Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 7 – Partie 2

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Chapitre 7 : Opération sauvetage

Partie 2

Quoi qu’il en soit, ce qu’elle avait dit à propos de sa fille qu’on avait été traitée « d’hérétique » attira mon attention.

« Que voulez-vous dire par hérétique ? Pourquoi ont-ils, euh, mutilé votre fille de cette façon ? » avais-je demandé à la vieille femme.

« Les hérétiques sont ce que l’Église appelle ceux qui ne croient pas au Dieu de la Lumière. Ceux qui tournent le dos à la foi sont traités de la même façon. Ma fille et son bien-aimé ont consommé leur amour hors mariage, alors l’Église les a jugés hérétiques et les a exécutés tous les deux… »

Je considérais déjà l’Église de la Lumière comme une institution religieuse fanatique, mais je n’imaginais pas qu’ils étaient aussi mauvais.

« Et vous avez continué à adorer ce dieu jusqu’à maintenant ? Personne n’a pensé que peut-être vous devriez… euh, arrêter ? »

« Les principes n’étaient pas appliqués comme ça avant ! C’était une religion d’amour et de tolérance. Mais maintenant, tout a changé. Vous ne pouvez plus faire confiance à vos propres voisins. On ne sait pas qui pourrait divulguer votre nom à l’Église. »

Hmm. On dirait que quelque chose est arrivé. Sommes-nous liés à ça d’une manière ou d’une autre ?

« Je suis désolé, madame, mais je ne peux pas vous promettre que nous vous vengerons. Nous sommes l’Arachnée. L’Arachnée, une force qui consomme tout sans discrimination. Mais… »

Je m’étais arrêtée un moment pour la regarder.

« Je déteste les religions méprisables comme celle-ci, donc je finirai probablement par tuer les gens qui ont fait du mal à votre fille. Mais je ne le ferai pas pour vous, et ce ne sera pas non plus pour vous venger. »

Nous sommes l’essaim. Un cauchemar récurrent qui engloutit tous ceux qui osent rêver.

C’était ainsi que nous procédions. Nous n’avions pas fait les choses par bonté de cœur. Tout comme il était catégorisé dans le jeu, l’Arachnée était une faction maléfique. Si nous faisions des efforts pour sauver quelqu’un ou quelque chose, comme nous l’avions fait avec Lysa et Baumfetter, nous le faisions uniquement parce que cela répondait à nos besoins.

Mais est-ce vraiment le cas ? se demandait une partie de moi.

Bien que l’essaim avait pu chercher la victoire, il n’avait pas explicitement cherché le massacre. Ils avaient été poussés à tuer à cause d’une pulsion instinctive — le besoin de se propager — et non par une pulsion émotionnelle. Cela ne les rendait-il pas plus neutres que maléfiques ?

Le seul à tuer par pulsion émotionnelle, c’était moi. Je voulais détruire le royaume de Maluk parce qu’ils avaient tué Linnet. Même s’il était nécessaire de fournir un ennemi à l’Arachnée, je ne pouvais pas nier que j’étais devenue sentimentale. J’avais laissé mes sentiments prendre le dessus et j’avais cherché à tuer beaucoup, beaucoup de gens. Et cette pensée m’avait remplie de sympathie pour cette femme.

« C’est bien. Si c’est ce qu’il faut pour les faire payer… »

Pleine d’amertume, la vieille femme s’était éloignée. Quelques instants plus tard, elle s’était retirée dans sa maison.

« Très bien, continuons. En avant, vers la place. Si nous prenons le centre-ville, tout Fennelia devrait être à notre portée. »

Je poussai mes Essaims à continuer, mais à ma grande surprise, Sérignan revint plus tôt que prévu.

« Que s’est-il passé, Sérignan ? »

« L’exécution d’Isabelle a déjà lieu sur la place, Votre Majesté. Euh, il serait peut-être plus juste de dire qu’ils sont en plein milieu. »

Qu’est-ce que… ? Déjà ?

« Ils ont déjà commencé ? Alors nous devons nous dépêcher. Nous pourrions arriver à temps », avais-je dit.

« Je… Oui, selon vos désirs. »

Sérignan hocha la tête, le visage sinistre.

J’ai un terrible pressentiment à ce sujet

Nous avions accéléré notre rythme. Aller trop vite créerait un écart entre l’avant-garde et l’arrière-garde, alors nous avions couru selon la vitesse de pointe des essaims toxiques. J’avais à peine réussi à les suivre.

Je ne sais pas comment ils exécutent les prisonniers ici, mais je dois me dépêcher.

Isabelle était une de nos bienfaitrices qui avait regardé au-delà des préjugés et avait décidé de s’allier à nous. Nous l’avions aidée à faire tomber les dirigeants corrompus d’Atlantica, bien sûr, mais c’était notre chère camarade, une brave guerrière qui avait combattu à nos côtés pour vaincre le grand serpent de mer. Je croyais fermement que nous ne pouvions pas l’abandonner.

Cependant…

« Est-ce que c’est... Isabelle ? »

Au moment où j’avais atteint la place, la réalité m’avait giflée. Oui, l’exécution était certainement en cours. La peau d’Isabelle avait été écorchée jusqu’à la taille, et elle était en train d’être brûlée sur le bûcher. Les flammes qui léchaient sa chair avaient créé de nombreuses cloques, qui ne servaient qu’à la tourmenter davantage.

Une foule de civils railleurs entourait le feu.

« Sorcière ! Hérétique ! », criaient-ils.

Ils huèrent et crièrent, savourant le spectacle grotesque qui se déroulait sous leurs yeux avec une telle béatitude qu’ils n’avaient même pas remarqué notre arrivée. Chaque fois qu’Isabelle exprima son agonie, les gens rugirent de plaisir.

Jusqu’à présent, j’avais vu beaucoup de choses objectivement plus horribles et terribles que cela. Mes mains avaient sûrement commis des atrocités qui dépassaient probablement celle-ci. Mais même ainsi, j’étais abasourdie par le spectacle cruel qui se présentait à mes yeux.

« Des insectes ! Les insectes sont là ! »

« Ils sont si nombreux ! Que diable fait la marine !? »

Les hommes en robe blanche qui procédaient à l’exécution nous avaient enfin remarqués.

« Votre Majesté, êtes-vous… », commença Sérignan tout en jetant un regard inquiet dans ma direction.

« Sérignan, va sauver Isabelle. Maintenant. Les autres, tuez tous ceux qui sont en vue. »

Les ordres qui sortaient de ma bouche étaient secs et glacés.

C’était l’heure du massacre. Il n’y avait pas une seule personne sur cette place qui méritait d’en sortir vivante.

« Ce sont les monstres ! Courez ! Ils vont nous tuer ! »

« Courez, courez ! »

Heh, croyez-vous que je vous laisserais vous échapper ? Vous êtes déjà tous morts.

Les Essaims Éventreur firent irruption dans la foule, mettant les gens en lambeaux, tandis que les Essaims Toxiques firent pleuvoir des projectiles venimeux sur eux et les réduisirent en morceaux de chair en fusion.

« Gardes ! Appelez les gardes ! »

« Dieu ! Oh, Dieu de la Lumière, aidez-nous ! »

Les hommes en blanc criaient de désespoir.

Ce sont donc les bourreaux, pensai-je sombrement.

« Essaims Toxiques. Tuez-les. »

« Selon vos désirs, Votre Majesté. »

Sur mon ordre, les Essaims Toxiques pointèrent leurs queues vers les hommes et tirèrent. Les dards les avaient tous touchés en plein dans la poitrine.

« Gaaah… Aaah… ! »

« Ça fait mal… Aaaah ! A- Aide ! À l’aide ! »

Tourmentés par cette douleur atroce, les hommes s’étaient vite transformés en masses humides sur le sol.

« Votre Majesté, je l’ai sauvée, mais… »

Alors que je regardais mes Essaims massacrer la foule, Sérignan était revenue avec Isabelle dans ses bras. La peau du pirate avait été arrachée, et elle était couverte de brûlures et d’ampoules. Je pouvais à peine la regarder.

« Isabelle… Pardonne-moi. Nous sommes arrivés trop tard. Nous voulions te sauver, je le jure. », lui dis-je en la regardant droit dans les yeux.

« Est-ce que tu… maintenant… Heureuse de… d’entendre ça… », m’avait-elle répondu, la voix rauque.

Malgré son état, ses yeux brûlaient encore de vie.

« Je ne leur ai pas dit… où se trouve Atlantica. Peu importe ce qu’ils m’ont fait… Alors, dis à mes garçons de… faire le bien à l’avenir… Tu… as besoin de leur aide, non… ? »

« Oui, j’en ai besoin. J’ai besoin de ton aide. On ne peut pas gagner sans les pirates. »

Cela dit, Isabelle n’avait subi cet horrible sort que parce que j’avais demandé leur aide. J’avais essayé d’utiliser les pirates, et c’était ce qui s’était passé. Je n’avais jamais imaginé que les choses se passeraient ainsi, mais j’avais une fois de plus causé une terrible souffrance à mes alliés.

« Tu es aussi… honnête que jamais, petite reine… »

Isabelle sursauta.

« C’est presque rafraîchissant… Te voir comme ça me donne envie… de t’escroquer… Essaie au moins de… faire un peu semblant ? »

« Je suis seulement honnête parce que je te parle, Isabelle. Personne d’autre n’obtient cette courtoisie de moi », lui avais-je répondu en lui tenant la main alors que la vie commençait à la quitter.

Je ne pouvais parler franchement que grâce à la femme qui m’écoutait. Je n’étais peut-être pas en relation avec elle par la conscience collective, mais je pouvais être aussi honnête avec elle qu’avec Sérignan et les autres. Elle avait été l’une des rares personnes à tendre la main à notre armée de monstres… Une des rares personnes au monde à nous accepter.

« Que veux-tu que je fasse ? Dis-le-moi, et je le ferai. »

« Alors… laisse-moi partir en paix. Tue-moi d’un coup sec… C’est un peu trop… même pour moi, vois-tu ? Alors, s’il te plaît… Mets fin à mes souffrances… », dit Isabelle.

« Très bien. Si c’est ce que tu veux. »

J’avais fait un signe de tête et j’avais appelé un Essaim Éventreur.

« Donne-lui le repos. D’un seul coup. »

« Par votre volonté, Votre Majesté. »

C’était peut-être mon imagination, mais sa voix semblait étrangement sombre.

Un instant plus tard, l’Essaim Éventreur mettait fin aux souffrances d’Isabelle.

« Je suis vraiment désolée, Isabelle. »

Des larmes coulèrent dans mes yeux au moment où j’avais vu partir la dame pirate Isabelle. Je pouvais compter le nombre de fois où j’avais pleuré dans ce monde sur une main, mais…

N’oubliez jamais votre cœur humain.

Ces mots refirent surface dans mon esprit. C’était peut-être ce qui avait ouvert les vannes. Quelqu’un — je ne me souvenais plus qui, à travers le brouillard qui s’était emparé de ma mémoire — m’avait dit ces mots. Ils étaient gentils, mais leur ton était strict et admonestant. Comme pour me rappeler que j’étais encore humaine, que j’avais encore mon propre cœur. Comme pour m’avertir que je ne devais pas être dépassée par l’essaim.

Mais si cela signifiait que mon cœur allait souffrir autant, peut-être valait-il mieux que je me soumette à la volonté de l’Arachnée. Ma douleur était si profonde et si vaste que j’envisageais sérieusement de laisser le maelström des désirs de l’Essaim me dévorer.

Cela m’avait fait mal. Cela m’avait fait très, très mal. J’étais triste, en colère, et vide… Le fait que j’avais un cœur humain signifiait seulement qu’il serait rongé par une telle douleur, encore et encore. Depuis que j’étais venue au monde, j’avais été responsable de dizaines, voire de centaines de milliers de morts. Soit je me souciais de ces morts, soit je ne m’en souciais pas.

Certains décès étaient spéciaux pour moi, comme ceux de personnes que je connaissais ou avec lesquelles j’étais impliquée, ou des décès qui constituaient un recul par rapport à nos objectifs. Chaque fois que cela s’était produit, j’étais rempli de tristesse et de rage.

Quant aux autres, ils m’étaient indifférents… C’était comme entendre les statistiques d’un événement se produisant dans un pays lointain. Cela ne pesait aucunement sur mon cœur capricieux. Je pouvais ordonner à des dizaines de milliers, des centaines de milliers, voire des millions de personnes de mourir et ne pas être émue par cela. Il en était de même pour le massacre sur cette place.

J’avais déjà connu de nombreuses morts de personnes qui m’étaient chères : Linnet, les gens de Marine, Isabelle… Et à chaque fois que cela s’était produit, j’étais devenue émotive. Si émotive qu’aucune tuerie ne pouvait me faire oublier tout ça.

« Sérignan. Tuez tout le monde dans cette ville. Brûlez tout. J’ai besoin de voir tout le monde mort ici. »

« Compris, Votre Majesté. »

Les Essaims Éventreurs et les Essaims Toxiques s’étaient séparés en groupes et avaient commencé leur saccage à travers Fennelia.

« Oh, mais laissez en vie cette vieille femme qui nous a demandé de venger la mort de sa fille. »

Mes émotions étaient fortes, mais je pouvais comprendre ce qu’elle ressentait. Voir quelqu’un qui vous était cher écorché vif et brûlé sur le bûcher était une expérience horrible.

« Cette ville va devenir bientôt très calme », avais-je murmuré pendant que les gens criaient.

Bien sûr, les cris et les râles de la mort s’étaient vite dissipés, et Fennelia devint absolument silencieuse. Les rues étaient remplies de corps mutilés et de flaques de chair qui avaient été autrefois les citoyens de Fennelia.

C’était calme, très calme. Tout ce que j’entendais, c’était le fracas lointain des vagues.

« Tu entends ça, Isabelle ? C’est ton requiem. C’est digne d’un pirate, non ? »

J’avais regardé la tête d’Isabelle, qui reposait sur mes genoux.

Le silence me semblait terriblement solitaire, mais en même temps, c’était en quelque sorte paisible. Et Isabelle avait besoin de cela.

Non… Isabelle n’avait plus besoin de rien.

J’avais besoin de ça.

En ce moment, j’avais besoin de la pleurer, et j’avais besoin de silence. Un silence rempli seulement par le bruit des vagues. Si je n’avais pas ça, mon cœur allait certainement exploser, et je me battrais contre tout et n’importe quoi autour de moi.

« Oh, le bateau de Gilbert est là. Allons-y », avais-je dit tout en faisant signe à Sérignan et au reste de l’essaim à travers la conscience collective.

Mon armée retourna sur le quai solitaire après avoir tué tous les habitants de la ville, à l’exception d’une vieille femme. La lame de Sérignan dégoulinait de sang, mais en la voyant, je n’avais rien senti.

« Que faisons-nous maintenant, Sérignan ? », demandai-je, morose.

« Ce que vous voulez, Votre Majesté. »

Hmm. Ce que je veux, hein ?

« Je veux détruire le Royaume Papal de Frantz. Et je n’ai pas l’intention de les laisser mourir facilement. Ils vont payer. Ils paieront de leur chair et de leur sang pour ce qu’ils ont fait à Isabelle. »

Peu de temps après, Gilbert était venu nous chercher.

« Où est Isabelle ? », demanda-t-il.

J’avais secoué la tête et j’avais pointé du doigt quelques essaims d’éventreurs. Ils transportaient le corps d’Isabelle sur le bateau, couvert d’un drap blanc.

« Elle n’a pas survécu, hein ? Je suppose que ce qu’on dit sur les gens bien qui sont les premiers à partir est vrai. Juste quand on pensait que les choses allaient mieux pour nous, elle a dû se faire tuer… Et nous avions besoin d’elle aussi. », soupira Gilbert devant son bateau.

Quand ses lèvres s’étaient ensuite séparées, il commença ce que je pensais être un service commémoratif de pirate.

« Que tous les dieux qui veillent sur nous saluent à bras ouverts l’âme de ce brave pirate. Je prie pour que vous l’accueilliez au ciel. Qu’elle reçoive la miséricorde de l’océan. »

C’était un enterrement en mer. Un grand pirate n’avait pas besoin de pierre tombale ni d’épitaphe.

Une fois Isabelle enterrée, nous avions commencé à préparer le châtiment.

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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