Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 1 – Chapitre 10 – Partie 2

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Chapitre 10 : Flammes ardentes

Partie 2

La nouvelle du destin tragique du royaume de Maluk avait également atteint Doris, capitale de la prospère nation emplie de mines d’or connue sous le nom de duché de Schtraut.

« Le Royaume de Maluk… a été détruit !? »

César de Sharon, le treizième Duc de Schtraut, ne pouvait pas contenir son choc.

L’expression de l’homme d’âge moyen était déformée par la tristesse et l’incrédulité. C’était comme s’il venait d’être averti de la fin du monde. Seule une nouvelle de ce niveau pouvait susciter une telle réaction de la part du chef du duché.

« J’en ai bien peur, Seigneur. Il semblerait qu’ils aient été attaqués par des créatures mystérieuses. Même leur capitale, Siglia, a été renversée. Nous ne pouvons pas actuellement entrer dans le pays. Ces monstres rôdent également le long des frontières, et ils attaquent à vue tout envahisseur. », déclara son Premier ministre, le cardinal Charon Colbert.

Le Premier ministre était le plus fidèle subordonné de César. Il était cardinal de l’Église de la Sainte Lumière et connaissait également les questions d’État. Sa vaste expérience en politique et en diplomatie avait grandement soutenu l’administration de César.

César était reconnaissant que Charon ait pris ces distances avec le Royaume Papal, le centre de leur religion, car il pouvait exprimer ses opinions avec une relative neutralité. La plupart des autres cardinaux étaient trop profondément enracinés dans le Royauté Papal pour être aussi francs.

« Aaah, quelle horreur. De penser que nous venons de perdre le royaume de Maluk à cause de quelque chose d’aussi… inexplicable. J’avais espéré que leur puissance militaire aurait un effet dissuasif sur l’Empire de Nyrnal, mais hélas… », se lamentait César.

« Oui. Comme vous le savez, notre armée est surtout là pour faire figuration. »

Charon haussa les épaules et poussa un soupir.

« J’espérais que l’Empire ne nous attaquerait pas tant que nous nous accrocherions à Maluk. »

« Tout à fait. Savez-vous à quel point nous avons soutenu l’armée de Maluk ? Nous sommes peut-être riches en ce moment, mais qui peut dire quand nous nous retrouverons sur le déclin. La valeur de l’argent pourrait chuter soudainement, ou l’Empire pourrait nous attaquer. Nous les avons soutenus afin de nous préparer à de tels moments. »

Le duché de Schtraut s’était épanoui financièrement et avait formé une union de guildes qui constituaient en fait le pays. De nombreuses nations avaient une dette considérable envers l’Union des syndicats de l’Est, et la somme totale de ses réserves en devises était la plus importante du continent.

L’Union des syndicats de l’Est avait accordé de nombreux prêts, en particulier au Royaume Papal de Frantz. Tout le monde, du pape aux diacres, avait une sorte de dette à rembourser à l’Union syndicale de l’Est, qui avait pratiquement son propre territoire autonome. Mais il n’y avait pas que le Populat, de nombreux autres pays, et même le Duché lui-même, devaient de l’argent aux banquiers. L’Empire de Nyrnal lui-même avait une dette non négligeable envers eux.

La direction du duché était décidée par élection, et César avait été élu à son poste il y a quelques années. Alors qu’il était duc en titre, ses richesses correspondaient à celles de l’empereur de Nyrnal. En termes de ressources, il était effectivement un roi.

Ce mode de gouvernement basé sur les élections était également pratiqué dans l’Union des syndicats de l’Est, situé dans le coin sud-est du continent. Il s’agissait d’une forme limitée de démocratie dans laquelle des maîtres de guilde choisis, des nobles et des citoyens fortunés se voyaient accorder le droit de vote. La vraie démocratie ne faisait pas encore partie de ce monde, car elle n’était pas nécessaire.

Le duché de Schtraut avait une population suffisamment forte pour maintenir ses demandes intérieures et de nombreuses dettes à recouvrer auprès d’autres pays, tant qu’elle resterait debout, cette nation ne connaîtra probablement jamais l’effondrement économique.

Mais aussi riche soit-il, le duché de Schtraut était confronté à un seul problème : son armée était faible. Extrêmement faible. Les chefs des guildes de marchands, qui avaient le droit de vote, étaient catégoriques quant à l’investissement dans le commerce — où les rendements monétaires étaient importants — plutôt que dans l’organisation suceuse d’argent qu’était l’armée.

À cause de cela, le duché de Schtraut n’avait en fait aucune armée à sa disposition. Il disposait d’une flotte navale, dont l’objectif était d’étouffer l’activité des pirates dans une anse de la légendaire île d’Atlantica, mais ses forces terrestres étaient la risée de tous.

Mais les choses n’allaient pas si mal que ça. Ils disposaient d’une force de frappe qui utilisait le terrain montagneux le long des frontières du duché. Ils avaient également de l’argent à disposition, ce qui leur permettait d’engager les forces armées d’un autre pays ou des groupes de mercenaires en cas de besoin.

Mais cela n’était possible qu’en temps de guerre, car les banquiers et les chefs de guilde étaient opposés au maintien d’une grande armée en temps de paix. Si l’Empire de Nyrnal lançait une attaque-surprise, la seule chose qui protégerait la fortune du pays serait la force de frappe des montagnes, ses troupes compétentes, mais peu nombreuses.

À cette fin, le duché de Schtraut avait noué des relations amicales avec le royaume de Maluk et avait l’intention de créer une alliance militaire avec lui. L’armée de Maluk était l’une des plus importantes du continent en termes de taille, et conclure une alliance avec eux rendrait même l’Empire de Nyrnal hésitant à attaquer le duché.

La sécurité par le nombre, comme on dit.

C’était la politique que César avait préconisée, et il avait tenté le royaume de Maluk avec de grosses sommes d’argent. Ils étaient sur le point eux aussi de former une alliance. Son plan de plusieurs années n’était qu’à un pas de se réaliser.

Mais l’attaque des monstres contre Maluk avait réduit tout cela à néant.

Les banquiers et les maîtres de guilde s’étaient opposés à son alliance avec le royaume de Maluk, certains préféraient une alliance avec le Royaume Papal, et d’autres soutenaient qu’il n’y avait aucune menace à craindre. Maintenant, ils allaient probablement défendre sa position politique, quitte à ternir sa réputation.

Il était possible que son poste de Duc de Schtraut prenne fin avant la fin de son mandat. Telle était l’autorité des banquiers et des maîtres de guilde, même s’ils étaient des traîtres au pays, séduits par les opportunités commerciales lucratives du Royaume Papal et de l’Empire.

« Serait-il impossible de s’allier avec le Royaume Papal de Frantz à ce stade ? Je crois que nous en avons déjà discuté une fois. », murmura César.

Charon secoua la tête.

« Je crains que l’atmosphère religieuse du Royaume Papal ne soit trop forte. Les maîtres de la guilde s’y opposeront sans doute. Ils sont intéressés par l’argent, mais ils se soucient peu de Dieu. De plus, former une alliance avec le Royaume Papal nous obligerait à ouvrir à nouveau nos coffres. Ce pays est après tout le siège du pape, qui parle au nom du Dieu de la Lumière… et ils ont besoin de beaucoup de dons. Ils utilisent leur autorité religieuse comme monnaie d’échange pour obtenir de l’argent, un peu comme l’Empire utilise ses wyvernes. »

« Pour que les maîtres de la guilde et les banquiers ne financent pas une alliance avec eux ? »

« Ils s’y opposeraient probablement, oui. »

« Ils s’opposeraient à tout ce que nous pourrions proposer, les salauds. C’est comme si leur seul rôle dans le monde était de s’opposer. Quoi qu’il en soit, nous avons absolument besoin d’un pays avec lequel nous pouvons nous allier. Nous avons besoin d’une armée pour dissuader l’Empire de Nyrnal. Et qui plus est… »

« On ne sait pas quand les mystérieuses créatures qui ont attaqué Maluk pourraient nous attaquer. N’est-ce pas, Seigneur ? »

C’était exactement ça. Le royaume de Maluk était leur voisin, il était donc naturel de penser que le duché lui-même pourrait être le prochain. Le duché avait actuellement sa force de frappe déployée le long des zones frontalières, et ils recherchaient avec anxiété les monstres qui feraient leur apparition depuis l’ouest. Les soldats avaient juré de protéger le pays de leur vie et ils étaient restés vigilants malgré leur crainte de l’arrivée des monstres.

« Précisément. Vaincre des monstres est une chose, mais je ne voudrais pas que ma mort soit causée par eux. »

César récupéra des documents concernant la défense de leur frontière avec Maluk.

« Nous devrions rapidement renforcer la frontière Schtraut-Maluk et mettre nos hommes en alerte. Engager des mercenaires et des aventuriers aussi, si nécessaire. Les fonds qui seraient allés à notre alliance avec Maluk devraient couvrir les coûts. »

« Dois-je m’assurer que les maîtres de la guilde comprennent la gravité de la situation ? »

« Oui. Si besoin est, nous pouvons aussi faire appel aux elfes. Les Nyrnals sont une menace, mais les monstres capables de faire tomber une nation sont tout aussi effrayants. »

La discussion entre César et Charon se poursuivit alors que tous deux décidaient de la ligne de conduite du duché.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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