J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 5 – Chapitre 81

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Chapitre 81 : Illsyore déchaîné

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Chapitre 81 : Illsyore déchaîné

Partie 1

[Point de vue d’Illsyore]

Qu’est-ce que j’avais entendu ?

Qu’est-ce que c’était que j’avais vu ?

Devant mes yeux, j’avais vu l’entêtée Zoreya sourire, pleurer, dire ces mots qui touchaient mon cœur. C’était un aveu, mais elle était tombée et j’avais vu le sang.

La tache rouge se répandit sur le sol, tandis que Les Ténèbres riaient de joie.

L’arme qui l’avait tuée… était dans ma main…

« Je la tiens dans ma main ? » J’avais dit et je l’avais vu.

Ce n’était pas une fenêtre par laquelle je regardais. J’étais de retour dans mon corps. Je regardais Zoreya de mes propres yeux… ou œil.

« Toi… Comment !? » Les Ténèbres m’avaient demandé, mais je les avais ignorées.

Avais-je le pouvoir de le faire ? Depuis quand ?

Je ne savais pas… Je m’étais penché sur le corps de Zoreya et je lui avais doucement touché sa joue.

« Elle n’est pas morte…, » j’avais été surpris quand j’avais senti son souffle faible.

« Est-ce si important ? Elle sera partie dans quelques instants ! » Les Ténèbres rirent avant de m’éloigner d’elle en me repoussant la main.

En effet, je ne contrôlais plus qu’une petite partie de mon corps, il contrôlait le reste.

Avec ça, je pourrais me suicider et en finir, mais alors… qu’arriverait-il à Zoreya ? Qu’arriverait-il à Nanya, Shanteya, Ayuseya, et Tamara qui étaient encore piégées dans mon esprit intérieur ? Elles y resteront jusqu’à ce que le mana qui les avait maintenues en vie disparaisse ou qu’un autre Donjon prenne possession de mes « biens ».

Pourquoi suis-je comme ça ? m’étais-je demandé. Mais je ne me souvenais plus de ce qui s’était passé entre le moment où j’avais vu les larmes de Zoreya et maintenant quand j’étais dehors. C’était flou, et quand j’avais essayé de le dissiper, une douleur paralysante avait fait irruption en moi.

« Argh ! » J’avais gémi et attrapé ma tête de la main gauche.

Ça fait mal.

J’avais réalisé seulement maintenant que je n’étais pas seul. Les Ténèbres étaient là et n’avaient pas cessé de m’attaquer ne serait-ce qu’une seconde, car elles essayaient constamment de prendre le dessus. C’était la douleur qui m’avait fait me souvenir.

« Laisse tomber, espèce d’humain ! Tu ne mérites pas ce corps ! Donne-le-moi et pars dans ton prochain monde ! » déclara-t-il.

Assez étrange, mais il parlait avec la même bouche que j’avais l’habitude d’utiliser, seul son ton de voix était beaucoup plus agressif que le mien.

À ce moment-là, alors que son but était à sa portée, les Ténèbres ne pouvaient pas se permettre de perdre contre moi. Pendant un moment, je m’étais demandé s’il ne vaudrait pas mieux pour moi de simplement… abandonner et laisser mon corps se faire prendre par l’autre, mais quand j’avais regardé Zoreya à peine accrochée à ce dernier fragment de vie… Je ne pouvais pas…

Ça l’a blessée… Ça l’a tuée… Tout comme il le fera pour chacune d’entre elles…, avais-je pensé.

Les larmes coulaient de mon œil gauche, mais la force dont j’avais besoin pour lutter n’était pas là… mais en même temps elle l’était. Non, elle était scellée… au fond de moi… cachée et masquée par d’innombrables couches d’illusions projetées sur mon esprit faible.

Qu’est-ce que j’étais ? Un humain… un humain faible, pathétique… humain, mais…

« ET JE NE VEUX PAS QUE TU REVIENNES, ESPÈCE D’ORDURE ! » J’avais crié et j’avais lutté pour me battre contre elles.

Ça t’a fait mal ?

Oui…

Terriblement…

La douleur était telle que j’avais l’impression d’être déchiré d’un membre à l’autre. Chaque fibre de mon corps hurlait quand j’avais poussé mon corps. Ça fait mal…

Mais contre cette chose… ce gaspillage en dessous de moi qui n’était qu’un humain faible, je ne pouvais tout simplement pas me permettre de perdre, peu importe à quel point ça faisait mal ! Cette CHOSE n’était rien de plus qu’un rassemblement de souvenirs longtemps perdus des anciens propriétaires de ce corps.

Oui, j’étais un humain faible et pathétique… D’une certaine façon, un perdant pour avoir abandonné le combat si facilement, pour avoir fui mes femmes, pour avoir fui cette douleur, mais au moins, j’avais encore une âme que je pouvais appeler la mienne. J’avais encore la volonté de me battre contre elles.

Que serait-il arrivé si j’abandonnais ?

Pour dire les choses simplement…

Je le regretterais…

Je le regretterais profondément et terriblement au point que dans ma vie future, je ne souhaiterais plus jamais rencontrer mes épouses !

Pourquoi ?

Parce que j’avais peur de les regarder dans les yeux et d’entendre que j’avais tort… J’avais peur de mes propres erreurs et j’avais peur d’aller de l’avant. Je craignais même la peur de la peur… ce qui en soi était ridicule.

C’était précisément ce qui avait fait de moi rien de plus qu’un être humain stupide et faible, mais qui avait osé dire qu’il aimait encore les femmes qu’il avait rencontrées dans cette vie.

D’un point de vue humain, je ne devrais être rien de plus qu’un tout-petit, mais de mon côté, j’avais plus de trente ans.

Cette douleur que j’avais soufferte en me poussant contre ce monstre n’était rien… Je me sentais encore plus mal avant… quand je pensais que mes femmes me haïssaient et regrettaient de m’avoir rencontré.

Ainsi, serrant les dents, je m’étais forcé à rester pour récupérer mon corps.

Et alors, si ça fait mal ?

Et si je devais mourir ?

N’était-il pas arrivé la même chose à mes femmes et maintenant... Zoreya ? Elles avaient mené leurs propres batailles. Elles avaient ressenti leur part de douleur, que ce soit plus ou moins que celle des autres, mais finalement, elles avaient tenu bon et avaient gagné…

Pourquoi n’avais-je pas pu ?

« VA T-EN ! » J’avais crié et mes paumes tendues avaient pointé vers mon extrême gauche et vers ma droite.

De puissants faisceaux laser étaient entrés en collision avec la barrière, mais j’avais continué à tirer jusqu’à ce que mes bras commencent à chauffer et les cristaux à craquer.

Je m’en fichais si ça faisait mal, je devais me pousser jusqu’à la limite absolue si je voulais gagner cette bataille.

« DONNE-MOI CE CORPS ! » crièrent Les Ténèbres.

« NON ! » J’avais sauté vers l’arrière, atterrissant sur un tas de rochers.

« ARGH ! » J’avais gémi en raison de la douleur en me tortillant sur le sol, les rayons continuaient de tirer de mes paumes, creusant des fossés tout autour de moi, dévastant l’environnement.

Si on me regardait maintenant, je n’étais pas différent d’un être humain possédé par un démon, mais peut-être que ce n’était pas si loin de la vérité.

La peau noire sur mes bras, une couche de métal que Les Ténèbres avaient ajouté à sa guise, avait commencé à fondre et à brûler ma chair située en dessous. Le cristal sur ma poitrine était craquelé à plusieurs endroits tandis que la fumée verte et la fumée rouge s’affrontaient.

La douleur que j’avais ressentie était au-delà des mots, mais je m’étais quand même battu…

C’est étrange qu’il y avait un instant, je n’eus aucune raison de le faire.

Plus étrange, c’était que même si je le voulais, à cause de la douleur que je ressentais, je ne pouvais pas m’empêcher de débattre si je voulais vraiment le faire ou non. Tout ce que je savais à ce moment du flou et de la douleur, c’était que je devais gagner. Je devais repousser Les Ténèbres. Je devais reprendre le contrôle… Mais au rythme où les choses se déroulaient, cela n’avait pas l’air très bien.

Pour gagner, je devais faire autre chose, je devais gagner plus de puissance… Je devais…

Euh… Que pouvais-je faire pour gagner contre Les Ténèbres à nouveau ? C’était quoi déjà ?

Ce n’était que pour un bref instant, mais quand ces questions m’avaient traversé l’esprit, Les Ténèbres m’avaient repoussé dans l’Esprit Intérieur. Cependant, je les avais saisies et les avais traînées avec moi.

[Point de vue de Shanteya]

Il n’y avait rien de plus douloureux pour nous, les femmes d’Illsyore, que de le voir lutter contre un ennemi sans scrupules et souffrir seul à cause de lui. Nos paroles d’amour et d’espoir ne lui étaient jamais parvenues. Nous nous étions donné du mal pour rien, mais à un moment donné, il s’était passé quelque chose… Un changement s’était produit.

« NOOOONNN ! » hurla-t-il à la fenêtre devant lui, et les chaînes sur son dos se fendirent.

La lumière s’était répandue depuis son dos, perçant l’obscurité, mais ce n’était pas suffisant pour les briser. Ce n’était pas suffisant pour nettoyer cet endroit.

« Tu peux le faire, Illsy ! »

« Bats-toi ! »

« On t’aime, Illsy ! »

Nous avions toutes crié. Chacune, avec qui nous semblait juste.

S’il nous entendait, nous ne le savions pas, mais c’est alors que nous avions vu comment des fouets d’ombres se formaient tout autour de lui, ondulant et se tortillant comme des démons du monde souterrain. Ces choses m’effrayaient, même pour moi.

En regardant en bas, j’avais vu mes mains trembler. En regardant vers Tamara, je l’avais vu crier et pleurer avec ses poils dressés à toutes ses extrémités. Ayuseya criait et pleurait. Sa voix était rauque à cause de tous ces cris. Nanya luttait aussi contre l’obscurité qui la maintenait immobilisée, mais toutes ses forces ne pouvaient même pas la faire bouger.

Pourquoi… pourquoi doit-on souffrir comme ça ? J’avais pensé à cela alors que des larmes coulaient le long de mes joues.

J’avais levé les yeux vers Illsy. Il pleurait. Il souffrait. Il souffrait comme jamais auparavant, mais ce qui nous faisait le plus mal, c’était le simple fait que nous ne pouvions pas tendre la main et aider l’homme que nous aimions.

C’est vrai… Être incapable d’aider la personne que tu aimes te fait le plus mal… J’avais pensé à cela en ouvrant la bouche et en ne l’appelant que par son prénom.

En même temps, la voix de Zoreya résonnait dans toute cette obscurité.

« Illsy… »

Sa voix était douce, tout en gardant une douce trace de tristesse.

« Illsy… Je t’aime… Alors, ne perds jamais espoir… Bats-toi !... Tu peux gagner… Toi seul peux… parce que, Illsy, celui que nous aimons n’est que toi… l’humain qui se cache dans le corps de ce Donjon. »

Cela m’avait un peu irritée, mais en même temps, j’étais heureuse que Zoreya ait pu lui transmettre ces quelques mots. À ce moment-là, peu importait qui c’était, tant qu’elle pouvait atteindre notre bien-aimé. Aucune de nous ne voulait courir pour être la première. Ce que nous voulions, c’était qu’il se rétablisse et qu’il retrouve son doux sourire.

Ce qui suivit fut un cri d’agonie et de désespoir de la part d’Illsy.

« AAA !! NOOOONNN !! AH ! AAA !! »

C’était un cri si puissant qu’il nous avait même blessés physiquement.

« Argh ! » J’avais gémi en sentant ma poitrine se serrer.

Illsy pleurait des larmes de sang… littéralement des larmes de sang. La douleur était telle que les chaînes noires qui sortaient de son dos se brisaient simplement en morceaux. La lumière avait surgi vers l’extérieur, perçant l’obscurité, qui avait commencé à ressentir une agonie. Des craquements étaient audibles, mais même cela n’était pas suffisant pour les faire disparaître.

La lumière et les ténèbres se mêlaient comme des éclairs qui s’affrontaient dans la nuit, mais tout comme l’eau et l’huile, ils se rejetaient l’un et l’autre. L’un d’eux devait gagner, alors ils s’étaient battus pour la domination, changeant, se tortillant et tournant avec des sons tonitruants tout autour de nous.

À ce moment-là, nous craignions tous les effets que cela allait avoir sur nous, qui étions en plein milieu de tout cela.

Peu de temps après le début de ce phénomène étrange, Illsyore revint à cet endroit.

« Je ne te laisserai pas faire ! » Les Ténèbres parlaient alors qu’elles se manifestaient devant Illsy sous la forme d’un être flippant, ombragé et identique à lui.

Nous avions été engloutis dans la peur et avions regardé un Illsy fou furieux fait de lumière se précipiter vers celui fait de l’obscurité. Le premier coup de poing avait été donné par notre Illsy, envoyant une puissante vague d’énergie à travers Les Ténèbres. La contre-attaque était venue comme une vague de lumière noire qui avait été tirée sur Illsy, brisant sa main gauche.

Comme si ce n’était rien, il s’avança vers Les Ténèbres, tandis que sa main se régénérait et il lui donna un coup de poing en plein visage. Mais cette bataille ne s’était pas arrêtée à une simple bagarre. Des faisceaux de lumière, d’ombre et de puissants sorts magiques se déchaînèrent rapidement les uns sur les autres.

Pour dire les choses simplement, c’était comme si j’étais témoin d’une bataille entre deux dieux terrifiants. Jamais de ma vie je n’avais été témoin, n’avais entendu ou n’avais espéré voir une telle chose. Ce n’est que dans les récits de la création des temples que j’entendis parler de telles choses. Mais n’était-ce pas juste des histoires exagérées ?

Ne sachant que croire ou que penser, j’avais regardé avec mon souffle bloqué pendant que la bataille se déroulait entre ces deux forces imparables.

[Point de vue d’Illsyore]

Douleur… Ça fait mal…

Je n’avais rien vu d’autre que l’obscurité…

Des ténèbres contre lesquelles j’avais dû lutter, que j’avais dû détruire… Oui… Détruire…

Mais la douleur était là… La solitude aussi… Le désespoir… Colère… Frustration… Tristesse…

Toutes ces émotions faisaient rage en moi, me déchiquetant en morceaux.

« AAARGH ! » J’avais crié en frappant l’ennemi devant moi.

Mes poings s’étaient brisés à l’impact et avaient ensuite été restaurés par la lumière à l’intérieur de moi… encore et encore. Pourtant, chaque fois que j’avais fait cela, des vagues de douleur paralysante m’avaient traversé… Je ne pouvais même pas distinguer la gauche de la droite, le haut du bas. Tout ce que je savais, c’est que je devais vaincre cette chose devant moi.

Il n’y avait que moi, une âme, et le monstre fait à partir des souvenirs des donjons passés.

« [Ouragan infernal de glace] ! » crièrent Les Ténèbres.

Un vent puissant s’était mis à souffler vers moi, et avec lui, d’innombrables lances de glace couvertes de feu liquide. Elles avaient explosé au toucher et avaient envoyé le liquide infernal vers moi. Je n’avais pas bronché, je n’avais pas bougé.

Ça faisait mal, mais j’étais toujours là… vivant…

Mais s’il pouvait invoquer un sort, moi aussi. Ainsi, sans hésitation, j’avais envoyé une myriade de lances similaires vers lui. Elles avaient explosé au toucher.

Contrairement à moi, il ne pouvait pas supporter la douleur et hurlait d’agonie.

Quand j’étais humain, j’aurais pu ressentir un peu de tristesse ou peut-être hésiter à l’idée de blesser un autre être sage d’une manière si terrible, mais en ce moment… il n’y avait même pas un seul regret dans mon cœur.

Avec un terrible hurlement, les Ténèbres s’étaient précipitées sur moi et m’avaient frappé à la poitrine. J’avais essayé de le bloquer, mais mes bras s’étaient brisés comme du verre, m’envoyant des projections d’obscurité tout autour de moi.

Alors…

Je m’étais souvenu… du moment où j’avais vu Shanteya pour la première fois. Dans l’incendie, parmi ses camarades morts, blessés par mon sort, affaiblis par son voyage… Un seul moment, un seul regard vers ses beaux yeux noirs avait suffi pour que je la sauve.

Puis, elle était devenue mon amie, mon alliée, et finalement ma femme.

Le fil de ma mémoire s’était arrêté quand j’avais été repoussé.

Ma main s’était remise en état, et j’avais frappé Les Ténèbres au visage, lui brisant la moitié de la tête.

Un autre souvenir était apparu.

Entouré de soldats d’un royaume inconnu, j’avais peur… seul… sans amis ni famille. Ils souriaient comme de vils monstres. Ils avaient attaqué mon corps de cristal sans défense, le brisant en mille morceaux.

J’avais ignoré ce souvenir et j’avais rapidement bloqué son attaque.

Mon côté gauche avait craqué.

Le souvenir de la première fois que j’avais rencontré Nanya était apparu devant moi. À mes yeux, elle n’était rien d’autre qu’une jolie adolescente, mais la conversation qui avait suivi avait fait d’elle une « enseignante ayant l’apparence d’une adolescente ». Malicieuse comme une démone, mais remplie de passion, d’émotion et d’espoir.

Elle était différente d’Alina, qui avait pour elle une certaine grâce et une sensation « normale ».

Je n’aurais jamais pensé que la première fois de Nanya serait avec moi, mais nous avions tous les deux aimé ça. Cette nuit-là fut une nuit de passion et d’amour dont nous nous souviendrons tous les deux.

Les souvenirs s’étaient arrêtés quand j’avais pris position et que j’avais tiré des rayons blancs de lumière de mes paumes. J’imaginais tirer avec mes lasers AGLMC, alors peut-être que mon corps spirituel avait fait apparaître quelque chose de similaire. Des fissures étaient apparues dans Les Ténèbres. Si cette chose pouvait le faire, pourquoi pas moi ?

Je m’étais souvenu d’autre chose.

Seul, effrayé, froid… Je marchais dans les bois à la recherche de nourriture et d’un abri. Mon corps ressemblait à celui d’un enfant, mais à l’intérieur j’étais un Donjon. Un aventurier m’avait trouvé, mais parce que j’étais mignon, il pensait que je ferais un bon esclave. Furieux, je l’avais tué, lui et tous ceux qui l’entouraient. Affamé, je me régalais de leurs cadavres…

Mon souvenir avait pris fin.

***

Partie 2

« Qu’est-ce que c’est ? » Je m’étais demandé en regardant mes bras craquelés qui n’arrêtaient pas de se briser et de se réparer comme un disque rayé.

C’était la première fois que je remarquais quelque chose comme ça qui m’arrivait.

Quand j’avais regardé devant moi, j’avais vu Les Ténèbres se trouver dans une position similaire.

Je savais pourquoi… c’était ces souvenirs… Ils se mélangeaient et attaquaient les fondements mêmes de notre existence. Le mien était faible par rapport au sien, qui était constitué d’innombrables autres vies de Donjons.

« Je te briserai ! » Je l’avais menacé, puis je l’avais encore frappé.

Un autre souvenir m’avait traversé l’esprit. C’était le souvenir d’un donjon qui avait essayé de se faire un ami, mais qui à la fin avait été trahi et détruit.

J’avais ignoré toutes ces choses. Je les détestais. Ils n’étaient pas à moi. Ils étaient faux !

En évitant une autre attaque, ma jambe gauche avait été brisée. En me réformant, je m’étais souvenu comment j’étais tombé amoureux d’Ayuseya, depuis ce moment où je l’avais entendue jouer du violon et jusqu’à notre première nuit ensemble. La princesse douce et élégante cachait une vraie tigresse derrière son sourire… ou plutôt, une dragonne ?

C’était étrange de voir à quel point je pouvais aimer Ayuseya, mais c’était pareil pour Shanteya… et Nanya. Toutes les trois étaient mes épouses bien-aimées, que je voulais embrasser tous les soirs et murmurer des mots doux à… Ah, oui ~ ~… Je les adorais. C’est étrange qu’un humain puisse honnêtement aimer trois femmes différentes, mais je l’avais fait… C’était bien ou mal, qui s’en souciait ?

« Je vais te tuer ! » crièrent Les Ténèbres, me tirant de ma rêverie.

« Non… Je le ferai…, » avais-je déclaré, ne voulant pas le laisser m’arracher les femmes que j’aimais.

Il y avait aussi Zoreya maintenant, oui… peut-être non ? Tamara n’était qu’une enfant, mais je devais m’occuper d’elle comme d’une fille, ou peut-être d’une amie, jusqu’à ce qu’elle soit assez forte pour quitter mes côtés.

La bataille avait repris avec nous deux qui se donnaient des coups de poing l’un à l’autre, mais malheureusement, malgré mes paroles, j’avais senti mon énergie s’épuiser… Je n’avais pas eu la force de le suivre.

Allais-je perdre ?

Je me le demandais…

Je me sentais faible… faible…

Mon corps était plein de fissures, mon esprit était flou, ma vision embrouillée… J’étais entouré d’une obscurité déchaînée, tandis que je… J’étais défoncé.

Est-ce ça ? Je m’étonnais en recevant les coups de poing des Ténèbres qui me rejetaient et tentaient de me détruire.

Pourquoi ne puis-je plus me battre ? me demandais-je.

Étais-je satisfait du peu que j’avais fait jusqu’à présent ? Étais-je encore en proie à ma propre faiblesse ? Je pouvais le dire, et je n’avais aucune idée de comment trouver la réponse à ces questions simples.

Mais je veux les voir encore une fois… Je m’étais dit cela en regardant les femmes que j’aimais.

Elles pleuraient, frissonnaient et me criaient quelque chose.

Étais-je responsable de leurs larmes ?

« Illsy…, » j’avais entendu le murmure de Nanya.

« Illsy…, » j’avais aussi entendu parler de Shanteya.

« Illsy…, » j’avais entendu Ayuseya…

« Maître…, » même celle de la petite Tamara.

Qu’est-ce qu’elles essaient de dire ? Je me posai cette question.

Je m’étais concentré sur elles. Cette fois, je me sentais trop faible et engourdi pour penser à ma propre douleur. Il n’y avait aucune raison d’éviter leur regard, qu’il soit haineux ou aimant. Il fallait que je les regarde, que je les voie, que j’entende ces mots quitter leurs lèvres.

« Illsy… Je t’aime… s’il te plaît… bas-toi… reviens vers moi, » cria Nanya.

Ce… ce ne sont pas des mots de haine… Je voyais que des larmes se formaient dans mes yeux.

En leur tendant la main, j’avais entendu leurs voix, leurs vraies voix pleines d’émotion pure. Leurs appels à l’aide et au salut n’étaient pas pour elles, mais pour moi…

« Mon amour, ne désespère pas… Bats-toi ! Bats-toi et reviens vers moi…, » Ayuseya me supplia.

« Illsy, quoiqu’il arrive, on t’aime… Je t’aime. C’est pourquoi combats et reviens vers nous avec un sourire heureux, » demanda Shanteya à travers ses larmes.

« Le maître doit se battre ! Le maître est plus fort que cette chose ! Le maître peut gagner… Maî… Illsyore est le seul qui se soucie de moi… Je suis une pauvre esclave Nekatare, mais… mais… mais… Je veux qu’Illsyore gagne et revienne vers moi, pour me caresser davantage et me nourrir de poissons ! Ne me quitte pas, Illsyore ! » cria Tamara.

Chacune avait sa manière de prier et elles souhaitaient que je me batte pour que je puisse retourner vers elles une fois de plus.

Ai-je encore la force de le faire ? Je me demandai cela, en regardant ma main craquelée, qui était lentement écaillée par les fouets des ténèbres.

J’avais fermé les yeux.

J’avais calmé mon esprit et j’avais écouté les échos de leurs voix. Ils avaient ébranlé mon âme, excitant l’énergie qu’on pouvait trouver au plus profond d’elle… une énergie pure et blanche sans même une ombre autour d’elle.

Il ne pouvait pas y avoir de ténèbres dans mon cœur, du moins je le prétendais. Néanmoins, ces émotions… la colère, la haine, la frustration et la peur, elles étaient de la façon dont elles étaient, mais n’est-ce pas de l’obscurité ? Une âme faite uniquement de lumière, porteuse d’amour et d’honnêteté, d’honneur et de bonté, pourrait-elle exprimer de telles pensées sombres s’il n’y avait aucune trace d’ombre en elle ?

Non… pensais-je.

En premier lieu, qu’étaient les Ténèbres?

Pendant un certain temps, peu importe combien de fois mon corps s’était brisé et avait été reconstruit, je n’avais jamais été détruit, peu importe combien de souvenirs passés de ces donjons morts depuis longtemps m’avaient frappé. Je n’avais jamais quitté ce monde, mais en même temps, je ne pouvais pas non plus le détruire…

Tout engourdi, j’avais levé les yeux vers les ténèbres sans fin. Elles me criaient quelque chose. Elles criaient. Elles jetaient un flot de sorts sans fin, tandis que je les esquivais, les bloquais ou les ignorais complètement lorsqu’ils frappaient mon corps. Ça n’avait même pas d’importance. Mais à chaque attaque, j’avais riposté soit avec un sort, soit avec mes poings.

Quand ai-je recommencé à me venger ? m’étais-je demandé en regardant toute cette scène comme si c’était à travers les yeux d’un observateur.

Tout semblait être un flou confus qui ne s’était jamais arrêté ni changé…

Non loin de moi se trouvaient mes épouses bien-aimées. Dehors, Zoreya était mourante… Son temps était ralenti, alors que j’avais l’impression que le mien était sans fin…

J’étais comme un moine bouddhiste piégé dans cette félicité éternelle lorsqu’on arrivait pour la première fois à ce que l’humanité appelait le Nirvana. C’était un piège qui vous rendait incapable d’agir, ou plutôt… cela ne vous faisait voir aucune raison pour laquelle vous devriez le faire en premier lieu.

C’était la même chose pour moi…

Mais…

N’aurait-il pas été préférable d’avoir un état d’esprit aussi puissant dans votre vie actuelle, de l’accepter librement et d’agir en conséquence ? N’aurait-il pas été préférable de me manifester dans le monde réel plutôt que dans le monde spirituel ? N’aurait-il pas été préférable de me laisser noyer dans cet état que d’éprouver une seconde de plus la souffrance de cette vie ?

Ah… Je me suis encore éloigné de mes pensées…, j’avais pensé à cela en serrant le poing et en l’arrêtant juste avant de frapper Les Ténèbres.

« Qu’est-ce que tu es ? » C’était moi qui l’avais demandé.

« Guh… Je suis la manifestation des souvenirs des Donjons disparus depuis longtemps… Je suis ce que tu devrais être ! » il grogna sur moi en essayant de maintenir son corps craquelé autant que je l’avais fait de mon côté.

Hm ? Je le vois… mais je ne le vois pas comme « lui »… Quand est-ce que ça a commencé ? me demandais-je cela.

En regardant mes mains, puis les siennes… Je me demandais si nous étions vraiment comme l’huile et l’eau, refusant de nous mélanger pour l’éternité, et pourtant… à l’origine, nous étions tous les deux fluides…

Peut-être que lutter contre l’état de métissage est mon erreur ? Depuis que je suis venu au monde, j’ai rejeté les Ténèbres… Je suis né d’une âme humaine, pure et blanche, sans péché, mais j’ai constamment repoussé le don… de mes parents biologiques. J’avais cligné des yeux, surpris par ma dernière pensée.

« ARGH ! » J’avais crié en reculant.

Mes parents… Je n’en avais pas… Tuberculus m’avait construit… mais quand même…

Que sont les parents d’un Donjon ? Comment élèvent-ils leur enfant ? J’avais pensé à cela en sentant ma tête se fendre.

La morale, les pensées, les idées, tout était en totale contradiction avec Les Ténèbres. C’est pour ça qu’on s’était battus. C’est pour ça qu’il m’avait mis la main dessus… Les Ténèbres… au plus profond d’elles-mêmes… faisaient partie de moi…

Deusur… Cet enfant… Il n’y avait pas de parents avec lui, mais… qu’est-ce qu’il m’a dit à l’époque ? Je me demandais cela en essayant de me souvenir.

Pendant que je faisais cela, le mal de tête qui me frappait se calma.

« Bien qu’il soit né juste avant, il gardait des souvenirs de ses parents… Il connaissait les lois, les règles et les façons de contrôler son corps et tout ce qui entourait son donjon. C’est grâce à eux, alors… même moi qui ai rejeté l’idée d’avoir un enfant avec l’une de mes femmes, ce n’était pas parce qu’il était trop tôt, mais… parce que je ne pouvais pas accepter les voies “biologiques” d’un donjon. Je suis un être humain, après tout… et en tant que tel, je n’accepte rien d’autre que ce que je savais déjà… Haha ~ ! Est-ce la réponse ? » avais-je dit en regardant une fois de plus mes mains tremblantes, émiettées et douloureuses.

Puis j’avais regardé Les Ténèbres. Il n’avait rien dit.

« La raison pour laquelle tu es né… c’est parce que… tu es mon ombre, n’est-ce pas ? Ma peur, ma colère, ma haine… et la partie de moi qui fait… partie de moi, » avais-je dit en souriant et en m’envolant vers elles.

« RESTES À L’ÉCART ! JE VAIS TE FAIRE SOUFFRIR ! JE VAIS PRENDRE TON CORPS ! » Elles m’avaient crié après, alors qu’elles m’avaient envoyé ses meilleures attaques, mais aucune ne m’avait fait de mal maintenant.

« Non… plus maintenant… Tu n’es pas un monstre… Tu es le cadeau de mes parents, n’est-ce pas ? Tuberculus m’a peut-être construit, mais il n’y a pas de nouveaux donjons nés qui sont envoyés dans le monde comme une ardoise blanche, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé alors que je me tenais devant lui.

« Guh… Non, mais si toi, la conscience principale… l’âme devait rester couchée dans ma cage, je pourrais diriger ce corps comme je le désire ! » répondit-il en essayant de me frapper.

J’avais arrêté son poing en l’air.

« Non… Je ne peux pas… et je ne veux pas… C’est la seule chose que je n’ai pas encore essayée… parce que je ne peux pas te vaincre par la violence. Plus je deviens fort, plus tu deviens fort. Plus je te rejette, plus tu essaies de t’approcher. Plus je te fais du mal, plus je me sens blessé… C’est logique maintenant, n’est-ce pas ? Tout ce qui m’est arrivé, tout ce qui s’est passé depuis le moment où je suis entré dans ce monde, non ? » J’avais souri pour la première fois… depuis combien de temps ?

« Guh ! » il n’aimait pas mes paroles, mais il ne pouvait pas non plus les rejeter.

« Parce que je me suis souvenu de mon ancienne vie humaine, je n’ai pas pu accepter pleinement les traits biologiques de mon corps, c’est-à-dire les souvenirs des Donjons disparus depuis longtemps… Des souvenirs destinés à m’aider à survivre en tant qu’héritage…, » avais-je dit.

« Penses-tu qu’ils t’accepteront comme un humain réincarné !? Ils te haïront quand ils découvriront la vérité ! » Les Ténèbres avaient crié et avaient ensuite révélé les quatre femmes qui partageaient un lien avec moi.

« Illsy ? » demanda Nanya, surprise.

« Ton âme est celle d’un humain ? » Ayuseya avait aussi été surprise.

Même Shanteya et Tamara l’étaient aussi.

« Oui, d’une certaine façon. Il vaut mieux dire que je suis une âme qui se souvient de certains de ses souvenirs de l’époque où il vivait en tant qu’humain dans un autre monde. C’est pourquoi je suis un peu bizarre… Hm ? Maintenant que je l’ai dit… Je me demande pourquoi je n’ai jamais eu le courage de vous le dire avant. Ai-je eu si peur que cela vous éloigne de moi ? » Je m’étais demandé cela quand j’avais réalisé ce fait. Des larmes s’étaient formées dans mes yeux et avaient coulé le long de mes joues craquelées. « Me détestez-vous maintenant ? » Je leur avais demandé cela avec un doux sourire.

« JAMAIS ! » cria Nanya, secouant la tête. « Je t’aime, Illsy ! Même si tu es un Donjon, un Humain, ou autre ! » avait-elle déclaré.

« Moi aussi ! Quoi qu’il arrive, mon cœur n’appartient plus qu’à toi, Illsy ! » Ayuseya hocha la tête.

« Il n’y a jamais eu aucun doute à ce sujet, mon amour… Aucune de nous ne se soucie de ce que tu es, après tout, nous t’avons accepté comme Donjon, l’une des espèces les plus détestées et les plus méprisées dans ce monde. Pourquoi devrions-nous te haïr parce que tu es… un ancien humain ? » Shanteya avait posé une question assez décente et simple.

« Je me demande pourquoi, en effet ? » J’avais dit cela en souriant.

« Maître… Illsyore est mon maître ! Donjon ou Humain, je suis une nekatare ! Nourrissez-moi de poissons, caressez-moi, et soyez gentils avec moi, et je vous aimerai ! » Tamara avait donné sa propre forme de réponse mignonne.

« Merci, mes amours…, » je m’étais incliné devant elles avec respect.

Puis je m’étais tourné vers les Ténèbres.

« Tu vois… il n’y a jamais eu de raison de les craindre et de les fuir. Elles m’aiment, quoi qu’il arrive. Si Zoreya a pu trouver dans son cœur la force de m’aimer, bien qu’elle soit apôtre et croisée… pourquoi ne le feraient-elles pas ? Non… pourquoi être un humain devrait-il en premier lieu être important ? » lui avais-je demandé.

« Parce que les humains sont mauvais ! Ils nous ont tués ! Ils vont te tuer ! Ils nous ont fait du mal ! Ils ont détruit nos créations ! Ils ont massacré nos animaux de compagnie, nos esclaves et nos conjointes ! Ils n’ont montré aucune pitié… ils… ils…, » il avait essayé de rejeter les raisons de son passé tout en ignorant avec véhémence le présent.

« Ils l’ont fait… mais à part Zoreya, ne suis-je pas le seul humain ici ? » lui avais-je demandé.

« OUI ! C’EST POUR ÇA QUE JE TE DÉTESTE ! » Il m’avait crié dessus.

« Je… Je ne ressens plus cela maintenant, » j’avais répondu honnêtement.

« Tu as essayé de me tuer, pour m’écraser comme un insecte ! Tuer ou être tué… n’est-ce pas la façon de vivre de tous les êtres vivants de ce monde !? » Il m’avait interrogé et m’avait rappelé que c’était moi qui, dès le début, avais agi comme tous les autres humains de sa mémoire.

Je ne l’avais jamais approuvé. J’avais toujours nié au début l’existence même d’autres souvenirs que les miens, sans parler de les accepter. J’avais lutté pour être un humain dans le corps d’un donjon plutôt qu’un donjon avec un cœur et un esprit humains…

Donc à la fin, il avait dit la vérité. Si moi, l’âme, je n’étais pas capable de l’accepter et de le chérir, alors qui le ferait ? Et le plus important, comment pouvait-il croire que quelqu’un d’autre le ferait ?

C’était simple… C’était la vérité…

« Je ne le fais plus… et pour ce que j’ai fait, je m’excuse…, » avais-je dit. Puis je lui avais tendu la main.

Cette fois, ma lumière avait cessé de se battre et avait commencé à l’accepter. Je l’avais tenu dans mes bras.

« Ténèbres, je t’accepte maintenant comme une partie de moi et je souhaite que nous devenions le Vrai Illsyore que nous n’avons jamais pu être… Je veux que nous soyons enfin unis tous les deux…, » avais-je déclaré.

Et avec cela, la lumière brilla comme le jour, couvrant tout ce qui nous entourait et atteignant jusqu’au bord de cette obscurité infinie. Les souvenirs des anciens donjons que j’avais ignoré et rejeté toute cette vie, pour la toute première fois, je les avais acceptés pleinement comme faisant partie de moi. Cependant, accepter ses ténèbres et se laisser gouverner par elles étaient deux choses différentes… C’est moi qui allais tenir les rênes, tandis que Les Ténèbres devaient devenir ce qui devait être dès la première fois… la partie Donjon en moi.

[Le système d’état a été restauré]

[De nouvelles compétences ont été débloquées]

[Le niveau a été réinitialisé à 1]

[Souhaitez-vous passer en [Mode Instinctuel] ou conserver [Mode HUD] O/N] ?

C’est ainsi qu’était né le Vrai Illsyore…

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