Il ne voulait pas être le Centre de l’Attention (LN) – Tome 1 – Chapitre 4 – Partie 2

Bannière de Il ne voulait pas être le Centre de l’Attention (LN) ***

Chapitre 4 : L’agitation silencieuse du Royaume

Partie 2

2 — La Préposée en difficulté et la Guilde inébranlable

Une fois les heures d’ouverture du bar terminées, la cliente était restée silencieusement dans le bar pendant que les autres clients partaient. On lui avait apporté un autre verre d’Abricot enrichi au mélange de Vierge Marie qu'elle avait bu. Et ainsi, ses émotions étaient devenues complètement calmes. Elle était à peine reconnaissable vu la manière dont l’air autour d’elle avait changé. 

« C’est peut-être un peu tard, mais je m’appelle Kirsch Auguste. J’aimerais m’excuser pour mon comportement impoli de tout à l’heure, » déclara-t-elle.

La femme qui s’était baptisée Kirsch portait un estoc [1] à la taille. Elle semblait s’être entraînée aux arts martiaux, mais à en juger par son apparence, sa force d’aventurier était à peine supérieure à 3000. Son talent était comparable à celle d’une aventurière de Rang B.

Considérant la capacité moyenne des gardes d’une famille noble, on pouvait dire qu’elle se situait dans le haut de l’échelle. Pour un Rang B qui avait la force de se nourrir, au lieu de choisir un mode de vie qui les obligeait à servir une certaine famille, j’avais cru qu’ils préféraient choisir de vivre de façon indépendante.

« Veuillez m’excuser de vous rendre visite si près de vos heures de fermeture, » déclara Kirsch.

« Ce n’est pas nécessaire, vous avez un emploi pendant la journée, donc je suppose que vous avez dû avoir du mal à quitter votre poste, » déclara Verlaine.

« … Oui. Comme vous l’avez devinée, je suis un serviteur de la famille du duc de Winsburg… normalement, une trahison est quelque chose qui va à l’encontre de ma dévotion. Cependant, cette question particulière est…, » commença Kirsch.

Le bar était déjà fermé, alors Cody et moi nous nous étions retirés dans la cuisine pour écouter leur conversation.

« T’es sûr de toi ? Tu as du travail demain, n’est-ce pas ? C’est le problème de ma guilde, donc tu n’as pas besoin de t’en soucier, » déclarai-je.

« Si un Duc prépare quelque chose, alors il devrait y avoir quelque chose qu’un chef des chevaliers comme moi pourrait faire. C’est bon, je crois en tes plans, alors n’hésite pas à m’utiliser aussi facilement que ton bras et tes jambes, » déclara Cody.

« Les pions les plus forts ne peuvent pas bouger si tout se passe bien, » déclarai-je.

Face à ma blague, Cody riait comme s’il s’amusait, tout en portant à sa bouche le verre qui contenait encore du rhum, il tendait l’oreille pour écouter la conversation de Verlaine et de la cliente.

« Alors… Quel genre d’intrigue Xevious Winsburg a-t-il en tête ? » demanda Verlaine.

« Le Seigneur Xevious a transmis sa position de chef de famille à son fils Jean Winsburg. Mais en réalité, il occupe toujours la première place dans la famille, et continue à agir pour un certain objectif… C’est ce que j’ai découvert, » déclara Kirsch.

Je n’entendais que la voix de Kirsch, son visage n’était pas visible, mais son extraordinaire nervosité était correctement transmise. Malgré tout, j’étais une fois de plus étonné par la façon déséquilibrée de Cody de s’accroupir, même si son visage avait encore l’air cool.

« La famille du duc de Winsburg, qui veille sur la frontière ouest de notre royaume, s’est jointe à la république de Berbechia, et a prévu de renverser notre royaume, » déclara Kirsch.

« … Bref, il a l’intention de déclencher une rébellion. Est-ce que c’est exact ? » demanda Verlaine.

« Oui… Je suis prête à ce que vous pensiez que ce que je dis est absurde. Cependant, j’ai des preuves. Alors que le duc a obtenu des liens illégaux avec Berbechia, un messager secret a apporté une lettre. Le messager a été, par hasard, attaqué par un voleur, et la lettre a été volée, » déclara Kirsch.

Était-ce un désastre ou une bénédiction ? Du point de vue de la volonté de voir le Royaume d’Albein rester paisible, c’était à tous les coups ce dernier. Entrer en guerre avec un royaume voisin était dans tous les cas digne d’être une crise.

« Les voleurs, qui ont vu cette lettre, ont fait chanter le Duc Winsburg… Correct ? » demanda Verlaine.

« C’est comme vous le dites. Mais cette lettre a été écrite dans le code de la famille Winsburg, alors les voleurs ont torturé le messager secret, et il a indiqué l’accord entre la famille Winsburg et Berbechia. J’ai reçu un ordre du duc Winsburg et j’ai mobilisé une force à l’emplacement de l’accord… Cependant…, » commença Kirsch.

Du fait qu’il avait mobilisé une force, j’avais compris qu’il n’avait jamais eu l’intention de laisser partir les voleurs. Je ne voulais pas être un type incrédule, mais ce n’était pas une histoire qui pouvait avoir une fin heureuse, peu importe comment on l’entendait.

« On vous a dit de ne pas laisser partir les voleurs. Ou plutôt, on vous a ordonné de tous les tuer, » déclara Verlaine.

« … La première page de l’ordre écrit n’était que pour récupérer la lettre des voleurs. Cependant, la deuxième page qui devait être ouverte juste avant d’arriver à l’emplacement de l’affaire… Il a dit de tuer les voleurs…, » déclara Kirsch.

« Avez-vous obéi à cet ordre ? » demanda Verlaine.

Face à cette question, Kirsch n’avait pas pu donner une réponse immédiate. Néanmoins, elle répondit d’une voix tremblante. « Le chantage n’est pas un acte pardonnable. On a combattu les voleurs, mais on n’a pas pu tous les tuer. J’ai utilisé ma capacité de Clairvoyance afin de voir le contenu de la lettre, sans arracher le sceau. En sachant pertinemment que ce n’était pas permis. »

Clairvoyance — la capacité qui permet à l’utilisateur de voir à travers quelque chose de fin comme le papier. C’était une capacité que l’on pouvait apprendre à la guilde des voleurs, si on le voulait.

Mais contrairement à la guilde des aventuriers, le simple fait d’apprendre une compétence de la guilde des voleurs était punissable. Même ainsi, Kirsch avait servi Winsburg. À cette fin, on lui avait fait faire du sale boulot, par exemple en éliminant complètement les voleurs qui faisaient chanter le duc.

Les voleurs avaient été punis à juste titre, mais l’envoi d’un messager secret pour entrer en contact avec un pays voisin ne pouvait être négligé. Kirsch connaissait très bien le danger qui pouvait lui arriver, mais elle souhaitait néanmoins préserver la justice.

« La République de Berbechia veut-elle s’emparer de ce royaume ? Puisqu’ils entrent en contact avec une famille ducale, » demanda Verlaine.

« … Oui. La raison pour laquelle le Seigneur Jean s’est empressé de se marier avec la princesse Manarina était pour porter un descendant de sang royal, afin de revendiquer à juste titre la position du roi, » déclara Kirsch.

Avec l’aide de Berbechia, ils voulaient usurper le trône. Jean Winsburg avait pensé aussi loin et avait poussé pour avoir son mariage avec Manarina.

Sans la rupture des fiançailles, Berbechia aurait très probablement déjà envahi, pensai-je. Ça ne m’avait certainement pas donné un bon pressentiment. Les humains, que ce soit à l’époque ou maintenant, étaient définitivement plus terrifiants que les bêtes magiques.

« … Queue. Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu faire cette tête, » déclara Cody.

« L’alcool circule dans un endroit étrange, alors j’ai envie de faire une frénésie, » répondis-je.

« Je ressens la même chose. Il y a longtemps que mon sang n’a pas bouilli. On dirait qu’en allant chez toi, je peux continuer à ressentir la même sensation que quand j’étais un héros, » déclara Cody.

« Vraiment… ? Je vais sûrement compter sur toi pour cette fois, Cody, » déclarai-je.

« Donc tu dis que tu pourrais compter sur moi, hein. Alors, j’attendrai en croisant les doigts, » déclara Cody.

« Désolé. Tu es dans tous les cas mon dernier recours, je suppose que tu peux le considérer comme ça. Ce qui veut dire que tu n’es pas quelque chose que je peux utiliser sur un caprice comme ça, » déclarai-je.

Le verre de Cody était vide, mais il ne voulait plus boire d’alcool. S’il ne voulait pas que j’utilise la magie pour guérir sa gueule de bois, alors je devrais lui donner autre chose à boire. L’Abricot enrichi avait aussi eu un effet sur les mâles, il promettait une bonne nuit de sommeil pour ce jour-là.

« … N’est-ce pas quelque chose que les filles boivent ? » me demanda-t-il.

« Peu importe, l’effet reste le même. C’est particulièrement efficace pour les filles, mais c’est aussi très efficace pour les garçons. J’ai essayé moi-même, après tout, » déclarai-je.

« Alors c’est rassurant. Si on fait boire ça à Mylarka et aux autres… non, ça ne serait pas de bon augure pour moi si elles sont trop calmes, » déclara Cody.

J’avais mélangé des abricots enrichis avec de l’eau gazeuse, et je l’avais donnée à Cody. Cela semblait correspondre à ses goûts — au moment où j’avais pensé que la conversation de Verlaine et Kirsch était sur le point d’atteindre sa phase la plus intéressante.

« En résumé, la lettre que vous avez consultée, Lady Kirsch, c’était pour informer Berbechia de l’échec du mariage avec la princesse, exact ? » demanda Verlaine.

« Oui. Sur la base de la lettre du Seigneur Xevious, Berbechia a déjà commencé les préparatifs pour envahir ce pays en secret. Dans les plaines du côté sud de la frontière entre notre pays et Berbechia, il y a des remparts et un fort qui empêchent les intrus d’entrer. Cependant, il y a une chaîne de montagnes escarpée du côté nord, qu’ils considèrent comme un rempart naturel, donc ils ne sont pas trop prudents, » déclara Kirsch.

« … Afin de permettre à une armée de traverser cette chaîne de montagnes, il a prévu d’informer Berbechia d'un passage secret, et de les inviter à entrer. Certes, s’ils le font, ils seront en mesure d’envahir, et au moment où les Albein s’en apercevront, il n’était pas hors de question d’engager immédiatement la bataille décisive pour la capitale, » parce que Verlaine avait l’expérience de la guerre en tant que Seigneur-Démon, elle avait immédiatement réalisé la crise de la situation à partir de l’explication de Kirsch.

« C’est la famille Winsburg qui est chargée de la protection de la chaîne de montagnes… Profitant de cette position, ils prévoient de laisser passer l’ennemi…, » déclara Kirsch.

« C’est une façon de penser excessivement égoïste. Lady Kirsch, merci d’avoir fait tout ce chemin jusqu'à cette guilde. Si vous alliez plutôt à une autre guilde, la famille du duc en aurait eu vent et vous auriez pu être arrêtée, » déclara Verlaine.

« … C’est tout à fait exact. Mes subordonnés ont gardé le silence sur le fait de laisser partir quelques bandits, mais pour combien de temps vont-ils continuer à le faire… le Seigneur Xevious est quelqu’un qui est très strict avec les échecs de ses subordonnés. S’il l’apprend, je pourrais être renvoyée, ou pire…, » déclara Kirsch.

Kirsch, qui parlait courageusement, était à court de mots. C’était tout naturel, car elle sentait que sa vie était en danger alors qu’elle avait demandé de l’aide ici.

« Parce que je voulais me préserver, j’ai trahi la famille que je sers, je sais que j’ai fait quelque chose qui ne devrait jamais être fait. Cependant…, » continua Kirsch.

« Si le complot de Sire Xevious devait entrer en action, il y aurait des victimes civiles dans la capitale. Votre décision a été noble. Pour un duc qui veut trahir et poignarder dans le dos le royaume, le Verseau d’Argent ne leur pardonnera en aucune façon, » déclara Verlaine.

Si Kirsch connaissait la véritable identité de Verlaine, elle remettrait à partir de maintenant certainement en question les remarques de Verlaine, remplies de justice — parce qu’elle était un ancien Seigneur-Démon, elle devait avoir ressenti une indignation vertueuse envers les vassaux qui trahissaient le roi.

Verlaine avait dit à Kirsch d’attendre et s’était approchée de la cuisine où nous étions. J’avais hoché la tête, et Verlaine m’avait fait un sourire heureux, et était retournée à l’avant une fois de plus.

Il n’y avait aucune raison d’hésiter à accepter ou à rejeter cette demande.

Laisser leurs troupes visiter la capitale de façon aussi grossière poserait un problème.

« … Tu comptes enfin me laisser t’aider ? » demanda Cody.

« Oui. Je partagerai l’esprit des Sauveurs masqués avec toi. Reviens au bar demain, » déclarai-je.

« C’est une promesse. Tant que tu le sais, je te laisse le reste. Je n’aime pas les choses compliquées, » déclara Cody.

Après avoir vu Cody partir par la porte arrière, j’avais prêté attention à la conversation jusqu’à la fin. Verlaine avait signé un contrat et négociait les récompenses avec Kirsch.

« Vu le contenu de la demande, il est un peu difficile de décider de la récompense, mais… À ce propos, estimons les bénéfices que vous pouvez apporter à notre guilde. Si cette guilde existe, c’est parce que le roi nous a donné son sceau d’approbation. Si nous échouions à protéger le roi, nous serions privés du sens de notre existence, » déclara Verlaine.

« … Pour être tout à fait honnête, ce n’est pas un problème qui devrait être supporté par une seule guilde, il devrait être supporté par l’ensemble du royaume…, » déclara Kirsch.

« Le taux de succès des demandes de notre guilde, à l’exception des rares moments où nous ne sommes pas en mesure de respecter les intentions du client, est de 100 %. Bien qu’il soit dommage que nous ne soyons pas en mesure de montrer autre chose que notre palmarès pour gagner votre confiance, nous affirmons une chose : nous sommes les seuls capables de réaliser cette demande. Nous avons donc suffisamment de raisons d’accepter cette demande. En ce qui concerne la conclusion d’un contrat, il est de notre devoir d’en être informés au moment où nous remplissons les conditions requises, » déclara Verlaine.

Sans contredire les mots de Verlaine, Kirsch n’avait fait qu’écouter attentivement.

Il était naturel de se demander si notre guilde pouvait répondre à cette demande — ou même s’il existait une guilde qui pouvait répondre à cette demande, même si elle était venue ici comme dernière lueur d’espoir, elle n’avait certainement aucun espoir dans cette guilde.

Si c’était le cas, nous n’avions qu’à montrer quelques résultats. Nous avions juste besoin de résoudre le problème que Kirsch tenait, de l’ombre, avant qu’il ne devienne un problème. Comme toutes les autres demandes qui avaient précédé.

Quand elle parlait des détails de la demande, elle avait un visage si tendu, comme si elle était attachée… Cependant.

« … Tant que c’est dans mes capacités, j’aimerais vous récompenser. Bien que je sois consciente que, peu importe le nombre de fois que je vivrai ma vie, cela ne sera pas suffisant pour vous dédommager pour vos problèmes, » déclara Kirsch.

« La vie n’est pas si bon marché. Cependant, je ne dis pas que c’est plus cher que n’importe quoi d’autre. Personnellement, si Lady Kirsch veut nous remercier, il suffit d’être fière de la décision que vous avez prise, c’est suffisant, » déclara Verlaine.

« hic... ugh... uuuuu... uuuu... »

Kirsch pleura un moment, mais essuya ses larmes avec le mouchoir que Verlaine lui donna et leva le visage.

Son visage qui était visible de la cuisine était lumineux. Bien que sa demande n’ait pas encore été complétée, elle n’était pas lugubre, elle avait dû pleurer parce qu’elle sentait qu'un poids sur ses épaules avait été retiré.

« S’il vous plaît, je vous en supplie. Arrêtez le déchaînement de la famille Winsburg, » déclara Kirsch.

« Certainement, chère cliente, » déclara Verlaine.

Kirsch avait signé le contrat. Avec ça, la Chope d’Argent pourrait commencer à travailler demain. De multiples problèmes étaient soulevés dans son histoire. Je les avais mis en séquence et j’avais commencé à agir pour les résoudre.

Notes

  • 1 L’estoc est une épée exclusivement d’estoc, sans tranchant afin de la renforcer. Elle servait contre les armures, autrement insensibles à toute forme d’épée. N’étant pas aiguisée, elle pouvait être utilisée en demi-épée (une autre méthode de combat contre les armures), mais sa taille et sa configuration montrent que ce n’était pas son objectif. Elle fut utilisée entre le 14e et le 17e siècle.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

Laisser un commentaire