Chapitre 28 : Les farces de Nanya
Table des matières
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Chapitre 28 : Les farces de Nanya
Partie 1
Cette nuit-là, j’avais fait un rêve vraiment bizarre.
J’étais de retour dans mon ancien monde, dans l’appartement de mes parents en Roumanie. Alina était là aussi, mais je ne voyais pas très bien son visage. Je la voyais comme ceux de maman ou de papa, qui étaient tous flous, mais j’avais quand même reconnu l’endroit. Les photos de l’ancien moi étaient là-haut sur l’étagère, commémorant les différents moments de ma vie.
Suzi, leur chat bâillait sur le sol, l’air aussi ennuyeux que d’habitude. Il avait une fourrure blanche avec une petite tache noire sur le dos. Pour une raison bizarre, il n’arrêtait pas de me fixer avec ses yeux marron fendus.
Mes parents discutaient avec moi, et Alina essayait aussi de dire quelque chose, mais aucun mot ne sortait de leur bouche. C’était comme si j’étais sourd. Dans ma main, je tenais un vieux téléphone, mais il y avait une photo de moi avec Nanya, Ayuseya et Shanteya sur la plage. J’étais en plein milieu d’elles, souriant avec bonheur, et elles étaient plutôt alléchantes et belles dans ces maillots de bain.
« Tu m’as abandonnée..., » c’était ce qu’Alina avait dit à un moment donné et m’avait montré une photo d’elle en robe de mariée.
Elle se tenait devant un autel orthodoxe typique, laissant le voile blanc couvrir son visage. Je ne pouvais pas le voir, mais d’une façon ou d’une autre, je savais qu’elle versait des larmes de tristesse. Au début, je n’avais rien remarqué de choquant avec l’image, et je pensais que c’était une image de cosplay, mais ce n’était pas le cas. Elle se tenait debout dans une vraie église, et le détail le plus troublant à ce sujet était la croix de marbre blanc placée juste à côté d’elle. Dessus était écrit un nom flou, mon nom. C’était ma croix.
« Comme tu m’as quitté, tu vas aussi les quitter..., » dit-elle, puis elle m’avait montré la photo de moi et des filles sur la plage.
Un frisson avait coulé le long de ma colonne vertébrale, et c’était à ce moment-là qu’une étrange obscurité s’était emparée de moi et m’avait entièrement englouti. J’avais été laissé flottant à l’intérieur de mon esprit intérieur, criant et essayant de m’en libérer. J’avais paniqué et j’avais essayé de repousser l’obscurité, mais elle n’avait pas bougé... Je n’étais pas assez fort.
« Je vais te tuer toi et elles aussi..., » j’avais alors entendu la voix de Dankyun.
« Je ne te laisserai pas faire ! » Je lui avais crié dessus, mais je ne pouvais pas l’atteindre.
J’avais été laissé en train de flotter dans l’obscurité, écoutant les rires de Dankyun et entendant les cris de Shanteya, Nanya et Ayuseya. Tout mon corps frissonnait, et je craignais vis-à-vis de leur terrible destin. En plus d’elles, j’avais aussi entendu les cris des professeurs de l’académie et les cris des élèves comme s’ils étaient dans une guerre. En parlant de ça, je n’avais pas beaucoup interagi avec eux, n’est-ce pas ? Je ne pourrais même pas en nommer un ou deux...
Quand je m’étais réveillé, je frissonnais et je respirais difficilement. Le fait de me voir entouré par l’obscurité de mon esprit intérieur m’avait rendu confus, et pendant un moment, j’avais cru que j’étais encore dans ce terrible cauchemar.
Finalement, il s’agissait de l’étreinte chaleureuse de Shanteya qui m’avait calmé.
En soupirant, je l’avais regardée. Elle dormait encore, m’affichant une expression douce et paisible. J’avais l’impression que rien ne pourrait jamais lui faire du mal, mais je m’étais souvenu des terribles cris de mon rêve, et la peur de la perdre avait refait surface. Je l’avais serrée dans mes bras et j’avais poussé mon visage dans sa poitrine, prenant sa chaleur et écoutant les doux battements de son cœur.
« Je ne veux perdre aucune de vous deux..., » avais-je dit en chuchotant.
Bien que je sentais le besoin de fermer les yeux et de me rendormir, j’avais résisté à la tentation parce que je ne voulais pas risquer de retourner dans ce terrible cauchemar.
[Point de vue d’Ayuseya]
Ces deux derniers jours, j’étais restée loin d’Illsyore. Il ne m’avait jamais appelée pour dormir avec lui non plus. La seule compagnie que j’avais à cette époque était mes larmes et mes livres.
Après avoir lâché la lettre de ma mère, je n’avais pas essayé de la relire. Je n’en ressentais pas le besoin, je ne pouvais pas non plus me résoudre à le faire.
D’une certaine manière, j’attendais tout ce temps qu’Illsyore revienne et me jette dans les griffes de Dankyun. C’était tout ce qu’il fallait faire pour se débarrasser de moi. Quant à ce mariage... C’était étrange, mais dans ce monde, l’anneau noir n’existait pas.
Pendant un certain temps, je me demandais si ce n’était pas simplement une illusion affectant mon esprit, un simple sort destiné à m’asservir à sa volonté. Mais si c’était le cas, pourquoi n’avait-il pas agi comme tel ?
Je n’avais pas envie de retourner vers lui, mais m’enfuir me semblait encore plus difficile. Mon avenir était incertain ou plutôt prédisposé à la douleur et à l’obscurité.
La seule chose à laquelle je n’avais jamais pensé était le suicide... Même si la vie me traitait si mal, le suicide était quelque chose que je n’avais jamais considéré comme une possibilité ou un moyen d’échapper à ce tourment. Quel en aurait été l’usage de toute façon ?
En poussant un soupir, j’étendis les bras et levai les yeux vers le haut, ou là où je pensais être le haut.
« C’est la faute d’Illsy..., » avais-je dit.
Je voulais vraiment faire confiance à ce Seigneur du Donjon. Je voulais vraiment penser que ce mariage pourrait être la chose dont j’avais toujours rêvé, mais je n’avais pas de preuve irréfutable qu’il en était ainsi.
Comment puis-je le tester ? J’avais réfléchi et j’avais regardé ma collection de livres.
Il y avait beaucoup d’histoires dans lesquelles je pouvais trouver une source d’inspiration, mais beaucoup d’entre elles exigeaient que je sois à l’extérieur de cet endroit. Ce n’était pas comme s’il n’y avait pas de moyen, mais la seule question qui me traversait l’esprit était : Quelle est la première étape à franchir ?
[Point de vue de Dankyun]
Le petit déjeuner, comme toujours, était comestible, mais plutôt pathétique pour une personne de mon rang. L’idée de tuer le cuisinier m’avait traversé l’esprit, mais hélas, il était difficile d’en trouver un bon par ici. Du bon côté des choses, le thé avait été fait par moi, et c’était délicieux même si les assortiments étaient plutôt limités.
Il n’y avait aucun doute sur le fait que cette académie était l’endroit le plus ennuyeux où je pouvais passer mon temps. L’académie n’était remplie que de pathétiques faibles de toutes sortes et de toutes les espèces. Il ne manquait que les hommes-bêtes d’ici, mais il leur était interdit de quitter leur continent. Nanya était la seule que je pouvais voir comme une menace possible, le reste pouvait être annihilé avec un seul coup de poing.
Pourtant, alors que j’avais l’air de ne rien faire, j’étais en train de charger ma compétence Suprême. Une fois que j’aurais quitté ce dépotoir, un petit « accident » allait se produire, et tout d’un coup, l’académie allait disparaître. Les bêtises bureaucratiques et politiques gênantes allaient être traitées par la suite. J’avais beaucoup de pions à utiliser comme bouc émissaire si le blâme pour toute cette affaire laissait entendre que cela allait dans ma direction.
Pendant ce temps, mes deux assassins El’doraws me tenaient au courant de ce qui s’était passé à l’extérieur du territoire du donjon. Jusqu’à présent, il n’y avait aucune preuve réelle à l’appui de l’une ou l’autre théorie. En d’autres termes, Ayuseya avait quitté cet endroit, mais en même temps elle ne l’avait pas quitté. Les donjons étaient trop petits et trop faibles pour offrir un abri possible, mais jusqu’à ce que ces deux-là aient fini de fouiller chaque petit recoin de ce territoire, je n’avais pas l’intention de faire le premier pas. Mes soldats avaient déjà reçu des instructions sur ce qu’il fallait faire. Quant aux étudiants draconiens inscrits ici, j’avais prévu de les attirer à mes côtés. Ils n’avaient pas besoin d’étudier dans un tel endroit. Cela ne ferait que faire honte au nom de notre espèce. Bien sûr, s’ils refusaient, la punition viendrait plus tard.
Quand j’étais jeune, un aventurier draconien me l’avait dit un jour : « Nous sommes l’espèce la plus puissante et la plus parfaite de toutes ! Nous sommes les descendants de dieux et de demi-dieux ! Nous sommes les premiers à conquérir un donjon ! Nous sommes les plus vieux et les plus sages ! Voir une espèce comme les humains ou toute autre espèce détenir plus de pouvoir que nous est une honte qu’un vrai draconien doit essayer de rectifier à tout prix ! »
J’avais gardé ces paroles fidèlement dans mon cœur depuis lors, et on m’avait constamment montré, preuve après preuve, que mon espèce était plus forte que toute autre. En même temps, j’avais remarqué que j’étais meilleur que mes compagnons draconiens, j’étais plus fort, plus rapide et plus intelligent ! Obtenir le rang de Suprême n’était qu’une formalité qu’il me fallait accomplir pour obtenir un plus grand pouvoir. Mais maintenant, je méritais mieux !
Ayuseya allait être un bon tremplin pour moi pour y parvenir. Par la suite, il serait assez facile de se débarrasser de cette famille royale pathétiquement faible qui ne cessait de compter sur les autres pour être sa force. Ils ne méritent pas le sang royal qui coulait dans leurs veines, et j’avais l’intention d’en retirer jusqu’à la dernière goutte ! Quant à ma future épouse, avec ou sans elle, il y a plusieurs façons d’obtenir le trône.
En y pensant logiquement, je n’avais pas besoin d’épuiser autant d’énergie uniquement sur celle-ci. Si j’attendais encore 10 ou 20 ans, j’étais sûr qu’une autre femme allait naître dans la famille royale, et je pouvais la prendre. Cependant, cette fois, j’allais m’assurer qu’elle n’essayait rien de stupide.
Même moi, j’avais dû admettre que le tour qu’elle avait utilisé pour se débarrasser de nos fiançailles était complètement inattendu, mais même ainsi, c’était simplement un petit contretemps pour une personne comme moi. On ne m’appelait pas Suprême pour rien.
Les seuls qui pouvaient réellement essayer d’arrêter mes plans étaient les autres Suprêmes dans ce pays, mais aucun d’entre eux n’avait la force ou la volonté de le faire. Ensemble, disons qu’ils le pourraient, mais à la fin, je sortirais certainement victorieux. En plus de mon épée, j’avais aussi mon armure. C’était... un objet très utile pour toutes sortes de situations. Ensuite, j’avais mes bagues, mon amulette et des cristaux de sorts comme celui que j’utilisais maintenant pour charger ma compétence suprême. Quand le moment serait venu, je pourrais les activer et les utiliser sans dépenser une seule goutte de mon propre mana.
Ces cristaux de sorts étaient des artefacts plutôt intéressants. Bien qu’utilisables une seule fois avant que le mana à l’intérieur d’eux ne soit épuisé, ils pourraient devenir un véritable facteur modifiant le résultat d’un combat, en fonction de la compétence qui y était infusée. Ils avaient leurs propres limites de capacité, et ils étaient plutôt difficiles à charger. Peu d’entre eux avaient eu la patience de passer par le processus laborieux de l’approvisionnement en mana. Pour une compétence suprême, cela peut même prendre jusqu’à quelques jours pour la charger, ce qui faisait qu’attendre qu’Ayuseya sorte de son trou de refuge n’était pas une perte de temps. Je me demandais de temps en temps si Nanya en avait, mais c’était plutôt douteux. Ces choses étaient chères à la fois à faire et à acheter. Il y avait aussi une autre raison pour laquelle elle n’en avait pas. Cette femme refuserait sûrement d’utiliser quelque chose qui faisait autrefois partie du noyau d’un donjon.
Ainsi, pendant que personne ne regardait, je rechargeais mon cristal de sort. J’en avais d’autres de prêt, dont un avec [Vol] et un autre avec [Invisibilité]. Bien que je n’avais pas ces compétences personnellement, payer un aventurier du rang Divin ou Empereur pour les charger n’était pas du tout considéré comme un gaspillage. Bien sûr, j’avais payé pour ça, surtout lorsqu’ils avaient fait du bon travail. La seule condition que j’avais était qu’ils soient draconiens.
En fin de compte, mon emploi du temps à cette Académie de Magie de Fellyore était assez simple : Je me réveillais le matin, je prenais mon petit déjeuner, puis je chargeais mon cristal jusqu’à midi. Après cela, j’écoutais les rapports de mes hommes et ceux des assassins. Je déjeunais, puis je continuais avec une autre séance de charge de mon cristal. Pendant ce temps, je convoquais des étudiants draconiens et je les persuadais de se joindre à ma cause et de quitter cet endroit pathétique.
« Hm, je suppose que je pourrai finir ça d’ici demain soir ? » avais-je dit en prenant une gorgée de mon thé. Ce n’était pas mal, mais la prochaine fois je pensais ajouter une feuille de Ratgrey.
[Point de vue d’Illsyore]
Le cauchemar m’avait empêché de dormir pendant quelques heures avant que Shanteya ne se réveille. J’avais essayé de me rendormir, mais je n’y arrivais tout simplement pas. J’avais gardé les yeux fermés et j’avais écouté le battement de cœur de mon El’Doraw. Les battements doux étaient comme une tendre mélodie, et son souffle calme me rappelait que j’étais en sécurité, dans ses bras, et que je n’affrontais pas Dankyun dans une bataille de vie et de mort.
En toute honnêteté, j’espérais qu’il partirait calmement, mais quelque chose m’avait dit que ce ne serait pas le cas. Si les clichés de mon monde fonctionnaient ici aussi, alors sans aucun doute, on s’attendait à ce qu’il fasse quelque chose pour semer le trouble. D’une façon ou d’une autre, il allait nous faire nous battre.
Peut-être que c’est dans ma tête..., avais-je parfois pensé pendant que je réfléchissais aux nombreuses possibilités.
Au moins, j’avais réussi à me calmer suffisamment pour saluer Shanteya le matin avec le sourire.
Après notre baiser du matin, je l’avais libérée de mon esprit intérieur et lui avais permis de se faufiler dans la forêt, où elle reprenait son massacre de la faune locale pour obtenir l’amélioration constante de mon niveau. Je n’avais aucune idée de la façon dont cela affecterait Nanya et Shanteya, mais jusqu’à ce qu’elles me permettent de vérifier leurs statuts, je ne pouvais rien y faire. Techniquement parlant, je n’avais pas besoin d’approbation, mais je voulais être poli.
Je m’étais un peu forcé, mais j’avais réussi à terminer le tunnel de fuite pour les étudiants. Personne n’avait la moindre idée de l’endroit et de la durée pour faire une telle chose. Les murs enchantés le gardaient éclairé et à l’abri de tout ce qui allait se passer au-dessus. Bref, les préparatifs de guerre se déroulaient sans heurt.
Cela avait pris environ cinq heures et demie, plus ou moins dix minutes. J’avais travaillé sans arrêt et je l’avais fait aussi vite que possible, en veillant toujours à ne jamais exagérer avec ma consommation de mana et en même temps utiliser autant que possible.
De retour à l’académie, il était déjà midi. Avec un bâillement sur mes lèvres et en attendant que mon mana se renouvelle, j’avais cherché autour de moi tout ce que je devais réparer. Le fait de trouver Nanya ou Tuberculus était un bonus supplémentaire.
« Rien ne semble déplacé... et aucun soldat ne se conduit mal, » avais-je dit alors j’étais en train de flotter.
Quand j’avais vu Dankyun, je m’étais arrêté et je l’avais lentement approché. Tuberculus était là aussi. D’après ce que j’avais pu voir, ils discutaient calmement de quelque chose. Ce n’était pas poli d’écouter, mais j’étais invisible, donc ça n’avait pas d’importance.
« Absolument pas ! » déclara le vieux directeur.
« Ce n’est pas une question qui doit être débattue, les étudiants draconiens eux-mêmes sont d’accord avec cela après que j’ai eu une belle conversation avec eux hier. » Dankyun expliqua sans même regarder le vieil homme.
Avec sa poitrine gonflée comme ça et ses mains derrière son dos, j’avais l’impression de regarder un noble avec une attitude prétentieuse, mais peut-être que je n’étais pas si loin de la vérité. Il ne voulait même pas montrer le moindre signe de respect envers ceux qui l’entouraient.
« Même ainsi, j’ai la responsabilité de respecter les décisions de leurs parents ! Même s’ils sont draconiens, les enrôler soudainement dans vos troupes, c’est... c’est..., » déclara Tuberculus.
« C’est un honneur. Pour quelqu’un qui est inférieur à Rang Maître de participer à des séances de combat et d’entraînement avec ceux de Rang Maître et plus haut est un véritable honneur ! Aussi, souviens-toi que je suis un draconien Suprême qui est fiancé à leur princesse. Je ne crois pas qu’ils trébucheraient sur une telle opportunité trop tôt ou pas du tout », expliquait-il, mais comme avant, il n’avait pas regardé Tuberculus.
« Ces étudiants ne sont pas prêts ! Ils sont trop faibles et trop jeunes », le vieil homme essayait encore de le faire changer d’avis, mais Dankyun ne voulait même pas en entendre parler.
Je les avais écoutés un peu plus longtemps, mais le draconien était déterminé à ne pas changer sa décision, ou plutôt il ne voyait aucune raison d’écouter l’opinion de Tuberculus. Il ne s’agissait pas tant d’avoir raison que de ne pas être de la même espèce que lui.
Si on regarde en Roumanie, un tel regard chez un homme était peu de choses. En général, les Roumains ne se souciaient tout simplement pas de la couleur de peau et du pays, mais il y avait aussi des exceptions. J’avais vu ces yeux dans les gens souvent étiquetés comme xénophobes ou racistes dans les films ou aux actualités. Ces gens voyaient les autres comme des « choses » en dessous d’eux ou de simples ennemis pour le simple fait qu’ils existaient.
Si j’y réfléchissais attentivement, il y avait de fortes chances que le racisme soit plus courant et considéré comme normal dans ce monde qui ressemble à l’époque médiévale de la Terre. Les droits de l’homme, les droits des Draconiens, les droits des Elfes, les droits des El’Doraws, et ceux de toute autre espèce sensible donnaient l’impression qu’il y avait un côté manquant. Cela n’aurait pas été étrange si j’avais été le seul à héberger une telle morale sur l’égalité.
Devrais-je simplement ignorer ce genre de comportement ? m’étais-je demandé en m’envolant loin de Dankyun.
Quand j’avais regardé autour de moi, j’avais vu des élèves de différentes espèces qui riaient ensemble.
Il était intéressant de constater que le rire était une chose commune à toutes les espèces, de même que les pleurs, la douleur, l’amour et toute autre émotion. Cela m’avait fait me souvenir de quelque chose que quelqu’un m’avait dit un jour.
***
Partie 2
Je crois que cela s’est passé comme ça : Nous parlons d’intelligence artificielle sensible et de vie extraterrestre sensible en dehors de la Terre comme s’il s’agissait d’ennemis que nous devrions détester du simple fait qu’ils ne sont pas humains. Mais qu’est-ce qui fait de nous des humains ? Est-ce les os et la chair de notre corps ou est-ce notre esprit et notre âme ? Je crois que c’est cette dernière, car une fois que nous parlons de chair, il y a beaucoup de différences au sein même de notre espèce pour nous faire nous haïr les uns les autres jusqu’à la fin. De cela, nous voyons des preuves dans le racisme et le comportement xénophobe que beaucoup manifestent sans autre raison que le simple fait que d’autres personnes a l’air différent. Par conséquent, je crois que pour percevoir sans préjugés ceux qui sont différents de nous quant à leur forme physique de base, nous devons nous rappeler que si nous avons la même âme, les mêmes émotions et les mêmes schémas de pensée, alors nous sommes à peu près les mêmes, pensais-je, mais j’avais l’impression que ce n’étaient pas ses paroles exactes.
De toute façon, il avait raison.
Mon expérience dans ce monde pourrait facilement confirmer ces mots. Malgré le fait que Shanteya, Ayuseya, Nanya, Tuberculus, moi et les nombreuses autres personnes dans cette académie étant différents du point de vue de notre espèce jusqu’au lieu de nos naissances, nous pouvions encore vivre ensemble sur la même parcelle de terre sans nous sauter à la gorge. Pour le dire franchement, je n’avais pas encore été témoin de bagarres entre étudiants, où l’un d’entre eux crachait des remarques désobligeantes sur un autre. En dehors d’eux, j’étais un cas plutôt curieux parce que, pour autant que je le sache, les donjons étaient des horreurs en général.
Je sais avec certitude que la façon dont tu es né n’a pas d’importance. J’étais un être humain avant, donc détester ou discriminer quelqu’un simplement parce qu’il n’a pas un corps comme le mien est mal. Nos âmes sont plus ou moins les mêmes... Ce n’est certainement pas juste... Le point de vue de Dankyun est faux, j’en suis certain ! avais-je pensé en secouant la tête.
S’il considérait les draconiens comme supérieurs aux humains ou à d’autres espèces, c’était une erreur. Peut-être que c’était biologiquement correct, mais moralement, ce n’était pas le cas. Malheureusement, je n’avais rien pu faire à ce moment-là. C’étaient des choses qui étaient fortement ancrées dans la société. Pour pouvoir changer n’importe lequel d’entre eux, je devais devenir un être très puissant, quelqu’un face à qui personne n’aurait les moyens de contester.
Est-ce que cela signifie que je veux enseigner ?
Cette soudaine pensée m’était venue à l’esprit, et j’avais cligné des yeux en raison de la surprise. L’idée ne me dérangeait pas, mais y avait-il un moyen de faire quelque chose comme ça ? Je pouvais leur parler des choses que je savais de mon monde précédent, mais je n’étais un expert dans aucun de ces domaines, et je n’avais aucune idée s’il y avait des exemples similaires dans ce monde auxquels les élèves pouvaient s’identifier.
J’avais laissé aller mes pensées et je m’étais envolé à la recherche de Nanya. L’enseignante qui avait l’air d’une adolescente s’occupait de ses propres affaires en protégeant les élèves des soldats. Je n’avais aucune idée de ce qui était arrivé à ceux que j’avais punis auparavant, mais elle l’avait probablement traité avec soin, puisqu’il n’y avait pas eu d’histoires à ce sujet par la suite.
« Nanya, t’ennuies-tu encore ? » demandais-je en m’approchant d’elle.
Grâce au petit avantage d’être ma femme, elle m’avait tout de suite repéré et avait haussé les sourcils en réponse.
« Est-ce si mal, hein ? » demandai-je.
« Les choses sont un peu trop calmes à mon goût. Dankyun se comporte aussi..., » avait-elle exprimé son inquiétude à ce sujet en regardant vers le campement temporaire mis en place par les soldats.
« Tuberculus discutait avec lui il y a un instant. C’était quelque chose à propos de lui qui attire les étudiants draconiens de son côté ? » l’avais-je informée.
« Hm..., » elle avait regardé vers le bas et s’était frotté le menton.
« Crois-tu qu’il prépare quelque chose de mal ? » demandai-je
« C’est un peu difficile à dire, » répondit-elle. « Le Dankyun que je connais était un faux qu’il avait créé juste pour voler mon épée. Le vrai est toujours un mystère, mais une chose dont je suis certaine, c’est qu’il considère les draconiens comme la meilleure espèce parmi toutes. Il serait beaucoup plus enclin à écouter l’un des siens qu’un humain ou un elfe. Après cela, je sais qu’il n’aime pas ceux qui sont plus faibles que lui et montre un peu de respect envers ceux qui sont plus puissants que lui. »
« Fondamentalement, si tu es humain et plus faible que lui, tu es complètement ignoré. Si tu es plus faible et draconien, tu as une chance d’être écouté, mais plus tu es faible, plus il est probable qu’il te regardera de haut ? » avais-je demandé.
« En quelque sorte, mais pour ajouter à tes mots, si tu es plus faible que lui, tu es méprisé, peu importe l’espèce, » elle secoua la tête et soupira : « Je ne peux pas croire qu’un homme comme lui soit un Suprême ».
« Les autres ne sont-ils pas pires que lui ? » avais-je demandé.
« Oui, les Suprêmes Draconiens de Paramanium sont les pires, mais ils ne bougeront pas sans ordre. Mais ce ne sont peut-être que des rumeurs. Je n’ai encore rencontré aucun d’entre eux. Les seuls Suprêmes que je connais sont ceux de Shoraya, Dreziurne et Pendaros, qui sont des Suprêmes inférieurs. Ils sont très gentils envers les autres. Je sais aussi que le troisième continent a beaucoup plus de Suprêmes, mais je n’en ai jamais rencontré personnellement », dit-elle en poussant un autre soupir et en levant les yeux vers moi. Avec un sourire sur les lèvres, elle m’avait dit : « Faisons des plaisanteries aux soldats de Dankyun !! »
« Hein ? Es-tu sûre de ça ? Ne vont-ils pas s’énerver ? » avais-je demandé.
« Qu’ils le fassent, mais tant qu’ils ne sauront pas qui a fait les farces, tout ira bien ! », dit-elle en levant le pouce.
« Très bien, » déclarai-je.
Entre nous deux, elle devait être celle qui devait devenir plus furtive. J’étais déjà invisible et presque indétectable tant que je n’ouvrais pas la bouche. Nanya s’était faufilée à l’intérieur de leur camp et s’était cachée dans l’un des buissons. Les soldats occupaient la plus grande partie du jardin arrière, faisant un gâchis de tous les buissons et de toutes les parcelles de fleurs. 17 tentes avaient été dressées un peu partout, et des tâches avaient été assignées à chacun d’eux. Pendant qu’une partie d’eux dormait, les autres surveillaient. De cette façon, ils n’avaient pas à s’inquiéter des attaques-surprises. Ils avaient un cuisinier, quelques-uns qui nettoyaient les armures sales, d’autres qui manipulaient les armes et les aiguisaient, tandis que les trois commandants sous Dankyun s’occupaient de l’entraînement des plus faibles des leurs. Si je ne savais pas la situation, je dirais que je regardais un camp militaire au milieu d’une zone de guerre. Ils étaient sur le terrain d’une Académie de Magie, ils n’auraient pas dû agir avec autant de rigueur et de prudence. L’air autour du camp était vraiment tendu. Même moi, je pouvais sentir la pression à laquelle ces soldats devaient faire face, mais ils pouvaient tous être des ennemis potentiels, donc il était hors de question de ressentir de la pitié pour les farces que nous allions leurs jouer.
La première que Nanya avait prévu de faire était ce que j’appellerais un classique. La cible était le cuisinier, qui était en train de préparer une grande quantité de soupe.
« Le poivre super-mega-extraépicé de la Langue Boursouflée, » déclara-t-elle avec un sourire en le sortant de sa poche.
J’avais plissé les yeux sur les petits grains de poivre noir. Ça n’avait pas l’air si dangereux, mais connaissant Nanya, il y avait de fortes chances que j’eus tort.
« Qu’est-ce que tu veux en faire ? » avais-je demandé.
« Pas moi, toi ! » elle avait souri et m’avait offert la chose.
« Hein ? » J’ai cligné des yeux.
« Mets-le dans le pot et écrase les graines. C’est très fort ! Puis, laisse tomber le reste dans le baril d’eau là-bas, » elle m’avait indiqué le pot, puis un gros baril non loin de là.
En parlant de ça, où avaient-ils trouvé tout ça ? Je ne me souvenais pas qu’ils transportaient d’énormes barils et des pots de cette taille.
« D’accord, » avais-je dit. Puis, en utilisant la [Télékinésie], j’avais pris le poivre noir et je l’avais placé dans les différents endroits.
La mission avait été accomplie rapidement et ensuite j’étais retourné à Nanya. Elle riait sur ce que je venais de faire.
« Combien de temps devrons-nous attendre ? » avais-je demandé.
« Nous allons entendre parler des résultats assez rapidement, » elle avait souri et s’était éloignée de là.
La cible suivante était un garde qui n’arrêtait pas de se vanter de la beauté de sa femme se trouvant encore à la maison. Même moi, je commençais à m’intéresser à elle quand je l’avais entendu.
« Elle est douce comme un rayon de lune, belle comme un lys et souple comme une noble jeune fille ! Ah ! Ma bien-aimée m’attend, et j’ai hâte de me blottir dans ses bras ! T’en ai-je déjà parlé tout à l’heure..., » déclara-t-il. Face à ça, l’autre garde avait plissé ses yeux.
« OUI ! Plus de cent fois déjà ! Même les rochers s’ennuient ! Et je jure devant le Dieu de la guerre, si tu oses raconter comment tu l’as rencontrée pour la première fois, je vais t’attraper par la queue et te jeter dans la première meute de Dayuk que je vois ! » répliqua l’autre garde, tout en essayant de son mieux de ne pas dégainer son épée et de frapper le cou de l’autre garde.
« Ah, je pensais que tu aimais ça ! » déclara le premier en regardant un peu vers le bas.
Le draconien lui avait jeté un coup d’œil et avait détourné le regard, essayant de se concentrer sur son travail.
Pendant ce temps, pas si loin de l’endroit où se trouvaient ces deux-là, Nanya et moi écoutions le tout en nous couchant derrière un buisson dense.
« Alors... qu’est-ce qu’on va leur faire exactement ? » lui avais-je chuchoté.
« Chut ! Je réfléchis..., » dit-elle en plissant des yeux et en fronçant son front.
Nanya essayait de se concentrer. D’un autre côté, je ne pouvais penser qu’aux pelures de bananes et à certaines choses que j’avais vues à la télévision ou sur le NET. En pensant à eux, j’avais réalisé qu’ils n’étaient pas si drôles. Certains étaient plutôt effrayants et méchants, tandis que d’autres auraient été assez horribles si ceux qui faisaient l’objet de la farce avaient une sorte d’arme sur eux.
« Dois-je essayer d’enlever les pantalons avec Colly Tos ? » avais-je demandé en m’ennuyant un peu.
« Illsssssssy... » Nanya m’avait regardé d’un regard glacial, tandis qu’une culotte rose flottait d’en haut.
« Oups, désolé, » avais-je dit. Puis elle l’avait attrapée dans les airs.
« Hm, » elle avait plissé les yeux vers moi. « Cible le maigrichon et essaie d’utiliser ce sort sur lui, mais cette fois-ci, CONCENTRE-TOI ! » Elle m’avait fixé du regard et avait croisé les mains sur sa poitrine.
« D’accord..., » avais-je dit en regardant ma nouvelle cible.
Je m’étais concentré sur le vol de son pantalon et de rien d’autre. S’il n’avait pas un enchantement de [Pas de Vol] sur lui, alors ça marcherait.
« Colly Tos ! » avais-je dit qu’après m’être concentré très fortement sur ça.
Quelque chose était apparu devant moi et était tombé par terre. C’était blanc et ce n’était certainement pas un pantalon. En regardant Nanya, j’avais vu qu’elle était encore habillée et que sa culotte était dans sa main droite, donc ce n’était certainement pas la sienne. Je savais ce que Shanteya portait, alors elle n’était plus sur la liste.
« Qu’est-ce que c’est ? » avais-je demandé alors que j’avais utilisé [Télékinésie] afin de ramasser le morceau de tissu et le soulever dans les airs.
C’était énorme, et c’était même encore plus grand que Nanya elle-même. Je me demandais si c’était une couverture ou quelque chose du genre.
« Qu’est-ce que c’est que cette chose ? » demanda la jeune fille tout aussi surprise.
« Un drapeau ? Un couvre-lit ? » avais-je demandé alors que j’avais soulevé la chose par l’autre extrémité.
Cela avait en effet plus de 2,5 mètres de long, mais ce n’était pas possible... cela se pourrait-il ?
« AH ! La culotte de ma femme a disparu ! C’était mon porte-bonheur ! L’ai-je fait tomber ? » J’avais entendu le draconien maigre dire en cherchant dans toutes ses poches le morceau de tissu géant que je tenais dans mes mains télékinétiques.
« Oh pour l’amour de... Je vais là-bas, et ne t’approche pas de moi ! » déclara l’autre garde agacé au-delà de ses limites.
Nanya essayait de ne pas rire.
« Hehe ! Je sais que les femmes draconiennes sont énormes, mais c’est ridicule ! » m’exclamai-je.
Je ne riais pas. J’étais paralysé à la fois par la terreur et le choc. Je tenais dans mes mains une culotte géante. Elle n’était même pas du genre mignon, c’était simple, vraiment basique.
En prenant une grande respiration, j’avais replié la culotte en boule et je l’avais ensuite jetée au garde tout maigre. Elle avait été frappée directement au niveau de la tête, ce qui avait fait que Nanya avait eu du mal à contenir son rire.
« Mon porte-bonheur ! Hein ? D’où vient-il ? C’est un dieu qui me l’a envoyée ? Oh, que le ciel soit béni ! » déclara l’homme draconien en étreignant le sous-vêtement géant.
Le soldat n’avait pas pris la peine d’essayer de savoir d’où elle venait, alors dès qu’il était hors de notre vue, Nanya avait éclaté de rire.
« Ce n’est pas drôle ! » avais-je gémi.
« HahahHHaha ! Mais Illsy ! Je ne peux pas m’arrêter ! BUHAHAHAHHHaha ! C’est un sort cassé ! Même lorsque tu te concentrais sur un seul objet, tu réussissais à obtenir la seule chose qui a un lien avec une femme, une culotte géante ! BUHAHAHAHHHaha ! Je suppose que la taille n’a pas d’importance ! » déclara-t-elle en riant sur le sol.
« Je n’y peux rien ! Le sort est brisé ! En outre, j’ai une limite de poids..., » m’étais-je plaint.
« Hooo ? Et si Ayuseya atteint cette taille ? » demanda-t-elle avec un grand sourire.
« J’inventerai le tapis roulant, » avais-je rapidement répondu.
« Tap... Lant ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle en clignant des yeux, surprise et en inclinant la tête vers la gauche.
« Un appareil magique qui t’aide à perdre du poids, » j’avais plissé les yeux vers elle.
« Hahahaha ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Il suffit d’acheter une potion amaigrissante ! Et aussi, tu ne sais pas ? Être gros, c’est être riche. Certains nobles font même des compétitions pour voir qui a le plus gros ventre ! J’ai vu un noble un jour qui était plus gros que sa femme enceinte, qui était au 9e mois ! Buhahahaha ! » continua-t-elle à dire en riant.
Potion amaigrissante ? Je ferais mieux d’apprendre à les faire avant qu’ils n’inventent la restauration rapide. Je vais faire un massacre ! Je vendrais de la nourriture à une extrémité du donjon et la potion amaigrissante à l’autre extrémité. Parfait ! Et vraiment... des compétitions de taille de ventre ? avais-je pensé en regardant l’enseignante adolescente qui gloussait de rire.
« D’accord, épouse, quelle est la prochaine farce qu’on va faire ? » avais-je demandé en essayant de changer de sujet.
« Oh, c’est vrai ! Nous allons mettre de l’huile sur les poignées de leurs épées ! », avait-elle dit en souriant.
« N’est-ce pas dangereux ? » avais-je demandé.
« Qui s’en soucie ? » elle avait haussé les épaules et était partie à sa prochaine destination. « Pfft, une culotte géante... »
Avec un soupir, je l’avais suivie jusqu’à l’autre côté du camp de soldats. Nous nous étions cachés derrière l’une des tentes et en utilisant mon sort [Télékinésie], j’avais réussi à verser l’huile visqueuse et glissante sur les pointes des épées placées dans un tonneau. Mais je pouvais encore les attraper sans problème. La dernière chose que nous avions faite avant de partir avait été de verser de la poudre qui démangeait sur les terrains d’entraînement et de la mélanger avec la boue qui s’y trouvait. Chaque chute que les soldats feraient finirait par les envoyer dans une frénésie de démangeaisons.
Une fois que nous avions terminé, nous nous étions assis et nous avions apprécié le spectacle...
« AARGH ! Trop piquant ! » cria la première victime qui osa goûter l’effet du poivre.
Nanya riait déjà en voyant ça, la victime s’était alors dirigée droit vers le baril d’eau.
« C’EST FORT ! » cria-t-il en courant à gauche et à droite, essayant d’éteindre les flammes dans sa gorge.
Sa seule solution avait été d’utiliser la magie. En utilisant un sort qui avait invoqué une boule d’eau, il l’avait tirée en l’air et s’était tenu juste en dessous quand elle était tombée. Cela n’éteindrait pas les flammes dans sa gorge, mais c’était bon pour un soulagement temporaire.
« Attention ! » avait crié l’un des soldats qui avaient utilisé l’épée avec la poignée glissante.
La lame avait volé dans les airs et avait poignardé le sol entre les pieds de l’un d’eux. L’homme était à deux doigts de se retrouver incapable d’engendrer des enfants. En voyant cela, il s’était évanoui un instant plus tard, provoquant une grande explosion de rires chez Nanya. Les autres soldats riaient aussi, tant du malheureux que de ceux qui essayaient de saisir les poignées des épées.
Sur les terrains d’entraînement, deux draconiens à l’air sérieux essayaient de mesurer leurs forces l’un par rapport à l’autre. Il s’agissait d’une compétition de lutte, la chose parfaite pour les salir et les couvrir de boue qui démangeait. Même moi, j’attendais de voir un résultat amusant.
Après quelques chutes, les hommes avaient commencé à se gratter comme des fous. Ils étaient sortis du ring et avaient sauté directement dans l’étang devant le belvédère. La poussière qui démangeait était assez forte, mais l’eau avait affaibli l’effet.
Bien sûr, personne ne nous soupçonnait tous les deux d’être les vrais farceurs, et au lieu de cela, les soldats draconiens se blâmaient les uns les autres. Cela s’était même terminé par une bataille entre quelques soldats, que leurs commandants avaient interrompue peu de temps après. Ce n’étaient pas les seules victimes de nos farces, mais le résultat final était plus ou moins le même, les draconiens se grattant partout, criant « FORT », et les mâles adultes étaient à peine capables de tenir une épée dans leurs mains.
« Eh bien, c’était amusant ! Nihihihi ! » déclara Nanya en souriant.
« Je suppose, » avais-je répondu.
Nous marchions dans la forêt, faisant le tour du camp pour retourner à l’académie.
« Et toi, avec cette culotte géante ! C’était vraiment drôle », déclara-t-elle en riant.
« Ne me rappelle pas ça, sinon j’aurai des cauchemars... En parlant de ça, qui a de toute façon inventé la culotte ? » avais-je demandé.
« Qui sait ? » elle haussa les épaules « Peut-être le Dieu de la culotte ? » elle ricana.
C’était une blague, je le savais, mais il y avait quelque chose comme le Dieu des gros seins, alors peut-être...
Non ! C’est impossible ! J’avais secoué la tête et nié fermement l’existence d’un tel dieu.
***
Partie 3
[Point de vue d’Illsyore]
« Penses-tu qu’ils découvriront que c’était nous derrière ces farces ? Je suis surpris que personne ne t’ait entendu rire ainsi, » avais-je demandé en la regardant.
« Oh ça ? J’ai utilisé un sort qui a réduit au silence tous les sons autour de moi. Ce n’est pas un sort de furtivité parfaite, mais pour quelque chose comme cela, c’était suffisant. Tant qu’ils n’ont pas entendu ou senti notre présence, nous n’avons rien à craindre. D’ailleurs, que vont-ils faire ? Nous pointer du doigt et se plaindre ? », haussa-t-elle les épaules comme si ce n’était rien.
Certes, s’ils avaient essayé quoi que ce soit, Nanya à elle seule était assez puissante pour tous les achever. Dans mon cas, il s’agissait simplement de lancer un sort de 5000 points de mana de n’importe lequel de ceux que j’avais à ma disposition et cela sera fini. Pourtant, tous les soldats n’étaient pas là. Je savais que certains cherchaient dans mes autres donjons, et personne n’avait encore réussi à trouver mon donjon secret, mais ils avaient détruit tous les cercles d’invocation magique et les pièges qu’ils avaient trouvés.
Ils essayaient de m’affaiblir. C’est ce que j’avais ressenti. Pour un donjon, les pièges et les monstres étaient leurs armes.
« Qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? » avais-je demandé à Nanya quand nous étions arrivés à l’académie.
« Je vais y retourner et prétendre que rien ne s’est passé. Qu’en est-il de toi ? Comment va cette chose dont nous avons parlé ? » demanda-t-elle.
« Ça va bien, une partie est finie, le reste est presque fini. “Tu sais qui” m’aide à monter de niveaux, » avais-je répondu.
« Bien ! Bien ! Avec un peu de chance, peut-être que ce salaud s’en ira sans faire trop d’histoires ! Nihihihi ! Et aussi, tu n’as pas oublié de renforcer ton armure magique, n’est-ce pas ? » me demanda-t-elle en plissant les sourcils.
Je m’étais arrêté sur mon trajet et j’avais dégluti. Je savais qu’il y avait quelque chose d’important que j’oubliais sans cesse, mais je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus.
« Oopsie…, » avais-je dit.
« Ne me fais pas marcher ! Va la renforcer ! Maintenant ! » déclara-t-elle en me regardant fixement.
« Oui ! Oh, et Nanya ? » avais-je dit quand j’avais atteint l’entrée.
« Quoi ? » demanda-t-elle en haussant les sourcils.
« Colly Tos ! » J’avais souri, et sa culotte était apparue au-dessus de moi. « Bye bye ! » avais-je dit et puis je m’étais rapidement envolé de là.
« ILLSY ! » elle avait crié sur moi en reprenant sa culotte.
Elle n’avait pas couru après moi, elle avait juste soupiré et l’avait remise en place. Les soldats n’étaient pas les seuls à s’être fait piéger.
Une fois dans ma salle, j’avais renforcé mon corps de cristal, y infusant autant de mana que je le pouvais sans m’évanouir. Nanya m’avait dit de ne pas charger bêtement mon armure, mais j’avais le sentiment que plus mon armure était forte et grande, mieux c’était. C’était toujours le cas pour les héros dans manga et anime. Plus ils mettaient d’énergie dans quelque chose, plus ça devenait fort, cependant, j’avais fait de mon mieux pour le renforcer et le concentrer.
Cela fait, j’avais rejoint Shanteya. À ce moment de la journée, elle avait réussi à stocker un grand nombre de monstres. J’avais absorbé la montagne de cadavres et lui avais fait un rapide « Bonjour », après cela, je m’étais dirigé vers mon donjon. Il n’y avait pas le temps ou le besoin de bavarder, elle était occupée à tuer toute une tribu de Gobelins.
La construction de mon donjon s’était bien déroulée après ça. J’avais réussi à terminer à environ 70 % ce jour-là, mais si l’on considérait l’ensemble, ce niveau était beaucoup plus mortel que les précédents. La partie la plus difficile était les pièges à lave. Fondamentalement, il s’agissait d’un couloir de pièges à pression qui faisait tomber de la lave brûlante en provenance du haut. Il s’agissait d’un type de piège à usage unique, que j’allais devoir réarmer d’une manière très gênante. Une fois la lave durcie, ce passage était bloqué, et ils allaient devoir repasser par un autre couloir rempli de pièges pour atteindre la section suivante du labyrinthe.
La culotte géante m’avait donné une idée intéressante. J’avais construit un tapis roulant primitif, qui était essentiellement une combinaison de rouleaux recouverts d’une courroie en cuir. Le problème venait du fait qu’on essayait de les faire tourner rapidement. J’avais dû faire un lot d’huile et l’enchanter pour qu’elle ne salisse pas la zone et qu’elle ne se répande pas sur ce qui avait été frotté dessus.
Une fois l’installation terminée, je m’étais rendu compte que je pouvais simplement enchanter les rouleaux et la bande pour aller très vite sans l’huile. J’avais lâché un gémissement agacé quand j’avais réalisé cela. Néanmoins, j’avais fini le piège en ajoutant des éléments métalliques pointus à chaque extrémité du tapis roulant et quelques pistons allaient déclencher des haches géantes tranchantes. Toute personne passant par là aurait besoin d’être très agile ou d’avoir une puissante armure magique, sinon, ils finiraient en morceaux ou en brochette.
Une autre chose que j’avais décidé d’ajouter à chaque section de ce labyrinthe était un piège à gaz. L’air était toxique pour toutes ces pièces, mais j’aurais trois voies d’approvisionnement différentes. Fondamentalement, j’avais fait des tuyaux traversant le sol et surgissant le long de divers chemins de tuyauteries ou à l’intérieur de piliers creux. De cette façon, ils étaient très difficiles à trouver et à désactiver. Il y avait de multiples chemins menant à ma chambre, mais tous étaient extrêmement dangereux. Malheureusement, je n’avais aucun moyen de m’échapper de là. Si Dankyun ou n’importe quel autre ennemi m’atteignait, cela allait finir comme une bataille jusqu’à la mort de l’un de nous.
Franchement, je n’avais aucune idée à quel point ce donjon allait être puissant et dangereux. Je voulais être plus créatif avec lui, et bien que mon esprit se soit déplacé dans la direction de la physique quantique et de la mécanique avancée, je n’avais absolument aucune idée comment faire des trous noirs ou des contrôleurs de gravité. Je ne pourrais même pas faire une voiture si je le voulais.
En y réfléchissant, j’ai peut-être eu beaucoup de chance avec le super-alliage Inconel. Si je n’avais pas eu besoin de faire des recherches pour obtenir mon baccalauréat à l’Université polytechnique, j’aurais pu me retrouver avec des murs d’acier ou de fer. Mais encore une fois, est-ce que je l’ai fait ou est-il déjà stocké à l’intérieur de moi par les donjons précédents ? Si oui... comment ces donjons pourraient-ils savoir faire un superalliage découvert seulement à l’époque moderne de la Terre ? J’ai réfléchi à ce sujet en attendant que mon mana se recharge.
La fatigue mentale était évidente vers la fin de la journée lorsque j’avais accidentellement construit un mur incliné au lieu d’un mur normal. J’étais fatigué et il ne me restait plus aucune goutte de désir de construire quoi que ce soit. J’étais devenu léthargique que j’étais devenu si lent dans la construire des choses et que je n’avais aucun moyen de construire proprement quand j’étais ainsi. L’idée d’une méthode copier-coller sonnait bien, mais contrairement au cas du tunnel, je devais me concentrer sur des détails mineurs pour celui-ci.
Épuisé, j’avais quitté le donjon quand il commençait à faire nuit dehors. J’avais volé directement à Shanteya, je l’avais récupérée, j’avais absorbé la pile de monstres et j’étais retourné à l’académie. S’il restait quelque chose à réparer, ce serait pour le lendemain. Je voulais seulement me glisser à nouveau dans le confort de mon esprit intérieur et m’endormir.
« Je suis tellllllement fatigué…, » avais-je gémi en volant dans les bras de Shanteya.
« Alors s’il vous plaît, reposez-vous bien, Maître, » déclara-t-elle alors qu’elle me laissait lui faire des câlins.
« Euh... Illsyore ? » J’avais entendu la voix d’Ayuseya venant de derrière moi.
[Point de vue de Dankyun]
« Mademoiselle Zoraya Del'argo, je présume ? » avais-je demandé en regardant la jeune femme qui était entrée dans ma chambre.
Il faisait déjà sombre dehors, mais même dans la faible lumière des bougies de ma chambre, je pouvais encore voir ses écailles vertes et lustrées qui recouvraient sa queue et ses joues. Elle était un peu plus petite que moi et plutôt mince au niveau de la taille et de la poitrine. Ses yeux verts étaient comme une paire d’émeraudes parfaitement sculptées.
Malheureusement, elle était d’une origine peu noble. Vous pourriez dire que j’avais vu cela comme une merveille le fait qu’elle avait réussi à atteindre l’Académie de Magie de Fellyore. Malgré tout, cet endroit était assez loin de chez elle dans le royaume de Teslov.
« Oui, Milord, » répondit-elle avec un salut poli.
Au moins, elle connaît un peu les bonnes manières, avais-je pensé en la regardant.
« Sais-tu pourquoi tu as été appelée ici ? » lui avais-je demandé en la regardant droit dans les yeux.
Elle avait dégluti, mais n’avait pas fui mon regard. Je lui faisais peur.
« Non, Milord. » Elle secoua la tête.
J’avais incliné un peu ma tête vers la gauche et j’avais agité ma queue de haut en bas à côté de moi. Ses yeux étaient tombés sur mes écailles brun foncé et elle avait ensuite détourné le regard, pensant que je n’avais pas remarqué son regard effrayé.
« Je t’ai appelée ici pour t’offrir la possibilité de rejoindre mes troupes. Tu seras entraînée par mes commandants de rang Empereur et de rang Maître. Tu recevras tout l’équipement dont tu auras besoin pour fonctionner en tant que soldat dans mon unité, mais si tu désires un travail plus “loin du champ de bataille”, je peux te garantir quelque chose en retour à l’Académie Impériale dans l’Empire Paramanium ou la possibilité de travailler sous la direction de l’un de mes proches collaborateurs dans la capitale du Royaume de Teslov, dans le palais ou bien à l’extérieur de celui-ci, selon ton choix, » je lui avais expliqué le marché avec un ton aussi calme que possible.
« C’est très généreux de votre part, Milord…, » déclara-t-elle en clignant des yeux, surprise.
« En effet, ça l’est. Tout ce que je te demande, c’est de renoncer à ta loyauté envers la princesse Ayuseya Pleyades et la famille royale. Jure-moi de me servir et seulement moi, et je m’assurerai de transformer ton avenir en un avenir brillant. Qu’en dis-tu ? » avais-je demandé en souriant.
Aucun draconien sain d’esprit ne refuserait de travailler sous mes ordres. Ces imbéciles malavisés étaient de ma propre espèce, et j’avais le droit de m’assurer qu’ils ne s’éloignaient pas du droit chemin. La promesse de pouvoir et de richesse était généralement l’un des meilleurs moyens de motiver un changement dans leur loyauté.
Même ainsi, il y avait ces quelques imbéciles qui croyaient que l’alternative était meilleure...
« Mais Milord, je ne peux pas trahir la famille royale... Ils sont…, » elle avait commencé à parler, mais le reste de ses mots avait été simplement coupé par moi.
« Assez, » lui avais-je dit en levant la main. Et elle avait fermé la bouche.
J’avais fermé les yeux et frotté mes tempes dans la vaine tentative de chasser les maux de tête que ces idiots me causaient. Pourquoi n’ont-ils pas vu à quel point la famille royale était pathétique ? Pourquoi ont-ils conservé leur loyauté envers une cause mourante ? Je n’arrivais tout simplement pas à comprendre. Je ne pouvais pas comprendre cette chose grotesque !
Berk ! Soit ils sont tous des idiots, soit la princesse leur a dit quelque chose pour les retourner contre moi, avais-je pensé en regardant la jeune femme qui attendait que je parle à nouveau.
« Sais-tu ce qu’est une malédiction de génération ? » lui avais-je demandé alors que j’avais éloigné ma main de ma tempe gauche et que je la regardais d’un œil.
« N-Non, Milord, » répondit-elle.
Elle a peur de moi. C’est bien !
« Alors, laisse-moi te l’apprendre. Une malédiction de génération ou malédiction suprême, comme d’autres l’appellent, est une malédiction qui affecte l’ensemble de ta lignée, de ta génération à la génération suivante. C’est essentiellement... » J’avais relâché l’autre tempe et je m’étais appuyé sur ma chaise. « Si je te maudis, alors toi et tes enfants et leurs enfants recevrez instantanément cette malédiction. Peux-tu suivre ce que j’explique ? » lui avais-je demandé.
« Oui, Milord, mais je…, » elle avait essayé de parler à nouveau, mais je l’avais réduite au silence en levant la main.
« Tu n’as pas besoin de dire un mot, écoutes. » J’avais pris une grande respiration et j’avais regardé dans ses yeux. « Plus une malédiction suprême est forte et plus elle peut engloutir des générations. Par exemple, celle de la Princesse Ayuseya, c’est pour 1000 générations », cligna-t-elle des yeux en raison de la surprise. Bien sûr, peu de gens connaissaient tous les détails derrière la malédiction de la famille royale. « Cependant, la partie intéressante consiste dans les effets spécifiques de cette malédiction de génération. Celle de la famille Pleyades les force à mourir à un âge extrêmement jeune et les rend extrêmement faibles. Ils sont si faibles que même un paysan humain pourrait les tuer. Tu comprends ? » avais-je demandé.
« Oui, Milord, » répondit-elle, mais je la voyais déjà frissonner.
« Maintenant, désires-tu encore servir une princesse qui va mourir dans quelques années ? » lui avais-je demandé. Puis j’avais pointé mon doigt vers elle.
« Je-Je... Je... », elle trembla et baissa les yeux un instant.
Sois une fille intelligente et choisis bien. Je pensais.
« Oui, mais je refuse, » répondit-elle.
« Vraiment ? » Je m’étais penché en arrière dans ma chaise et j’avais regardé le plafond. « Jusqu’à présent, je n’ai réussi à convaincre que trois étudiants de me rejoindre. Ils ont déjà été envoyés pour être entraînés par mes soldats. Quand je pense que parmi eux, seuls trois ont choisi correctement... Soupir ! Décevant... si décevant. » Je l’avais dit à haute voix, mais ça n’avait pas vraiment d’importance si elle m’entendait maintenant.
« Mi-Milord ? » elle parlait d’une voix tremblante.
« J’en ai marre de ce jeu. Si tu ne veux pas que je te tue tout de suite, déshabille-toi. Si tu refuses, je te tue, toi et toute ta famille et tes amis, » lui avais-je ordonné.
Si elle ne voulait pas se joindre à moi, elle pourrait au moins me faire plaisir pour une nuit. À mes yeux, elle n’était rien d’autre qu’une traîtresse...
Merci pour le chapitre.
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