Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 1 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : Confirmer la situation

Partie 3

« Merci, c’était délicieux. »

J’avais posé ma cuillère sur la table au moment où j’avais terminé mon repas. La cuisine de Baumfetter se composait principalement de champignons, de légumes et de haricots. La saveur des légumes s’était bien imprégnée dans la soupe, ce qui avait donné un plat très savoureux. Mais le fait que j’aie eu faim y avait peut-être contribué.

Cependant, cela posait un réel problème.

« Vous ne mangez pas de viande ? »

Aucun des plats qu’ils m’avaient servis ne contenait de viande. C’était tous des plats végétariens, avec du soja comme source de protéines. Je ne connais rien à la nutrition des elfes, mais le soja peut-il vraiment remplacer la viande comme source de protéines ? Non, la nutrition des elfes n’est pas importante en ce moment. Le problème est un peu plus profond que cela.

« Nous ne pouvons pas chasser pendant cette saison. Nous avons de la viande séchée, mais… », s’excusa le vieil elfe.

Pas de viande, alors.

Je pouvais produire des Essaims Travailleurs en utilisant des champignons et des légumes verts, mais j’avais besoin de viande pour produire tout autre type d’essaim. Il me fallait de la viande si je voulais augmenter mes forces. Peu importe contre qui j’allais faire la guerre, je devais augmenter nos effectifs afin d’accorder à l’Essaim ce qu’il désirait.

La conscience collective m’avait informée que l’essaim recherchait la victoire, même si les conditions que je devais remplir pour cette victoire m’étaient totalement et complètement inconnues.

« Je vois. C’est le plan B. »

Je m’étais dit que cela pourrait être le cas une fois que j’aurais découvert qu’il s’agissait d’un village elfique, j’avais donc un plan de secours en tête.

« Ces esclavagistes traînent-ils toujours par ici ? »

« Oui, ils sont un sérieux problème pour nous. Ils travaillent aussi comme braconniers et perturbent constamment les terres autour d’ici. », répondit le vieil elfe.

« C’est vrai. Dans ce cas, est-ce bon si je les tue ? »

Ma question était désinvolte, pour ne pas effrayer le vieux du village.

« Les tuer ? »

Ses yeux s’étaient élargis.

« Oui. Ils causent des problèmes à votre village, n’est-ce pas ? Je serais plus qu’heureuse de les éliminer pour vous. », avais-je répondu.

« Je vois… C’est donc le marché que vous souhaitez conclure avec nous. »

« C’est bien ça. Je suis contente que vous compreniez vite. »

En gros, je voulais conclure un accord avec eux pour qu’ils nous paient pour sécuriser la zone. Si la zone n’était pas sûre, ce serait pratique pour nous. Je leur avais fait une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser. Il valait mieux pour eux se placer sous notre protection que de vivre dans la crainte que leurs enfants soient enlevés par des esclavagistes… c’est-à-dire tant qu’ils pouvaient accepter les apparences grotesques des Essaims.

« Et que demanderiez-vous en retour ? »

« Autant d’ingrédients frais que possible. Bien sûr, dans la mesure où cela ne met pas de pression sur le village. »

J’utiliserais ces ingrédients pour me nourrir et produire des essaims de travailleurs. Le fait de devoir me procurer de la nourriture comme si j’étais une des unités du jeu était un aspect gênant que le jeu lui-même n’avait jamais eu.

« Ça ne nous dérange pas, mais est-ce vraiment tout ce dont vous avez besoin ? » me demanda l’ancien

« Il y a effectivement une autre condition, c’est que vous ne regardiez pas ce que nous faisons avec les cadavres des braconniers et des esclavagistes », avais-je répondu avec un mince sourire.

« Leurs… cadavres ? »

« C’est ça. Leurs cadavres. »

Et c’était là qu’était le plan B : utiliser les cadavres des hors-la-loi comme source de nourriture. Je pouvais tuer ces gens sans que personne se plaigne et les utiliser comme ingrédients.

Après tout, c’était là que résidait la force de l’Arachnée : elle piétinait les autres factions, les consommait, et se multipliait, pour répéter le même cycle avec la faction suivante. Il y avait d’autres factions capables de dévorer la concurrence, mais l’Arachnée était la plus forte d’entre elles.

Plus l’essaim tuait d’ennemis, plus leur nombre augmentait, permettant un massacre à une échelle encore plus grande. Forger ce genre d’empire diabolique était l’essence même du style de jeu de l’Arachnée.

« Alors, ne demandez jamais ce que nous faisons de leurs corps. Ça n’a rien à voir avec vous. », exigeais-je.

« Compris. Je suppose que c’est bon », répondit l’elfe, en hochant prudemment la tête.

C’était un acte de diplomatie qui n’aurait pas eu lieu s’il s’agissait d’un établissement humain. Le fait qu’ils soient des elfes m’avait permis de conclure ce marché.

« Nous viendrons régulièrement pour collecter nos ressources. Oh, et j’ai une question : pouvez-vous me dire où se trouve la ville la plus proche ? De préférence une ville qui a un commerce et un marché de viande. »

« La ville de Leen à l’ouest ressemble à ce que vous cherchez. Il y a un grand bazar là-bas, bien que nous ne l’utilisions pas beaucoup. »

Naturellement, mon plan ne s’était pas arrêté aux braconniers et aux esclavagistes.

« Merci. Bien, je vais faire patrouiller la zone par ces petits, donc si vous détectez des intrus, sonner juste une sorte d’alarme et ils s’en débarrasseront en un clin d’œil. »

Ceci conclut mon travail ici pour le moment. Il ne restait plus qu’à voir si mon expérience à venir porterait ses fruits.

☆☆☆**

J’avais fait traîner le chef des esclavagistes jusqu’à la base de l’Arachnée. Il était ligoté et bâillonné par les fils des Essaims, incapable même de crier, car il était entouré de dizaines d’Essaims. Je me sentais presque mal pour lui, mais le fait de savoir qu’il avait essayé d’enlever ces enfants elfes et de les transformer en esclaves avait mis ma sympathie à l’épreuve.

Une personne qui avait orchestré un acte aussi cruel méritait-elle de la pitié ? Je ne le pensais pas. J’avais fixé froidement les yeux de l’homme qui m’avait suppliée d’avoir pitié.

« Enlevez les fils de sa bouche. »

« Comme vous le souhaitez, Votre Majesté. »

À mon commandement, un essaim Éventreur avait utilisé ses faux pour retirer les fils qui gardait sa bouche fermée. Les lames avaient légèrement entaillé ses lèvres, mais vu ce que cet homme avait essayé de faire à ces enfants, il l’avait bien cherché et même plus.

« Qu-Quoi... !? Qu’est-ce que c’est que ces choses !? Qu’est-ce que vous allez faire de moi ? ! », cria l’homme.

« Tais-toi. »

J’avais marché sur sa tête, en pressant mon talon dans sa tempe.

« Je ne veux pas entendre un mot. »

J’avais senti une sorte de veine sadique jaillir en moi.

Non. Mauvaise, mauvaise fille. Je ne me laisserai pas emporter par les pensées de l’Essaim.

« Dis-moi. As-tu entendu parler de l’Arachnée ? »

« Euh, non. C’est la première fois que j’en entends parler. C’est une sorte d’organisation ? Est-ce que ces… choses… en font partie ? »

« Ferme là. »

Je lui avais donné un léger coup de pied à la tête pour mettre fin à ses bavardages.

« C’est moi qui pose les questions ici. »

Il ne savait pas non plus pour l’Arachnée, ce qui aurait été impossible dans le monde du jeu. C’est ce que je soupçonnais. Ce n’est pas du tout le monde du jeu.

« Si tu n’as aucune information, je suppose que je n’ai plus besoin de toi. »

« Attendez ! Ne me tuez pas ! Je ferai n’importe quoi ! Je vous donnerai des esclaves ! J’ai plein de jolis petits garçons ! Ils vous satisferont à coup sûr ! Alors s’il vous plaît… ! »

L’entendre supplier pour sa vie m’avait donné envie de me boucher les oreilles. Le fait même qu’il essayait de me soudoyer me donnait mal au ventre.

« Oh, je ne te tuerai pas. Je vais te mettre à profit. »

Je m’étais approchée d’un certain objet qui se trouvait à côté de moi.

C’était un four à fertilisation.

J’avais demandé aux essaims Travailleurs de le produire à l’avance. Si je devais décrire à quoi cela ressemblait, c’était comme une multitude d’utérus humains qui avaient été extraits et cousus à la hâte. Ce n’était certainement pas une forme que l’on aimerait trop imaginer.

J’avais chargé toute la viande séchée de cerf et de lapin que j’avais obtenue du village des elfes dans le four à fertilisation, puis j’avais parlé à la construction, en l’ordonnant clairement :

« Essaim parasite. »

Le four à fertilisation commença à se tordre et à pulser, faisant des bruits visqueux et répugnants au moment où l’utérus gonflait. Une petite griffe avait percé la chair de fabrication, et la créature à laquelle elle appartenait avait été poussée à l’air libre.

Elle ressemblait à un petit scorpion, ou peut-être à quelque chose de plus proche de la célèbre et grotesque araignée chameau. Cette horreur nouveau-née était un Essaim Parasite, et elle allait bientôt jouer un rôle essentiel dans la réussite du plan B. Il n’avait aucune capacité de combat, mais il possédait une compétence particulière.

« Tu es un esclavagiste, n’est-ce pas ? » demandai-je, en laissant l’Essaim Parasite se glisser sur ma main.

« Oui. Mais je n’attaquerai plus les elfes. Vous avez ma parole. » La voix désespérée du chef commença à se fendre.

C’était bien sûr un mensonge évident. Si je le laissais s’échapper, il attaquerait à nouveau les elfes. Mais si je l’utilisais plutôt à mon avantage, ce serait un problème tué dans l’œuf.

« Je pense qu’il est temps que tu découvres le goût de l’esclavage. »

Avec ça, j’avais enfoncé de force l’Essaim Parasite dans la bouche de l’homme.

Il lutta pour recracher le vilain monstre qui s’était glissé sur sa langue, mais l’Essaim Parasite s’était enfoncé plus profondément à l’intérieur. Et une fois qu’il s’était fixé dans sa gorge, il répandit de minuscules tentacules dans tout le corps de l’homme, qui avait finalement atteint son cerveau.

« Ah, aah, aahhh, aaahhhh... »

L’homme eut des spasmes à plusieurs reprises, et après avoir vomi une fois, il était devenu complètement immobile.

« Défaites ses fils », avais-je ordonné.

Les Essaims Éventreurs avaient déchiré les fils qui le liaient.

« Debout. »

L’esclavagiste se releva, comme je le lui avais ordonné.

J’avais alors ordonné : « Saluez la reine. »

« Saluez la… reine… »

Le négrier m’avait obéi avec des yeux creux.

Oui, comme son nom l’indiquait, l’Essaim Parasite s’était accroché à ses victimes, les transformant en marionnettes qui obéissaient à tous les ordres de son maître — ou maîtresse, dans mon cas —. Si je lui ordonnais de se suicider, cet homme prendrait toutes les mesures possibles pour se tuer.

Cette unité avait de nombreux usages. Elle vous permettait de prendre le contrôle de puissantes troupes ennemies ou de vous faire passer pour l’unité d’une faction ennemie, que vous pouviez ensuite utiliser pour repérer ou même attaquer les travailleurs de l’ennemi.

En plus de la simple tactique des ruées de l’Essaim Éventreur, l’Arachnée était également capable de stratégies plus complexes qui permettaient d’attaquer l’ennemi au moment où il était le moins préparé. C’est ce qui en faisait une faction si amusante à jouer, et c’était pourquoi j’étais si attachée à ses unités, à commencer par les Essaim Éventreur. D’autres factions avaient leurs bons côtés, c’était sûr, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’aimer l’Arachnée d’avantage.

« Voilà. Maintenant, tu sais ce que c’est que d’être un esclave. »

Le plus terrible, c’était que la conscience de l’esclave était toujours là. L’Essaim Parasite liait sa liberté dans son corps, mais ses sens et sa conscience restaient tels quels. Il pouvait sentir l’essaim parasite s’accrocher à l’intérieur de sa gorge et les tentacules s’étendre jusqu’à son cerveau.

C’était un véritable enfer.

Ses sens étaient entièrement intacts, mais chacune de ses actions était dictée par quelqu’un d’autre. C’était un cauchemar. Je ne pouvais pas imaginer ce que l’on ressentait lorsqu’une créature s’emparait de notre gorge et de notre cerveau.

Mais cet homme était un esclavagiste, devenir esclave était le seul sort qui lui était destiné. Je pourrais le dire avec une honnêteté parfaite et sans la moindre hésitation. Bien fait pour toi, racaille.

« Tu as un travail très important devant toi. Un travail crucial, même, donc tu ferais mieux de le suivre. Non pas que tu aies vraiment le choix en la matière. »

Et avec ces mots, mon plan B avait été sérieusement mis en place.

Le plan B était d’obtenir de la viande par des moyens non agressifs. Pour l’instant, nous ne pouvions pas faire la guerre, mais nous devions quand même nous y préparer. C’était pour cette raison que j’avais proposé ce compromis.

Je ne saurai pas si cela marchera si je n’essaie pas. Après tout, c’est un territoire que je ne connais pas du tout, alors on ne sait pas quels problèmes pourraient surgir. Des obstacles imprévisibles ou la société elle-même pourraient se dresser sur mon chemin et essayer de m’empêcher d’atteindre mes objectifs.

Mais cet adage est certainement vrai : on ne sait jamais tant qu’on n’a pas essayé.

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