Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 1 – Chapitre 5 – Partie 4

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Chapitre 5 : Tragédie au Village des elfes

Partie 4

Pendant ce temps, dans le Royaume de Maluk…

« Hmm. Donc, les Chevaliers de Saint-Augustin ont été anéantis. »

Le roi Ivan II, le souverain de Maluk, écoutait ce rapport surprenant. Il y avait de nombreuses années que ce roi vieillissant avait hérité de son prédécesseur et sous son règne, le royaume avait prospéré.

Il s’était efforcé de construire des infrastructures pour les terres agricoles, ce qui permettait aux agriculteurs d’apporter plus facilement leurs abondantes récoltes dans les grandes villes. Il avait construit des forteresses et des bastions le long des frontières méridionales, qui avaient été auparavant exposées à des menaces militaires, assurant ainsi à la population qu’elle puisse vivre en paix.

Ses réalisations lui valurent de nombreux éloges de la part des citoyens. Pour couronner le tout, il vivait modestement et sans luxe en croyant ardemment au Dieu de la Lumière, faisant preuve d’humilité et de frugalité selon les enseignements de l’Église de la Sainte Lumière. Les sujets du Royaume le soutenaient d’autant plus pour cela.

Le roi avait quatre enfants : le premier prince et héritier présomptif du royaume, le second prince qui lui servait d’assistant, la première princesse qui avait été mariée à un pays voisin et la seconde princesse, encore toute jeune. Il considérait chacun d’eux comme ses adorables bijoux.

« L’ennemi n’était-il pas une simple poignée d’elfes ? J’ai du mal à croire que les Chevaliers de Saint-Augustin, notre force d’élite, soient écrasés par des apostats qui chérissent les arbres. », demanda le Premier ministre Slava Smirnenski.

Slava avait jusqu’alors servi Ivan II et le royaume avec une loyauté sans faille. Plusieurs des plus grands accomplissements d’Ivan II pourraient en fait être attribués aux conseils sincères de cet homme. Le roi possédait une grande confiance en son subordonné, qui ne pouvait être ni soudoyé ni influencé.

Mais c’était aussi Slava qui avait suggéré d’envoyer les Chevaliers de Saint-Augustin dans la forêt. Il avait reçu des informations fiables selon lesquelles des citoyens « respectables » du royaume étaient attaqués par les elfes de la forêt, et que cela avait déjà faites des dizaines de victimes. Il avait donc proposé au roi d’envoyer ses troupes pour s’en débarrasser. À leur grande surprise, les chevaliers avaient à la place été éradiqués.

« Et pourtant, ils ont été vaincus. Nous devons penser à une contre-mesure immédiatement. Nous pourrions avoir un ennemi imprévu sur les bras. Peut-être est-ce l’Empire de Nyrnal au sud, tente de nous envahir et de voler nos terres. », rétorqua Omari Odevski, ministre de la Défense.

La rivière Themel coulait le long des frontières des deux pays et servait de barrière naturelle. L’Empire de Nyrnal ne pouvait donc pas avancer vers le nord et envahir directement Maluk. Mais s’ils devaient passer par la forêt des elfes, qui se trouvait au centre du continent, l’Empire aurait alors un moyen d’entrer.

Cependant, il n’y avait pas de routes pavées dans la forêt et pas de grands villages ou villes pour servir de centres de ravitaillement. En plus de cela, la forêt abritait toutes sortes de monstres et de bêtes. Après avoir pris en compte ces facteurs, une telle attaque par cette voie semblait peu probable.

Même le déplacement d’une petite troupe de soldats à travers cette forêt nécessiterait plus d’efforts que ce qui était probablement justifié, donc faire défiler une armée assez importante pour constituer une menace nécessiterait une quantité inimaginable de travail et de ressources.

Les arbres empêchaient le mouvement des chariots, les pistes d’animaux faisaient trébucher les cavaliers, et les rivières et ruisseaux qui la traversaient seraient un défi pour l’infanterie lourde. Omari avait reconnu que c’était peu probable, mais il était resté prudent, proclamant que même si le chemin était difficile, il n’était pas impossible.

« On ne peut pas faire confiance à l’empereur Maximillian. Ce renégat nous a promis la paix, puis il est parti attaquer nos régions du sud. Je ne serais pas surpris par ce que fait ce satané pays. Peut-être même ont-ils soudoyé les elfes pour leur assurer un passage sûr dans la forêt. »

« Peut-être. Après tout, on ne peut pas non plus faire confiance aux elfes. »

Il y avait beaucoup d’antagonismes entre les humains et les demi-hommes. Les elfes craignaient les humains tandis que les nains les méprisaient, et l’humanité croyait que les deux races étaient inférieures.

Les humains voyaient les elfes comme des barbares qui vivaient dans la forêt uniquement parce qu’ils ne pouvaient pas construire de villes. C’était des créatures indignes de confiance qui s’isolaient du Dieu de la Lumière au profit de l’adoration des arbres. La rumeur disait même qu’ils offraient des sacrifices humains, et ces rumeurs étaient crus par bon nombre de personnes.

Oui, les rumeurs.

Les elfes étaient des barbares. Les elfes écorchaient les humains et utilisaient leurs peaux comme trophées. Les elfes mangeaient des bébés humains. Les elfes kidnappaient des femmes vierges et les sacrifiaient à leurs dieux de la forêt. Si la reine de l’Arachnée les entendait, elle se moquerait sûrement des ragots. Les elfes, en revanche, seraient indignés par la cruauté et l’absence de fondement des rumeurs que les hommes avaient prises à cœur.

« Il se peut que nous devions éliminer les elfes. Si nous les faisons disparaître de la forêt, l’Empire de Nyrnal ne pourra pas les utiliser pour nous attaquer. »

« Et combien d’hommes nous faudrait-il pour faire ça ? », demanda le roi.

« Je crois que cinq mille seraient plus que suffisants. Les elfes sont faibles. Leurs flèches ne peuvent pas pénétrer notre armure. Cinq mille soldats entraînés peuvent balayer la forêt orientale et libérer notre royaume de cette menace. », répondit Omari.

« Mais qu’en est-il des Chevaliers de Saint-Augustin ? Cela ne signifie-t-il pas que les elfes se sont déjà alliés à l’Empire ? Nous aurions besoin d’une force encore plus importante si c’était le cas.

« Vous avez raison, milord. Mais maintenir une ligne de ravitaillement à travers la forêt serait difficile. Même s’ils faisaient du commerce avec le village elfe, cela ne suffirait probablement pas à maintenir l’armée en mouvement. D’après ce que j’ai entendu, il y a moins de mille elfes dans la forêt. », ajouta Slava.

Omari s’était enfoncé dans un silence contemplatif. S’approvisionner à proximité était normal. Après tout, il n’y avait pas de moyens de transport rapides dans ce monde ni d’armes à feu. Les forces en déplacement devaient donc soit acheter de la nourriture aux communautés agricoles, soit piller régulièrement afin de maintenir une ligne de ravitaillement. Il était clair que la maigre population d’elfes des forêts ne pouvait en aucun cas soutenir une armée.

« Hmm. Dans ce cas, il est peu probable qu’il y ait des douzaines de troupes à l’affût dans le village elfe. Leur force était donc assez importante pour vaincre les Chevaliers de Saint-Augustin, mais pas assez pour lancer une invasion », estimait le roi.

« Je crois que oui. Cependant, je n’arrive toujours pas à comprendre comment Nyrnal a réussi à faire ça. Soit ils ont déployé une sorte d’arme puissante avec un petit nombre de personnes, soit ils ont monté leurs wyvernes. Pourtant, nous n’avons pas entendu parler de nouvelles armes, et je doute qu’ils aient utilisé leurs wyvernes là-bas. », dit Omari tout en hochant la tête

L’Empire de Nyrnal était célèbre pour ses unités de wyvernes. Parmi les grandes puissances, il était le seul à posséder des unités capables de s’élever dans les cieux. Beaucoup se demandaient pourquoi seul Nyrnal avait reçu ce privilège, mais personne ne connaissait la réponse.

« Dans cette optique, combien d’hommes nous faudra-t-il pour vaincre les elfes et les troupes de l’Empire ? »

« Entre dix et vingt mille hommes devraient garantir notre victoire. Un tel nombre sera coûteux, mais nous serons sûrement capables de vaincre nos ennemis et de les soumettre. »

Dix à vingt mille hommes… Ce n’était qu’une fraction de l’ensemble des forces armées du royaume, mais c’était une dépense que le roi ne pouvait pas ignorer. Tout cela en préparation d’une armée impériale qui pourrait ne pas être là.

« Mais l’Empire a-t-il vraiment envoyé un escadron dans la forêt ? »

« C’est la seule explication que je puisse trouver. Croyez-vous vraiment que le duché de Frantz ou le duché de Schtraut nous attaquerait ? C’est impensable. »

« Alors je suppose que nous n’avons pas d’autre choix que de nous préparer. Rassemblez l’armée d’ici demain et envoyez-les dans la forêt. Ensuite, vous devrez vous débarrasser de nos ennemis. Ne laissez personne en vie. »

« Et aussi, lancez un appel diplomatique à l’ambassadeur de Nyrnal, demandant qu’ils retirent leurs forces. S’il choisit de jouer les idiots, nous ferons ce que nous voulons avec les hommes de l’Empire », ajouta Slava.

« Qu’il en soit ainsi. J’attends avec impatience d’entendre parler de notre victoire. »

« Oui, milord. Nous gagnerons à tout prix. »

À ce moment, aucun d’entre eux ne savait que ce qui se cachait dans la forêt des elfes n’était pas du tout le détachement précurseur de l’Empire.

 

☆☆☆

Un défilé festif passait dans les rues de Siglia, la capitale de Maluk. Les soldats en armure marchaient au rythme des corps de fifres et de tambours. La cavalerie, fierté et joie de l’armée, s’avançait noblement tandis que les sabots de ses chevaux cliquaient contre les dalles.

Une force de 15 000 hommes avait été mobilisée, mais seule une fraction d’entre eux était à la parade. Le détachement précurseur approchait déjà de la ville de Leen, qui se trouvait près de la forêt des elfes, et ces forces se mettaient en route pour les rejoindre.

« Je ne vois aucun des mages. »

« Ils n’ont pas l’habitude de participer à ce genre de parades. »

Certains parmi les 15 000 étaient des mages. Leur présence était précieuse sur le champ de bataille, tant pour l’offensive que pour la logistique. Ils faisaient pleuvoir des boules de feu sur l’ennemi comme de multiples lance-fusées, et ils pouvaient soigner les blessés comme s’ils accomplissaient des miracles divins. Leur valeur était apparue clairement lorsque les Chevaliers de Saint-Augustin avaient été guéris par leurs camarades. La magie était longue à maîtriser, mais une fois atteinte, elle devenait une ressource indispensable.

Les mages n’aimaient cependant pas trop être exposés. Ils se tenaient à l’écart de ces festivités tapageuses, pensant qu’ils auraient l’air trop miteux en comparaison. Et pour commencer, ils n’étaient pas non plus très sociables.

« Peut-on gagner ce combat, Père ? » demanda Elizabeta, la deuxième princesse.

« Bien sûr. Ce sont les guerriers les plus fiers et les plus puissants de notre pays. Les elfes et les forces de l’Empire n’ont aucune chance contre eux. », lui assura le roi Ivan II.

L’enfant de douze ans regardait les soldats en marche avec une curiosité débordante. Il semblerait que son jeune esprit soit fasciné par le défilé. Son expression était celle d’une enfant jouant sa propre marche avec des petits soldats. Ces innocents yeux bleus avaient été épargnés de toute la saleté et la crasse de ce monde.

« On m’a dit que les elfes sont de méchantes créatures. Ils se cachent dans la forêt et attaquent les chasseurs, les dépouillent de leur peau et les mangent vivants. »

« C’est vrai, Elizabeta. Ils peuvent paraître beaux, mais ce sont des êtres maléfiques dont l’âme est teintée en noir par des dieux malveillants. S’ils étaient nés avec un cœur vrai et juste, ils vénéreraient le Dieu de la Lumière. »

Le Dieu de la Lumière était la seule divinité vénérée par l’Église de la Sainte Lumière. Ce dieu était vénéré sur tout le continent, et ceux qui prêtaient allégeance à d’autres dieux étaient persécutés comme hérétiques. Les elfes, par exemple, vénéraient les dieux de la forêt et étaient donc détestés en tant que parias et indésirables.

« Oh, j’espère qu’ils se débarrasseront de tous les elfes. Savoir que quelque chose de si terrible existe dans le monde m’effraie tellement que j’ai du mal à dormir la nuit. »

« Tout à fait, ma chère. Tolérer leur présence ici était au départ une erreur. Nous aurions dû les éliminer beaucoup plus tôt. Si nous l’avions fait, nous n’aurions pas eu à supporter une invasion aussi importante que celle-ci. »

Les habitants du royaume de Maluk croyaient que quiconque rejetait le Dieu de la Lumière avait moins d’intelligence et de civilité que les animaux.

« Prions le Dieu de la Lumière pour que ces soldats puissent recevoir sa protection. Nous demanderons qu’un châtiment approprié tombe sur les hérétiques, et que la paix éternelle se propage dans notre beau Royaume. »

« Oui, prions pour que les vils elfes soient anéantis jusqu’au dernier, et que les espoirs de l’Empire de Nyrnal de nous envahir soient étouffés dans l’œuf. »

Les 15 000 hommes envoyés par le Royaume étaient appelés la Garnison de l’Est. Avec les prières de leur roi et de leur princesse donnés lors de leur départ, ils se mirent en route pour la forêt des elfes, sans savoir ce qui les y attendait…

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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