Je suis un bâtard mais tu es pire – Tome 1 – Chapitre 10

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Chapitre 10 : La vie nocturne est pleine de dangers

La plus grande ville du territoire de Maxwell était la capitale du district, Avalon.

Située au cœur du territoire, Avalon était une ville à deux visages.

Le premier était celui du jour : en tant que plus grand quartier commercial des provinces de l’est, elle abritait un marché fréquenté par les commerçants allants et venants des provinces du centre, du nord et du sud.

Le marché était également bondé de marchands de la province orientale, à la recherche de nouvelles marchandises, ainsi que de la population locale, de sorte qu’il était animé comme un festival chaque jour.

L’autre visage de la ville apparaissait la nuit. Au coucher du soleil, les tavernes et les bordels ouvraient leurs portes. Dans la rue, on commençait à voir des ivrognes vacillants et des femmes invitant les hommes à les suivre dans leurs ruelles. Des torches brûlaient brillamment dans les rues remplies de l’odeur du parfum et de l’alcool.

Je marchais dans les rues de cette Avalon, me dirigeant vers une certaine ruelle. Je ne connaissais que trop bien le chemin, après l’avoir emprunté tant de fois, je n’avais donc pas besoin de guide.

Le quartier dans lequel je me trouvais maintenant s’était transformé en bidonville, on pouvait donc voir des vagabonds et des orphelins affamés ici et là.

« Aussi morne que jamais… »

La capitale du district semblait bondée et animée dans les rues principales, mais un pas au-delà de celles-ci révélait un environnement désolé.

Les ruelles étaient les endroits laissés pour compte par le développement urbain, où se rassemblaient des gens qui gagnaient à peine de quoi vivre le lendemain.

Chaque fois que je visitais cet endroit, j’avais l’impression que des épines acérées de glace me transperçaient la poitrine. En tant que membre de la classe dirigeante, je me sentais responsable.

Ce n’est pas non plus comme si les politiques du vieux avaient échoué. Peu importe le nombre d’institutions publiques que nous créons et les emplois que nous donnons aux pauvres, il y a toujours des gens qui se ruinent.

Certains se ruinaient avec l’alcool ou les femmes.

Certains jouaient jusqu’à ce qu’ils se noient dans les dettes.

Certains étaient trompés dans leur investissement.

Peu importe la capacité du seigneur, de la manière dont il aimait et chérissait le peuple, il y aura toujours des gens qui tomberont dans les fosses de la société.

Il n’y avait pas de raison d’y réfléchir. Je le savais dans ma tête, mais…

« Nous devons au moins faire quelque chose pour les enfants. Construire un nouvel orphelinat, afin de s’assurer qu’ils puissent recevoir un minimum d’éducation… mais on ne peut rien faire sans argent… »

J’avais avancé dans les ruelles sans hésiter, tout en grommelant pour moi-même.

J’étais venu rendre visite à un homme qui vivait dans ces taudis.

Il était déjà tard dans la nuit. Ce n’était certainement pas une heure où un jeune héritier devait se promener seul, mais personne du manoir ne m’avait arrêté, pensant que je me rendais de toute façon dans un bordel.

Dois-je prendre cela pour de la confiance ou de l’irresponsabilité… ? C’est bien là le problème.

Je sortais pour une raison très sérieuse, mais tout le monde pensait que je ne cherchais que le plaisir, ce qui était assez irritant.

La personne que j’allais rencontrer n’était pas quelqu’un que je pouvais voir en public, il fallait donc agir en secret.

« Mais d’abord, pourquoi doivent-ils vivre dans un endroit comme celui-ci ? C’est ce que je ne comprends pas à propos de ces types de la pègre… hm ? »

J’avais soudainement senti une présence et m’étais arrêté dans mon élan.

« … On dirait que j’ai un invité. »

Quelqu’un se cachait dans les environs. Ce n’était certainement pas quelqu’un des bas-fonds : une aura poisseuse et lourde d’intention meurtrière se dégageait d’elle.

C’était l’aura typique d’un assassin, quelque chose que j’avais appris à reconnaître après des années d’expérience.

« C’est bien ma chance… si je dois m’amuser la nuit, je ne veux le faire qu’avec de jolies filles, par contre… »

J’avais tourné au coin de la rue et j’étais arrivé sur une parcelle vide.

Heureusement, il n’y avait pas de vagabonds dans le coin. C’était l’endroit parfait pour faire un peu de folie.

J’avais soufflé la flamme de la lampe que je portais et l’avais posée sur le sol. Le seul éclairage restant était le clair de lune, mais je voyais assez bien dans le noir, donc ce n’était pas un problème pour moi.

Je dégainai l’épée à ma taille et posai une question à l’obscurité.

« Je suis prêt et je t’attends ici… et toi ? »

La réponse était venue sous la forme d’une flèche.

Je l’avais esquivée sans trop d’effort, mais une deuxième, puis une troisième flèche avaient suivi.

« Hm, là… ! »

Alors que je continuais à esquiver les flèches, j’avais senti une présence au-dessus de ma tête.

« Prends ça !!! »

Un homme sauta du bâtiment situé à côté de la parcelle vacante. Les attaques de flèches étaient apparemment destinées à me conduire ici.

« Qu’est-ce que tu fais, tu cries pendant une embuscade ? Ordure de troisième ordre. »

« Gah… ! »

J’avais rapidement esquivé la dague de l’homme et lui avais tranché la tête.

J’avais ensuite attrapé la dague tombée de sa main et l’avais jetée à l’endroit d’où provenaient les flèches.

« Ghaah !! »

« Bingo ! Qui est le suivant ? »

Je doutais qu’ils aient réellement répondu à mon appel, mais deux hommes armés d’épées étaient apparus par devant, puis un avec une hache par-derrière, tentant de me prendre en tenaille.

« Yaaahhhhh !!! »

« Meuuuuuuurt !!! »

Les deux épées à l’avant étaient arrivées en premier. Je m’étais penché sur le côté et m’étais glissé dans l’ouverture qui les séparait.

« Quoi !? »

« Viens ici. »

« Gwaah !? »

J’avais tiré la main d’un des hommes pour lui faire perdre l’équilibre, puis j’avais tourné derrière lui et lui avais donné un coup de pied dans le dos.

Je lui avais donné un coup de pied dans la direction précise où se trouvait l’homme à la hache, qui visait à me frapper par-derrière, mais il avait fini par fendre la tête de son camarade en deux.

« Ne croyez pas que ce genre de travail d’équipe bâclé va marcher sur moi !! »

Après avoir nargué les agresseurs, j’avais abattu l’autre épéiste. Seul l’homme à la hache était resté.

« Merde !! »

« Attends, toi !! »

Le bûcheron avait jeté son arme au sol et s’était enfui. Surpris par la tournure soudaine des événements, je ne l’avais pas immédiatement poursuivi.

« Tu as tué ton propre camarade et maintenant tu t’enfuis ? Alors, pourquoi es-tu venu ? Tu ne vas pas les venger !? »

« Tais-toi !!! Ma propre vie est plus importante que tout cela ! !! Camarades ? On s’en fout ! »

Tout en faisant preuve d’un égoïsme presque rafraîchissant, l’homme et sa présence disparurent dans l’obscurité.

Il serait assez dangereux de le poursuivre dans les ruelles noires, j’avais donc décidé de le laisser partir.

« Aah, merde… j’ai oublié de demander qui les a lancés sur moi. »

Je m’étais gratté la tête en rengainant mon épée, puis j’avais attrapé la lampe que j’avais laissée sur le sol.

« GWAAAHHHHH !!! »

« Hm ? »

À ce moment précis, un cri d’agonie était sorti des ténèbres.

Un cri qui, si j’avais bien entendu, provenait de l’homme que je venais de perdre de vue.

« Ce n’était pas… quelqu’un de mon côté, n’est-ce pas ? »

« Correct, je ne suis pas votre allié. »

Je ne m’attendais certainement pas à une réponse, mais j’en avais reçu une des ténèbres. C’était une voix féminine claire et légère, comme une brise soufflant dans les plaines.

J’avais entendu des pas se rapprocher, et finalement, la propriétaire de la voix s’était avancée dans la lumière de la lune.

« Oh, une fleur de clair de lune… pas mal du tout. »

(NdT : Dyngir utilise le nom de la fleur comme un jeu de mots. En japonais, c’est littéralement « Beauté au clair de lune »)

« Je ne suis pas exactement sûr de ce que vous voulez dire, mais je vais prendre cela comme un compliment. Je suppose que je devrais vous remercier. »

C’était une belle femme avec des cheveux argentés s’étendant jusqu’à sa taille. Dans ses mains, elle portait une lance.

Elle tourna la poignée et dirigea la pointe de la lance vers moi.

Chacun de ses mouvements était gracieux et raffiné, presque mystique.

Je vois… sortir jouer ce soir en valait vraiment la peine… !

La nuit s’avérait être plus amusante que je ne le pensais.

Mes lèvres s’étaient courbées en un sourire féroce alors que je pointais mon épée vers la beauté au clair de lune.

Mes yeux s’étaient rétrécis tandis que je l’examinais attentivement de la tête aux pieds, puis j’avais hoché vigoureusement la tête.

Elle est sans aucun doute habituée à tuer.

Je n’avais pas pu trouver de réelle ouverture dans sa position.

Son aura indiquait clairement que toute hésitation ou frappe imprudente se terminerait avec sa lance empalée dans son corps.

Elle était soit une mercenaire vétéran, soit un chevalier.

Un tout autre niveau que les gars en noir d’avant. C’est à tous les coups ma plus grande menace aujourd’hui, ou peut-être…

La femme portait une simple robe blanche avec une demi-plaque de cuir par-dessus. La robe avait de longues fentes qui exposaient généreusement ses jambes nues. Une peau claire et pâle qui brillait à la lumière de la lune. Honnêtement parlant, elle avait l’air terriblement appétissante.

« C’est une robe très provocante que vous portez -là. Ça ne vous gêne pas pendant vos assassinats ? »

C’était vraiment dommage qu’elle soit un assassin. Si elle était une femme d’un autre métier, je remplirais volontiers ses poches d’or.

Sa réponse, cependant, était plutôt inattendue.

« Oh, s’il vous plaît, ne vous méprenez pas. Je ne suis pas un assassin, mais une aventurière. »

« Une aventurière ? »

Les aventuriers étaient des personnes qui exploraient des ruines anciennes et d’autres terres inconnues, déterraient des trésors, exterminaient des bêtes dangereuses, et d’autres choses similaires pour gagner leur vie.

Il y avait peu de ruines de ce type sur le territoire des Maxwell, donc j’en rencontrais rarement, mais dans la province du Nord, où les ruines étaient éparpillées partout, la guilde — une organisation créée pour gérer les aventuriers et leurs activités — avait suffisamment de pouvoir et d’autorité pour rivaliser avec l’État.

« Aux dernières nouvelles, je ne suis pas un monstre. Je n’ai rien fait non plus pour devenir la cible d’une extermination. »

« Peut-être pas dans ce pays, mais malheureusement je viens de l’empire de l’Est. La guilde des aventuriers a mis à prix la tête de Dyngir Maxwell, assez d’argent pour acheter un château. »

« Eh bien, n’est-ce pas un honneur. »

Il s’était avéré que la dame était une tueuse envoyée par nos voisins, l’Empire.

L’Empire occupait les terres au nord et à l’est du royaume de Lamperouge : nous avions eu plusieurs conflits militaires par le passé.

J’avais participé de nombreuses fois à ces batailles. J’avais fait tomber des commandants célèbres, et plus d’une fois. Je comprenais pourquoi j’étais une personne visée.

La belle aventurière pointa sa lance vers l’un des cadavres étendus sur le sol.

« Bien que je doive dire que j’ai uni mes forces avec ces gens pour la première fois aujourd’hui, et je ne sais pas d’où ils viennent. Ils semblaient habitués aux embuscades dans l’obscurité, donc ils pourraient être de véritables assassins. »

« C’est le cas. Quoi qu’il en soit, vous avez tué le gars qui s’est enfui plus tôt, non ? Cela ne va-t-il pas être un problème pour vous ? Même si ce ne sont pas des aventuriers, je pensais que tuer ses camarades était tabou dans votre métier. »

J’avais évoqué le fait qu’elle avait tué un de ses camarades, mais elle s’était contentée de rire.

« Non, ce n’est pas un problème, merci. Nous avons juste été engagés par les mêmes personnes, ils ne sont pas considérés comme des camarades pour moi. En fait, j’étais opposé à cette embuscade. Se battre contre un guerrier de renom comme Dyngir Maxwell comme ça, à plusieurs contre un, en se cachant dans l’obscurité ? Ce serait une opportunité complètement gâchée. »

« Ce serait un gâchis ? » j’avais demandé avec un froncement de sourcils suspicieux.

« Oui. J’ai proposé de vous défier en duel, de vous affronter un par un, dans l’ordre. Cependant, ils ne l’ont même pas envisagé et ils m’ont écartée de toute discussion ultérieure. »

Ainsi s’expliqua la belle aventurière, avec un ton déçu dans la voix.

Je trouvais sa volonté de se battre à la loyale louable, mais ce n’était pas une stratégie intelligente.

Malgré son extérieur calme et posé, se pourrait-il qu’elle ne soit qu’une idiote ?

« Eh bien, maintenant il n’y a plus que vous et moi, donc je suppose que tout est bien qui finit bien. En fait, j’ai accepté cette demande parce que je voulais me battre contre vous. Il n’y a plus personne sur le chemin, alors croisons les épées à notre guise, d’accord ? »

« … Je vois, vous êtes donc ce genre d’individu. »

Il y a des gens qui se sentaient plus vivants quand ils se battaient en mettant leur vie en jeu. On les appelait les « drogués du combat », mais pour moi, ce n’était que des idiots gênants. Apparemment, elle en était une aussi : la seule chose à laquelle elle pensait était de me combattre dans un duel à mort.

« … Personnellement, je préfère me battre au lit avec de belles femmes. », avais-je soupiré tout en exprimant honnêtement mon opinion.

La dame aventurière m’avait répondu avec un air sérieux.

« Vous pourrez faire ce que vous voulez après m’avoir tuée. Je ne pourrai plus résister, alors vous pourrez y aller à fond, d’accord ? »

« Vous me prenez pour un maniaque ou quelque chose comme ça… ? Si je couchais avec une femme après l’avoir tuée, je parie que je ferais des cauchemars plus tard. »

« Vous êtes difficile, n’est-ce pas. Vous avez pu en supporter autant. »

« Quoi ? C’est moi qui suis bizarre ici ? »

De toute évidence, parler ne me menait nulle part.

J’avais pris une longue inspiration, puis j’avais préparé mon épée dans une position de combat.

Ma lame avait ensuite été pointée vers la poitrine généreuse de mon adversaire.

« Ça ne sert à rien de gaspiller des mots, hein. On dirait qu’il sera plus rapide de laisser nos armes parler. Je vais vous capturer vivante : je vais vous frapper jusqu’à ce que vous ne puissiez plus bouger, puis vous traîner jusqu’à l’auberge la plus proche. »

« Comme c’est intéressant… Voyons si vous êtes vraiment assez habile pour me capturer vivante !!!. »

« Rassurez-vous, je le ferai… je suis Dyngir Maxwell. Nommez-vous, princesse de la nuit. »

Après m’être présenté, ma belle adversaire dévoila ses crocs, telle une lionne visant sa proie.

« Je suis Shana Salazar ! Que nos corps et nos âmes brûlent dans la joie de la bataille ! »

La princesse de la nuit, Shana, avait poussé sa lance, que j’avais rencontrée avec mon épée.

Les deux armes s’étaient heurtées bruyamment, projetant des étincelles vives dans l’obscurité.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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