Infinite Stratos – Tome 5 – Chapitre 4

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Chapitre 4 : La dame mystérieuse

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Chapitre 4 : La dame mystérieuse

Partie 1

« Tatenashi ! Merde, tu as tué Tatenashi ! »

L’expression de Tatenashi était restée inchangée, même avec les jambes mécaniques qui l’empalaient. En regardant de plus près, j’avais vu que pas une seule goutte de sang n’avait coulé de ses blessures.

« Que se passe-t-il ? J’ai eu l’impression de ne rien pouvoir faire ! »

« Fufufu. » Tatenashi avait brièvement souri, avant de s’évanouir dans l’air avec un sifflement de vapeur.

« Était-ce juste de l’eau ? »

« Correct. Un leurre fait d’eau. » La voix de Tatenashi, complètement calme, s’était fait entendre juste derrière Autumn. Tatenashi, alors qu’Autumn se tournait, avait déplacé sa lance en formant un large arc.

« Argh ! »

« Oh, j’ai raté ? Ton IS est assez mobile, n’est-ce pas. »

« Qui es-tu ? »

« Sarashiki Tatenashi. Mon IS, la Dame Mystérieuse. Souviens-t’en bien. » Tatenashi sourit à nouveau.

Son IS était comme aucun autre qu’Ichika n’avait jamais vu auparavant. Son armure était petite et bien ajustée, mais un champ fluide transparent couvrait les lacunes, presque comme une robe faite uniquement d’eau. Ce qui avait le plus attiré mon attention sur l’aspect unique de la Dame Mystérieuse, ce sont les deux parties cristallines flottant sur ses côtés. Ces « cristaux d’eau » étendaient un voile d’eau qui tourbillonnait autour de Tatenashi comme une cape. Autour de la lance massive qu’elle tenait à la main, une spirale d’eau se mettait à tourner comme si l’ensemble était une perceuse.

« Gah ! Je vais te tuer ici même ! »

« Ahaha. Tu joues la méchante, n’est-ce pas ? Ne sais-tu pas que ça assure seulement ma victoire ? »

Tatenashi plongea en avant avec sa lance alors qu’elle raillait Autumn, cherchant à frapper tout en repoussant les attaques avec son gros calibre, parant les huit jambes mécaniques d’Arachne et les deux bras d’Autumn avec une seule arme.

« Bon sang ! Tu es imbue de toi-même, gamine ! » Autumn avait sorti une paire de katars des gaines de son armure de hanche, et s’était déplacée avec eux alors que ses jambes mécaniques ripostaient à distance.

« Une attaque par balles éparses comme celle-là ne fera rien contre l’eau. » La grêle de feu avait été facilement arrêtée par le voile de Tatenashi. Chaque balle frappait et gelait dans l’eau qui coulait, la privant de son élan.

« Ce n’est pas seulement de l’eau ! »

« Tu es très maline. Elle est façonnée par des nanomachines qui conduisent l’énergie de mon IS. Impressionnant, si j’ose dire. » Tatenashi était restée face à l’attaque pendant qu’elle parlait, et les attaques habiles d’Autumn avec les katars avaient été parées avec la lance, et même abattue quand elles étaient trop près.

« Mais qui es-tu donc ? »

« Je pensais m’être déjà présentée. »

« Espèce de petite salope coincée ! »

La frustration d’Autumn avait commencé à prendre le dessus sur elle, car elle n’avait pas réussi à porter un seul coup. Tatenashi, quant à elle, était l’image d’un calme parfait, gardant un sang-froid absolu alors qu’elle avançait progressivement.

« Le savais-tu ? La présidente du conseil des élèves est l’élève le plus fort ici. »

« On s’en fout ! »

 

 

Autumn avait soudainement jeté le katar de sa main gauche, sautant en avant dans l’ouverture ainsi créée. En même temps que le katar frappait Tatenashi, elle donnait un coup de pied à la lance vers le sol.

« Oh, mon Dieu. »

 

 

« Mange ça ! » Autumn avait pressé l’attaque, quatre jambes mécaniques tirant pendant que les quatre autres frappaient avec leurs lames.

« Ah, oui. Intense, en effet. »

« Hahaha ! As-tu toujours envie de dire de la merde ? La plus forte ? Laisse-moi rire ! » Autumn avait raison. Tatenashi commençait à tituber sous l’assaut incessant de l’ennemi. Elle avait peut-être une armure sur laquelle s’appuyer, mais les frappes commençaient à porter leurs fruits.

« Tatenashi ! »

« Repose-toi, Ichika. Laisse-moi m’occuper de tout. Tout ce que tu dois faire, c’est croire. »

« Espèce de gamine stupide ! Arrête de prétendre que tu n’es pas dans la merde ! » Autumn avait percé les défenses de Tatenashi, et lui avait donné un coup de pied écrasant, l’envoyant voler à reculons. Au même moment, elle avait tissé une boule de toile dans ses mains, et l’avait enroulée autour de Tatenashi, la piégeant. « Toi… Espèce de petit… Tu es vraiment une putain de merde… Gamine ! »

« Je ne peux pas bouger. »

« Cette fois, je t’ai coincée ! » Les articulations de ses huit jambes mécaniques s’entrechoquaient alors qu’elles s’étendaient lentement vers Tatenashi. Mais il n’y avait pas un seul signe de panique ou de peur sur son visage.

« Hé, c’est moi ou il fait chaud ici ? »

« Quoi ?

« Je veux dire, pas vraiment chaud, mais c’est certainement ce que l’on ressent. »

« Mais de quoi parles-tu ? »

« Tu sais, l’indice de chaleur est basé sur l’humidité. Alors, je suppose, c’est moi ou c’est humide ici ? »

« … !? »

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’Autumn avait remarqué que la brume remplissait la pièce. Un épais nuage s’était enroulé autour de son corps.

« Ahh, c’est l’expression que j’attendais de voir. Le moment où tu réalises que ton plan a échoué. »

Tatenashi portait le sourire insondable d’une déesse. Mais derrière tout cela, il y avait le destin certain de la Faucheuse qui lorgnait sa victime.

« La Dame Mystérieuse… La Dame des brumes. Elle peut contrôler l’eau comme si elle était une extension d’elle-même. Et, comme je te l’ai déjà dit, les nanomachines qui font cela peuvent conduire l’énergie directement depuis l’IS. »

« M-Merdee ! »

« Trop lente. » Tatenashi avait claqué des doigts. À l’instant suivant, Autumn fut avalée par une explosion. « Ahahah. Tu crois vraiment que je t’ai dit ça parce que je voulais frimer, ou parce que j’aimais trop partager ? Je te l’ai dit parce que je voulais voir l’expression de choc sur ton visage. »

Il s’agissait de la « Passion Pure », une attaque qui utilisait des nanomachines traversant l’eau pour la surchauffer, enveloppant la cible dans des explosions. Elle n’était peut-être efficace que dans une zone limitée, mais chaque mouvement qu’elle faisait dans un combat contribuait à la mettre en place, ce qui la rendait extrêmement utile en combat réel.

« Guh… Argh… Ce… Ce n’est pas encore fini ! »

« Non, je suis presque sûre que c’est le cas. N’est-ce pas, Ichika ? »

Autumn, remplie de terreur, s’était retournée. Devant elle, c’était Ichika, qui saisissait son avant-bras droit tout en se concentrant.

« Viens, Byakushiki ! »

Il avait été enveloppé dans la lumière, puis — .

 

Tatenashi a dit de « croire ». Elle a dû vouloir croire en Byakushiki. Je n’avais jamais vu quelque chose tourner aussi bien. Mais j’avais quand même cru que cette fois-ci, ce serait le cas. Byakushiki va répondre. Tant que… tant que je continue à l’appeler !

« Viens, Byakushiki ! »

Je m’étais concentré sur mon bras droit, et assez vite, j’avais pu voir une lueur chaude même si mes yeux étaient fermés. Et puis… dans ma main droite, le noyau s’était matérialisé — non, il avait été convoqué.

« Byakushiki, matérialisation de l’urgence ! Yukihira Nigata, pleine puissance ! »

La lueur du noyau s’était transformée en particules de lumière qui s’étaient enroulées autour de moi. La sensation dans ma main était passée du noyau au poids ferme d’une arme et j’avais ouvert les yeux. Je peux le faire ! Byakushiki était déjà entièrement matérialisé, et j’avais synchronisé mes pensées avec lui alors que je me précipitais vers Autumn. En levant ma lame au-dessus de ma tête, j’avais senti Reiraku Byakuya s’activer.

« C’est quoi ce bordel ? Comment as-tu — . »

« Je ne sais même pas ! Mais prends ça ! »

« GWAHH ! »

Ses huit jambes mécaniques s’étaient rapprochées, arrêtant mon coup au-dessus de sa tête. Mais j’avais appuyé plus fort, refusant d’être arrêté, et bientôt la lame s’était avancée encore plus.

« Qu’est-ce que… »

Je pouvais voir Autumn bouger au ralenti, encadré par les débris des jambes de son IS. Non. Elle ne bougeait pas si lentement. Je me déplaçais aussi vite.

« GUH ! »

J’avais fait un coup de pied propulsé par le Booster et mes propulseurs à pleine puissance, et Autumn avait été projetée dans le mur. Ça avait été assez fort pour laisser des fissures dans le mur que je pouvais voir à travers la pièce voisine.

« Ichika, attache-la ! »

« J’ai compris ! »

« M-Merde… Est-ce la fin ? » murmura Autumn. Avec un bruit de succion, son IS avait détaché son corps du sol.

« Quoi ? »

« ICHIKA ! »

Elle avait commencé à briller, et quelques secondes plus tard, elle avait explosé en une explosion massive. J’avais failli y être pris, mais Tatenashi avait plongé devant moi pour me protéger.

« Vas-tu bien, Ichika ? »

Son voile d’eau s’était étendu le plus loin possible pour me défendre. Peu importe l’efficacité des défenses d’urgence d’un IS, encaisser cela à bout portant laisserait certainement une marque.

« Je… Je pense… Attends ! Où est-elle allée ? »

« Elle s’est enfuie. Il semble qu’elle ait aussi récupéré le noyau de son IS juste avant l’explosion. Donc seuls les armes et le blindage ont explosé. C’était vraiment risqué. Si elle avait échoué, elle se serait fait exploser. » Tatenashi était calme, plutôt que de montrer son habituelle espièglerie.

« Vraiment. Bref, euh… »

« Oui ? »

« Ce serait bien si tu me laissais partir. »

La force de l’explosion avait pressé Tatenashi contre moi. Ce qui veut dire… Ses seins avaient été pressés directement sur mon visage, et, euh — .

« Hmm. Ichika, tu es vraiment un pervers. »

« Attends ! Non, ce n’est pas comme ça ! C’est juste que c’était une urgence, donc… »

« Ce n’est pas très viril de trouver des excuses comme ça, n’est-ce pas ? Maintenant, dis-moi, qu’as-tu pensé de mes seins ? »

« … »

« Rien à dire ? C’est tellement méchant. »

« Eh bien, euh… Ils sont doux… Et… »

« Ichika. »

« Oui ? »

« Tu es un vrai pervers. »

J’avais renoncé à me disputer avec elle à ce sujet et j’avais baissé la tête. Aujourd’hui, c’était trop. Vous savez ce que c’est que de vouloir rentrer chez soi et prendre un bain ? C’est ce que j’avais ressenti.

« Et qu’avons-nous là ? » Tatenashi avait agité un certain objet du bout de son doigt pendant qu’elle me taquinait.

« Hein ? La couronne. Et alors ? »

« Ah, oui, la couronne. Le merveilleux prix qui accorde à son détenteur le droit de vivre dans la chambre d’Ichika. »

« Quoi ? Est-ce pour cela que toutes les filles la voulaient tant ? »

« Ouais. »

« Comment en es-tu arrivée là ? Ce n’est même pas comme si c’était amusant de vivre avec moi. »

« Peut-être, peut-être pas. Quoi qu’il en soit, on dirait que c’est moi qui ai fini par l’avoir. »

J’avais un mauvais pressentiment sur ce qui allait se passer — non, sur ce qui s’était déjà passé.

« On dirait que nous sommes ensemble pour un peu plus longtemps, I-chi-ka ! »

Mentalement et physiquement épuisé, je m’étais affaissé en arrière.

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Partie 2

Merde ! Merde, merde, merde ! Autumn s’était précipitée sur les terrains de l’Académie IS tout en se maudissant amèrement. C’était censé être un travail facile ! Cette petite pute m’a piégée !

La mission d’aujourd’hui avait déraillé avant même d’avoir commencé. L’idée initiale était d’attraper Ichika dans sa chambre de dortoir, mais son nouveau colocataire avait signifié un changement soudain de plans.

Je savais qu’elle était une mauvaise nouvelle dès le jour où elle est arrivée ! L’esprit d’Autumn s’était mis en branle en pensant à sa co-conspiratrice distante et arrogante. Celle dont l’arrogance était visible dans tous ses regards. Celle qui avait conçu l’« Extracteur » et qui avait planifié cette mission.

Quel est le but de cette chose, de toute façon ? S’il peut invoquer son IS depuis l’extérieur de sa portée, c’est inutile ! C’était vraiment inutile maintenant. Une fois qu’un IS avait été touché par ça, il développait une résistance. Attends ! Ça doit être ça ! Le processus d’élimination de l’IS avait développé cette résistance. Ensuite, grâce à cette nouvelle résistance, il pouvait être invoqué à longue distance.

J’ai été piégée pour échouer. Autumn avait compris que la fille qui avait créé l’Extracteur devait avoir compris ce qui allait se passer. Je vais la tuer ! Tuer, tuer, tuer ! Je ne peux pas croire qu’elle m’ait humiliée comme ça ! Grinçant des dents de colère, elle réalisa soudain qu’elle s’était échappée dans un parc à l’extérieur de l’Académie IS.

Merde, j’ai soif… J’ai besoin de trouver de l’eau… En regardant de gauche à droite, ses yeux avaient fini par s’accrocher à une fontaine. Pensant qu’elle pouvait s’accorder quelques instants, elle s’y dirigea rapidement. Je vais tuer ce gamin ! Je me fiche de ce que Squall en dira !

En tournant le robinet, elle avait laissé l’eau jaillir. Elle se mit à penser à la façon dont elle allait tuer la nouvelle fille. Tout doucement… Hee-hee… Soudain, elle réalisa que l’eau qui coulait dans sa gorge s’était arrêtée.

Quoi ? Il est cassé ? Elle se retourna vers la fontaine et eut le souffle coupé. L’écoulement de l’eau était bloqué en plein air.

« Quoi ? »

Les éclaboussures d’eau qui frappaient ce qui semblait presque être une planche transparente flottant dans l’air trempaient les vêtements d’Autumn, mais elle était plus inquiète à propos d’autre chose. Ce doit être… AIC ! Elle avait essayé de sauter en arrière de la fontaine, mais l’AIC lui tenait déjà les pieds. Au lieu de cela, elle s’était effondrée sur le sol à cause de l’inertie.

« Merde ! Est-ce que c’est l’IS allemand !? »

« C’est exact, Unité Fantôme. » La voix de Laura était suspendue dans l’air. C’était aussi froid et majestueux qu’un glacier de montagne. « Ne bouge pas. Notre sniper a déjà une perle dessinée entre tes yeux. »

« Argh ! »

« Maintenant, crache le morceau. Dis-moi tout sur ton organisation. »

En raison de son passé militaire, Laura en savait déjà un peu plus sur l’Unité Fantôme. Et maintenant, il y avait ce raid. Et leur utilisation des IS. L’Unité Fantôme s’annonçait comme un ennemi considérable.

« Ton IS est un modèle américain de deuxième génération. Où l’as-tu obtenu ? Dis-le-moi. »

« Je ne te dirai rien ! »

Le processus de création des cœurs des IS n’avait jamais été révélé. Autrement dit, celui d’Autumn avait dû être volé quelque part. Cependant, la perte, ne serait-ce que d’un seul noyau, aurait été un incident majeur qui avait affaibli les défenses nationales, de sorte que sa source n’aurait pas révélé le vol. Dans tous les cas, toute organisation capable de planifier et d’exécuter une mission de détournement d’un IS devait disposer de ressources importantes.

« C’est bien. Je suis assez expérimentée dans la conduite d’interrogatoires. Il semble donc que toi et moi allons passer beaucoup de temps ensemble. »

Laura avait commencé à avancer vers Autumn, mais soudain, Cécilia était passée sur un canal privé, « Éloigne-toi d’elle ! Nous avons un intrus qui se rapproche ! »

« Que… ? » Au moment où Laura balayait la zone avec ses capteurs, un laser l’avait frappée à l’épaule droite. « Argh ! »

Rapidement, elle avait relevé son cache-œil et activé le système Wodan-Auge qui améliorait les hypersenseurs. Cependant, c’était tout ce qu’elle avait pu faire pour éviter les deux tirs de laser suivants.

« Laura ! Sors de là ! » Cécilia avait déjà retracé les coups de feu jusqu’à leur source et avait aligné l’IS arrivant dans son champ de vision. « Est… Est-ce que c’est... »

Elle avait reconnu la forme élargie à distance. C’était un IS de la deuxième génération de BT, le Zéphyr silencieux. Il était équipé d’unités de blindage expérimentales basées sur des données recueillies par son prédécesseur, les Larmes bleues de Cécilia.

« Que fais-tu ? Dépêche-toi, Cécilia ! Tire ! »

« Tch. »

Cécilia avait tiré quelques coups de feu avec son fusil laser, mais les pièces mobiles s’étaient repositionnées pour bloquer le tir, l’empêchant de toucher la cible. Elle avait alors déployé ses propres pièces mobiles, mais le Zéphyr silencieux avait tiré depuis sa position dans le ciel. Il peut viser ainsi avec précision à pleine vitesse !? Je n’arrive pas à croire sa vitesse de tir ! Cécilia avait été choquée d’être si proprement dépassée. Mais elle n’avait pas eu beaucoup de temps pour réfléchir, car le Zéphyr silencieux avait fait le tour avec ses six unités mobiles.

« Puis — » elle avait tiré ses missiles directement vers le sol, prévoyant d’ajuster leurs trajectoires en plein vol et de frapper l’ennemi dans un angle mort. Cécilia était sûre de réussir — jusqu’à ce qu’elle voie se produire quelque chose d’incroyable. « Qu’est-ce que… »

Les faisceaux s’étaient pliés en plein air, abattant chaque missile. Contrôle de la trajectoire de polarisation ? Ce n’est possible qu’avec une arme BT agissant à pleine efficacité opérationnelle ! Elle ne peut pas — elle s’était figée, ébahie par ce qu’elle avait vu. Je suis le pilote actif avec la plus haute compatibilité BT ! Alors comment ?

« Que fais-tu ? Ne laisse pas cela te frapper ! »

Cécilia avait repris son souffle. Laura s’était alors placée devant Cécilia, se chargeant elle-même du barrage de lasers. Ce n’est qu’en regardant l’armure du Schwarzer Regen fondre que Cécilia s’était ressaisie, mais à ce moment-là, l’agresseur avait déjà rejoint Autumn.

« Ton tour est arrivée, Autumn. »

« Bon sang ! Pourquoi devais-tu être si désinvolte à ce sujet ? »

Une grêle de tir provenant d’une gatling laser compacte avait empêché Laura ou Cécilia de se rapprocher. Au même moment, un couteau rose brillant avait coupé le champ de l’AIC, libérant ainsi Autumn.

« Est-ce la meilleure avancée que la science allemande puisse produire ? »

Le pilote ennemi portait un hypersenseur de type visière qui ne révélait que sa bouche. Mais Laura pouvait voir qu’elle était tordue en un sourire cruel.

« Soyez maudit ! Comment le savez-vous ? »

« Je n’ai pas besoin de te le dire. De toute façon… »

Tenant Autumn, elle s’était envolée dans les airs et s’était éloignée. Quelques instants plus tard, les unités mobiles qui retenaient Laura et Cécilia au sol s’étaient autodétruites, leur mission terminée.

« Laura ! Contacte l’académie ! Je vais les poursuivre ! »

 

« Non ! Tu ne rattraperas jamais ton retard. Et dans l’état où nous sommes maintenant, nous ne gagnerions jamais. »

« … »

Cécilia se pinça les lèvres de frustration en regardant l’ennemi s’envoler. Très vite, elle avait disparu comme le vent, ne laissant pas une seule trace. Laura et Cécilia avaient chacune senti une tempête approcher.

 

« … Et c’est comme ça. »

« Ouf… »

La nuit, dans mon dortoir. La fête de l’école étant terminée, Tatenashi me donnait des détails sur ce qui s’était réellement passé. Elle m’avait expliqué qu’une organisation clandestine avait récemment intensifié ses activités et que lorsqu’elle avait décidé de me cibler, elle s’était installée dans ma chambre par mesure de protection.

« Alors… Qui es-tu vraiment, Tatenashi ? »

« Une fille gentille, du genre que tu aimerais avoir comme grande sœur ? »

« Je suis déjà au complet. »

« Je suppose que oui. Mais de toute façon, la famille Sarashiki s’est toujours spécialisée dans ce genre d’opérations dans l’ombre. Comprends-tu ce que signifie “travailler dans l’ombre” ? »

Travailler dans l’ombre — donc, faire des choses en coulisses qui ne peuvent ou ne devraient pas être reconnues officiellement ?

« Les Sarashikis travaillent donc dans l’ombre pour contrer les autres groupes qui travaillent dans l’ombre ? C’est… assez impressionnant. »

Tatenashi riait en ouvrant son éventail. Il était écrit « Semper paratus ». Parfois, je n’avais pas de réponse pour elle…

« Mais maintenant que c’est réglé, je peux me détendre un peu. »

« Vas-tu donc changer de chambre maintenant ? C’est — » je m’étais interrompu avant d’avoir pu finir avec un « soulagement ». Je ne voulais pas penser à la façon dont elle réagirait en entendant cela. « … Je vais me sentir seul. »

En ricanant, elle avait répondu : « Ne t’inquiète pas. Je vais rester ici un peu plus longtemps. Après tout, c’est moi qui ai fini avec la couronne. »

Argh. C’est vrai, c’est arrivé.

« Même après mon déménagement, tu peux venir dormir chez moi quand tu te sens seul. »

« Non merci, je pense que ça ira. »

Si je n’avais pas au moins dit cela, qui aurait su où cette conversation irait. Je ne pouvais pas laisser de place à quelqu’un comme elle.

« Argh. Je pensais que tu apprécierais l’offre. »

« Bien sûr, bien sûr. J’éteins les lumières. »

« Mhm. Allons passer une bonne nuit de sommeil. »

Alors que les lumières s’éteignaient, je m’étais allongé dans mon lit. J’étais épuisé, et je m’étais vite mis à dériver.

« Bonne nuit, Ichika. Nous avons beaucoup de travail devant nous. »

C’est la dernière chose que j’avais entendue avant de m’endormir.

***

Partie 3

« Tout le monde, vous avez récemment fait un excellent travail lors de la fête de l’école. Je vais maintenant annoncer les résultats du vote. »

C’est-à-dire, les résultats de la bataille qui m’avait été livrée. J’avais l’impression d’entendre tous élèves, tous entassés dans le gymnase, déglutir à l’unisson en raison de la nervosité.

« Le premier est… La pièce de théâtre de Cendrillon faite par le conseil des étudiants ! »

« EHHHHHH ? » Les bouches de tout le monde s’étaient ouvertes par surprise. Quelques secondes plus tard, la foule s’était mise à faire des étincelles.

« C’est de la triche ! Ce n’est pas juste ! Fraude électorale ! »

« Comment cela a-t-il abouti au conseil des étudiants ? Cela n’a même pas de sens ! »

« Nous avons travaillé si dur ! »

Après avoir demandé le silence, Tatenashi avait poursuivi. « L’obligation de participer en tant que membre du public était, après tout, de voter pour le conseil des étudiants. Nous n’avons pas exigé de participation. Vous l’avez choisi par vous-même. »

C’est donc ce qu’elle en retirait… Je n’étais pas choqué, mais plutôt impressionné. C’était un plan extrêmement intelligent. Mais son explication n’avait pas suffi à faire taire les huées.

« S’il vous plaît, calmez-vous. En tant que membre du conseil des étudiants, Ichika Orimura sera chargé d’assurer le cas échéant la liaison avec chaque club. Comme il est un garçon, il ne pourra pas participer aux compétitions sportives universitaires, mais il sera toujours disponible en tant que manager ou assistant. Veuillez remplir un formulaire de candidature et le soumettre au conseil des étudiants. »

Attendez, quoi ?

« Eh bien, je suppose… »

« Je suppose que c’est assez juste. »

« Heureusement pour nous, notre club n’avait de toute façon aucune chance de gagner. »

Je pouvais entendre quelques marmonnements d’acceptation autour de moi avant que la foule n’éclate en faisant campagne pour leur club.

« Très bien, commençons par le club de football ! »

« De quoi parlez-vous ? La crosse devrait être la première ! »

« Il y a aussi le club de cuisine. »

« Ici ! Par ici ! Le club de la cérémonie du thé est juste ici ! »

« Le club de kendo sera d’accord pour le prendre en deuxième position. »

« Judo ! Oh, choisissez le judo ! Nous devons travailler sur notre jeu de fond ! »

Allez, arrêtez ! Pourquoi n’ai-je pas mon mot à dire ?

« Puis, comme il ne semble y avoir aucune objection, Ichika Orimura rejoindra le conseil des étudiants sous ma direction. » Lorsque Tatenashi avait conclu sa proclamation, la foule avait éclaté en applaudissements et en acclamations.

Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que c’était que ça ? Étais-je au conseil des étudiants ? Mais on me prête à chaque club ?

« Et que veux-tu dire par “sous ta direction” ? »

J’avais eu un mauvais pressentiment à ce sujet. Un très mauvais pressentiment.

« Bonne nuit, Ichika. Nous avons beaucoup de travail devant nous. » Je m’étais soudain souvenu de ses mots hier soir. Est-ce ce qu’elle voulait dire ? Je ne savais pas à quel point elle était sérieuse à propos de tout ça. Tout ce que je savais, c’est que se battre n’aiderait en rien.

 

« Félicitations pour ta nomination au poste de vice-président du conseil des étudiants, Ichika Orimura ! »

« Félicitations… »

« Félicitations. Je me réjouis de travailler avec toi. »

Tatenashi, Miss Décontractée et Utsuho, dans cet ordre. Après m’avoir chacune félicité à leur manière, elles avaient toutes déclenché la fête.

Nous étions dans la salle du conseil étudiant. Un bureau somptueusement imposant était installé juste devant la fenêtre, comme l’ont toujours fait les gros bonnets et les patrons dans les films.

« Mais pourquoi ? »

« Cela ne permet-il pas de régler les derniers détails ? Je veux dire, il fallait s’inscrire à un club ou à un autre. Le directeur a même suggéré d’utiliser mon autorité pour te forcer à en rejoindre un. »

« Eh bien, tu sais, si tu avais rejoint un club… Peut-être que quelques personnes auraient abandonné… »

« Mais je crois que la grande majorité aurait quand même exigé ta présence dans la leur. C’est pourquoi le conseil des étudiants a adopté cette mesure. »

Il semblait qu’elles étaient habituées à finir les phrases de l’autre. Réalisant qu’il ne servait à rien de continuer à discuter, je m’étais affalé sur mon siège et j’avais dit. « Alors, vous n’aurez même pas mon avis sur la question… »

« Oh, ça pourrait être ça ? Trois belles filles ne te suffisent pas ? »

« Elle a un peu raison… Orimu, tu es entourée de filles mignonnes ici. »

« Je ne suis pas tout à fait sûre de ce qu’elles veulent dire par là, mais je pense certainement que tes fonctions ici seront une expérience précieuse à l’avenir. »

Pour l’instant du moins, il semblerait qu’Utsuho soit la seule à prendre cette question au sérieux. Résigné, j’avais commencé à lui demander quelles étaient ces tâches, « Hum… Alors, devrais-je commencer à venir ici tous les jours après les cours ? »

« Pour l’instant, c’est exact. Une fois que nous t’aurons affecté à un club, tu fonctionneras selon son calendrier. »

« J’ai compris. »

« Oh ! Et puis-je te demander une chose ? »

« Hein ? Qu’est-ce que c’est ? »

Pour une fois, Utsuho semblait assez nerveuse. Je l’avais regardée avec curiosité ouvrir la bouche pour parler une fois, puis deux fois, avant de finalement laisser sortir ce qu’elle avait à cœur.

« L’ami que tu as amené à la fête de l’école. Quel était son nom ? »

« Hein ? Oh, tu veux dire Dan ? C’est Gotanda Dan. Il va dans un des lycées publics locaux. »

« Je vois. A-t-il le même âge que toi ? »

« Oui, c’est le cas. »

« Deux ans de moins… »

« Hein ? »

« Oh, ce n’est rien. Merci. »

Utsuho avait fait un salut poli. Ses joues semblaient un peu rouges, mais j’avais dû l’imaginer.

« Très bien ! Pour commémorer une réunion complète et célébrer la nomination d’Ichika au poste de vice-président, j’ai fait un gâteau. On en prend maintenant ? »

« Oooh. Ça a l’air super. »

« Alors, je vais faire du thé. »

« Si cela ne te dérange pas. Honne, peux-tu aller chercher les assiettes ? »

« Bien sûrrrrrr. »

Il semble que chaque fois que les trois filles travaillaient ensemble, elles avaient chacun pris la tâche correspondant à leur personnalité. Le gâteau qu’elles avaient préparé était indéniablement délicieux.

« Ensuite. À la vôtre ! »

« Sannnnnnnntééé. »

« À la vôtre. »

« Aha… Hahaha… À la vôtre. Soupir… »

C’est ainsi qu’avait commencé ma vie au sein du conseil des étudiants.

 

« Pardonnez-moi. »

Tatenashi avait ouvert une lourde porte et était entrée dans le bureau du directeur. La nuit était déjà tombée, et les fenêtres donnaient sur l’obscurité.

« Ah, Sarashiki. Excellent timing. » Elle avait été accueillie par un homme plus âgé avec un visage aimable. Officiellement, sa femme était la directrice de l’Académie IS, mais en coulisses, c’est cet homme qui était responsable. « Maintenant, si je pouvais avoir votre rapport ? »

L’homme reposait ses mains serrées sur son bureau orné pendant qu’il parlait. Ses cheveux étaient complètement blancs, et son visage était plissé par des rides. Son attitude douce lui avait valu le surnom de « conscience de l’Académie ». Cet homme qui passait ses journées comme concierge — Kutsuwagi Juuzou — contrôlait véritablement tout ce qui se passait à l’Académie IS.

« Tout d’abord, à propos d’Ichika Orimura. Sa formation en IS progresse de manière satisfaisante. » Tatenashi s’était débarrassée de son habituelle espièglerie. « Pour être honnête, je suis impressionnée. Il lui suffit de quelques essais pour assimiler tout ce que je lui enseigne. Il est bien plus rapide que toutes les filles avec qui j’ai travaillé. »

« Je vois. Ce doit être parce qu’il est le frère de Mme Orimura. »

Tatenashi avait senti un sens caché derrière cela, mais elle avait poursuivi son rapport plutôt que de le sonder, « Ensuite, nous avons confirmé que l’Unité Fantôme est en possession d’au moins deux IS. L’un d’entre eux a vu son noyau extrait et il est peu probable qu’il soit prêt à agir dans un avenir immédiat. »

Si vous considérez le noyau comme le cœur d’un IS, alors l’armure serait le muscle. L’extraction du noyau signifie la perte du corps qui s’était développé autour de lui, et une période de réapprentissage pendant laquelle il s’adapte à sa nouvelle armure. Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait échanger comme une batterie.

« Vous avez travaillé très dur, Sarashiki. »

« Ce n’est rien. Une expérience de combat précieuse pour mon IS, si tant est qu’il y en ait une. »

« Ah, oui, le design russe. C’est donc un ensemble. J’avais peur qu’il ne soit jamais valable, mais je vois que c’était la bonne décision de vous le donner. »

« L’équipe de développement m’a contactée plusieurs fois au sujet de modifications potentielles, mais je pense que c’est utilisable tel quel. »

« Je vous le laisse donc. Utilisez-le comme bon vous semble. »

Après deux ou trois autres détails sur l’école, Tatenashi avait terminé son rapport, « C’est tout. »

« Compris. Je vois que vous êtes toujours aussi populaire. »

« Après tout, je suis la présidente du conseil des étudiants, » déclara Tatenashi en riant. Elle avait souri et Juuzou avait répondu par un large sourire. La tension entre eux s’était évanouie comme une brume.

« Maintenant, allons-nous prendre le thé ? J’ai aussi une collation. Je crois que vous serez une grande fan. »

Selon les mots de Juuzou, le visage de Tatenashi s’était illuminé comme seul celui d’une adolescente peut le faire.

« Vous êtes toujours si doué pour choisir des en-cas. J’ai hâte d’essayer ce que vous avez aujourd’hui. »

« Ahahaha, ce n’est pas grave. Je choisis juste ce qui me semble bien. »

« Non, vraiment, vous l’êtes ! Oh, c’est vrai ! J’avais aussi apporté du thé ! »

« Oh, est-ce celui de Nohotoke Utsuho ? »

« En effet, c’est le cas ! »

« Oh ! Son thé est excellent. Ce sera un merveilleux repas. » Juuzou gazouillait avec un enthousiasme inattendu de la part d’un homme qui avait plus de 70 ans.

Ils s’étaient assis face à face, comme s’ils étaient les amis les plus chers. Personne n’aurait pu deviner qu’ils étaient les deux puissances qui dirigeaient l’Académie IS.

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