J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 4 – Chapitre 56 – Partie 1

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Chapitre 56 : Le marchand agaçant

Partie 1

Pour atteindre le marché aux esclaves, nous avions dû marcher jusqu’à l’autre côté de la ville, là où se trouvait le Colisée. Il était situé près du mur extérieur et était rempli de petits entrepôts où ils gardaient les esclaves enfermés dans des cages.

Dès notre arrivée, Tamara s’était cachée derrière Shanteya, qui lui caressa doucement sa tête poilue. Quant à moi, j’avais regardé les adultes pendant qu’ils étaient exposés, et je n’avais rien senti, mais ensuite j’avais vu les enfants... et j’avais ressenti de la rage.

Chaque entrepôt disposait d’un petit podium sur lequel les « objets » du moment étaient exposés. Ils avaient été enchaînés et ils avaient reçu l’ordre de rester immobile devant la foule. Je pouvais lire leur honte et leur peur dans leurs yeux. Ils avaient la tête baissée et les doigts serrés contre les quelques morceaux de vêtements qu’ils avaient le droit de porter. Les femmes avaient à peine quelque chose sur elles, tandis que les hommes ne portaient qu’un pagne. Quant aux enfants, ils étaient les seuls à porter un pantalon et une chemise, mais cela dépendait du marchand d’esclaves et de l’espèce. Les enfants des nekatars n’étaient pas aussi privilégiés que les enfants humains ou el’doraw.

Les regarder m’avait fait mal au ventre, et j’aurais aimé briser la tête de ces hommes et de ces femmes qui enchaînaient des enfants sans défense pour gagner leur vie. Pour être honnête à ce sujet, j’y avais pensé, mais cet endroit n’était que l’un des nombreux marchés d’esclaves dans tout le royaume. En marchant ici, j’avais remarqué qu’il y avait beaucoup de personnes qui possédaient au moins un esclave. C’était une main-d’œuvre bon marché, mais en même temps, c’était une propriété.

Pourquoi payer un domestique ou un ouvrier quand on peut acheter un esclave ?

C’était la question qui avait permis à ce marché de poursuivre ses activités. Et pour couronner le tout, la famille royale semblait particulièrement intéressée à ce que ce genre de chose fonctionne indéfiniment. Une partie des ventes de chaque esclave allait directement dans les caisses royales.

Pour dire les choses simplement, il faudrait que je détruise tout le royaume pour changer quelque chose, mais j’y avais pensé, et j’avais réalisé que je ne pouvais pas le faire. Quant à savoir pourquoi, il y avait une bonne raison à cela. Une fois le roi mort, les nobles qui soutenaient s’enfuyaient vers les royaumes voisins, qui soutenaient tous l’esclavage. L’anarchie s’installerait, les guerres commenceraient, et les suprêmes de ces royaumes seraient envoyés ici pour me faire tomber. Ce royaume finirait comme un champ de bataille sanglant sans personne en sécurité et sans nulle part où aller.

En utilisant la force pour faire tomber ce royaume, je le détruirais de façon irréversible et j’entraînerais d’innombrables civils innocents dans une guerre sans fin. Je pourrais acheter tous leurs esclaves, mais cela ne leur ferait que me voir comme un moyen de profit, donc, ils essaieraient de m’en capturer encore plus et de m’en vendre davantage. Non... Si ça doit faire changer ça, ça doit venir de l’intérieur, avais-je secoué la tête en y pensant.

Sans issue, j’avais réfréné toute cette haine et j’étais allé chez le marchand d’esclaves qui était autrefois le propriétaire de Tamara. L’enfant avait beaucoup changé, il était donc très peu probable qu’il puisse la reconnaître.

« Excusez-moi ! Êtes-vous ici pour acheter ou pour vendre ? » un marchand maigre et avide s’était déplacé devant nous.

« Quoi ? » demandai-je.

« Je vous donne 45 goldiettes pour la blonde ! » m’avait-il dit.

J’avais plissé les sourcils et j’avais regardé Nanya qui était derrière moi.

« Veux-tu que je te vende ma FEMME ? » lui avais-je demandé. J’avais mis en évidence certains mots pour qu’il soit clair quant à la situation.

« Oh ! Excusez-moi alors ! Et la nekatare ? Elle a l’air en bonne santé et forte, 24 goldiettes ? » demanda-t-il en souriant, tout en regardant Tamara.  

D’un air effrayé, elle se cacha derrière Shanteya.

« Écoutez, enfoiré, je ne suis pas là pour vendre ou acheter ! Nous sommes des aventuriers ayant l’envie de terminer une quête. Maintenant, si vous me dérangez encore, je vais vous casser toutes tes dents ! » Je l’avais menacé.

« Ce serait imprudent ! Oh, non non non non non ! Si vous m’attaquez, c’est par décret royal que je peux faire de vous mon esclave ! » avait-il souri.

J’avais plissé les yeux vers lui.

« Les morts n’ont pas d’esclaves, » avais-je grogné.

Il avait dégluti et avait reculé. « C’est vrai. Pardonnez mon... intrusion malsaine, » il avait fait un salut et il s’était mis à courir jusqu’à son magasin.

En poussant un soupir, je m’étais frotté le front avec deux doigts et j’avais essayé de comprendre ce qui n’allait pas chez ces individus. Cependant, l’homme avait indiqué une autre chose de claire... Je n’avais pas le droit d’attaquer ces gens tant que j’étais sur leur territoire.

Après avoir demandé un peu à gauche et à droite et après avoir été agressés par des marchands avides d’argent qui voulaient soit acheter les filles, soit m’en vendre, nous étions finalement arrivés devant le magasin du salaud qui avait fait de Tamara une esclave.

C’était l’un des endroits les plus fantaisistes en soi et le seul avec des portes sculptées. À l’extérieur, sur le podium, deux femmes et un homme étaient enchaînés, mais contrairement aux autres « marchandises », ils étaient maintenus debout à l’aide d’un dispositif de retenue du cou. Même s’ils le voulaient, ils ne pourraient pas se pencher ou s’asseoir. À gauche de son entrée, il y avait une autre exposition, mais cette fois avec des enfants en cage.

Mon sang s’était gelé quand je les avais vus et la colère s’était enflée dans mes veines, menaçant de me transformer en monstre enragé. Je le voulais, je le voulais vraiment, mais cet homme... il n’y avait aucun moyen de l’arrêter avec mes possibilités actuelles.

Quand je construirai mon académie, je rendrai obligatoire pour les enseignants de donner des cours sur les alternatives au système esclavagiste et pourquoi ils ne devraient pas asservir les enfants. Tch ! J’aimerais pouvoir tuer ce satané roi qui a permis ça... pensais-je, mais toute ma colère devait être réfrénée.

« Tout va bien, Maître ? » demanda Shanteya. Puis elle posa sa main sur mon épaule.

J’avais cligné des yeux en raison de la surprise et je l’avais regardée en réponse. Elle portait une expression remplie d’inquiétude pour moi. Il était clair que quelque chose n’allait pas, mais je n’avais aucun moyen de partager la colère et la haine que j’avais dans mon cœur. Peut-être que c’était mieux que je ne l’ai pas fait et que j’avais gardés tout enfouis à l’intérieur de moi. Comme ça, je n’allais déranger personne.

En poussant un soupir, j’avais secoué la tête.

« Je suis dérangé par ce système esclavagiste... Je n’aime pas ça, » avais-je avoué.

C’était bon d’en laisser sortir un petit peu, juste assez pour empêcher le reste de surgir.

« Je comprends, Maître. » Shanteya hocha la tête. « Cependant, tous les pays ne le voient pas de cette façon. »

« En effet. Chaque royaume a sa propre façon de traiter ses esclaves, mais dans l’ensemble, ils sont considérés comme indispensables à toute forme d’économie. Un pays sans esclavage et avec une prospérité économique n’existe tout simplement pas, » Ayuseya expliqua, mais le ton de sa voix me permet de dire qu’elle aussi était troublée par cette situation.

« Et Shoraya ? » lui avais-je demandé.

« Ils ont aboli l’esclavage, mais en conséquence, leur production est en baisse et il y a beaucoup de mendiants dans les rues de la capitale, » elle regarda le palais au centre de cette ville.

« Qu’en est-il de la démocratie ? » lui avais-je demandé.

« Quoi ? » Ayuseya m’avait regardé confuse comme si j’avais dit quelque chose d’étrange.

« Vous savez, un système dans lequel la population d’un pays choisit son propre dirigeant par un vote égal et équitable ? » leur avais-je expliqué.

« Il n’y a rien de tel. Quel est le rôle du roi dans ce système ? » demanda Ayuseya.

« Il n’y a pas de roi, » répondis-je.

« Ça n’a pas l’air possible. On dirait une anarchie. Les rois apprennent dès la naissance à gouverner leur pays, mais un citoyen élu au hasard n’a pas cette connaissance ou cette autorité. Ce serait la même chose que d’avoir un aventurier de rang Débutant qui entreprendrait une quête destinée à un aventurier de rang Empereur, » Ayuseya avait clairement exprimé son point de vue à ce sujet, et je n’avais aucun moyen de leur prouver le contraire.

Si on regarde la Terre, le Royaume-Uni avait survécu comme une monarchie, tandis que dans d’autres pays, des tyrans démocratiquement élus avaient abusé de leur pouvoir de toutes sortes de façons qui avaient finalement conduit à la ruine de leur pays.

Peut-être que le système politique n’a pas autant d’importance que la justice, la gentillesse et la sagesse de leur chef... Devrais-je me concentrer sur l’introduction de la Démocratie avec mon Académie ou plutôt me concentrer sur l’éducation de bons leaders dignes de n’importe quel poste dans l’État ? Euh... Qu’est-ce que j’y connais exactement en politique ? pensais-je, mais la dernière question restait sans réponse.

Tout au plus, comme tout le monde, je ne savais qu’une chose ou deux, pas comment tout le système fonctionnait jusqu’à son plus petit engrenage. Je connaissais le principe, mais finalement, les détails m’échappaient.

En soupirant, j’avais renoncé à l’idée d’agiter le monde comme ça.

« On entre ? » demanda Nanya au bout d’un moment.

Clignant les yeux de surprise, j’avais réalisé que pendant que je pensais à la politique, les filles m’attendaient à l’intérieur.

Avec un signe de tête en réponse, j’avais ouvert la porte et j’étais entré.

Tout comme à l’extérieur, l’intérieur était largement décoré de toutes sortes de peintures et de statues, certaines bonnes, d’autres tout simplement bizarres. Le marchand était un amateur d’art, d’après ce que l’on voit. Vu l’époque et la zone, j’avais l’impression que ces choses n’étaient pas bon marché.

Les premiers à nous saluer étaient deux hommes très bronzés et d’apparence polie. J’avais plissé les sourcils quand je les ai vus. Ils avaient marché jusqu’à venir devant nous et avaient croisé les bras sur leur poitrine. Ils essayaient d’avoir l’air aussi intimidants qu’ils pouvaient l’être, mais pour un aventurier qui sortait tous les jours pour tuer des monstres, ces types n’étaient qu’une plaisanterie. Même Tamara pouvait les vaincre, et elle était assez faible par rapport au reste d’entre nous.

Les seules choses qui leur manquaient, c’étaient des colliers à crampons et des chaînes enroulées autour de leur corps.

« Ayuseya, peux-tu leur dire que nous sommes ici pour parler d’une mission avec monsieur Deroak ? » avais-je dit à la draconienne.

D’un signe de tête, elle avait procédé à la traduction en kalish.

Les deux se regardèrent un moment, puis celui de droite se dirigea vers l’arrière de la bâtisse pour appeler leur patron. Quelques minutes plus tard, un humain d’environ 1,65 mètre de haut avec un gros ventre, des vêtements de soie et un tas d’accessoires en or sur lui, avait fait son apparition devant nous.

Il nous avait jeté un regard sévère et nous avait tous analysé de la tête aux pieds. Au bout d’un moment, il parla en Shorayan.

« Qui est le chef du groupe ? »

« Il s’agit de moi, » j’avais fait un pas en avant.

« Où sont mes esclaves ? Cette enfant est-elle la seule survivante ? » demanda-t-il en montrant Tamara du doigt, qui se cachait instinctivement derrière Shanteya.

« Non, ce n’est pas l’une des vôtres, c’est la mienne, » lui avais-je dit.

« C’est impossible, je connais tous mes esclaves ! » avait-il déclaré.

« Vous parlez d’une nekatare avec des cicatrices dans le dos et le bout de la queue brûlé ? » lui avais-je demandé.

« Oui. » Il m’avait regardé dans les yeux.

« Eh bien, elle est déjà morte. L’enfant là-bas ne lui ressemble qu’un peu et d’après ce que je sais, cela n’est pas la peine de guérir de telles blessures sur l’esclave d’un autre. En plus, elle n’a pas de collier, » avais-je rétorqué.

Je mens comme un pro, mais je vais certainement garder Tamara hors de vos petites mains ! pensais-je avec un sourire intérieur.

« Vraiment ? » l’homme n’avait pas l’air convaincu, et il continuait à regarder entre la Nekatare et les autres personnes du groupe.

« Comme je le disais, la mission s’est avérée plus difficile que ce que vous l’avez décrite. Vous avez oublié de mentionner les utilisateurs de magie noire et les zombies. » J’avais plissé mon front en le disant.

« Vous êtes en vie de ce que je vois, donc la mission n’a pas dû être si difficile ? Vous êtes quoi, un débutant dans la guilde ? » demanda Deroak en souriant.

« Le rang que nous occupons dans la Guilde n’a pas d’importance ! Ce qui compte, c’est que vous avez donné une quête en dessous de son niveau de danger évalué et, par conséquent, de nombreux aventuriers sont morts. » Je l’avais regardé fixement.

« Et en quoi cela m’importerait-il ? » demanda-t-il, puis il haussa les épaules.

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7 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chapitre.

  3. Merci pour le chapitre

  4. Merci pour ce chapitre

  5. Merci pour le chapitre!

  6. merci pour cette première partie, hâte de lire la suite. (j’espère un carnage^^).

  7. Merci pour le chapitre.

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