Chapitre 2 : Pour l’avenir
Partie 2
Sur la terrasse blanche éclairée par le soleil, il y avait une table avec du thé déjà préparé, et une femme toute seule y était assise. La femme me tournait le dos, et elle regardait les arbres se balancer au grès du vent d’automne.
Quand j’avais fait à Carla un signe indiquant qu’elle m’avait emmené assez loin, elle s’était inclinée puis avait tourné ses talons et était retournée dans les profondeurs du manoir.
Je m’approchai silencieusement de la table, m’asseyant là où je pouvais apercevoir son visage. La femme se tourna vers moi et sourit doucement.
« J’ai l’impression que ça fait si longtemps, Souma, » déclara Liscia.
« Oui, j’ai l’impression qu’on ne s’est pas vus depuis une éternité. Je voulais te voir, Liscia, » déclarai-je.
« Hehe ! Moi aussi. » Le sourire de Liscia était comme une fleur qui s’épanouissait.
C’était ma fiancée, que je n’avais pas vue depuis plus d’un mois depuis mon départ pour la République de Turgis. En la voyant pour la première fois depuis longtemps, Liscia ressemblait beaucoup plus à une adulte qu’avant.
Pendant que mon cœur battait à toute allure à sa vue, j’avais ouvert la bouche, ayant l’impression que je devais dire quelque chose. « Tes cheveux... ont-ils poussé ? »
« Tout à fait. Après tout, je ne les ai pas coupés récemment, » répondit Liscia.
Les cheveux de Liscia, qu’elle avait coupés court en lançant l’ultimatum à Georg, étaient maintenant à peu près à mi-chemin de la longueur qu’ils avaient quand je l’avais rencontrée.
« Vas-tu les faire pousser aussi long qu’ils l’étaient avant ? » lui avais-je demandé.
« Je suis encore en train de le décider. J’aime la coiffure courte maintenant. Laquelle me va le mieux, Souma ? » demanda Liscia.
« J’aime les deux, » déclarai-je.
« Bon sang, tu es si indécis, » déclara Liscia.
« Tant que tu ne deviens pas chauve ou que tu ne fais rien de trop extrême avec tes cheveux, je suis sûr que j’aimerai ça, » déclarai-je.
« Je ne ferai pas ça avec mes cheveux, » répondit Liscia.
Liscia et moi nous nous étions regardés et avions souri. Nous avions bien ri, puis je m’étais gratté la tête.
« Pourquoi ai-je commencé à parler de tes cheveux ? Il y a une tonne de choses que je veux te demander et te dire, mais... Je ne trouve pas les mots justes, » déclarai-je.
« Parcoure-les dans l’ordre, » déclara-t-elle. « Tu as le temps de te détendre aujourd’hui, non ? »
« Oui. C’est exact... Eh bien, d’abord..., » je m’étais retourné pour lui faire face, inclinant la tête devant Liscia avec son ventre gonflé. « Merci d’avoir fait un nouveau membre de ma famille, Liscia. »
« Hehe ! Tu veux dire notre famille, n’est-ce pas ? » déclara Liscia en me corrigeant avec un doux sourire. « Avec ça, je suis un membre de bonne foi de ta famille maintenant. »
« Je t’ai toujours considérée comme ma famille, mais... Je le ressens encore plus fort maintenant, » déclarai-je.
Des liens du sang. Des liens d’âme. J’avais l’impression que c’était comme si le fait de le mettre en mots le dépréciait, mais je sentais qu’il y avait un lien solide entre Liscia et moi maintenant.
Liscia riait. « Maintenant, Aisha, Juna et Roroa doivent aussi faire partie de la famille. »
« Elles attendent toutes la naissance de cet enfant, » déclarai-je en plaçant ma main sur le ventre de Liscia. « Avant, nous avons tenu une réunion de famille et avons décidé que lorsqu’un enfant viendrait au monde, peu importe à qui il appartenait, nous lui ferions appeler toutes les reines, primaires ou secondaires, leur mère. Donc, nous allons élever tous les enfants ensemble. Je suis sûr qu’Aisha et Naden, étant issues de races à longue durée de vie, auront les leurs plus tard que tous les autres après tout. »
Liscia avait ri joyeusement. « Alors nos enfants auront soudainement cinq mères ! »
Les enfants grandissaient entourés de mères, dont Liscia, qui avait beaucoup de personnalité. Qui les influencerait, et comment pourraient-ils grandir... ? J’étais un peu inquiet, mais j’avais hâte d’y être.
De là, nous nous étions mutuellement informés des événements récents et avions eu une conversation généralement sans but. Liscia parlait avec joie de ses jours de repos ici.
« Dernièrement, maman m’a appris à cuisiner, » déclara Liscia.
« Toi, Liscia ? Pourquoi ? » demandai-je.
« Je veux bien sûr que le bébé puisse manger ma cuisine maison. En plus, tu sais cuisiner, non ? Ça ne me suffirait pas d’être moins douée pour cuisiner que leur père, » déclara Liscia.
Penser que Liscia, qui passait son temps libre à rejoindre les gardes pour s’entraîner, prendrait au sérieux le fait d’apprendre à être une vraie épouse... Ça bougeait, d’une façon ou d’une autre.
« Alors ? Quels sont les résultats jusqu’à présent ? » lui avais-je demandé.
« J’ai fait ces collations là-bas, » elle fit signe à une grande assiette sur la table remplie de scones et de biscuits.
Fait maison par Liscia, hein ? Ils n’avaient pas l’air mauvais, alors ils avaient probablement bon goût.
J’avais pris un cookie et je l’avais placé dans ma bouche. « Voyons voir... Nom. »
J’avais eu une forte sensation de goût sucré qui s’était répandu dans ma bouche. Elle mettait trop de sucre. Ça, et elle avait probablement pétri le mélange aussi fort qu’elle le pouvait. De plus, le beurre avait complètement fondu, ce qui les rendait durs au moment de la cuisson.
J’avais regardé Liscia en transpirant fort. « Errrrrrm... J’aimerais dire que c’était bon, mais... vu que tu veuilles les donner à notre enfant... Je ne peux pas te mentir. »
« Je le sais bien. Je sais au moins quand j’ai échoué, » Liscia avait souri ironiquement, mais son poing était serré. « Voilà ce que je peux faire maintenant. Mais un jour, je suis sûre que je pourrai les rendre plus délicieux. »
« Oui, » avais-je dit, hochant la tête. « J’ai hâte d’y être. »
« Oui... Mais Carla a commencé à apprendre en même temps, et elle s’améliore beaucoup plus vite. Je croyais qu’on était pareils, alors j’ai du mal à l’accepter, » déclara Liscia.
« Eh bien, Carla a le sang d’Excel en elle, » déclarai-je.
La mère de Carla, Accela, était la fille d’Excel. Elle était aussi apparentée à Juna, qui était comme une masse ambulante de grande sœur en puissance, alors peut-être qu’elle avait une forte capacité latente pour les tâches domestiques.
Liscia soupira. « De la même façon, Mère est aussi douée pour cuisiner... »
« Peut-être as-tu été trop influencé par Georg, ton professeur dans l’armée ? » demandai-je.
« Aghh... Je ne peux pas le nier, » répliqua Liscia.
Nous n’arrêtions pas d’avoir une conversation sans but comme ça. Ne parler de rien... C’était incroyablement amusant.
Puis, soudain, Liscia avait affiché une expression sérieuse. « Souma. Tu n’es pas venu ici aujourd’hui juste pour me voir, n’est-ce pas ? »
Mon cœur avait sauté un battement quand elle avait touché dans le mile.
« ... Ça se voyait tant que ça ? » demandai-je.
« Oui, ça se voyait. C’est toi, ça. Pendant qu’on parlait, j’avais l’impression que tu cachais quelque chose de difficile à dire, » déclara Liscia.
« ... »
« As-tu trouvé une nouvelle candidate pour être reine ? » Liscia m’avait regardé fixement, et j’avais secoué la tête.
« Non, non ! C’est juste que, eh bien... On dirait qu’on va envoyer des troupes dans le nord, » déclarai-je.
« Par “nord”, tu veux dire l’Union des nations de l’Est ? » demanda Liscia.
« Tout à fait. On dirait que les attaques du Domaine du Seigneur Démon sont en hausse. Si l’Union des nations de l’Est tombe, ce pays sera également touché. Conformément à notre pacte avec l’Empire, nous devons envoyer des renforts, » déclarai-je.
Alors que j’avais parfaitement relayé le contenu de mon précédent entretien avec l’Empire, Liscia s’était inquiétée. « Vas-tu partir avec les troupes ? »
« Oui, » avais-je admis. « Alors... ça va prendre du temps avant qu’on puisse se revoir. »
« Pourquoi ? C’est différent de l’époque où tu combattais les forces de l’Amidonia. » Son ton ne me blâmait pas, mais je pouvais dire qu’elle ne voulait pas que je parte. « À l’époque, on venait de te donner le trône, et les troupes ne t’auraient pas fait confiance si tu ne les avais pas toi-même conduites. Mais maintenant, tout le monde te voit comme un roi. Ne peux-tu pas laisser ça à un commandant comme Sire Ludwin ? »
« Pour me préparer à des événements imprévus, je veux amener des combattants puissants comme Aisha et Naden, » déclarai-je. « C’est mieux si je suis là pour les diriger. Il y a aussi le fait que je veux voir la situation dans le Nord par moi-même. »
Le détail sur Julius ne ferait que l’inquiéter, alors je pourrais probablement l’omettre.
Je m’étais levé, j’avais marché derrière Liscia et je l’avais enlacé avec tendresse. « Ça me fait de la peine de ne pas pouvoir être à tes côtés quand tu vas accoucher, mais aujourd’hui, quand je t’ai vue avec notre bébé si gros dans ton ventre, ça m’a rendu encore plus sûr que je devais aller au nord. Je veux laisser à mes enfants le meilleur pays possible, après tout. »
« Souma..., » Liscia ferma les yeux pendant que je la serrais dans mes bras.
Il y eut un moment de silence entre nous, puis Liscia avait fini par poser légèrement sa main sur mon bras et sourit.
« Je comprends. Mais assure-toi de revenir, » déclara Liscia.
« Oui. Si ça devient dangereux, je reviendrai en courant. Je ne peux après tout pas mourir sans voir le visage de mon enfant, » déclarai-je.
Elle avait gloussé. « Assure-toi de le faire. Je t’attendrai avec nos enfants. »
« Ouais ! » J’avais acquiescé de la tête, mais je m’étais laissé prendre par le libellé de ce que Liscia venait de dire. « ... Hein ? Nos enfants ? »
Quand j’avais repris ces mots, Liscia avait un regard choqué présent sur son visage et elle m’avait demandé. « Quoi ? Hilde ne te l’a pas dit ? Je suis enceinte de jumeaux. »
« Hein... ? Whahhhhhhhhhhhhhh !? » m’écriai-je.
Quel fait choquant ! J’allais soudainement être le père de jumeaux !
Maintenant qu’elle l’avait mentionné, Liscia était assez grosse et on pouvait clairement savoir où elle en était dans sa grossesse. Mais quand même, des jumeaux, hein...
Le sentiment que je devais rentrer à la maison en toute sécurité était devenu encore plus fort.
Merci pour le chapitre !!!
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