Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 4

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Chapitre 3 : Haute société

Partie 4

« Permettez-moi de me présenter. Je suis Roland de Lorraine, le frère cadet de Léopold. C’est un plaisir, mademoiselle. »

Huh. Donc ce n’est pas un fanatique comme son frère.

« Je m’appelle Grevillea, et voici Sérignan. Ravi de vous rencontrer. »

Lui rendre ces bonnes manières n’était que justice.

« Viens maintenant, allons-y, Léopold. Nous ne voulons plus de disputes, compris ? »

Roland avait emmené son frère.

« Bon sang. Je n’oublierai pas ça ! »

Leopold s’était mis à sa poursuite, laissant cette remarque clichée comme signe d’adieu.

« Vous auriez dû me permettre d’abattre cet homme, mademoiselle. Avec la façon dont il vous a traitée, même la mort est un destin trop doux pour lui. »

« Eh, tout est bien qui finit bien. Ce gentil garçon a tout arrangé pour nous. Je ne vais pas lui en tenir rancune. », dis-je en haussant les épaules.

« Vous êtes trop gentille, mademoiselle. Être impitoyable est parfois nécessaire. »

« Faire un carnage ici gâcherait tout. Tu le sais bien, Sérignan. »

« Euh, oui. Je vous présente mes excuses. »

D’ailleurs, j’ai été assez impitoyable au moment où j’ai enterré le royaume de Maluk.

« Tout le monde, puis-je avoir votre attention s’il vous plaît ? »

Le bruit de quelqu’un — apparemment le maître de cérémonie — tapant sur leur verre était apparu.

« Sa Grâce, le treizième Duc de Schtraut, César de Sharon, est sur le point de faire son apparition ! »

Avec cette introduction, un jeune homme était monté sur scène.

« Merci à tous de m’avoir invité à cette belle fête. Je suis heureux de vous dire que cette soirée est très agréable. C’est toujours un honneur de trouver le temps et l’endroit pour parler à des personnes de bon goût et de bonne éducation comme vous. Cette fête est une autre grande chance de développer le duché. »

En écoutant le discours du duc, j’avais regardé autour de la salle. Léopold regardait César avec haine.

« Après la chute de notre voisin, le royaume de Maluk, nous ne pouvons que prier pour surmonter les temps difficiles qui nous attendent. Et bien sûr, nous devons louer le nom de notre grande nation. Que tous saluent le duché de Schtraut ! »

« Saluez tous le duché de Schtraut ! » s’écria le public, suivant son exemple.

« Votre Majesté, est-ce l’homme que nous recherchons ? »

« C’est bien cela. J’espère que nous pourrons le rencontrer pacifiquement. »

Je n’étais pas venue ici pour m’occuper des petites frappes comme Léopold, mais de gens qui avaient de l’autorité, comme César de Sharon.

« Mais il semble que l’approcher sera difficile… »

César était entouré d’invités, on ne pouvait donc pas vraiment l’approcher.

« Très bien. Sérignan, c’est à toi. »

« Moi ? »

Sérignan me regarda avec une expression déconcertée.

« Écoute-moi, Sérignan. Je sais que c’est un peu difficile, mais essaye de mettre de côté ton comportement chevaleresque pour l’instant. Tu vas devoir mener cette bataille en utilisant des armes que je n’ai pas. Et c’est très important. »

« Compris, Mademoiselle. Mais, euh, que pourrais-je avoir que vous n’avez pas ? Comment vais-je mener cette bataille ? »

Apparemment, elle n’avait pas encore compris.

« Utilise ton corps, Sérignan. Je suis désolée de devoir te demander de faire ça, mais je t’en prie. »

Avec un soupir, je l’avais poussée en avant.

☆☆☆**

« Votre Grâce, notre pays est vraiment dans une situation désespérée. »

« Des monstres à l’ouest, l’empire Nyrnal au sud… Nous sommes entre le marteau et l’enclume, comme ils disent. »

Le duc fit un vague signe de tête aux paroles des invités. Il était difficile de dire s’il était vraiment intéressé par ce que les gens avaient à dire. Il écoutait certainement attentivement chacun d’entre eux, mais on ne savait pas s’il était réellement engagé dans la conversation.

Peut-être ne faisait-il qu’exercer le don naturel d’un homme politique de paraître absorbé, quel que soit son interlocuteur. Pour faire de la politique, il faut parfois jongler avec son attention dans ce genre de situation.

« Votre Grâce… »

Celui-ci se tourna vers le propriétaire de la voix, c’est-à-dire Sérignan. Sa robe était aussi ouverte et effrontée que possible, et elle s’approchait de lui avec un visage rouge. Le duc et son entourage la regardèrent avec surprise avant de détourner rapidement leur regard de son décolleté.

« Euh, qui pourriez-vous être ? Nous sommes-nous déjà rencontrés ? » demanda César, son visage devenant rouge.

« Nous ne nous sommes pas rencontrés, Votre Grâce. Mais ma dame aimerait beaucoup vous parler. »

Sérignan me montra du doigt.

« Ahh, je vois. Alors, laissez-moi vous accorder un peu de temps… Mesdames et messieurs, si vous voulez bien m’excuser. »

Comme César était un homme, il était logique qu’il se laisse séduire par les ruses de Sérignan. Cela dit, je pensais qu’un homme politique serait un peu plus prudent. Il était peut-être plus vulgaire que je ne le pensais.

Mais si c’était vraiment un mufle, cela me conviendrait. En fait, cela jouerait en ma faveur. J’avais besoin qu’il soit un peu stupide, sinon il n’oserait pas s’asseoir pour négocier avec des monstres.

Attiré par Sérignan, César s’était approché de moi. Je lui avais fait le plus beau sourire que je pouvais et je l’avais salué.

« C’est un plaisir de vous rencontrer, Votre Grâce. Je suis Grevillea, une aventurière. »

« Oh, c’est de vous que les gens ont parlé. J’ai entendu dire que vous avez tué un griffon lors de votre premier jour dans la guilde, puis que vous avez exterminé une manticore. Les gens dans la rue vous ont surnommée “la reine” ou quelque chose de ce genre. Le duché subit de nombreuses pertes à cause des attaques de monstres, donc toute aide que vous pouvez apporter est la bienvenue. »

« Mais en plus d’être une aventurière, j’ai un autre rôle. Un rôle certainement pertinent pour vos intérêts. »

« Pertinent pour mes intérêts… ? » répéta César, me regardant avec suspicion.

« Je suis en fait la reine de l’Arachnée. C’est-à-dire que je dirige la légion de monstres qui a détruit le royaume de Maluk. »

« Quoi !? »

Ses yeux s’élargirent d’incrédulité.

La réaction du duc était exactement ce à quoi je m’attendais. Il ne pouvait pas imaginer que la fille qui fréquentait les pubs et qui était appelée « reine » par les membres de la guilde était vraiment comme ça. Si quelqu’un avait supposé que c’était vrai, il aurait bien sûr fallu qu’il soit fou ou médium. Cela ressemblerait à quelqu’un qui aurait gagné le titre de « roi » dans un concours de cuisine et qui se serait révélé être un véritable membre de la royauté.

Et pourtant, nous étions là. La froide et dure réalité était suspendue entre nous. Son choc était compréhensible.

« Pouvez-vous le prouver ? »

« Je pourrais faire venir dans cette pièce certains des monstres qui ont détruit Maluk — l’Essaim — si vous voulez. »

J’avais fait un sourire méchant au duc.

« Mais je suppose que vous me croirez sur parole même si je ne fais rien d’aussi extrême. »

« Discutons de tout cela dans une pièce séparée », dit César.

Il nous avait conduits, Sérignan et moi, dans une autre partie de la salle de réception.

« Vous aviez raison, c’est tout à fait pertinent pour mes intérêts. »

☆☆☆**

« Très bien,… reine de l’Arachnée. Si je peux me permettre, permettez-moi de commencer par cette question : quelle était votre raison pour avoir détruit le royaume de Maluk ? »

César avait chassé tous les autres de la salle, ne laissant que nous trois.

« Oh, c’est simple. Le châtiment et l’instinct. J’avais quelques amis elfes qui ont été tués inutilement par les chevaliers de Maluk, je l’ai donc fait en partie pour venger mes amis. Quant à l’autre raison… Je dois vous informer que l’Arachnée est une race barbare. Nos instincts nous poussent à nous développer. L’Essaim est une belle collection de monstres qui se reproduisent, se dévorent et se développent sans fin. », avais-je dit avec légèreté.

« Je peux comprendre un désir de vengeance, mais l’instinct… Votre instinct vous pousse à envahir d’autres pays ? »

« C’est exact. Nous attaquons, nous nous nourrissons, nous détruisons et nous pillons. Ce sont les instincts de l’Essaim qui guident l’Arachnée. En tant que reine, je peux, dans une certaine mesure, supprimer la marée sans pitié grâce à mon sens de la raison. Mais si je pars, ces chaînes ne retiendront plus l’Essaim, et l’Arachnée deviendra un brasier infernal qui consumera sans discernement tout sur son passage. »

L’Essaim désirait naturellement saccager et massacrer pour croître et conquérir. En ce moment, mes caractéristiques humaines de logique et de jugement étaient tout ce qui les empêchait de se précipiter sur le monde entier.

Si quelque chose devait m’arriver, cette force de dissuasion disparaîtrait. J’avais expliqué cela à César, en précisant que me tuer n’était pas un moyen de s’en sortir.

« Et ? Êtes-vous venue ici pour détruire le duché ? »

« Cela dépend du déroulement de nos négociations ici, Duc Sharon. Je ne cherche pas à faire couler le sang inutilement. Je suis moi aussi humaine. Tout comme vous. »

Je l’avais dit alors que je savais très bien comment j’avais tué un nombre incalculable de mes semblables. Je leur avais refusé même les derniers vestiges de leur honneur en les réduisant en boulettes de viande. Une partie de moi se demandait même si j’avais le droit de prononcer ces mots.

Je suis une charlatan tellement hypocrite. Je me dis humaine maintenant, après tout ce qui s’est passé ?

« Alors que demanderiez-vous à mon pays ? »

« Je veux que vous me fournissiez un moyen d’envahir le Royaume Papal de Frantz. Nous avons l’intention d’attaquer le Royaume Papal, et passer par ce pays serait le moyen le plus rapide d’y arriver. »

Le Royaume Papal de Frantz était le siège de l’Église de la Sainte Lumière, une foi monothéiste exclusive. Il ne faisait aucun doute que nous devions les combattre, ce qui signifiait que nous devions être préparés à la guerre. À cet égard, il était nécessaire pour nous d’avoir sous notre contrôle le duché de Schtraut, une région topographiquement importante.

Cependant, un certain dirigeant avait dit un jour : « Mon pays est une nation, pas une route. » (NdT il peut s’agir du Roi de Belgique Albert 1, même si la réponse était Ma Belgique est une nation, pas une route)

« Le Royaume Papal fait en fait pression sur nous avec la même exigence. Ils veulent que nous autorisions leurs militaires à traverser nos terres pour libérer le royaume de Maluk. Nous n’avons pas encore répondu, mais nous devrons éventuellement leur donner une réponse. »

Le Royaume Papal a donc eu la même idée…

« Alors je suppose que vous devrez décider avec qui vous allier. Je dois vous avertir que si vous vous retournez contre nous, votre pays subira le même sort que le Royaume de Maluk. », lui avais-je dit en faisant un mince sourire.

« Vous nous mettez dans une position plutôt difficile, madame. Si nous nous retournons contre le Royaume Papal, ce sera un coup dur en soi. Leur armée ne doit pas être négligée. »

« On dirait un vrai dilemme. Je compatis, mais vous devrez quand même d’une manière ou d’une autre prendre une décision. Mettez-vous de notre côté, ou de celui du Royaume Papal de Frantz. Et si vous choisissez de vous abstenir, eh bien… vous serez probablement attaqué par nous deux. »

Je me sentais un peu mal pour César. Il était pressé d’un côté par l’armée de monstres qui avait détruit Maluk et de l’autre par son voisin de fanatiques religieux. Avoir à choisir l’un plutôt que l’autre avait dû être difficile.

Pourtant, j’avais besoin qu’il fasse ce choix. S’il ne le faisait pas, il serait attaqué par les deux armées, et Schtraut serait réduit à de la terre brûlée. Ce n’était pas non plus ce que je voulais. Je m’étais un peu attachée à ce pays, alors je ne voulais pas le voir détruit.

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4 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre

  3. amateur_d_aeroplanes

    Hum, comme indiqué au début. César aurait des doutes sur l’identité de cette demoiselle. Une démonstration de force hors du bâtiment serait un minimum comme preuve.

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