J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 5 – Chapitre 70

***

Chapitre 70 : Souvenirs et tourments

***

Chapitre 70 : Souvenirs et tourments

Partie 1

[Point de vue de Zoreya]

Au cours des quatre derniers mois, j’avais observé et analysé attentivement le comportement du Seigneur du Donjon Illsyore. La plupart du temps, il se comportait comme un individu calme et d’une bonne nature.

Nous avions parcouru tout le continent à une vitesse que j’avais rarement eu l’occasion d’atteindre. Quand j’étais au service du Prince Reginald, je n’allais jamais plus vite ou plus lentement que lui, mais avec le groupe d’Illsyore, je pouvais utiliser ma vitesse maximale sans craindre de les laisser derrière moi. Au contraire, il y avait eu des moments où c’était eux qui m’avaient laissée plus d’une fois derrière eux.

Au moment où j’avais rattrapé mon retard, ils m’avaient accueillie avec un sourire et peut-être une blague ou deux. Quant à la nourriture et aux autres nécessités, je n’avais même pas eu l’occasion d’épuiser mes propres réserves. Les femmes étaient toujours gentilles et partageaient la nourriture avec moi, quant au Seigneur du Donjon, il refusait de me laisser manger seule.

Ce qui m’avait le plus surprise, c’était leur attitude à l’égard de mes moments de prière.

Tout au long de ma vie, j’avais eu la chance de me joindre à de nombreux aventuriers et nobles seigneurs dans leurs quêtes. Chaque fois qu’il était temps pour moi de prier, ils essayaient toujours de m’interrompre brutalement ou de remettre en question ma foi. En tant qu’apôtre et disciple de Melkuth, je les avais ignorés et leur avais fait croire ce qu’ils voulaient. Je n’avais aucune raison de leur imposer la foi de mon dieu. S’ils n’étaient pas eux-mêmes attirés par elle, alors la forcer sur eux mènerait seulement à une foi creuse indigne d’un vrai disciple.

C’était mieux sans de telles personnes que de les voir m’entourer, simulant leur croyance pour ensuite essayer de me poignarder dans le dos.

Illsyore avait demandé à ses femmes de ne pas me déranger pendant de telles périodes. J’avais seulement besoin de leur faire savoir, et ils s’arrêtaient pour m’attendre ou pour me donner l’intimité dont j’avais besoin. Le seul autre individu qui avait fait cela était le prince Reginald.

Sur cette note, Melkuth m’avait souvent dit de rester près d’eux. Quand je l’avais fait, j’avais commencé à deviner pourquoi il en était ainsi. Ils n’avaient pas volé les pauvres ni blessé les innocents. À ceux qui s’étaient retrouvés en difficulté, ils avaient offert un coup de main sans même demander une seule pièce de cuivre en retour. Pour ceux qui voulaient leur faire du mal, ils étaient comme des monstres enragés baignant dans les flammes de la guerre.

Une ou deux fois, j’avais eu la chance de m’entraîner avec eux. Par conséquent, j’avais découvert certaines choses à leur sujet.

Tamara était la plus faible du groupe, et bien qu’elle soit l’esclave d’Illsyore, elle se comportait plus comme une femme libre, et les autres l’avaient aussi reconnu. Je n’avais même pas entendu le Seigneur du Donjon lui ordonner quelque chose. La nekatare n’avait jamais été dérangée par ses capacités de combat inférieures et avait passé la plupart de son temps à chasser les oiseaux et les poissons. D’une certaine façon, elle était comme une jolie petite sœur pour nous tous.

Après elle, Ayuseya, la princesse draconienne, était la deuxième plus faible en matière de prouesse au combat. J’avais été surprise d’apprendre qu’elle était issue d’une famille noble, et plus encore d’apprendre qu’elle ne souffrait pas de la malédiction qui, selon la rumeur, affligeait toute la famille royale Pleyades.

Cette femme était étrange. Quand Illsyore était avec ses autres femmes, elle agissait avec indifférence et élégance. Quand il était temps pour elle de l’emmener au lit et de faire ce que les hommes et les femmes font habituellement ensemble la nuit, elle devenait une séductrice qui s’accrochait constamment à lui. Quand une autre femme essayait de s’approcher de lui, elle devenait effrayante… en sifflant et en la regardant fixement comme une bête sauvage.

Shanteya, en termes de force et de mana était un peu en dessous de la femme draconienne, mais parmi toutes, je la craignais le plus. J’avais appris que c’était une ancienne assassine, mais son talent ne s’était pas du tout émoussé. Astucieuse, tactique et secrète, elle se déplaçait toujours dans l’ombre pour achever ses adversaires. Ceux qui osaient diffamer le nom d’Illsyore étaient souvent retrouvés après coup battus à moitié à mort dans une ruelle sombre.

La plus forte d’entre elles était Nanya. Je n’avais jamais pu battre cette femme en combat loyal. Ses capacités avec la magie étaient impressionnantes. Son talent avec son épée noire était incroyable. Sa force était déraisonnable. Contre elle, je ne pouvais que me défendre. Quant à son attitude envers Illsyore, elle était du genre ludique, qui essayait souvent de nous faire des farces.

J’avais appris à mes dépens qu’il fallait être prudente avec elle. Cette démone avait rendu mes cheveux roses pendant un jour, m’avait fait parler à l’envers pendant deux jours, et… m’avait fait perdre plus de paris que je ne le voulais.

Quand il s’agissait d’autres femmes qui approchaient Illsyore, elle était généralement la première après Ayuseya à réagir. Si la draconienne n’était pas là, elle prenait les choses en main, mais j’aimerais qu’elle arrête de m’obliger à utiliser sur Illsyore mon bouclier comme un marteau. Hélas, une croisée devait tenir parole… même si cette parole était donnée lors d’un pari sur la distance à laquelle deux grenouilles placées l’une à côté de l’autre pouvaient sauter si elles étaient effrayées en même temps.

Quant à ceux qui osaient sortir une épée pour menacer Illsyore, elle avait un remède très simple. Elle s’approchait d’eux, saisissait leur lame et la cassait en deux. Peu d’entre eux avaient osé réessayer.

Dans l’ensemble, c’était un groupe intéressant et ce n’était pas du tout comme je m’y attendais au départ. Les femmes aimaient vraiment Illsyore, et il répondait à leur amour d’une manière égal, mais dernièrement… il avait agi étrangement.

Plus d’une fois, je l’avais vu regarder des ombres ou se retourner comme si quelqu’un venait de lui murmurer quelque chose d’épouvantable. Lorsqu’il était engagé au combat, il avait de la difficulté à contrôler son envie de tuer, presque comme s’il luttait contre une force invisible. Entre-temps, certaines nuits, il s’enfuyait dans la nature et ne revenait que le lendemain matin. J’avais essayé de le poursuivre une fois, mais il était plus rapide que moi.

C’est plus tard que j’avais appris l’existence des Ténèbres, qui essayaient de prendre le contrôle de lui.

J’avais un très mauvais pressentiment à ce sujet, mais ce n’est qu’à travers une méditation profonde avec Melkuth que je pourrais trouver une réponse à cela, et cela ne pouvait se faire que dans un de ses temples.

En théorie, je pourrais le faire n’importe où, mais si cette chose à l’intérieur de l’esprit d’Illsyore parvenait à obtenir un fragment de notre plan, le temple serait le seul endroit où je serais complètement protégée par mon dieu dans une méditation et une transe aussi profondes. Mieux valait prévenir que guérir.

Ainsi, nous nous étions rendus à Teyarion, la ville désertique du royaume de Tesuar. J’y trouvais le temple de la guerre et commençais à prier mon Dieu, Melkuth. Pendant ce temps, Nanya, Shanteya, Ayuseya et Tamara surveillaient tous de près Illsyore pour s’assurer qu’il était toujours là ou pas.

« Il fait chaud ! » se plaignait la nekatare.

« En effet, » dit Shanteya.

Elles respiraient toutes les deux intensément. Nanya se servait d’un éventail pour se rafraîchir, tandis qu’Ayuseya portait des vêtements très fins, au point de montrer dangereusement ses formes.

Pendant ce temps, j’avais remercié Melkuth pour l’enchantement de régulation de température de mon armure. Quant à Illsyore, il avait l’air calme.

« Je crois que je le vois…, » avait-il désigné la ville.

« C’est bien ça…, » avais-je dit et puis j’avais poussé un petit soupir.

En le regardant de loin, j’avais commencé à me rappeler un peu de mon passé. Pour être plus précis, de l’époque où cette ville n’était rien de plus qu’une petite ville près d’une oasis.

« C’est ici que j’ai reçu le bouclier de Melkuth, » avais-je dit.

« Vraiment ? Je ne savais pas que cet endroit avait une telle histoire. Peux-tu m’en parler ? » demanda-t-il avec curiosité.

Il n’y avait aucune raison de ne pas le faire, alors j’avais commencé à parler de la façon dont j’errais dans les rues quand j’étais jeune fille, faisant de mon mieux pour survivre et pensant constamment au moment où j’allais prendre ma revanche sur Dankyun.

« Ne l’as-tu pas eu en priant dans un temple ? » demanda Nanya avec curiosité.

« Non. » J’avais nié de la tête. « Là-bas, avant la guerre, il y avait un petit manoir appartenant à un noble. Les murs étaient épais et hauts. Beaucoup de voleurs essayaient d’entrer, mais il avait un garde du rang Empereur qui pouvait facilement les repousser. Un soir, affamée et seule, je me suis dirigée vers cette zone. À ce moment-là, deux voleurs ont réussi à entrer par effraction et à repartir avec des marchandises. Ils m’ont vue et ont décidé de me faire taire. »

En parlant, j’avais commencé à me rappeler à quel point j’étais effrayée quand je les avais vus pour la première fois. Au début, je n’avais pas pensé que c’était des voleurs, mais quand ils m’avaient montré du doigt et déclaré ma mort, j’avais tremblé de peur comme un agneau sans défense devant un dayuk affamé.

« Que s’est-il passé ensuite ? » demanda Illsyore.

« Ils m’ont attrapée et ont essayé de me trancher la gorge, mais à ce moment précis… Ce bouclier est tombé du ciel juste au-dessus d’eux, » avais-je gloussé. Et je l’avais tapoté doucement.

« Ça a dû faire mal, » dit Nanya.

« Oui, ça les a tués sur le coup. Je me souviens qu’après ça, Melkuth a dit quelque chose comme : ah ! J’ai écrasé un insecte… Eh bien, peu importe. Prends le bouclier et apporte-le au temple de la guerre le plus proche. Si tu fais ça, je ferai de toi un apôtre ! Mais j’attendrai que tu sois assez grande pour me plaire… »

« Il t’a dit exactement ces mots ? » m’avait demandé Illsyore, surpris.

« Oui. Je me souviens de chacun de ses mots comme d’un souvenir cristallin d’hier. C’était la première fois que Melkuth me parlait, donc c’était assez… choquant, » avais-je gloussé.

« WÔW ! » déclara Illsyore.

« Pourquoi attendre de grandir, Nya ? » demanda Tamara.

« Tous les apôtres de Melkuth en sont devenus un après l’âge de 21 ans. J’ai reçu le don à l’âge de 24 ans, » avais-je hoché la tête joyeusement.

« Je pense qu’il attendait juste que tu grandisses… plus, » déclara Illsyore en regardant ma poitrine.

« Elle n’a pas dit ça ? Attends… Qu’est-ce que tu regardes ? » demanda Nanya en plissant les yeux.

Il regardait les gravures sur mon armure, non ? C’est vrai, ils sont très bien faits. Je les aime bien moi-même, avais-je pensé.

« Rien… le ciel ? » répondit-il en levant les yeux.

Je n’avais pas compris.

« Tu pensais à la taille de sa poitrine, n’est-ce pas ? » demanda Ayuseya en le regardant fixement.

« Euh…, » il avait essayé de reculer, mais les deux femmes le coinçaient.

En regardant en bas, j’avais plissé mes sourcils. Mon armure n’était pas révélatrice. On pouvait à peine dire si mes seins étaient grands ou petits. Bien qu’en fait, il sache déjà de quoi j’avais l’air sous mon armure. Mais cela n’avait rien à voir avec mon histoire ni avec la raison pour laquelle Melkuth m’avait choisie.

Quant à cet événement particulier, cela s’était produit il y a environ trois semaines.

Un matin, après m’être réveillée un peu plus tôt que d’habitude et sachant qu’il y avait une chute d’eau à proximité, j’étais allée là-bas pour me purifier. L’eau froide était parfaite pour ma méditation, et je ne m’attendais pas à être suivie. Au cas où, j’avais fouillé la zone quelques fois avant de choisir un bon endroit où je pourrais me déshabiller et retirer mon armure.

Sans même porter une seule lanière de vêtements sur mon corps, je m’étais enfoncée dans l’eau froide et j’avais nagé jusqu’aux rochers sous la chute d’eau. J’en avais choisi un avec une surface plane, j’avais grimpé dessus et j’avais commencé à méditer en silence. C’était si paisible que j’avais failli perdre la notion du temps. Pendant ce temps, Illsyore et ses femmes se réveillèrent. Voyant que je n’étais pas là, ils avaient commencé à me chercher pour me faire savoir que le petit déjeuner était prêt.

Celui qui m’avait trouvée n’était autre qu’Illsyore. Il était apparu de l’autre côté du petit lac et m’avait regardée droit dans les yeux. Au début, je ne savais pas comment réagir. Il avait rougi et s’était retourné. Calmement, j’étais retournée sur le rivage, je m’étais séchée et j’avais remis mes vêtements et mon armure.

Pendant tout ce temps, le Seigneur du Donjon attendit tranquillement. Quand je m’étais approchée de lui, il avait évité mon regard comme un adolescent gêné.

« Euh… Tu… Tu es vraiment belle, Zoreya, » m’avait-il dit.

À ce moment-là, mes joues se mirent à rougir, et j’avais évité rapidement son regard. J’avais répondu avec un « merci » à peine audible et nous étions ensuite retournés au camp.

Après m’être remémoré cela, les yeux d’Illsyore laissaient sortir des larmes et ses joues étaient rouges. De chaque côté, il y avait l’empreinte nette d’une paume. En le voyant comme ça, je m’étais mise à rire.

En entrant à Teyarion, j’avais été emportée par mes souvenirs d’adolescence. Cet endroit était plus animé qu’avant, mais il avait aussi beaucoup changé. C’était presque méconnaissable. En plus de la façon apparemment sans vie dont tout le monde était habitué à construire sa maison, brique d’adobe sur brique d’adobe tenue ensemble par une charpente de bois, seuls les temples et le manoir du seigneur local avaient un style architectural différent. L’odeur distincte d’argile, de foin et de routes sales imprégnait encore l’air autour de nous comme il y a si longtemps.

Malgré cela, les enfants jouaient, riaient ensemble, tandis que les adolescents et les adultes travaillaient dur dans leur travail quotidien. Ceux qui ne l’avaient pas fait étaient les rejets habituels de la société, les voleurs et les indisciplinés.

Les gardes aux portes n’avaient même pas essayé de nous empêcher d’entrer. La sécurité était laxiste comme d’habitude.

« On devrait trouver une auberge…, » déclara Nanya.

« Je veux du poisson ! » s’était plainte Tamara.

« J’en ai encore un peu. On le cuisinera quand on y sera. » Illsyore lui tapota la tête, et elle pencha en arrière les oreilles.

« J’irai avec vous à l’auberge, puis je me dirigerai vers le temple. » J’avais révélé mes plans pour la journée.

« Le temple ? » demanda Illsyore.

« Ils ont construit un temple de la guerre dans cette ville. En tant qu’apôtre, je dois aller rendre hommage à mon dieu, Melkuth, » avais-je hoché la tête.

« Je vois. Amuse-toi bien alors. » Illsyore acquiesça d’un signe de tête, mais il ne semblait pas soupçonner quoi que ce soit.

Après notre arrivée à l’auberge, nous avions réservé deux chambres. L’une était pour moi et l’autre pour eux. Ils n’avaient qu’une chambre à deux lits, mais Illsyore prévoyait d’absorber ledit lit et de le remplacer par un des siens. C’était leur stratégie habituelle. Ils couchaient tous ensemble dans son lit confortable.

Une fois installée, j’avais quitté l’auberge, j’étais allée directement au temple.

***

Partie 2

[Point de vue de Nanya]

Pour être honnête, j’avais un pressentiment bizarre de la part d’Illsy. Mon côté démoniaque faisait des siennes chaque fois qu’il partait pendant la nuit. D’une certaine façon, je m’étais réveillée avec l’impression de le perdre.

C’était une chose étrange qui m’était arrivée, mais j’étais certaine de n’avoir jamais rien ressenti de tel auparavant. Cette peur, cette sensation était quelque chose de nouveau et de terrifiant. La première fois que je l’avais senti, c’était pendant l’Ancien Donjon de Mehalom. Elle était trop faible à ce moment-là, mais c’était certainement le même type de sensation, une sensation épouvantable.

Je pensais que c’était une chose unique, mais c’était arrivé encore et encore, même lorsque nous nous battions au château contre les troupes de Reynolds. C’était juste un moment, mais quand j’avais regardé Illsy, j’avais senti un frisson couler le long de ma colonne vertébrale jusqu’au bout de ma queue.

Dernièrement, cependant, j’avais eu ce sentiment étrange presque tous les soirs.

Si quelqu’un me demandait ce qui n’allait pas, j’attribuais cela à un mauvais rêve ou à un souvenir de Dankyun. Personne ne connaissait la vérité parce que même moi, je n’étais pas sûre de ce que c’était.

Au début, je pensais que c’était de la jalousie envers Shanteya et Ayuseya, mais ce n’était pas ça. Après la nuit où il m’avait embrassée, moi et l’El’Doraw, j’étais certaine de ne rien ressentir de tel pour elles. En fait, je commençais à être curieuse de tester un quatuor avec Ayuseya également. J’avais peut-être involontairement réveillé mon côté pervers, mais nous étions toutes comme ça… pour une raison étrange, je l’avais vu comme si cela nous rendrait tous complets.

J’y avais réfléchi pendant un moment.

Finalement, j’en étais venue à la conclusion que mon côté démoniaque acceptait Illsy, Ayuseya et Shanteya dans leur ensemble. Penser à une nuit passionnante avec nous tous m’avait fait vibrer et je la voyais comme une perfection absolue. Penser à moi sans Illsy et seulement Ayuseya ou Shanteya me donnait une impression… bizarre, fausse, incomplète ?

Mon instinct était bizarre, et je savais avec certitude qu’Ayuseya n’avait rien de tel. Elle ne voulait Illsy que pour elle-même. Pour elle, la nuit parfaite était avec notre mari seul et loin de nous, les autres épouses. La princesse draconienne était avide.

Quant à Shanteya… Je ne sous-estimerai plus jamais ses capacités sous les draps !

Alors, la jalousie n’était-elle pas…

Je m’étais creusé la cervelle encore et encore… Chaque nuit, quand il était parti, j’avais peur… une peur me tourmentant. Quand il était revenu, je me sentais en paix, mais cela n’arrivait pas souvent, et ce n’était pas toujours si terrible.

Cette sensation, cet instinct, ou je ne sais pas comment je pourrais l’appeler, faisait certainement partie de mon côté démoniaque, peut-être un don génétique de ma mère ? Néanmoins, il s’était renforcé de façon gênante au cours des derniers jours avant d’arriver à Teyarion.

C’était comme si quelque chose en moi me mettait en garde contre quelque chose d’horrible.

En m’asseyant sur le lit de l’auberge de Teyarion, j’avais levé les yeux vers le plafond, et une pensée m’avait traversé l’esprit.

Cette peur… C’est peut-être la peur de perdre un compagnon ?

D’une certaine façon, c’était logique. Les seules fois où j’avais senti ça, c’était quand les Ténèbres avaient pris le dessus.

En tant que démone, perdre mon compagnon était probablement l’une des pires choses qui pouvait m’arriver. Ma mère m’avait toujours dit que lorsque mon côté démoniaque en choisit un, il s’accrochait à lui pour la vie et ne se laissait jamais aller. Illsy était celui que j’avais choisi.

Mais si les Ténèbres prenaient le pouvoir et le détruisaient…, la peur venait exactement de là. J’avais l’impression que c’était plus urgent pour moi que jamais de ne pas laisser cela arriver.

Tandis que je pensais à de telles choses, je l’avais soudain sentie à nouveau. Mon cœur s’était serré dans ma poitrine, et j’avais commencé à respirer fort. J’étais dans la pièce avec Ayuseya, qui était en train de lire un livre. Shanteya n’était pas à l’auberge, elle était partie chercher des informations et voir si elle pouvait acheter des livres pour Illsy. Quant à lui, il était en bas avec Tamara, en train de cuisiner du poisson.

Il n’y avait aucun moyen de leur faire savoir ce qui m’arrivait, mais j’avais entendu une agitation en bas.

« Qu’est-ce que c’était ? » demanda Ayuseya, surprise.

La sensation était plus faible, mais le sentiment de peur n’avait pas disparu. J’avais essayé de me calmer.

« Je… Je ne sais pas…, » j’avais levé les yeux vers la porte, puis vers la draconienne.

Mes mains tremblaient encore un peu, mais j’arrivais à les arrêter.

« Je vais aller vérifier, » avais-je annoncé en me levant de mon lit.

« Je viens aussi, » dit la princesse draconienne.

Nous étions descendues toutes les deux et étions tombées sur une scène troublante.

Tamara se cachait derrière un poteau, frissonnait et pleurait, tandis qu’Illsyore était de l’autre côté, respirant fort et tenant sa tête comme s’il avait un terrible mal de tête.

Quand il nous avait vus, il nous avait regardés avec son œil droit tout rouge.

« QU’EST-CE QUE TU REGARDES !? » cria-t-il, puis gémit-il. « Je suis désolé…, » murmura-t-il, puis trébuchant en arrière, il avait saisi sa tête et tomba sur ses genoux.

Nous l’avions regardé en état de choc, incapable de comprendre ce qui se passait, mais à l’intérieur, la peur était devenue plus forte. J’avais tenu ma poitrine et j’avais tremblé.

Est-ce vraiment Illsy ? m’étais-je demandé.

Un instant plus tard, il s’était calmé, et ses yeux étaient revenus à leur couleur normale, un magnifique vert jade. La peur avait également disparu.

« Je suis désolé… Je suis désolé…, » dit Illsy alors qu’il pleurait.

« Tout va bien, mon amour, » Ayuseya était allée le réconforter pendant que je marchais vers la pauvre Tamara.

« Que s’est-il passé ? » lui avais-je demandé.

« Je ne sais pas… Les Ténèbres… Maître… il souffrait et…, » renifla-t-elle.

« Viens ici, » avais-je insisté.

Tremblante, elle m’avait sautée dans les bras, et j’avais caressé sa tête poilue. Quelque chose l’effrayait, quelque chose qu’elle ne comprenait pas.

En regardant Illsy, je commençais à craindre que nous n’ayons plus vraiment beaucoup de temps à perdre à ne rien faire.

Zoreya, s’il te plaît, revient avec de bonnes nouvelles…, avais-je pensé.

***

[Point de vue de Tamara]

Le maître allait me préparer du poisson ! J’étais heureuse !

Après avoir parlé avec le propriétaire de l’auberge, il nous avait permis d’utiliser sa cuisine pour une somme modique. Le maître n’avait eu aucun problème à lancer une pièce de cuivre pour ça, et nous étions tous les deux entrés dans la pièce.

« Tu ne peux pas attendre, n’est-ce pas ? » demanda le maître avec un sourire éclatant sur son visage.

« Nya ~ ! » J’avais hoché la tête et léché les lèvres.

J’avais les oreilles qui tremblaient, et je m’étais empressée de l’aider à nettoyer les légumes.

Pendant que nous cuisinions, j’avais senti un étrange picotement sur mon dos. J’avais regardé autour de moi, mais il n’y avait rien. Puis j’avais vu le Maître. Il tenait sa tête avec sa main droite comme s’il souffrait. Je m’étais inquiétée, alors je l’avais approché avec précaution.

« Maître ? Qu’est-ce qu’il y a ? » lui avais-je demandé.

« Argh…, » il avait gémi et détourna le regard.

Mes moustaches me picotaient, et j’avais l’impression qu’il y avait quelque chose de dangereux autour de moi, mais j’étais avec le Maître, il n’y avait aucun danger. Est-ce que j’avais tort ?

« Maître ? » avais-je crié vers lui.

Il n’avait pas répondu.

« Maître ? Maître ? Est-ce que ça va ? Nyu. » je lui avais demandé cela alors que j’avais baissé mes oreilles et que je l’avais regardé d’un air inquiet.

« Prendre…, » murmura-t-il.

« Maître ? » je m’étais accroché à ses vêtements. « Maître ? Qu’est-ce qu’il y a ? » lui avais-je demandé.

Il m’avait alors soudainement regardée d’un air ébloui. Je m’étais figée.

Ce… Ce n’est pas le maître… En regardant son œil droit rouge foncé.

Le côté gauche de son visage souffrait, tandis que l’autre semblait en colère.

« LAISSEZ-MOI TRANQUILLE ! VOUS ! » ce truc à l’intérieur du Maître m’avait crié dessus et m’avait jetée hors de la cuisine.

C’était une force invisible, l’une des compétences les plus utilisées du Maître : [Télékinésie]. J’avais atterri sur mes pieds, mais je ne pouvais pas me lever. Le collier autour de mon cou me faisait mal. Il m’étranglait et me brûlait…

« Ça fait mal… nya… Maître…, » avais-je dit en le regardant.

Il se débattait avec de la douleur assaillant sa tête et avait l’air d’être dans une lutte acharnée avec ce qu’il y avait en lui… Les Ténèbres.

Quand le collier avait cessé de faire mal, je m’étais cachée derrière un pilier, effrayée par cette chose inquiétante. J’en avais peur.

« Maître…, » avais-je crié.

C’est alors que Nanya et Ayuseya étaient venues ici.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire