Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 1 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Tragédie au Village des elfes

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Chapitre 5 : Tragédie au Village des elfes

Partie 1

Six mois s’étaient écoulés depuis que nous avions commencé à négocier avec Baumfetter en échange de leur sécurité. Le nombre d’esclavagistes et de braconniers avait considérablement diminué. Apparemment, ils avaient réalisé que c’était la forêt de la mort. Mais cela signifiait que nous perdions peu à peu une source de viande précieuse.

Pourtant, ma force d’Éventreurs avait atteint un nombre qui rendait possible l’attaque d’un autre pays. Si cela avait été le cas, j’aurais été prête à foncer sur une base ennemie dès maintenant. Sauf que je n’avais aucune idée de qui j’étais censée attaquer dans ce monde. Des milliers d’Essaims Éventreurs étaient une force excessive si je n’avais affaire qu’à des groupes de braconniers.

Maintenant que les choses s’étaient calmées, je n’avais que cinq ou six Essaim Éventreurs qui patrouillaient à Baumfetter, et c’était plus que suffisant pour faire face aux esclavagistes qui harcelaient les elfes. Déployer un plus grand nombre sans raison ne ferait qu’effrayer les habitants du village, et je courais le risque que mes Essaims soient repérés par des humains bienveillants qui faisaient leur travail dans la forêt.

« C’est tellement paisible. »

Bien que faisant partie d’une race dangereuse et agressive comme l’Arachnée, j’avais joui de la paix. Le ragoût que les gens de Baumfetter me servaient était toujours savoureux, et en vendant les robes des Essaims Travailleurs, je pouvais obtenir de la viande. Cela dit, la demande de ces robes diminuait progressivement en raison de l’offre excessive.

« Votre Majesté, ne devrions-nous pas passer à l’offensive ? » me demanda Sérignan.

« Mais qui attaquerions-nous ? » lui avais-je répondu.

« Hmm. Attaquons la ville de Leen. Ce faisant, nous obtiendrions tout ce qu’ils ont. Nous ferions bien de travailler sur nos recherches. »

Dans le jeu, la recherche débloquait de nouvelles unités et structures. La recherche nécessitait de l’or et des âmes, bien que différents types de recherche nécessitaient différentes quantités et variétés de ressources. Le développement de nouvelles unités nécessitait des âmes, tandis que les nouvelles structures nécessitaient de l’or. Certaines factions constituaient néanmoins des exceptions, celles qui utilisaient des golems avaient besoin d’or pour débloquer ces unités, et les factions de type fantôme utilisaient des âmes pour débloquer leurs structures.

Nous avions acquis un stock d’âmes assez important, ce qui nous avait permis de débloquer de nouvelles unités, mais nous n’avions pas encore commencé à débloquer des structures.

« Je n’aime pas l’idée d’attaquer Leen sans raison. Nous les utilisons pour le commerce, donc ils nous ont été utiles. »

Nous avions utilisé Leen pour vendre les robes des Essaims Travailleurs et faire périodiquement des provisions de viande. Je ne savais pas où nous irions pour échanger ces choses si nous rasions Leen.

« Une fois que nous aurons détruit Leen, nous pourrons attaquer le Royaume de Maluk. Cela réglerait tous nos problèmes, car nous obtiendrions de la viande, des âmes et de l’or. »

Ce que Sérignan suggérait était peut-être impitoyable, mais c’était néanmoins logique. L’Arachnée n’était pas une faction qui faisait du commerce. Elle se nourrissait de pillages, de pillages et de pillages supplémentaires jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à prendre. En rendant l’Arachnée dépendante du commerce, je l’utilisais d’une manière qui n’était pas prévue.

Un véritable joueur d’Arachnée était aussi impitoyable que possible, anéantissant sans relâche l’ennemi et utilisant sa chair et son âme pour alimenter sa croisade impie.

« Tu as raison. Nous devrions envisager une économie de pillage. »

En tant que reine de l’Arachnée, j’avais promis de les mener à la victoire. Se cacher dans le confort de nos tunnels et chasser les traînards comme si nous étions des monstres féeriques de la forêt ne nous convenait pas, et cela ne nous rapprochait pas de la réalisation de nos aspirations.

Si nous voulions gagner, nous devions nous tacher les mains de sang.

« Votre Majesté. »

Une voix m’avait soudainement appelée à travers la conscience collective.

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Nous avons détecté une grande force marchant vers Baumfetter. Ce ne sont pas des braconniers ou des esclavagistes. C’est une force bien armée et hautement entraînée. Que devrions-nous faire ? »

« Qu’est-ce que… ? Tu veux dire une armée ? »

C’était effectivement une armée, mais d’où venait-elle ?

« Ils portent ce qui semble être la bannière du Royaume de Maluk », répondit l’éclaireur Éventreur.

« Ils atteindront Baumfetter sous peu. Vos ordres, Votre Majesté ? »

« Interceptez-les aussi longtemps que vous le pourrez. »

« Bien reçu. »

L’Éventreur allait probablement mourir. Un seul Essaim Éventreurs n’était pas de taille face à une armée organisée, et même si nous nous dépêchions, nous n’arriverions pas à temps à Baumfetter.

« Au moins maintenant, nous avions la possibilité d’ouvrir les hostilités. »

L’esprit de l’Essaim était définitivement vivant en moi.

☆☆☆**

« Les humains ! Les humains arrivent ! »

« Ce sont des chevaliers, pas des braconniers ou des esclavagistes ! »

Les chevaliers marchaient sur Baumfetter de toutes les directions. Leurs armures faites de plaque et leurs boucliers déviaient les flèches des elfes.

« Regardez ! Les serviteurs de la reine d’Arachnée sont là ! »

Alors que la situation à Baumfetter devenait critique, deux Essaims Éventreurs s’étaient précipités dans la mêlée, engageant les chevaliers dans la bataille. Leurs faux pénétrèrent les boucliers et les armures, coupant la chair des chevaliers et répandant leur sang.

« Ooh! »

Cependant, les chevaliers avaient à peine bronché devant les attaques des Essaims. Un chevalier enfonça son épée dans un Essaims Éventreur qui s’était écrasé sur son bras, le faisant s’envoler et se recroqueviller alors qu’il entrait dans sa phase d’agonie. Un autre chevalier, apparemment un sorcier, avait ensuite soigné ses blessures.

« Maudits monstres ! », le chevalier cracha avant de reprendre sa marche.

« Les rumeurs étaient vraies. Il y a vraiment une sorcière ici. »

« Allez, allez, allez ! Détruisez le perchoir des hérétiques ! »

Des cavaliers apparurent de la forêt, poignardant les archers elfes avec des lances. L’infanterie s’était également avancée, se tenant en ligne et tirant une rafale de flèches enflammées dans le village elfe. Des cris s’élevèrent du village alors que les elfes fuyaient les bâtiments et les maisons qui avaient pris feu. Ils étaient des non-combattants : femmes, enfants, malades et personnes âgées.

Les elfes qui pouvaient se battre dirigeaient leurs flèches vers les trous dans les casques des chevaliers, mais le jeune Linnet n’était pas capable d’un tel exploit. Il s’était contenté de tirer des flèches au hasard, repoussant de justesse la progression des chevaliers. Il n’aurait pas été surprenant qu’on lui dise soudainement de s’enfuir.

« Linnet! »

« Lysa !? Que fais-tu ici !? »

Linnet se battait désespérément pour protéger la maison de l’aîné quand Lysa s’était précipitée vers lui.

« Le feu est partout ! Linnet, nous devons courir ! »

Lysa l’avait supplié, luttant pour reprendre son souffle.

« Si nous allons là où les arbres sont les plus épais, leurs chevaux ne pourront pas nous suivre ! »

« Mais je dois protéger le village ! »

Linnet secoua violemment la tête.

« Si nous abandonnons cet endroit, où irons-nous ? D’ailleurs, il n’y a pas que ces chevaliers dans la forêt ! Il y a aussi des monstres dangereux là-bas ! »

« Mais si nous restons ici, ils vont nous tuer. »

« Tu as peut-être raison, mais nous devons essayer ! »

Linnet voulait protéger son village, tandis que Lysa voulait qu’il soit en sécurité. Les chances que l’un ou l’autre de leurs souhaits se réalise étaient décidément minces. Les elfes étaient complètement dépassés par les chevaliers. Des murs de flammes bloquaient leurs issues de secours, et l’infanterie les encerclait peu à peu. La cavalerie galopait à travers le village, cherchant avidement de nouvelles victimes.

« Gah ! »

Un autre elfe était tombé, tombant au sol alors qu’un des soldats tirait une flèche à travers lui. Les archers de l’ennemi étaient peut-être inférieurs aux elfes, mais ils étaient assez habiles pour toucher les organes vitaux de leurs cibles avec une précision mortelle.

« Urgh... »

« Azlet est aussi à terre ! Pouvez-vous encore vous battre ? »

Il ne restait plus que trois elfes capables de se battre, dont Linnet.

« Abattez les hérétiques aux longues oreilles ! Chargez ! »

Un autre groupe de chevaliers lourdement armés les chargea, avec l’intention d’achever les quelques elfes encore capables de se battre, puis de tuer ceux qui se cachaient dans la maison de l’ancien.

« Au diable tout ça ! Est-ce vraiment la fin !? »

La vie de Linnet avait été sauvée une fois auparavant. Il avait réussi à échapper aux griffes des esclavagistes. Et pourtant, sa ville natale était maintenant mise à feu, ses amis et ses proches massacrés sous ses yeux. Pourquoi une chose aussi terrible devait-elle arriver ? Dieu n’existait-il vraiment pas dans ce monde ?

Mais juste au moment où cette pensée traversait l’esprit de Linnet…

« Ça suffit. »

La voix digne d’une femme résonnait dans tout le village en feu.

« Mais qu’est-ce que… ? »

« Une fille ? »

Les soldats se retournèrent en suspectant quelque chose, leurs yeux tombant sur une seule fille vêtue d’une belle robe. Ses cheveux noirs flottaient autour d’elle comme un halo sombre, contrastant audacieusement avec les flammes qui s’élevaient derrière elle.

« Une alliée des elfes ? »

« On dirait bien. Archers ! »

Les chevaliers pointèrent leurs flèches sur la fille et tirèrent immédiatement. Les flèches volaient dans l’air, sifflant alors qu’elles traversaient le vent en se dirigeant vers la poitrine de la fille… mais elles n’avaient jamais atteint leur cible.

« Vous ne poserez pas la main sur Sa Majesté. Sur mon honneur de chevalier, je ne le permettrai jamais. »

Les flèches volant vers la jeune fille, la reine d’Arachnée, furent déviées vers le ciel par l’épée de Sérignan. Elle s’avança, son Essaim à moitié exposé, et se tint devant la reine pour la garder.

« Un autre monstre ! »

« Tuez-les ! Au nom du Dieu de la Lumière ! »

Les chevaliers tournèrent le bout de leurs lames loin des elfes, en direction de la reine d’Arachnée.

« Trop naïfs. Vous êtes pathétique. Vous pensiez pouvoir me battre avec si peu de monde ? », dit la reine, les lèvres retroussées en ricanant.

Elle s’éclaircit la gorge, et déclara d’une voix résonnante :

« Déchirez-les, mes serviteurs. »

L’instant d’après, les Essaims Éventreurs sortirent des arbres. Mais ce n’était pas seulement une poignée d’entre eux. Des dizaines de milliers d’Essaims Éventreurs s’étaient déversés hors de la forêt. Ceux qui étaient restés dans les tunnels jusqu’à présent. Ceux qui s’étaient régalés de la chair qu’on avait achetée à Leen, des cadavres des braconniers et des esclavagistes, des corps de la Familia Lisitsa. Le banquet sans fin de chair avait accru leur nombre. En claquant leur mâchoire de façon menaçante, ils avaient entouré les chevaliers.

« Connaissez la force et la terreur de l’Arachnée », dit la reine.

Et à ce signal, les Essaims Éventreurs s’avancèrent.

« Bon sang, où ont-ils trouvé autant de monstres !? »

« Cavalerie ! Couvrez-nous ! »

Face à une armée d’Essaims Éventreurs assez importante pour couvrir toute la zone, les chevaliers étaient dans un état de panique. Encerclés de tous côtés, ils s’étaient regroupés en formation défensive pour tenter de les repousser.

Pour les Essaims Éventreurs, cependant, ces hommes n’étaient que du butin à piller.

La cavalerie qui avait encerclé le village de manière oppressante fut la première à tomber. Chaque cavalier fut engagé par trois ou quatre Essaims Éventreurs qui lui mordirent les membres et le tirèrent des chevaux. Les corps des hommes étaient poignardés à l’aide de faux, leurs gorges pénétrées par des crocs. Ceux qui moururent sur place eurent de la chance. Ceux qui avaient eu la malchance d’éviter des coups mortels avaient été disséqués vivants par l’Essaim.

« Formez un cercle ! Dépêchez-vous ! Les Chevaliers de Saint-Augustin ne seront pas la proie de telles bêtes ! », cria un homme qui semblait être le chef des chevaliers.

« Capitaine ! Nous devons invoquer l’Ange ! Si nous ne le faisons pas, nous serons anéantis ! » s’écria un des chevaliers subordonnés.

« Ngh... Je ne peux pas croire que nous devons invoquer l’Ange pour quelque chose comme ça ! »

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Partie 2

Le capitaine serra la mâchoire de frustration, mais s’était vite mis à chanter : « Serviteur du Dieu de la Lumière qui réside dans les cieux, je te supplie de descendre devant nous, Ange Agaphiel ! »

Une fois son chant terminé, un ange était descendu dans le village. C’était une jeune fille majestueuse aux ailes blanches, vêtue d’une robe blanche, et qui méritait vraiment d’être appelée un ange. Elle descendit des cieux en battant des ailes et atterrit légèrement sur le sol, les yeux fermés. Son visage avait une expression froide, semblable à un masque.

« Fils de l’homme. »

La voix de l’ange résonnait dans l’esprit de toutes les personnes présentes.

« Nous cherchons le salut. Nous vous en supplions, mettez ces monstres vils à mort ! », s’exclama le capitaine.

« Très bien. Ce sont sans aucun doute des êtres de nature malveillante. Des incarnations du mal qui offensent tout ce qui est bon. »

Avec cela, l’ange leva une main, déclenchant un souffle de lumière aveuglante. Les Essaims Éventreurs touchés par le souffle s’étaient évaporés sans laisser de traces. Les autres Essaims Éventreurs continuèrent inlassablement leur assaut sur le cercle des chevaliers, mais Agaphiel continuait de les vaporiser. A ce rythme, ils seraient anéantis, quel que soit leur nombre.

L’ange Agaphiel. C’était une servante du Dieu de la Lumière vénéré par ces chevaliers, capable de manipuler la lumière comme un sujet de foi. L’ange gardien des chevaliers était particulièrement apte au combat.

Son apparition avait montré clairement que les chevaliers du royaume de Maluk utilisaient ce genre d’unités. Ils protégeaient le royaume contre l’invasion des pays voisins et lui permettaient de régner sur cette région dans une sorte d’hégémonie.

Aussi bien armés que les soldats d’un pays, aussi grands que soient leurs bastions, ils étaient trop fragiles pour résister à une attaque d’un ange comme Agaphiel. Dans ce monde, les anges étaient un symbole de pouvoir auquel on ne pouvait pas s’opposer.

Je voulais dire jusqu’à présent.

« Oh, ils ont une personne ennuyeuse de leur côté. Sérignan, tu peux t’occuper d’elle ? », dit la reine de l’Arachnée.

« Laissez-moi faire, Votre Majesté », répondit Sérignan en souriant.

C’était le sourire d’une personne confiante en sa victoire. Un sourire sauvage et ravi.

« Viens à moi, mouche pitoyable. Je graverai le poids de ton impuissance dans ta chair au moment où je t’abattrai. », dit Sérignan.

À ce moment-là, elle avait été chargée par tous les chevaliers en même temps. Sérignan bondit vers Agaphiel, qui leva une main pour l’abattre. Mais celle-ci tordit le corps en plein vol pour éviter l’attaque. Un autre coup de lumière fut produit, que Sérignan évita en tirant une corde pour se rabattre vers un arbre. Elle lui donna ensuite un coup de pied afin de continuer son assaut contre Agaphiel.

Et puis Agaphiel entra dans le champ d’action de l’épée de Sérignan.

« Haaah ! »

Sérignan frappa avec son épée cramoisie et percuta Agaphiel. Mais ce n’était pas une simple lacération.

Elle avait complètement tranché la tête d’Agaphiel.

« Aaagh... »

L’ange n’avait pas saigné, mais avait éclaté en particules de lumière, qui disparurent vite.

« Quoi… ? »

Le match avait été décidé en un clin d’œil, laissant les chevaliers consternés.

Un instant. Un instant avait suffi.

L’ange, leur symbole de pouvoir absolu, avait été abattu et détruit d’un seul coup de lame. Les seules forces capables de vaincre les anges étaient d’autres anges, ou une armée des dizaines de milliers de fois plus grande que celle de l’ange.

Mais le chevalier instable devant eux avait abattu l’ange, accablant cette icône indomptable de la force par un simple coup d’épée.

Ils frissonnaient à l’unisson. L’ange qui avait autrefois semé la terreur dans le cœur de tous ceux qui la voyaient avait été terrassé d’un seul coup.

« La façon dont vous avez abattu l’ange était splendide, Sérignan », dit la reine, visiblement impressionnée.

« Ma lame est une épée sacrée, destinée à détruire les pouvoirs sacrés détenus par des paladins corrompus. »

Sérignan avait un soupçon de fierté dans sa voix.

« Si un adversaire tente de faire du mal à Votre Majesté, qu’il s’agisse d’un ange ou d’un dieu, votre chevalier les abattra. »

« Alors, éliminons les autres. »

La reine tourna son regard vers les chevaliers, qui tremblèrent de peur.

« Je ne peux pas le croire… Agaphiel... »

« Nous sommes foutus… »

Ils avaient compris qu’ils n’étaient plus des chasseurs, mais des proies.

« Essaims Éventreurs, ne laissez personne en vie. »

Sur ordre de la reine, les Essaims Éventreurs ne firent qu’un, resserrant leur cercle autour des chevaliers. Chaque chevalier était attaqué par quatre à sept Essaims Éventreurs, les laissant sans espoir de survie.

Des têtes furent coupées. Les cœurs furent percés à travers les armures. Des membres furent arrachés des torses. Un par un, les chevaliers moururent de façon atroce. Se précipitant sur eux par vagues, les Essaims Éventreurs déchiraient leurs ennemis, ne laissant sur leur passage qu’une montagne de cadavres.

« Bon travail. »

Une fois que tout fut terminé, la reine de l’Arachnée demanda aux Éventreurs d’emporter les cadavres. Naturellement, ceux-ci allaient devenir des matériaux pour de nouveaux Essaims.

« Maintenant, écoutons ce qui s’est passé. Je dois dire que je suis assez énervée en ce moment », souffla la reine en se rendant chez l’ancien.

☆☆☆**

« Tout va bien maintenant. J’ai éliminé l’ennemi », avais-je dit en entrant dans la maison de l’ancien.

« Oh… Très bien », dis l’un des derniers guerriers elfiques.

Ils semblaient tous perplexes.

« C’était d’une puissance incroyable. Les Chevaliers de Saint-Augustin sont parmi les meilleurs guerriers du continent, et pourtant vous les avez tous vaincus. »

« Quelqu’un, s’il vous plaît, aidez-moi ! Linnet a été abattu ! »

Au moment même où j’avais annoncé ma victoire, Lysa éleva la voix, demandant de l’aide. Linnet avait été abattu par un de ces misérables chevaliers archers… et à travers la poitrine. À ce moment-là, il respirait à peine, et de l’écume sanglante sortait de sa bouche chaque fois qu’il crachait. À ce rythme, il ne semblait pas y avoir d’espoir de le sauver. Il allait mourir.

« Lysa, c’est trop tard. Il n’y a pas moyen de le sauver. », murmurait quelqu’un.

« Non ! Pourquoi… ? Pourquoi ? ! »

« Ly… sa… »

« Linnet! S’il te plaît, tiens bon ! »

Lysa le supplia alors même qu’il cherchait de l’air.

« Continue à vivre… et sois heureuse… »

« Linnet, attends! Linnet! Ne pars pas ! »

Il n’y avait rien à faire, et je trouvais ça absolument exaspérant. Un ange avait répondu à l’appel des chevaliers, mais personne n’avait écouté les cris désespérés de Lysa.

Et c’était ainsi que Linnet partit.

La poupée suspendue à la ceinture de Linnet était tachée de sang. Il s’avéra que le charme n’avait rien fait pour le sauver.

J’étais hors de moi et en colère. Comment se fait-il que l’ange maudit ait pu exister, et que ce charme n’ait pas pu sauver un seul enfant ?

Il n’y avait pas de mots assez durs dans ce cas, j’étais furieuse. Des anges ? Chevaliers ? Comme si… Ce sont des meurtriers, et pas moins monstrueux que l’Arachnée. C’est Linnet qui a mérité la grâce de Dieu ici.

« Tu as été si courageux, Linnet », avais-je murmuré à sa forme immobile.

« Je ne sais pas si nous serions arrivés à temps si tu n’avais pas été là. Tu étais un vrai guerrier, puisses-tu reposer en paix. »

C’était mes vrais sentiments, aussi honnêtes que ma fureur. J’avais sauvé Linnet une fois, et il avait été gentil et amical avec moi depuis. Bien sûr, il avait eu des doutes et des appréhensions à mon sujet au début, et il avait essayé de monter un front dur. Mais au fond, c’était un garçon gentil et doux. Un garçon dont la vie avait été prise beaucoup trop tôt par une bande de voyous se faisant passer pour des chevaliers.

Lysa pleurait à ses côtés. Elle avait aimé Linnet, mais cette lueur d’amour innocent avait été impitoyablement et tragiquement écrasée. La voir enfouir son visage dans le corps de Linnet et pleurer m’avait brisé le cœur.

En même temps, mon cœur avait ressenti un peu de soulagement parmi les vagues de chagrin. Le chagrin et la colère que je ressentais étaient la preuve que mon humanité n’avait pas encore été complètement engloutie par la conscience collective de l’Essaim. Je comprenais bien que si c’était le cas, ces précieuses émotions seraient absentes et non ressenties.

« J’aimerais parler à l’ancien. Est-il encore en vie ? »

« Oui, il va bien. Il devrait être plus loin. »

Les soldats elfes s’étaient déplacés pour nous dégager la voie, à Sérignan et à moi. J’avais continué à marcher avec le cœur lourd.

« C’est la reine de l’Arachnée ! »

Il semblerait que beaucoup d’elfes se soient réfugiés dans la maison de l’ancien. Certains étaient blessés et d’autres indemnes, mais ils étaient tous terrifiés par l’attaque qu’ils avaient subie. Les enfants étaient tous blottis contre leurs parents.

« J’ai éliminé les chevaliers qui étaient dehors. Vous devriez être en sécurité maintenant », avais-je dit de manière légère.

Le vieil elfe était déconcerté.

« Vraiment ? ! Vous avez vaincu ces chevaliers ? Incroyable… »

« Vous pouvez jeter un œil dehors si vous êtes inquiet. Il ne devrait y avoir personne d’oublié dehors. »

« Non, je ne doute pas que ce que vous dites est vrai. »

Il secoua la tête.

« Vous avez déjà fait beaucoup pour notre village. »

« Savez-vous pourquoi ils vous ont attaqué ? »

« Les braconniers et les esclavagistes nous ont sans doute dénoncés aux chevaliers, leur disant que nous attaquons les humains. Je suis certain que c’était en représailles pour les avoir empêchés d’entrer dans la forêt. »

Personnellement, je pensais que toute mort d’un braconnier ou d’un esclavagiste était simplement le paiement de leurs propres erreurs. Pourtant, ces mécréants étaient partis pleurer auprès des chevaliers afin de se venger des elfes. Les lâches pleurnicheurs.

« Et les chevaliers ont cru leur rapport ? »

« Les humains ont toujours été méfiants envers les elfes. Ils répandent des rumeurs selon lesquelles nous enlevons et mangeons des humains, ou les écorchons vifs. »

C’était pourquoi les elfes avaient refusé de mettre les pieds dans les établissements humains. S’ils le faisaient, ils seraient condamnés comme barbares et lynchés par les humains qui y vivaient. Je l’avais ressenti pour la première fois lorsque j’avais eu affaire au tailleur de Leen, mais les humains de ce monde avaient vraiment de durs préjugés envers les elfes. Cela ne m’avait pas semblé très civilisé. Ironiquement, j’avais le sentiment que les gens qui considéraient les elfes comme des barbares suspects étaient les vrais barbares.

« Je comprends ce qui s’est passé maintenant. Il semblerait que je sois en partie responsable de ce qui s’est passé ici aujourd’hui. »

J’avais poussé un soupir.

« Ce n’est pas votre faute. Vous nous avez protégés des esclavagistes et des braconniers jusqu’à présent, et nous ne pouvons pas vous en blâmer. Vous savez que personne ne critique les murs quand une ville est assiégée. »

« Je vois. Cela me fait me sentir un peu mieux. »

Au fond, cependant, je me sentais toujours responsable, et mon humeur était sombre. Il était vrai que les gens ne blâmaient pas les murs d’une ville lorsqu’elle était attaquée, chacun avait le droit de se défendre. Mais c’était pour cela que j’étais si amère de notre incapacité à protéger les elfes de la racaille qui s’étaient jetés sur nous.

De plus, je me demandais si je n’avais pas été trop efficace pour assurer la défense du village elfe. Tout ce que les murs faisaient vraiment, c’était de tenir bon et de bloquer le passage. Ils n’avaient pas le visage de ces horreurs cauchemardesques ni les crocs pour mordre les gens à mort.

***

Partie 3

Étais-je vraiment un simple mur dans cette situation ? Ou est-ce que je régnais sur la forêt comme un monstre de livre de contes, appâtant les chevaliers pour qu’ils viennent se débarrasser de moi et de mes sous-fifres ? La culpabilité bouillonnait en moi, mais la conscience collective la niait.

En étais-je responsable ou non ? Je ne saurais le dire.

« Vous n’êtes pas en faute ici, Votre Majesté », déclara Sérignan, qui avait probablement ressenti ma frustration et mon anxiété à travers le collectif.

« La responsabilité incombe uniquement aux esclavagistes et aux braconniers qui ont attaqué cette forêt et aux chevaliers qui ont incendié le village sur leur ordre. Vous n’avez agi que pour défendre les elfes, il n’y a pas de doute là-dessus. »

« Merci, Sérignan. Cela m’aide beaucoup. »

Tu es vraiment un chevalier fiable. En ce moment, ta gentillesse est ma grâce salvatrice.

« Alors, qu’allez-vous faire maintenant ? » avais-je demandé à l’aîné.

« Nous ne pouvons plus vivre ici à Baumfetter. Quand les chevaliers réaliseront que leurs camarades ne reviendront pas, ils enverront une force encore plus grande. Je crois que nous devrons fuir ailleurs. »

« Je vois. Avez-vous une idée d’où vous pourriez aller ? »

J’étais inquiète pour eux.

« Y a-t-il un endroit dans cette forêt où vous pouvez vivre en paix ? »

« À vrai dire, je ne sais pas. La forêt est trop vaste et trop dangereuse. Les bêtes sauvages et les monstres rôdent dans les profondeurs de la forêt, et malheureusement ce sont les endroits où la forêt est la plus généreuse. », dit faiblement l’elfe.

C’était naturel, car la forêt était une région sous-développée. Il n’y avait aucun moyen de savoir où vivaient les bêtes ou quelles parties étaient habitables sans se promener dans la forêt. Il ne serait pas facile pour les survivants de Baumfetter de trouver un nouveau foyer. Peut-être que leur destin était de se disperser en tant que réfugiés… mais je n’avais ni un cœur insensible ni la folie de laisser cela se produire.

« Alors j’ai la solution. Un plan qui assurera à chacun d’entre vous une vie sans poursuite ni persécution, de façon permanente. Un moyen de venger les elfes qui ont été assassinés ici aujourd’hui, et de vous permettre de rester ici afin de reconstruire vos maisons. », avais-je déclaré.

« Est-ce qu’un tel moyen existe vraiment ? »

Ses yeux profondément plissés s’élargissaient d’espoir.

« Oui. C’est simple, vraiment, et je peux le faire. »

Mes lèvres s’enroulèrent en un sourire si large que mes dents furent mises à nu.

« Tout ce que j’ai à faire, c’est de détruire le royaume de Maluk, qui a envoyé les chevaliers pour vous attaquer. C’est assez facile à comprendre, non ? »

Les elfes survivants ne pouvaient que déglutir nerveusement en me regardant. Leurs expressions me disaient qu’ils ne pouvaient même pas imaginer ce qui allait arriver. Mais j’avais déjà pris ma décision.

Je vais raser le royaume de Maluk.

Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des décombres.

☆☆☆**

« Tout le monde, écoutez bien. »

Je me tenais sur la plate-forme de pierre sur laquelle je m’étais trouvée lorsque je m’étais réveillée pour la première fois à l’intérieur de la base de l’Arachnée. Sérignan était à mes côtés, et la plate-forme était entourée de mes dizaines de milliers d’Essaims.

« Le temps de la guerre est enfin venu. Le nom de notre ennemi est le Royaume de Maluk. Ces crapules ont attaqué nos alliés, les anéantissant presque tous. »

Ma voix était calme, mais pleine d’intensité.

« Leur boucherie a pris la vie d’un de mes amis, et a plongé le cœur de mon autre ami dans le désespoir. Ces lâches ne méritent aucune pitié. Aucune pitié. Pas de pardon. Ils ne recevront aucune bonté de notre part. Face à ces chiens, nous n’avons besoin que de trois armes : la soif de sang, la haine et le mépris. Notre soif de sang les dévorera. Notre haine les mettra en pièces. Notre mépris assurera leur destin. Vous devez consommer et détruire l’ennemi. Tuez-les tous. »

L’Essaim écouta silencieusement mon discours.

« Cela sera un massacre. Chaque morceau de leur chair deviendra un matériau dont nous tisserons de nouveaux camarades. Plus vous tuerez, plus l’Arachnée deviendra un empire fort. Alors, massacrez, assassinez et disposez-les à votre guise, même s’il s’agit de nourrissons ou d’anciens. Tout comme l’ennemi l’a fait. »

Ce n’était pas un meurtre de masse, c’était une extermination. J’avais décidé d’effacer le royaume de Maluk de la surface de ce monde. Était-ce parce que les elfes avaient été attaqués ? À cause de la mort injustifiée de Linnet ? Ou est-ce que ma conscience était finalement absorbée par l’Essaim, qui avait une faim innée et sans fin de proie ?

Que cela soit ma volonté ou celle de l’Essaim, cela n’avait pas vraiment d’importance. De toute façon, j’avais l’intention de l’exécuter.

« Au nom de l’Arachnée, je vous conduirai à la victoire ! »

J’avais pleuré, en ralliant mes forces.

« Gloire à l’Arachnée ! Saluez tous la reine ! »

« Gloire à l’Arachnée ! Gloire à la reine ! »

L’essaim acclamait, célébrant l’arrivée de la guerre qu’ils attendaient. Enfin, ils avaient maintenant l’opportunité de tuer, de dévorer et de revêtir le monde de la sombre carapace de leur race. Toutes les autres races étaient l’ennemi, la proie à être engloutie dans leurs mâchoires tachées de sang. Tels étaient les Arachnées. Tel était l’Essaim.

J’étais sur le point de commettre un génocide et d’aggraver notre propagation, tout cela pour satisfaire mon besoin de châtiment. Oui… Comme l’essaim devrait le faire.

« Nous obéirons à vos ordres et attaquerons le royaume de Maluk. Sous votre commandement, Votre Majesté, nous réussirons sûrement. Saluez tous la reine ! », dit Sérignan, sa voix riche de louanges.

« Maintenant, mes sous-fifres. C’est l’heure de la guerre. Vous avez tous attendu longtemps pour cela, mais maintenant votre souhait va enfin se réaliser. Exercez votre pouvoir aussi impitoyablement que vous le souhaitez. Laissez le grondement de notre marche semer la terreur dans leur cœur. Que le son de vos crocs grinçants perturbe leur sommeil. Que vos ombres les réduisent à un désordre rampant. », continuai-je.

Sur ce, j’acceptai les gestes de fidélité des Essaims et me retirai dans ma chambre avec Sérignan.

Mes quartiers personnels étaient devenus beaucoup plus confortables et hospitaliers depuis mon arrivée. Mon lit avait désormais des couvertures souples au lieu de paille, et j’avais des tiroirs et des étagères pour ranger mes effets personnels. Il n’était pas encore tout à fait à la hauteur de mon appartement de mon ancien monde, puisqu’il n’avait ni ordinateur ni système de chauffage, mais bon, c’était devenu convenable.

« Sérignan, j’ai déjà décidé de notre itinéraire d’invasion. C’était la première étape de mon plan. »

« Oui, j’en suis consciente, Votre Majesté. Depuis que vous êtes venue sur cette terre, vous luttez pour la victoire de l’Arachnée. »

Sérignan avait déjà tout appris par la conscience collective, ce qui avait rendu la chose facile.

« Trois routes principales mènent à leur capitale : un chemin direct depuis la ville de Leen, un chemin depuis les terres agricoles du sud, et un chemin à travers les régions minières du nord. Nous allons diviser nos forces le long de ces trois routes, les regrouper près de la capitale, et ensuite aller tuer. »

Le plan de guerre que j’avais proposé divisait l’essaim en trois routes. Notre objectif premier était de détruire la capitale du Royaume, mais cela ne suffisait pas. Nous allions décimer tout ce qui constituait le Royaume de Maluk, et éradiquer tous ceux qui se trouvaient sur notre chemin.

Telle était la loi de l’essaim.

Les mines, les terres agricoles, les villages, les villes — nous allions tout teindre en rouge avec le sang de leur peuple, laissant les terres vacantes et désertes. Ce combat ne ressemblait à rien de ce que j’avais connu dans le jeu, mais j’avais toujours l’intention de me battre selon ses règles.

Si je laissais négligemment derrière moi des survivants, il était possible que quelqu’un se lève un jour contre moi pour se venger. Oui, il faudrait que je sois minutieuse dans ma conquête. Cela était vrai dans le monde du jeu et dans cette réalité.

« Nous allons renverser chaque ville avec un mélange d’Éventreurs et de Fouilleurs. Cette ruée traditionnelle de l’Éventreur nous permettra d’avancer. Ce ne sera pas facile, car ils ont déjà des défenses dédiées, mais les Essaims Fouilleurs devraient pouvoir s’en charger. Avec leur aide, nous percerons tout ce qui défend leurs murs. »

Pour l’instant, il n’y avait aucun moyen de savoir combien de temps de « jeu » s’était écoulé depuis le début du « match », mais les villes de Maluk étaient entourées de murs, qui étaient à leur tour occupés par des chevaliers et des miliciens. On pouvait supposer sans risque que les défenses ennemies étaient solides.

Mais mon camp avait une arme secrète qui pouvait percer tout ce qu’ils avaient. Et ce n’était autre que votre serviteur.

En tant que joueuse, j’avais déjà réussi à plusieurs reprises des ruées d’Essaims d’Éventreurs dans des conditions difficiles.

Je l’avais déjà fait auparavant, et je peux le faire maintenant, m’étais-je dit.

« Sérignan, tu viens avec moi. Je vais te faire combattre en première ligne et faire le plein de points d’expérience. Tu es une unité à fort potentiel de croissance, et j’ai de grands espoirs pour toi. »

« Je vous suis reconnaissante pour vos éloges. Moi, chevalier Essaim Sérignan, fera de son mieux pour répondre à vos attentes, Votre Majesté. »

Pendant un moment, j’avais cru que mes mots la feraient pleurer, mais il m’avait semblé qu’elle avait quelque chose à ajouter.

« Euh, si je peux vous consulter à propos de quelque chose… Mon corps est plutôt chaud, et j’ai l’impression que quelque chose me démangeant veut sortir de ma poitrine. Qu’est-ce que ça peut être ? »

« Ton corps est chaud ? »

Perplexe devant ses paroles, j’avais posé une main sur le front de Sérignan. Elle avait chaud, mais ce n’était pas comme si les Essaims pouvaient attraper un rhume. C’était une espèce résistante aux maladies.

« Peut-être que tu vas bientôt évoluer. Tu as vaincu cet ange, il est donc possible que cela t’ait valu beaucoup de points d’expérience. »

« Évoluer, Votre Majesté ? »

Sérignan fit écho avec une expression vide.

C’était un peu mignon.

« Tu ne sais pas ce qu’est l’évolution ? Eh bien, peu importe. C’est comme si quelque chose changeait en toi, n’est-ce pas ? La forme évolutive du Chevalier Essaim s’appelle le Chevalier Essaim sanglant. Imagine-toi habillé d’une armure rouge, ce sera ta nouvelle forme. »

Le Chevalier Essaim Sanglant était la prochaine étape de l’évolution de Sérignan. Son corps allait changer, et elle allait gagner une armure aussi brillante et rouge que le sang fraîchement versé.

« Une armure rouge… Armure rouge… »

Sérignan réfléchit à mes paroles, se saisissant la tête dans une tentative désespérée d’imaginer sa forme évoluée. En fait, oublie ce que j’avais dit plus tôt — c’était vraiment mignon.

« Oh, d’accord ! Je crois avoir compris ! Je peux le voir ! » s’exclama Sérignan au bout d’un certain temps.

« Non, je crois que je vois l’image dans votre esprit à travers la conscience collective ! »

Apparemment, elle pouvait voir comment j’imaginais sa transformation. Sa peau humaine et son armure blanche s’effritaient comme du sable, révélant un tout nouvel exosquelette qui lui servirait d’armure. Cette carapace cramoisie deviendrait plus épaisse et plus lisse, et une nouvelle paire de pattes d’insectes jaillirait de son dos.

« Votre Majesté… Est-ce ce que je vais devenir ? »

« Oui, c’est ta forme évoluée. Tu vas renaître en tant que Chevalier Essaim Sanglant Sérignan. J’attends avec impatience de te voir jouer plus vite, plus audacieusement et avec encore plus de force héroïque. »

Lorsqu’elle devint l’Essaim Chevalier Sanguinaire Sérignan, elle n’avait pas seulement reçu une nouvelle couleur et une paire de jambes supplémentaire, mais elle avait également reçu un énorme coup de pouce sur le plan des statistiques. En tant qu’unité intermédiaire, elle vaincrait la plupart des ennemis d’un seul coup.

Pour commencer, Sérignan était considérée comme une unité de héros forte qui nécessitait un peu moins de points d’expérience pour monter en niveau que les autres unités de héros, et elle avait des stats légèrement plus élevées. Cela était compensé par le fait que vers la fin du jeu, elle avait besoin de plus de points d’expérience pour avancer et ses stats n’augmentaient pas autant. Néanmoins, une fois qu’elle avait atteint sa forme finale, elle régnait sur tout comme l’une des unités les mieux classées du jeu.

En fait, Sérignan était l’une des principales raisons pour lesquelles l’Arachnée avait tant de potentiel en tant que faction. Améliorer Sérignan correctement signifiait finalement obtenir une unité capable de rompre l’équilibre du jeu.

« Tu devrais essayer d’évoluer, si tu le peux. Bonne chance, Sérignan. »

« Oui, Votre Majesté. »

J’étais sûre que Sérignan serait capable de changer assez tôt. Mais pour l’instant, nous devrions nous concentrer sur notre marche vers le royaume de Maluk.

***

Partie 4

Pendant ce temps, dans le Royaume de Maluk…

« Hmm. Donc, les Chevaliers de Saint-Augustin ont été anéantis. »

Le roi Ivan II, le souverain de Maluk, écoutait ce rapport surprenant. Il y avait de nombreuses années que ce roi vieillissant avait hérité de son prédécesseur et sous son règne, le royaume avait prospéré.

Il s’était efforcé de construire des infrastructures pour les terres agricoles, ce qui permettait aux agriculteurs d’apporter plus facilement leurs abondantes récoltes dans les grandes villes. Il avait construit des forteresses et des bastions le long des frontières méridionales, qui avaient été auparavant exposées à des menaces militaires, assurant ainsi à la population qu’elle puisse vivre en paix.

Ses réalisations lui valurent de nombreux éloges de la part des citoyens. Pour couronner le tout, il vivait modestement et sans luxe en croyant ardemment au Dieu de la Lumière, faisant preuve d’humilité et de frugalité selon les enseignements de l’Église de la Sainte Lumière. Les sujets du Royaume le soutenaient d’autant plus pour cela.

Le roi avait quatre enfants : le premier prince et héritier présomptif du royaume, le second prince qui lui servait d’assistant, la première princesse qui avait été mariée à un pays voisin et la seconde princesse, encore toute jeune. Il considérait chacun d’eux comme ses adorables bijoux.

« L’ennemi n’était-il pas une simple poignée d’elfes ? J’ai du mal à croire que les Chevaliers de Saint-Augustin, notre force d’élite, soient écrasés par des apostats qui chérissent les arbres. », demanda le Premier ministre Slava Smirnenski.

Slava avait jusqu’alors servi Ivan II et le royaume avec une loyauté sans faille. Plusieurs des plus grands accomplissements d’Ivan II pourraient en fait être attribués aux conseils sincères de cet homme. Le roi possédait une grande confiance en son subordonné, qui ne pouvait être ni soudoyé ni influencé.

Mais c’était aussi Slava qui avait suggéré d’envoyer les Chevaliers de Saint-Augustin dans la forêt. Il avait reçu des informations fiables selon lesquelles des citoyens « respectables » du royaume étaient attaqués par les elfes de la forêt, et que cela avait déjà faites des dizaines de victimes. Il avait donc proposé au roi d’envoyer ses troupes pour s’en débarrasser. À leur grande surprise, les chevaliers avaient à la place été éradiqués.

« Et pourtant, ils ont été vaincus. Nous devons penser à une contre-mesure immédiatement. Nous pourrions avoir un ennemi imprévu sur les bras. Peut-être est-ce l’Empire de Nyrnal au sud, tente de nous envahir et de voler nos terres. », rétorqua Omari Odevski, ministre de la Défense.

La rivière Themel coulait le long des frontières des deux pays et servait de barrière naturelle. L’Empire de Nyrnal ne pouvait donc pas avancer vers le nord et envahir directement Maluk. Mais s’ils devaient passer par la forêt des elfes, qui se trouvait au centre du continent, l’Empire aurait alors un moyen d’entrer.

Cependant, il n’y avait pas de routes pavées dans la forêt et pas de grands villages ou villes pour servir de centres de ravitaillement. En plus de cela, la forêt abritait toutes sortes de monstres et de bêtes. Après avoir pris en compte ces facteurs, une telle attaque par cette voie semblait peu probable.

Même le déplacement d’une petite troupe de soldats à travers cette forêt nécessiterait plus d’efforts que ce qui était probablement justifié, donc faire défiler une armée assez importante pour constituer une menace nécessiterait une quantité inimaginable de travail et de ressources.

Les arbres empêchaient le mouvement des chariots, les pistes d’animaux faisaient trébucher les cavaliers, et les rivières et ruisseaux qui la traversaient seraient un défi pour l’infanterie lourde. Omari avait reconnu que c’était peu probable, mais il était resté prudent, proclamant que même si le chemin était difficile, il n’était pas impossible.

« On ne peut pas faire confiance à l’empereur Maximillian. Ce renégat nous a promis la paix, puis il est parti attaquer nos régions du sud. Je ne serais pas surpris par ce que fait ce satané pays. Peut-être même ont-ils soudoyé les elfes pour leur assurer un passage sûr dans la forêt. »

« Peut-être. Après tout, on ne peut pas non plus faire confiance aux elfes. »

Il y avait beaucoup d’antagonismes entre les humains et les demi-hommes. Les elfes craignaient les humains tandis que les nains les méprisaient, et l’humanité croyait que les deux races étaient inférieures.

Les humains voyaient les elfes comme des barbares qui vivaient dans la forêt uniquement parce qu’ils ne pouvaient pas construire de villes. C’était des créatures indignes de confiance qui s’isolaient du Dieu de la Lumière au profit de l’adoration des arbres. La rumeur disait même qu’ils offraient des sacrifices humains, et ces rumeurs étaient crus par bon nombre de personnes.

Oui, les rumeurs.

Les elfes étaient des barbares. Les elfes écorchaient les humains et utilisaient leurs peaux comme trophées. Les elfes mangeaient des bébés humains. Les elfes kidnappaient des femmes vierges et les sacrifiaient à leurs dieux de la forêt. Si la reine de l’Arachnée les entendait, elle se moquerait sûrement des ragots. Les elfes, en revanche, seraient indignés par la cruauté et l’absence de fondement des rumeurs que les hommes avaient prises à cœur.

« Il se peut que nous devions éliminer les elfes. Si nous les faisons disparaître de la forêt, l’Empire de Nyrnal ne pourra pas les utiliser pour nous attaquer. »

« Et combien d’hommes nous faudrait-il pour faire ça ? », demanda le roi.

« Je crois que cinq mille seraient plus que suffisants. Les elfes sont faibles. Leurs flèches ne peuvent pas pénétrer notre armure. Cinq mille soldats entraînés peuvent balayer la forêt orientale et libérer notre royaume de cette menace. », répondit Omari.

« Mais qu’en est-il des Chevaliers de Saint-Augustin ? Cela ne signifie-t-il pas que les elfes se sont déjà alliés à l’Empire ? Nous aurions besoin d’une force encore plus importante si c’était le cas.

« Vous avez raison, milord. Mais maintenir une ligne de ravitaillement à travers la forêt serait difficile. Même s’ils faisaient du commerce avec le village elfe, cela ne suffirait probablement pas à maintenir l’armée en mouvement. D’après ce que j’ai entendu, il y a moins de mille elfes dans la forêt. », ajouta Slava.

Omari s’était enfoncé dans un silence contemplatif. S’approvisionner à proximité était normal. Après tout, il n’y avait pas de moyens de transport rapides dans ce monde ni d’armes à feu. Les forces en déplacement devaient donc soit acheter de la nourriture aux communautés agricoles, soit piller régulièrement afin de maintenir une ligne de ravitaillement. Il était clair que la maigre population d’elfes des forêts ne pouvait en aucun cas soutenir une armée.

« Hmm. Dans ce cas, il est peu probable qu’il y ait des douzaines de troupes à l’affût dans le village elfe. Leur force était donc assez importante pour vaincre les Chevaliers de Saint-Augustin, mais pas assez pour lancer une invasion », estimait le roi.

« Je crois que oui. Cependant, je n’arrive toujours pas à comprendre comment Nyrnal a réussi à faire ça. Soit ils ont déployé une sorte d’arme puissante avec un petit nombre de personnes, soit ils ont monté leurs wyvernes. Pourtant, nous n’avons pas entendu parler de nouvelles armes, et je doute qu’ils aient utilisé leurs wyvernes là-bas. », dit Omari tout en hochant la tête

L’Empire de Nyrnal était célèbre pour ses unités de wyvernes. Parmi les grandes puissances, il était le seul à posséder des unités capables de s’élever dans les cieux. Beaucoup se demandaient pourquoi seul Nyrnal avait reçu ce privilège, mais personne ne connaissait la réponse.

« Dans cette optique, combien d’hommes nous faudra-t-il pour vaincre les elfes et les troupes de l’Empire ? »

« Entre dix et vingt mille hommes devraient garantir notre victoire. Un tel nombre sera coûteux, mais nous serons sûrement capables de vaincre nos ennemis et de les soumettre. »

Dix à vingt mille hommes… Ce n’était qu’une fraction de l’ensemble des forces armées du royaume, mais c’était une dépense que le roi ne pouvait pas ignorer. Tout cela en préparation d’une armée impériale qui pourrait ne pas être là.

« Mais l’Empire a-t-il vraiment envoyé un escadron dans la forêt ? »

« C’est la seule explication que je puisse trouver. Croyez-vous vraiment que le duché de Frantz ou le duché de Schtraut nous attaquerait ? C’est impensable. »

« Alors je suppose que nous n’avons pas d’autre choix que de nous préparer. Rassemblez l’armée d’ici demain et envoyez-les dans la forêt. Ensuite, vous devrez vous débarrasser de nos ennemis. Ne laissez personne en vie. »

« Et aussi, lancez un appel diplomatique à l’ambassadeur de Nyrnal, demandant qu’ils retirent leurs forces. S’il choisit de jouer les idiots, nous ferons ce que nous voulons avec les hommes de l’Empire », ajouta Slava.

« Qu’il en soit ainsi. J’attends avec impatience d’entendre parler de notre victoire. »

« Oui, milord. Nous gagnerons à tout prix. »

À ce moment, aucun d’entre eux ne savait que ce qui se cachait dans la forêt des elfes n’était pas du tout le détachement précurseur de l’Empire.

 

☆☆☆

Un défilé festif passait dans les rues de Siglia, la capitale de Maluk. Les soldats en armure marchaient au rythme des corps de fifres et de tambours. La cavalerie, fierté et joie de l’armée, s’avançait noblement tandis que les sabots de ses chevaux cliquaient contre les dalles.

Une force de 15 000 hommes avait été mobilisée, mais seule une fraction d’entre eux était à la parade. Le détachement précurseur approchait déjà de la ville de Leen, qui se trouvait près de la forêt des elfes, et ces forces se mettaient en route pour les rejoindre.

« Je ne vois aucun des mages. »

« Ils n’ont pas l’habitude de participer à ce genre de parades. »

Certains parmi les 15 000 étaient des mages. Leur présence était précieuse sur le champ de bataille, tant pour l’offensive que pour la logistique. Ils faisaient pleuvoir des boules de feu sur l’ennemi comme de multiples lance-fusées, et ils pouvaient soigner les blessés comme s’ils accomplissaient des miracles divins. Leur valeur était apparue clairement lorsque les Chevaliers de Saint-Augustin avaient été guéris par leurs camarades. La magie était longue à maîtriser, mais une fois atteinte, elle devenait une ressource indispensable.

Les mages n’aimaient cependant pas trop être exposés. Ils se tenaient à l’écart de ces festivités tapageuses, pensant qu’ils auraient l’air trop miteux en comparaison. Et pour commencer, ils n’étaient pas non plus très sociables.

« Peut-on gagner ce combat, Père ? » demanda Elizabeta, la deuxième princesse.

« Bien sûr. Ce sont les guerriers les plus fiers et les plus puissants de notre pays. Les elfes et les forces de l’Empire n’ont aucune chance contre eux. », lui assura le roi Ivan II.

L’enfant de douze ans regardait les soldats en marche avec une curiosité débordante. Il semblerait que son jeune esprit soit fasciné par le défilé. Son expression était celle d’une enfant jouant sa propre marche avec des petits soldats. Ces innocents yeux bleus avaient été épargnés de toute la saleté et la crasse de ce monde.

« On m’a dit que les elfes sont de méchantes créatures. Ils se cachent dans la forêt et attaquent les chasseurs, les dépouillent de leur peau et les mangent vivants. »

« C’est vrai, Elizabeta. Ils peuvent paraître beaux, mais ce sont des êtres maléfiques dont l’âme est teintée en noir par des dieux malveillants. S’ils étaient nés avec un cœur vrai et juste, ils vénéreraient le Dieu de la Lumière. »

Le Dieu de la Lumière était la seule divinité vénérée par l’Église de la Sainte Lumière. Ce dieu était vénéré sur tout le continent, et ceux qui prêtaient allégeance à d’autres dieux étaient persécutés comme hérétiques. Les elfes, par exemple, vénéraient les dieux de la forêt et étaient donc détestés en tant que parias et indésirables.

« Oh, j’espère qu’ils se débarrasseront de tous les elfes. Savoir que quelque chose de si terrible existe dans le monde m’effraie tellement que j’ai du mal à dormir la nuit. »

« Tout à fait, ma chère. Tolérer leur présence ici était au départ une erreur. Nous aurions dû les éliminer beaucoup plus tôt. Si nous l’avions fait, nous n’aurions pas eu à supporter une invasion aussi importante que celle-ci. »

Les habitants du royaume de Maluk croyaient que quiconque rejetait le Dieu de la Lumière avait moins d’intelligence et de civilité que les animaux.

« Prions le Dieu de la Lumière pour que ces soldats puissent recevoir sa protection. Nous demanderons qu’un châtiment approprié tombe sur les hérétiques, et que la paix éternelle se propage dans notre beau Royaume. »

« Oui, prions pour que les vils elfes soient anéantis jusqu’au dernier, et que les espoirs de l’Empire de Nyrnal de nous envahir soient étouffés dans l’œuf. »

Les 15 000 hommes envoyés par le Royaume étaient appelés la Garnison de l’Est. Avec les prières de leur roi et de leur princesse donnés lors de leur départ, ils se mirent en route pour la forêt des elfes, sans savoir ce qui les y attendait…

***

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