Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 4 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Un marchand d’esclaves inhabituels

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Chapitre 3 : Un marchand d’esclaves inhabituels

Partie 1

— 30e jour du 11e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — Capitale Royale, Parnam

Après que la confusion causée par l’annexion d’Amidonia se soit résorbée, le peuple avait retrouvé son calme.

C’était maintenant l’hiver, et ce matin, je trouvais plus difficile de quitter la chaleur du lit. Quand je m’étais réveillé au son d’une porte qui se fermait à la hâte, j’avais commencé à bouger, et mon esprit était toujours à moitié éveillé.

Brr... Il fait froid, pensai-je. De plus, ma tête est lourde. Ai-je attrapé quelque chose ? Je devrais avoir plus de couvertures pour ce lit dans le bureau des affaires gouvernementales. Je vais demander plus tard pour ça aux servantes.

Pendant que je pensais ça, je m’étais retourné et quelque chose de doux avait touché mon front.

« Ahn, » dit une voix étrangement amoureuse.

... Quelque chose d’étrange se produisait en ce moment.

En tentant de déplacer ma tête, j’avais finalement compris ma situation actuelle. Tout d’abord, ma tête était bloquée. Il semblerait que quelqu’un la tenait serrée. Était-ce la raison pour laquelle elle m’avait semblé lourde ? Eh bien ! Au moins, ce n’était pas un rhume...

Attendez, ce n’était pas le problème ici ! Mon front était pressé contre la poitrine de cette personne. Si c’était légèrement doux, cela voulait dire...

« Wôw, quoi ?! » m’exclamai-je.

Je m’étais précipitamment échappé de l’emprise de cette personne.

Roroa était là, sous mes yeux, avec un air satisfait présent sur son visage endormi. Elle bave un peu, mais je fais semblant de ne pas remarquer ce détail.

Hein !? Quoi !? Cette situation... Pourquoi Roroa dort-elle à côté de moi !? Me demandai-je.

Cette pièce... C’était certainement le bureau des affaires gouvernementales. J’étais dans mon lit, il n’y avait aucun doute à ce sujet. Alors, pourquoi le partageais-je avec Roroa ? Elle était... au moins, elle portait des vêtements.

En fait, aucun de nos vêtements n’était nos vêtements de nuit. Nous étions tous les deux habillés en tenue régulière.

Hein !? Que s’est-il passé la nuit dernière ? Je m’étais creusé les méninges, essayant de me rappeler ce qui s’était passé hier...

« Souma ? Dites-moi, que faites-vous ? » J’avais entendu une voix glaciale au-dessus de moi.

J’avais alors lentement tourné la tête, produisant un bruit de grincement comme un robot à court d’huile, et Liscia se tenait là avec un sourire qui dégageait une aura terrifiante tel un masque de hannya [1]. Derrière elle se tenait Aisha, qui était en larmes pour une raison inconnue.

« Oh... bon matin, Liscia, Aisha, » murmurai-je.

« Ne me faites pas le “bon matin” comme ça ! » cria Liscia, m’enlevant d’un coup les couvertures qui étaient présentes sur moi.

En raison de l’air froid, Roroa se mit à se blottir dans une position fœtale, mais elle ne s’était toujours pas réveillée.

Liscia posa la main sur sa hanche et demanda : « Qu’est-ce que ça veut dire ? Aisha se précipite dans ma chambre en larmes, et quand je lui demandai ce qui n’allait pas, elle dit : “Je suis allée réveiller Sa Majesté, et je l’ai trouvé en train de dormir avec Roroa !” »

« Pourquoi voudriez-vous mettre la main sur Roroa avant la princesse ou moi ? Je ne peux pas l’accepter ! » Aisha criait à travers ses larmes.

Euh ! S’il vous plaît, ne le dis pas si fortement, avais-je silencieusement plaidé. Si les travailleurs du château entendaient ça, ils parlaient de comment j’avais été « pris sur le fait » !

« Calmez-vous, Aisha ! » dis-je. « Roroa et moi portons des vêtements, n’est-ce pas ? Je suis à peu près sûr que ce que vous deux avez imaginé n’est pas arrivé... du moins, je pense. »

« Pourquoi ne pouvez-vous pas être plus sûr ? » cria Aisha.

« Eh bien, je ne me souviens pas de ce qui s’est passé avant d’aller me coucher, » dis-je. « De toute façon, pourquoi sommes-nous ensemble dans le même lit avec nos vêtements ? »

« Que s’est-il vraiment passé ? » demanda Liscia. « Pourquoi n’essayiez-vous pas de vous souvenir de ce que vous avez fait hier soir ? »

À la suite à la suggestion de Liscia, je m’étais ressassé dans ma tête les événements de la nuit dernière.

Je me rappelais avoir fait un travail pour arranger les choses après l’annexion d’Amidonia, afin d’ajuster le régime fiscal (la Principauté d’Amidonia avait une population inférieure à celle du royaume, et donc, pour compenser, la charge fiscale individuelle y était plus élevée). J’avais donc convoqué Roroa, Colbert et des bureaucrates des ministères des Finances des deux pays pour des réunions qui avaient duré jusque tard dans la nuit.

Ces pourparlers avaient lieu depuis avant-hier, et nous avions déjà effectué une nuit blanche pour ça. Nous avions quand même pris des pauses pendant que nous le faisions.

En fin de compte, au moment où nous avions un plan d’ensemble, la journée avait changé et il était environ trois heures du matin. Tout le monde était épuisé après ça.

Colbert et les bureaucrates étaient sortis de la pièce comme des zombies, alors que j’avais plongé dans le lit installé dans le bureau avec mes vêtements encore sur moi... et je m’étais endormi, probablement après ça. Un peu de temps s’était écoulé depuis ce moment-là. Peut-être que Roroa avait dormi ici plutôt que de retourner dans sa propre chambre.

Je secouai l’épaule de Roroa alors qu’elle continuait à dormir avec avidité.

« Hé, Roroa. Levez-vous, » dis-je.

« Hm... Quoi de neuf, Chéri ? ... Je suis encore tout endormie, » Roroa se frotta les yeux alors qu’elle s’assoyait dans mon lit.

« Il n’y a pas de “Quoi de neuf ?” » dis-je. « Pourquoi étiez-vous endormie dans mon lit ? »

« Donne-moi une chance, » dit-elle. « J’étais carrément épuisée après la longue réunion d’hier. Je n’avais pas l’énergie de me traîner dans ma chambre, alors je t’ai rejoint au lit, Chéri. » Roroa s’étira, puis se leva du lit sur ses jambes instables. Elle était encore groggy et ne pouvait pas voir clairement ce qui était autour d’elle. « Ce n’est pas bien. Je suis toujours fatiguée. Je vais aller me rendormir dans ma propre chambre. »

« D’accord..., » Liscia avait dit ça, avec un air de celle qui s’était lavé les mains de toute la situation. « Aisha, s’il vous plaît, pourriez-vous ramener cette fille dans sa chambre ? »

Aisha s’ébroua de son étourdissement. « Certainement ! Tout de suite, princesse ! »

« Et aussi, ne vous ai-je pas dit de ne pas m’appeler “princesse” ? » demanda Liscia.

« C-Compris. Prin... Madame Liscia, » répliqua Aisha.

Maintenant qu’Aisha était devenue la deuxième candidate à devenir une reine primaire et que leurs positions étaient proches, Liscia avait commencé à dire à Aisha de ne pas l’appeler princesse, mais d’utiliser son prénom à la place. Bien qu’Aisha se trompait encore quant à la manière d’agir.

Aisha soutint Roroa, groggy et endormie, et l’entraîna hors du bureau des affaires gouvernementales.

Après avoir regardé les deux filles qui partaient, j’avais regardé avec hésitation dans la direction de Liscia.

« Hmm... C’est comme ça, alors pourrais-je demander votre pardon pour cette fois-ci ? » Pour une raison ou pour une autre, j’avais l’air d’un homme faisant des excuses après avoir été surpris en train de voir ailleur. Mais c’était ce que cela signifiait de vivre en tant qu’homme.

« Franchement..., » Liscia se gonfla légèrement les joues alors qu’elle se laissait tomber sur le lit. « Ces choses arrivent parce que vous avez un lit ici. Peut-être devrais-je le casser ? »

« S’il vous plaît, ne le faites pas, » dis-je. « Où devrais-je dormir après ça ? »

« N’avez-vous pas finalement fait votre propre chambre ? Où préfériez-vous utiliser mon lit ? Utilisez-en un différend chaque jour. » Liscia m’avait fait un regard lourd de sens.

Voulait-elle dire que je devrais utiliser son lit, et les lits d’Aisha, de Juna et de Roroa, à tour de rôle, et cela chaque jour... ?

« Je pense que je serais trop nerveux pour dormir, alors laissez-moi passer mon tour, s’il vous plaît, » je l’avais dit.

« Bon sang ! » murmura-t-elle. « Je suis traqué par Marx pour “Produire au plus vite un héritier !” Vous savez ? »

« Euh... Pourriez-vous attendre un peu plus longtemps ? J’ai quelque chose en tête, » dis-je.

« Quelque chose en tête ? » demanda-t-elle.

Je m’étais alors levé de mon lit avant de m’étirer. « J’ai finalement stabilisé la situation politique interne dans le pays. J’ai aussi un pacte secret avec l’Empire, et bien qu’il y ait des pays voisins qui m’inquiètent, les choses devraient être stables pour l’instant. Eh bien, cela dépendra de ce que fait le Domaine du Seigneur Démon. »

« Je suppose..., » dit-elle.

« Eh aussi... j’ai aussi réussi à me convaincre que je devrais devenir roi, » dis-je.

« J’aimerais qu’à la place, vous disiez que vous vous êtes résolu à le faire, » déclara Liscia.

« Je me suis résolu à le faire... Peut-être que je l’ai fait ? » dis-je. « En tout cas, je suis prêt à affronter les conséquences. »

« Je ne comprends pas vraiment la différence, » déclara Liscia.

« Il n’y a rien qui se tient au travers de mon chemin. Alors..., » j’avais gonflé ma poitrine pour avoir l’air plus confiant. « Maintenant, je vais faire ce que je veux. Jusqu’à maintenant, sécuriser mon pouvoir était la principale priorité, alors j’évitais des politiques qui allaient trop bouleverser la société. Si une politique avait été trop audacieuse, cela aurait causé une confusion interne inutile, ce qui aurait pu profiter à un adversaire étranger. Mais maintenant, je n’ai pas à m’inquiéter de ça. Je vais faire de plus en plus de choses pour transformer ce pays. »

Je l’avais déclaré avec force, mais Liscia avait toujours un regard sec sur son visage.

« C’est bien, mais... qu’est-ce que cela a à voir avec le fait que vous n’ayez toujours pas posé la main sur moi ? » demanda Liscia.

J’étais devenu silencieux.

Il semblerait que je n’avais pas réussi à esquiver le problème. Je pensais vraiment avoir réussi à changer le sujet...

Permettez-moi de dire maintenant. Ce n’était pas que j’étais opposé à faire ces choses avec Liscia ou une autre fille. Non, vraiment, je voulais faire tout ce qui était romantique avec elles. Je voulais dire par là que la situation actuelle me donnait un cas grave de boules bleues [2]. Mais, avant cela, il y avait quelque chose que je devais accomplir. Pour l’amour de Liscia et des autres et surtout pour leur propre bien...

« E-Eh bien, bientôt, vous trouverez finalement la réponse, » dis-je.

« N’êtes-vous pas en train d’esquiver le problème ? » demanda Liscia.

Quand Liscia avait essayé de me regarder dans les yeux, je les avais détournés du mieux que je pouvais.

***

« J’ai vraiment besoin de plus de personnes capables qui travaillent pour moi, » dis-je.

J’étais assis autour d’une table « kotatsu [3] » avec Liscia, Aisha, Juna et Roroa, qui s’étaient réveillées après s’être rendormies, et nous déjeunions. J’avais décidé que c’était le bon moment pour aborder ce sujet.

Il s’agissait de ma chambre dans le château, que j’avais préparée après que Hakuya m’avait informé de ça : « Il était temps que vous ayez votre propre chambre ». En vérité, on m’avait attribué la chambre beaucoup plus tôt, mais je l’utilisais comme salle de stockage pour les Petits Musashibos. Depuis qu’il avait insisté pour que je l’utilise, je lui avais fait un remodelage majeur. Pour cela, j’avais utilisé l’apport financier présent pour soutenir le mode de vie du roi (mon salaire) et je m’étais déchaîné avec des rénovations majeures pour répondre à mes goûts... et quel était donc le résultat...

Les deux petites pièces, dont chacune avait la taille d’une pièce de six tatamis (106,7 pieds carrés, 10 mètres carrés), avaient été reliées par une porte entre elles, créant un ensemble de pièces presque comme un appartement japonais.

Une pièce avait un tapis posé sur un plancher en bois, et c’était là que mon espace de travail avait été fait avec une machine à coudre à pédale présente dans un coin. Il s’agissait d’une pièce où je pouvais me concentrer entièrement sur la confection de vêtements ou d’accessoires, donc uniquement comme passe-temps, ou pour faire des poupées comme les Petits Musashibos.

La pièce qui servirait de logement ordinaire était, grâce à de belles touches du concepteur (moi), une parfaite reproduction d’une pièce de style japonais. Dès que j’avais entendu qu’il y avait une culture du tatami dans l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, j’avais acheté un certain nombre de ces paillassons et je les avais déposés dans cette pièce.

De plus, il y avait une zone au centre de la pièce qui avait été creusée, au sommet duquel j’avais placé une table ronde avec une couverture fourrée entre l’espace où nos jambes allaient et le bas de la table. Il y avait un autre trou creusé à l’intérieur de cette zone, et en dessous, j’avais installé un radiateur Genia qui avait été développé sur la base d’une idée que je lui avais donnée.

Fondamentalement, j’avais recréé un hori-gotatsu [4].

Dans la zone dégagée où nos pieds reposaient, il y avait une grille de fer en forme de dôme, nous empêchant de toucher l’appareil de chauffage. C’était un espace charmant, chaud en hiver, et agréable et venteux en été une fois que vous aviez retiré la couverture. Franchement, c’était un espace qui vous permettait de voir l’attention aux détails du concepteur (moi).

Et, eh bien, c’était le genre de chambre que j’avais faite, mais toutes mes fiancées l’aimaient vraiment, en particulier Liscia. Elles avaient pris l’habitude de rester ici. L’hori-gotatsu était vraiment populaire auprès d’elles. Car après tout, il faisait assez froid dehors.

Après l’annexion d’Amidonia, Hakuya avait dit cela. « S’il vous plaît, comprenez bien que c’est nécessaire pour maintenir votre autorité ». Et il m’avait interdit d’utiliser la cafétéria principale, alors j’avais pris l’habitude de prendre mon petit-déjeuner et mon dîner (le déjeuner était habituellement au bureau des affaires gouvernementales) ici autour de la table avec Liscia ainsi que d'autres personnes.

La plupart des repas avaient été faits pour moi par les chefs du château, mais les jours comme aujourd’hui, quand je voulais manger quelque chose de japonais, je le faisais par moi-même. Car après tout, j’avais travaillé avec du riz, de la sauce soja et du miso pour faire ce repas.

Les repas que je préparais étaient une nouveauté pour elles, alors Liscia et les autres filles les aimaient, mais Hakuya et Marx n’étaient pas trop contents de ça. Et je pourrais même dire qu’ils n’étaient vraiment pas trop contents de ça, car je préparais des plats simples, que je servais à mes fiancées. Après ça, nous mangions tous ensemble vu que c’était délicieux. Selon eux, c’était loin de leur image de ce qu’ils se faisaient du fait d’être un roi. Bien que je ne voyais pas pourquoi même la nourriture que je mangeais devait être digne d’un roi...

Pour commencer, ni Liscia, ni moi, ni les autres n’était le type de personne à avoir des goûts de luxe. Juna et moi étions tous les deux d’anciens roturiers, Liscia avait vécu une vie militaire où les provisions étaient limitées, et après avoir grandi dans la forêt, Aisha mangeait n’importe quoi tant qu’il avait bon goût. Même Roroa avait semblé intéressée, en disant : « Si nous pouvions faire manger de la nourriture de ton monde comme étant une nouvelle tendance, ça se vendrait bien. Ne le penses-tu pas ? »

En outre, même si la nourriture pouvait être simple en apparence, elle utilisait du riz, qui n’était pas encore très répandu, donc le coût était en fait assez élevé.

Au fait, le déjeuner d’aujourd’hui comprenait des oyakodon [5], soupe miso, et nukazuke [6].

« Grande Sœur Ai, peux-tu me passer les cornichons ? » demanda Roroa.

« Mmf, mm-mm-mf (tiens, Roroa), » répondit Aisha à travers ses bouchées de nourriture.

« Attendez, Roroa, » dit Liscia. « Vous avez du riz sur le visage. »

« Hm ? Merci beaucoup, Grande Sœur Cia, » déclara Roroa.

Roroa avait laissé Liscia ramasser le grain de riz qui était resté sur son visage. Juna regarda chaleureusement Aisha qui enfournait de la nourriture au centre de son visage.

Si vous pouviez réduire tout ça à cette scène qui se déroulait autour du kotatsu, nous avions l’air d’une véritable famille heureuse.

« Madame Aisha, » déclara Serina. « Voudriez-vous peut-être une autre portion de soupe miso ? »

« Mmf... J-Je voudrais bien, Madame Serina, » répondit Aisha.

« Euh... Madame Juna, » déclara Carla. « Nous avons... Il y a aussi une autre portion de riz pour vous. »

« Hee Hee! Pas besoin d’être si rigide et formelle, Carla, » riait Juna.

« V-Vous êtes trop gentille, » répondit Carla.

Je devais moi-même corriger ça, car il y avait une chose qui était étrange ici. Il y avait quelque chose comme le genre de table de service utilisée dans les écoles primaires pendant l’heure du déjeuner dans le coin de la pièce, et là, les servantes Serina et Carla attendaient pour nous servir de la nourriture. C’était hors de propos.

« Et attendez... Est-ce que l’une d’entre vous m’écoutait ? » demandai-je en protestant.

« Bien sûr, » déclara Roroa. « Nous écoutons, nous écoutons. »

« C’est la réponse de quelqu’un qui ne l’a clairement pas fait, » murmurai-je.

« Je t’écoute, Chéri. Tu es à court de mains, n’est-ce pas ? » demanda Roroa.

Quand Roroa avait dit cela, Liscia avait froncé les sourcils. « Allez-vous encore rassembler des personnes ? Je pense que nous avons déjà un groupe assez diversifié... »

« Plus on a de gens talentueux, mieux c’est..., » dis-je. « Cependant, ce que je cherche cette fois est un peu différent. »

« Que voulez-vous dire par là ? » demanda Liscia.

« Hm..., » commençai-je. « Ce n’est pas bien de dire ça, mais si je devais classer les personnes sur une échelle qui va de S, A, B, C, D, E, le genre que je cherche maintenant tombe dans la gamme B à C. Je veux un très grand nombre de personnes comme ça. »

« Désolée, » déclara Liscia. « Je ne suis pas sûre d’avoir compris ce que vous venez de dire. »

J’avais alors mis ma main sur la tête de Roroa. Elle était assise à côté de moi avec une cuillère dans sa bouche. « Par exemple, le sens économique de Roroa est tout sauf médiocre. Elle peut manipuler de grandes quantités d’argent, trouver des fonds et apporter plus de profits. Si je devais la classer comme membre de mon personnel, elle obtiendrait un S. Mais une Roroa ne suffit pas pour diriger un pays, n’est-ce pas ? Roroa a besoin d’un système bureaucratique qui lui servira de bras et de jambes. En plus de cela, elle a besoin de personnes capables de faire des maths pour travailler sous son autorité. Ce dont nous manquons, ce sont ces gens qui peuvent faire du calcul. »

Le taux d’alphabétisation dans ce monde était faible, et à peu près les seuls en dehors de la noblesse et des chevaliers qui pouvaient faire de l’arithmétique étaient les marchands. Fondamentalement, dans ce monde, ceux qui pourraient à la fois écrire et utiliser les chiffres seraient des employés de classe B ou C. En ce moment, dans ce pays, nous avions une pénurie de ce genre de personne.

« Si c’est ce que tu cherches, pourquoi ne pas embaucher des marchands qui ferment boutique parce qu’ils ne peuvent pas faire de profit, ou qui ont été réduits à être des esclaves pour une raison ou une autre ? » suggéra Roroa.

Mais j’avais secoué négativement la tête. « J’ai déjà essayé, mais ça n’a pas marché. Si quelqu’un est le moindrement doué, alors quelqu’un de la noblesse ou de la chevalerie les aura déjà pris. Eh bien... bien que cela soit ma faute en vérité, » après avoir dit ça, je m’étais gratté la tête.

Roroa pencha la tête d’un air interrogateur. « Que veux-tu dire par ta faute ? »

« J’ai changé le fonctionnement des évaluations, » expliquais-je.

Dans ce pays, la noblesse et les classes de chevaliers étaient, pour le dire simplement, les propriétaires terriens. Les fonctionnaires militaires avec la terre étaient appelés des chevaliers, tandis que les fonctionnaires civils avec la terre avaient été appelés des nobles. C’est pourquoi il n’y avait pas de distinction entre les comtes et les vicomtes dans la noblesse, et toute personne ayant une grande quantité de terres était juste appelée « Seigneur ».

Il y avait aussi de « nobles bureaucrates » qui se rendaient dans la capitale et les villes régionales pour travailler dans la bureaucratie, laissant leurs terres à la charge des magistrats. Il y avait aussi des « nobles régionaux » qui se rendaient dans leur propre domaine pour gérer personnellement la terre. En ce qui concerne ceux que je connaissais personnellement, Hakuya et Marx seraient des nobles bureaucrates, alors que Weist, le seigneur d’Altomura, serait un noble régional.

L’équilibre des pouvoirs entre les deux groupes avait fonctionné de diverses façons. Il y avait des nobles bureaucrates qui étaient impliqués dans des affaires d’État comme Hakuya, alors qu’il y avait aussi des nobles bureaucrates qui allaient servir dans les villes de puissants nobles de la région.

En comparaison, les chevaliers laissaient généralement leurs terres entre les mains d’un magistrat alors qu’ils servaient dans l’armée. Ce n’était pas absolu. Les chevaliers à la retraite, comme Weist, pourraient devenir des nobles, et il y avait aussi des chevaliers qui avaient passé leur devoir de servir dans l’armée à leurs enfants pendant qu’ils géraient leurs terres.

Maintenant, quant à la promotion et la rétrogradation de ces nobles et chevaliers (ou, pour le dire autrement, leur acquisition ou perte de territoire), jusqu’à présent, les chevaliers avaient été promus s’ils s’étaient distingués au combat et si leur grade avait augmenté dans l’armée, alors que si leur conduite avait été mauvaise et qu’ils avaient violé les ordres, ou s’ils avaient échoué à mener une opération avec succès, ils avaient été rétrogradés.

En d’autres termes, les chevaliers n’avaient jamais été tenus responsables de la gestion de leurs terres. Donc, si leurs terres avaient été mal gérées, la faute en incombait au magistrat, et s’ils avaient limogé et remplacé ce magistrat, les chevaliers eux-mêmes n’auraient pas été tenus responsables. Là encore, si la même chose s’était répétée, il y aurait bien sûr eu des répercussions.

Quant aux nobles, ils pourraient être promus en voyageant dans la capitale ou les villes pour travailler comme de nobles bureaucrates. Pour ceux qui n’avaient pas un fort désir de s’impliquer dans les affaires de l’État, il était normal qu’ils deviennent des nobles régionaux une fois que leurs terres se sont étendues jusqu’à un certain point. C’était parce que le fait d’être un noble régional était plus rentable. S’il y avait un noble qui n’avait pas de forte volonté d’autopromotion, s’ils étaient satisfaits de leur position actuelle, dans de nombreux cas, ils deviendraient des nobles régionaux. Cependant, une fois qu’ils étaient devenus un noble régional, ils étaient responsables de toute mauvaise gestion de leurs terres.

Maintenant, en ce qui concerne la façon dont j’avais changé notre politique sur l’évaluation des nobles et des chevaliers...

« En plus des politiques mises en place jusqu’à présent, j’ai mis l’accent sur leur capacité à gérer leurs terres, » dis-je.

Pour le dire simplement, en plus des mesures d’évaluation déjà en place, j’avais annoncé un système d’évaluation qui donnait plus de terres à ceux qui les géraient bien, tout en réduisant la taille de leurs propriétés ou en les confisquant complètement si elles étaient mal gérées.

J’avais envoyé l’unité des opérations clandestines qui recevait directement les ordres de ma bouche, les Chats Noirs, pour les surveiller, et les nobles ou les chevaliers qui gouvernaient bien recevaient plus de terres, tandis que ceux qui gouvernaient mal avaient leurs possessions réduites ou confisquées.

Cela avait réprimé les seigneurs maléfiques et les magistrats inutiles que vous aviez pu voir dans les films dramatiques de l’époque. Mon but était de faire en sorte que les seigneurs communiquent avec leurs populations et se rapproche d’eux. Car après tout, pour avoir un bon gouvernement, il fallait savoir ce que les personnes voulaient.

À présent... quant à ce qui s’était passé, les nobles et les chevaliers qui avaient jusqu’alors laissé leurs affaires aux magistrats avaient hâte de prêter attention à leurs possessions.

Si leurs magistrats étaient capables ou moyens, il n’y avait pas de problèmes, mais s’ils étaient incompétents, cela pouvait maintenant affecter l’avancement d’un noble.

Il y avait des nobles qui avaient quitté leur poste dans la bureaucratie pour retourner dans leurs domaines et commencer à se concentrer pleinement sur leur gestion. Cependant, pour la majorité des chevaliers qui n’avaient aucun talent pour gouverner, et pour les nobles qui avaient encore des possibilités d’avancement dans leurs positions bureaucratiques, ils s’étaient précipités pour trouver des magistrats capables et du personnel pour servir sous leurs ordres.

Quand j’avais expliqué cela, Juna avait posé un doigt à ses lèvres comme si elle se souvenait de quelque chose. « Maintenant que vous le dites, Grand-mère disait que cela avait jeté les choses dans un chaos total. Il fut un temps où les nobles et les chevaliers erraient dans les rues comme des goules affamées qui chantaient “personnel, personnel” ou quelque chose comme ça. »

« ... Tout à fait, » dis-je. « Honnêtement, je pense que c’était une décision hâtive de ma part. »

La passion des nobles et des chevaliers pour trouver du personnel talentueux dépassait de loin mon imagination, et toute personne capable d’écrire ou de faire de l’arithmétique de base, même s’ils étaient un roturier, avait été accueillie presque comme un sage et traitée comme une égale. C’était parce que, si un noble ou un chevalier utilisait l’autorité pour enlever ces personnes par la force, ils seraient punis pour avoir fait cela.

S’ils apprenaient qu’un esclave (bien que n’étant pas un esclave condamné à travailler pour ses crimes), une prostituée ou une personne dans un bidonville puisse écrire et faire de l’arithmétique, ils iraient même jusqu’à les racheter avant de les accueillir. Ceux qui pouvaient simplement écrire et faire de l’arithmétique avaient eu ce traitement, donc s’il y avait quelqu’un de très bon, la situation pourrait être assez incroyable.

Je veux faire de vous un magistrat ! un noble pourrait dire ça. Mais vous n’êtes pas d’une classe assez élevée ! Je sais... en vous adoptant en tant que membre de ma famille, je peux vous élever de force à un statut social plus élevé !

À cause des nobles qui pensaient comme ça, il y avait eu des roturiers et des esclaves qui s’étaient élevés de manière phénoménale en utilisant une méthode qui normalement n’aurait pas été possible. Juste après avoir dit à Maria qu’elle devrait agir lentement sur l’abolition de l’esclavage dans l’Empire parce que ce serait une réforme trop importante et qu’elle rencontrerait de la résistance, est-ce que je ne venais pas de faire s’effondrer le système des classes de mon propre pays ?

« Je me demande si je peux en profiter pour faire de l’abolition de l’esclavage quelque chose qui n’existe que de nom..., » murmurai-je.

« Ah ! En parlant d’esclaves, cela me fait me souvenir de quelque chose, » déclara Roroa en frappant ses mains ensemble. « Maintenant, voici quelques informations que j’ai reçues grâce à Sébastien après avoir ouvert un deuxième emplacement pour le Cerf d’Argent ici à Parnam. Il y a un trafiquant d’esclaves inhabituel dans la ville. »

« Un marchand d’esclaves inhabituel ? » demandai-je.

Roroa avait ri malicieusement. « Je pense qu’il est le genre de personne que tu aimerais voir travailler pour toi, Chéri. Hehe ! Que penserais-tu de venir avec moi dans une promenade dans la ville dans un prochain jour ? Et ainsi nous pourrions alors aller le rencontrer. »

« Hmmargg... Cela ne serait-il pas un rendez-vous amoureux dont vous parlez là ? » Aisha se plaignit, l’air un peu contrarié. « Ce n’est pas juste. »

Roroa avait agité sa main. « D’après ce que j’ai entendu dire, vous avez toutes déjà eu des rendez-vous avec notre chéri avant aujourd’hui. Nous sommes fiancés maintenant, donc je veux moi aussi passer du temps avec mon Chéri et faire des choses romantiques avec lui. »

« J’étais seulement là en tant que garde du corps. Il ne m’a jamais emmenée pour un rendez-vous du genre ! » protesta Aisha.

« Eh bien, tu peux aussi venir, Grande Sœur Ai, » déclara Roroa. « De toute façon, nous aurons besoin d’un garde du corps. »

« Dans ce cas, je n’y vois aucun problème, » ayant été invité, Aisha s’était facilement apaisée.

Liscia et Juna avaient toutes deux dit. « Nous allons laisser Roroa avoir ce rendez-vous-là ». Et ainsi, il avait été décidé que Roroa, Aisha et moi irions ensemble dans la ville de Parnam.

Un marchand d’esclaves inhabituels, hein ? J’étais un peu intéressé de savoir à quoi ils ressemblaient.

Notes

  • 1 Masque de hannya : Hannya (般若の面?) est, dans les légendes fantastiques du Japon, le fantôme d’une femme revenue sur terre pour assouvir sa vengeance. Le terme « Hannya » vient du sanscrit « prajna » qui signifie « grande sagesse ».
  • 2 Boules bleues : Devinez ! En terme scientifique, il s’agit d’hypertension épididymale.
  • 3 Kotatsu : Un kotatsu (炬燵?) est un support de bois de faible hauteur recouvert d’un futon ou d’une couverture épaisse, sur lequel repose un dessus de table. Le dessous d’un kotatsu est chauffé. C’est le mode de chauffage le plus courant au Japon, le chauffage central étant peu répandu.
    C’est le véritable centre de discussion des maisons japonaises et souvent le seul endroit chauffé du washitsu (plus rarement à notre époque). On s’assoit autour du kotatsu sur des zabuton posés sur les tatamis.
  • 4 Hori-gotatsu : l’un des styles de Kotatsu.
  • 5 Oyakodon : L’oyakodon (親子丼?) est un donburi, un mets japonais composé d’une garniture sur un bol de riz.
    Oyako signifie « parent et enfant » car ce plat est élaboré avec du poulet (= parent) et des œufs (= enfants). Dans le même esprit, il existe aussi le kaisen oyakodon (海鮮親子丼) composé de saumon et d’œufs de saumon (ikura, voir Caviar rouge).
  • 6 Nukazuke : nukazuke (ぬかずけ) sont des légumes (comme le concombre et l’aubergine) mariné dans une pâte de son de riz salé

☆☆☆

Partie 2

Je m’appelle Ginger Camus et je suis âgé de 17 ans. Je viens du Royaume d’Elfrieden... Oh, je suppose que c’est maintenant le Royaume de Friedonia, Hmm. En tout cas, je suis un marchand d’esclaves présent dans la capitale du Royaume de Friedonia.

... Eh oui. Je suis un marchand d’esclaves.

Ce n’était pas vraiment un travail respectable, n’est-ce pas ? Après tout, il s’agit de commerçants qui achetaient et vendaient des personnes.

Eh bien ! Hormis les esclaves condamnés, la plupart d’entre eux étaient des esclaves économiques qui ne pouvaient pas se permettre de manger et ne voulaient pas avoir faim, ou qui s’étaient vendus parce qu’ils avaient besoin d’argent. Et donc, d’une certaine façon, cela aurait pu être considéré comme une sorte de système de protection sociale, mais... ce n’était pas un travail que vous pouviez faire sans avoir une peau épaisse.

Moi ? Vous savez, la mienne était mince ! Mince comme un fin papier, compris ? Je me suis battu avec des douleurs à l’estomac tous les jours.

Maintenant, vous vous demandez peut-être ce qu’un gars comme moi faisait en tant que marchand d’esclaves. C’était parce que mon grand-père, qui était aussi un marchand d’esclaves, était décédé. Mes parents étaient déjà décédés, et mon grand-père m’avait élevé tout seul, et je n’avais vraiment jamais découvert ce qu’il avait fait jusqu’à sa mort.

Quand les funérailles avaient pris fin et que j’avais trié son domaine, c’était à ce moment-là que j’étais tombé sur ce magasin et sur les esclaves qu’il possédait.

Je ne peux pas faire ça ! J’avais envie de crier ça. Même si tu me laisses tout ça, je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire !

J’avais pensé à simplement les vendre à d’autres marchands d’esclaves, puis trouver d’autres affaires pour gagner ma vie, mais... quand j’avais regardé les esclaves qui étaient ma propriété, j’étais sans voix.

« Heuu... »

J’avais rassemblé au même endroit tous les esclaves qui étaient mes marchandises. Il y avait une vingtaine d’esclaves de différentes races et genres allant des enfants aux personnes d’âge moyen alignées devant moi. Ils portaient chacun une tenue mince et grossière composée d’un grand morceau de tissu avec un trou au milieu pour la tête, et ils me regardaient avec de la peur et de l’anxiété dans les yeux. De quoi avaient-ils si peur ?

« Ne comprenez-vous pas, Maître du Magasin ? » Une esclave avec un regard de défi dans ses yeux s’avança.

Elle était peut-être un peu plus âgée que je l’étais. C’était une jolie fille avec des traits masculins, des oreilles triangulaires et une longue queue épaisse et dénudée de poils. Avec les vêtements minces qu’elle portait, je pouvais voir qu’elle avait aussi une silhouette galbée.

« Es-tu une tanuki mystique ? » demandai-je.

« Je suis une femme raton laveur, » dit-elle en me regardant.

En tant qu’humain, je ne pouvais pas faire la différence, mais parce que les tanukis mystiques et les hommes raton laveur semblaient similaires, ils avaient apparemment détesté être confondus avec l’autre race.

« D-Désolé..., » dis-je. « Et tu es ? »

« Pardonnez-moi. Je suis Sandria, une esclave. »

« D’accord. San alors, » dis-je. « Ravi de te rencontrer. »

« Hein !? ... Heu, d’accord, » déclara San. Elle prit la main que je lui tendais, les yeux grands ouverts.

Je ne savais pas de quoi elle était si étonnée, mais il me semblait qu’elle pourrait m’expliquer sa mauvaise humeur.

« San, pourquoi tout le monde est-il effrayé ? » demandai-je.

« Parce que votre grand-père est décédé, Maître du Magasin, » répondit-elle.

« Même si vous êtes des esclaves, êtes-vous triste que grand-père soit mort ? » demandai-je.

« C’est parce que, comparé à d’autres marchands d’esclaves, votre grand-père a bien traité ses esclaves, » répondit San.

Selon San, le traitement des esclaves différait d’un commerçant à un autre.

Techniquement, parce que le système des esclaves économiques était en partie un système de protection sociale pour au moins empêcher les gens de mourir, la violence et les agressions sexuelles étaient interdites. (Bien que certains esclaves incluaient l’option du sexe afin de se vendre pour plus que le double du prix.) Cependant, quand il s’agissait de savoir jusqu’à quel point ces règles étaient respectées ou si elles étaient respectées, cela dépendait largement de l’état de l’ordre public dans la région et à la moralité de leur propriétaire.

Par exemple, si une esclave avait été violée par son maître, et qu’elle avait porté plainte contre ça, alors même si ces nobles étaient punis pour ce crime, parce que cette femme n’aurait aucun actif, elle finirait par revenir au marchand d’esclaves attendant d’être à nouveau rachetés. Dans de tels cas, la femme pourrait penser qu’il valait mieux le supporter en silence. (À moins que sa vie ne soit en danger, car là, cela serait toute autre chose.)

Dans le cas des esclaves mâles, ils allaient surtout être achetés pour être utilisés comme main-d’œuvre. Même s’ils avaient travaillé jusqu’à leur effondrement, il serait difficile de prouver que c’était un cas d’abus.

Dans le monde des esclaves, ce genre d’obscurité rampait un peu partout. Les marchands d’esclaves eux-mêmes étaient également venus dans beaucoup de formes et tailles.

Certains avaient traité leurs esclaves comme des animaux, ne les nourrissant pas avec de nourriture décente. Ils leur permettaient de ne rien porter de plus que leurs colliers, et les nuits froides, ils ne leur donnaient même pas un morceau de tissu comme couverture. Même si leurs esclaves tombaient malades, ils laisseraient la maladie suivre son cours.

Ils avaient des contrats exclusifs avec des nobles ayant certains penchants, et personne ne savait ce qui était arrivé aux femmes qui leur étaient envoyés.

La liste avait continué ainsi pendant longtemps.

Il semblait qu’il y avait encore un grand nombre de marchands d’esclaves avec ces sortes de rumeurs sombres tourbillonnant autour d’eux. Il semblait que le nouveau roi avait été alarmé par la situation actuelle, et un certain nombre d’entre eux avaient été appréhendés, mais certains étaient encore là dans les zones rurales et dans les endroits sombres dans les villes.

Par rapport à cela, grand-père avait apparemment bien traité ses esclaves. On leur avait donné des vêtements à porter, même si les vêtements étaient un peu minables, et ils avaient été correctement nourris. Il ne les avait pas maltraités, et s’ils étaient tombés malades, il les avait soignés. Il ne les avait pas non plus vendus à des clients trop étranges. Il semble qu’il était un marchand d’esclaves décent.

Il semblait que Grand-père ne voulait pas que je découvre qu’il était dans ce secteur d’activité, mais cela n’était pas si loin de l’image douce que j’avais eue de mon grand-père, alors j’étais vraiment soulagé.

« Mais d’après tout ce que j’ai entendu jusqu’ici, tu n’avais non plus aucune raison de l’aimer, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Ce qu’il a fait était assez bon pour nous les esclaves, » déclara San. « Parce qu’au moins, nous n’avions pas à nous inquiéter de savoir si quelque chose d’étrange et de fâcheux nous arrive. Cependant, maintenant, nous ne pouvons plus en être si sûrs. »

« Hein !? » demandai-je.

« Votre grand-père a dit quand il était vivant que vous n’étiez pas susceptible de reprendre cette affaire, Maître du Magasin, » répondit-elle. « Que ce travail serait trop dur pour son petit-fils timide et trop aimable. »

Ah... Voilà pourquoi il ne me l’a jamais dit, pensais-je. Il a probablement gardé ça secret parce qu’il pensait que cette connaissance me rongerait.

San continua. « Cependant, si vous choisissez de ne pas reprendre l’entreprise, nous serons tous vendus à d’autres marchands d’esclaves. Il n’y a aucun commerçant qui pourrait se permettre de nous acheter tous à la fois. Nous serions tous séparés. Il y a des esclaves parmi nous qui sont mariés, ou sont sœurs, mais il n’y aurait aucune considération vis-à-vis de cela. En plus, il n’y a aucune garantie que les marchands d’esclaves qui nous achèteront seraient décents comme votre grand-père. »

« C’est..., » murmurai-je.

« En outre, il y a ceux avec de jeunes enfants parmi nous. Le roi actuel, Sa Majesté le Roi Souma, a interdit la possession d’esclaves de moins de douze ans, » déclara San. « En tant que tels, ces enfants ne sont pas des esclaves, mais si les acheteurs disent qu’ils veulent seulement les parents, ces enfants seront laissés dans un orphelinat. C’est pourquoi nous sommes tous tristes pour la mort de votre grand-père. »

Cela avait du sens. Ils n’étaient pas tristes à propos de la mort de grand-père elle-même, mais pour la situation dans laquelle ils avaient tout laissé à cause de ça... C’était probablement ça.

Je n’étais pas un esclave. Donc je ne pouvais pas comprendre leurs souffrances. Pourtant, ne pas être en mesure d’envisager un avenir brillant pour eux-mêmes était, probablement, encore plus difficile que je l’avais imaginé.

Alors que j’étais toujours à court de mots, San m’avait tendu quelque chose.

Il s’agissait d’une cravache. Pendant que je me demandais pourquoi elle me donnerait une telle chose, San me tourna le dos et commença soudainement à enlever ses vêtements. Puis, après s’être dénudée pour se retrouver dans ses sous-vêtements (son haut était complètement nu), elle se couvrit la face avant avec les vêtements qu’elle portait, elle s’agenouilla comme si elle était en pénitence. Son dos lisse et sa queue moelleuse avaient été exposés à mes yeux.

« Attends, San ?! Qu’est-ce que tu fais ? » criai-je.

« J’ai parlé au-dessus de mon statut d’esclave. Je veux que vous me punissiez, » déclara San.

« Mais, pourquoi !? » demandai-je.

« Donner son opinion au Maître du Magasin est quelque chose qu’aucun esclave ne devrait jamais faire, » expliqua San. « Même si vous deviez me tuer, ou me torturer, ou me vendre à la pire sorte de propriétaire pour cela, je ne serais pas en mesure de me plaindre. Mais je ne veux pas ça. Une fois que vous m’avez fouetté devant tout le monde, je vous en supplie, s’il vous plaît, pardonnez-moi. »

« Non, ce n’est pas..., » commençai-je.

« Ça ira, » déclara San. « Ce fouet est fait spécialement pour ça. Il provoque une douleur intense sans blesser l’endroit où il frappe. Peu importe combien de fois vous l’utiliserez, vous n’abaisserez pas ma valeur en tant que marchandise. »

« Ce n’est pas de ça que je parle ! » J’avais jeté le fouet par terre, je m’étais placé devant San, puis je m’étais accroupi pour la regarder dans les yeux. « San, es-tu une sorte de perverse qui adore ça quand elle est frappée ? »

« ... Je ne pense pas à moi-même comme quelqu’un comme ça, » dit-elle.

« Alors pourquoi as-tu dit ça quand tu savais que tu pourrais être frappée ? » demandai-je.

Quand je lui avais demandé ça avec le ton le plus calme possible, San avait baissé le visage.

Sa frange était tombée et couvrait son visage, donc je ne pouvais pas voir son expression, mais il y avait des sanglots alors qu’elle parlait. « Même si vous fermez ce magasin... vous pourriez penser un peu à nos situations... Au moins, vous pourriez chercher des acheteurs qui laisseront les familles... rester ensemble. »

« As-tu de la famille ici, San ? » demandai-je doucement.

San avait secoué négativement la tête.

Elle l’a fait même si elle n’en avait pas elle-même... pensai-je.

J’avais regardé après ça chacun des esclaves présents.

Il y avait une femme qui serrait son enfant contre sa poitrine, me regardant avec incertitude.

Il y avait une paire de deux filles esclaves, toutes les deux avaient autour des dix-sept ans, qui ressemblaient à des sœurs et qui se tenaient par la main. Une fille était calme, et elle semblait avoir une certaine solidité mentale (la sœur aînée ?). L’autre essayait d’agir durement, mais avait l’air ébranlé par l’incertitude (la petite sœur ?). La fille calme tenait fermement l’autre et essayait de la rassurer.

San s’était-elle mise en danger pour eux ?

« Tu prends bien soin des tiens, n’est-ce pas, San ? » demandai-je.

Elle n’avait rien dit.

« Pour le moment, pourrais-tu remettre tes vêtements ? » demandai-je.

« Mais... ! » s’exclama San.

« C’est bon, » dis-je avec force.

San avait remis à contrecœur ses vêtements. Après qu’elle l’eut fait, j’avais remarqué quelque chose de bien fait et qui avait tremblé pendant une seconde, mais j’avais détourné les yeux de toutes mes forces.

Une fois que San s’était calmée, j’avais parlé à tous les esclaves. « Je comprends votre situation. Cela dit, je n’ai pas l’intention de prendre le contrôle de cette entreprise. Je ne pourrais jamais être un marchand d’esclaves. Ça ne marcherait pas. »

San n’avait rien dit.

« Cependant, je pense que je vais continuer cette affaire jusqu’à ce que vous soyez tous vendus, » déclarai-je. « Bien sûr, je n’ai pas l’intention de vous vendre à d’étranges acheteurs. Je vais prendre la responsabilité de les étudier attentivement. Et autant que je puisse le faire, je vais chercher des acheteurs qui permettront aux familles de rester ensemble. »

Si j’avais été riche, j’aurais pu fermer boutique et tous les libérer. Mais, dans mon état actuel, je n’avais pas la possibilité de faire ça. Pourtant, je voulais faire ce que je pouvais. Tandis que les visages des esclaves se remplissaient de soulagement après m’avoir entendu parler, j’avais souri à San qui était encore dans un état de stupeur.

« C’est le mieux que je puisse faire. Est-ce suffisant ? » demandai-je.

« ... Davantage que, » dit-elle. « Vous êtes trop gentil pour votre propre bien-être, Maître du Magasin. »

« Pourrais-tu arrêter de m’appeler comme ça ? Je suis Ginger Camus, » demandai-je.

« Compris, Maître Ginger, » déclara San.

Et donc, j’avais fait une poignée de main ferme avec San.

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Partie 3

« Hé, ici, monsieur ! » déclara l’un des marchands. « C’est un bon esclave qui vous sert là. »

« Combien vous a-t-elle coûtée ? Êtes-vous un enfant riche d’une bonne famille ou quelque chose du genre ? »

« Hm... heu... Merci..., » dis-je.

Alors que je repoussai poliment les personnes qui m’avaient parlé dans l’argot des marchands, San et moi avions marché dans une rue commerçante de la capitale à midi, portant des sacs. Les sacs contenaient principalement de la nourriture et du savon, ainsi qu’une grande quantité de tissu pour faire des vêtements simples. J’étais sûr que vous pourriez comprendre cela sans que je le dise, mais presque tout cela était pour les esclaves.

« Eh bien, nous avons réussi à mettre la main sur une bonne quantité de tissu de qualité, » dis-je. « Ce magasin, Le Cerf d’Argent, était plutôt bon. Le commerçant était un vrai dandy, et quand il a entendu que nous utilisions le matériel pour faire de nouveaux vêtements pour les esclaves, il nous en a vendu beaucoup pour pas cher sans avoir l’air mécontent de ça. »

« Comme c’est très bien pour vous, » dit-elle.

« Ah... ! Désolé, San, » dis-je. « Je parle du fait de t’obliger à me suivre et à transporter des choses pour moi. »

« Vous n’avez pas besoin de montrer un tel intérêt pour une esclave, » déclara San avec nonchalance. « Ordonnez-moi de faire ce qu’il vous plaira. »

Elle était un peu plus grande que moi, et la façon dont elle avait l’air alors qu’elle marchait avec son dos droit, elle avait une telle dignité que vous ne l’auriez jamais prise pour une esclave. Peut-être avait-elle une bonne éducation ?

« Mais, tout de même, ce sont des magasins, qu’est-ce qui les empêche d’avoir d’autres vendeurs autres que des esclaves ? » demandai-je.

« Tant qu’ils portent leurs colliers, les esclaves sont absolument loyaux, » expliqua San. « Il est aussi possible de les mettre au travail, donc je pense que c’est normal. »

« Oh, je vois, » dis-je.

« Plus important encore... Pourquoi vous engagez-vous à bien nourrir vos esclaves et à leur donner de nouveaux vêtements alors que vous avez l’intention de les lâcher, Maître Ginger ? » demanda San.

J’avais demandé en retour. « Des objets propres ou des objets sales, lequel des deux pensez-vous que les personnes vont mieux prendre en charge ? »

« Je pense que ce serait... les objets propres..., » répondit San.

« C’est bien ça. C’est la même idée ici, » dis-je.

C’était un peu faux de parler des personnes comme des objets, mais les esclaves étaient toujours traités comme des objets. Cela étant dit, je voulais en faire des choses que les personnes traiteraient correctement. Je savais bien à quel point c’était hypocrite, mais c’était tout ce que je pouvais faire pour le moment.

« Des esclaves propres avec une bonne apparence et bien habillés paraissent bien plus précieux, » dis-je. « Je pense que cela aidera à éloigner les acheteurs qui veulent juste les utiliser comme main-d’œuvre jetable. »

« Être capable de vendre la marchandise est la chose la plus importante dans les affaires, » déclara San. « Je ne suis pas sûre que vous ayez la bonne approche en tant que vendeur. »

« C’est pour ça que je t’ai dit que je n’étais pas un commerçant d’esclaves, d’accord ? » dis-je.

« Ne l’êtes-vous pas ? Je pense que vous pourriez faire un marchand d’esclaves étonnamment bon, » déclara San.

« C’est exactement le contraire de ce que tu disais il y a un instant. Le sais-tu ? » dis-je.

« C’est juste le bavardage aveugle d’une esclave. N’y faites pas attention, » San sourit malicieusement. Arg, elle jouait assurément avec moi. « Si je vous ai énervé, utilisez le fouet sur moi... »

« Je ne vais pas te frapper, d’accord !? » m’écriai-je.

« Mais, si vous le faites juste une fois, vous pourriez peut-être éveiller quelque chose en vous ? » déclara-t-elle.

« Je ne veux rien éveiller ! Es-tu sûre que tu n’es pas l’une de ces perverses qui aiment qu’on les frappe ? » demandai-je.

« Peut-être que c’est simplement une question de qui me fouette ? » demanda-t-elle.

« Hein !? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire... ? » demandai-je.

« Hee Hee. C’était une blague, » dit-elle.

San m’avait fait un sourire joyeux, puis elle était rapidement partie, me laissant loin derrière elle.

Pendant un moment, je restai là, abasourdi, avant de rassembler mon esprit en toute hâte et de la suivre.

Cela vous faisait vous questionner qui était la possession et qui était le propriétaire ici...

☆☆☆

Partie 4

— Quelques jours plus tard.

« D’accord, tout le monde, » dis-je. « Passons maintenant à la table des trois. Trois, allez-y ! »

« Un et trois font trois. Deux et trois font six. Trois et trois font neuf... » Selon mon instruction, les esclaves avaient commencé à chanter leur table des trois.

À côté d’eux, un autre groupe d’esclaves pratiquait leur écriture, utilisant de l’eau pour mouiller une ardoise. Le papier et l’encre coûtaient cher, alors c’était ce que nous utilisions comme substitut.

Je voulais les avoir disponibles, mais... Mais après tout, je n’avais vraiment pas beaucoup de marge de manœuvre financière..., pensai-je.

« Qu’est ce que vous faites cette fois-ci ? » demanda San, semblant exaspéré. Elle venait de rentrer des commissions où je l’avais envoyée.

« Hm ? Je pensais enseigner à tout le monde à écrire et à faire de l’arithmétique, » dis-je.

« ... Pourquoi ? » demanda San.

« J’y ai beaucoup réfléchi, » dis-je. « Quand il s’agit d’outils, ceux qui ont des fonctionnalités supplémentaires sont mieux pris en charge, n’est-ce pas ? Eh bien, quel type de fonctionnalité supplémentaire pouvez-vous donner aux humains ? Je me demandais ça, et la réponse que j’ai trouvée était : “l’Éducation, peut-être ?” »

La triste vérité était que beaucoup de gens ne considéraient les esclaves que comme une source de travail bon marché, destinée à être utilisée jusqu’à ce qu’ils se brisent et soient jetés.

Certes, c’était une position extrême, mais il était également vrai que pour les esclaves ordinaires, le travail manuel dur était sûrement le seul usage pour eux. Maintenant, qu’en est-il d’un esclave qui savait écrire et faire de l’arithmétique ? Si un esclave pouvait lire, écrire et faire de l’arithmétique, cela ne le rendrait-il pas trop précieux à gaspiller comme travailleur manuel jetable ?

Le fait était que ceux qui possédaient de telles compétences et qui devenaient des esclaves étaient vendus à un prix plus élevé, et ils étaient utilisés dans une plus grande variété de manières que les esclaves qui étaient seulement capables de travailler manuellement. Ils servaient comme vendeurs, et étaient même parfois engagés comme domestiques et secrétaires de la noblesse.

Vous pourriez penser : « Eh bien, nous devrions alors apprendre à tous les esclaves à lire et à écrire », mais cela serait inefficace. Il fallait du temps pour éduquer les esclaves, ce qui signifiait qu’ils coûteraient beaucoup plus cher en entretien. En outre, la plupart des personnes qui visitaient les marchands d’esclaves cherchaient des ouvriers manuels. Il y avait un nombre limité qui achèterait des esclaves éduqués. S’il y en avait trop, ils seraient invendus, et si le marchand d’esclaves était obligé de les vendre à un prix aussi bas que les travailleurs manuels, cela irait à l’encontre du but. Après tout, c’était finalement un magasin qui devait pouvoir fonctionner.

Pourtant, ce n’était pas quelque chose qui me préoccupait en ce moment. Je n’avais pas l’intention de continuer avec ce travail.

Même si je devais utiliser une partie des économies que mon grand-père m’avait laissées, j’y étais favorable tant que je pouvais faire en sorte que les personnes d’ici puissent arriver entre les mains d’acheteurs aussi raisonnablement bons que possible. Même si je ne faisais pas de profit, je travaillais activement pour les vendre à des acheteurs que je pensais être bien, et une fois que j’avais vu tout le monde partir vers leurs différents destins, je fermerais boutique. Je pensais à cela comme un moyen d’afficher mon respect envers mon grand-père.

« C’est comme ça que Grand-père m’a appris et j’en ai appris assez pour que je puisse enseigner la même chose à tout le monde, » dis-je. « Veux-tu que je t’apprenne aussi, San ? »

« Je vais bien sans, » déclara San. « Je viens d’une famille de marchands, donc je peux lire et faire de l’arithmétique. »

Une famille de marchands ? Alors, comment avait-elle fini esclave... ?

« Hmm... Cela te dérange si je te demande quelque chose ? » Je m’étais aventuré sur le sujet.

« Ce n’est pas une histoire terriblement intéressante, » déclara-t-elle. « Le propriétaire d’un magasin qui a été escroqué par d’autres a dû vendre l’une de ses filles pour protéger son magasin et sa famille. C’est tout ce qu’il y avait à faire. »

« Que veux-tu dire par “c’est tout”... ? » demandai-je.

« C’est une histoire classique, » déclara San. « Le genre d’infortune... vous pourriez en trouver n’importe où. »

Peu importe la prospérité du pays, peu importe la qualité de sa gouvernance, et de son ordre public, la méchanceté des personnes ne disparaîtra jamais. Aucune pénurie de ces choses n’arrivera. Je me trouvais être celle qui tombait dedans, les yeux froids de San me l’avaient dit. C’était comme si elle avait déjà tout abandonné.

« Eh bien ! C’est une capacité que j’ai la chance d’avoir, alors permettez-moi de les enseigner avec vous, » déclara San.

« ... S’il te plaît, faisons ainsi, » dis-je.

Cela pourrait être difficile pour un esclave, mais je veux que San ait aussi de l’espoir, pensai-je sincèrement, en la regardant enseigner à lire à un jeune esclave.

***

Quelques mois plus tard, mes ventes n’étaient pas vraiment en plein essor. Ou plutôt, je n’en avais pas vendu un seul.

Hahaha... Que faire de ça... ?

Alors que j’étais assis au comptoir en me serrant la tête, San avait sorti du thé pour moi et m’avait demandé ça. « Je croyais qu’il y avait des clients. Pourquoi ne leur avez-vous pas vendu ? »

Oui, c’était vrai, un certain nombre de clients étaient venus dire qu’ils voulaient acheter des esclaves. Cependant, d’après ce que j’avais vu dans mes entretiens avec eux, aucun d’eux n’était le genre de personnes à qui je pouvais me permettre de vendre.

« Si j’ai confiance en une chose, c’est ma capacité à voir à travers les personnes, » expliquais-je.

« Alors, Maître Ginger, n’étaient-ils pas à la hauteur de vos standards ? » demanda-t-elle.

« Chacun d’entre eux ne considérait les esclaves que comme des outils à utiliser puis à jeter, » dis-je. « Peu importe comment ils ont agi avec courtoisie. Ce n’est pas si facile de cacher les parties sales présent dans votre cœur. »

« Ah bon... ? » demanda San.

« Après tout, j’ai promis à tout le monde que je leur trouverais des acheteurs de confiance, » dis-je. « Je dois donc les sélectionner avec soin. »

« Si vous continuez à le dire, vous pourriez vous trouver en situation de détresse financière et finir par être vous-même mis en esclavage, vous savez ? » demanda San.

« Ce serait un problème, mais... Il y a longtemps, mon grand-père a dit ceci au sujet des affaires : “Chaque accalmie prend fin et les marées peuvent soudainement changer. C’est pourquoi tu dois attendre ta chance sans abandonner, et quand l’occasion se présente, saisis-la sans faute”. »

Donc, pour l’instant, peu importe combien c’est difficile, je vais persévérer. Donc, je ne raterais pas la chance qui viendra sûrement un jour, pensai-je.

Pendant que je pensais à ça, San avait souri malgré elle. « C’est étrange... Quand je suis avec vous, Maître Ginger, même si je suis une esclave, cela me donne de l’espoir pour l’avenir... »

Il s’agissait d’un doux sourire. Pour ce sourire, je me disais que si je pouvais me pousser un peu plus longtemps...

Tout ira bien. Une chance est sûre de venir finalement. Probablement... Ouais. Je suis sûr et certain ! pensai-je.

C’était ce que je m’étais dit alors que je continuais à attendre. Et alors...

... la chance était soudainement venue peu de temps après ça.

☆☆☆

Partie 5

Un matin, quand j’avais comme d’habitude ouvert le magasin...

« Excusez-moi ! Y a-t-il ici des esclaves capables de lire ou d’écrire ? »

« J’ai besoin d’eux d’urgence ! Je vais les acheter pour un bon prix, alors laissez-moi-les avoir ! »

« Moi aussi ! Si vous avez des demandes, laissez-moi-les entendre ! »

... une grande masse de personnes s’était soudainement essaimée à l’intérieur du magasin. Ils étaient tous relativement bien habillés et bien soignés. Beaucoup étaient là à la demande de leurs maîtres, mais d’autres étaient des nobles ou des chevaliers ici pour eux-mêmes achetés. Nous deux, San et moi étions sidérés.

« Euh... En vérité, tous nos esclaves peuvent écrire et faire de l’arithmétique..., » dis-je.

« Vraiment !? »

« S’il vous plaît ! Oh s’il vous plaît ! Permettez-moi de les acheter chez vous ! »

« J’étais ici en premier ! Notre domaine est en difficulté ! »

« C-Calmez-vous, s’il vous plaît ! Qu’elle est exactement la situation ici !? » criai-je.

J’avais demandé à San et aux autres esclaves de préparer suffisamment de thé pour tout le monde, puis j’avais demandé aux clients d’expliquer ce qui se passait.

Il semblait que tout avait commencé quand notre jeune souverain, Sa Majesté le Roi Souma, avait changé sa politique sur la façon dont les nobles et les chevaliers devaient être évalués. Ses réalisations dans le temps depuis que l’ancien roi avait abdiqué avaient été exemplaires. Il avait renversé les trois ducs qui s’opposaient à lui, vaincu la Principauté d’Amidonia qui nous avait attaqués, et l’autre jour les avait annexés. À ce stade, sa position au pouvoir était sécurisée.

Il semblait que le roi avait soudainement dit. « À partir de maintenant, je vais ajouter la capacité à gérer votre domaine à la liste des facteurs pris en compte lors de la décision des promotions et des rétrogradations pour la noblesse et les chevaliers. Alors bonne chance avec ça. » (Bien que je doute qu’il l’ait dit si franchement.)

Ceux qui paniquaient étaient les nobles et les chevaliers qui n’avaient pas beaucoup réfléchi à leurs propres terres, laissant la décision à des magistrats. Les nobles bureaucratiques qui étaient venus travailler dans la ville avaient vu dans le fait de participer aux affaires de l’État leur chemin vers l’avancement, tandis que les chevaliers avaient cru que se distinguer sur les champs de bataille conduirait à des promotions. C’est pourquoi, maintenant qu’ils allaient être tenus responsables de la gestion de leurs propres domaines, ils avaient hâtivement commencé à chercher des magistrats talentueux et des personnes pour travailler à leur service.

Les seules choses requises d’un bureaucrate rural étaient la capacité de lire et d’écrire et la capacité de faire de l’arithmétique, mais peu de personnes dans ce pays possédait les deux compétences. Les deux exigeaient d’être enseignés, et ceux qui avaient été instruits (ou plutôt ceux qui avaient eu besoin d’être instruits) étaient concentrés au sommet de la structure sociale. Les commerçants pourraient probablement le faire aussi, mais ils avaient leurs propres entreprises, il ne serait donc pas possible de les embaucher sans payer une compensation équivalente à leurs profits. En d’autres termes, il y avait un nombre vraiment limité de personnes désireuses de devenir des bureaucrates dans les zones rurales.

Ceux qui avaient un faible statut social, mais qui avaient travaillé dur pour étudier par eux-mêmes parce qu’ils croyaient que ce serait certainement utile un jour, avaient été les premiers à être recrutés. Cependant, ces personnes-là avaient toutes été embauchées par les nobles et les chevaliers capables d’offrir les conditions les plus favorables. Ceux en difficulté étaient les nobles et les chevaliers les moins bien classés.

Ils voulaient du personnel, mais ils ne pouvaient pas offrir des conditions suffisantes pour les attirer. Ils s'accrochaient à leur dernier espoir : les esclaves.

En y pensant, les esclaves viennent de tous les horizons de la vie, pensais-je. Les esclaves qui peuvent écrire et faire de l’arithmétique coûtent plus cher, mais certains ont déjà été vendus.

Il semblerait que les nobles qui avaient cette pensée se précipitaient vers les marchands d’esclaves. Les esclaves qui pouvaient écrire et faire de l’arithmétique chez les principaux marchands d’esclaves s’étaient immédiatement vendus, et maintenant ils se rendaient chez les marchands d’esclaves de moyenne à petite taille. Voilà comment ils en étaient venus à notre boutique.

« D’accord... Je comprends la situation, » dis-je. « J’ai un certain nombre de conditions à prendre en compte, alors je vais organiser des interviews. »

Et ainsi, j’avais discuté avec chacun des acheteurs potentiels un par un.

Plutôt que de me concentrer sur le prix d’achat, je m’inquiétais de la façon dont les esclaves seraient traités après ça. Il y en a eu beaucoup qui avaient dit : « Je veux les employer comme bureaucrates, alors je suis prêt à les libérer de l’esclavage ». Ces personnes avaient été préférées quant à ceux à qui je vendrais des esclaves. Je n’en avais pas vendu chez ceux où je voyais clairement qu’ils avaient des intentions malveillantes et j’avais décidé de garder autant que possible ceux qui étaient proches.

Pour la mère avec l’enfant...

« Je vais la libérer de l’esclavage ! L’enfant peut aussi venir ! Alors, s’il vous plaît, je vous en supplie, qu’elle vienne dans mon domaine ! »

... Il s’agissait d’une femme chevalière qui m’avait supplié, en pleurant à moitié. Alors je lui avais permis de les acheter. Elle était apparemment devenue chevalière parce qu’elle avait admiré la brave princesse Liscia, mais ses capacités étaient complètement biaisées par le côté martial des choses, et elle ne savait pas comment gérer son domaine. C’était pourquoi elle était désespérément pressée de trouver de l’aide. Elle semblait être une bonne personne, et je m’étais dit qu’elles iraient bien avec elle.

Les esclaves continuaient d’être vendus les uns après les autres comme ça, mais... ceux qui m’avaient vraiment surpris étaient ces deux sœurs esclaves.

Il semblait qu’un jeune noble était tellement amoureux d’elles, qu’il les libérerait non seulement, mais voulait aussi les prendre pour femmes. De plus, ce noble était apparemment issu d’une famille assez importante.

« N’étiez-vous pas ici pour chercher des magistrats et des bureaucrates potentiels ? » demandai-je.

« Bien sûr, c’était mon intention initiale, mais j’ai été frappé par leur beauté et leur intellect, » déclara le noble. « Ma maison est actuellement dans une situation où il est préférable de ne pas créer de liens de sang avec d’autres maisons. Je suis sûr que cela rassurerait Sa Majesté si je devais prendre une femme de naissance commune. D’ailleurs, quand je pense au poste qui m’attend, je ne peux pas vraiment dire que je verrais des filles de toute autre maison qui voudrait bien m’épouser. »

Le nom de ce noble était Piltory Saracen. Il était apparemment le jeune chef d’une lignée assez importante dans ce pays, la Maison des Saracen. Il était passionné, et semblait être tout à fait un jeune homme affable.

Pourquoi un homme de sa grandeur veut-il des esclaves ? Me demandai-je. Probablement, sa situation et son poste avaient quelque chose à voir avec ça.

« Euh ! Je ne peux pas vous laisser les emmèner, car cela me semble trop dangereux..., » commençai-je.

« Je peux vous assurer que je dois simplement quitter le pays pour une courte période, » avait-il déclaré. « Si elles veulent bien être mes femmes, je jure que je les défendrai jusqu’à ma mort. Permettez-moi de vous promettre, ici et maintenant, qu’elles ne périront jamais avant moi ! »

« E-Euh... Pour l’instant, écoutons ce que ces deux-là ont à dire à ce sujet, » dis-je.

Je m’étais retrouvé submergé par sa passion et j’avais permis à Sire Piltory de rencontrer les sœurs. Il s’était avéré que les sœurs étaient également très friandes du jeune homme. Il était beau, affable et riche, ce qui faisait de lui une véritable prise, mais il semblait que la principale chose était que toutes les deux puissent rester ensemble. Elles craignaient un peu en raison du poste de Sire Piltory qui était envoyé dans un pays étranger, l’Empire Gran Chaos, mais elles décidèrent quand même de partir avec lui.

Eh bien, je peux dire qu’il est vraiment un bon gars, donc si les deux sont d’accord avec ça, je pense que je le suis aussi, pensai-je.

***

Après cela, même si je maintenais des conditions sérieuses dans le traitement des esclaves souhaité, les acheteurs venaient tous les jours, et quelques jours plus tard, la seule esclave qui me restait était San.

La raison pour laquelle San était encore là avec moi était parce qu’elle m’aidait. Cela aurait été trop dur pour moi de gérer toutes ces personnes par moi-même, et donc, San m’avait énormément aidé.

Bien sûr, avec sa beauté et sa silhouette galbée, il y avait eu beaucoup d’acheteurs qui voulaient l’acheter dans des conditions aussi bonnes que celles des sœurs Anzu et Shiho.

Cependant, San elle-même avait dit : « Maître Ginger, je resterai à vos côtés pour vous aider jusqu’à ce que tous les autres aient été achetés. » J’avais donc accepté avec joie sa grande générosité.

Nous étions dans le magasin juste avant l’ouverture. Alors que j’étais assis au comptoir, j’avais regardé San qui était à côté de moi et qui m’offrait du thé.

« San, tu..., » commençai-je.

« Qu’est-ce qu’il y a, Maître Ginger ? » demanda-t-elle.

« Euh... Eh bien... ce n’est rien..., » balbutiai-je.

« Hm ? »

San avait travaillé dur pour les esclaves, et pour moi. Ce n’était pas comme si je n’avais pas ressenti quelque chose quand je l’avais vue faire ça.

Heureusement, tout le monde avait été acheté, et grâce aux nobles, j’avais pour le moment une marge de manœuvre financière. Si je venais à libérer San de l’esclavage, nous pourrions commencer ensemble une nouvelle entreprise. J’avais commencé à m’interroger sur les possibilités qui m’étaient offertes.

Mais... Je suis sûr que quelqu’un de mieux viendra pour San, pensais-je. Il n’y a aucune garantie que ma nouvelle entreprise allait réussir, et peut-être que San serait aussi plus heureuse avec un autre.

Alors que je pensais à ça, la porte sur laquelle j’étais sûr d’avoir un panneau « Fermé » s’ouvrit.

Au moment où j’avais levé les yeux, me demandant ce que cela pouvait être, il y avait un seul jeune homme là-bas.

« J’ai une requête, » dit le jeune homme. « Pourrais-je vous demander de me vendre cette esclave ? »

Le jeune homme était habillé comme un voyageur d’un autre pays. Il portait un chapeau de paille conique bas sur son front, ainsi qu’un manteau de voyage. La façon dont il était habillé... Il venait peut-être de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes ?

« Euh, nous ne sommes pas encore ouverts aux affaires..., » dis-je.

« Je m’excuse, » déclara le jeune homme. « J’ai été charmé quand j’ai vu cette fille raton laveur, et je ne pouvais tout simplement pas m’empêcher de venir vous demander ça. Y a-t-il un moyen de me vendre cette esclave ? Bien sûr, j’ai l’intention de payer bien plus que ce qu’elle vaut. Une fois que je l’aurai achetée, je la libérerai également. »

« Combien paieriez-vous exactement ? » demanda San.

« San ?! » m’exclamai-je.

Alors que j’étais encore surpris que San essaye d’elle-même de faire avancer les choses, elle m’avait fait un sourire.

« Maître Ginger, vous avez bien agi pour tous les autres esclaves. Je suis la seule qui reste, » dit-elle. « Et donc, comme un dernier service, je vais me vendre à un prix élevé, et vous donner l’argent supplémentaire. S’il vous plaît, utilisez-le pour démarrer votre nouvelle entreprise. »

« Qu’est-ce que tu dis ?! » m’exclamai-je.

Est-ce que San avait pensé à ça tout le temps ?

Le jeune homme étranger laissa tomber un petit sac de pièces de monnaie sur la table. « Dans ce sac, il y a dix grandes pièces d’or et cinquante pièces d’or. Ce prix sera-t-il acceptable ? »

Dix grandes pièces d’or et cinquante pièces d’or étaient... 1 000 000 pièces ?! L’esclave moyen était vendu pour 10 000 pièces à 20 000 pièces. Pouvait-il vraiment lâcher ce genre de somme d’argent pour ça ?!

Ce jeune homme... il y a quelque chose d’étrange chez lui... Il agissait comme la plupart des hommes riches, utilisant la puissance de leur argent pour se frayer un chemin, mais je n’avais pas le même sentiment désagréable de la part du jeune homme devant moi. Contrairement à Sire Piltory, qui avait pris les deux sœurs, on n’avait pas l’impression qu’il était amoureux de San. Si je devais dire quelque chose... J’avais l’impression que son attention était concentrée sur moi. Comme s’il regardait pour voir ce que je ferais quand on me présenterait une grosse somme d’argent...

Pendant que je le surveillais avec précaution, San baissa la tête face au jeune homme.

« C’est assez. S’il vous plaît, prenez-moi, » déclara San.

« Je te l’ai dit, ne décide pas pour toi ! » Je me levai et me plaçai entre eux, ramassant le sac de pièces de monnaie et le repoussant vers l’homme. « Je suis terriblement désolé, mais elle n’est pas à vendre. Comme je vais commencer ma nouvelle entreprise, je veux qu’elle travaille là-bas pour moi. »

« Maître Ginger... » Les yeux de San étaient élargis par la surprise.

Il s’agissait de... mon égoïsme.

« Je suis désolé, San, » dis-je. « Il vaudrait peut-être mieux que tu sois acheté par cette personne. Il a clairement des moyens financiers considérables et je ne peux pas garantir que mon entreprise réussira. »

Mais, je ne pouvais pas le faire. Quand San était... sur le point d’être volée loin de moi, je l’avais finalement réalisé. Je parlais du fait que je ne voulais pas la perdre, peu importe la raison.

« Mais, par mon égoïsme, je ne veux pas te laisser partir, » dis-je.

« Maître Ginger... J’ai agi présomptueusement..., » San avait commencé à pleurer alors qu’elle avait dit cela. Puis elle s’était approchée de moi et avait baissé la tête. « S’il vous plaît... Laissez-moi rester à vos côtés, Maître Ginger... »

« Bien sûr que je le veux, » dis-je tout en enlaçant San avec douceur.

Après avoir fait cela pendant un petit moment, je m’étais rappelé que nous ignorions complètement le jeune client étranger. Quand je l’avais regardé, le jeune homme avait un sourire gêné et forcé présent sur son visage.

J’avais alors lâché San avant de m’incliner devant le jeune homme. « Je-je suis désolé ! »

« Non, euh... J’avais aussi tort, » dit-il. « Je voulais juste vous tester, mais je ne m’attendais pas à ce que vous commenciez soudain à avouer votre amour l’un pour l’autre... Euh... félicitations. »

« M-Merci beaucoup..., » murmurai-je.

C-Comme c’était embarrassant. Le fait de me souvenir en ce moment de toute cette séquence d’événements avait fait que mon visage avait l’impression d’être en feu.

... Attendez, hein ? Me tester ? Est-ce que ce type a dit qu’il me testait ?

De derrière le jeune homme, une adorable fille en robe à capuchon qui avait coiffé ses cheveux sous forme de couettes entra dans la boutique. Cette fille était venue à côté du jeune homme avec un sourire empli de joie sur son visage.

« Tu vois !? C’est un marchand d’esclaves intéressant, comme l’a dit Sébastien, Hmm ? » déclara la jeune fille.

« Vous pouvez vraiment le dire, » dit le jeune homme. « Je doute qu’il y en ait un autre comme lui dans ce monde. Je suppose, comme le dit le proverbe, qu’il fait toujours plus sombre sous le réverbère. Qui aurait cru qu’il y avait encore une personne talentueuse cachée dans la capitale royale ? C’est pourquoi je ne me lasserai jamais de chasser des têtes. »

À ce moment-là, le jeune homme avait enlevé son chapeau. Ce visage... Je l’avais vu sur les émissions produites par le Joyau de Diffusion de la Voix !

« V-Votre Majesté ?! » avais-je glapi.

Sa Majesté, le Roi Souma Kazuya, se tenait là.

De plus, la fille qui se tenait à côté de lui était la princesse Roroa de l’ancienne Principauté d’Amidonia, dont les fiançailles avec le Roi Souma avaient été annoncées lors d’une récente émission du Joyau de Diffusion de la Voix ! San et moi, nous nous étions hâtés de nous incliner devant eux, mais Sa Majesté avait dit : « Ah ! Actuellement, je suis ici en secret, donc rien de tout cela ne doit être fait, » et il nous avait arrêtés.

« Hum... Sire... Qu’est-ce que vous faites ici ? » demandai-je, la tête encore pleine de confusion.

Souma sourit. « J’ai entendu de bonnes choses à votre sujet. Comme le fait que vous ayez enseigné aux esclaves comment écrire et faire de l’arithmétique, et arrangé pour qu’ils soient achetés dans des endroits qui les traiteraient bien. À partir de maintenant, les marchands d’esclaves autour de la capitale commenceront à vous imiter et à éduquer leurs esclaves. Il semble que le traitement reçu par les esclaves s’est également amélioré. »

« J-Je vois, » dis-je.

« D’après ce que je vois, vous ne réalisez pas votre incroyable accomplissement, » avait-il poursuivi. « Eh bien ! Peut-être que vous avez réussi à le faire précisément parce que vous êtes si humble. »

Le Roi Souma hocha la tête, semblant satisfait de cette explication.

« Ginger. Vous avez essayé d’améliorer le traitement de ceux qui sont dans la position la plus basse de la société en leur donnant un emploi, » continua le Roi. « En conséquence, ces esclaves ne sont plus esclaves. C’est quelque chose que les gens au sommet, comme Madame Maria et moi, n’auraient pas pu accomplir aussi facilement, même si nous le voulions. Est-ce que vous le saviez ? Pourtant, ici, sur le terrain, vous avez réussi. »

« Non... Je voulais juste..., » dis-je. « J’ai simplement essayé désespérément de protéger ceux qui étaient devant moi, même si c’était tout ce que je pouvais faire... »

« J’ai toujours cherché des gens capables de faire des choses comme ça, » Sa Majesté avait alors posé ses mains sur le comptoir. « J’ai l’intention de nationaliser le commerce des esclaves dans ce pays. Les marchands d’esclaves deviendront des fonctionnaires, et ils subiront des tests appropriés. Car après tout, cela les rendra plus faciles à contrôler. En plus de cela, pour nous assurer que les esclaves ne soient pas seulement utilisés comme travailleur manuel jusqu’à ce qu’ils les cassent et qu’ils soient ensuite jetés, nous mettrons également en place des installations pour les former à l’emploi. Dans le même temps, j’ai également l’intention de créer un service intermédiaire pour aider les personnes à trouver un emploi afin qu’ils ne soient pas forcés d’être réduits en esclavage. »

« C’est..., » balbutiai-je.

« Tout à fait, » dit-il. « C’est exactement la même chose que ce que vous avez fait. C’est ce que le pays va faire. »

C’est incroyable ! Faire cela va sûrement sauver des personnes comme San ! pensai-je.

Pendant que je pensais cela, Souma m’avait tendu la main. « Et je veux vous embaucher en tant que premier responsable du centre de formation professionnelle. »

« M-Moi !? » criai-je.

« Vous avez eu l’idée et vous l’avez mise en place par vous-même », avait-il déclaré. « Je pense que vous êtes la meilleure personne pour ce travail. Vous pouvez prendre l’argent que je vous ai montré plus tôt afin de vous aider aux préparatifs. Pourquoi n’utilisez-vous pas cet argent pour la libérer et commencer à travailler ensemble ? »

J’avais regardé San.

San hocha la tête avec un sourire, puis prononça ces mots : « “Chaque accalmie prend fin et les marées peuvent soudainement changer.” »

... Oui. C’est vrai, San, grand-père. C’est cette opportunité, pensai-je.

Je fis un signe de tête à San, puis pris la main que Souma m’avait offerte.

« Je vais le faire ! S’il vous plaît, laissez-moi cette charge ! » dis-je.

« Merci. Je suis impatient de voir vos compétences en action, » déclara-t-il.

Nous avions échangé une poignée de main ferme. Le contrat avait été scellé.

Grand-père, je vais maintenant servir le roi. Tu n’as plus à t’inquiéter pour moi, d’accord ? pensai-je.

Alors que je fermais les yeux et en rapportais cela à mon grand-père, qui était sûrement allé au paradis, Madame Roroa avait dit : « On dirait que tout a maintenant été réglé » et elle s’était enroulée autour du bras de Souma. « Bien, finissons en là pour le travail d’aujourd’hui. Pour l’instant, je pense qu’il est temps que nous ayons notre rendez-vous, n’est-ce pas ? Ai-je raison, grande sœur Ai ? »

Quand Madame Roroa avait appelé en direction de la porte, une femme elfe sombre puissante et belle était venue à l’intérieur de la boutique. Cette personne n’était-elle pas la deuxième candidate à devenir la reine du roi Souma, Madame Aisha !? Je m’étais souvenu de l’avoir vue accueillir le programme de musique aux côtés du roi Souma avant aujourd’hui !

Madame Aisha semblait un peu embarrassée, mais elle s’enroula également autour du bras qui n’avait pas été pris par Madame Roroa. « Po-Pourquoi pas. Nous devrions le faire maintenant. »

« Euh, vous deux ? Pourriez-vous ne pas le faire en public..., » dit le roi.

« « Non ! » »

« ... Oh, d’accord, » dit-il.

Après qu’elles aient toutes deux crié leur refus, Souma avait affaissé ses épaules avec résignation.

À première vue, il avait l’air d’être heureux avec une belle fleur dans chaque main, mais on pouvait voir qu’il était clairement anxieux. Il pourrait être le roi capable qui avait détruit la Principauté d’Amidonia, mais il était faible quand il s’agissait de femmes qui étaient les autres personnes importantes dans sa vie.

« Peut-être devrais-je aussi faire attention..., » murmurai-je.

« Avez-vous dit quelque chose, Maître Ginger ? » Peut-être en imitant ces deux-là, San s’était enroulée autour de mon bras avec un sourire.

Ce sourire m’avait laissé me sentir comblé, et il n’y avait rien que je puisse dire face à ça.

— Il semblait que le fait de ne pas correspondre à la femme que vous aimez était quelque chose qui affectait aussi bien un roi qu’un roturier.

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