Je suis un bâtard mais tu es pire – Tome 1 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : La puberté est gênante aussi bien pour le parent que l’enfant

Bureau du manoir du Maréchal Maxwell.

J’étais assis devant le bureau, regardant des documents, ce qui était rare pour moi.

J’étais plutôt une personne d’extérieur : même pour le travail, je préférais généralement être sur le terrain, à donner des ordres directement.

Bien sûr, tout ne pouvait pas être fait de cette façon, je devais donc parfois m’occuper de la paperasse.

Actuellement, il n’y avait que deux personnes dans le bureau : moi et mon père, l’actuel Maréchal Maxwell.

C’était un peu gênant de travailler seul avec mon père. Je n’avais rien à dire avec lui et l’ambiance était plutôt tendue.

Mon père aussi semblait mal à l’aise : je l’avais vu jeter des coups d’œil dans ma direction à plusieurs reprises pendant que nous travaillions. Il aurait pu prendre la parole s’il avait eu quelque chose à dire, mais apparemment il avait autant de mal que moi à trouver un sujet.

L’ambiance gênante avait finalement été interrompue lorsqu’une troisième personne entra dans le bureau.

« Excusez-moi, mon seigneur, jeune maître. »

Ce tiers était l’intendant de la maison.

Il m’appelait habituellement « Seigneur Dyn », comme il le faisait lorsque j’étais enfant, mais, lorsque je travaillais, il utilisait le terme « jeune maître ».

« Je viens de rentrer. Je m’excuse de vous avoir fait attendre. »

« Oui, merci pour ton dur labeur. »

Mon père, très soulagé, salua l’intendant.

L’intendant avait participé à la cérémonie de mariage de la maison Nommes à ma place.

« La cérémonie de mariage de la jeune Dame Nommes et du Seigneur Sullivan s’est déroulée sans accroc. Ils ont été extrêmement heureux des cadeaux de félicitations et m’ont confié également un cadeau en retour. »

« Je vois, c’est bon de savoir que tout s’est bien passé. »

Mon père soupira de soulagement.

Naturellement, j’avais tout rapporté du déchaînement de Sullivan lorsqu’il était venu me rendre visite.

Sullivan avait été jusqu’à dire qu’il me rendrait sa fiancée, Selena. Son père s’inquiétait sûrement de savoir s’il serait effectivement présent à la cérémonie.

« Excellent, comme l’a dit le vieux. Comment s’est déroulée la cérémonie ? »

L’intendant de la maison hocha la tête et commença à expliquer.

« Les proches parents de la maison Nommes ont tous participé à la cérémonie, mais la maison Efreeta, la maison Silfis, la maison Ondine et les autres serviteurs directs de la maison Maxwell n’étaient pas présents. »

« Eh bien oui, je savais bien qu’ils ne s’y rendraient pas. Et les nobles de la capitale ? »

« Quelques amis du Seigneur Sullivan étaient présents, mais ils étaient tous comtes ou nobles de rang inférieur. Les maisons de ducs et de marquis n’ont apparemment envoyé que des messagers. »

« Je vois. »

Les puissants nobles de la famille royale avaient alors complètement abandonné Sullivan.

À peu près au même moment où le mariage de Sullivan et Selena avait été officiellement enregistré, la famille royale avait annoncé que le frère cadet de Sullivan, le prince second-né, était le nouveau prince héritier.

La raison pour laquelle Sullivan avait été démis de son poste de prince héritier n’était pas qu’il s’était battu contre les maisons Rosais et Maxwell, mais parce qu’il avait trouvé le grand amour.

Selon l’annonce de la famille royale, Sullivan était tombé amoureux d’une noble de bas rang.

Un amour interdit entre un homme et une femme déjà fiancée à d’autres.

Afin d’être avec son véritable amour, Sullivan avait volontairement renoncé à son titre de prince héritier et avait coupé tout lien avec la famille royale.

Émues par leur amour pur, la maison Rosais et la maison Maxwell avaient donné leur bénédiction à cette union. Sullivan s’était donc marié dans la maison du Baron Nommes… du moins, c’était ce que disait l’annonce.

Je suppose que le duc Rosais a monté toute l’intrigue. C’est presque admirable de voir comment ils peuvent servir la famille royale malgré une telle trahison.

J’avais silencieusement loué le duc Rosais, un modèle de noblesse à mes yeux, puis j’avais croisé les bras et pensé tout haut.

« Maintenant, il n’y a plus aucune chance pour Sullivan de revenir un jour dans la famille royale. Mais cet imbécile instable acceptera-t-il cette situation… ? »

« Tu parles comme si tu n’avais rien à voir avec ça… tout ça est arrivé parce que tu l’as poussé trop fort, pas vrai ? »

Père soupira désespérément et me réprimanda.

« Il s’est battu avec moi en premier. Sans représailles appropriées, la réputation de la maison Maxwell en aurait souffert, non ? »

On m’avait enlevé ma fiancée et j’avais été humilié publiquement : si je me contentais d’encaisser et de ne rien faire, la maison Maxwell aurait donné l’apparence d’être le toutou de la famille royale. Même si la famille royale était supérieure en rang, nous devions montrer qu’elle ne pouvait pas faire tout ce qu’elle voulait.

« De plus, en regardant les résultats, je suis presque sûr que c’est une bonne chose que ce type ne soit plus le prince héritier. S’il devenait roi, le pays tomberait définitivement dans le chaos. »

« Je le sais bien. »

Père secoua la tête encore plus désespérément, puis continua.

« Ce que je veux dire, c’est qu’il n’était pas nécessaire de l’imposer à la maison des Nommes ! Si ce misérable imbécile devient le prochain Baron Nommes, la province en souffrira certainement ! »

Misérable imbécile ? Le vieil homme savait aussi manier les mots.

Eh bien, après avoir connu le récent déchaînement de Sullivan, je suppose qu’il serait normal de le décrire ainsi.

« Je suis tout à fait d’accord sur ce point. Le marier aux Nommes aurait pu être une idée superficielle de ma part. »

J’avais écarté les bras et exprimé mon accord avec les mots de mon père.

Père se frottait les tempes, comme s’il essayait de supprimer un mal de tête.

Je l’ai rendu inquiet… ses cheveux vont devenir encore plus blancs qu’avant.

J’avais regardé la tête de mon père et j’avais un peu regretté le fait de lui avoir donné plus de raisons de s’inquiéter.

Je n’avais aucune intention de troubler mon père, et je ne souhaitais pas non plus que la province de l’Est tombe dans le désarroi.

Je regrettais donc sincèrement que mes actions aient abouti à ce résultat.

« Quoi qu’il en soit, ne t’inquiète pas, Père. J’ai une idée sur la façon de traiter avec Sullivan. »

J’avais semé les graines, il était donc temps de les récolter.

Pour être parfaitement honnête, maintenant que je l’avais arraché de sa position de prince héritier et jeté dans la maison du baron, je n’avais plus guère d’intérêt pour Sullivan, mais je devais assumer mes responsabilités jusqu’au bout.

« … Que complotes-tu cette fois-ci ? »

« Seigneur Dyn, s’il vous plaît, n’en faites pas trop… »

« Haha, ne m’appelle pas comme ça quand je travaille. C’est bon, je n’en ferai pas trop, et je ne dérangerai pas le vieux cette fois-ci. »

Je voulais apaiser leurs inquiétudes, mais l’intendant et Père avaient l’air encore plus inquiets qu’avant.

Ils ne me font pas confiance du tout, hein… oh, très bien.

« Vous n’avez vraiment pas besoin de vous inquiéter, d’accord ? Je ne vais rien faire de compliqué. Si Sullivan agit d’une manière adaptée à son statut actuel, alors c’est bon. S’il ne le fait pas, alors je ferai simplement ce que ma position d’héritier du maréchal m’oblige à faire. Je vais juste donner à Sullivan un test de loyauté, pour voir s’il est apte à devenir un noble de la province orientale. »

« … Qu’il en soit donc ainsi, je m’en remets à toi. »

« Et tu ne le regretteras pas. Tu pourrais aussi bien me laisser ces documents, j’ai déjà fini ma part. »

« … »

Je pris les documents des mains épuisées de mon père et continuai à faire mon travail d’héritier du maréchal.

Il restait encore un peu de temps avant qu’une nouvelle agitation ne frappe la province orientale du royaume de Lamperouge.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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