Chapitre 1 : Projet Lorelei
Partie 2
La capitale de la principauté, Van, n’avait pas de place avec une fontaine équipée des équipements de visionnement pour le Joyau de Diffusion de la Voix comme celle de la capitale royale Parnam.
Le récepteur était sur la bordure de Van, dans un champ qui était une place seulement de nom.
C’était parce que, dans ce pays, le Joyau de Diffusion de la Voix n’était utilisé qu’une seule fois au début de chaque année quand le Prince annonçait ce message. « Nous ne devons jamais oublier notre ressentiment envers Elfrieden. La reprise de nos terres volées est une priorité nationale, » ou quelque chose comme ça, indiquant la direction générale du pays.
Parce que ceux qui n’avaient pas assisté à l’émission au début de l’année pouvaient être accusés du crime de manquer de respect envers l’État, même s’ils étaient malades, et même s’ils étaient vieux et alités, tout le monde devait voir cette émission même si cela signifiait qu’ils devaient être attachés à une chaise et transportés là.
Et ainsi, aujourd’hui, le jeune roi d’Elfrieden qui avait capturé Van avait dit qu’il utiliserait le Joyau de Diffusion de la Voix.
La plupart des personnes, ayant subi des décennies d’endoctrinement, n’avaient pas une impression favorable vis-à-vis du royaume. Cependant, maintenant, beaucoup de ces mêmes personnes étaient rassemblées sur le terrain afin de regarder la diffusion en cours. Ils avaient probablement cru que s’ils ne regardaient pas, ils seraient accusés d’un crime, comme les années d’obligations leur avaient dicté. Il y en avait même qui essayaient de porter leurs malades, mais les gardes leur disaient : « Ne vous forcez pas autant, », ils avaient été renvoyés chez eux.
Dans la lumière du soir, avec le soleil bas à l’horizon, la population rassemblée de Van affichait des expressions à moitié remplies d’appréhension et à moitié remplies d’indignation. Parce que ceux de la chevalerie et de la noblesse s’étaient tous retirés de Van, seule la populace, qui n’avait nulle part où aller était resté ici.
Ici et là, dans la foule, on entendait des personnes qui se chuchotaient des choses à propos de leurs inquiétudes pour ce qui allait arriver.
« Maudit Roi d’Elfrieden. Qu’a-t-il l’intention de faire en nous faisant tous nous rassembler ici ? »
« Je l’ai aperçu quand il entrait dans le château, mais il n’avait pas l’air très fort... »
« Ne soyez pas trompés par les apparences. C’est l’homme qui a fait danser le prince Gaius dans la paume de sa main. »
« Il va utiliser le Joyau de Diffusion de la Voix, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’il veut nous dire ? »
Sans informations correctes, leurs spéculations avaient pris des virages de plus en plus sauvages.
« Non... Ne me dites pas qu’il a l’intention de conquérir tout Amidonia. Et que donc, tous les hommes seront enrôlés et envoyés sur les lignes de front. »
« Impossible ! Sans moi ici en tant que soutien de famille, que fera ma famille ? »
« Nous sommes un peuple occupé. Nous ne pouvons pas être surpris si c’est ce qui arrive. »
« Non, ce n’est même pas la pire chose qui puisse arriver. Il pourrait exiger que nous donnions nos femmes et nos enfants comme esclaves. Ou peut-être qu’il veut que nous lui remettions chaque belle femme se trouvant dans notre pays. »
« J’ai après tout entendu dire que les personnes puissantes ont tendance à avoir de fortes envies telles que celle-là. »
« Êtes-vous sérieux ? Je devrais cacher ma femme avant de venir ici. »
« Ce n’est pas nécessaire ! Personne ne voudra de ta femme. »
« Qu’avez-vous dit ? ... Ah ! Hé ! Ça commence. »
Soudain, le récepteur au milieu du champ avait commencé à afficher une image.
Les personnes pensaient qu’ils verraient l’image en uniforme de ce jeune roi, mais contrairement à leurs attentes, ils avaient alors vu une belle femme avec des cheveux brun foncé et des traits elfiques assise sur une chaise. Elle posa ses bras croisés sur la longue table se trouvant devant elle et, pour une raison inconnue, l’émission ne la montrait pas depuis directement en face d’elle, mais depuis un angle se trouvant vers sa gauche. Naturellement, cela signifiait que sa tête était tournée avec un petit angle.
Sa pose, qui ressemblait à celle de la Joconde, avait fait ressortir sa beauté séductrice et avait été particulièrement efficace pour capturer le cœur des hommes de Van.
Il leur semblait comme s’ils étaient assis dans un bar et que cette femme, qui était assise à côté d’eux, s’était tournée vers eux afin de leur parler.
Et maintenant, elle avait commencé à parler. « Bonsoir à tous. Je suis Chris Tachyon. »
***
« Il s’agit des Nouvelles d’Elfrieden. Dans ce programme d’informations, nous vous apporterons les dernières nouvelles d’Elfrieden et des pays voisins. Maintenant, pour notre première histoire... » déclara-t-elle.
Chris avait commencé à lire son script dans le studio d’informations impromptu qui avait été mis en place dans le bureau des affaires gouvernementales du Château de Van. Je l’avais fait s’annoncer comme étant un studio d’informations, mais nous venions seulement de réunir une longue table et une chaise. Pourtant, avec les autres meubles qui étaient déjà en place, cela ressemblait bien à quelque chose comme ça.
Aisha et moi regardions Chris du coin de la pièce où nous ne serions pas captés par le joyau.
Aisha avait tiré sur ma manche. « Hum... Pourquoi Chris est-elle diffusée sous un certain angle ? »
« Hum... C’est pour la beauté stylistique ! » dis-je.
Je m’étais souvenu d’une présentatrice féminine de mon monde qui avait livré les nouvelles dans cette position, alors j’avais essayé de faire de même.
Cependant, pendant la répétition, Chris s’était plainte à moi, en disant, « J’ai l’impression que je vais avoir un torticolis, » et donc cela allait probablement être la première et la dernière fois que nous ferions ce programme sous un tel angle.
Les nouvelles que Chris lisait maintenant étaient un rapport sur les événements de la guerre jusqu’à ce moment-là.
Elle avait expliqué sur un ton neutre que, en tant qu’action punitive contre Gaius VIII et son fils Julius, qui avaient profité de l’instabilité dans le royaume pour l’envahir, le roi Souma d’Elfrieden avait lancé une contre-invasion et que nous avions renversé Gaius VIII.
Aisha pencha la tête sur le côté, en pleine confusion. « N’aurait-il pas été préférable de livrer cette information lors d’un discours effectué par vous, Sire ? Vous auriez peut-être été en mesure de rehausser votre influence dans ce pays, comme vous l’avez fait avec ce programme sur la cueillette d’ingrédients. »
« La situation est différente cette fois-ci, » dis-je. « Nous ne diffusons pas seulement vers les territoires occupés autour de Van, mais nous diffusons aussi vers le reste d’Amidonia. Peu importe ce que dit le roi d’un état ennemi, les habitants de la principauté n’écouteront jamais ses paroles. Il vaut mieux qu’ils l’entendent d’une tierce partie. »
Cependant, quand j’avais discuté du scénario de cette nouvelle avec Hakuya, il avait eu l’idée d’utiliser « Pour chacun d’entre nous, Sa Majesté, notre Cher Roi... » et d’exagérer sur les détails. Mais ça m’aurait fait ressembler à un dictateur de pacotille, alors j’avais rejeté sa proposition.
Et bien ! Dans tous les cas, pendant que nous parlions, Chris continuait à lire les nouvelles avec ces compétences de lecture douces et sa voix plaisante qui était venue avec le sceau d’approbation de Juna. « Les armées du royaume occupent actuellement la capitale de la principauté, Van, mais les hostilités ont, pour le moment, cessé. En ce qui concerne cette situation, Sa Majesté, le roi Souma d’Elfrieden, a publié la déclaration suivante :
“Ceci a été une guerre d’assujettissement contre Gaius VIII, qui a envahi mon pays. Ce n’est pas mon souhait d’étendre les flammes de la guerre ou de nuire aux citoyens de la principauté. Nous fournirons un soutien aux personnes vivant dans la région autour de Van pour leur permettre de continuer normalement leur vie. En outre, comme Van a été annexé en tant que territoire du royaume, je promets que les mêmes dépenses d’aide alimentaire et d’infrastructure seront effectuées ici.” »
Elle prit quelques secondes avant de continuer à parler. « En accord avec ce décret, le ministre de l’Agriculture et des Forêts, M. Poncho Ishizuka Panacotta, va faire distribuer des denrées alimentaires à Van à partir de demain. Il demande que tout le monde à Van invite sa famille et ses voisins à venir avec eux. »
***
« Comment osent-ils faire cela ? » Dans une ville proche de Van, le prince héritier d’Amidonia, Julius Amidonia, avait crié avec colère.
Tout en ayant échappé à la bataille précédente, Julius était dans une ville près de Van, attendant avec les restes des forces de la principauté que les armées de l’Empire Gran Chaos arrivent. Julius avait brisé le récepteur avec une frappe de son épée, puis avait immédiatement donné un ordre à ses subordonnés. « Envoyez des messages à chaque ville avec l’ordre de ne pas regarder cette ridicule émission. »
« « « Oui, Sire ! » » »
Ses subordonnés avaient alors tous couru afin d’envoyer les messagers qui transmettront ce message. Une fois qu’il vit qu’ils étaient tous partis, Julius se retourna vers Van. Il espère gagner non seulement les personnes de Van, mais de tous les Amidoniens, avec ses mots mielleux, n’est-ce pas ? Je ne dois pas le laisser faire !
Julius raffermit sa résolution.
Pourtant, même s’il avait envoyé des messagers, ce n’était pas comme s’ils pouvaient atteindre chaque ville instantanément. En outre, avec sa défaite au cours de la bataille, Julius avait perdu une grande partie de son influence et donc ses ordres n’avaient été exécutés que dans la ville où il était actuellement et celles qui en étaient très proches.
En d’autres termes, la plupart des villes d’Amidonia regardaient la diffusion de Souma.
Les réactions des citoyens amidoniens qui l’avaient vu pourraient être divisées en deux catégories.
En premier, il y avait les habitants de Van qui étaient soulagés d’entendre qu’ils ne seraient pas enrôlés et envoyés pour se battre sur les lignes de front, et qu’il ne leur serait pas exigé de remettre leurs biens, leurs épouses ou leurs filles.
Dans les villes et les villages agricoles à l’extérieur de Van, ce qui attira l’attention du peuple n’était pas la mort de Gaius VIII, ou la juste cause de Souma, mais le fait que les régions devenues un territoire du Royaume d’Elfrieden recevraient le même soutien que les villes du Royaume.
Bien sûr, les habitants d’Amidonia avaient à peine cru ces mots. Après tout, il s’agissait des paroles d’un roi ennemi. Tout le monde pensait qu’il essayait simplement d’acheter leur loyauté.
... Cependant, il était également vrai que les mots de Souma s’étaient profondément enracinés dans le cœur du peuple amidonien, qui luttait actuellement à travers une crise alimentaire encore plus profonde que celle du royaume. Plus leur situation actuelle était difficile, et plus ces mots s’enracinaient profondément en eux.
***
« ... Et donc, à l’heure actuelle, le remède dans notre pays est... » dit Chris.
Cela faisait environ dix minutes depuis le début du programme d’informations de Chris.
La section qu’elle lisait maintenant était la dernière information à diffuser aujourd’hui. Une fois ce programme d’informations terminé, le programme de musique commencerait enfin.
Alors qu’elle se tenait à mes côtés, visiblement anxieuse, Aisha me saisit alors le bras. Aujourd’hui, Aisha n’était pas vêtue de son armure légère habituelle. Je portais moi-même un smoking.
Aisha se tourna vers moi avec un regard comme celui d’un chiot abandonné. « Q-Qu’est-ce que je dois faire, Sire ? Je ne peux pas m’arrêter de trembler. »
« Commencez par vous calmer, d’accord ? » dis-je. « Il s’agit après tout de votre deuxième fois dans une émission, n’est-ce pas ? »
« La dernière fois, tout allait bien parce que je devais manger..., » répondit-elle.
Il avait été décidé que je serais l’hôte du programme de musique avec Aisha en tant qu’assistante.
Bien sûr, je n’avais pas prévu d’être l’animateur d’un programme de musique, mais Poncho, sur qui j’avais l’intention de placer le travail, était occupé à distribuer de la nourriture, et Hakuya avait refusé parce que cela ne lui convenait pas.
C’était aussi ma deuxième fois, donc si ma partenaire Aisha devenait pétrifiée par le trac, c’était un problème.
« D’où vient la bravoure que vous montrez sur le champ de bataille ? » demandai-je.
Après que j’eus dit ça d’un ton exaspéré, Aisha avait alors gémi pathétiquement et ses épaules s’affaissaient. « Je suis convaincue que personne n’est de taille face à moi dans les arts martiaux. Cependant, lors d’un événement tape-à-l’œil comme celui-ci, je n’ai pas une telle confiance. Vous savez, il y a beaucoup de personnes qui sont plus jolies que moi. La princesse et Madame Juna sont à la fois svelte et avec la peau claire, tout comme de jolies jeunes filles. Alors que de mon côté, ma peau est sombre et j’ai des muscles qui sont clairement visibles et en plus... »
« Vraiment ? » demandai-je. « Je pense que vous avez une belle apparence pleine de santé. »
Même si elle avait du muscle, ceci n’était pas aussi apparent que chez les culturistes. En fait, elle avait un corps si bien fait que je devais me demander comment elle avait réussi à frapper avec cette épée géante avec si peu de muscle. Et pour couronner le tout, elle était assez grande pour être mannequin, et, même s’il était difficile de dire quand elle portait des armures, sa silhouette au-dessus de la moyenne était assez bonne pour que Liscia soit la plus susceptible d’être jalouse.
« Exact, » dis-je. « Vous êtes jolie, Aisha. »
« L-Le suis-je vraiment !? » répondit-elle. Le compliment avait rendu Aisha extatique.
Cependant, elle était rapidement revenue à ses sens. « M-Mais, franchement. Madame Juna ou la princesse ferait une meilleure hôte. »
« Juna est l’une des chanteuses, donc elle devrait courir partout si on la faisait être l’hôte, » dis-je. « Quant à faire de Liscia mon assistante... Je pensais qu’il serait préférable de ne pas le faire cette fois-ci. »
« Hm !? Pourquoi cette fois-ci ? » demanda-t-elle.
« Ho ! Il y a une petite chose qui m’inquiète maintenant que j’ai fini par être l’hôte, » dis-je. « Tout en étant d’une honnêteté un peu brutale, je vous ai choisie, non pas parce que je pense que vous seriez une bonne assistante, mais plus parce que je compte sur vos compétences de garde du corps. Si quelque chose arrive, vous serez capable de me protéger si vous êtes à mes côtés, n’est-ce pas ? »
« Bien sûr que je le pourrais, mais... hein !? Est-ce que quelque chose de dangereux va se produire !? » demanda-t-elle.
Aisha semblait inquiète, alors j’ai mis une main sur son front et j’avais ri.
« Tout ira bien, selon toute vraisemblance, » dis-je. « Mais, aussi pathétique que cela soit de devoir le demander en tant qu’homme, me protégeriez-vous si quelque chose arrivait ? »
« Votre Majesté... Certainement ! Même si cela devrait me coûter la vie, je vais, mmmph... » déclara-t-elle d’une voix forte.
J’avais rapidement mis ma main sur la bouche d’Aisha. « Vous êtes trop bruyante. Nous diffusons maintenant. »
« mmmph... J-Je suis désolée, » répondit-elle.
... À des moments comme ça, elle aurait vraiment pu être une elfe sombre décevante, pensai-je.
« ... est-ce qu’ils ont dit! Ce sera tout pour les Nouvelles d’Elfrieden. Maintenant, après cette émission, nous allons diffuser la première diffusion d’une émission de divertissement d’Elfrieden. Si vous n’avez aucun engagement préalable ou si vous n’êtes pas pressé, j’espère que vous continuerez à regarder cette émission. »
Wôw, on dirait que le programme de Chris est fini, pensai-je. D’accord, maintenant c’est notre tour.
La pièce pour l’émission de musique n’était pas cette pièce. Il s’agissait d’un atrium qui avait probablement été utilisé afin d’y tenir des bals. Nous avions aligné des tables là-bas, faisant également venir des soldats pour les faire s’asseoir et les faire écouter les chansons, dans le style du Concourt du Programme Câblé Japonais. En effet, avoir un public faisait une énorme différence au niveau de l’excitation.
J’avais alors pris mon assistante par la main. « Venez. Nous y allons, Aisha. »
« Sire, je vous suivrais partout où vous irez, » me répondit-elle.
Merci pour le chapitre.
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