J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 5 – Chapitre 64

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Chapitre 64 : Le harceleur

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Chapitre 64 : Le harceleur

Partie 1

[Point de vue de Reginald]

De toutes les choses que je détestais dans ce monde, mon propre frère de chair et de sang devait être parmi les dix premiers sur ma liste. Il était toujours à s’arrêter à mi-chemin de ce qu’il devait faire, toujours prêt à punir les innocents, toujours à agir et à penser comme un idiot sans même tenir compte de ce qui se passerait s’il donnait un certain ordre déraisonnable. Toutes ces choses représentaient et identifiaient mon seul et unique frère Reynolds.

Il y a un moment, j’étais allé à la périphérie de notre royaume pour voir comment nos troupes se portaient. Bien qu’ils aient survécu dans des conditions terribles, je n’avais pas demandé leur part de nourriture ni les couvertures avec lesquelles ils se tenaient au chaud. J’avais vécu comme eux pour voir comment c’était, et à la fin de cette expérience, j’avais compris une chose… Un humain ne peut pas vivre trop longtemps sous un règne oppressant. Ils deviendraient fous ou se révolteraient même si cela leur coûtait la vie. En même temps, j’avais gagné leur confiance, et maintenant, la plupart des militaires m’écoutaient plutôt que mon idiot de frère.

Alors que je marchais vers Elora, la capitale du royaume d’Aunnar, je m’étais retrouvé à comploter pour former un coup d’État et arracher tout le pouvoir politique à mon frère. Je le laisserais vivre comme un simple noble, ni plus ni moins.

Je m’étais souvenu de cette ville comme d’une cité à l’aura très oppressante et triste. Tout le monde baissait les yeux, et personne n’osait parler contre la famille royale. Si Reynolds vous entendait dire du mal de lui, il vous jetterait à la potence ou ferait de vous un esclave. Ce n’était pas une ville très animée à cause de cela, mais les individus avaient quand même réussi à garder la tête haute et peut-être à sourire de temps en temps. C’était la preuve de la force indomptable de mon peuple.

« Qu’est-ce qui se passe ? » avait été ma première question au moment où j’avais franchi les portes.

La première chose que j’avais remarquée, c’était les enfants qui couraient dans les rues, et à ma gauche, un marchand d’esclaves forcé par les gardes de la ville à libérer ses esclaves. J’avais été à la fois surpris et stupéfait. Personne d’autre que mon frère n’avait l’autorité pour donner de tels ordres !

« Toi, jeune homme ! » J’avais appelé un des enfants, un garçon Nekatar.

« Moiauh ? » il m’avait regardé et avait incliné la tête vers la droite.

« Tu étais autrefois esclave, n’est-ce pas ? » lui avais-je demandé, en pointant du doigt la marque du collier se trouvant autour de son cou.

« Oui, Sire…, » il hocha la tête et baissa les oreilles.

« Ne t’inquiète pas, je ne te veux pas de mal. Je suis juste curieux de savoir pourquoi il y a tant d’esclaves libres ici, » lui avais-je demandé.

« Je ne sais pas pour les autres, mais j’ai été acheté par un homme riche nommé Illsyore. Il a fait que Deroak, le maître des esclaves nous libère, et qu’il prenne soin de nous jusqu’à ce que nous soyons assez grands pour prendre soin de nous-mêmes, » répondit-il, puis il lâcha un autre miaulement.

« Non, Tullos ! Ce n’est pas juste ce que tu dis ! Il nous a gagnés à la loyale au Colisée ! Comme le vieux Deroak n’avait pas assez de goldiettes pour le payer, Illsyore lui a fait promettre de prendre soin de nous au lieu de lui donner l’argent, » un jeune garçon humain était venu corriger les propos du nekatar.

Tous deux étaient esclaves, mais le fait d’entendre parler d’une telle générosité dans cette ville était incroyable. Je n’en croyais pas mes oreilles. Cet homme méritait une médaille !

« Et les autres, les adultes ? » lui avais-je alors demandé.

« Oh, Illsyore a détruit le palais et forcé le prince Reynolds à libérer tous les esclaves. Comme il ne pouvait pas le faire dans tout le royaume, le prince a décidé d’abord de les libérer dans la capitale et d’interdire la traite des esclaves ici, » répliqua Tullos avec un grand sourire tout en agitant sa queue poilue à gauche et à droite.

« Quoi ? » J’avais plissé mon front quand je l’avais entendu et j’avais regardé vers le palais.

Même d’ici, j’étais censé voir les tours blanches scintillantes, mais cela n’existait plus. Je commençais à reconsidérer toute cette histoire de médaille.

« Merci, les gars ! Vous pouvez retourner jouer, » leur avais-je dit. Puis j’étais retourné à pied à mon groupe.

« Maître, que pensez-vous de cela ? » demanda Zoreya, une Croisée très puissante et bien entraînée de l’Ordre de Melkuth.

Il s’agissait d’une belle et grande femme aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Beaucoup de personnes l’auraient qualifiée de joyau inestimable d’une qualité indiscutable. À la fois courageuse et intelligente, cette femme était un ajout incroyable à la puissance d’attaque de n’importe quelle escouade. Pour couronner le tout, son rang d’aventurière était celui de Suprême Médium-Supérieur. Certains avaient testé sa force vers l’an 2000. Et la manière exacte dont elle était devenue si forte était un mystère, mais elle n’avait pas utilisé d’amplificateur ou d’équipement pour améliorer son statut. Malgré tout, elle avait tendance à être un peu maladroite par moments, comme marcher accidentellement sur un piège très évident et facile à repérer au milieu d’un donjon.

Zoreya était aussi ma conseillère et mon garde la plus digne de confiance. Elle était à mes côtés depuis que je l’avais rencontrée quand elle avait été envoyée dans notre royaume par l’Ordre des Croisés de Melkuth.

« Je trouve les mouvements de mon frère assez étranges, mais en même temps, je suis curieux au sujet de cet Illsyore. Hm…, » j’avais regardé les dix chevaliers qui se tenaient derrière elle.

Il y en avait deux qui étaient plutôt agiles et versés dans l’art de recueillir des informations. Je leur avais fait signe de s’approcher de moi.

« Votre Altesse ? » avaient-ils demandé après avoir salué.

« Allez voir ce que vous pouvez trouver sur cet Illsyore. D’où il vient, à qui il a parlé, ce qu’il a mangé, n’importe quoi ! » leur avais-je ordonné.

« Compris ! » ils m’avaient à nouveau salué, puis ils s’étaient éloignés dans des directions différentes.

« Maintenant, allons-y ! Allons rencontrer mon frère ! J’ai l’impression que notre séparation a apporté des changements significatifs en nous deux ! » j’avais souri et regardé après ça la route menant au palais.

Ça devrait être intéressant ! avais-je pensé.

Moins d’une heure plus tard, nous étions arrivés aux portes du palais royal. Ils étaient encore debout, et le mur à ma gauche était encore en réparation. Si Zedor, le Donjon Demi-Dieu n’avait pas déjà fini de tout restaurer, cela signifiait que le palais avait subi des dégâts considérables. En supposant bien sûr qu’il soit encore en vie.

« Son Altesse Royale, Reginald D. Lagrange, est arrivée ! » avaient annoncé les gardes.

Suivi par Zoreya et mes autres chevaliers, j’avais franchi les portes et étais entré dans la cour. Cet endroit était dans un tel chaos, mais je ne comprenais pas comment il avait été endommagé. J’avais vu beaucoup de sorts et de façons de détruire un bâtiment, mais la façon dont les tours et les murs étaient coupés était irréelle. C’était presque comme si une sorte de lame chaude était passée à travers la pierre solide et avait tout fondu.

Fascinant ! avais-je pensé en regardant ma statue, qui était coupée en deux à la taille.

« WÔW ! Reynolds a réussi à énerver quelqu’un de très puissant ! » avait commenté l’un de mes chevaliers.

« En effet, » avais-je répondu. Puis je m’étais ensuite dirigé vers ce qui restait du palais.

Les soldats et les serviteurs qui m’avaient vu s’étaient immédiatement inclinés pour me montrer leur respect. Je ne m’étais arrêté qu’une seule fois, et c’était pour demander à l’un d’eux où se trouvait mon frère. Apparemment, il pleurait dans la bibliothèque au deuxième étage.

J’étais monté là-haut, et j’étais entré dans la pièce.

Contrairement à la bibliothèque de la ville, la Bibliothèque royale possédait une quantité importante de livres pour l’usage personnel de la famille royale. Les rangées de livres étaient gardées sur les étagères dorées qui s’étendaient jusqu’au plafond. Étonnamment, ce n’était que l’un des rares endroits qui n’avaient pas été touchés par les attaques impitoyables d’Illsyore, et ce, uniquement parce qu’il était situé de l’autre côté du palais.

Je me souvenais encore de la façon dont j’étais venu ici quand j’étais enfant, à la recherche d’un livre à rapporter à mon père pour qu’il le lise pour moi. Sur cette même chaise, j’avais trouvé mon frère Reynolds qui regardait le plafond. Ses yeux étaient injectés de sang et entourés de poches sombres, un signe qu’il avait manqué quelques heures de sommeil. Sur la table devant lui et tout autour de lui se trouvaient d’innombrables livres ouverts et marqués à différentes pages. Des parchemins de gribouillis et des encriers vides pouvaient être vus sur le sol.

Je vois qu’il s’est tenu occupé ? Depuis quand mon idiot de frère s’intéresse-t-il à la lecture et à l’écriture ? Aussi… a-t-il perdu du poids ou mes yeux me trompent-ils ? m’étais-je demandé en m’approchant de ce désordre.

« Frère, je suis de retour, » m’étais-je annoncé.

« Haa ? C’est bien… très bien… Je suis condamné ! » dit-il. Puis il se mit à pleurer.

Cette réaction m’avait surpris. Je n’avais jamais vu mon frère dans un état aussi déplorable.

« Les nobles me sautent sur le dos, les maîtres d’esclaves me maudissent, le monde me déteste, et surtout… Je suis maudit et je vais mourir dans un mois, une semaine et quatre jours ! Haha ! Félicitations, mon frère, tu régneras seul sur ce royaume à partir de ce moment-là ! Hahahaha ! » il se mit à rire hystériquement avant de se mettre à pleurer à nouveau avec de grands cris entrecoupés.

Qu’est-ce que cela signifie ? m’étais-je demandé en le regardant avec un front plissé.

« Frère… sais-tu ce que j’ai fait ? » me demanda-t-il sans même me jeter un regard.

« Non… quoi ? » avais-je répondu en secouant la tête.

Comment pourrais-je savoir quel genre de tempête avait balayé le royaume et avait fait tomber Reynolds dans un tel désarroi ?

« J’ai mis en colère un Seigneur Donjon paisible, un Divin, et il m’a maudit ! » déclara-t-il, puis il s’était de nouveau mis à rire.

« Tu as fait quoi ? » J’avais été surpris d’entendre quelque chose comme ça.

Le donjon le plus fort que je connaisse était Zedor, le Donjon Demi-Dieu avec un niveau de 258. Le fait d’entendre qu’il y avait un Seigneur Donjon Divin qui errait dans les environs en maudissant les individus était une information assez choquante. Je m’étais retrouvé à court de mots.

« Hé, mon frère ? J’ai fait de mon mieux, mais je n’arrive pas à comprendre… Je n’arrive pas à trouver un moyen de me débarrasser de l’esclavage et de ne pas jeter notre royaume au fond d’un tas de fumier de Merion ! » dit-il en soulevant deux livres « Regardes ! Toute notre main-d’œuvre, de la plus petite à la plus grande, dépend des esclaves ! Tu ne peux même pas aller chez le coiffeur pour te faire couper les cheveux sans qu’un esclave t’y emmène ou t’aide. Je ne sais pas non plus quoi faire d’eux après leur libération ! Pour l’instant, je les ai laissés faire ce qu’ils veulent, mais… ça ne durera pas longtemps. Ils n’ont pas de maison, ils ne peuvent pas travailler… c’est sans espoir, je te le dis, sans espoir…, » avait-il laissé tomber les livres, puis il avait regardé le plafond les larmes aux yeux.

Essaie-t-il d’intégrer d’anciens esclaves ? Comment ce Seigneur du Donjon Divin a-t-il réussi à faire si peur à mon frère qu’il pense sérieusement à ce genre de choses ? Et c’est quoi cette histoire de sa mort dans plus d’un mois ? m’étais-je demandé en le regardant.

Bien qu’il soit vrai que j’avais déjà l’intention de le renverser, c’était pour commencer à réformer le système d’esclavage. Après avoir vu et expérimenté par moi-même les conditions de vie de mon peuple, j’avais voulu que cela disparaisse, mais comme mon frère y travaillait si désespérément, je commençais à avoir des doutes quant à mon coup d’État.

« Frère, es-tu sérieux ? » lui avais-je demandé.

« Sérieux ? » il s’était mis à rire. « Il demande si je suis sérieux. Hahahaha ! » se leva de la table et s’approcha de moi. Après avoir déchiré sa chemise, il m’avait montré un tatouage noir pulsant gravé directement dans sa chair « Est-ce que cela te dit combien je suis SÉRIEUX ? Frère bien-aimé, c’est une malédiction du Seigneur du Donjon Divine qui fera en sorte que je mourrai d’une mort horrible si je n’apporte pas un changement contre l’esclavage dans ce pays ! Aussi égoïste que je sois, je n’ai pas l’intention de gâcher ma vie à cause de cela, » me regardait-il d’un air égoïste.

Je n’avais jamais vu une telle force, une telle détermination et telle volonté chez mon frère. Pour être plus précis, il n’avait jamais montré ces qualités, même une seule fois quand j’étais là. Son désir de se détendre et de ne rien faire était le plus visible de tous ses traits. À en juger par mon ancienne impression de lui, je pensais qu’il allait abandonner toute cette affaire, aller vivre quelque part le reste de ses jours, ou essayer de coucher avec autant de femmes que possible avant que le temps ne soit écoulé, et non essayer de faire quelque chose à ce sujet.

Je suppose que je ne connais pas mon propre frère…, avais-je pensé. Puis j’avais pris du recul par rapport à lui.

« Dis-moi, quel est le nom de ce Donjon ? » avais-je demandé.

« Illsyore, le destructeur du Suprême Dankyun ! » il avait ri et était retourné à son bureau.

Où ai-je déjà entendu ce nom ? m’étais-je demandé.

« Votre Altesse, vous venez de dire Dankyun ? Comme dans Dankyun Alttoros ? » demanda Zoreya en faisant un pas vers l’avant.

« Je ne sais pas. Il a seulement dit Dankyun. Combien de Suprêmes de ce nom connaissez-vous ? Oh, et c’est aussi un draconien, » Reynolds s’était écrasé en répondant ça.

« Draconien ? Alors c’était lui… Dankyun Alttoros… Ça veut dire que mon frère est mort…, » déclara Zoreya en saisissant la poignée de son épée.

***

Partie 2

Maintenant, je m’en souviens ! C’est ce type ! Je suppose que Zoreya est plutôt contrariée en ce moment, avais-je pensé.

Il y a quelques années, elle m’avait raconté l’histoire de son enfance ainsi que de comment elle était devenue une Croisée. Apparemment, ce Dankyun était l’une des principales raisons pour lesquelles elle avait choisi cette voie. Je ne pouvais pas dire que j’étais d’accord, mais je n’avais pas le droit de la forcer à changer d’avis. Même si je le voulais, je ne pourrais pas lui imposer mon autorité parce qu’elle appartenait à l’Ordre de Melkuth et non au Royaume d’Aunnar.

Avec un soupir qui s’échappait de mes lèvres, j’avais regardé Zoreya. Malgré son déchaînement antérieur, elle retrouva rapidement son calme et baissa les yeux sans esquisser une émotion. Pas étonnant qu’elle ait été l’un des meilleurs apôtres de son ordre ! Quelles que soient les circonstances, elle devait rester fidèle à ses missions et les accomplir sans faillir. S’écarter de son chemin était une offense inacceptable.

Bien que j’admirais ce côté d’elle, j’avais aussi compris à quel point elle voulait s’en prendre au tueur de son frère.

Avec un soupir, je m’étais gratté l’arrière de la tête et j’avais regardé entre mon frère névrosé et elle. Reynolds riait et regardait les papiers devant lui, tandis que Zoreya tenait le manche de son épée.

« Frère, as-tu dit que tu allais travailler à l’abolition de l’esclavage dans notre royaume ? » J’avais demandé.

« Oui ! Bien sûr ! Mais ce n’est pas forcément pour une seule journée, mais pour toujours ! Si je ne trouve pas quelque chose rapidement, je vais mourir ! » se plaignait-il.

Si j’étais comme n’importe quel autre roi, je t’aurais laissé mourir, mais je n’ai pas… cette chance, avais-je réfléchi. Puis je m’étais dirigé vers son bureau. « Je vais te donner un coup de main pour ton projet, puisque j’avais l’intention de le faire de toute façon, mais tu dois accepter d’abandonner tes prétentions à être le roi, » lui avais-je dit.

Grâce à cela, je saurais à quel point il était dévoué à se débarrasser de cette malédiction. La raison pour laquelle nous étions deux puissances dirigeantes au lieu d’une seule, c’était en premier lieu à cause de son égoïsme.

« D’accord ! Tu peux avoir ce putain de truc ! Je peux même te l’emballer si tu le veux, » me déclara-t-il sans même prendre une seconde pour y réfléchir.

« Hein ? D’accord…, » j’avais clignoté des yeux en étant confus.

Ce Seigneur du Donjon a dû vraiment lui faire peur…, avais-je pensé.

« Merci ! Je te remercie ! Merci, mon frère, » déclara-t-il avec les larmes aux yeux.

« Ah… oui. C’est à ça que servent les frères, non ? » Je lui avais fait un sourire gêné.

« Alors je dois immédiatement te montrer tout ce que j’ai réussi à accomplir jusqu’à présent ! Je reviens tout de suite ! Euh, la plupart des documents sont dans mon bureau, » déclara-t-il, et il avait vite couru devant moi.

Quand il avait atteint la porte, il était tombé sur la lance de l’un de mes chevaliers et était tombé face contre terre. J’avais dégluti alors que j’étais prêt à défendre mon subordonné, mais mon frère s’était relevé, avait dépoussiéré ses vêtements et s’était remis à courir sans même le fusillé du regard.

« Votre Altesse, si je ne me trompe pas, mais… c’est le prince Reynolds, n’est-ce pas ? » demanda ce même chevalier.

« Oui… du moins, je pense que oui, » avais-je répondu en étant un peu abasourdi.

Je m’étais vidé la tête pendant un moment, puis je m’étais dirigé vers le bureau de mon frère. Il faisait des recherches sur la culture et les lois de tous les pays voisins, depuis la première fois que le système d’esclavage avait été proposé. C’était un travail plutôt intéressant, compliqué et aussi très complet.

Peut-être que je n’ai vraiment aucune idée de ce dont mon propre frère est capable ? En regardant l’un des parchemins remplis de lois possibles et de leurs effets, j’avais pensé cela.

« Intéressant…, » avais-je dit.

Après le retour de mon frère avec ses recherches, que l’on pourrait facilement décrire comme une grosse pile de parchemins, de notes et de livres, j’avais commencé à regretter ma décision de l’aider. Il y avait beaucoup de documents que je devais lire… Heureusement, si je faisais cela, alors il n’y aurait pas besoin de commencer un coup d’État. Les gens souffriraient probablement s’ils étaient divisés en deux camps opposés, alors c’était en vérité mieux ainsi. C’était une option à laquelle je n’avais jamais pensé parce qu’on ne m’avait jamais rien montré d’autre que le côté dégoûtant et égoïste de mon frère.

Bien sûr, je n’avais pas pu regarder tout ce qu’on m’avait montré, mais j’avais eu une idée générale. Reynolds se débattait avec la gestion de la population, les droits légaux, les procédures et toutes sortes de choses de ce genre.

Quelques heures plus tard, j’avais fait une pause et j’étais allé m’installer dans ma chambre. À ma grande surprise, j’avais découvert que ce n’était rien de plus qu’un tas de gravats avec tous les meubles brûlés et un grand trou dans le plafond. J’avais donc occupé l’une des chambres d’hôtes.

Après ça, j’avais fait venir Zoreya.

« Prince Reginald ? » demanda-t-elle après être entrée.

« Je suis ici, » déclarai-je.

J’étais assis devant ma fenêtre à regarder la dévastation de mon palais. Zedor avait du mal à le réparer, mais cet endroit avait été construit au cours de nombreuses années. Chaque brique était enchantée par de puissants sorts. Ce n’était pas facile de le détruire.

« Théos et Zara m’ont apporté des informations intéressantes sur Illsyore, » avais-je dit.

« Je n’ai pas encore reçu de nouvelles, Votre Altesse, » répondit Zoreya.

« Apparemment, il est venu dans cette ville pour une quête pacifique. Il s’est déguisé en simple aventurier et est resté à l’auberge de Tannaor. Le marchand d’esclaves Deroak était son premier donneur de quête, mais selon la Guilde des Aventuriers, il n’a pas fait un jugement correct sur la difficulté de sa quête. Illsyore n’avait pas l’air de s’en faire, mais il a rencontré un groupe d’utilisateurs de magie noire qui occupait le donjon ancien de Mehalom, » je m’étais retourné pour la regarder.

« Utilisateurs de magie noire ? À cet endroit dans le royaume ? Si je l’avais sus.., » demanda-t-elle, surprise et aussi un peu confuse qu’elle ne les ait pas trouvés elle-même.

Sa mission initiale dans notre royaume était de réduire leur nombre et d’arrêter quelques mages diaboliques. Sa deuxième était de protéger la famille royale jusqu’à l’élection d’un roi, et pour être plus précis, celui qui valorisait et respectait les valeurs de l’Ordre de Melkuth.

« Oui. Heureusement, Illsyore et son groupe les ont tués facilement. Le donjon a été nettoyé et des aventuriers ont été régulièrement envoyés à la recherche de restes. J’ai compris que sa pièce centrale était complètement détruite, donc aucune chance qu’il se réveille tout seul, » déclarai-je.

« Pourquoi ce Seigneur du Donjon Divin agissant d’une manière aimable s’embêterait-il avec quelque chose comme ça ? » me demanda-t-elle.

« Je ne sais pas, mais après, il est allé à Deroak et a apparemment réussi à gagner dans le Colisée, mais il ne s’est pas lui-même battu, » déclarai-je.

« Alors, qui ? » elle avait plissé son front en demandant ça.

« Apparemment, ce sont ses femmes et ses esclaves qui ont combattu les esclaves de Deroak. Ce qui est intéressant, c’est qu’elles étaient toutes beaucoup plus puissantes que Dragnov. Elles pourraient être aussi fortes sinon plus fortes que vous. En outre, la façon dont cet Illsyore a fait tomber le palais a été avec une arme étrange capable de tirer des faisceaux de lumière. Des témoins ont rapporté qu’il pouvait même les faire sortir de ses paumes, » avais-je expliqué ce que mes chevaliers m’avaient dit.

« Des faisceaux de lumière ? » demanda-t-elle.

« Oui, cependant, la raison pour laquelle il a attaqué, c’est parce que mon stupide frère a emprisonné et blessé ses esclaves sans qu’il ait enfreint aucune des lois de notre royaume. Illsyore ne l’a pas tué, et comme il était partiellement justifié dans son attaque, je ne peux pas permettre l’envoi d’un groupe de chasseurs à sa poursuite. C’est le premier donjon divin dont j’ai entendu parler qui n’est pas seulement le personnage fictif d’une vieille histoire. Il ne peut être pris à la légère et nous ne pouvons nous permettre de le perdre de vue. Si par hasard il rejoignait les forces ennemies, le royaume d’Aunnar serait en péril, » j’avais poussé un soupir et j’avais regardé par la fenêtre.

Zoreya était restée silencieuse, mais je savais à quoi elle pensait. Depuis qu’elle avait appris que c’était l’assassin de son frère qui avait attaqué le palais, elle avait voulu le poursuivre, mais sa mission et ses ordres l’en avaient empêchée. Pour être honnête, je ne voulais pas non plus la laisser courir après le Donjon, mais dans notre situation actuelle, elle était aussi notre meilleure chance contre lui. Jusqu’à présent, nos voisins n’avaient fait aucun mouvement suspect, donc son pouvoir n’était pas nécessaire ici.

En outre, étant donné son âge avancé, je commençais à me demander combien d’années il lui restait à vivre avant qu’elle ne soit obligée de déposer son bouclier. La laisser partir maintenant lui permettrait probablement de tourner la page dans cette affaire. En tant qu’apôtre, elle ne pouvait pas rêver d’une famille, alors il n’y avait plus personne pour l’attendre quelque part. Tout au plus, elle n’aurait qu’à rendre son bouclier à l’Ordre de Melkuth avant de mourir.

C’était une décision que moi seul pouvais prendre en tant que prince et probablement son ami. C’était une décision entre égocentrisme et égoïsme, une décision plutôt facile pour moi.

« Zoreya, à partir de maintenant, vous êtes libérée de tout devoir envers mon royaume. Tout ce que je demande, c’est que si vous poursuivez Illsyore de me tenir au courant de ses mouvements, » avais-je déclaré en la regardant.

« Votre Altesse… êtes-vous sûre ? » demanda-t-elle.

J’avais fermé les yeux et j’avais hoché la tête.

« Oui, » lui avais-je répondu après lui avoir ouvert les yeux et lui avoir montré un sourire doux. « Vous êtes mon amie et mon alliée depuis très longtemps, Zoreya. Je n’ai jamais été capable de vous remercier pour votre aide, c’est pourquoi je crois que vous laisser partir serait la meilleure récompense que je puisse vous offrir, à moins, bien sûr, que vous ne désiriez autre chose ? »

« Non, Votre Altesse, mais qu’en est-il du royaume ? » demanda-t-elle.

« Zoreya, vous savez aussi bien que moi que vous n’avez jamais eu de devoir envers mon royaume. L’Ordre de Melkuth vous a envoyé ici pour protéger son peuple, repérer d’éventuels nouveaux acolytes et s’occuper des utilisateurs de magie noire qui, à l’époque, se déchaînaient sur ces terres. Ceux tués par Illsyore étaient probablement les derniers. De plus, je suis certain que l’Ordre enverra un autre brave Croisé à votre place pour s’occuper de tous les futurs utilisateurs de magie noire. Vous étiez à mes côtés seulement à cause de mon père, qui était votre ami, et probablement à cause de moi, parce que je vous vois aussi comme une amie, » avais-je parlé sans regret.

Par mes paroles, je me séparais volontiers du seul Suprême présent dans ce pays, mais avec le soutien de l’Ordre de Melkuth, nous n’avions pas peur d’une invasion extérieure. Du moins, pas avant longtemps.

« Je comprends, Prince Reginald. Alors je vais faire mes valises et partir tout de suite ! Je m’inquiète aussi pour ce Seigneur du Donjon Divin. En tant que Croisée, je ne peux pas le laisser tranquille ! En tant que Zoreya Eleanor Alttoros, je souhaite en savoir plus sur la mort de mon frère et voir ce qui en retourne ! Mais mon Ordre se tient devant ma quête personnelle… Même ainsi, ce fut un plaisir et un honneur de servir à vos côtés, Prince Reginald. J’enverrai un message à l’Ordre des Croisés de Melkuth pour que l’un de leurs meilleurs Apôtres soit envoyé pour veiller sur ce royaume, » déclara Zoreya avec un dernier salut.

« Merci et à bientôt, mon amie, » lui avais-je dit. Puis je m’étais retourné pour regarder mon royaume.

« Que Melkuth veille sur votre royaume, Prince Reginald, » déclara-t-elle avant de fermer la porte derrière elle.

Quelques instants après son départ, j’avais poussé un soupir.

« Je sais que cette soudaine séparation avec elle a pu être un peu abrupte, mais je ne pouvais plus laisser ce royaume dépendre de l’Ordre de Melkuth. Les habitants d’Aunnar doivent être forts, avec ou sans Suprême pour les surveiller ! C’est pourquoi je ne peux que remercier cet étranger, Illsyore, qui nous a offert cette opportunité de renaître de nos cendres éparses, » déclarai-je.

☆☆☆

[Point de vue d’Illsyore]

Un mois s’était écoulé depuis que nous avions quitté le royaume d’Aunnar. À notre gauche se trouvaient les forêts épaisses qui s’étendaient jusqu’à l’océan, et à notre droite se trouvaient les vastes étendues de sable spécifiques au climat désertique. La chaleur était une tuerie, mais pas assez pour nous faire tomber.

Cependant, il y avait un problème…

« Illsy ? Qu’allons-nous faire à ce sujet ? » demanda Nanya avec curiosité et en pointant du doigt derrière elle.

« Ne regarde pas en arrière, et ignore-la, » avais-je grommelé.

« Personne ne sait qui elle est, » demanda Shanteya.

« Je n’en ai aucune idée. Par hasard, est-ce que l’une d’entre vous l’a nourrie ? » avais-je demandé en regardant Ayuseya.

« Pourquoi me regardes-tu ? J’ai un faible pour les animaux, mais pas pour les chevalières en armure, » rétorqua la draconienne.

En jetant un coup d’œil vers l’arrière, j’avais vu une certaine femme en armure de plaque intégrale portant un grand bouclier se cachant derrière un arbre vraiment mince. C’était la même chose que d’essayer de cacher un tank moderne derrière un lampadaire. Ou peut-être qu’elle était comme l’un de ces personnages non joueur d’un vieux JDR que j’avais l’habitude de jouer, où si vous placiez un seau sur leur tête, vous pourriez vider leurs magasins sans qu’ils vous voient et sans jamais dénoncer un vol.

Tant que je ne te vois pas, je suis caché de toi. Ce genre de logique, hein ? avais-je pensé.

« À mon signal, courez, » leur avais-je dit.

« Pourquoi ? » demanda Ayuseya, surprise.

« Parce que je ne veux pas m’occuper des vagabonds ! Maintenant, courez ! » avais-je crié. Et nous avions tous commencé à courir à toute vitesse après ça.

En regardant en arrière, j’avais vu la femme courir derrière nous presque aussi vite que nous.

« Comment diable peut-elle courir avec autant de poids sur elle !? » avais-je pleurniché.

« C’est amusant ! » déclara Tamara alors qu’elle mangeait un poisson en se tenant sur ma tête.

Elle était la plus lente, alors j’avais dû la porter.

***

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