Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 1 – Partie 1

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Chapitre 1 : Un plongeon dans l’océan

Partie 1

J’avais conquis le duché de Schtraut. C’était une victoire construite sur d’innombrables morts : le duc Sharon, Basil de Buffon, les gens de la guilde des aventuriers… Aucun de ces gens n’avait mérité leur sort ni tous les braves petits Essaims qui avaient perdu la vie dans le conflit.

Mon Essaim ne craignait rien, beaucoup d’entre eux s’étaient lancés dans une mort certaine afin que nous puissions nous rapprocher de notre victoire. Leurs vies étaient des sacrifices nécessaires. Sans eux, nous n’aurions pas gagné.

De manière irritante, le duché était frontalier avec la grande puissance du sud — l’Empire de Nyrnal — par la forêt des elfes. De plus, il bordait le Royaume Papal de Frantz à l’est. J’avais réussi à creuser un fossé entre Frantz et Nyrnal pendant le Conseil international, mais après qu’un seul pays nous ait déclaré la guerre, une énorme cible nous avait été peinte sur le dos. L’autre grande puissance cherchait toujours à profiter du fait que nous étions pressés sur un front pour nous attaquer sur un autre.

C’était pourquoi j’avais fait du renforcement des défenses de nos frontières notre priorité. Les Essaims avaient construit des murs et érigé des tours de guet le long des frontières. Les Tours à Globe Oculaire étaient des structures défensives fixes qui attaquaient automatiquement tout ennemi qui s’approchait. De plus, elles surveillaient également leurs alentours et nous alertaient si une armée s’approchait de la frontière.

Pourtant, les frontières de Schtraut étaient terriblement vastes. J’avais une grande force d’Essaims Travailleurs qui commençait la construction, accompagnée d’Essaims Éventreurs pour les protéger, mais on ne savait pas quand ils finiraient de fortifier toute la frontière.

Nous avions commencé par travailler sur la frontière avec Frantz. À mes yeux, Frantz était la menace la plus immédiate, car il avait organisé l’armée alliée dans le but exprès de nous combattre.

Aujourd’hui aussi, d’autres tours de guet étaient en construction le long de la frontière.

Travail, travail, travail.

Pour l’instant, rien ne semblait entraver la mise en place de nos défenses. Peut-être que le Royaume Papal n’avait pas peur de nous, ou qu’il pensait que les murs seraient faciles à démolir. Mais même s’ils n’étaient pas faciles à casser, nos murs n’étaient faits que de pierres maintenues ensemble par la salive des Essaims Travailleurs, ils n’étaient pas indestructibles.

Mais s’il était possible qu’un mur puisse être attaqué, nous déploierons alors simplement des forces à l’endroit affecté. Les murs étaient là pour ralentir nos ennemis, pas pour les arrêter complètement. Entre les longues frontières que Schtraut tenait avec Frantz et nos propres frontières avec Nyrnal, les forces des Essaims étaient très dispersées. Cela signifiait que l’ennemi devait attaquer nos fortifications une à une. Et pendant qu’ils étaient retenus par les murs, nous mobilisions nos forces pour les intercepter.

Telle était la stratégie que j’avais décidée pour l’instant. En la revoyant dans mon esprit, je surveillais la construction des murs.

Travaillez, travaillez ! Construisez, mes amis, construisez !

« Votre Majesté ? »

Sérignan m’avait lancé un regard empli de doute alors que je tenais de tels propos dans ma tête sur les Essaims Travailleurs.

Aww, pas encore la conscience collective. Elle a entendu mon chant.

« Ignore-moi, Sérignan. J’étais juste, euhh, en train de m’enflammer. »

« Je… vois. »

Elle semblait encore dubitative, mais je n’y avais pas prêté attention. Après tout, la frontière était si longue que si je ne chantais pas dans ma tête, je ne pourrais pas rester saine d’esprit. Plutôt que de construire en ligne droite, j’avais fait en sorte que les Essaims Travailleurs décalent les Tours à Globe Oculaire pour que leurs lignes de feu se croisent.

Le jeu m’avait appris que la victoire revenait à celui qui faisait le premier pas, je m’appuyais donc rarement sur des structures défensives comme celles-ci. Ma mentalité en tant que joueuse d’Arachnée était de submerger l’ennemi avec des tactiques offensives, comme les ruées d’Essaims Éventreurs, plutôt que d’opter sur des choix défensifs.

En d’autres termes, l’Arachnée devenait beaucoup moins efficace s’il devait se concentrer strictement sur la défense. La faction était construite autour d’attaques incessantes, et la récompense pour les massacres était la chair de ceux tombés au combat, qui pouvait être utilisée pour créer des boulettes de viande afin d’augmenter ses rangs.

Se battre avec des structures défensives serait une erreur stratégique dans le cas de l’Arachnée, car cela limiterait la vitesse à laquelle elle pourrait augmenter ses effectifs et mettrait plutôt le rythme de la bataille entre les mains de l’ennemi. Si je n’avais mené que des batailles défensives avec l’Arachnée, je n’aurais pas gagné autant de parties que je l’avais fait. C’était logique, le jeu devait être équilibré, et aucune faction ne pouvait être invincible.

Cependant, étant donné notre situation actuelle, j’avais dû repenser notre tactique. Je n’avais essentiellement aucune information sur ce que l’ennemi complotait, surtout en ce qui concernait l’Empire de Nyrnal. L’Empire avait quitté l’alliance, c’était vrai, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il se mêle de ses affaires. Ensuite, il y avait eu ce discours sur les dragons — les wyvernes que seul Nyrnal pouvait soi-disant utiliser.

Les wyvernes étaient une sous-espèce de dragon, et j’associais les dragons à quelque chose de très spécifique… ce qui me donnait un très mauvais pressentiment. Jusqu’à présent, nous n’avions pas rencontré d’autres factions du jeu, mais cela ne voulait pas dire qu’elles n’étaient pas là quelque part. En supposant que les wyvernes n’étaient que des monstres ordinaires, tout irait bien. Mais si mes soupçons étaient corrects, et qu’il ne s’agissait pas de simples monstres, l’Arachnée allait être confrontée à un ennemi très menaçant.

C’était l’une des raisons qui avait fait que je m’efforçais de renforcer nos défenses. Nous gardions un œil vigilant sur ce que l’ennemi préparait et était prêt à faire. Nous devions probablement nous occuper de Frantz en premier, mais nous devions essayer de rassembler des informations sur leurs progressions. Ainsi, votre servante était actuellement engagée dans la tâche plutôt ennuyeuse de construire des fortifications frontalières.

Peut-être avais-je été optimiste en pensant que, si l’on disposait de suffisamment de temps, l’Essaim apprendrait à les construire lui-même.

« La frontière est sérieusement si longue… J’espère que nous avons assez de ressources pour construire tous les murs. »

La création de suffisamment de fortifications pour couvrir toute la longueur de la frontière nécessiterait beaucoup de ressources. J’avais ordonné aux Essaims Travailleurs d’abattre des arbres et de creuser des rochers, mais je commençais à douter que notre objectif soit réalisable.

Mes simples calculs m’avaient amenée à penser que nous en aurions assez pour les murs et les Tours à Globe Oculaire, mais une partie du terrain le long des frontières n’était même pas du terrain solide. Cela signifiait que certains des murs devraient être construits de manière tordue et en zigzag. Compte tenu des stocks de bois et de pierres que nous avions pour le moment, je n’étais pas sûre que ce soit faisable…

« Votre Majesté, puis-je dire un mot ? », criait une voix pendant que je calculais les chiffres.

C’était un des Essaims Éventreurs.

« Quelque chose ne va pas ? », avais-je demandé.

« Oui. Nous avons été attaqués par ce qui semble être une force ennemie. Nous avons réussi à les repousser, mais de justesse, et l’ennemi s’est enfui avec une partie de nos ressources. »

En répondant à ma question, l’Essaim Éventreurs transmit ce qu’il avait vu à travers la conscience collective.

« Ils… venaient de la mer ? »

Et voici ce que j’avais vu. C’était un groupe d’hommes débarquant d’un voilier de taille moyenne et montant sur des bateaux plus petits. Ils avaient ensuite ramé jusqu’aux rives d’une ville côtière que j’avais conquise. Malheureusement, la ville était pleine d’Essaims Travailleurs qui essayaient de reconstruire l’endroit et seule une poignée d’Essaims Éventreurs stationnait pour les défendre. Les Essaims Éventreurs avaient essayé de riposter, mais ils avaient été encerclés et rapidement vaincus.

Ils avaient cependant abattu quelques hommes appartenant à l’ennemi, et les quelques Essaims Éventreurs qui restaient avaient escorté les Essaims Travailleurs vers un lieu sûr. Pendant ce temps, les assaillants avaient fait un raid sur les entrepôts de la ville, volant les ressources que j’avais économisées pour débloquer de nouvelles structures. Après cela, ils avaient fui vers leur navire.

« Des pirates ? Sérieusement ? »

Les pirates étaient le seul type de personnes que je pouvais imaginer faire quelque chose comme ça. Cela correspondait à leur mode opératoire — ils apparaissaient de la mer, volaient les biens des autres et s’enfuyaient.

« Ils étaient trop négligents pour être des éclaireurs de Frantz. Ce sont probablement des pirates », avais-je conclu.

« Des pirates, vous dites ? Je me demande d’où ils viennent. Ce serait difficile pour nous de poursuivre un bateau de pirates, mais s’ils ont une place forte, nous pourrions peut-être organiser un débarquement. », s’interrogeait à voix haute Sérignan.

« Mais c’est ennuyeux. Je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un nous attaque par la mer. »

J’avais poussé un soupir.

« Nous pouvons couvrir les frontières avec toutes les défenses que nous voulons, mais tout cela est inutile si nous sommes exposés au grand large. Nous devons aussi envisager de fortifier les côtes maintenant. Aaah, ça me donne mal à la tête… »

J’avais pensé que fortifier nos frontières terrestres nous mettrait à l’abri, mais j’avais négligé d’envisager la possibilité que nos ennemis puissent simplement naviguer vers notre territoire. Alors que notre camp était maintenant capable de gérer des navires, nous n’avions qu’une poignée d’embarcations utilisables.

Nous avions réduit en boulettes de viande tous les charpentiers qui auraient pu construire ou réparer des navires, et l’Essaim ne savait pas comment les construire. Construire une flotte pour patrouiller les côtes n’était pas une option réalisable.

Même si nous pouvions quand même y parvenir, le seul d’entre nous qui savait comment mobiliser une flotte était Roland. Les autres membres de l’Essaim avaient appris de lui comment gérer un navire, mais il ne servait à rien d’essayer de leur faire absorber le savoir sur la façon de commander une flotte entière.

L’Arachnée était une force terrestre, un type d’armée fondamentalement différent. Je ne pensais pas qu’il était nécessaire que nous nous engagions dans une guerre navale. Ma seule expérience du contrôle d’unités aquatiques ou navales m’était venue de périodes où j’avais côtoyé d’autres factions. Ces expériences n’avaient pas eu beaucoup de succès, mon ratio victoires/pertes était toujours épouvantable par rapport à l’époque où je jouais avec l’Arachnée.

En d’autres termes, je n’étais pas du tout compétente en matière de combat naval.

« Que devons-nous faire, Votre Majesté ? » demanda l’Arachnée.

« Nous allons demander aux Essaims Travailleurs d’ériger des tours de guet le long des villes côtières et d’y poster des forces de réserve. Cela devrait les tenir en échec. »

« Compris, Votre Majesté. Selon vos désirs. »

L’Essaim Éventreurs fit son geste de loyauté et se prosterna.

« Sais-tu nager, Sérignan ? »

« Moi, nager ? Non, je ne sais pas. Mes excuses, Votre Majesté… »

« Je ne te blâme pas, je te le demandais simplement. »

L’essaim n’était pas bon quand il s’agissait de traverser l’eau, et Sérignan ne faisait pas exception.

« Mais c’est un tel gâchis. Nous avons conquis ces jolis rivages, et nous ne pouvons même pas aller nous baigner. »

Les mers de Schtraut étaient d’un bleu saphir très agréable, et il semblerait que ce soit un plaisir de s’y baigner. En plus, c’était le milieu de l’été, j’avais donc vraiment envie de me baigner.

Est-ce que c’est puéril de ma part, je me le demande ?

« Voulez-vous aller vous baigner, Votre Majesté ? »

« Oui, ce sera un changement de rythme agréable. Mais je sais que ce n’est pas le moment pour ça. »

« Si tel est votre désir, Votre Majesté, nous pouvons nager. Vous avez travaillé si dur tout ce temps, vous méritez certainement un peu de repos. Je vous en prie, allez-y, nagez. », dit Sérignan.

« Tu es étonnamment enthousiaste, vu que tu ne sais pas toi-même nager. Es-tu sûre ? »

Est-ce qu’elle s’amusera vraiment en venant avec moi si elle ne sait pas nager ?

« Mon plaisir n’est pas ce qui compte ici. Je vous ai simplement conseillé de vous reposer parce que je pense que c’est nécessaire, Votre Majesté. Vous avez l’air très fatiguée et vous vous êtes effondrée à plusieurs reprises pendant la guerre contre le duché. Je crois que vous méritez un peu de repos. »

Elle n’avait pas tort, j’étais plutôt fatiguée ces derniers temps. Le massacre de Maluk était une chose, mais les nombreux décès à Schtraut avaient pesé lourdement sur moi. Si les choses s’étaient passées différemment, les gens que nous avions tués auraient pu être nos alliés, cela me donna l’impression d’avoir perdu un ami.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

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