Jinrou e no Tensei – Tome 3 – Chapitre 3 – Partie 42

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Chapitre 3

Partie 42

Quelque chose dans cette déclaration m’avait interpellée, mais j’étais trop concentrée sur le mur pour y réfléchir. Les morts-vivants semblaient être dirigés par un guerrier portant une couronne. Il tenait en l’air une claymore massive dans une main, et dans l’autre un bouclier avec une gravure d’une tour dessus. Derrière son armée se trouvaient les ruines fumantes de nombreuses villes et châteaux. Pour être honnête, la scène n’était pas très agréable. Mais au fur et à mesure que l’histoire progressait le long du mur, un grand nombre de magiciens étaient apparus et avaient scellé l’armée de morts-vivants sous terre. Ils avaient ensuite brûlé vivant le guerrier qui les avaient invoqués, et enfin la dernière partie de la peinture murale avait représenté sa tombe.

« Je suppose que c’est l’histoire de la façon dont un tyran a rencontré sa fin ? »

Firnir acquiesça.

« Ouais, je pense que c’est ça. Pensez-vous que cette voix appartient au tyran qu’ils ont tué ? »

« Cela pourrait bien l’être. »

Comme il dirigeait une armée de morts-vivants, je supposais qu’il était nécromancien. Et j’avais entendu que les puissants nécromanciens devenaient souvent immortels.

« Peut-être qu’ils ne pouvaient pas réellement le tuer, et à la place, ils l’ont juste scellé ici. »

« Si c’est vrai, ce n’est pas quelqu’un que nous pouvons gérer. »

Ce serait bien si le propriétaire de la voix n’était pas hostile envers nous, mais compte tenu de l’histoire que la fresque racontait, je n’avais pas beaucoup d’espoir.

« Ces gravures pourraient nous donner des indices sur ce que nous affrontons. Voyons si nous pouvons trouver quelque chose… Hein ? »

Le couloir se termina brusquement, menant à une pièce spacieuse.

« Cette pièce n’est-elle pas…, » Firnir s’interrompit. Je n’aimais pas du tout le look de celle-ci. Le centre de la pièce était couvert de marques de brûlures, trace d’un feu de camp récent.

« Oh non… »

Firnir et moi avons toutes les deux gémi de désespoir.

« C’était un grand carré… »

Comme je le craignais, c’était une boucle. Il n’y avait pas de sortie. Nous avions été piégées à l’intérieur de cet étage. Avec une étrange créature.

« Iite… Avec… »

Cette fois, la voix venait de tout près.

« Fir! »

« Compris ! »

J’avais transféré la torche dans ma main gauche et j’avais dégainé mon épée avec ma droite. Firnir s’était déplacée de manière protectrice devant moi et avait baissé sa lance.

« Je suis un général de l’armée des démons, Firnir le Vent Violent ! Qui que vous soyez, si vous avez ne serait-ce qu’un brin d’honneur, je vous demande de vous nommer ! »

Sa voix aiguë transperça les ténèbres comme un couteau. Je ne savais pas qu’elle était aussi courageuse. Un raclement dur, comme celui d’un fer rouillé qui se frotte contre lui-même, parvint à mes oreilles.

« Iite… Avec… »

Lorsque la créature s’était dirigée vers la lumière des torches, j’avais failli crier. Il portait une armure brune rouillée et une épée brisée. Dans sa main libre, il tenait un bouclier ébréché avec un motif de tour gravé dessus. Et sur sa tête se trouvait une couronne brisée. Mais le plus terrifiant de tous, son visage n’était que des os.

« Euh ! » J’avais failli lâcher la torche, mais je l’avais rattrapée à la dernière seconde. « F-Fir ! »

« Cela ressemble à un soldat mort-vivant, mais le fait qu’il puisse parler signifie qu’il n’est pas normal ! » cria Firnir alors qu’elle tenait le squelette à distance avec sa lance.

« Qui êtes-vous !? Si vous possédez l’intelligence, alors parlez ! Si vous refusez de vous nommer, je vous abats ! »

Le guerrier-squelette se tut. Au bout d’un moment, il leva son épée brisée et dit : « Vaw Moona Yuni Dei ! »

« Qu-Quoi ? Est-ce votre nom ? »

Firnir avait faibli, alors j’avais crié derrière elle, « Idiote, c’est évidemment dans une autre langue ! »

« Hein !? Oh, d-désolée ! »

« À quoi ça sert de s’excuser auprès d’un cadavre !? »

Le fait que le squelette puisse parler, mais pas avec des mots que l’un de nous puisse comprendre, semblait avoir laissé Firnir perplexe. Sans se soucier de notre confusion, le guerrier-squelette avait levé son bouclier et avait crié « EEMAGENCE ! »

Le bouclier pourri du squelette émit un bruit étrange. Qu’est-ce qu’il essaie de faire ? Firnir fut la première à comprendre ce qui se passait.

« Shatina, nous avons encore vingt ennemis venant du front ! »

Un groupe de soldats-squelettes, ceux-ci uniquement équipés d’armes, apparut de derrière celui avec la couronne. Ceux-ci étaient plus petits que le premier, alors j’avais supposé que l’un était spécial. Les soldats-squelettes pointaient leurs épées et leurs lances sur nous.

« Meurs ! »

La lance de Firnir jaillit. Normalement, les lances étaient inefficaces contre les morts-vivants, mais ses coups frappaient aussi fort qu’un marteau de guerre. Son coup avait brisé le crâne du squelette le plus proche d’elle.

« Je vais vous tuer tous ! »

Firnir avait donné un coup de lance sur le côté, fauchant une rangée entière de squelettes. Elle est forte. Vraiment forte. J’avais entendu dire que les guerriers morts-vivants étaient à peu près aussi qualifiés que le soldat vivant moyen, mais Firnir les balayait comme s’ils n’étaient rien. Mais peu importe combien elle en avait vaincu, le nombre d’ennemis avait continué de croître.

« Fir, reculez dans le couloir ! À ce rythme, vous serez encerclée ! »

« B-Bon point ! »

Firnir abattit les squelettes les plus proches d’elle, puis fit volte-face et galopa vers le couloir. J’avais couru rapidement après elle. Le passage était juste assez large pour qu’un adulte puisse s’y coucher. Le plafond était également bas, ce qui rendait difficile le fait de balancer une lance.

« Fir, pouvez-vous vous battre ici ? »

« Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas un lancier, je suis un guerrier ! »

Firnir sourit et tapota la hache attachée à sa taille.

« Bien que je suppose que je suis meilleure avec une lance ! »

« Pardon. »

Je craignais de l’avoir amenée à un endroit plus désavantageux. Pourtant, elle n’aurait pas à se soucier autant de me protéger. Ils ne pourraient pas tourner autour d’elle dans un espace aussi clos.

Attends, fais le tour ? Je me retournai, regardant le passage sombre derrière moi. Le couloir était un carré fermé, avec une seule pièce à cet endroit.

« Fir! »

« Qu’est-ce qu’il y a cette fois !? » cria Fir, brisant les boucliers et les crânes de tous les squelettes qui s’approchaient trop près. Elle n’avait pas eu la marge de manœuvre pour faire demi-tour.

« Courons au coin ! Il s’agit d’une boucle fermée, ce qui signifie que les deux passages sortant de cette pièce sont connectés ! »

« Oh oui ! »

Firnir s’était retournée et m’avait tendu la main.

« Grimpez ! »

« Grimpez où !? »

« Sur mon dos ! »

J’avais supposé qu’elle parlait de la partie cheval de son dos. Il était petit, mais suffisamment grand pour accueillir un seul cavalier. C’est mal de monter sur le dos d’un ami, mais je suppose que ce n’est pas le moment de s’inquiéter de savoir si c’est irrespectueux ou pas.

« D’accord ! Et désolée ! »

J’avais été formée à l’équitation, donc je n’avais eu aucun mal à sauter sur le dos de Firnir. Il n’y avait pas de selle, ni d’étriers, ni de rênes, donc c’était difficile de garder mon équilibre.

« U-Umm, Fir… »

« Je vais porter le flambeau, accrochez-vous bien. »

Firnir m’avait pris la torche et j’avais rengainé mon épée. J’avais ensuite enroulé mes deux bras autour de son ventre.

« Hyaah !? Ça chatouille ! »

« D-Désolée ! »

« Oh, ne vous inquiétez pas pour ça. Accrochez-vous, je vais foncer ! »

Firnir accéléra et galopa dans le couloir. Incapables de suivre, les soldats-squelettes ont rapidement disparu. J’avais poussé un soupir de soulagement, heureuse que nous ayons enfin eu le temps de nous regrouper.

« Mettons en place une formation défensive dans le coin. Même si l’ennemi a des armes à distance, il ne pourra pas nous toucher si nous nous esquissons derrière le mur. Et s’ils essaient de nous contourner, ils nous frapperont par le flanc plutôt que par-derrière, donc ils seront plus faciles à gérer. »

« Logique. Je savais que je pouvais compter sur vous, Shatina. »

Je n’avais pas vraiment l’impression de mériter les éloges de Firnir, puisque je ne faisais que suivre les conseils de Maître Veight. C’était lui qui m’avait appris : « Essayez toujours d’amener le combat sur un terrain qui vous est avantageux. » Selon lui, l’emplacement à lui seul pouvait changer l’issue d’une bataille. Comme j’étais mauvaise au combat, je devrais au moins élaborer des stratégies pour nous. Je voulais protéger Firnir de la même manière qu’elle me protégeait. Je voulais pouvoir lui prouver que je n’étais pas un poids mort.

Une fois arrivés au coin, nous pouvions enfin nous reposer un peu. J’étais descendue du dos de Firnir, je lui avais pris la torche et j’avais dégainé mon épée.

« S’ils viennent de côté, je vous le ferai savoir. »

« Compris. Je vais me concentrer sur les combats… et essayer de réduire leur nombre. »

Même si elle m’avait fait un sourire, je savais pourquoi Firnir avait hésité à dire cette deuxième partie. Leur nombre était-il quelque chose que nous pourrions réduire en premier lieu ? L’ennemi était clairement un mage, et ils semblaient capables d’invoquer autant de morts-vivants qu’ils le voulaient. Peu importe la force de Firnir, son endurance n’était pas sans fond. Elle ne pouvait pas résister à une vague sans fin de squelettes. Cependant, il n’y avait pas de temps pour penser à une stratégie différente. C’était la seule option qui nous restait.

Les squelettes apparurent enfin, marchant en file indienne dans le couloir. Ils avaient mis leurs lanciers devant pour garder la ligne arrière.

« Ne pensez pas que vous pouvez me battre dans un combat à la lance ! »

Firnir brandit sa propre lance, affrontant quatre lanciers à la fois. Je sais que je n’arrête pas de le dire, mais elle est vraiment forte !

« RYAAAAAAH ! »

Des étincelles dansaient dans le couloir sombre alors que Firnir brisait les squelettes autour d’elle. Non seulement elle utilisait efficacement une lance dans cet espace clos, mais elle le faisait sans compter sur son plus grand atout : sa vitesse. Le terrain était contre elle, mais Firnir avait continué à abattre les squelettes avec facilité. La masse des squelettes fondit sous sa colère.

« Si vous voulez me battre, vous devrez vaincre un célèbre général ! Ces fantassins ne peuvent même pas m’égratigner ! »

Malgré ses vantardises, je pouvais dire que Firnir se fatiguait lentement. L’assaut des squelettes était sans fin. Est-ce qu’elle va bien se battre aussi longtemps ? Inquiète, je louchai dans le couloir, essayant de voir combien de squelettes restaient. Ils étaient plus têtus que je ne le pensais.

S’ils avaient envoyé une force en cercle, cela prendrait encore un certain temps pour qu’elle arrive, mais je ne pensais pas que nous serions capables d’anéantir l’armée venant du front à ce moment-là. Et à cause de la taille de Firnir, il lui fallait du temps pour se retourner. Épuisée comme elle l’était, je doutais qu’elle puisse se battre sur deux fronts.

Dans ce cas, dois-je surveiller nos arrières ? Non, nous n’avons qu’une torche, je ne peux pas partir toute seule. Reste calme. Réfléchis. Il doit y avoir une meilleure stratégie que celle-ci. Souviens-toi des enseignements de Maître Veight.

Tout d’abord, il est évident que cette bataille va se prolonger. Si nous continuons à nous battre ici, nous serons probablement bientôt coincées. Dans ce cas, il vaudrait mieux que nous bougions avant que cela n’arrive. Mais où ? La seule direction dans laquelle nous pouvons aller est derrière nous. Et s’il y a des ennemis qui nous attendent sur nos arrières, alors… Nous serions certainement morts de l’attaque en tenaille imminente si nous restons sur place. Je ne peux pas penser à une stratégie parfaite pour cette situation, nous allons donc devoir faire un pari.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

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