Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 8 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : La route vers le Nord

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Chapitre 1 : La route vers le Nord

Partie 1

— Vers la fin du 9e mois, 1 547e année, Calendrier Continental —

« Ça fait longtemps, Sire Souma. »

Ce jour-là, j’étais dans la salle du Joyau du château, parlant à une belle femme de l’autre côté d’un simple récepteur dont les cheveux ondulés me laissaient perplexe malgré moi.

C’était l’impératrice Maria Euphorie de l’Empire du Gran Chaos.

Derrière moi, il y avait mon Premier ministre, Hakuya, et derrière Maria se tenait sa petite sœur et générale, Jeanne.

Le fait que les chefs de chaque pays et leurs adjoints étaient tous présents à cette réunion avait montré à quel point c’était important.

Cherchant, peut-être, à commencer par une conversation amicale, Maria avait souri. « J’ai entendu dire que vous allez avoir un enfant. Félicitations. »

J’avais souri en retour et j’avais répondu à la salutation. « Merci. Il n’est pas encore tout à fait là... »

« Hehe ! Si c’est l’enfant de Liscia, je suis sûre qu’il sera mignon. J’ai entendu dire que vous avez un an de moins que moi, Sire Souma, mais il semble que vous m’ayez devancé, n’est-ce pas, » déclara Maria en me taquinant.

Si je me souviens bien, Juna, qui avait le même âge que moi selon le calendrier de ce monde, avait en fait un an de plus par rapport au calendrier de la Terre, ce qui signifie que Maria, qui avait un an de plus que moi, avait en fait deux ans de plus.

J’avais trop peur d’aborder la question de l’âge avec une femme, alors j’avais décidé de laisser tomber.

« Mais maintenant, Liscia et moi serons tous les deux libérés de Marx, nous suppliant constamment de “nous dépêcher de produire un héritier”, alors c’est un soulagement, » déclarai-je.

« Je vous envie, » dit Maria. « On me dit toujours de me dépêcher de prendre un mari ! »

« N’avez-vous personne en tête ? » demandai-je.

« Quand on est impératrice, c’est difficile. Il faut après tout que ce soit quelqu’un qui puisse porter le poids d’un empire sur ses épaules, » déclara Maria.

« Je suppose que vous êtes... un peu trop loin de la portée de tout le monde, » déclarai-je.

C’était très différent de la façon dont mes fiançailles avec Liscia avaient été arrangées par l’ancien roi, Sire Albert. Il semblait assez difficile pour une impératrice de l’Empire de se marier.

Puis Madame Maria m’avait fait un sourire taquin. « Je devrais peut-être vous demander de me prendre pour épouse, Sire Souma ? Ça m’aiderait beaucoup si vous pouviez gérer tous les problèmes de l’Empire comme vous l’avez fait pour la princesse Roroa, vous savez ? »

« Qu’est-ce que tu dis, ma sœur ? » Jeanne avait fait entendre sa voix avant que j’aie pu dire un mot. « Tu portes le poids de l’Empire ! Il ne faut pas dire de telles choses si négligemment... »

« Ne sois pas si fâchée, Jeanne, » déclara Maria. « C’était juste une petite blague. »

« Il y a des choses dont on peut plaisanter et d’autres dont on ne peut pas se moquer ! » déclara Jeanne.

Oh, Maria... vous riez de Jeanne, avais-je pensé.

Jeanne avait une personnalité simple, comme Liscia, donc cela devait être amusant de la voir réagir à chaque fois.

« Je serais honoré d’avoir une femme merveilleuse comme vous comme épouse, Madame Maria... Mais je dois dire que je n’ai pas la confiance nécessaire pour régner sur un vaste territoire comme l’Empire en plus de mon royaume. Gérer Elfrieden et Amidonia est le mieux que je puisse faire, j’en ai peur, » déclarai-je.

« Je ne pense pas que ce soit vrai, mais... si ça ne vous dérange pas, je serais heureuse de prendre votre Premier ministre aux cheveux noirs à la place. Je céderai le trône à Jeanne, alors envisageriez-vous d’épouser Jeanne et de devenir empereur ? » demanda Maria.

« Sœur !? » s’écria Jeanne.

On aurait dit que Maria s’était retournée contre Hakuya.

Hakuya lui-même semblait imperturbable, touchant son menton avant de répondre. « Je pense que Madame Jeanne est une femme attirante. Cependant, je passe mon tour pour le statut d’empereur. Si vous voulez bien l’envoyer dans ce pays pour m’épouser, je serais ravi de l’avoir. »

« Monsieur Hakuya, vous aussi !? » S’écria Jeanne.

« Boo, » Maria avait fait la moue. « Si vous ne me laissez pas prendre ma retraite, vous ne pouvez pas l’avoir. »

« Ma sœur, tu veux bien arrêter, s’il te plaît ? » demanda Jeanne.

Avec les deux autres qui la secouaient, le visage de Jeanne était rouge vif.

Maria mise à part, Hakuya n’était pas du genre à jouer avec des gens comme ça, alors, étonnamment, il le pensait peut-être sérieusement.

Quoi qu’il en soit, on n’avait pas le temps de parler de bêtises.

« Maintenant, Madame Maria, » déclarai-je, « N’est-il pas temps d’en venir au sujet qui nous occupe ? »

« Je suppose que oui. » Son sourire doux disparaissant, Maria avait affiché une expression sérieuse et elle avait dit. « Roi Souma Kazuya du Royaume de Friedonia, conformément au pacte conclu entre nos deux pays, je voudrais que vous renforciez l’Union des nations de l’Est. »

« Est-ce qu’il s’agit du Domaine du Seigneur Démon ? » lui avais-je demandé.

Maria hocha la tête en silence.

Le pacte secret entre le royaume et l’Empire stipulait : « En échange de ne pas adhérer à la Déclaration de l’Humanité menée par l’Empire, au cas où la partie orientale du continent (la partie orientale de l’Union des Nations de l’Est) serait menacée par le Domaine du Seigneur Démon, le royaume s’en chargerait à la place de l’Empire. »

« Comme je vous l’ai dit lorsque vous étiez dans la république, il y a eu une augmentation des attaques contre les pays du Nord par des monstres du Domaine du Seigneur Démon, » déclara Maria. « Leur nombre et leur fréquence augmentent de jour en jour. »

« Juste des monstres ? Et les démons ? » demandai-je.

Dans le Domaine du Seigneur Démon, il y avait des monstres qui n’étaient pas considérés comme intelligents, ainsi que des démons qui l’étaient. C’était l’interprétation commune de Maria et de moi.

Ceux qui attaquaient aveuglément l’humanité étaient les monstres, et si nous essayions de nous occuper d’eux et des démons de la même manière, l’extermination des nuisibles se transformerait en guerre, et cela pourrait conduire à une répétition de la terrible défaite de l’humanité il y a plus de dix ans.

Notre espoir était de maintenir le statu quo et, si possible, de prendre contact avec les démons.

Cependant, Maria secoua la tête avec déception. « Seuls les monstres attaquent. Il y a eu plusieurs cas comme celui-ci où un nombre massif de monstres sont apparus et ont avancé vers le sud. Nous appelons ça  “manamis” ou “vagues de démons”. »

« Manami..., » avais-je répété.

On dirait le nom d’une femme, m’étais-je dit. Je savais que ce ne serait pas si facile à gérer.

« En regardant les rapports sur des vagues de démons dans le passé, il semblerait que cette vague de monstres et l’augmentation des attaques soient un phénomène temporaire. Si nous pouvons exterminer les monstres attaquants, les choses devraient retourner à un état de calme relatif pendant un certain temps, » déclara Maria.

« Je vois..., » j’avais réfléchi. « Alors, c’est vraiment comme une vague. »

« Pourtant, il y en a un grand nombre, ce qui place la menace à un niveau qu’un pays de petite ou moyenne taille ne peut gérer seul, » déclara Maria.

Maria avait demandé à Jeanne de dérouler une carte qu’ils avaient préparée et de me la montrer. Puis Maria avait montré chaque pays sur la carte pendant qu’elle parlait.

« Nous protégerons l’ouest du continent et les pays qui sont soumis à l’Empire. Avec les puissants chevaliers dragons qu’ils possèdent, le Royaume des Chevaliers Dragons de Nothung peut s’occuper d’eux-mêmes, j’en suis sûre, » déclara Maria.

Il est vrai que l’Empire, qui était la nation la plus forte de l’humanité, et les pays qui s’y étaient alignés, ainsi que le Royaume des Chevaliers Dragons de Nothung, qui avait de puissants dragons comme Naden ou Ruby, pouvaient facilement se défendre.

Puis, avec un regard tendu sur son visage, elle désigna les pays de l’Est.

« Il s’agit de l’Union des nations de l’Est, qui est une grande alliance, mais composée de pays de taille moyenne à petite. Bien qu’elles disposent des Forces unies, composées de la main-d’œuvre fournie par chaque pays, elles sont, en raison de leur nature même, inégalement répartie. Si les petits pays ne reçoivent pas assez de soutien, il y aura des endroits qui ne tiendront pas la ligne, » déclara Maria.

« Je vois ce que vous voulez dire, » j’avais hoché la tête. « Vous aimeriez qu’on envoie des renforts dans ces petits pays, non ? »

Maria hocha la tête. « S’il vous plaît, faites-le. Je vous laisse le lieu et les méthodes, mais s’il vous plaît travaillez avec toute la hâte nécessaire pour sauver la vie des gens. Il y a eu beaucoup de réfugiés depuis la venue du Domaine du Seigneur Démon. Je ne veux pas que la douleur des gens chassés de leur pays d’origine s’étende davantage. »

« C’est à ça que sert notre pacte. Mais, comme nous vous soutiendrons en envoyant des troupes, n’allez pas demander de subventions de guerre pour le moment, d’accord ? » demandai-je.

« Bien sûr que non, » déclara Maria.

Les subventions de guerre étaient versées par des pays éloignés du Domaine du Seigneur Démon aux pays qui le bordaient. C’était un fardeau considérable, mais d’un point de vue humanitaire, et du point de vue pratique, si le Nord tombait, nous serions directement touchés, il serait difficile de refuser de reprendre le paiement s’il était demandé.

C’était beaucoup plus facile si nous pouvions nous débrouiller sans qu’on nous demande de payer.

Une fois cela réglé, Maria commença à utiliser un bâton pointé vers une nouvelle carte de l’Union des nations de l’Est que Jeanne avait préparée, expliquant où les renforts devaient être envoyés.

« Il y a deux endroits dans l’Union des nations de l’Est qui auront particulièrement besoin de renforts. Le premier est situé à l’extrémité ouest de la frontière de l’Union des nations de l’Est avec le Domaine du Seigneur Démon, le Royaume de Lastania, qui borde également le Royaume du Chevalier Dragon de Nothung. C’est un petit pays, mais il a une alliance avec le Royaume des Chevaliers Dragons, et ils peuvent être appelés à l’aide en cas de besoin. Mais le Royaume des Chevaliers Dragons est également attaqué par les monstres de la vague démoniaque actuelle, donc on s’attend à ce que toute assistance de leur part soit retardée, » expliqua Maria.

« Le Royaume de Lastania..., » avais-je murmuré.

C’est le pays où séjournent Jirukoma et les anciens réfugiés qui ont décidé de retourner dans le nord, pensais-je. Selon certaines informations, cet homme se trouverait également dans ce pays... Non, je suppose que cela n’a plus d’importance maintenant.

Ensuite, Maria avait montré du doigt un endroit près du centre de la frontière avec le Domaine du Seigneur Démon. « L’autre est le Duché de Chima. C’est un petit pays fondé par le duc Chima, depuis un pays de taille moyenne en gagnant son indépendance. C’est un pays qui, dans une région pleine de petits et moyens pays, a habilement rejoint différents camps selon les situations et a réussi à maintenir son indépendance. »

« Je suppose qu’ils sont bons en négociation et en stratégie, » déclarai-je.

Tout comme le clan Sanada sous Masayuki, qui avait habilement négocié son chemin à travers une situation où il était entouré par les grandes puissances des Tokugawa, Houjou, et Uesugi et avait toujours maintenu leur indépendance. Le duché de Chima était un petit pays, mais son chef était sans aucun doute très compétent.

Puis Maria avait gloussé. Quelque chose d’amusant s’était-il passé ?

« Il y a un problème ? » lui avais-je demandé.

« Oh, non... C’est juste que ce Duché de Chima semble faire quelque chose d’intéressant avec cette situation, » déclara Maria.

« Quelque chose d’intéressant ? » demandai-je.

« Il semble que l’actuel duc de Chima ait sept enfants, et ils sont tous beaux, garçons et filles. J’ai entendu dire qu’ils sont tous compétents dans divers domaines également. Des gens de partout dans l’Union des nations de l’Est ont demandé ces sept personnes à titre de conjoints ou de vassaux, » déclara Maria.

C’était une famille distinguée. Comme notre pays était à la recherche de gens de talent, je me demandais quels étaient exactement les dons de ces sept personnes, mais... qu’est-ce qui était si intéressant dans cette situation ?

« Quand le duc Chima a envoyé une demande d’aide en réponse à la vague démoniaque actuelle, voici ce qu’il a dit : “Pour les pays qui nous envoient des renforts, en réponse à votre performance, je donnerai à chacun de vous l’un de mes six enfants, autres que mon fils aîné, qui est mon héritier, pour être votre serviteur...” »

« Il utilise ses enfants comme garantie pour obtenir des renforts !? » m’écriai-je.

C’était plutôt audacieux de penser à ça. Qui plus est, puisqu’il les prêtait en tant que serviteur, et non en tant qu’otage, il était tout aussi confiant dans les capacités des enfants.

En outre, comme c’était par pays, correspondant à leur performance... cela signifiait qu’il envoyait ses enfants pour servir uniquement dans des pays influents et grands.

Même en temps de crise, il essayait avec habileté d’accroître son influence au sein de l’Union des nations de l’Est. Duc Chima... C’était apparemment un malin, et il ne fallait pas le prendre à la légère.

Pendant que j’y réfléchissais, Maria avait souri d’une façon qui impliquait quelque chose.

« Sur les six, la fille aînée, Mutsumi Chima, est une belle femme et une guerrière accomplie. J’ai entendu dire que de nombreux pays ont envoyé des renforts par désir pour elle. Bien que, dans son cas, il semble qu’ils la veuillent comme une mariée, pas comme une servante, » déclara Maria.

« Je vois... Je suppose que même les chefs des nations peuvent avoir un faible pour les jolies femmes, » déclarai-je.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Maria se moquait de moi. « Ça ne vous intéresse pas, Sire Souma ? »

J’avais haussé les épaules et plaisanté. « Si elle est juste belle et forte, j’ai déjà beaucoup de futures mariées qui ont déjà tout ça. »

Maria avait rigolé. « Hehe. Je vois ce que vous voulez dire. »

Plutôt que Madame Mutsumi, j’étais plus intéressé par les dons que les cinq autres peuvent posséder. Mais si les renforts affluaient, il n’était pas nécessaire d’envoyer immédiatement des troupes dans le domaine du duc Chima. Dans ce cas, ma politique devait être...

J’avais réfléchi un moment, puis j’avais dit à Maria. « Je comprends. Notre pays enverra des renforts au royaume de Lastania. J’ai des connaissances là-bas, donc ce n’est pas comme si nous n’avions aucun lien avec le pays. Si nous avons encore de la force à revendre quand le problème sera résolu, et si les choses ne sont toujours pas réglées dans le Duché de Chima à ce moment-là, j’enverrai mes forces là-bas aussi. »

Maria avait légèrement souri et inclina la tête de l’autre côté de l’écran. « Merci. Nous comptons sur vous. »

Il avait donc été décidé que mon Royaume de Friedonia enverrait des troupes au royaume de Lastania dans l’Union des nations de l’Est.

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Partie 2

Une fois que j’étais sûr que la communication avec Maria avait pris fin, j’avais pris une bouffée d’air et j’avais parlé à la personne derrière moi.

« Tu peux sortir maintenant, Roroa, » déclarai-je.

Roroa avait sorti son visage de l’ombre d’un meuble. « Quoi, chéri, tu m’as remarquée ? »

« J’ai vu quelqu’un entrer en douce du coin de l’œil, » déclarai-je.

Je n’avais pas vu qui c’était exactement, mais en supposant que c’était quelqu’un qu’Aisha, qui gardait à l’extérieur, laissait passer sans problème, et quelqu’un qui se faufilait dans un endroit comme celui-ci, il n’y avait vraiment personne d’autre qu’elle.

« Nyahahaha ! Tu m’as eue, » avec un sourire de gêne présent sur son visage, Roroa était venue jusqu’à moi.

Une fois que Hakuya avait fini de nettoyer après la diffusion de la réunion, s’était incliné et avait quitté la salle, Roroa et moi étions les seuls qui restaient.

Une fois que nous étions seuls, Roroa avait laissé tomber le sourire. « Envoies-tu des troupes au royaume de Lastania ? »

« Oui. J’ai décidé de le faire maintenant, » répondis-je.

« Est-ce ma faute si tu as fini par aller dans le nord ? C’est moi qui t’ai montré cela et qui t’ai donné envie d’y aller, n’est-ce pas, chéri ? » demanda Roroa.

Roroa avait sorti une lettre scellée de sa poche.

Le sceau de cire que j’avais aperçu portait le symbole de la famille princière d’Amidonia. J’avais déjà lu le contenu de cette lettre scellée.

Sachant ce qu’elle disait, j’avais secoué la tête. « Cela a été décidé entre l’Empire et moi, avant ça. Je soutiendrais l’Union des nations de l’Est s’il semblait qu’elles pourraient s’effondrer. Même si cette lettre n’était pas arrivée, je suis sûr que j’aurais envoyé l’armée. Tu n’as pas à t’inquiéter pour ça. »

Je l’avais dit pour lui remonter le moral, mais Roroa n’avait pas répondu quand elle avait ouvert l’enveloppe, avait sorti la lettre et chuchoté en la tenant si fort qu’elle s’était froissée. « Grand Frère... »

J’étais resté silencieux.

L’expéditeur était Julius Amidonia. Il était le fils de Gaius VIII, qui avait été le prince souverain d’Amidonia, ainsi que le frère aîné de Roroa. Il était aussi une personne qui, avec son père Gaius, avait suscité un sentiment revanchiste contre le royaume des Elfrieden, et avait travaillé dans les coulisses pour fomenter la rébellion à l’intérieur du royaume.

Dans la période de confusion qui avait suivi mon accession au trône, Gaius avait envahi le royaume pour profiter de la discorde entre moi et le Général de l’Armée de l’époque, Georg Carmine. Cependant, c’était un piège tendu par Hakuya et moi qui nous étions servis de la fausse mutinerie de Georg, et la principauté était tombée dans le piège.

Plus tard, Gaius était mort dans une bataille près de Van, la capitale de la principauté, et Van avait fini sous le contrôle du royaume.

Gaius étant tombé au combat, Julius avait pris les rênes et assumé son titre de Prince d’Amidonia, puis amené le principal signataire de la Déclaration de l’Humanité, l’Empire du Gran Chaos, pour négocier le retour de Van et de ses environs. Bien que cela ait entraîné le retour de Van, Julius avait également été contraint de payer des réparations et d’imposer un lourd fardeau au peuple de la principauté, invitant ainsi la résistance du peuple et donnant à l’État pontifical de l’Orthodoxie Lunaire une occasion dont il pouvait tirer parti. Ce qu’ils avaient bien entendu fait, incitant les adeptes de l’Orthodoxie Lunaire dans la principauté à se révolter. En les réfrénant, Julius avait perdu encore plus le soutien de son peuple.

Finalement chassé par Roroa, celle qui réunissait le pays à travers un réseau de marchands, il s’était exilé dans l’Empire. C’est tout ce que nous savions de Julius jusqu’à présent.

Cependant, il semble qu’après cela, il ait quitté l’Empire et erré vers divers pays et qu’il se réfugie actuellement dans le Royaume de Lastania.

C’était le Royaume de Lastania, qui subissait maintenant un fort impact en raison de la vague des monstres.

« Pourquoi as-tu fait ça ? » Roroa avait saisi la lettre qu’elle tenait plus fort.

Dans la lettre se trouvaient des mots de préoccupation pour le bien-être de Roroa, ainsi qu’une description de ses actions jusqu’à présent. Puis, avec des excuses pour ses méfaits jusque-là, il demanda poliment à Roroa, qui devait devenir ma troisième reine primaire, de m’encourager, en tant que roi de Friedonia, à envoyer des renforts au Royaume de Lastania. À la toute fin, il avait même dit. « Si le roi Souma souhaite ma tête en échange de cela, cela ne me dérange pas. Alors, s’il te plaît, peux-tu trouver en toi-même la force de sauver la Maison de Lastania, qui a tant fait pour moi ? »

Pour sauver la famille royale d’un petit royaume, il mettait de côté sa honte et sa réputation pour me demander de l’aide, à moi, l’assassin de son père Gaius et à Roroa, et celle qui l’avait exilé. Je n’arrivais pas à relier ce comportement au Julius qu’il avait été en tant que Prince d’Amidonia.

C’est comme ça que j’avais su que Julius était sérieux. En errant dans différents pays, quelque chose avait dû changer en lui.

« Pourquoi... ? N’est-ce pas un peu tard pour ça... ? » Les larmes étaient tombées des yeux baissés de Roroa.

La relation entre Roroa et Julius était compliquée. Bien qu’ils aient été frère et sœur de sang, il y avait eu un fossé infranchissable entre eux. Cela avait été causé par le désir de Julius d’hériter de la quête de vengeance contre le royaume Elfrieden, et le désir de Roroa d’arrêter l’expansion militaire et de reconstruire l’économie et de rendre le pays prospère.

Après la mort de Gaius, Julius avait hérité de la Principauté d’Amidonia et avait essayé de faire disparaître Roroa en tant que rival politique potentiel. Cela s’était soldé par un échec lorsque Roroa avait disparu, et Julius avait commencé à opprimer le peuple jusqu’à ce que Roroa rassemble le pays et à sa place le chasse.

Bien qu’ils furent frère et sœur, ils s’étaient vus comme des ennemis.

Maintenant qu’elle avait soudainement reçu des excuses et une demande de renforts de la part dudit frère, Roroa n’avait pas encore compris ce qu’elle ressentait à ce sujet.

« Que penses-tu de la lettre, Roroa ? » lui avais-je demandé. « Il y a autre chose derrière tout ça ? »

« Ce n’est pas ça... Je ne pense pas, » déclara Roroa, regardant en l’air après s’être essuyé les yeux avec sa manche.

« Avant... mon fier frère n’aurait jamais pensé envoyer une telle lettre. Il n’était pas du genre à montrer ses faiblesses aux gens. Quelque chose d’important a dû provoquer ça. Je ne pense pas qu’il y ait de mensonges dans ce qu’il a écrit, » déclara Roroa.

« C’est conforme à l’information que nous avons obtenue de Mme Maria, » déclarai-je.

Que ses excuses à Roroa soient sincères ou non, le fait est que le royaume de Lastania devait faire face à une crise de la vague des démons. Si Julius était là, il chercherait des renforts.

Roroa poussa un cri de « unyaaaaagh » et se gratta la tête. « Tout ça a un sens, et c’est ce qui n’a aucun sens ! Pourquoi mon frère froid et rationnel m’envoie une lettre qui sonne si humain ? Il est tellement différent d’avant ! Je soupçonne que c’est un imposteur ! »

« Dans mon ancien monde, il y avait un dicton qui disait : “Ne vois pas un garçon pendant trois jours, et regarde ce qui se passe”. Pendant qu’il errait d’un pays à l’autre, quelque chose a dû changer Julius, tu ne le penses pas ? » demandai-je.

« Es-tu sûr ? Je ne vois pas mon frère changer si facilement que ça..., » déclara Roroa.

Quand Roroa avait dit ça et avait incliné la tête sur le côté, je l’avais serrée contre moi. Son corps était si mince qu’elle s’était glissée dans mes bras. Avec un corps aussi délicat que celui-ci, Roroa avait pris une décision qui décidait du sort de la principauté et de son propre destin. Je m’étais remémoré une fois de plus à quel point elle était une fille incroyable.

« Les gens changent, » déclarai-je. « Rencontrer de nouvelles personnes peut nous changer radicalement. Je n’étais qu’un étudiant, mais j’ai rencontré Liscia, j’ai rencontré Aisha et Juna, je t’ai rencontrée, et la chose suivante que j’étais, c’était un roi gouvernant deux pays. J’ai passé un contrat avec Naden l’autre jour, et maintenant je ne suis pas un chevalier dragon, mais un roi dragon. Le moi d’il y a deux ans n’aurait jamais pu imaginer le moi d’aujourd’hui. »

« Tu es un cas spécial, tu ne crois pas, chéri ? » demanda Roroa.

Roroa avait l’air un peu exaspérée quand elle avait dit ça, alors j’avais ri.

« D’accord, c’est juste. Ma situation était peut-être extrême, mais nous nous influençons tous dans une certaine mesure, grandes ou petites. Il y a des choses qui ont changé chez toi depuis que tu nous as rencontrés, n’est-ce pas, Roroa ? » demandai-je.

« C’est sûr qu’il y en a, » dans mes bras, Roroa avait enfin un peu souri. « Depuis que je t’ai rencontrée, chéri, j’ai pu penser à toutes les choses amusantes qu’on peut faire avec l’argent. Avant cela, tout ce que j’avais le temps de faire, c’était de savoir comment l’utiliser efficacement, ou comment faciliter la vie des habitants de la principauté avec lui. J’ai l’impression que ça a donné un coup de pouce supplémentaire à mon amour des festivals. »

« Est-ce un bon changement ? » lui avais-je demandé.

« J’aime que je sois comme ça, » répondit Roroa.

« Alors c’est bien, » déclarai-je.

Puis Roroa serra les bras autour de ma taille. « Tu crois que mon frère a rencontré quelqu’un comme ça, et c’est ce qui l’a changé ? »

« C’est possible. D’après ce qu’il a écrit, ce serait quelqu’un de la Maison Royale de Lastania, » répondis-je.

« Quoi ? Il est allé se trouver une femme à Lastania ou quoi ? » demanda Roroa.

« C’est un peu grossier, » j’avais légèrement frappé Roroa à la tête. « Tu n’avais pas besoin de le dire comme ça... »

Elle s’était mise à rire.

Eh oui, un sourire semblait à tous les coups mieux sur Roroa que des larmes. Si possible, je voulais qu’elle sourie joyeusement pour toujours.

Pour cela... Je devais faire en sorte qu’elle le puisse.

« Hé, Roroa, » avais-je dit. « Si ça te concerne, pourquoi ne viens-tu pas ? Si c’est le cas, tu verras par toi-même comment Julius est maintenant. »

Ma soudaine suggestion avait fait que les yeux de Roroa s’écarquillèrent.

« Je peux aussi venir ? Je ne te servirai à rien sur le champ de bataille, tu sais ? » déclara Roroa.

« Si c’est la norme que nous suivons, je suis pratiquement inutile aussi, mais... nous allons probablement envoyer des dizaines de milliers de soldats cette fois-ci. Il y a aussi des négociations à mener avec l’Union des nations de l’Est, alors j’ai l’intention d’emmener plusieurs bureaucrates. Aussi... Je pense que je vais amener Tomoe, » déclarai-je.

« Whuh !? Tu emmènes aussi Tomoe !? » Roroa avait réagi avec surprise.

J’emmenais Tomoe, qui n’avait que onze ans, dans un pays limitrophe du Domaine du Seigneur Démon, donc je ne pouvais pas lui en vouloir. Pourtant, c’était absolument nécessaire.

« Nous envoyons des troupes dans les pays limitrophes du Domaine du Seigneur Démon, » expliquai-je. « Nous ne savons jamais quand nous pourrions rencontrer les démons, et si nous le faisons, je ne veux pas rater l’occasion d’établir une communication. Pour ce faire, la capacité de Tomoe est essentielle. C’est peut-être un voyage difficile pour une petite fille comme elle, mais j’ai l’intention de l’avoir à mes côtés. »

J’avais posé ma main sur la tête de Roroa.

« Alors t’emmener n’est pas un problème. Je ne te mettrai jamais en première ligne, bien sûr, alors je suis sûr que tu resteras assise à l’arrière jusqu’à ce que nous puissions nous assurer que la situation soit sûre. Le fait de te prendre mettra plus de pression sur le ministre des Finances Colbert, mais, la situation étant ce qu’elle est, je suis sûr qu’il sera d’accord avec cela. J’ai entendu dire que Julius et lui étaient amis après tout, » déclarai-je.

« Tu es sûr... que je peux venir ? » me demanda Roroa, les yeux tournés vers le haut.

Je lui avais fait un grand signe de tête. « Si c’est ce que tu veux, Roroa. »

« Nyahahaha ! Bien sûr, si mon frère est vraiment ainsi et qu’il a changé, je veux le voir, » Roroa m’avait pris ma main sur le dessus de sa tête et l’avait appuyée contre sa joue. « Merci, chéri. Je t’aime beaucoup. »

« Je t’aime aussi, Roroa. Maintenant, on dirait qu’on va être occupés, » j’avais retiré ma main de la joue de Roroa et j’avais lâché un grand bâillement. « C’est après tout notre premier grand mouvement de troupes depuis un moment. Nous ne pouvons pas prendre beaucoup de temps, mais nous devons nous y préparer convenablement. Décider qui prendre, où placer ceux que nous laissons derrière nous, et aussi préparer les provisions et la logistique. Je suis sûr que je vais devoir appeler tous les principaux membres de la Défense Nationale. »

« Eh bien, on dirait que les choses vont s’animer par ici, hein, » dit Roroa avec un sourire content.

On aurait dit qu’elle redevenait la Roroa habituelle.

Je me sentais soulagé, mais il y avait une chose qui m’inquiétait encore.

« Il va falloir... qu’on en parle à Liscia, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Oh... C’est vrai..., » déclara Roroa.

Peut-être parce qu’elle avait senti ma réticence, Roroa avait aussi un regard de malaise présent sur son visage.

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