J’ai été réincarné en une Académie de Magie ! – Tome 3 – Chapitre 26

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Chapitre 26 : L’arrivée de Dankyun dans l’Académie de Magie de Fellyore

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Chapitre 26 : L’arrivée de Dankyun dans l’Académie de Magie de Fellyore

Partie 1

[Point de vue de Dankyun]

J’attendais patiemment à la frontière du territoire du donjon. Il y a un instant, l’un des soldats y était brièvement entré et y avait mesuré son niveau. Il était actuellement de niveau 64. Un niveau assez faible pour un donjon ayant un territoire de cette taille. Je doutais que l’académie eût vraiment besoin de tant de choses, mais surtout je ne pouvais pas voir Nanya sacrifier son propre mana pour aider un donjon, et cela, peu importe la raison. Depuis que je la connaissais, cette femme détestait les donjons jusqu’au tréfonds de son être. On pourrait dire que c’était la raison pour laquelle je m’étais rapproché d’elle. Elle aimait simplement détruire les noyaux de tous les donjons que nous rencontrions.

L’arme qu’elle avait utilisée, la Tueuse de Donjons, était une arme puissante comme je n’en avais jamais vu auparavant, et cela avait fait des merveilles contre eux. Bien sûr, une si belle épée ne convenait pas à quelqu’un comme elle, d’autant plus qu’elle refusait de l’utiliser trop souvent, alors j’avais fermé les yeux sur ma propre haine pendant un certain temps et je m’étais rapproché d’elle. Quand le moment était enfin venu, j’avais volé l’épée, tué le donjon et activé les pièges les plus mortels qui s’y trouvaient. L’idiote pensait que j’en avais après la compétence suprême. En vérité, ce n’était qu’un bonus, la belle épée qu’elle portait était mon vrai prix ! Après tout, de tels enchantements étaient difficiles à trouver, en fait, ils étaient impossibles à trouver, et de toute ma vie, je n’avais jamais rien vu ou entendu de tel, un véritable trésor parmi les trésors !

« Maître... danger... dans la forêt..., » quelque chose avait parlé à côté de moi.

J’avais tourné la tête et j’avais vu ce pathétique petit avorton qui était apparu de derrière un arbre. Sa main gauche était cassée, sa jambe droite était fendue, et il avait l’air d’avoir eu une altercation avec un ogre. Tout en plissant les sourcils, j’avais dégainé mon épée et l’avais pointée sur lui.

« Parle ! » avais-je ordonné.

« Des pièges dans la forêt, Maître... Je n’en ai pas vu un seul, mais... alors... j’ai volé dans le ciel. Cela a brisé mon armure magique…, » répondit-il après s’être agenouillé devant moi.

Rien de ce qu’il avait dit ne m’intéressait le moins du monde.

« Tu es sur le territoire d’un donjon, n’est-ce pas normal ? » avais-je demandé.

« Oui, mais... mais... il n’y avait pas de bâtiment là-bas ! C’était un piège placé au milieu de la forêt comme s’il avait été convoqué spécialement pour moi, » m’avait-il répondu, mais je pouvais dire que quelque chose d’autre lui faisait peur.

Néanmoins, il était clair qu’il avait échoué lamentablement dans sa mission. D’après ce qu’il m’avait dit, il n’avait même pas été capable de traverser la forêt, encore moins de se faufiler à l’intérieur des bâtiments de l’académie et de trouver des informations sur la princesse Ayuseya. Il avait failli misérablement à sa mission, et pour cela, je ne voyais aucune raison de le laisser continuer à respirer le même air que moi.

« Tu en as fait bien assez, » avais-je dit, puis un petit sourire était apparu sur son visage alors qu’il croyait qu’il avait été épargné. « La mutilation par les chevaux est la récompense appropriée pour ton échec ! » avais-je annoncé.

« Quoi ? Monseigneur ! Ayez pitié ! » plaida-t-il, mais je l’avais tout simplement ignoré.

Quatre de mes soldats s’étaient approchés de lui et l’avaient traîné un peu plus loin. L’un d’eux l’avait bâillonné pour garder ses cris et ses pleurs silencieux. C’était mieux ainsi. Il y avait beaucoup de nobles qui préféraient écouter la berceuse chantée par des personnes torturées, mais je préférais leur silence.

Pendant qu’il était attaché à quatre chevaux, je m’étais rapproché de la limite du territoire du donjon et j’avais attendu que mes troupes aient terminé avec ce qu’elles faisaient. Assez rapidement, il s’était fait déchiqueter. C’était quand même des chevaux de trait, les plus forts quand il s’agissait de la puissance de leurs pattes, et aussi les seuls capables de transporter des soldats draconiens. Les chevaux humains étaient si petits par rapport à ceux de Teslov ou du continent Sorone.

« C’est fait, monseigneur ! » déclara l’un des commandants du Rang Empereur.

« Bien ! Nous avançons maintenant, » avais-je ordonné.

« Y a-t-il des ordres spéciaux pour nous ? » avait demandé l’assassin El’Doraw en s’approchant de moi.

« Oui. Je souhaite que vous continuiez la mission de ce pathétique tas de viande. Trouvez-moi l’emplacement du donjon et de son noyau. Trouvez aussi où se cache la princesse Ayuseya. Trouvez ce que vous pouvez sur Nanya la Destructrice Folle, » avais-je calmement commandé en entrant dans le Territoire de Donjon.

Mon épée tremblait un peu quand l’enchantement de la peur avait été activé. Cela ferait trembler le noyau du donjon devant moi et peut-être même que cela le forcera à commettre des erreurs. S’il m’attaquait, alors j’avais l’excuse parfaite pour détruire cet endroit où Nanya avait trouvé refuge. Bien sûr, je pourrais toujours lancer une attaque même si rien n’était fait de son côté. En tout cas, j’avais prévu de rendre mon séjour long et douloureux pour elle jusqu’à ce que je découvre exactement où se cachait mon animal de compagnie.

 

☆☆☆

[Point de vue de Nanya]

Le fait de voir Illsy montrer tant de peur envers Dankyun m’avait fait me rappeler à quel point mon épée volée était puissante. Beaucoup l’avaient vu comme un véritable trésor quand on en était arrivé là, mais pour moi, ce n’était rien d’autre qu’un rappel de la souffrance que j’avais endurée à cause de mon passé. J’avais souvent voulu simplement la jeter dans la rivière la plus proche, mais elle était trop puissante pour la laisser tomber entre les mains de qui que ce soit.

À l’époque, quand Dankyun me l’avait volée, il m’avait dit que seul un imbécile penserait à abandonner une arme aussi puissante. Seul un fou penserait à s’affaiblir dans un monde où le fort domine le faible. C’était peut-être vrai. J’étais une femme folle qui voulait se débarrasser de ses crocs parce qu’il s’agissait de crocs qui m’étaient imposés et non pas gagnés par un dur labeur. Pour le recevoir, tout ce que j’avais à faire était de naître, et rien d’autre.

Quel genre de père créerait et offrirait une telle chose à sa propre fille ? Une arme qui ne sert qu’à verser le sang de ses indignes... compagnons, pensais-je en regardant vers la Cité de Therion.

Quand Dankyun m’avait trahie, j’avais cru que je ne le reverrais jamais. J’avais cru que je m’en débarrassais enfin, mais comme un boomerang, la chose maudite me revenait maintenant.

Là-bas, l’homme qui m’avait trahie, qui avait tué mon groupe, m’avait volée et m’avait laissée pour morte dans un donjon, se dirigeait vers mon petit sanctuaire, ici, dans l’Empire Shoraya. Si j’avais pu choisir, j’aurais souhaité que cette réunion maudite ne se produise jamais. J’avais lutté entre deux pensées : récupérer mon épée et tuer Dankyun. Je n’avais jamais souhaité la première, mais j’avais souhaité la seconde.

Si c’était l’ancien moi, celle qu’il avait été laissé pour morte dans ce donjon, je n’aurais pas eu à me débattre avec ce dilemme. J’aurais sauté hors de la portée d’Illsy et j’aurais couru vers lui en rugissant comme une maniaque. J’aurais tout donné pour le tuer sans me soucier de qui aurait été blessé... Mais la vieille Nanya était morte dans ce donjon.

En fermant les yeux, je m’étais souvenue du moment... Il faisait noir, il faisait froid et je saignais abondamment. Mes amis étaient morts, et l’un des monstres qui restaient dans le donjon se régalait des entrailles de Zero. La puanteur avait même retourné mon estomac, et je savais que j’allais être la prochaine. Je ne pouvais pas quitter cet endroit, j’étais piégée. Seconde après seconde, minute après minute, le temps passait et m’envoyait lentement vers ma fin. Mon esprit refusait d’espérer une issue, refusait d’accepter la possibilité d’une évasion... J’attendais simplement... d’être tuée.

C’est alors qu’il était venu me sauver. Un jeune magicien avec un sourire éclatant était arrivé, Tuberculus. Il avait tué le monstre, enfin... de peu. Après m’avoir libérée de l’attente de la mort, il m’avait donné une potion de guérison et m’avait transportée dehors. J’étais dans une confusion totale, mais sans lui, je n’aurais pas survécu. Bien sûr, aussi jeune qu’il fût, il avait continué à me courtiser pendant un certain temps jusqu’à ce qu’il se rende compte que je n’avais aucun désir d’être aimée ou d’en aimer un autre. La dernière fois que j’avais essayé, j’avais été trahie, volée et presque tuée. L’amour n’était qu’un outil que les gens stupides utilisaient pour exploiter les autres, et je n’étais qu’une autre personne malchanceuse en ça.

Dire que je ne faisais confiance à personne n’était pas un mensonge. Bien que Tuberculus ait essayé d’innombrables fois de montrer qu’il était mon ami, mon cœur ne l’avait jamais cru. Avec le temps, j’avais appris à lui faire partiellement confiance, mais jamais complètement. Même lorsque le danger nous entourait de tous les côtés et que nous nous battions côte à côte, j’étais toujours prête à me faire poignarder dans le dos au milieu de la bataille. Ne jamais faire confiance à personne, ne jamais montrer son cœur à personne, ne plus jamais aimer... c’était ce que Dankyun m’avait appris. C’était la dure et froide vérité de la vie que tout le monde fuyait.

Je m’étais permis de lui faire confiance une fois. Je m’étais permis de l’accepter. Je m’étais permis de croire que c’était possible de l’aimer et puis, au moment où j’avais le plus besoin de lui, il m’avait laissée pour morte, il m’avait abandonnée pour son propre profit, il m’avait volé mes biens les plus précieux et m’avait laissée pour morte.

Tuberculus n’était pas le premier à avoir essayé de conquérir mon cœur après Dankyun, il y en avait d’autres aussi, mais chaque fois que j’entendais les mots « amour » et « confiance », je me souvenais de ce moment où ce bâtard m’avait laissée pour morte... Je me souvenais aussi qu’hier soir nous étions ensemble, comment me tenait-il dans ses bras, comment me murmurait-il constamment ces mots à l’oreille juste pour me faire baisser la garde, comment m’avait-il promis que nous serions toujours ensemble ? J’avais été prise dans son piège, j’avais perdu tout bon sens et je n’avais ainsi pas pu voir les signes de ses mensonges.

J’aurais dû savoir que quelque chose était en place au moment où il…, avais-je secoué la tête en me souvenant de ce moment.

Cette nuit-là, j’étais entrée dans sa tente... Je lui avais montré ma forme non scellée et j’avais souhaité qu’il me prenne... Non ! Je ne devrais pas m’en souvenir. Cela ne fera que me faire ressentir encore plus la terrible douleur de la trahison.

Bien que j’aie changé depuis, je voulais toujours tuer ce bâtard, Dankyun, mais avant de le faire, je devais m’assurer que personne ne souffrirait dans la bataille qui s’ensuivrait.

Peut-être qu’après son départ, je le poursuivrai et le tuerai…, avais-je pensé en voyant l’Académie de magie de Fellyore apparaître.

Personne ne soupçonnait quoi que ce soit. Ils étaient calmes et s’occupaient de leurs propres jours d’école comme d’habitude, croyant qu’ils étaient en sécurité en présence des enseignants du Rang Empereur et de moi, un Rang Divin. Ils n’avaient aucune idée qu’un Suprême et son armée s’approchaient d’eux en ce moment même.

Malgré tout cela, il y avait toujours une pensée amusante qui m’avait traversé l’esprit : Les paroles d’Illsy.

Entendre un Seigneur du Donjon comme lui parler d’amour et de confiance était à la fois drôle et étrange. J’avais compris qu’il était un Donjon bizarre et inhabituel, mais j’avais du mal à croire qu’il voulait vraiment prononcer ces mots. Peu importe ce que m’avait dit Illsy, ou à quel point il s’était rapproché de moi, je m’attendais à ce qu’il me sacrifie, ainsi que Shanteya et Ayuseya au moment où les choses se seraient avérées trop dangereuses pour lui. Après tout, je n’avais jamais douté de la possibilité qu’il simule ses émotions envers nous juste pour obtenir ce qu’il désirait, c’est-à-dire un compagnon puissant, mais quand même, quelque part au fond de moi, j’avais souhaité que ce soient les mensonges et que ses émotions soient la vérité absolue. J’avais souhaité qu’au moment venu, il ne m’abandonne pas, qu’il ne me trahisse pas, qu’il me donne tout, qu’il me prouve que j’avais tort et que l’amour pouvait exister, mais quand même... ce n’était qu’un rêve, non ? Un donjon ne pouvait pas aimer.

Quand l’Illsy me trahira-t-il, je me le demande ? pensais-je.

[Point de vue d’Ayuseya]

Si quelqu’un m’avait dit il y a une semaine que je deviendrais la femme d’un Seigneur du Donjon et encore plus de la Race Divine, j’aurais pensé qu’ils étaient fous, ou peut-être qu’ils voulaient se moquer de moi. Pourtant, j’étais là, portant la preuve que j’appartenais à l’un d’eux, l’anneau noir à mon doigt. Au lieu d’une pierre d’or et d’argent avec une pierre magique ressemblant à la couleur de mes écailles, j’avais reçu un tatouage magique.

Depuis mon plus jeune âge, on me rappelait constamment le comportement d’un individu de sang royal appartenant à la famille Pleyades. Je devais toujours rester raffinée, élégante, d’une beauté sans faille et d’une sagesse sans pareille. Je devais être un exemple, mais en même temps, je devais posséder tous les attributs nécessaires pour charmer un Suprême. Mon rôle au sein de la famille était simple : charmer quelqu’un de puissant et porter ses enfants, continuant ainsi la lignée royale.

Pour cette seule mission, j’avais dû étudier les arts, la littérature, la politique, l’économie, la magie, tout ce que je pouvais utiliser pour charmer quelqu’un et leur prouver que je n’étais pas comme toutes les autres femmes folles du royaume. L’échec n’était pas une option. L’échec signifiait participer à un « bal ».

Bien que beaucoup croyaient que j’étais l’aînée de la famille, ce n’était pas tout à fait vrai, j’étais l’aînée encore vivante. Il y a de nombreuses années, j’avais une sœur qui était plus âgée que moi de quatre ans. Son heure était venue un peu trop tôt à cause de la malédiction, et elle avait été forcée dès son jeune âge à se trouver un mari, mais elle avait échoué. Ne voulant pas voir sa vie être ainsi gâchée, elle avait accepté de se joindre à un bal. Là-bas, elle avait couché avec autant d’hommes qu’elle le pouvait afin d’avoir plus de chances de tomber enceinte.

Depuis l’extérieur, le « bal » n’était qu’une autre fête élégante, mais une fois que l’horloge avait sonné minuit, cela se transformait en orgie. Divers draconiens du Rang Empereur, issus de lignées nobles ainsi que de simples aventuriers de la région avaient été invités à cette fête. Là, ils avaient été forcés de porter un masque magique spécialement enchanté afin de garder secrète leur identité. Jusqu’à minuit, ils avaient le droit de manger, de boire et de danser comme bon leur semble, mais par la suite, le véritable but du « bal » était révélé. Ne portant rien d’autre qu’un masque, des femmes de différentes lignées étaient arrivées pour divertir les invités. Les hommes avaient alors le droit de contempler et toucher à ça, passant le long de courbes de la plus belle draconiennes comme une bonne bouteille de vin qu’on observait.

Tout au long de l’histoire draconienne, de tels événements étaient souvent organisés lorsque les draconiens ne voulaient pas savoir qui était le père ou la mère de leur éventuel enfant. N’importe qui pouvait s’y joindre aussi longtemps qu’il avait atteint l’âge adulte. Bien sûr, pour les gens ordinaires, le rang d’aventurier n’avait pas d’importance.

Un mois plus tard, ma sœur avait appris qu’elle était enceinte, malheureusement, elle n’avait jamais pu l’élever. Elle était morte un mois après avoir accouché.

Si je n’avais pas réussi à trouver un mari de Rang Suprême au cours des cinq années suivantes, j’aurais subi le même sort. Je devrais participer à un « bal » et prier pour finir avec un enfant en moi, sinon, je mourrais comme un échec pour la famille.

Ma sœur avait toujours regretté jusqu’à son dernier souffle le fait qu’elle était maudite d’une telle vie, de vivre et de mourir seulement pour donner naissance à un enfant afin de préserver la lignée sanguine. C’était ridicule, mais elle ne pouvait rien faire pour ça. La malédiction était là et cela la maintenait enchaînée comme un animal, même si elle était née dans la famille royale draconienne.

J’avais peur d’un tel destin et, honnêtement, j’étais heureuse d’apprendre que j’allais devenir l’épouse de Dankyun. Servir un seul homme me semblait être une bénédiction, mais il ne m’avait pas fallu longtemps pour réaliser que ce n’était qu’une autre partie de ma malédiction. Ni dans les mains d’un homme ni dans celles de beaucoup d’autres, je n’avais vu une raison de mener une vie dans un tel but. C’était pour cette raison que je m’étais enfuie, mais ce faisant, j’avais fait honte à ma famille.

En poussant un soupir, j’avais volé jusqu’à ma bibliothèque. Dans cette obscurité qui était appelée l’esprit intérieur d’un Seigneur du Donjon, je n’avais pas vu d’évasion non plus. C’était peut-être juste une prison temporaire. Néanmoins, il y avait une grande différence entre le fait d’être craint par tous les hommes et les femmes, peu importe leur âge et leur force, et le fait d’être acclamé comme un héros et un puissant aventurier du Rang Suprême. Là où l’un m’avait guérie de mes malédictions et m’avait libérée, l’autre avait ajouté une autre malédiction et avait menacé de me tuer si je n’obéissais pas.

J’avais pris un vieux livre et je l’avais ouvert jusqu’au milieu. Il n’y avait qu’une seule lettre. Le papier de l’enveloppe était usé, mais le sceau était toujours intact, preuve qu’il n’avait jamais été ouvert.

Peut-être qu’il est temps ? pensais-je en sentant doucement le papier vieilli.

C’était une lettre écrite par ma mère juste avant sa mort, un dernier conseil qu’elle n’avait jamais pu me donner. Cela m’avait fait me demander quel genre de mots je pouvais trouver caché à l’intérieur. En tant que jeune fille, cela avait toujours stimulé mon imagination et cela m’avait fascinée comme un trésor caché à l’intérieur d’un donjon serait pour un groupe d’aventuriers courageux.

J’avais pris une grande respiration et j’avais brisé le sceau. Je retenais l’air dans mes poumons pendant que je l’ouvrais lentement et sortais la lettre cachée à l’intérieur de l’enveloppe. En expirant, j’avais commencé à lire les premières lignes.

Ma chère fille, je suis désolée... Tu es née au sein d’une famille maudite, une famille que l’on croyait sans avenir ni espoir. J’ai laissé cette lettre en sachant que tu la liras après t’être mariée à un Suprême et j’espère que tu n’as pas assisté à un bal. Tu as probablement remarqué que ton nom est un peu différent de celui du premier prince. Le nom Drekar passe inaperçu à beaucoup d’oreilles, mais ce n’est pas moi qui te l’ai donné, mais ton père. C’est son nom, et c’était un véritable dragon.

Quand le moment viendra, ma fille, sache qu’après la naissance de ton premier enfant, tu seras sacrifiée à nos dieux et avec ta vie, la malédiction sur la famille sera réduite de moitié.

J’écris ces mots pour t’avertir, mais je prie et j’espère que tu ne feras pas la folie de fuir cette grande responsabilité ! Ton enfant portera le sang d’un Vrai Dragon et comme toi, il sera sacrifié quand le moment sera venu. De cette façon, tes arrière-petits-enfants pourront nous libérer de cette terrible malédiction, et ils monteront sur le trône en tant que dirigeants légitimes comme ils devraient l’être ! Ayuseya Drekar Pleyades, on t’a accordé un grand honneur, mon enfant ! Alors, ne crains pas ta mort et accepte-la ! Porte un enfant ou plus et sache que par leur mort, ils honoreront grandement notre lignée royale !

Ma fille, c’est avec une grande tristesse que j’écris les prochains mots pour toi, et je prie pour que cela ne soit jamais le cas !

Si tu fuyais cette responsabilité... que les dieux te maudissent de leur colère éternelle ! Pour avoir ruiné cette chance pour nous, pour avoir détruit le seul espoir que cette famille avait, j’espère que tu souffriras la douleur d’un millier de morts !

Mes mains avaient tremblé, et j’avais fait tomber la lettre. Les larmes coulaient sur mes joues comme des rivières lors d’une inondation. Je ne pouvais pas les retenir, je ne pouvais pas retenir la douleur dans ma poitrine et la peur dans mon cœur. Partout où je m’étais retournée, la vie semblait vouloir me rejeter, mais je ne m’attendais jamais à quelque chose comme ça, venant de ma propre mère...

Pour être utilisée comme un sacrifice aux dieux. D’être forcée d’offrir ma vie pour affaiblir la malédiction jetée sur ma famille juste parce que mon père était un véritable Dragon. Comment pourrais-je, comment quelqu’un pourrait-il accepter quelque chose comme ça ?

Je gémissais et pleurais seule dans cette obscurité, dans le lieu où je me cachais de celui qui devait me ramener dans mon royaume et pour qui je devais donner naissance à un enfant seulement pour pouvoir offrir ma propre vie à un dieu.

Je n’arrivais pas à croire que le sourire gentil et chaleureux de ma mère me réservait un destin si funeste. Était-ce la raison pour laquelle Dankyun voulait tellement que je sois sa femme ? Peut-être souhaitait-il que la famille royale se rétablisse ? Non... même si c’était vrai, il y avait beaucoup d’autres façons de me garder à ses côtés. Il aurait pu me mentir et me murmurer de douces paroles d’amour, me tromper pour me faire devenir fidèle qu’à lui. Ce qu’il m’avait fait, c’était par haine, sinon, pourquoi me maudire comme ça ? Il voulait l’or dans nos coffres et la puissance de nos armées, et non pas l’avenir de notre royaume.

Mais pourquoi les grands nobles et les prêtres n’avaient-ils pas agi différemment envers moi pendant que j’étais là ? Ne le savaient-ils pas ? C’était peut-être cela, mais que se passerait-il s’ils le faisaient et ne souhaitaient pas que la famille royale se rétablisse ?

J’avais fermé les yeux et j’avais essayé de penser à autre chose. La politique de mon pays d’origine, la tromperie de ma propre espèce était trop grande pour être supportée. Ça faisait mal, ça faisait vraiment mal... mais j’étais seule. Toute ma vie, il semblerait que j’étais seule. Même ma propre mère ne voyait en moi que l’outil nécessaire pour restaurer le royaume...

Seule…, avais-je chuchoté à travers mes gémissements.

Puis, à ce moment-là, comme si l’obscurité elle-même ressentait ma souffrance et savait comment soulager la douleur dans mon cœur, elle m’avait fait entendre l’écho des paroles d’Illsyore d’hier, quand il m’avait volé mon premier baiser.

Écoutez, Ayuseya... Je ne vais pas vous mentir... À partir de maintenant, je vais essayer... de vous considérer comme une femme, ma femme. Vous êtes ma femme maintenant... même si tout cela a commencé comme une blague « ne pas »... Je vais prendre la responsabilité... et finalement gagner votre cœur... Vous ne me faites peut-être pas encore confiance... et probablement je ne vous fais pas entièrement confiance non plus maintenant, mais ce baiser que je viens de vous voler... est le pacte scellé... que je vais faire de mon mieux... pour finalement voler votre cœur !

Les mots avaient été coupés ici et là, mais c’était certainement la voix d’Illsyore. Je me souvenais d’eux, mais je n’y croyais pas. Dans mon esprit, l’idée qu’il avait en lui une sorte d’arrière-pensée faisait écho dans mes oreilles et me fais rester sur mes gardes. Je ne faisais pas confiance à un donjon, je ne pouvais pas, mais quand j’étais venue avec la suggestion de faire de moi son esclave une fois de plus et de me cacher dans ce lieu, je savais que je pouvais très bien risquer ma liberté, bien qu’il semblerait que je n’avais pas grand-chose au départ. C’était peut-être son intention depuis le début, surtout quand j’avais pensé à ce mariage ridicule, mais encore une fois...

« Même si toutes ces paroles étaient toutes des mensonges, il est le seul qui m’ait dit de telles paroles…, » avais-je dit à haute voix alors que j’étendais ma main vers l’obscurité comme si je voulais la saisir et la tirer vers moi, pour m’aider à traverser cet horrible moment.

« Vous savez, j’avais peur quand vous m’avez embrassée... J’avais encore plus peur quand je me suis réveillée et que j’ai senti votre main sur ma cuisse, » avais-je dit. Puis j’avais fait vers cette obscurité un sourire trempé de mes larmes. « Ce mariage... est ridicule, mais en tant que mari, vous avez le droit de me toucher. Je savais que je n’avais pas le droit de me défendre, de vous repousser même si j’avais peur. Mais pourquoi ? Pourquoi votre baiser était-il si doux ? Pourquoi votre contact était-il si gentil ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas servi de moi ? Pourquoi ne m’avez-vous pas forcé à le faire ? Répondez-moi, Illsyore ! Pourquoi ? Quand j’avais peur, quand j’étais à votre merci, pourquoi n’avez-vous pas profité de moi comme n’importe quel autre homme aurait fait ? Pourquoi n’avez-vous pas arraché mes vêtements et fait ce que vous vouliez ? Pourquoi n’avez-vous rien exigé pour ma malédiction ? Pour vous avoir mis en danger, vous et cette école ? POURQUOI !? » avais-je crié dans l’obscurité pendant que mes larmes coulaient sans s’arrêter sur mes joues et flottaient sur le bout de mon menton.

Je ne criais qu’à un écho... à l’obscurité... Il n’y avait rien là, et donc je pleurais, je pleurais toute seule.

« Je suis désolé, Ayuseya…, » il avait répondu à mes paroles, et j’avais levé les yeux en étant surprise. Il n’était pas là, mais le son de sa voix résonnait tout autour de moi. C’était triste et doux, presque comme s’il souffrait alors qu’il déclare ces mots. « Je ne pensais pas que... je... J’aimais simplement la façon dont vous jouiez, les douces mélodies que vous créiez, et je voulais vous aider d’une façon ou d’une autre. Le paiement quant à la guérison de votre malédiction ne m’a jamais traversé l’esprit... Comme pour l’autre... Ayuseya, je suis désolé. Je ne voulais pas vous faire peur. Je ne voulais pas vous faire vous sentir mal. Je voulais seulement vous montrer que je faisais de mon mieux pour être à vos côtés, pour devenir votre mari... Je... non... Ayuseya, si désormais vous voulez dormir seule, loin de moi, je comprendrais parfaitement. C’était de ma faute pour m’être trop approché de vous sans penser à vos sentiments. Je vous ai fait peur, et c’était exactement le contraire de ce que je voulais faire. Je voulais juste vous dire que même si je suis un donjon, je n’essaierai pas de vous traiter différemment en raison de votre statut ou de votre espèce. Je voulais vous montrer que je pouvais essayer de tomber amoureux de vous et de me sentir en sécurité dans votre étreinte comme j’aurais aimé que vous vous sentiez en sécurité dans la mienne. Je suis désolé…, » ses mots doux s’étaient terminés, et avec eux, l’obscurité autour de moi était tombée dans le silence une fois de plus.

J’avais été laissée sans voix.

Un donjon s’était excusé auprès de moi. Un donjon s’était excusé pour son erreur. Un donjon... ne m’avait jamais fait de mal, non, Illsyore ne m’avait jamais fait de tort. Si ses paroles étaient vraies, c’était moi qui étais l’imbécile.

Illsy…, avais-je dit d’une voix douce. Quant à moi, j’avais simplement fermé ma bouche et tiré mes genoux jusqu’à ma poitrine. Mon cœur et mon esprit étaient en lambeaux. Qu’est-ce que je devais croire maintenant ?

***

Partie 2

[Point de vue d’Illsyore]

Je ne m’attendais pas à entendre Ayuseya crier comme ça. Le fait d’entendre ses sanglots et la voir libérer de telles larmes griffait le fond de mon esprit et me transperçaient le cœur dans un écho tremblant. Ses paroles étaient dures, mais compréhensibles. J’étais l’imbécile qui avait agi stupidement et qui croyait qu’il pouvait s’en tirer impunément.

J’avais peut-être fait une terrible erreur et au lieu de conduire Ayuseya vers une situation où elle me ferait confiance, je l’avais repoussée. Si cette méthode avait marché avec Shanteya, cela ne signifiait pas que ça marcherait avec la princesse draconienne ou l’enseignante adolescente. J’étais peut-être un imbécile, mais c’était seulement maintenant que je me souvenais de ce qu’Alina m’avait dit un jour : « Le cœur d’une femme est plein de mystères, et ce qu’elle ne montre pas se cache bien. »

La peur et l’inquiétude avaient fait partie de ces mystères, et Ayuseya venait de me montrer que même si elle était une femme solide qui pouvait endurer beaucoup de choses, il y avait une limite même pour elle. Mon baiser était peut-être cette limite, mais en pensant que cela la bouleverserait au point qu’elle verse des larmes à cause de mon acte, je ne pouvais que ressentir de la honte et de la tristesse face à mon comportement. Mais au fond de moi, mon stupide cœur ne voyait aucune raison d’être désolé. Je me sentais toujours ravi d’avoir pu dormir sur sa grosse poitrine, de l’avoir serré dans mes bras, de l’avoir embrassé et d’être avec elle comme je l’étais avec Shanteya. Cela aurait pu être mes véritables et francs sentiments, ou peut-être que tout cela n’était qu’une représentation de mes pensées perverties.

Quoi qu’il en soit, l’espoir de créer un [Lien de Confiance] avec Ayuseya s’était peut-être envolé. Une seule erreur, c’était tout ce qu’il fallait pour ça, une seule !

J’avais poussé un gros soupir et j’avais regardé l’Académie. Les étudiants avaient tous été évacués à l’arrière de la zone, à l’exception des domestiques d’Ayuseya, qui étaient au total six : deux servantes, deux majordomes, et deux gardes du corps. Ils n’arrêtaient pas de harceler Nanya au sujet de l’emplacement de la princesse, mais ses mensonges avaient tenu bon jusqu’à maintenant. Cette femme savait comment tisser les mots de telle sorte que même un détecteur de mensonges moderne aurait eu des problèmes avec elle.

« Illsy ! À quelle distance sont-ils ? » me demanda-t-elle.

Tout en déglutissant, j’avais regardé dans la direction de leur arrivée et dès que j’avais senti leur force vitale, cette terrible épée avait réagi et la peur s’était précipitée dans mon corps. C’était un enchantement désagréable, mais grâce à Nanya, je commençais à comprendre comment l’ignorer. Je devais juste penser un peu plus logiquement et me rappeler constamment que ce que je ressentais n’était rien d’autre qu’un mensonge induit par la magie.

« Ils devraient arriver à portée de vue dans une minute ou deux ! » avais-je répondu.

En se frottant le menton, Nanya avait réfléchi à quelque chose pendant un moment, puis elle s’était tournée vers Tuberculus. Elle avait pointé du doigt l’académie et lui avait dit quelque chose, mais j’étais trop loin pour l’entendre. J’étais aux aguets vers le chemin.

Quoi qu’elle ait dit, le principal était d’accord. Alors qu’il se dirigeait vers les serviteurs d’Ayuseya, elle courut vers la forêt et se cacha dans des buissons se trouvant là. Nanya avait alors jeté une certaine sorte de sort parce que j’avais perdu sa trace, et bien presque, car je pouvais encore la sentir. Ce n’était qu’une simple pensée qui m’avait dit : « Ma femme, Nanya, est par là. Elle est en sécurité. »

Voyant la scène, j’avais décidé d’utiliser ce temps et de changer quelques trucs à l’académie. J’avais ajouté deux lasers derrière les fenêtres des combles. J’espérais avoir un bon angle de tir à partir de là, mais j’espérais aussi ne pas avoir besoin de les utiliser. J’avais pensé à également ajouter des pièges au niveau du sol, mais ils auraient été facilement remarqués. Eh bien ! S’il se passait quelque chose, je pourrais toujours créer un trou en dessous d’eux et ensuite tirer quelques boules de feu à l’intérieur.

Ainsi, nous avions attendu. Je flottais au-dessus d’eux, Tuberculus était assis devant les jeunes étudiants, prêt à rencontrer le redoutable Dankyun. Pendant ce temps, je devais seulement me rappeler que tant que nous disions et prouvions qu’Ayuseya n’était pas là, il s’éloignerait et nous laissait le temps de partir ou de nous préparer pour sa prochaine visite. En parlant de ça, Shanteya chassait encore. J’avais déjà atteint le niveau 66, mais on se rapprochait du moment où j’aurais dû aller ramasser les corps empilés des monstres qu’elle avait massacrés.

« J’espère que ça ne sera pas long... Arg, s’il vous plaît, Dankyun ! Déclare maintenant “J’ai mal à l’estomac, j’ai la diarrhée” ou quelque chose comme ça pour me faire plaisir ! Il suffit que tu repartes d’ici et que tu trébuches sur un quelconque objet avant de mourir ! S’il te plaît, peux-tu faire ça pour moi ? » avais-je dit à voix basse en le regardant s’approcher de plus en plus près de l’académie.

En fin de compte, mes souhaits avaient été ignorés par les dieux du malheur, et il était arrivé sain et sauf devant l’Académie de magie de Fellyore. Il menait son groupe et d’un seul coup d’œil, je pouvais voir la différence ridicule entre lui et les autres.

Dankyun était un grand draconien de plus de 2,5 mètres. Les écailles sur ses joues et sa queue étaient d’un brun foncé, et ses yeux étaient d’un vert foncé. Il générait une présence imposante et possédait aussi une armure ridicule. La chose pesait énormément si mon estimation était correcte. Il s’agissait d’une armure de plaques décorée de runes d’or et d’argent, mais le matériau de base ressemblait à un alliage. À ma grande surprise, il ne portait pas de casque, mais je pouvais encore en voir un pendre sur le côté gauche de son cheval. C’était une simple preuve de confiance. C’était sa façon de nous dire qu’il n’en avait pas besoin pour protéger sa tête. Attends, c’était non protégé ? Je frapperai quand j’en aurai l’occasion... avec un marteau de dix tonnes.

« Qui va là !? Il s’agit d’une académie paisible approuvée par le roi de Shoraya ! Énoncez vos intentions, étranger ! » cria Tuberculus en frappant le sol avec son bâton.

Il avait fait une pose imposante en se tenant en face de Dankyun, mais Dankyun n’avait pas semblé impressionné. En fait, il l’avait ignoré et avait balayé ses yeux sur l’académie.

Quand son regard avait atteint la pièce dans laquelle mon corps de cristal était caché, il avait plissé les yeux, et il avait alors affiché un petit sourire confiant. Il se moquait de moi, je le sentais !

« Il s’agit du très estimé Seigneur Dankyun Alttoros ! Le fiancé de la princesse Ayuseya Drekar Pleyades ! Il exige que vous la remettiez pour son pays qui attend son retour, » avait déclaré sur un ton ferme et imposant l’un de ses sbires.

La plupart des soldats derrière lui portaient une armure en cotte de mailles avec des casques d’acier, mais il y en avait trois qui se détachaient d’eux. Ils portaient des armures de plaques d’acier comme Dankyun, mais les leurs n’étaient pas aussi lourds ou aussi bien décorés.

« Alors, c’est un invité d’honneur venant d’un pays étranger ! Mais j’ai peur que la princesse ne soit pas là. Elle est partie il y a quelques jours sans en parler à personne. Une caravane l’a emmenée ! » répondit Tuberculus.

Le soldat avait levé les yeux vers son commandant, et je m’étais demandé s’il avait gobé le mensonge.

« Tu me dis que la princesse est partie, et qu’elle n’a pas pris ses... animaux de compagnie avec elle, » avait demandé Dankyun après avoir plissé son front.

Lorsqu’il les avait appelés des animaux de compagnie, les six personnes à côté de Tuberculus avaient plissé les yeux devant le draconien Suprême.

« Hm, comme la dernière fois que je vous ai tous vus toujours fougueux et irrespectueux. *Soupir*, ma fiancée n’a jamais eu bon goût pour les domestiques, » il avait dit ça et il avait ensuite montré du doigt Keltaru, l’El’Doraw qui s’était battu avec Nanya et s’était fait presque battre à mort. Il était maintenant guéri. « Dis-moi tout de suite où elle est. » Il avait ordonné ça.

Keltaru avait fait un pas en avant et il regarda Dankyun droit dans les yeux, sans hésiter ni montrer le moindre signe de peur.

« Je n’ai aucune idée où est la princesse en ce moment, mais même si c’était le cas, je ne vous le dirais jamais ! Ma loyauté n’est qu’envers ma princesse, » avait-il déclaré avec fermeté.

Et là, j’ai pensé qu’il allait céder et lui dire immédiatement tout ce qu’il sait. Je suppose que Nanya lui a vraiment donné un peu de bon sens ! pensais-je avec un sourire.

« Hmph ! » Dankyun n’était pas impressionné. Il leva la main et déclara : « Vieil homme, ce garçon appartient à mon pays. Si tu interviens, cela sera perçu comme un acte contre ma nation, » déclara-t-il. Puis, sans attendre la réponse de Tuberculus et en regardant simplement ses soldats. « Vous deux ! Allez-y et donnez-lui une bonne raclée, » avait-il dit en pointant du doigt ceux qu’il désirait pour exécuter ses ordres.

Les deux hommes hochèrent la tête une fois et descendirent immédiatement de leurs chevaux. Ils avaient dégainé leurs épées et s’étaient approchés de Keltaru, le garçon qui avait osé parler contre Dankyun.

« Maintenant, toi ! », le draconien avait cette fois pointé du doigt l’une des servantes. « Contrairement à lui, tu es une draconienne de sang pur. Parle ! »

La servante avait fait un pas en avant et elle avait regardé après ça Keltaru, qui se concentrait actuellement sur les deux ennemis devant lui. Il était clair que l’homme n’avait aucun moyen de gagner, et c’était peut-être ce qu’elle pensait aussi.

« Nous..., » le bruit des épées qui s’affrontaient avait été entendu à sa gauche, mais elle n’avait pas tourné la tête. « Nous ne savons vraiment pas où elle est, Monseigneur. La princesse a disparu de notre vue hier matin, mais beaucoup d’hommes ici à l’académie m’ont dit qu’ils l’avaient vue pour la dernière fois en train de porter ses sacs au deuxième étage pour être emmenés ailleurs par le Seigneur du Donjon, » répondit-elle en inclinant la tête.

Il devait bien y avoir un mouchard ! Il y en a toujours eu un ! Étonnamment, ce n’était pas Keltaru, et en parlant de cela, il ne se débrouillait pas très bien contre les deux soldats.

Dès le moment où ils avaient marché pour se placer devant lui avec des épées non gainées, il était conscient que cela n’allait pas bien se terminer pour lui. Leurs expressions prétentieuses, leur regard confiant dans leurs yeux et leur attaque, tout cela avait averti l’El’Doraw du danger imminent. Tout comme eux, il avait aussi dégainé ses propres épées et s’était éloigné du reste des serviteurs pour avoir assez d’espace pour utiliser correctement ses compétences contre les deux soldats, sans se soucier de pouvoir toucher accidentellement ses alliés. J’étais également prêt à les attaquer et à lui donner un coup de main, mais je ne le ferais pas à moins que je ne croie qu’ils étaient sur le point de porter le coup fatal.

Après que la servante ait commencé à parler, les trois épées s’étaient heurtées et malgré la différence de rang, Keltaru tenait très bien ses propres épées. Cependant, pour l’œil exercé, il était clair que les deux soldats jouaient simplement avec lui, le laissant tomber dans le piège en lui faisant penser qu’il avait l’avantage. Heureusement, Keltaru n’abaissait pas sa garde face à eux. Les coups de Nanya l’avaient aidé à réaliser à quel point il était faible contre les rangs supérieurs, et c’était surtout le cas lorsqu’elle avait présenté le test du cube de granit à la fin de leur duel. Atteindre une compétence d’un certain rang ne signifiait pas que vous étiez assuré d’accéder à ce rang. Sur le papier, c’était possible, mais parmi les aventuriers, ils n’étaient reconnus qu’après avoir prouvé leur force par un tel test.

Cela dit, Keltaru n’avait aucun moyen de gagner, et les deux soldats le disaient clairement lorsqu’ils avançaient vers lui. Bien qu’il ait rassemblé toute sa force chaque fois qu’il effectuait un coup, ils avaient soit esquivé ou dévié la frappe. Cette danse de lames avait continué lentement alors que Keltaru était de plus en plus fatigué après chaque tentative.

Pendant que cela se produisait, personne n’était intervenu, Tuberculus restait sur place, mais sa prise sur son bâton était si serrée que le bois semblait prêt à se fendre. Les autres serviteurs qui se tenaient à ses côtés avaient gardé la tête baissée devant Dankyun et ignoraient le combat qui se déroulait non loin de lui.

« Assez joué. Alors, c’est la fin de l’amusement, » déclara Dankyun calmement au bout d’un moment.

« Oui, Monseigneur ! » dirent en même temps les deux soldats.

Avec un sourire maléfique, ils attaquèrent le garçon, levant leur épée et montrant enfin leur vraie puissance. L’un avait alors brisé l’armure magique d’un seul coup, tandis que l’autre avait attaqué son corps non défendu avec la poignée de son épée. La frappe avait touché le côté droit de ses côtes. L’armure de l’El’Doraw l’avait à peine protégé, et le bruit de côtes cassées avait été entendu.

« Arg ! » gémit-il en se faisant envoyer à quelques mètres dans les airs.

L’attaque du soldat n’était rien en comparaison avec celle de Nanya, mais elle avait quand même réussi à lui causer beaucoup de douleur et de dommages. Keltaru avait atterri sur ses pieds, mais avant qu’il ne puisse lever sa garde, le soldat qui l’avait attaqué s’était déjà précipité vers lui et l’avait frappé au visage, lui cassant des dents et lui coupant la lèvre supérieure.

« Omph ! » Keltaru était tombé sur le dos.

Les deux soldats s’étaient déplacés respectivement vers sa gauche et sa droite, se préparant à l’utiliser comme un sac de chair et d’os. C’était alors que j’avais eu l’intention d’interférer en utilisant une simple [Boule de feu] pour les frapper tous les deux et les envoyer en vol plané, mais avant que j’en aie eu l’occasion, Nanya avait agi.

L’enseignante, qui avait l’air d’une adolescente, avait sauté hors des buissons dans lesquels elle se cachait, avait saisi les deux soldats par la tête et les avait ensuite écrasés l’un contre l’autre. La force qu’elle avait appliquée était suffisante pour briser leurs armures et plier leurs casques. Ils avaient été instantanément assommés.

Ses actions m’avaient surpris. Je pensais qu’elle allait rester en dehors de ça et attendre que Dankyun soit parti, mais elle ne supportait pas de voir Keltaru se faire battre comme ça devant l’école. Quand elle l’avait elle-même fait, elle avait gagné un duel officiel et elle s’était assurée de lui apprendre une ou deux choses sur sa vraie force, mais maintenant, ce n’était rien d’autre que de l’intimidation, une raclée insensée.

« Oh ? Regardez qui nous avons là ! » déclara Dankyun avec un grand sourire.

Nanya lui avait lancé un regard noir, puis elle avait ensuite regardé Keltaru.

« Ça va, mon garçon ? » lui demanda-t-elle puis elle l’aida à se relever.

« Arg, je ne pense pas..., » il avait répondu et avait craché un peu de sang.

« Va voir Tuberculus afin qu’il t’inspecte, » lui déclara-t-elle.

« Nanya..., ma chère Nanya, que penses-tu faire à mon sujet ? » demanda Dankyun en la regardant agir.

« Je ne suis pas votre sujet... Arg, je suis celui d’Ayuseya, » déclara Keltaru. Et ainsi, il affirma une fois de plus sa loyauté.

« Hm ? » Dankyun leva la main et sans même chanter, il lui lança une [Boule de feu].

Nanya avait sauté devant l’attaque et l’avait frappée. Le sort avait explosé, mais cela n’avait même pas entamé son armure magique, et encore moins ses gantelets d’acier.

« Vas-y, » avait-elle alors dit à Keltaru.

« Merci..., » répondit-il d’un signe de tête.

Pendant ce temps, les autres soi-disant serviteurs n’avaient même pas levé la tête pour regarder la scène. Leur loyauté était claire, et ce n’était pas envers leur princesse.

« Nanya, si tu te places devant mon attaque une fois de plus, je vais arrêter de jouer gentiment avec vous tous, » déclara-t-il calmement en gardant la paume de sa main dirigée vers elle.

Le sourire sur son visage montrait la représentation parfaite d’un méchant calme suffisamment confiant pour qu’il puisse facilement vaincre le héros. Tous ceux qui se trouvaient derrière lui dans l’armée de sous-fifres affichaient un sourire maléfique similaire. Ils appréciaient la scène et attendaient que leur ennemi tombe sous la puissance de leur maître.

Si ça continue... Dankyun attaquera Nanya, avais-je pensé et j’avais essayé désespérément de trouver un moyen de l’empêcher de faire quelque chose de dangereux, mais il avait ensuite pointé sa main vers la pièce où mon noyau était placé.

« Tu ne reculeras pas si facilement, mais je me demande si je dois d’abord détruire ce donjon. Cela semble être un commerce assez équitable pour ton... ingérence, » avait-il dit, et j’avais dégluti en entendant ça.

S’il allait attaquer ma pièce avec une boule de feu similaire, je n’avais pas à m’inquiéter. Ces murs en superalliage pourraient facilement faire l’objet d’une telle attaque, même sans enchantement. Et s’il venait à attaquer avec autre chose, quelque chose de plus puissant, que se passerait-il ? Il était quand même un Suprême, et cela signifiait qu’il pouvait utiliser les sorts du Rang Empereur. Une boule de feu suralimentée avec des pointes de glace n’était probablement pas suffisante pour faire fondre ma pièce, mais cela pourrait gravement endommager et peut-être même blesser les étudiants qui se cachaient à l’intérieur du bâtiment.

« Essaie, mais je t’arracherai la main avant que tu puisses attaquer, » lui avait-elle calmement déclaré.

« Oh, mon Dieu ! Comme c’est effrayant ! Puhahahah ! » déclara-t-il en riant avec force et en baissant la main.

Nanya l’avait regardé, mais elle n’avait rien dit.

« Je suis assez surpris que quelqu’un comme TOI ait laissé un donjon vivant ! Hahaha ! Combien en as-tu tué ? Était-ce 200 ou 240 ? Rappelle-moi ça, car j’ai l’impression d’avoir oublié, mais finalement, cela n’a pas d’importance, » avait-il dit en haussant les épaules. « Mais ce qui me surprend et fait que je me pose des questions. Pourquoi as-tu arrêté de les tuer et de laisser vivre celui-ci ? Hm ? Alors ? » demanda-t-il, mais franchement, je n’avais vu aucun lien entre ce qu’il venait de dire et ce qu’il avait fait il y a un instant.

***

Partie 3

Pendant un moment, j’avais cru qu’il voulait faire payer l’académie pour l’insolence de Keltaru ou ce qu’il percevait comme tel, mais quelque chose ne tournait pas rond. Dankyun n’avait pas jeté un coup d’œil ni à l’El’Doraw, ni à Tuberculus, ni à la servante qui lui avait fait le rapport, mais quand Nanya était apparue, ses actions avaient complètement changé. Au lieu d’ordonner une attaque de ses soldats, il avait agi de lui-même.

« Je n’ai pas besoin de répondre à un sale traître et un voleur comme toi ! », elle avait craché à ses pieds.

« Oh ? Parles-tu de ça ? », demanda-t-il en dégainant son épée et en la pointant vers elle.

Est-ce que c’est à Nanya... ? avais-je pensé en le regardant.

La conception était celle d’une claymore de la Terre du 15e siècle, une longue épée à deux mains, mais la lame était noire et gravée de runes rouge foncé qui brillaient légèrement. La poignée était recouverte de cuir noir et le garde était légèrement recourbé vers l’intérieur. En regardant son fourreau, j’avais remarqué qu’il correspondait au motif doré et argenté de son armure. Cette étrange combinaison de couleurs avait fait ressortir complètement l’épée lorsqu’il l’a maniée.

J’avais dégluti.

L’aura de ténèbres et de danger qui l’entourait me faisait frissonner. J’avais fermé les yeux un instant et j’avais repensé à ce que Nanya m’avait dit. Il n’y a rien à craindre ! Il n’y a rien à craindre de ça ! C’est le résultat d’un enchantement puissant, c’est tout ! C’est juste un enchantement..., malheureusement, au moment où j’avais ouvert les yeux, c’était toujours aussi effrayant qu’avant.

J’avais encore dégluti et j’avais regardé Nanya. Elle la regardait fixement et serrait les poings. L’enseignante, qui avait l’air d’une adolescente et qui était habituellement calme, ne s’empêchait que de peu de l’attaquer.

« Hm ? C’est assez impressionnant ! Je ne m’attendais pas à ce que tu aies une telle... une telle réaction quand on se retrouve ! Je pensais sincèrement que tu allais courir vers moi, grogner et me maudire, puis que je te poignarderais dans le cœur, te décapiterai et laisserai ton corps être mangé par les rats ! Hahaha ! » déclara-t-il en riant alors qu’il semblait amusé par la tournure des événements.

« Je ne suis plus la même gamine que tu connaissais, » répondit-elle, mais elle parlait en grinçant des dents.

« Je vois ! Je vois ! Et si je..., voyons... je vais tout de suite incanter ma compétence suprême, ici même, et je l’enverrais au sommet de cette académie, » avait-il dit avec un sourire en levant la main libre.

« Dankyun..., » Nanya avait grogné et avait fait un pas en avant.

L’air entre eux était tendu. Devant nous, le draconien et la jeune fille avaient disparu et avaient été remplacés par deux monstres effrayants. Leurs motivations pour s’affronter à l’épée et sauter sur l’autre semblaient comme un mystère si l’on ne savait pas ce qu’ils avaient vécu auparavant. Parmi ceux de l’académie, certains enseignants et moi-même étions probablement les seuls à pouvoir deviner la véritable raison de la colère de Nanya et de l’empressement de Dankyun à l’engager dans une bataille.

Malgré cet événement et la façon dont les choses semblaient aller de mal en pis, il n’y avait qu’une seule pensée qui m’inquiétait. Si ce draconien attaquait avec sa compétence suprême, alors toute cette académie, moins ma chambre, finirait probablement par être détruite. Les enseignants survivraient très probablement grâce à leurs armures magiques, mais les élèves seraient massacrés sous la pluie de boules de feu. Une fois que cela se produirait, rien n’empêcherait Nanya de se faire tuer.

Et Shanteya ? avais-je pensé. Puis j’avais cherché son signal de vie.

Bien que loin de nous, elle se trouvait encore dans la zone d’attaque de la compétence Suprême ayant un kilomètre de diamètre. Avec cette seule attaque, Dankyun pourrait me voler ma maison, mon esclave, mes amis et ceux que je devais protéger.

Puis-je rapidement construire quelque chose pour eux ? pensais-je alors, mais je ne pouvais pas le faire. Je n’étais pas encore si fort. Mon mana serait épuisé lorsque j’aurais terminé le deuxième étage, et ce serait aussi sans enchantements.

J’avais dégluti.

Il n’y avait qu’un seul moyen de s’en sortir. Je devais tuer Dankyun. Je devais le détruire...

Si je le tue avant qu’il ne lance cette attaque, alors... Si je le tue maintenant alors qu’il est concentré sur Nanya, je peux sauver les étudiants. Nanya peut alors s’occuper de ses soldats, les enseignants aussi. Mais puis-je faire du mal à ce Suprême ? Peut-être... que je dois lancer une attaque très puissante. J’ai besoin de concentrer mes lasers sur lui et de les activer tout en l’attaquant avec une [Boule de feu guidée X 18] de 7000 ou 8000 points de mana. Oui... il doit mourir... mais puis-je le tuer ? Oui ! Non... Je dois... Oui, je dois..., avais-je pensé, alors que je luttais contre l’horrible décision qui se trouvait devant moi qui allais prendre une vie.

La raison de mon hésitation était probablement ma peur causée par son épée, elle m’avait fait chercher le chemin le plus sûr, elle m’avait fait douter de mon intention et de ma force. En fin de compte, ce qui m’avait décidé, c’était de me souvenir du fait que j’avais déjà tué dans ce monde. Ce n’était pas la Terre. Je n’allais pas finir avec la police à ma porte. Je pouvais tuer librement tant que j’avais une bonne raison de le faire et personne ne me jugerait pour cela. Ce monde n’avait pas les mêmes valeurs morales que mon précédent, donc...

Tuer... Je dois tuer Dankyun... Je dois le tuer afin de protéger Nanya, Shanteya et toute l’académie.

Mes pensées résonnaient dans mon corps de cristal et envoyaient un frisson dans tout mon Territoire de Donjon. Comme pour tout autre donjon, un brouillard sombre s’était levé du sol jusqu’à environ un mètre de hauteur, mais c’était le plus dense autour de Dankyun et plus mince autour de Nanya et de l’académie. Cela montrait clairement mes désirs et mon intention de massacrer ce draconien.

« Hm ? Qu’est-ce que c’est ? Le donjon va-t-il enfin se joindre à notre petit combat ? » demanda Dankyun en regardant autour de lui.

« Pourquoi es-tu étonné ? » demanda froidement Nanya.

« Je ne le suis pas. Je suis curieux de savoir pourquoi le donjon a manifesté son intention de tuer que maintenant. » Il haussa les épaules.

« N’est-ce pas évident ? » demanda-t-elle en haussant les sourcils.

« Éclaire-moi ! Si ta réponse m’amuse, je ne détruirai pas cet endroit », répondit-il avec un sourire arrogant en regardant Nanya.

« Si tu tentes une telle folie, nous n’hésiterons pas à t’attaquer avec tout ce que nous avons ! Celui-ci n’a jamais manifesté son intention meurtrière jusqu’à ce que tu viennes ici et que tu menaces de détruire l’académie et de tuer tous les étudiants innocents qui se trouvent à l’intérieur ! Même si tu es un Suprême, sache qu’un tel massacre ne restera pas caché ! Les enfants de nobles assez puissants sont là-dedans, et certains ont des moyens de communiquer avec leurs parents se trouvant chez eux. Même si tu les tues avant qu’ils n’envoient un message, tu ne pourras pas effacer les preuves laissées par ton horrible acte ! Combien penses-tu qu’il y en aura qui seront prêts à partir calmement dans l’au-delà ? Leurs fantômes erreront dans cet endroit, et une fois qu’un voyant sera amené ici, il sera capable de communiquer avec eux. La vérité se fera connaître, et tu seras pourchassé dans tous les royaumes comme le vermisseau que tu es », lui cracha-t-elle.

Malgré les insultes qui lui avaient été lancées, Dankyun ne lui avait affiché qu’un sourire rempli de suffisance. Il s’amusait avec la façon dont il avait fait agir Nanya tel un jeu. Sa colère et sa haine envers lui l’alimentaient comme du bois séché et l’essence alimentait un feu. Quant à moi, je m’étais verrouillé sur lui, prêt à jeter mon sort.

« Ce n’était qu’une blague, Nanya, ma chère ! Je ne voudrais pas faire de mal aux étudiants innocents se trouvant ici », déclara-t-il soudain en baissant la main et en haussant les épaules comme si ce n’était pas une grosse affaire.

L’obscurité autour de lui ne s’était pas estompée. Je ne l’avais pas cru. Je n’allais pas baisser ma garde ainsi.

« Ce que le garçon t’a dit est la vérité ! La princesse Ayuseya est partie sans nous informer de l’endroit où elle allait. Je suppose qu’elle savait déjà que ses serviteurs n’étaient pas vraiment loyaux envers elle, et c’est pourquoi elle ne leur a rien révélé de ces plans. Attaquer cette académie ne te causera que des ennuis et si tu ne me crois pas, tu es libre de vérifier autant que tu le veux. En te connaissant, tu as probablement déjà jeté un sort de pistage sur elle. Pourquoi ne pas l’utiliser ? » demanda Nanya après avoir croisé les mains au niveau de sa poitrine.

« C’est vrai, j’ai un tel sort, mais c’est étrange, tu sais ? Il n’arrête pas de me dire qu’elle est ici, pourtant tu nies une telle chose. Comme c’est étrange, en effet », déclara-t-il en se frottant lentement le menton.

« Ce n’est pas possible. » Nanya secoua la tête. « Si nous le savions, je te l’aurais déjà remise personnellement pour que je ne revoie plus ta sale gueule, » elle secoua la tête.

« Ou bien tu pourrais la garder loin de moi juste pour me contrarier ? » avait-il commenté.

« Je ne suis pas assez folle pour risquer la sécurité de mes élèves et interférer dans les affaires politiques de ce niveau, » nia-t-elle, mais comme je connaissais la vérité, je pouvais voir à quel point elle était bonne menteuse. Si elle avait vécu dans les temps modernes de la Terre, elle aurait fait une excellente actrice.

Dankyun l’avait regardée pendant une longue minute, pendant que je priais pour qu’il quitte cet endroit et qu’il n’essaye pas de se battre contre nous. Mon intention meurtrière ne s’était pas dissipée, mais je savais que si je l’attaquais maintenant, il y avait une chance que Nanya se mette en travers de mon attaque, ou que ce soit moi qui endommage l’académie. Si j’attaquais en premier, il aurait une raison politique suffisante pour détruire cet endroit. Je n’avais pas été stupide, et j’avais déjà vu à travers cette tactique. Même dans les palais de justice modernes, votre cause n’avait aucun espoir de gagner si vous étiez le premier à lancer une attaque. La tactique était simple : attendre qu’il fasse le premier pas sans se moquer de lui et ensuite, tu étais libre d’aller le tuer. C’était un cas de défense légitime, mais je doutais que ce fût ce que Dankyun craignait. Il avait juste besoin d’une excuse pour se jeter sur les milieux politiques. Avec moi ou Nanya qui l’attaquerait en premier, il pourrait même prétendre qu’il s’agit d’un possible assassinat d’un dignitaire étranger.

Attendre... puis tuer... attendre, puis tuer... ou juste tuer ? Si je le tue d’abord, puis je me débarrasse du danger... avais-je continué à réfléchir en regardant l’homme draconien menaçant de détruire la paix et la tranquillité de cet endroit.

« Disons que je te crois, mais je ne te crois pas, » déclara-t-il au bout d’un moment, alors qu’il rengainait son épée.

L’effet de l’enchantement de la peur avait diminué.

« ... » Nanya tourna ses yeux sur lui.

« Je vais rester ici pour quelques jours, et tu laisseras mes hommes fouiller en profondeur cette zone et tous les coins et recoins de cette académie, y compris tous les donjons que ton pathétique cœur de donjon a pu construire. Tu n’as pas à t’inquiéter de devoir me les montrer, mes éclaireurs en ont déjà trouvé la plupart d’entre eux. Si je ne trouve rien, je partirai sans faire de bruit. Que dis-tu de ce... marché ? » demanda-t-il en souriant.

Cela semblait vraiment bien, mais quelque part au fond de moi, j’entendais un certain personnage d’un film de science-fiction qui me criait dessus : « It’s a trap! »

Pourtant, avons-nous eu d’autres options qu’une bataille acharnée avec les étudiants comme victimes possibles de tirs croisés ?

Si je l’attire dans mon donjon, puis-je le tuer ? Ses hommes mourraient certainement, mais qu’en est-il de lui ? m’étais-je demandé en pesant dans mon esprit les différentes possibilités.

C’était une bonne idée, mais en me rappelant les dégâts que Nanya et les professeurs de Rang Empereur avaient faits sur mes deux premiers étages, je n’avais pas pu m’empêcher de penser que je sous-estimais grandement mon adversaire. Le donjon était censé être ma dernière ligne de défense.

« Oh ! Et si vous osez déplacer son noyau de là, je le prendrai comme une déclaration de guerre et j’attaquerai, » avait-il dit en pointant du doigt ma pièce.

J’avais dégluti.

Même l’idée de déplacer mon noyau dans mon donjon pouvait maintenant déclencher une bataille, mais tout allait bien. Tant que nous n’avions pas fait le premier pas, j’étais en sécurité, et je pouvais toujours déplacer mon noyau avant qu’il ne puisse passer à travers les murs d’Inconel.

« Très bien. Nous accepterons cet accord, et tu constateras par toi-même que ta princesse n’est pas là ! Le noyau du donjon restera à sa place, de plus, nous ne l’avons jamais déplacé. Son seul rôle ici est de réparer l’académie et de nous avertir des dangers. Les donjons que tu trouveras sont uniquement des donjons simples. Il n’a rien construit d’autre, » elle lui avait encore menti nonchalamment.

« Qu’il en soit ainsi ! », il leva la main, et ses soldats descendirent de leur cheval. « Maintenant, à propos de ce brouillard noir... » dit-il en essayant de le repousser comme s’il s’agissait d’une bouffée de fumée, mais mon brouillard d’intention meurtrière était très tenace.

« Bien sûr, je vais aller dire au donjon de te traiter toi et tes hommes comme des alliés. Il est un peu bête, donc c’est naturel qu’il ait réagi instinctivement à... MON épée ». Nanya avait menti et avait jeté un coup d’œil vers moi.

« Pardon, mais tu veux dire MON épée. C’est vrai qu’elle t’a appartenu à un moment donné, mais une bonne épée choisit toujours son maître et dans ce cas, elle a bien choisi, » dit-il en souriant et en tapotant le fourreau.

Nanya ne pouvait que grogner contre lui alors qu’elle se retournait et se dirigeait vers l’académie. J’avais rapidement volé vers elle, mais je n’avais pas encore relâché mon intention meurtrière.

« Que dois-je faire ? » lui avais-je demandé.

« Tu as fait apparaître tes intentions meurtrières. Si c’était une affaire entre nous et lui, je t’aurais grondé parce que tu n’as pas encore attaqué, mais tu as bien fait. Nous sommes forts, mais je ne pense pas que nous puissions en même temps protéger les étudiants de ses attaques. Heureusement, il nous a donné assez de temps pour commencer les préparatifs. Je doute qu’il parte comme il l’a dit. C’est un draconien malhonnête, une ordure, un bâtard, une racaille ! Grrr ! » elle avait asséné un coup avec force dans le mur en y faisant une grosse fissure. Je l’avais réparé et je l’avais à nouveau rapidement poursuivie. Elle se dirigeait vers ma pièce. « Nous ferons semblant de continuer nos affaires comme d’habitude, mais en attendant, fais tout ce que tu peux pour construire quelque chose pour éloigner les étudiants d’ici ! Fais-le sans le dire à personne d’autre que moi. Oh, et cache l’entrée de ton grand donjon, » expliqua-t-elle.

« Je l’ai déjà fait, mais je n’ai pas encore fait de tunnel de fuite pour les étudiants. Je travaillerai là-dessus ce soir. Mais... peut-on gagner contre lui ? » avais-je demandé.

« Ça dépend, Illsy. Son armure n’est pas normale. C’est probablement un objet divin, » m’avait-elle dit en entrant dans ma pièce.

« Alors, je peux utiliser ce que tu sais, ce sort ? Je vais le déshabiller et il sera beaucoup plus facile de le battre, » je lui avais dit ça en souriant.

« Non, ça ne marchera pas à moins de pouvoir ignorer un enchantement [Aucun Vol]. Si l’un de ses objets a cette chose sur lui, alors il saura immédiatement que tu as essayé de le faire, et il le prendra comme une offense directe et n’hésitera pas à nous attaquer, » expliqua-t-elle en poussant un soupir.

« [Aucun vol] ? Y a-t-il quelque chose comme ça ? » avais-je demandé.

« Comment crois-tu que les nobles et les membres de la famille royale peuvent sortir sans se soucier de quelqu’un qui les vole ? Ils portent tous cette chose, » expliqua-t-elle.

« Même toi ? » lui avais-je demandé.

« Le sort a fonctionné sur moi, n’est-ce pas ? » m’avait-elle rappelé en plissant les sourcils.

« Oh, c’est vrai ! » avais-je dit.

« Illsy, tu peux annuler tes intentions meurtrières, » m’avait-elle dit.

« D’accord... » avais-je hoché la tête. Puis j’avais fait ce qu’elle m’avait dit.

Le brouillard noir avait disparu et Tuberculus s’était approché de Dankyun. Il était très probablement sur le point d’organiser une sorte de séjour pour eux, soit dans le bâtiment principal de l’académie, soit dans le dortoir. Comme j’étais à l’intérieur, je n’entendais pas de quoi ils parlaient.

« Puis-je écraser les enchantements ? » avais-je demandé à Nanya.

« J’ai essayé plusieurs fois, mais cette épée n’est pas normale... D’ailleurs, tu aurais besoin du sort [Désenchantement] et la dernière fois que je me souviens, tu n’avais que [Enchantement]. »

« Je vois... »

[Point de vue de Dankyun]

Le fait de voir Nanya sous sa forme scellée après tant d’années avait été si excitant que je n’avais pas pu m’abstenir de me moquer d’elle pour qu’elle commence un combat. En fait, j’espérais qu’elle allait tout de suite me sauter dessus, mais il semblait qu’elle avait vraiment changé. Néanmoins, cela n’avait fait que rendre le jeu encore plus intéressant. J’allais prendre plaisir à briser le calme de Nanya et la forcer à m’attaquer. Une fois qu’elle l’aurait fait, je serais libre de commencer... à la torturer.

Mais comment dois-je m’y prendre ? Hm... peut-être que je devrais faire quelque chose à ses chers étudiants ? Si j’avais accidentellement blessé ou touché un ou deux élèves de lignées paysannes, je suis sûr que je vais l’énerver ! avais-je pensé alors que j’étais conduit par le vieux directeur humain vers ma chambre temporaire se trouvant dans les dortoirs.

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