie inhérente de leur valeur. Leur retirer ce qu’ils faisaient de mieux serait la pire insulte imaginable. C’était pourquoi elle avait choisi de leur donner cette chance de montrer leur valeur comme un dernier cadeau d’adieu.

« La moitié des navires ennemis ont coulé », dit Roland en regardant les Essaims Incendiaires faire des ravages dans la marine de Frantz.

Les rivages de Doris étaient l’image même de l’enfer. Peu importe où l’on regardait, les navires coulaient, brûlaient et entraient en collision avec d’autres navires. La flotte navale avait maintenant moitié moins de son effectif d’origine.

« On dirait qu’ils vont encore essayer de débarquer. Ils mettent les bateaux à l’eau », dit Lysa, dont les yeux perçants captaient chaque mouvement de l’ennemi.

« En effet. Ces imbéciles ont toujours l’intention d’aller jusqu’au bout. Sommes-nous prêts à les repousser, Mlle Lysa ? », remarqua Roland tout en regardant à travers ses jumelles.

« Oui. »

La jeune elfe avait déjà une flèche flamboyante placée sur son arc, et elle visait les bateaux ennemis.

« Alors, ouvre le feu. »

« Compris, Roland ! » dit Lysa tout en lâchant la flèche.

Sa flèche toucha le premier bateau, qui prit feu presque immédiatement. Les marins à bord s’étaient empressés de prendre de l’eau et d’éteindre le feu, mais ils avaient été rapidement et sans cérémonie tués par Lysa. En un rien de temps, le bateau brûla et coula dans l’eau.

Depuis qu’elle était devenue un Essaim, Lysa s’était nettement améliorée dans son art du tir. Elle pouvait facilement tirer les ficelles d’arcs de la taille d’une ballerine. Elle était aussi capable de tirer des flèches massives en séries de trois, tuant trois cibles à chaque tir.

La marine de Frantz, déjà bien en vue, fut ensuite assaillie par un barrage de dards provenant des Essaims Toxiques. Les troupes en armures légères avaient été facilement transpercées par les projectiles, et elles fondirent en flaques de chair fondue.

« Je m’occupe de tous ceux que toi et les Essaims Toxiques ne tuez pas », déclara Roland à Lysa.

L’opération d’accostage s’était poursuivie même sous un feu nourri. Maintenant que la chaîne de commandement s’était effondrée, il n’y avait plus personne pour annuler l’attaque. Mais tous les marins qui débarquèrent sur les côtes de Doris furent interceptés par Roland et une force d’Essaims Éventreurs. Les marins n’étaient pas de taille, l’épée de Roland avait rapidement réduit les troupes.

« Aaaaaaah ! »

Roland, lui aussi, était devenu plus fort après être devenu un Essaim. Ses frappes tranchantes coupaient les marins ennemis en deux, et même lorsqu’ils essayaient de riposter, il esquivait facilement leurs coups et les battait. Les hommes de Frantz tombèrent morts les uns après les autres, leurs cadavres jonchant les côtes de Doris. En peu de temps, la force de débarquement de 5 000 hommes fut réduite à une poignée de survivants. De retour à la mer, ils avaient pointé leurs armes dans toutes les directions, incapables de se rendre.

« Si vous abhorrez cette tournure des événements, blâmez celui qui vous a ordonné de vous lancer dans cette bataille sans issue », dit froidement Roland. Une fraction de seconde plus tard, lui et les Essaims Éventreurs les achevèrent.

Ainsi, la bataille prit fin. L’amiral, qui avait compté ses bénédictions pour avoir échappé à la mort, somnolait maintenant au sein de la mer.

« Nous avons fini de ce côté, Roland », rapporta Lysa.

« Oui… Je crois qu’ils ont appris leur leçon, bien que de la manière la plus dure. »

L’attaque de la marine de Frantz s’était soldée par un échec total. Naturellement, c’est Paris qui devra en répondre… mais il avait déjà pris des mesures pour se soustraire à cette responsabilité.

***

Partie 3

« Cardinal Pamphilj ! Comment comptez-vous expier cette écrasante défaite !? »

Lors du prochain Conseil des cardinaux, les autres cardinaux exigèrent que Paris assume la responsabilité de l’échec de l’opération de débarquement.

« Je ne crois pas que je sois en faute ici. Mon plan était parfait. Il n’a échoué que parce que quelqu’un a divulgué les détails à une force extérieure. En d’autres termes, ce qui a scellé le destin de la marine, c’est l’espionnage. », dit Paris sans ambages.

Paris tourna alors son regard vers le Seigneur Bernardelli, chef du Département des punitions, et fit parler l’homme.

« Selon nos informations, un espion s’est infiltré à Saania. Il a envoyé des lettres à la frontière, divulguant chaque jour des informations sur nos procédures internes. Nous enquêtons actuellement sur l’affaire, mais il ne fait aucun doute qu’il s’agit de l’œuvre d’un hérétique. », expliqua Lord Bernardelli.

« Voilà, vous l’avez. Le problème vient du Département des punitions, qui n’a pas réussi à découvrir l’espion. De plus, j’ai la preuve que le Seigneur Bernardelli s’appropriait des biens et des fonds confisqués par les enquêteurs. J’ai chargé la Division de la Recherche Mystique d’enquêter sur cette affaire, leur rapport est ici pour que vous le lisiez. »

Paris claqua des doigts, après quoi quelques religieuses entrèrent dans la salle et distribuèrent des documents aux autres cardinaux.

« Quoi !? Seigneur Bernardelli, vous avez pris autant d’argent de l’inquisition ? ! », s’écria l’un des cardinaux, incrédule.

« N-Non ! Je n’ai pas fait ça ! C’est de la diffamation ! », dit le Seigneur Bernardelli alors qu’il rétrécissait par surprise.

« Maintenant que je suis sûr que la cause de notre défaite est claire pour vous, je dois vous rappeler que je ne suis pas à blâmer. », dit Paris, souriant avec satisfaction.

« Seigneur Bernardelli, avez-vous découvert l’identité de l’espion ? ! »

« Oui ! Oui, bien sûr ! Nous, au Département des punitions, somment de fervents croyants en Dieu de la Lumière, et grâce à ses conseils, nous avons trouvé l’espion. Cet hérétique est la cause de tous nos problèmes ! »

« Alors le Cardinal Pamphilj n’a pas à être tenu responsable de ce fiasco ? »

« Non, Cardinal. L’échec de la marine n’est pas de ma faute », affirma Paris.

Il espérait désespérément échapper à la punition.

« Nous devons brûler cet espion et le faire payer pour ses péchés. Après cela, nous devons nous préparer pour notre prochaine bataille. Malheureusement, l’ennemi s’est renforcé et notre flotte a été détruite. Un autre assaut maritime sera impossible, nous devrons donc organiser une invasion terrestre. Des objections ? »

Les autres cardinaux secouèrent amèrement la tête.

« Nous enquêterons sur le détournement de fonds du Seigneur Bernardelli à une date ultérieure », déclara l’un d’entre eux.

« Je n’ai rien fait de tel ! », protesta le Seigneur Bernardelli.

« Allons, allons. Je crois que nous pouvons ajourner ce conseil. Nous devons nous unir dans notre lutte pour la victoire. Pour l’instant, nous allons exécuter l’espion. Et jusqu’à ce que nous puissions déterminer dans quelle mesure les accusations portées contre le Seigneur Bernardelli sont vraies, nous suspendrons toutes les autres activités concernant l’inquisition. », dit Paris en remuant un doigt.

Ainsi, Paris échappa à la responsabilité de ses actes. Tout le blâme avait été imputé au Seigneur Bernardelli et à l’espion présumé. Inévitablement, cependant, les choses ne s’étaient pas terminées aussi facilement…

☆☆☆**

Sur la place principale de Saania, l’inquisition punissait un accusé hérétique.

« Cet hérétique a conspiré avec un ennemi de la foi, nous mettant tous en danger ! Elle paiera pour ses péchés comme elle est purgée dans les feux de la colère de Dieu ! »

C’était ce qu’avaient déclaré les inquisiteurs en robe blanche en traînant leur victime au grand jour.

« Vous avez tort ! Je ne suis pas une hérétique ! Je crois au Dieu de la Lumière ! »

Celui qui fut condamné pour hérésie n’était autre que la jeune Maëlys. Ses mains étaient enchaînées et ses vêtements avaient été arrachés. Elle était forcée de trébucher nue sur le bûcher au centre de la place.

« Attendez ! Vous vous trompez ! Elle n’a écrit que des lettres à sa famille ! », s’écria Frederico en signe de protestation.

« C’est vrai ! Ce n’est pas une hérétique ! », cria Gina.

Ils savaient que ses lettres étaient envoyées à ses parents dans le camp de réfugiés près de la frontière, et ils étaient donc convaincus que ces accusations étaient fausses.

« Taisez-vous, ou vous serez également jugés pour hérésie ! » leur aboya un inquisiteur.

« Ngh… »

Frederico fit un pas en arrière.

Une foule de gens s’était rassemblée autour de la place, chacun s’interrogeant également sur l’exécution imminente.

« Cette douce fille est-elle vraiment une espionne… ? »

« Par quel moyen un employé de boulangerie peut-il avoir accès à des secrets militaires ? »

Tous en étaient venus à douter les uns des autres, et comme la définition de qui méritait d’être exécuté devenait de plus en plus vague, ils avaient commencé à craindre et à soupçonner l’inquisition dans son ensemble.

Pendant ce temps, leurs amis, leurs voisins et les membres de leur famille étaient brûlés sur le bûcher. Est-ce vraiment bien ? Est-ce que les choses devraient être ainsi ?commencèrent-ils à se demander...

« Silence ! Vous tous, silence ! Nous allons maintenant exécuter l’hérétique ! » cria un inquisiteur, mettant fin aux murmures et aux chuchotements.

Il sortit alors une lame tranchante.

« Non ! Nooon ! », cria Maëlys.

« Nous allons mettre à nu votre vraie nature, votre nature corrompue, pour que tout le monde puisse la voir, hérétique ! »

Tenant Maëlys au sol alors qu’elle luttait pour échapper à ses liens, l’inquisiteur lui arracha la peau. D’épaisses gouttes de sang s’étaient déversées sur le sol, s’imbibant dans la terre. L’inquisiteur avait alors mis sa main dans la blessure et commença à arracher de force sa peau par la déchirure.

« Aaah, ça fait mal, ça fait mal, aaAahHh ! »

Les hurlements agonisants et animaliers de Maëlys résonnaient sur toute la place.

« C’est la vraie nature de cet hérétique ! », dit l’inquisiteur alors que sa chair rouge vif était exposée.

« Arrêtez ça ! C’est horrible… ! », cria Frederico tandis que Gina sanglotait ouvertement à côté de lui.

« Nous allons maintenant mettre cet hérétique au bûcher ! »

L’inquisiteur commença à attacher Maëlys à un pilier. Il y avait des broussailles sèches empilées à sa base pour fournir du bois d’allumage.

« Allumez le feu ! »

Sur ordre de l’inquisiteur, le bois d’allumage fut allumé.

« Aaaah, c’est chaud ! Ça brûle ! Ça brûle ! À l’aide ! Mère… ! Pèèèèère ! »

Les flammes s’étaient abattues sur la petite forme de Maëlys, brûlant sa chair et la rapprochant de la mort. Au début, elle lutta pour respirer, puis son corps fit pousser des cloques qui gonflèrent et éclatèrent. Ses sens la quittèrent progressivement alors que sa conscience s’évanouissait.

Il fallut trente minutes à Maëlys pour mourir, et elle en souffrit chaque seconde.

« Ceci conclut l’exécution ! Vous tous, continuez à adorer le Dieu de la Lumière ! »

Sur ce, l’inquisiteur s’éloigna, laissant le cadavre brûlé de Maëlys sur le bûcher. Les citoyens n’avaient même pas été autorisés à descendre son corps et à la pleurer. Cela compterait comme une aide à un hérétique, marquant le coupable comme la prochaine cible de l’inquisition. Ainsi, les restes de Maëlys seraient laissés aux corbeaux et aux chiens sauvages jusqu’au moment de l’exécution de quelqu’un d’autre, comme pour dire que c’était une punition appropriée pour un hérétique.

« Maëlys… », murmura Frederico.

« Horrible… C’est trop affreux… », dit Gina, des larmes coulant encore sur ses joues.

Ils se tenaient tous les deux devant le corps de Maëlys, en pleurs.

Mais ce jour-là, l’inquisition s’arrêta soudainement, et la prochaine exécution n’eut pas lieu. Si les citoyens de Frantz ne le savaient pas à l’époque, c’était parce que le Département des punitions avait sombré dans le chaos.

☆☆☆**

« Je n’ai rien détourné ! Tous les objets et les fonds confisqués ont été placés dans le Trésor public », déclara Bernardelli, chef du département des Punitions.

Il avait été conduit dans une salle d’interrogatoire, et maintenant l’interrogatoire avait lieu.

« Assez de vos mensonges ! Nous avons des preuves ici ! Au total, cinq millions d’istas ont disparu ! Qui aurait pu prendre cette somme si ce n’est l’inquisition !? »

Un officier d’interrogatoire de la Division des Recherches Mystiques était chargé de confronter. L’affaire du détournement de Bernardelli était en fait un problème majeur pour le Royaume Papal. Les membres de la Division des Recherches Mystiques avaient découvert que les fonds du trésor national ne correspondaient pas aux registres de ce qui avait été confisqué aux hérétiques, et ils en avaient donc conclu que quelqu’un ayant accès aux coffres devait avoir détourné les biens perdus. Bernardelli nia fermement toute implication, affirmant que ses enquêteurs n’avaient rien fait de tel.

Son démenti n’était que naturel, les documents utilisés comme preuve contre lui avaient tous été fabriqués par la Division de la Recherche Mystique elle-même. L’organisation avait modifié les documents pour répertorier plus de richesses que celles qui avaient été confisquées aux hérétiques. Ce faisant, ils donnèrent l’impression que quelqu’un détournait ces fonds.

« Quelle obstination ! Peut-être devrions-nous demander à l’inquisition d’organiser un procès contre vous ensuite ? »

« N-Non ! »

Bernardelli savait très bien à quel point l’inquisition était terrifiante. Après tout, c’était sur ses ordres que tant de personnes avaient été écorchées vives et brûlées sur le bûcher. Leurs cris douloureux et leurs restes horribles étaient vivants dans sa mémoire. Il n’allait en aucun cas laisser cela lui arriver.

« Bien, alors je vous le demande une fois de plus. Avez-vous détourné ces fonds ? »

« Non, bien sûr que non ! Mais s’il y a le moindre soupçon, je quitterai mon poste immédiatement ! » répondit Bernardelli, paniqué.

« Vous insistez donc sur votre innocence… Très bien. Alors, prenez votre retraite. Vous avez fait quelque chose d’impardonnable, mais si vous êtes prêt à vous repentir, le Dieu de la Lumière vous montrera sa miséricorde. »

Le visage de l’officier chargé de l’interrogatoire s’était brisé en un mince sourire serpentin.

Après cela, Bernardelli avait été libéré. Plus tard dans la journée, il remit une lettre de démission, renonçant à son rôle de chef du département des Punitions. Son successeur n’était, bien sûr, nul autre que Paris Pamphilj.

Paris avait organisé tout cela pour s’assurer qu’il ne serait plus jamais acculé. Il n’avait plus à craindre d’être brûlé sur le bûcher, et maintenant tous ceux qui l’avaient menacé allaient continuer à le craindre.

« Avec cela, l’inquisition ne peut être retournée contre moi », dit Paris triomphalement, assis dans son bureau. Il poussa alors un soupir de soulagement.

Mais il avait oublié que l’inquisition n’était pas sa seule menace. L’Arachnée était toujours là. Alors que Paris avait été la vedette de sa propre farce, l’Arachnée se préparait à la guerre. Il ne faudra pas longtemps avant que le pouvoir terrifiant de la faction se déchaîne.

Et quand ce moment arrivera, le Royaume Papal de Frantz sera effacé de la face du monde. Tout comme le royaume de Maluk et le duché de Schtraut avant lui.

Le compte à rebours menant à la disparition de Frantz s’était irrémédiablement mis en marche.

***

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