Chapitre 3 : Haute société
Table des matières
***
Chapitre 3 : Haute société
Partie 1
Après l’extermination du griffon et de la manticore, nous nous étions attaqués à quelques quêtes plus difficiles. Grâce à cela, nous étions devenus célèbres non seulement à Marine, mais aussi dans tout le duché de Schtraut. Mais il s’était avéré que cela n’avait pas plu à tout le monde.
« Alors vous êtes les aventuriers qui nous ont volé la vedette ces jours-ci, hein ? »
Un jour, quand nous avions quitté l’auberge et nous étions dirigés vers la guilde, nous avions été acculés par un groupe d’hommes dans une ruelle. Ils portaient tous une armure de cuir bon marché et des expressions hostiles.
« Je ne sais pas si nous avons volé quoi que ce soit à qui que ce soit, mais nous sommes certainement des aventuriers », dis-je à celui qui nous avait interpellés.
« Ne joue pas les timides avec moi, mademoiselle. Toi et tes amis ici présents avez volé toutes les quêtes les plus difficiles, et nous autres, nous avons lutté pour trouver du travail à cause de vous. À cause de vous, la guilde ne fait que se remplir de quêtes vraiment difficiles. Vous comprenez ? »
Oh. Ils essaient de nous blâmer pour leur propre inaptitude.
« Et alors ? Trouvez donc un autre travail. Je suis sûre que des gens comme vous peuvent trouver plein de bons emplois. »
« Est-ce que tu nous regardes de haut ? ! »
Insatisfait de mon attitude, l’homme avait sorti une épée.
« Est-ce votre façon de dire que vous cherchez la bagarre ? »
Il fit alors tournoyer l’épée dans les airs.
« Je te donne juste une petite leçon, c’est tout. Tu apprendras peut-être à rester à ta place si je te découpe ton joli visage. »
« Sérignan, occupe-toi d’eux. »
« Selon vos désirs. »
Sérignan s’interposa entre moi et la bande de voyous.
« Alors tu veux y aller en premier, hein ? ! Tu l’as demandé ! »
Il leva sa longue épée…
… et un instant après, ses bras tombèrent au sol, coupés du reste de son corps.
« Aaaahhhh ! C’est quoi ce bordel !? »
Avant que quelqu’un ne puisse cligner des yeux, les têtes des cinq hommes qui avaient décidé de se battre avec nous volaient. Le trottoir avait été éclaboussé de sang frais.
De toute évidence, il n’y avait pas de survivants.
Leurs corps s’étaient effondrés sur le sol, en se tordant. La ruelle ressemblait à une scène sortie tout droit d’un film d’horreur.
« J’ai le sentiment que les gens vont continuer à se battre avec nous à partir de maintenant », avais-je dit en soupirant.
« S’ils ont envie de perdre la tête, ils n’ont qu’à essayer », cracha Sérignan.
Être célèbre, c’est sûr, c’est gênant.
« De toute façon, rendons-nous à la guilde. On doit se concentrer sur la collecte d’informations. »
Nous pourrions apprendre toutes sortes de choses à la guilde des aventuriers, par exemple, à quel point les citoyens de Schtraut connaissaient la situation dans l’ancien royaume de Maluk, comment les relations internationales avaient pu changer, ainsi que tout changement dans les affaires internes de Schtraut.
« Oh, bonjour, Mlle Grevillea ! Nous vous attendions ! »
Pour une raison inconnue, la dame de la réception nous avait accueillis avec un large sourire.
« Euh, y a-t-il une quête difficile et avez-vous besoin que nous nous en chargions ? »
« Non, non. Quelque chose d’incroyable est arrivé ! Une personne importante de l’état est ici, et il veut vous rencontrer ! »
Argh.
Est-ce qu’on s’était trop distingués ? Ou était-ce autre chose ? Un certain nombre de possibilités épouvantables s’étaient présentées à mon esprit, depuis le fait que nous nous en sortions trop bien malgré le fait que nous étions supposés être des réfugiés Maluk jusqu’au fait que nous avions des arriérés d’impôts.
Ou bien… Oh, non. Est-ce que Sérignan ne m’a pas appelée « Votre Majesté » une fois de trop ? Mais non, je pourrais juste dire que c’est un surnom, ça ne devrait donc pas être un problème. Si j’avais été une vraie membre de la royauté, mon nom aurait été exposé dès mon inscription à la guilde. Si j’étais le genre de princesse de conte de fées qui se présente déguisée et qui commence à faire le sale boulot comme par magie, je serais certainement une sorte de célébrité maintenant. Qu’est-ce que cette personne pourrait donc bien vouloir de moi ?
« Mlle Grevillea ? Est-ce que ça va ? »
« Oh, oui, je vais bien. Qu’est-ce que cet homme me veut ? »
« Je ne connais pas les détails, mais il semblerait qu’il ait fait un pas en avant pour encourager vos activités. Par ailleurs, le duché recrute parfois des aventuriers de premier plan dans ses rangs. En fait, la guilde a eu de nombreux cas d’aventuriers prometteurs qui ont servi notre pays. Pour autant que je sache, le gouvernement les fait chevaliers, mais c’est techniquement un titre noble. Passer d’aventurier à noble est une merveilleuse promotion ! »
Hmm. S’embrouiller avec ce pays signifie courir pas mal de risques, mais il y a aussi beaucoup à gagner.
« Oh, et il vous a aussi invité à un dîner après-demain ! C’est comme un rêve devenu réalité ! »
« Un dîner ? »
J’avais incliné la tête.
« Oui ! Il y a des dîners de temps en temps à Marine. Le chef de la guilde des marchands locaux et les hauts responsables de la ville — voire du pays tout entier — sont quelques-uns des gens que vous y trouverez. Il faut être noble ou vraiment célèbre pour obtenir une invitation, et tout le monde veut en faire partie. Une fille ordinaire comme moi ne peut qu’en rêver… »
Ce n’est donc probablement pas un dîner pour collecter des dons politiques.
« Rencontrez d’abord le fonctionnaire. Il pourra vous dire ce qu’il a à faire avec vous bien plus vite que moi. », dit-elle tout en faisant un geste de côté.
« Je suppose que oui. »
Se disputer à ce sujet ne me mènerait nulle part. J’avais pris mes résolutions et je m’étais avancée pour rencontrer cette… personne importante.
☆☆☆
« Mlle Grevillea, je présume ? »
Celui qui m’avait saluée était un homme d’âge moyen ayant une barbe impressionnante.
« Oui. Que me vaut le plaisir de vous rencontrer ? »
« Je ne peux pas dire que j’approuve beaucoup votre attitude, mais je l’autorise par respect pour votre position de héros dans la guilde des aventuriers. »
Quel vieil homme prétentieux ! Il me donne presque envie qu’il m’en donne pour mon argent dans ce service.
« Je suis le comte Basil de Buffon. Il fallait que je vous rencontre après avoir entendu parler de vos exploits. Cependant, je dois avouer que je suis un peu surpris. »
Il fit un demi-pas en arrière et regarda successivement Sérignan, Lysa, l’essaim masqué et moi-même.
« Votre groupe est presque entièrement composé de femmes, et pourtant vous avez réussi à vaincre un griffon et une manticore. Comme c’est curieux. »
Il était vrai que l’Essaim Masqué était le seul homme du groupe… bien que ce soit en fait une créature asexuée.
« Pourtant, je peux détecter une légère odeur de sang sur vous. Peut-être que mon esprit me joue des tours ? »
« Nous avons été forcés d’abattre un groupe de voyous qui avaient essayé de nous attaquer plus tôt. Cette ville manque vraiment d’ordre public, ce serait formidable si le gouvernement local pouvait faire quelque chose à ce sujet. Nous devons nous promener dans les rues armées juste pour nous protéger. », expliquais-je froidement.
« Vraiment ? Ça doit être pire que ce que je pensais. La criminalité parmi la classe inférieure est un problème depuis un certain temps déjà, mais de penser qu’il y a des voyous qui tenteraient de faire du mal à une charmante jeune femme comme vous… Je ne manquerai pas de dire au maire de faire plus d’efforts pour améliorer la situation. »
Le Seigneur Buffon ne semblait pas se soucier de savoir si le fait d’être attaqué de cette façon était une justification suffisante pour tuer quelqu’un en légitime défense.
« Eh bien, vous vouliez nous rencontrer, nous voilà. Êtes-vous satisfait, Seigneur Basil ? »
« Les aventuriers de nos jours sont vraiment très grossiers, non ? Pourtant, la robe que vous portez est divine. Elle doit avoir été faite par un artisan de première classe. »
Vous entendez ça, Essaims Travailleurs ? Vous êtes des artisans de première classe maintenant. Maman est si fière de vous.
« Pardonnez mon audace, mais pourriez-vous être une noble de Maluk qui travaille comme aventurier pour cacher son passé ? D’après ce que j’ai entendu, beaucoup de gens ont perdu la vie dans le Royaume de Maluk. Les responsables sont toujours en liberté, mais les gens disent que c’était une légion de monstres. Personne ne sait quel pays les a libérés. Si c’était l’Empire de Nyrnal, je peux comprendre que vous ressentiez le besoin de cacher votre passé. Tous les nobles survivants seraient probablement poursuivis par ces sauvages. », demanda-t-il.
« Non, je ne suis pas une noble. Je suis juste une aventurière ordinaire. »
« Mais je n’ai jamais vu une aventurière ordinaire porter ce genre de robe. Cela mis à part, ces trois-là doivent être vos escortes, n’est-ce pas ? »
Ce ne serait pas bon pour lui de me soupçonner d’être de la noblesse Maluk. Après tout, je ne savais presque rien du pays, nous étions simplement entrés et l’avions détruit.
« C’est vrai. Je suis un chevalier à son service », déclara Sérignan.
« Ah, c’est donc vrai. Oui, tout cela a un sens. »
J’avais réprimandé Sérignan à travers la conscience collective, l’exhortant à se taire et à ne rien dire qui peuvent nous attirer des ennuis. Honteuse, elle s’était un peu effondrée.
Tellement mignonne…
« Je ne vous demanderai pas quel genre de noble vous étiez ni quel titre vous portiez. Si l’on en croit les rumeurs, le royaume de Maluk est en ruines. La dernière chose que je voudrais, c’est de vous causer du chagrin en déterrant des souvenirs douloureux de votre patrie. Je laisserai les choses telles qu’elles sont jusqu’à ce que vos blessures soient guéries. »
Oh. C’est une bonne idée.
La prochaine fois que quelqu’un m’interrogera sur Maluk, je pourrai prétendre qu’ils déclenchent des souvenirs traumatisants. La façon dont cet homme avait effectivement renforcé ma propre couverture sans que j’aie à lever le petit doigt m’avait presque fait rire aux éclats.
« Au fait, j’aimerais vous demander quelque chose. Pas en tant qu’aventurier, mais en tant que noble du royaume de Maluk. »
« Bien sûr. Je vous écoute. »
Qu’est-ce qu’il y a encore ? Le dîner ?
« Je vais organiser un dîner après-demain, et je serais ravi que vous vous joigniez à nous. Les autres hauts responsables ont les yeux rivés sur vous après vos nombreuses réalisations, Mlle Grevillea. Ce serait bien si vous pouviez venir vous mêler au reste des invités. »
Alors, c’était vraiment ça… Mais je ne suis pas très douée pour ce genre de choses.
« Bien sûr, je serai là. Après-demain, c’est ça ? »
« Oui, pendant la soirée. »
« Pourriez-vous nous prêter deux robes et un smoking ? J’ai moi-même une tenue adaptée pour un dîner, mais pas ces trois-là. »
« Ce ne sera pas un problème du tout, ma dame. Je possède un magasin de vêtements, vous pouvez donc me confier ça. Si vous avez besoin de deux robes et d’un smoking, je vous les fournirai. »
Cool, alors nous serons tous habillés pour l’occasion.
« Où aura lieu la fête ? »
« Dans le salon d’apparat de la ville. Voici vos invitations. »
Lord Buffon en avait remis une à chacun d’entre nous.
« Très bien. Merci de vous être donné la peine de nous inviter personnellement. J’espère que nous pourrons animer la fête. »
« Oh, ne vous inquiétez pas pour ça. Votre seule présence est tout ce que je pouvais demander. Je veux juste que les invités aient un aperçu de nos plus célèbres aventuriers. »
Attendez, quoi ? Je suis quoi, une attraction vedette ?
« Bien. J’enverrai ces trois-là demain pour récupérer leurs vêtements. Combien vous dois-je pour ça ? »
« S’il vous plaît, vous n’avez pas besoin de me donner quoi que ce soit. Je vous ai après tout demandé de participer. Il est juste que je couvre la totalité de la dépense. »
Oh. Je pensais que ce vieux type était louche, mais peut-être que c’est en fait une personne décente. Recevoir un traitement aussi généreux me fait réfléchir à deux fois avant de détruire ce pays.
« Alors, retrouvons-nous au dîner. Oh, et voici l’adresse du magasin de vêtements. Suivez ces instructions, et vous arriverez à destination. »
Le Seigneur Buffon nota les instructions sur un morceau de papier avant de quitter les lieux.
« Lysa, tu peux lire ça ? » lui avais-je demandé.
« Oui. Il est écrit que la fête aura lieu au troisième bâtiment de la rue Glorieuse du Duc Louis. », répondit Lysa en regardant le bout de papier.
« J’ai compris. Bien, retournons sur nos pas pour l’instant, nous avons du travail à faire. »
Avec ça, j’avais fait sortir mes trois escortes de la guilde.
« Oh, Mlle Grevillea ! Que vous voulait-il ? »
Alors que nous nous apprêtions à partir, la réceptionniste bavarde m’appela.
« Il nous a demandé de venir au dîner. D’y venir en tant qu’invités », lui dis-je sèchement.
« Ouah ! C’est incroyable ! Je n’arrive pas à croire que des gens de ma guilde vont participer à une de ces fêtes ! Cela restera dans l’histoire ! Je vous encouragerai depuis les coulisses, Mlle Grevillea ! Continuez à faire du bon travail ! »
« Je ne sais pas si cela restera dans l’histoire, mais, euh, le chef de Schtraut sera-t-il présent ? »
« Hein ? Vous voulez dire le duc ? Sa Grâce fait parfois une apparition, mais pas toujours. Je ne peux pas vraiment le dire, bien que j’ai entendu dire qu’il a été très occupé ces derniers temps. »
Tch. Et moi qui pensais avoir une chance de négocier directement avec le responsable de ce pays.
« Merci pour l’information. Nous allons partir maintenant. »
« OK ! Assurez-vous de faire savoir à tout le monde que vous êtes de notre guilde ! »
Je me suis dépêchée de partir pour ne plus avoir à supporter ses bavardages incessants.
***
Partie 2
« Très bien, nous allons tous les quatre à ce dîner ! Nous devrions être en mesure de recueillir des informations que nous n’obtiendrions pas à la guilde, ce qui est une raison suffisante pour y assister. Je veux que vous saisissiez cette occasion pour recueillir toutes les informations possibles sur le duché de Schtraut, en particulier sur le climat politique actuel. Si vous apprenez quelque chose sur leurs relations diplomatiques, ce sera parfait. Le sort de l’Arachnée dépend de notre capacité à comprendre correctement leur statut international. », avais-je déclaré à notre retour à l’auberge.
Sérignan, Lysa et l’Essaim Masqué avaient fermement acquiescé à mes paroles. Bien. Ils comprennent à quel point la situation est importante.
« Le plus gros problème que nous avons est qu’ils pourraient découvrir nos vraies identités. Le Seigneur Buffon a mal compris les choses, mais prétendre être noble peut être un défi. Les nobles agissent parfois sérieusement comme les membres d’une société secrète. Un écusson de famille, une devise, nos relations politiques et personnelles… Ce sont des choses que nous ne pouvons pas fabriquer pour l’instant. C’est pourquoi, si on nous aborde sur l’un de ces sujets, nous allons dire que nous avons perdu nos souvenirs à cause d’un traumatisme. Est-ce que c’est clair ? »
« Oui, Votre Majesté. Nous pourrions certes chercher à imiter une famille noble existante, mais il serait dangereux de fonder notre action sur des informations aussi peu fiables. Il serait plus sûr pour nous de prétendre que nous souffrons de perte de mémoire, alors oui, faisons avec. », déclara Sérignan.
Si nous le voulions vraiment, nous pourrions demander aux essaims de Maluk de se pencher sur une vraie maison noble, mais cela risquerait de faire en sorte que quelqu’un les connaissant apparaisse, même de loin. Comme l’avait dit Sérignan, la solution la plus sûre était de feindre l’amnésie. Bien sûr, trop s’y fier pouvait éveiller les soupçons… mais c’était quand même la meilleure approche que nous avions.
« De toute façon, je vais donner à chacun de vous un rôle assigné. Sérignan, tu es mon garde du corps. Lysa va s’occuper du repérage. Essaim Masqué, désolé, mais j’ai besoin que tu nous assures une sortie. Que nos autres Essaims Masqués se déploient et se rassemblent autour de la salle de réception. »
Sérignan seule sera suffisante pour me protéger tandis que Lysa repérera les gardes du corps des autres invités. L’Essaim Masqué nous assurera une sortie. Je voulais que tous les Essaims Masqués que nous avions amenés dans la ville soient prêts à nous couvrir en cas de besoin.
Hmm… En y repensant, quelque chose ne semble pas normal ici. On a moins l’impression d’aller à un dîner et plus l’impression de se préparer à une opération spéciale.
« Nous avons cependant quelques problèmes. Premièrement, nous ne savons pas à qui nous adresser si nous voulons obtenir des informations utiles. Si nous nous renseignons au hasard, cela pourra paraître contre nature, mais nous n’avons pas d’autre choix que de prendre ce risque. Nous devons espérer que la personne avec laquelle nous engagerons une conversation est suffisamment importante pour savoir une chose ou deux. »
Nous ne connaissions ni les noms ni les visages des VIP du duché, nous n’avions donc aucun moyen d’obtenir des informations clés à un noble, à l’exception d’un propriétaire d’une petite guilde commerciale qui ne savait rien d’important. Ce n’était pas un jeu de rôle où nous pouvions parler à tous les PNJs — cela aurait juste l’air suspect. Nous devions nous concentrer sur quelques cibles prometteuses et nous en tenir à elles.
« Et notre autre problème est lié à vos tenues. Sérignan, peux-tu enlever ton armure ? », dis-je en poussant un soupir.
« Je vais essayer ! »
Elle ne portait pas exactement son armure rouge, elle faisait partie de son corps. L’enlever serait une tâche herculéenne. Pouvait-elle vraiment rentrer dans une robe ?
« Nnngh... ! »
Sérignan s’était concentrée au maximum pour essayer d’enlever l’armure. Enfin, les plaques se détachèrent, tombant sur le sol d’un coup sec.
« Est-ce que ça va, Votre Majesté ? », me demanda Sérignan, nue comme une nouveau-née.
« Sérignan. Tes seins sont plus gros que je ne le pensais. Et tu as un corps qui ferait un malheur. », murmurai-je à travers mes dents grinçantes.
« Tu es vraiment belle, Sérignan ! », s’écria Lysa.
J’avais toujours été mince et miteuse, mais le fait de n’avoir que quatorze ans n’avait fait que rendre mon corps encore plus informe. Mais le fait que Sérignan avait des seins plus gros que les miens m’avait frappée comme une tonne de briques. Ramper sous les couvertures et accepter que la mort par la chaleur de l’univers était assez tentant.
« V-Vous allez bien, Votre Majesté ? Dois-je me cisailler la poitrine ? » demanda Sérignan, sentant ma jalousie à travers la conscience collective.
« Non, ne le fais pas. Mais je te laisse gérer la partie séduction à partir de maintenant. »
Je vais mettre à profit les atouts inattendus de Sérignan.
« Maintenant, Lysa, peux-tu enlever tes vêtements ? »
« Oui, ils se détachent bien. »
Apparemment, malgré le fait que les vêtements que Lysa portait lorsqu’elle était entrée dans le four de conversion avaient fusionné avec son corps, elle avait pu les enlever sans problème.
« Essaim Masqué, et toi ? »
« Est-ce que ça ira ? »
L’apparence de l’essaim masqué s’était légèrement déformée, et il ne portait soudain plus que des sous-vêtements.
Un vrai maître de la mimésis. Je suis sûre que les choses se passeront bien.
« Bon, alors notre prochaine mission est d’aller vous chercher des vêtements de fête. Sérignan, je t’ai acheté des vêtements normaux à l’avance, alors porte-les quand tu sortiras. Lysa, fais attention à ce que tes oreilles ne se voient pas. Essaim Masqué… Je pense que tu t’en sortiras bien. »
« Oui. Pour recevoir des vêtements de ma reine… Je suis vraiment honorée, » dit Sérignan.
Je m’étais dit que Sérignan pourrait se retrouver nue si elle enlevait son armure, alors je lui avais acheté un ensemble de vêtements de tous les jours chez un tailleur, pensant que cela éviterait des complications plus tard. Il s’est avéré que j’avais raison.
« De toute façon, allez choisir vos vêtements de soirée demain. Préparez-vous en conséquence. C’est tout pour aujourd’hui. »
Mince. Je ne pensais pas que préparer des vêtements pour une fête serait si compliqué.
☆☆☆**
« C’est donc l’endroit dont le Seigneur Buffon nous a parlé. »
Nous avions tous les quatre suivi les instructions que le Seigneur Buffon nous avait données et avions finalement atteint son magasin.
« Il y a beaucoup de robes d’apparence coûteuse exposées. »
Lysa regarda la devanture du magasin avec des yeux pétillants.
« Eh bien, c’est le comte qui régale, alors choisis ce que tu veux », lui dis-je alors que j’entrai dans le magasin.
« Bonjour. Puis-je vous être utile ? » dit la commerçante.
Elle portait elle-même une robe légère, et elle nous parlait avec respect. Le niveau de service à la clientèle nous fit comprendre que nous étions dans un établissement de grande classe.
« Nous sommes venus ici sur la recommandation du Seigneur Buffon. Pourriez-vous nous aider ? »
« Oui, j’ai été informé de votre arrivée. Je serais honorée de rendre service à une amie du comte. »
Nous ne sommes vraiment pas ses amis.
« Parfait, cela m’évitera les explications superflues. Pourriez-vous nous faire visiter ? »
« Bien sûr. Par ici, s’il vous plaît. »
Sérignan et les autres avancèrent automatiquement. La tenue actuelle de Sérignan était une robe de soirée cramoisie. Elle ne lui allait pas très bien, mais elle l’aimait quand même. Étrange, vu que je n’avais pas un grand sens de la mode.
« Mlle Sérignan, quel genre de robe aimeriez-vous ? »
« Une qui soit facile à enfiler. Une robe que je pourrais porter en maniant l’épée. »
« Euh, nous parlons d’une robe de soirée, non ? »
« Oui, c’est ça. Si possible, j’apprécierais une armure autour de la poitrine et de l’abdomen. Ça ne me dérange pas si ça ajoute du poids. »
Apparemment, elle ne pouvait pas distinguer une robe d’une armure.
« Sérignan, arrête d’ennuyer les pauvres commis avec tes folles exigences. Pourriez-vous lui trouver une robe plus mature, s’il vous plaît ? Une qui a un certain décolleté et un dos ouvert. Je veux qu’elle soit la fleur la plus séduisante de la fête. »
« Compris. »
Une des employées s’était rendue dans le magasin avec elle pour lui trouver une robe appropriée.
« Et vous, Mlle Lysa ? Quel genre de robe cherchez-vous ? »
« Umm… quelque chose d’un peu plus simple que la robe que notre dame ici va porter. Je ne suis qu’une de ses servantes. », me dit Lysa timidement tout en me faisant un geste.
Je suppose que c’est le maximum qu’elle puisse faire.
« Très bien. »
À son signal, un autre commis fit entrer Lysa.
« Quant à vous, Monsieur Maska, celui-ci fera-t-il l’affaire ? »
« Oui. C’est parfait. »
L’Essaim Masqué avait été le premier à terminer ses préparatifs. Il se tenait devant le miroir, l’air tout simplement fringant en smoking.
N’es-tu pas un étalon ?
« Mlle Grevillea… Je vois que vous n’avez pas besoin d’une nouvelle robe. »
« Oui, c’est bon pour moi. »
Les Essaims Travailleurs m’avaient fait plein de robes magnifiques, je n’avais donc pas eu de problèmes sur ce point. Je portais actuellement l’une d’entre elles.
« Puis-je vous demander où vous avez eu cette robe ? »
« Celle-là ? Elle vient, euh, d’un tailleur du Royaume de Maluk, dans une ville appelée Leen. »
Mais ce magasin n’existe plus. Et tout ceci grâce à l’aimable autorisation de votre serviteur.
« Je ne vois aucune couture, et on dirait qu’elle a été découpée dans un seul morceau de tissu… et mince, cette texture ressemble à de la soie. De plus, son design est plus audacieux que tout ce que même les designers les plus imaginatifs du continent oseraient faire. De penser que l’endroit d’où vient cette robe a été détruit me brise le cœur. »
« D’accord. »
Si ces chevaliers n’avaient pas mis leur nez là où il ne fallait pas, les choses auraient été bien différentes. Oui, si cela n’était pas arrivé, je serais encore en train de me développer paisiblement en vendant des robes et en achetant de la viande. Si seulement ces voyous qui s’étaient fait appeler chevaliers ne s’étaient pas pointés et n’avaient pas brûlé mon précieux Baumfetter… Pourtant, les guerres éclatent toujours, même quand personne n’en veut.
« Mlle ! »
Sérignan était arrivée en courant du fond du magasin avec les larmes aux yeux.
« Regardez ce que cette femme essaie de me faire porter ! C’est honteux ! Je n’ai pas l’air d’un chevalier, mais d’une prostituée. »
Sérignan portait ce qui était, il est vrai, une robe très racée. Elle était ouverte dans le dos et montrait beaucoup de décolletés, et sa moitié inférieure comportait une fente qui exposait ses cuisses pâles.
C’est génial.
***
Partie 3
Connaissant Sérignan, je devais admettre que le look était un peu trop osé. Pourtant, la manière dont elle la portait lui donnait un air raffiné plutôt que sordide, même si je n’étais pas certaine que cela soit dû aux efforts du designer qui avaient porté leurs fruits, ou bien l’allure naturellement brillante de Sérignan… J’espérais que cela soit la dernière solution. Une fois de plus, j’avais réalisé que Sérignan était vraiment magnifique.
« Ça te va bien, Sérignan. Et si tu l’acceptais ? »
« Ça ne me va pas bien ! J’ai besoin de quelque chose de plus approprié pour un guerrier ! », s’exclama-t-elle.
Mais ça lui allait vraiment bien. Elle dégageait une aura de maturité que je ne pouvais pas rêver de produire moi-même.
« Alors, demandes-en une qui montre moins de peau. Mais ce n’est pas une robe normale, nous essayons de tirer profit de tes talents de séductrice. »
« Argh… Compris… »
Il nous avait fallu environ une heure et demie pour choisir les bonnes robes.
« Alors tu aimes celle-là, Lysa ? »
« Oui ! Je me sens comme une princesse. »
Lysa portait une robe verte sobre. Elle n’exposait pas beaucoup de peau, mais elle était ornée de superbes froufrous, ce qui avait envoyé Lysa sur la lune. Elle aimait se déguiser, comme le faisaient souvent les filles. J’étais heureuse que Lysa puisse saisir l’occasion de s’amuser un peu.
« Et Sérignan, n’est-il pas temps que tu abandonnes ? »
« Je… ne me suis jamais sentie aussi humiliée de ma vie. »
Sérignan avait fini par s’habiller d’une robe rouge un peu moins voyante que celle qu’elle avait portée tout à l’heure. Malgré cela, elle avait encore un décolleté visible et mettait en valeur ses cuisses. Honnêtement, un homme qui ne serait pas tombé amoureux d’elle alors qu’elle portait cette robe n’avait probablement pas du tout le béguin pour les femmes.
« Ça te va bien. Tout le monde à la fête aura les yeux rivés sur toi. Je compterai sur toi pour faire perdre la tête à tous les hommes. »
« Mais une telle mission est… »
Incapable de se résoudre à finir, elle s’en était sortie misérablement.
On aurait pu croire que j’avais fait exprès d’intimider cette pauvre femme, mais la séduction serait vraiment une tâche importante pendant notre opération de renseignement.
« De toute façon, je pense que nous avons tous fini ici. Nous allons prendre congé, si cela ne vous dérange pas. Merci pour toute votre aide ! »
« N’en parlez pas. Je suis honoré d’avoir pu aider une amie du comte. »
Après avoir fait nos adieux, nous avions tous les quatre quitté le magasin. La fête était prévue demain soir, et nous étions prêts. Il ne nous restait plus qu’à espérer que nous trouverions des informations utiles.
☆☆☆**
Nous étions montés dans la voiture que le Seigneur Buffon avait envoyée pour nous prendre et avions fait place à la salle de réception. Il avait eu la gentillesse de venir nous chercher à l’auberge pour que nous ne nous perdions pas accidentellement dans Marine.
En fait, c’était si gentil de sa part que je m’étais demandé quelles étaient ses intentions. Sérignan et Lysa étaient après tout deux dames très charmantes. En tout cas, nous nous étions assis patiemment dans le carrosse qui se dirigeait vers la salle.
« Nous sommes arrivés. »
La salle de réception était une grande structure en pierre calcaire blanche entourée d’un vaste jardin. Elle était construite sur la partie la plus haute de Marine et offrait une vue à la fois sur la ville et sur les navires qui mouillaient dans le port. Un endroit effectivement parfait pour accueillir des invités. Nous étions sortis de la calèche et avions marché jusqu’à l’entrée, où nous avions été accueillis par un majordome.
« Puis-je vérifier vos invitations ? »
« Oui, nous sommes-là. Au fait, je m’appelle Grevillea », avais-je dit en remettant toutes nos invitations.
« Ah, le groupe de Mlle Grevillea. Oui, vos invitations sont en ordre. Entrez, je vous en prie. »
On nous avait fait entrer dans le hall. L’intérieur de la structure était aussi beau que son extérieur. Un grand lustre brillait au plafond, et un tapis rouge était étendu sur le sol. Tout autour de nous se trouvaient des murs et des sculptures en marbre blanc, propres.
« Cet endroit est magnifique. On dirait vraiment un palais pour l’élite. », murmurai-je.
« Je suis d’accord ! C’est la première fois que je vois quelque chose comme ça. J’ai presque cru que c’était un temple ou quelque chose comme ça », dit Lysa tout en hochant la tête.
« Si vous trouvez que notre base est imparfaite, nous pouvons rénover l’endroit en conséquence », suggéra Sérignan.
« Non, ça va. Un lit douillet avec des draps propres est tout ce dont j’ai besoin. »
J’aurais pu demander aux Essaims Travailleurs de rendre notre base beaucoup plus somptueuse, mais leur faire perdre leur temps au nom de ma satisfaction personnelle ne me semblait pas juste. Surtout en ce moment, où ils avaient la lourde tâche de remodeler tout le territoire de Maluk.
Il y avait des mines à forer, des fermes et du bétail à entretenir, et la défense de nos frontières à assurer. Faire sortir les Essaims Travailleurs de ces tâches importantes pour un remodelage esthétique de notre base serait une erreur. Contrairement à cette salle, aucun invité ne viendrait jamais visiter notre base, ce serait donc vraiment pour mon propre plaisir égoïste.
« Quoi qu’il en soit, avançons selon le plan. Lysa, inspecte les lieux. Essaim Masqué, sécurise-nous une sortie. Sérignan, viens avec moi. »
Avec ça, on se sépara. Lysa observa les gardes pendant que l’Essaim Masqué traînait autour de l’entrée arrière. D’autres Essaims Masqués étaient également installés autour du bâtiment. Si la situation s’aggravait, nous pourrions au moins nous échapper d’ici.
« Pardonnez-moi. »
Alors que Sérignan et moi nous préparions à demander des informations, quelqu’un nous avait appelés.
« Je ne vous ai jamais vu. De quelle maison pourriez-vous venir, mesdames ? »
Un bel homme s’était approché de moi. Son regard arrogant m’avait dit qu’il nous considérait comme un couple de petites filles idiotes.
« Mon nom est Grevillea. Je ne viens d’aucune famille en particulier, je suis juste une aventurière. », avais-je répondu.
« Oh, l’aventurière ? J’ai entendu tous les ragots — apparemment, votre groupe est très compétent. Mais je dois avouer que vous n’avez pas l’air d’être à la hauteur. »
Il fit un sourire fin et condescendant.
Sérignan le dévisageait si intensément que j’étais persuadée qu’elle lui couperait la tête si elle avait eu une épée dans les mains.
« Et qui êtes-vous ? », lui demandai-je avec un soupçon d’agacement.
« Ah, mes excuses. Je suis le marquis Léopold de Lorraine, douzième chef de la Maison Lorraine. C’est un plaisir de faire votre connaissance, Mlle Maître Aventurière peu fiable. »
Tout ce que je vois chez ce type m’énerve.
« Je suppose que j’ai l’air peu fiable, mais c’est parce que je suis une commandante, pas une combattante. Celle qui s’occupe de tout sale boulot, c’est cette dame juste là, Sérignan. »
« Ah, une femme qui utilise une épée ! Dans quel monde dans lequel nous vivons ! », s’exclamait Léopold de façon exagérée.
Très bien, tu n’es qu’un connard !
« De toute façon, j’aimerais bien entendre la véritable histoire. J’ai entendu dire que vous payez en fait d’autres aventuriers pour vous attribuer le mérite de leurs réalisations… Ils disent que vous n’êtes rien d’autre que de pitoyables réfugiés de Maluk qui ont acheté les réalisations des autres pour pouvoir participer à ce dîner. La guilde est après tout l’endroit parfait pour un roturier pour élever son statut. », poursuivit Léopold.
« Comment osez-vous ! »
Furieuse, Sérignan s’était mis en tête de faire un pas en avant.
« Sérignan, retiens-toi. Ne te laisse pas prendre par ses provocations. Ce n’est qu’un noble de troisième ordre qui débite des bêtises. », lui avais-je dit.
« Pardon ? ! Est-ce que vous venez de me traiter de noble de troisième ordre ? ! Je vous ferai savoir que j’étais sur le point d’être élu la saison dernière Duc de Schtraut ! »
Cette fois, ce fût Léopold s’était emporté contre moi.
Oups, on dirait que je lui ai un peu trop tapé sur les nerfs…
J’avais l’intention d’ignorer les paroles de cette personne et d’avancer, mais j’avais seulement fini par m’enfoncer plus profondément dans les ennuis.
« Oh, je vois. Donc vous êtes vraiment un gros bonnet, hein ? Mais pour être franche, Seigneur Lorraine, je ne pense pas que votre attitude et votre statut correspondent réellement. Savez-vous que vous avez vraiment besoin de peaufiner votre caractère ? Si vous continuez à agir comme ça, même les roturiers comme moi finiront par vous regarder de haut. », avais-je dit, tout en essayant d’arranger les choses.
Bien sûr, cela n’avait fait qu’ajouter de l’huile sur le feu.
« Je me souviendrai de cette indignité ! Une fois que nous aurons repris Maluk, je veillerai à ce que tous vos territoires soient confisqués ! Et je m’assurerai que tous les réfugiés Maluk comme vous soient rapatriés, même si votre pays est infesté de monstres ! »
« Oh, non. Qu’est-ce que je dois faire ? » répondis-je sèchement.
Naturellement, je ne pouvais pas me soucier de ces menaces.
« Et pour couronner le tout, je vais prendre votre chevalier et le vendre comme esclave ! Regardez ce corps, elle va gagner beaucoup d’argent au bordel. Je m’assurerai de lui rendre visite, vous feriez donc bien de me servir au mieux de vos capacités. »
« Quoi !? »
Maintenant, j’étais en ébullition.
« Si vous voulez insulter Sérignan, vous feriez mieux de croiser le fer avec elle d’abord. Non pas que j’attende beaucoup de vous. Vos bras maigres se casseront probablement comme des brindilles si vous essayez. »
« Vous osez m’insulter encore plus ? ! Elle peut essayer de brandir une épée si elle veut, mais je ne me laisserais jamais battre par une femme ! Je suis… »
« Assez. »
En un instant, le bras droit de Sérignan avait pris Léopold par le cou.
« Puis-je le casser, mademoiselle ? »
« Ne va pas si loin. Je crois qu’il a compris la leçon. »
Saisi par les organes vitaux avec une rapidité presque invisible à l’œil nu, Léopold s’accrocha en tremblant de terreur.
« Léopold ! Qu’est-ce que tu fais !? »
La voix et le son de pas rapide d’un jeune homme nous étaient parvenus à nos oreilles.
« Ces femmes grossières me narguent, essayant de se battre ! Que quelqu’un jette ces pauvres gens hors de la fête ! » se lamentait le noble à la tête saisi.
« Calme-toi, Léopold. C’est toi qui as commencé cette bagarre, non ? Je ne peux pas imaginer ces deux belles dames te contrarier sans raison. »
L’homme qui était venu pour calmer Léopold lui ressemblait beaucoup.
« Vous avez raison, c’est lui qui a commencé. Nous ne lui avons répondu qu’en réponse. », avais-je dit avec indignation.
« Je vois. »
L’homme baissa la tête.
***
Partie 4
« Permettez-moi de me présenter. Je suis Roland de Lorraine, le frère cadet de Léopold. C’est un plaisir, mademoiselle. »
Huh. Donc ce n’est pas un fanatique comme son frère.
« Je m’appelle Grevillea, et voici Sérignan. Ravi de vous rencontrer. »
Lui rendre ces bonnes manières n’était que justice.
« Viens maintenant, allons-y, Léopold. Nous ne voulons plus de disputes, compris ? »
Roland avait emmené son frère.
« Bon sang. Je n’oublierai pas ça ! »
Leopold s’était mis à sa poursuite, laissant cette remarque clichée comme signe d’adieu.
« Vous auriez dû me permettre d’abattre cet homme, mademoiselle. Avec la façon dont il vous a traitée, même la mort est un destin trop doux pour lui. »
« Eh, tout est bien qui finit bien. Ce gentil garçon a tout arrangé pour nous. Je ne vais pas lui en tenir rancune. », dis-je en haussant les épaules.
« Vous êtes trop gentille, mademoiselle. Être impitoyable est parfois nécessaire. »
« Faire un carnage ici gâcherait tout. Tu le sais bien, Sérignan. »
« Euh, oui. Je vous présente mes excuses. »
D’ailleurs, j’ai été assez impitoyable au moment où j’ai enterré le royaume de Maluk.
« Tout le monde, puis-je avoir votre attention s’il vous plaît ? »
Le bruit de quelqu’un — apparemment le maître de cérémonie — tapant sur leur verre était apparu.
« Sa Grâce, le treizième Duc de Schtraut, César de Sharon, est sur le point de faire son apparition ! »
Avec cette introduction, un jeune homme était monté sur scène.
« Merci à tous de m’avoir invité à cette belle fête. Je suis heureux de vous dire que cette soirée est très agréable. C’est toujours un honneur de trouver le temps et l’endroit pour parler à des personnes de bon goût et de bonne éducation comme vous. Cette fête est une autre grande chance de développer le duché. »
En écoutant le discours du duc, j’avais regardé autour de la salle. Léopold regardait César avec haine.
« Après la chute de notre voisin, le royaume de Maluk, nous ne pouvons que prier pour surmonter les temps difficiles qui nous attendent. Et bien sûr, nous devons louer le nom de notre grande nation. Que tous saluent le duché de Schtraut ! »
« Saluez tous le duché de Schtraut ! » s’écria le public, suivant son exemple.
« Votre Majesté, est-ce l’homme que nous recherchons ? »
« C’est bien cela. J’espère que nous pourrons le rencontrer pacifiquement. »
Je n’étais pas venue ici pour m’occuper des petites frappes comme Léopold, mais de gens qui avaient de l’autorité, comme César de Sharon.
« Mais il semble que l’approcher sera difficile… »
César était entouré d’invités, on ne pouvait donc pas vraiment l’approcher.
« Très bien. Sérignan, c’est à toi. »
« Moi ? »
Sérignan me regarda avec une expression déconcertée.
« Écoute-moi, Sérignan. Je sais que c’est un peu difficile, mais essaye de mettre de côté ton comportement chevaleresque pour l’instant. Tu vas devoir mener cette bataille en utilisant des armes que je n’ai pas. Et c’est très important. »
« Compris, Mademoiselle. Mais, euh, que pourrais-je avoir que vous n’avez pas ? Comment vais-je mener cette bataille ? »
Apparemment, elle n’avait pas encore compris.
« Utilise ton corps, Sérignan. Je suis désolée de devoir te demander de faire ça, mais je t’en prie. »
Avec un soupir, je l’avais poussée en avant.
☆☆☆**
« Votre Grâce, notre pays est vraiment dans une situation désespérée. »
« Des monstres à l’ouest, l’empire Nyrnal au sud… Nous sommes entre le marteau et l’enclume, comme ils disent. »
Le duc fit un vague signe de tête aux paroles des invités. Il était difficile de dire s’il était vraiment intéressé par ce que les gens avaient à dire. Il écoutait certainement attentivement chacun d’entre eux, mais on ne savait pas s’il était réellement engagé dans la conversation.
Peut-être ne faisait-il qu’exercer le don naturel d’un homme politique de paraître absorbé, quel que soit son interlocuteur. Pour faire de la politique, il faut parfois jongler avec son attention dans ce genre de situation.
« Votre Grâce… »
Celui-ci se tourna vers le propriétaire de la voix, c’est-à-dire Sérignan. Sa robe était aussi ouverte et effrontée que possible, et elle s’approchait de lui avec un visage rouge. Le duc et son entourage la regardèrent avec surprise avant de détourner rapidement leur regard de son décolleté.
« Euh, qui pourriez-vous être ? Nous sommes-nous déjà rencontrés ? » demanda César, son visage devenant rouge.
« Nous ne nous sommes pas rencontrés, Votre Grâce. Mais ma dame aimerait beaucoup vous parler. »
Sérignan me montra du doigt.
« Ahh, je vois. Alors, laissez-moi vous accorder un peu de temps… Mesdames et messieurs, si vous voulez bien m’excuser. »
Comme César était un homme, il était logique qu’il se laisse séduire par les ruses de Sérignan. Cela dit, je pensais qu’un homme politique serait un peu plus prudent. Il était peut-être plus vulgaire que je ne le pensais.
Mais si c’était vraiment un mufle, cela me conviendrait. En fait, cela jouerait en ma faveur. J’avais besoin qu’il soit un peu stupide, sinon il n’oserait pas s’asseoir pour négocier avec des monstres.
Attiré par Sérignan, César s’était approché de moi. Je lui avais fait le plus beau sourire que je pouvais et je l’avais salué.
« C’est un plaisir de vous rencontrer, Votre Grâce. Je suis Grevillea, une aventurière. »
« Oh, c’est de vous que les gens ont parlé. J’ai entendu dire que vous avez tué un griffon lors de votre premier jour dans la guilde, puis que vous avez exterminé une manticore. Les gens dans la rue vous ont surnommée “la reine” ou quelque chose de ce genre. Le duché subit de nombreuses pertes à cause des attaques de monstres, donc toute aide que vous pouvez apporter est la bienvenue. »
« Mais en plus d’être une aventurière, j’ai un autre rôle. Un rôle certainement pertinent pour vos intérêts. »
« Pertinent pour mes intérêts… ? » répéta César, me regardant avec suspicion.
« Je suis en fait la reine de l’Arachnée. C’est-à-dire que je dirige la légion de monstres qui a détruit le royaume de Maluk. »
« Quoi !? »
Ses yeux s’élargirent d’incrédulité.
La réaction du duc était exactement ce à quoi je m’attendais. Il ne pouvait pas imaginer que la fille qui fréquentait les pubs et qui était appelée « reine » par les membres de la guilde était vraiment comme ça. Si quelqu’un avait supposé que c’était vrai, il aurait bien sûr fallu qu’il soit fou ou médium. Cela ressemblerait à quelqu’un qui aurait gagné le titre de « roi » dans un concours de cuisine et qui se serait révélé être un véritable membre de la royauté.
Et pourtant, nous étions là. La froide et dure réalité était suspendue entre nous. Son choc était compréhensible.
« Pouvez-vous le prouver ? »
« Je pourrais faire venir dans cette pièce certains des monstres qui ont détruit Maluk — l’Essaim — si vous voulez. »
J’avais fait un sourire méchant au duc.
« Mais je suppose que vous me croirez sur parole même si je ne fais rien d’aussi extrême. »
« Discutons de tout cela dans une pièce séparée », dit César.
Il nous avait conduits, Sérignan et moi, dans une autre partie de la salle de réception.
« Vous aviez raison, c’est tout à fait pertinent pour mes intérêts. »
☆☆☆**
« Très bien,… reine de l’Arachnée. Si je peux me permettre, permettez-moi de commencer par cette question : quelle était votre raison pour avoir détruit le royaume de Maluk ? »
César avait chassé tous les autres de la salle, ne laissant que nous trois.
« Oh, c’est simple. Le châtiment et l’instinct. J’avais quelques amis elfes qui ont été tués inutilement par les chevaliers de Maluk, je l’ai donc fait en partie pour venger mes amis. Quant à l’autre raison… Je dois vous informer que l’Arachnée est une race barbare. Nos instincts nous poussent à nous développer. L’Essaim est une belle collection de monstres qui se reproduisent, se dévorent et se développent sans fin. », avais-je dit avec légèreté.
« Je peux comprendre un désir de vengeance, mais l’instinct… Votre instinct vous pousse à envahir d’autres pays ? »
« C’est exact. Nous attaquons, nous nous nourrissons, nous détruisons et nous pillons. Ce sont les instincts de l’Essaim qui guident l’Arachnée. En tant que reine, je peux, dans une certaine mesure, supprimer la marée sans pitié grâce à mon sens de la raison. Mais si je pars, ces chaînes ne retiendront plus l’Essaim, et l’Arachnée deviendra un brasier infernal qui consumera sans discernement tout sur son passage. »
L’Essaim désirait naturellement saccager et massacrer pour croître et conquérir. En ce moment, mes caractéristiques humaines de logique et de jugement étaient tout ce qui les empêchait de se précipiter sur le monde entier.
Si quelque chose devait m’arriver, cette force de dissuasion disparaîtrait. J’avais expliqué cela à César, en précisant que me tuer n’était pas un moyen de s’en sortir.
« Et ? Êtes-vous venue ici pour détruire le duché ? »
« Cela dépend du déroulement de nos négociations ici, Duc Sharon. Je ne cherche pas à faire couler le sang inutilement. Je suis moi aussi humaine. Tout comme vous. »
Je l’avais dit alors que je savais très bien comment j’avais tué un nombre incalculable de mes semblables. Je leur avais refusé même les derniers vestiges de leur honneur en les réduisant en boulettes de viande. Une partie de moi se demandait même si j’avais le droit de prononcer ces mots.
Je suis une charlatan tellement hypocrite. Je me dis humaine maintenant, après tout ce qui s’est passé ?
« Alors que demanderiez-vous à mon pays ? »
« Je veux que vous me fournissiez un moyen d’envahir le Royaume Papal de Frantz. Nous avons l’intention d’attaquer le Royaume Papal, et passer par ce pays serait le moyen le plus rapide d’y arriver. »
Le Royaume Papal de Frantz était le siège de l’Église de la Sainte Lumière, une foi monothéiste exclusive. Il ne faisait aucun doute que nous devions les combattre, ce qui signifiait que nous devions être préparés à la guerre. À cet égard, il était nécessaire pour nous d’avoir sous notre contrôle le duché de Schtraut, une région topographiquement importante.
Cependant, un certain dirigeant avait dit un jour : « Mon pays est une nation, pas une route. » (NdT il peut s’agir du Roi de Belgique Albert 1, même si la réponse était Ma Belgique est une nation, pas une route)
« Le Royaume Papal fait en fait pression sur nous avec la même exigence. Ils veulent que nous autorisions leurs militaires à traverser nos terres pour libérer le royaume de Maluk. Nous n’avons pas encore répondu, mais nous devrons éventuellement leur donner une réponse. »
Le Royaume Papal a donc eu la même idée…
« Alors je suppose que vous devrez décider avec qui vous allier. Je dois vous avertir que si vous vous retournez contre nous, votre pays subira le même sort que le Royaume de Maluk. », lui avais-je dit en faisant un mince sourire.
« Vous nous mettez dans une position plutôt difficile, madame. Si nous nous retournons contre le Royaume Papal, ce sera un coup dur en soi. Leur armée ne doit pas être négligée. »
« On dirait un vrai dilemme. Je compatis, mais vous devrez quand même d’une manière ou d’une autre prendre une décision. Mettez-vous de notre côté, ou de celui du Royaume Papal de Frantz. Et si vous choisissez de vous abstenir, eh bien… vous serez probablement attaqué par nous deux. »
Je me sentais un peu mal pour César. Il était pressé d’un côté par l’armée de monstres qui avait détruit Maluk et de l’autre par son voisin de fanatiques religieux. Avoir à choisir l’un plutôt que l’autre avait dû être difficile.
Pourtant, j’avais besoin qu’il fasse ce choix. S’il ne le faisait pas, il serait attaqué par les deux armées, et Schtraut serait réduit à de la terre brûlée. Ce n’était pas non plus ce que je voulais. Je m’étais un peu attachée à ce pays, alors je ne voulais pas le voir détruit.
***
Partie 5
« De plus, l’Empire de Nyrnal nous souffle dans le cou. Ils exigent que nous gardions des troupes à l’intérieur de nos frontières. Leur mode opératoire quand ils prirent le contrôle des pays du sud était de facto une occupation militaire… Ils disent que si nous refusons, cela reviendra à ignorer le fait que des monstres ont détruit Maluk. »
Oh mon Dieu. L’intrigue s’épaissit.
L’Empire de Nyrnal essayait de profiter du fait que j’avais plongé le champ politique dans le chaos. J’avais entendu dire que Nyrnals était un tyran qui avait dévoré les pays du Sud, mais il semblerait qu’ils aimaient bien faire des coups bas.
Bon je suis peut-être mal placée pour parler de coups bas.
« L’Empire vous a-t-il donné un délai ? »
« Oui. Ils attendent notre réponse au jour du Conseil international. »
Il avait l’air amer.
« Oh ? Vous en avez un ? »
« Oui. Nous ne nous sommes pas réunis depuis dix ans, mais le Conseil s’occupe des problèmes concernant le continent dans son ensemble. Notre pays en fait bien sûr partie. Les décisions du Conseil ont beaucoup d’impact et d’influence sur les nations. »
Le Conseil international, hein ? Connaître leur verdict pourrait être bénéfique.
« Alors je vais devoir aussi ajouter une limite de temps pour ma demande. J’attendrai la conclusion du Conseil international. Faites votre choix après cela. Laisserez-vous les soldats de l’Empire de Nyrnal dans votre pays, laisserez-vous le Royaume Papal traverser votre terre, ou nous accorderez-vous le passage ? »
« Si je vous laisse passer, l’Empire de Nyrnal et le Royaume Papal se retourneront probablement tous les deux contre moi en même temps. Quelle aide pourrez-vous nous apporter ? Nous apporteriez-vous une aide militaire si nous étions encerclés par vos voisins ? »
« Nous vous apporterons notre soutien, oui. Notre armée était assez forte pour détruire le royaume de Maluk, nous sommes tout à fait capables de vous défendre même si Frantz et Nyrnal vous attaquaient des deux côtés. Eh bien, si vous vous alliez plutôt avec l’un des autres pays, cela ne changera pas le résultat final. De toute façon, vous serez témoins de notre capacité à piétiner quiconque se trouve sur notre chemin. »
Je prenais un air confiant, mais honnêtement, je ne savais pas si je pouvais me permettre d’envoyer suffisamment de forces pour défendre le duché. Si Frantz et Nyrnal se retournaient contre nous en même temps, nous aurions besoin d’encore plus de puissance militaire qu’auparavant. Ce serait différent de ce qui s’était passé lorsque nous avions vaincu le Royaume de Maluk… et l’Empire de Nyrnal, qui avait pris le contrôle des pays du sud, était particulièrement intimidant.
L’Arachnée avait-elle assez de puissance pour repousser deux pays à la fois ? Je ne le savais pas encore. Mais il fallait que je dise ces mots si je voulais convaincre César. Ce n’était pas quelqu’un avec qui je devais être complètement honnête, et il n’était pas non plus absolument nécessaire qu’il s’allie avec nous.
« Je veux vous croire, mais nous avons d’autres problèmes à régler en dehors des problèmes diplomatiques. Il y a une faction ici qui soutient le fait de laisser le Royaume Papal traverser nos terres pour enquêter sur Maluk. J’ai travaillé dur pour m’y opposer. »
« Hmm. Vous essayez d’empêcher une guerre à tout prix, n’est-ce pas ? »
« Les guerres ne rapportent pas beaucoup d’argent. Faire la guerre n’est pas le travail d’un marchand. »
C’est le genre de réponse que l’on s’attend à entendre de la part d’un pays commerçant.
La guerre n’était pas bonne pour faire de l’argent, c’est vrai. À moins, bien sûr, que l’idée que l’on se fait de l’économie n’implique de massacrer d’autres personnes, de dévorer leur chair et de leur prendre tout ce qu’elles ont.
« Par curiosité, qui est derrière cette faction ? »
« La Maison Lorraine a des liens avec le Royaume Papal de Frantz. Ce sont les représentants du Populat, pour ainsi dire, ils ne viennent pas de Schtraut, mais plutôt de Frantz. »
Oh, Lorraine. Cette maison noble de troisième ordre qui s’est battue avec nous.
« Y a-t-il un moyen politique pour avoir le champ libre ? »
« C’est techniquement impossible. Tous les ducs dans l’histoire de Schtraut ont été dans une certaine mesure soumis aux décisions d’autres factions. »
Apparemment, le chef de l’État n’avait pas vraiment beaucoup de pouvoir. Quel dommage !
« Quel est, selon vous, le choix idéal pour votre pays ? »
« Eh bien, évidemment, je ne veux pas me battre contre ceux qui ont détruit Maluk. Et pour couronner le tout, Nyrnal et Frantz ne nous ont offert aucune protection. Le Royaume Papal cherche seulement à faire passer son armée, tandis que Nyrnal complote pour nous occuper pendant la tourmente. Dans cette optique, faire équipe avec votre camp semble être la bonne ligne de conduite. »
Bien. Donc César est au moins de notre côté.
« Serait-il également possible pour nous d’assister au Conseil international ? » avais-je demandé, sachant très bien que c’était probablement absurde.
« Vous, assister au Conseil… ? En tant que représentante de l’Arachnée ? Je pense que ce serait beaucoup trop difficile. »
« Et si j’y assistais en tant que représentante du Royaume de Maluk ? »
« Il faudrait que vous soyez du Royaume de Maluk pour ça. »
« Je peux m’occuper de cette partie. La question est de savoir si un pays soi-disant en ruine peut participer. »
« Je vais voir si je peux arranger ça. J’envisagerai une compensation plus tard. »
J’espère que la compensation qu’il demande n’est pas extrême.
« Quoi qu’il en soit, réfléchissons tous les deux à cette situation pour l’instant et tirons nos propres conclusions. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant », déclara le duc.
Cela mit donc fin à notre conversation.
+++
« Votre Majesté, est-ce acceptable ? Nous pourrions simplement faire entrer nos forces dans ce pays sans aucune négociation », déclara Sérignan, qui semble insatisfaite.
« Si nous pouvons résoudre un problème par la voie diplomatique, alors c’est acceptable. Si nous utilisions la violence pour briser toutes nos luttes, nous finirions par oublier comment utiliser notre tête. De plus, s’ils finissent par détruire les ponts et les routes, nous perdrons notre chemin de passage trop facilement. Occuper ce pays sans effusion de sang serait le mieux. Le pire scénario possible est que le duché finisse par devenir le centre d’une guerre entre Frantz et Nyrnal. », avais-je répondu en me levant de mon siège.
J’avais vraiment développé un certain attachement à ce pays, et je ne voulais pas le voir ruiné dans une guerre… même si j’étais prête à tout laisser partir en flammes si c’était vraiment nécessaire.
Sérignan et moi étions donc retournées à la soirée qui s’était terminée sans que nous ayons appris quoi que ce soit d’autre de remarquable.
Le duché de Schtraut était dans une situation très difficile. Où le destin le mènerait-il… ?