Chapitre 2 : Réunion à un Coin de Rue de Van
Partie 1
— dans les derniers jours du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — Capitale Princière, Van
Un peu plus de trois semaines s’étaient écoulées depuis que l’armée du Royaume d’Elfrieden était venue occuper Van, la capitale de la Principauté d’Amidonia.
Les habitants de Van avaient regardé durement leurs conquérants quand ils étaient arrivés. Cependant, avec Souma qui surveillait de près ses soldats, l’ordre public s’était amélioré et avec les boulettes de racine de lys qui avaient été distribuées, les habitants ne risquaient plus de mourir de faim. Leur méfiance à l’égard des soldats s’estompait progressivement. Le fait que les nobles et les chevaliers qui auraient normalement travaillé afin de fomenter une rébellion avaient tous fui la ville avait probablement également contribué à ça.
Un air de calme commençait à s’installer dans la ville.
Cependant, cela étant dit... alors que cela aurait été bien si c’était purement calme, il semblerait que le programme de musique que Souma diffusait avait fait que les habitants de Van brûlaient désormais d’une passion pour les arts. À chaque coin de rue, il y avait des ménestrels, des musiciens de rue et des artistes de rue de toutes sortes qui exerçaient leurs métiers.
Et pour couronner le tout, il y avait ceux qui voulaient repeindre leurs maisons afin de les rendre plus colorées, et même ceux qui voulaient faire des peintures murales affichant les beaux visages de Juna et des Loreleis, de Chris, la présentatrice, et d’Aisha, qui était connue pour son rôle lors de l’émission. Ces choses-là commençaient à devenir incontrôlables.
Qui aurait cru qu’elle avait été la capitale d’un État militariste il y a seulement un mois ?
Souma avait appelé cette période de Van la Renaissance Amidonienne.
Les changements soudains étaient toujours chargés de confusion, et à Van il y avait des conflits quotidiens sur les meilleurs endroits pour organiser des spectacles de rue. Les troupes de l’Armée Interdite qui avaient été laissées afin d’occuper la ville avaient été envoyées afin d’effectuer une médiation, et les soldats de l’Armée de Terre et de l’Armée de l’Air qui campaient à l’extérieur de la ville les avaient regardés avec pitié. Pourtant, de tels désaccords n’avaient jamais conduit à de grosses émeutes, et Van était toujours restée plus ou moins en paix.
Cependant, cette journée avait commencé avec une Aisha qui criait bruyamment. « P-Princesse!! »
« Hein !? » s’exclama Liscia.
Il s’agissait d’un matin, très tôt. Liscia était en train de s’habiller dans la pièce qu’elle utilisait en tant que chambre quand Aisha avait fait irruption sans même frapper à la porte.
C’était si soudain que Liscia se figea de surprise, mais quand elle se souvint qu’elle était en train de s’habiller, elle continua à mettre son uniforme tout en demandant. « Aisha, qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi êtes-vous si troublée ? »
« C-C’est... Sa Majesté... Sa Majesté est, » bredouilla Aisha. Peut-être parce qu’elle était à bout de souffle, elle avait du mal à faire sortir les mots.
« Calmez-vous, » déclara Liscia. « Prenez une profonde inspiration. »
« D’accord, » Aisha prit une profonde inspiration, comme cela lui avait été indiqué. Elle avait déplacé ses bras de haut en bas pendant la période de temps entre chacune de ses respirations haletantes.
Une fois qu’elle était sûre qu’Aisha se fut calmée, Liscia essaya à nouveau de demander. « Alors, que se passe-t-il avec Souma ? »
« C’est vrai, » déclara Aisha. « Comme d’habitude, ce matin, je suis allée au bureau des affaires gouvernementales afin de pouvoir saluer Sa Majesté, mais il n’était pas là. À la place, j’ai trouvé cette note qu’il a laissée sur le bureau. » Aisha avait donné un morceau de papier à Liscia.
Liscia avait alors pris le morceau de papier et l’avait lu. Ça disait, « Je pars en voyage. S’il vous plaît, ne me cherchez pas. Signé, Souma Kazuya. »
Liscia posa une main sur ses tempes et soupira, tandis qu’Aisha recommença à paniquer.
« Q-Que faisons-nous ? Nous devrions tout de suite aller le chercher ! » déclara Aisha.
« Je vous le dis, calmez-vous, » dit Liscia. « Souma prend simplement son jour de congé. »
« Hein !? Un jour de congé ? » Aisha la regarda fixement.
« C’est bien ça, » déclara Liscia tout en faisant un signe de tête. « Il est avec Tomoe. Dernièrement, nous avions l’impression qu’il se rapprochait du point de rupture à cause de sa charge de travail supplémentaire, alors je lui ai suggéré de prendre un peu de repos. Je me suis même arrangée avec Hakuya. Quand je l’ai fait, Souma a dit. “Eh bien ! Dans ce cas, peut-être que je vais juste me prélasser dans une pièce tout en m’occupant à faire des poupées.” Comme cela n’avait pas l’air sain, j’ai donc demandé de l’aide à Tomoe pour qu’elle l’oblige à aller dehors avec elle. »
« Je n’ai rien entendu de tout ça ! » Aisha s’était exclamée. « Je suis la garde du corps de Sa Majesté, vous vous en rendez compte ? Pourquoi ne m’a-t-il pas emmené ? »
Quand elle avait vu Aisha avec des larmes aux yeux, Liscia avait fait un haussement d’épaules. « Vous vous démarquez bien trop des autres. Nous sommes dans un pays essentiellement humain, donc les elfes sombres se démarquent bien trop, et avec votre renommée récemment acquise lors de l’émission, vous ne serez pas vraiment capable de garder profil bas. »
« Vous savez, il n’y a pas si longtemps, il s’agissait d’un territoire ennemi ! » Aisha s’était plainte. « Si quelque chose devait arriver à Sa Majesté et à Tomoe... »
« N’ayez pas peur, » Liscia l’avait alors rassurée. « Ils sont déguisés, et cette fois-ci, Juna et un certain nombre de marines d’élite les surveilleront tout en restant dans l’ombre. »
« Madame Juna les accompagne également ? Eh bien ! Dans ce cas, il devrait être en sécurité..., » Aisha était arrivée si loin dans sa réflexion que le sourire mature de Juna lui traversa l’esprit.
Selon Aisha, Juna était la femme idéale. Magnifique, gracieuse, douce... Elle aurait donné n’importe quoi pour être comme elle. Toutefois... Mis à part cela, quand elle avait imaginé le sourire de Juna, tous les instincts qu’Aisha avait en tant que femme avaient commencé à déclencher des sonnettes d’alarme.
Si je baisse ma garde, elle va s’enfuir avec toutes les meilleures parties, pensa-t-elle.
« Il sera en sécurité... n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.
« ... »
En vérité, Liscia pensait la même chose, alors elle n’avait rien à dire en réponse.
Merci pour le chapitre.
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