Chapitre 1 : Projet Lorelei
Table des matières
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Chapitre 1 : Projet Lorelei
Partie 1
— 5e jour du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — Capitale Princière, Van
Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis l’ouverture des hostilités avec la Principauté d’Amidonia.
Dans la salle de guerre du château de Van actuellement occupé, cinq personnes s’étaient réunies. Il s’agissait de Liscia, du capitaine de la Garde Royale Ludwin, du Général temporaire de l’Armée de Terre Glaive, du Premier ministre Hakuya, qui était revenu après avoir terminé son travail dans la Cité du Dragon Rouge, et de moi. Nous étions debout autour d’une table avec une grande carte de la zone étalée sur le dessus.
Quand vous regardiez sur la carte, vous pouviez voir que nous n’avions occupé que la capitale, Van, et une petite zone autour d’elle, déplaçant la frontière seulement sur une petite zone vers le nord-ouest. Tout ce qui était au-delà était encore le territoire Amidonien.
J’avais alors demandé à Ludwin, « Y a-t-il un signe de contre-attaque du côté amidonien ? »
« Non, ils ne font aucun mouvement visible, » Ludwin avait disposé plusieurs petits pions entourant Van afin de représenter les villes de la principauté. Il indiquait comment les forces de la principauté étaient actuellement déployées. « Comme vous pouvez le voir, ils se sont concentrés entièrement sur le durcissement de leurs défenses dans les villes autour de Van. Très probablement qu’ils sont sérieusement épuisés en raison de la bataille de l’autre jour. Ils ont renoncé à reprendre eux-mêmes la ville, et... »
« Ils attendent l’arrivée de l’Armée Impériale, n’est-ce pas ? » J’avais complété sa phrase.
L’Empire Gran Chaos. Il s’agissait du plus grand royaume de ce continent, à l’exception du Domaine du Seigneur-Démon. Nous nous attendions à ce qu’ils interviennent dans le conflit en tant que médiateur, en raison de la demande d’Amidonia.
J’avais alors demandé à Hakuya, « En tant que référence, quelle est la différence de force entre notre royaume et l’Empire ? »
« L’Empire nous est supérieur en termes de pouvoir national, de population, de troupes, de technologie et de richesse, » répondit-il. « Si vous demandiez seulement vis-vis du nombre de troupes, nous sommes en infériorité numérique à cinq contre un. Si vous prenez en compte l’équipement et d’autres choses qui ont un effet sur notre potentiel de guerre, leur avantage est encore doublé. »
« Plus de dix fois plus de puissance que nous, Hmm. En ce moment, nous ne leur correspondons pas, » dis-je.
Si nous voulions faire face à l’Empire à égalité, nous devions être plus forts. Nous avions pu nous débrouiller avec les choses que nous avions déjà faites jusqu’à maintenant, mais à partir de maintenant, nous devions créer de nouvelles choses.
« C’est regrettable, » déclara Glaive. Sa voix était pleine de regret et ses épaules se baissèrent alors qu’il disait ça. « Dans la situation actuelle, nous aurions pu saisir le reste d’Amidonia. »
Cependant, je me sentais différemment vis-à-vis de ça.
« Oui ? Mais nous ne le voulons pas vraiment, » dis-je cela alors que j’étais assis sur une chaise, posant mes coudes sur la table et mes joues sur les paumes de mes mains. « Leurs ressources minérales sont attrayantes, mais le pays est bien trop pauvre. Nous venons de nous sortir d’une crise alimentaire. Bien que cette ville et sa périphérie soient une chose, nous ne pouvons pas nous permettre de nourrir toute la Principauté d’Amidonia. Et si nous ne saisissions que les mines rentables, nous les inciterions à nous détester encore plus. »
« Quand vous le présentez ainsi, » déclara Glaive. « Il n’y a vraiment pas de raison de le faire. »
« Comprenez-vous maintenant ? » demandai-je.
Eh bien, tout serait pareil une fois que l’Empire apparaîtrait. Peu importe à quel point nous avions travaillé et peu importe la quantité de terres que nous aurions pu saisir, quand, l’Empire sera arrivé, nous serions obligées de tout rendre à Amidonia. Et ceci s’appliquait aussi à Van.
« De plus, les Amidoniens sont un peuple qui a la vengeance dans leur cœur, » dis-je. « On dirait qu’ils ont été endoctrinés pendant des générations. Si nous essayons de maintenir l’occupation, je doute que nous puissions établir un règne stable ici. »
« Vous avez sans doute raison, » déclara Liscia. « Avec Van, tout va bien pour l’instant parce que nous avons une force importante de présente ici, mais si vous essayez d’installer un magistrat, je doute que les gens lui obéissent. »
J’avais hoché la tête afin de montrer que j’étais d’accord avec elle. « Tout à fait. Voilà pourquoi je veux apprivoiser leur ressentiment. »
« Vous voulez l’apprivoiser ? » demanda Liscia.
« Tout à fait, » dis-je. « J’ai déjà appelé la personne parfaite pour le travail. »
À ce moment-là, on frappa à la porte de la salle de guerre. Après que j’eus dit. « Veuillez entrer, » la porte s’ouvrit et une beauté aux cheveux bleus entra après avoir effectué un salut protocolaire et un « Pardonnez-moi pour mon intrusion ! »
« Je suis Juna Doma, servant sous les ordres de l’amiral de la marine Excel, » rajouta-t-elle après ça. « Je suis venue ici selon vos ordres. » Puis elle s’était placée devant moi et m’avait salué non pas avec un salut, mais avec une élégante révérence.
Aujourd’hui, elle n’était pas dans la tenue habituelle qu’elle portait en tant que chanteuse du café chantant, la Lorelei, mais dans l’uniforme blanc et digne de la Marine.
« Merci d’être venu, » dis-je. « Je vois que vous êtes aussi magnifique en uniforme. »
« Je suis profondément gênée de vous laisser me voir habillé comme ça, Votre Majesté, » répondit Juna.
« Vous ne devriez pas l'être, » dis-je. « Je pense que vous avez l’air éblouissante ainsi qu’une très belle silhouette comme ça... »
« ... Soumaaaaaa ? » Liscia s’était effondrée, essayant de nous empêcher de plaisanter. « Nous sommes actuellement en réunion. Alors, pourriez-vous mettre de côté le flirt pour plus tard ? »
Liscia avait un sourire sur son visage, mais les mots avaient une intensité étrange derrière eux. Elle commençait à dégager une atmosphère extraordinairement troublante, alors j’avais décidé qu’il était temps de faire avancer la discussion. Je veux dire que ce n’était pas comme si j’avais appelé Juna afin qu’elle voyage tout le long de la frontière sud juste pour que je puisse plaisanter avec elle.
La Juna mature regarda Liscia et moi avec un sourire. Quoi qu’il en soit, il fallait passer au point suivant.
« Hmmm, » je m’étais alors éclairci la gorge. « Il y a une raison pour laquelle j’ai fait venir Juna ici. Et la raison est... »
« Parce vous aimez le fait qu’elle soit agréable à regarder ? » Liscia acheva ma phrase.
« ... Franchement, ne soyez pas ainsi, » dis-je. « Vous savez que ce n’est pas la raison. »
« Hmph, » Liscia tourna la tête d’un air penaud.
Je pensais que c’était mignon quand elle faisait des choses féminines comme ça. Mais, comme venait de le dire Liscia elle-même, nous étions en réunion. Au moment où je regardai autour de moi, tout le monde dans la pièce à part Juna affichait un sourire forcé. J’avais alors décidé d’essayer d’apaiser Liscia plus tard, mais pour l’instant, j’avais besoin de faire bouger les choses.
« Hmm... Revenons sur la bonne voie, » dis-je. « Il y a une raison pour laquelle j’ai appelé Juna ici. C’est pour mettre en place un plan que j’ai peaufiné depuis un certain temps déjà. »
« Un plan ? » Demanda Liscia, inclinant la tête sur le côté.
Je lui avais alors répondu, débordant de confiance, « Tout à fait. Je l’ai appelé le Projet Lorelei. »
Au moment où nous étions passés de la salle de guerre à la salle d’audience, il y avait déjà trois filles qui attendaient là, prosternées devant le trône.
Les filles étaient chacune de races, d’apparences et d’âges différents. L’une était une Elfe Claire avec des cheveux bruns foncés. La deuxième avait l’air d’une adorable élève du primaire. La dernière était une mince fille-bête avec des oreilles de chat. Toutes les trois pouvaient facilement être appelées des beautés.
Après que je me sois assis sur le trône, Juna m’avait alors salué avec sa main sur sa poitrine. « J’ai fait venir ces personnes comme vous m’aviez demandé de le faire, Votre Majesté. »
« Il n’y a pas besoin de rendre cela si formel, » dis-je. « Alors, vous toutes, soyez à l’aise. »
Après que je leur ai dit cela, les trois femmes s’étaient alors levées avant de déclarer à l’unisson. « « « C’est un plaisir de vous rencontrer. » » ».
Super, elles sont pleines d’énergie et elles sont synchronisées, je me suis dit. Alors que je fis un signe de tête satisfait, Liscia se plaça à mes côtés, me regardant avec un autre « adorable sourire » sur son visage.
« Hé, Souma ? » demanda-t-elle.
« Qu-Quoi ? » répondis-je.
« J’espère que vous n’êtes pas devenu si imbu de vous-même depuis que vous avez capturé Van que vous prévoyez de garder ces filles à vos côtés afin qu’elles prennent soin de vous. Avez-vous fait ça ? » demanda-t-elle.
Ah, oui, son visage sourit, mais elle ne sourit certainement pas dans son cœur, pensai-je.
« Vous avez tout faux ! » dis-je rapidement. « J’ai appelé ces filles ici parce qu’elles sont une partie vitale de mon plan ! »
« Hmm... » Liscia semblait douter de mes paroles.
« C’est la vérité, d’accord ? » dis-je. « Mais attendez une minute. Ne m’aviez vous pas dit que vous me laisseriez prendre jusqu’à huit femmes à mes cotées ? »
« Eh bien, oui, je l'ai dit, » répondit Liscia. « Cependant, bien que je puisse le tolérer avec quelqu’un que je connais, comme Aisha, ou si vous êtes obligé de le faire pour des raisons diplomatiques, je ne serai pas heureuse si vous abusez de votre pouvoir afin de rassembler de jolis minois autour de vous. »
« Je vous ai déjà dit ça, d’accord ? » Ai-je déclaré d’un air penaud. « Est-ce que vous ne vous souvenez pas lorsqu’auparavant j’avais rassemblé du personnel autour de moi ? »
Au cours de mon grand événement de recrutement, Aisha et les quatre autres avaient été embauchés avec beaucoup de fanfares, mais j’avais embauché beaucoup plus de personnes sans le crier sur tous les toits, ou les avait ajoutées à une liste de personnes utiles que j’avais mises en place pour le pays.
Par exemple, ceux qui avaient du talent en arithmétique avaient été embauchés en tant que bureaucrates, alors qu’un homme tortue (âge estimé : huit cents ans) qui avait dit : « Je lis des livres depuis des centaines d’années. Alors, je ne vais pas perdre devant un jeune blanc-bec quand il s’agit de mes connaissances acquises dans les livres. » Et que je l’avais nommé en tant que bibliothécaire en chef dans la nouvelle ville en construction.
De plus, quand ceux qui avaient le même don avaient concouru, j’avais quand même embauché ceux qui avaient perdu si je pouvais être sûr de leur talent.
Aisha avait été la gagnante du Tournoi pour le Meilleur du Royaume en Arts Martiaux, mais ceux qui avaient perdu contre Aisha avaient dans tous les cas été invités à rejoindre les rangs des forces armées qui faisaient directement partie de l’Armée Interdite si leurs compétences étaient à la hauteur.
Cependant, mes forces armées qui étaient directement contrôlées par moi avaient été considérées à l’époque comme étant une troupe purement décorative, et donc peu de personnes avaient accepté mon offre.
Maintenant, en ce qui concerne ces filles rassemblées ici, elles avaient peut-être perdu face à Juna dans le Tournoi pour le plus Talentueux du Royaume, où les compétiteurs avaient concouru sur des talents tels que le chant.
Et elles pourraient avoir perdu face à elle dans le Grand Prix de la plus Jolie Fille d’Elfrieden, où les concurrentes avaient concouru vis-à-vis de la beauté.
Mais elles avaient quand même démontré leurs beautés et capacités à chanter lors de ces deux tournois.
« Après le recrutement, Juna a recruté ces filles pour moi, » expliquai-je. « Allez, je vous avais déjà parlé de comment je voulais que deviennent les programmes de divertissement pour le Joyau de Diffusions de la Voix, n’est-ce pas ? »
« Oh, c’est exact... Maintenant que vous mentionnez ça, » Liscia avait dit ça comme si elle venait soudainement de s’en souvenir.
J’avais alors continué, soulagé qu’elle eût maintenant adouci un peu son attitude. « À l’heure actuelle, en ce qui concerne le programme de divertissement, j’avais pensé que nous allions commencer avec une émission de chant. Car après tout, il n’y a personne qui n’aime pas entendre une belle voix. Ces filles étaient les principales candidates pour devenir les chanteuses de cette première série d’émissions. Depuis le jour où nous les avons repérées jusqu’à aujourd’hui, elles s’entraînaient sans relâche afin d’améliorer leurs chants et leurs danses dans la Lorelei, le café où chante Juna. »
Bien que, en vérité, l’ordre des choses avait été un peu mélangé.
Honnêtement, je voulais commencer par un programme comme Nodo Jiman, un concours de chant amateur, afin d’habituer les personnes à l’idée d’une émission de chants, puis après ça. Je voulais faire débuter ces filles en tant qu’idole.
En passant, quand j’utilise le mot « Idole » dans ce contexte, c’était dans le sens de « Une jolie femme qui chante bien. » Le genre que vous auriez pu voir il y a quelques décennies à l’époque Showa. Si j’essayais de présenter un groupe d’idoles dans le style moderne à un pays qui n’avait même pas le concept de base de l’idole, alors ils n’allaient certainement jamais comprendre.
Et si j’allais avec un seul individu en tant qu’idole, alors dans tout les cas, la population le reconnaîtrait probablement comme une extension du ménestrel itinérant, du chanteur au coin de la rue ou de la chanteuse dans un café ou un bar chantant. Et ce n’était pas du tout ce que je voulais.
« Je vois, donc c’est le projet Lorelei, n’est-ce pas ? » demanda Liscia. « Mais est-ce quelque chose que vous devriez vraiment faire maintenant ? N’y a-t-il pas des problèmes bien plus graves comme le fait que nous occupons actuellement Van ? »
Liscia semblait perplexe. Elle ne voyait probablement pas l’intérêt de lancer un programme de divertissement maintenant, juste après que nous venions de saisir la capitale d’Amidonia. Cependant, elle avait tort.
« C’est précisément le moment pour faire ça, » dis-je. « Maintenant, Juna, pourriez-vous faire les présentations ? »
« D’accord, Sire, » Juna avait dit ça tout en faisant une petite révérence, puis elle avait commencé à présenter les filles.
Elle débuta avec celle qui se tenait le plus à droite, la fille Elfe Claire qui avait ses cheveux attachés. Dans ce monde, les elfes à la peau claire comme elle étaient appelés des Elfes Claires, tandis que les elfes à la peau brune comme Aisha étaient appelés les Elfes Sombres. Dans le pays d’où je venais, les elfes étaient généralement imaginés comme des cheveux blonds, mais maintenant que j’y pensais, j’avais vu des elfes avec des cheveux comme les siens dans des films étrangers. Elle avait la peau pâle et des yeux orange. À en juger par son apparence, elle semblait peut-être être dans la mi-vingtaine. Elle se tenait avec une certaine dignité, comme une femme de carrière.
« Elle s’appelle Chris Tachyon, » déclara Juna. « Elle appartient au peuple des Elfes Clairs comme vous pouvez le voir. »
« Bonjour, Votre Majesté. Je suis Chris Tachyon, » déclara Chris.
Chris avait placé sa main devant son ventre, s’inclinant devant moi avec un angle de quarante-cinq degrés. Ce geste et l’ambiance de maturité qu’elle avait dégagée m’avaient fait penser à une hôtesse de l’air qu’on aurait pu trouver dans mon Ancien Monde.
Juna avait continué à expliquer les talents de Chris. « Elle est un ancien ménestrel et a une belle voix pour ce qui concerne le chant, mais sa récitation de poésies est particulièrement merveilleuse. Elle possède une voix agréable et est capable de lire sans à coups, donc ses poèmes sont aussi saisissants que si elle avait découpé un morceau du paysage. Selon mon avis personnel, plutôt que de faire ses débuts en tant que chanteuse, elle serait mieux adaptée pour un programme de diffusion d’informations comme celui que nous avons diffusé auparavant. »
« Je vois, » dis-je. « Vous la voulez donc en tant que présentatrice, et non pas en tant que chanteuse ? »
Il était vrai que, d’après ce que je pouvais entendre, elle semblait avoir une voix claire et parlait sans à coups. J’avais alors demandé à Hakuya de préparer un stylo et du papier, puis je lui avais fait écrire une courte déclaration avant de la remettre à Chris.
« Pourriez-vous essayer de lire cela pour moi ? » demandai-je.
« Ceci ? Laissez-moi voir... “Cette histoire est un travail de fiction. Les personnes, organisations, lieux et événements représentés n’ont aucun lien avec quoi que ce soit dans la réalité.” » Elle prononça ça sans le moindre à-coup, et d’une manière extrêmement fluide et claire.
« Oui, ça me semble vraiment bon, » dis-je. « Laissez-là travailler sur un programme d’informations comme l’a suggéré Juna. »
« Merci beaucoup, » Chris avait dit ça avec un sourire, s’inclinant une fois de plus.
Liscia m’avait alors demandé dans un murmure, « Quelle était cette déclaration que vous lui avez faire lire ? »
« Quelques mots magiques en provenance de mon Ancien Monde, » dis-je. « Si vous êtes capables de les lire, alors vous pouvez vous en sortir avec pratiquement tout. »
Après que je lui avais dit ça, Liscia pencha la tête sur le côté, semblant ne pas avoir du tout compris.
Pendant que nous parlions de cela, Juna avait présenté la prochaine personne.
Cette fois, il s’agissait de la fille adorable qui ne semblait pas beaucoup plus âgée que Tomoe. Cette tenue de Lolita à froufrous qu’elle portait lui allait bien.
« Elle s’appelle Pamille Carol, » dit Juna. « Elle est une kobito. »
« Je suis Pamille. Ravie de vous rencontrer, » Pamille avait secoué sa tête. Il s’agissait d’un geste mignon, mais...
« Qu’est-ce qu’un kobito ? » demandai-je. « Une petite personne ? »
« Non, elle n’est pas un hobbit, elle est l’une des plus jeunes, » répondit Juna. « Peu de races arrêtent de vieillir comme les elfes, mais ce trait est particulièrement prononcé dans les kobitos. Même lorsqu’ils atteignent leur pleine maturité, ils ne ressemblent qu’à des enfants de douze ans. Pamille peut ne pas être vue ainsi, mais elle est beaucoup plus âgée que moi. »
« Sérieusement ? » m’exclamai-je. « Penser qu’il y ait une race comme ça dans ce monde. »
C’est comme la race ultime des lolis et des shotas, pensai-je. Je ne sais pas... Je me sens très concerné par leur race entière. Peut-être que je devrais créer un quartier protégé pour eux, mettre en place un panneau qui annonce ce message. « Oui, loli-shota. Pas touche, » à l’extérieur, afin de les protéger d’un certain type de messieurs et dames là-bas.
Et aussi, j’ai failli le manquer, mais je suppose qu’il y a des hobbits dans ce monde, pensai-je. En espérant qu’il n’y ait pas d’anneaux étranges aussi ici...
Alors que je pensais sur ce sujet, Juna avait continué son explication. « Elle a une voix aussi claire qu’une cloche. Elle est particulièrement douée pour chanter des chansons mignonnes d’une manière qui les rend encore plus adorables. ...Les personnes la voient toujours comme étant plus jeune que moi, donc je suis mal adaptée pour chanter des chansons comme ça. J’envie un peu ce don. »
« Eh bien, je vous envie aussi, Juna, » déclara Pamille. « Quand j’ai entendu que nous allions comparaître devant Sa Majesté aujourd’hui, je voulais porter une robe sans manches, mais je n’ai rien pour l’accrocher, alors on m’a dit que je ne pouvais pas. »
Juna et Pamille semblaient toutes deux regarder au loin.
Cela a du sens pour Pamille de ressentir cela, mais Juna est-elle dérangée par le fait qu’elle semble plus âgée qu’elle ne l’est en réalité ? me dis-je. Car après tout, en mettant de côté son apparence, avec la façon mature dont elle agit, il est difficile de croire qu’elle n’ait que dix-neuf ans.
Maintenant que j’y ai pensé, je m’étais souvenu d’une phrase d’un film que j’avais regardé il y a longtemps, qui disait. « Traite une femme plus âgée comme si elle était plus jeune que toi, et une femme plus jeune comme si elle était plus âgée que toi. »
Juna a un an de plus que moi, donc plutôt que de faire appel à elle tout le temps, je dois trouver des moyens de la laisser compter sur moi de temps en temps, pensai-je.
Juna s’éclaircit la gorge pour tenter de nous remettre sur les rails, puis continua avec les introductions. « Maintenant, enfin et surtout, voici Nanna Kamizuki. Comme vous pouvez le voir, elle est une homme-bête. »
« Hééé ! ♪ Je m’appelle Nanna ! ♪ » La fille aux oreilles de chat avait crié avec un sourire à pleines dents.
Elle avait l’air d’avoir quinze ou seize ans. Comparée aux deux autres, elle s’était habillée plus simplement, vêtues d’une simple tenue en forme de tube. Elle avait de la peinture sur le visage, comme un fan de football. Si je devais juger uniquement sur son apparence, elle ressemblait à une fille d’une tribu qui vivait de la pêche.
Glaive était sur le point de lui faire un reproche sur la façon simple et innocente dont elle se comportait devant le roi, mais je lui fis signe de s’arrêter. C’était parce que j’avais détecté un accent étrange.
« N’a-t-elle pas l’habitude de parler la langue de ce continent, n’est-ce pas ? » demandai-je.
Juna se précipita pour la couvrir. « C’est exactement ça. Il semble qu’elle ait immigré à Elfrieden depuis l’archipel du dragon à neuf têtes et qu’elle vive depuis dans un groupe de robustes pêcheurs dans un village au bord de l’eau. Donc, si elle agit un peu grossièrement par moments, s’il vous plaît, pardonnez-là. »
Je comprends... Elle est donc une immigrante de l’archipel du dragon à neuf têtes, n’est-ce pas ? pensai-je.
Beaucoup de pays de ce continent utilisaient une langue commune en plus de leurs langues nationales, mais il y avait aussi des pays isolationnistes, comme ceux de l’archipel du dragon à neuf têtes, qui n’utilisaient que leur langue nationale.
« Je comprends parfaitement sa situation, mais... peut-elle chanter comme ça ? » demandai-je.
« N’ayez aucune crainte à ce sujet, » m’assura Juna. « Elle a chanté des chants de marins pendant qu’elle pêchait, elle a donc une voix puissante, aussi bien féminine que masculine, et si vous lui donnez une chanson sympa à chanter, elle peut facilement me surpasser. Je crois qu’elle a une bonne compatibilité pour ces “chansons d’animée” que vous m’avez apprises, Sire. »
« Oh ! Peut-elle chanter quelque chose ? » J’avais demandé ça avec nostalgie.
« Tout à fait, » répondit Juna. « Comme un test, je lui en ai appris une. Nanna, pouvez-vous la chanter pour nous ? »
« Bien sûr ! ♪. Laissez simplement ça à Nanna, » répondit-elle.
À la demande de Juna, Nanna se mit alors avec enthousiasme à chanter. La chanson avait été l’ouverture d’un animé sur les Mechas chanté par une chanteuse. En mettant de côté le choix de la chanson, la mélodie émouvante était un très bon choix pour la voix de Nanna.
« Au fait, Liscia, est-ce que vous comprenez ce que les paroles signifient ? » demandai-je.
« Je ne comprends pas du tout, » répondit-elle. « C’est comme écouter une chanson dans une langue que je ne comprends pas. Mais je peux dire que c’est une chanson très belle. »
« Eh bien ! Tant que c’est perçu ainsi, alors ça va très bien... N’est-ce pas ? » dis-je.
Je suppose que je pourrais demander à Juna de venir avec des paroles dans la langue de ce monde un peu plus tard. Pensai-je.
Après qu’elle ait fini la chanson, Nanna m’avait regardé avec un large sourire. « Votre Majesté ! ♪ Comment étais-je ? »
« ... Très bien, » dis-je. « Vous avez été formidable. »
« Contente de l’entendre !♪ » répondit-elle.
Nanna agita la main comme pour dire, « Mon tour est terminé maintenant, non ? » puis retourna rapidement à sa position.
C’est une fille unique... Elle n’est pas timide, elle ne ressemble à rien de ce qu’ils auront vu, et la manière dont elle bouge avec de larges mouvements est forcément impressionnante à l’écran. Elle pourrait vraiment être la plus adaptée pour être une idole de tout le monde présent ici. Pensai-je.
Avec les présentations maintenant terminées, j’avais remercié Juna. « Vous avez amené un bon groupe de personnes. Merci beaucoup. »
« Vous êtes trop gentil, » répondit-elle.
« OK, tous les acteurs sont maintenant réunis, » continuai-je. « Avec ces trois-là, ainsi que Juna qui peut gérer les chansons douces et matures, nous allons créer le premier programme de divertissement d’Elfrieden. Nous ne diffuserons pas seulement dans Elfrieden, mais nous diffuserons également sur toute la Principauté d’Amidonia. »
« À Amidonia aussi ? » demanda Liscia.
En réponse au regard interrogateur présent sur le visage de Liscia, j’avais hoché la tête. « Tout à fait. Car après tout, nous avons réussi à mettre la main sur le joyau d’Amidonia. »
De toutes les choses qui nous étaient tombées entre les mains quand nous avions pris Van, celle qui m’avait le plus plu avait été ce joyau. Il s’agissait du seul joyau de diffusion d’Amidonia, et il pouvait être utilisé pour envoyer un signal à tous les récepteurs de ce pays.
Les joyaux de diffusion étaient apparemment des artefacts d’une ancienne civilisation. Alors qu’ils ne pouvaient toujours pas être fabriqués, il y avait un bon nombre d’entre eux qui était présent. À l’exception des petits pays, comme ceux qui constituaient l’Union des Nations de l'Est, et le territoire autonome des dragons sages dans la chaîne de montagnes des Dragons, la plupart des pays les avaient.
Cependant, fondamentalement, vous ne pouviez pas recevoir de transmissions d’un autre pays. Bien sûr, cela avait du sens, sinon les informations destinées à une population locale sortiraient à l’extérieur des frontières du pays. Bien que techniquement, si vous changiez les paramètres de longueur d’onde sur le récepteur ou le joyau, alors c’était possible. Et donc, peut-être que c’était un peu comme fonctionnaient les fréquences radio.
En d’autres termes, maintenant que nous avions obtenu le seul joyau d’Amidonia, cela signifiait que nous avions le monopole des droits de diffusion de chaque récepteur d’Amidonia.
Si nous utilisions un joyau d’Elfrieden, nous pourrions aussi diffuser le premier programme de divertissement d’Elfrieden dans ces deux pays. Quel genre de changements cette émission apporterait-elle à Amidonia ? Où cela n’aurait-il aucun effet ?
Nous devrions attendre jusqu’à la diffusion réelle pour le savoir.
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Partie 2
La capitale de la principauté, Van, n’avait pas de place avec une fontaine équipée des équipements de visionnement pour le Joyau de Diffusion de la Voix comme celle de la capitale royale Parnam.
Le récepteur était sur la bordure de Van, dans un champ qui était une place seulement de nom.
C’était parce que, dans ce pays, le Joyau de Diffusion de la Voix n’était utilisé qu’une seule fois au début de chaque année quand le Prince annonçait ce message. « Nous ne devons jamais oublier notre ressentiment envers Elfrieden. La reprise de nos terres volées est une priorité nationale, » ou quelque chose comme ça, indiquant la direction générale du pays.
Parce que ceux qui n’avaient pas assisté à l’émission au début de l’année pouvaient être accusés du crime de manquer de respect envers l’État, même s’ils étaient malades, et même s’ils étaient vieux et alités, tout le monde devait voir cette émission même si cela signifiait qu’ils devaient être attachés à une chaise et transportés là.
Et ainsi, aujourd’hui, le jeune roi d’Elfrieden qui avait capturé Van avait dit qu’il utiliserait le Joyau de Diffusion de la Voix.
La plupart des personnes, ayant subi des décennies d’endoctrinement, n’avaient pas une impression favorable vis-à-vis du royaume. Cependant, maintenant, beaucoup de ces mêmes personnes étaient rassemblées sur le terrain afin de regarder la diffusion en cours. Ils avaient probablement cru que s’ils ne regardaient pas, ils seraient accusés d’un crime, comme les années d’obligations leur avaient dicté. Il y en avait même qui essayaient de porter leurs malades, mais les gardes leur disaient : « Ne vous forcez pas autant, », ils avaient été renvoyés chez eux.
Dans la lumière du soir, avec le soleil bas à l’horizon, la population rassemblée de Van affichait des expressions à moitié remplies d’appréhension et à moitié remplies d’indignation. Parce que ceux de la chevalerie et de la noblesse s’étaient tous retirés de Van, seule la populace, qui n’avait nulle part où aller était resté ici.
Ici et là, dans la foule, on entendait des personnes qui se chuchotaient des choses à propos de leurs inquiétudes pour ce qui allait arriver.
« Maudit Roi d’Elfrieden. Qu’a-t-il l’intention de faire en nous faisant tous nous rassembler ici ? »
« Je l’ai aperçu quand il entrait dans le château, mais il n’avait pas l’air très fort... »
« Ne soyez pas trompés par les apparences. C’est l’homme qui a fait danser le prince Gaius dans la paume de sa main. »
« Il va utiliser le Joyau de Diffusion de la Voix, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qu’il veut nous dire ? »
Sans informations correctes, leurs spéculations avaient pris des virages de plus en plus sauvages.
« Non... Ne me dites pas qu’il a l’intention de conquérir tout Amidonia. Et que donc, tous les hommes seront enrôlés et envoyés sur les lignes de front. »
« Impossible ! Sans moi ici en tant que soutien de famille, que fera ma famille ? »
« Nous sommes un peuple occupé. Nous ne pouvons pas être surpris si c’est ce qui arrive. »
« Non, ce n’est même pas la pire chose qui puisse arriver. Il pourrait exiger que nous donnions nos femmes et nos enfants comme esclaves. Ou peut-être qu’il veut que nous lui remettions chaque belle femme se trouvant dans notre pays. »
« J’ai après tout entendu dire que les personnes puissantes ont tendance à avoir de fortes envies telles que celle-là. »
« Êtes-vous sérieux ? Je devrais cacher ma femme avant de venir ici. »
« Ce n’est pas nécessaire ! Personne ne voudra de ta femme. »
« Qu’avez-vous dit ? ... Ah ! Hé ! Ça commence. »
Soudain, le récepteur au milieu du champ avait commencé à afficher une image.
Les personnes pensaient qu’ils verraient l’image en uniforme de ce jeune roi, mais contrairement à leurs attentes, ils avaient alors vu une belle femme avec des cheveux brun foncé et des traits elfiques assise sur une chaise. Elle posa ses bras croisés sur la longue table se trouvant devant elle et, pour une raison inconnue, l’émission ne la montrait pas depuis directement en face d’elle, mais depuis un angle se trouvant vers sa gauche. Naturellement, cela signifiait que sa tête était tournée avec un petit angle.
Sa pose, qui ressemblait à celle de la Joconde, avait fait ressortir sa beauté séductrice et avait été particulièrement efficace pour capturer le cœur des hommes de Van.
Il leur semblait comme s’ils étaient assis dans un bar et que cette femme, qui était assise à côté d’eux, s’était tournée vers eux afin de leur parler.
Et maintenant, elle avait commencé à parler. « Bonsoir à tous. Je suis Chris Tachyon. »
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« Il s’agit des Nouvelles d’Elfrieden. Dans ce programme d’informations, nous vous apporterons les dernières nouvelles d’Elfrieden et des pays voisins. Maintenant, pour notre première histoire... » déclara-t-elle.
Chris avait commencé à lire son script dans le studio d’informations impromptu qui avait été mis en place dans le bureau des affaires gouvernementales du Château de Van. Je l’avais fait s’annoncer comme étant un studio d’informations, mais nous venions seulement de réunir une longue table et une chaise. Pourtant, avec les autres meubles qui étaient déjà en place, cela ressemblait bien à quelque chose comme ça.
Aisha et moi regardions Chris du coin de la pièce où nous ne serions pas captés par le joyau.
Aisha avait tiré sur ma manche. « Hum... Pourquoi Chris est-elle diffusée sous un certain angle ? »
« Hum... C’est pour la beauté stylistique ! » dis-je.
Je m’étais souvenu d’une présentatrice féminine de mon monde qui avait livré les nouvelles dans cette position, alors j’avais essayé de faire de même.
Cependant, pendant la répétition, Chris s’était plainte à moi, en disant, « J’ai l’impression que je vais avoir un torticolis, » et donc cela allait probablement être la première et la dernière fois que nous ferions ce programme sous un tel angle.
Les nouvelles que Chris lisait maintenant étaient un rapport sur les événements de la guerre jusqu’à ce moment-là.
Elle avait expliqué sur un ton neutre que, en tant qu’action punitive contre Gaius VIII et son fils Julius, qui avaient profité de l’instabilité dans le royaume pour l’envahir, le roi Souma d’Elfrieden avait lancé une contre-invasion et que nous avions renversé Gaius VIII.
Aisha pencha la tête sur le côté, en pleine confusion. « N’aurait-il pas été préférable de livrer cette information lors d’un discours effectué par vous, Sire ? Vous auriez peut-être été en mesure de rehausser votre influence dans ce pays, comme vous l’avez fait avec ce programme sur la cueillette d’ingrédients. »
« La situation est différente cette fois-ci, » dis-je. « Nous ne diffusons pas seulement vers les territoires occupés autour de Van, mais nous diffusons aussi vers le reste d’Amidonia. Peu importe ce que dit le roi d’un état ennemi, les habitants de la principauté n’écouteront jamais ses paroles. Il vaut mieux qu’ils l’entendent d’une tierce partie. »
Cependant, quand j’avais discuté du scénario de cette nouvelle avec Hakuya, il avait eu l’idée d’utiliser « Pour chacun d’entre nous, Sa Majesté, notre Cher Roi... » et d’exagérer sur les détails. Mais ça m’aurait fait ressembler à un dictateur de pacotille, alors j’avais rejeté sa proposition.
Et bien ! Dans tous les cas, pendant que nous parlions, Chris continuait à lire les nouvelles avec ces compétences de lecture douces et sa voix plaisante qui était venue avec le sceau d’approbation de Juna. « Les armées du royaume occupent actuellement la capitale de la principauté, Van, mais les hostilités ont, pour le moment, cessé. En ce qui concerne cette situation, Sa Majesté, le roi Souma d’Elfrieden, a publié la déclaration suivante :
“Ceci a été une guerre d’assujettissement contre Gaius VIII, qui a envahi mon pays. Ce n’est pas mon souhait d’étendre les flammes de la guerre ou de nuire aux citoyens de la principauté. Nous fournirons un soutien aux personnes vivant dans la région autour de Van pour leur permettre de continuer normalement leur vie. En outre, comme Van a été annexé en tant que territoire du royaume, je promets que les mêmes dépenses d’aide alimentaire et d’infrastructure seront effectuées ici.” »
Elle prit quelques secondes avant de continuer à parler. « En accord avec ce décret, le ministre de l’Agriculture et des Forêts, M. Poncho Ishizuka Panacotta, va faire distribuer des denrées alimentaires à Van à partir de demain. Il demande que tout le monde à Van invite sa famille et ses voisins à venir avec eux. »
***
« Comment osent-ils faire cela ? » Dans une ville proche de Van, le prince héritier d’Amidonia, Julius Amidonia, avait crié avec colère.
Tout en ayant échappé à la bataille précédente, Julius était dans une ville près de Van, attendant avec les restes des forces de la principauté que les armées de l’Empire Gran Chaos arrivent. Julius avait brisé le récepteur avec une frappe de son épée, puis avait immédiatement donné un ordre à ses subordonnés. « Envoyez des messages à chaque ville avec l’ordre de ne pas regarder cette ridicule émission. »
« « « Oui, Sire ! » » »
Ses subordonnés avaient alors tous couru afin d’envoyer les messagers qui transmettront ce message. Une fois qu’il vit qu’ils étaient tous partis, Julius se retourna vers Van. Il espère gagner non seulement les personnes de Van, mais de tous les Amidoniens, avec ses mots mielleux, n’est-ce pas ? Je ne dois pas le laisser faire !
Julius raffermit sa résolution.
Pourtant, même s’il avait envoyé des messagers, ce n’était pas comme s’ils pouvaient atteindre chaque ville instantanément. En outre, avec sa défaite au cours de la bataille, Julius avait perdu une grande partie de son influence et donc ses ordres n’avaient été exécutés que dans la ville où il était actuellement et celles qui en étaient très proches.
En d’autres termes, la plupart des villes d’Amidonia regardaient la diffusion de Souma.
Les réactions des citoyens amidoniens qui l’avaient vu pourraient être divisées en deux catégories.
En premier, il y avait les habitants de Van qui étaient soulagés d’entendre qu’ils ne seraient pas enrôlés et envoyés pour se battre sur les lignes de front, et qu’il ne leur serait pas exigé de remettre leurs biens, leurs épouses ou leurs filles.
Dans les villes et les villages agricoles à l’extérieur de Van, ce qui attira l’attention du peuple n’était pas la mort de Gaius VIII, ou la juste cause de Souma, mais le fait que les régions devenues un territoire du Royaume d’Elfrieden recevraient le même soutien que les villes du Royaume.
Bien sûr, les habitants d’Amidonia avaient à peine cru ces mots. Après tout, il s’agissait des paroles d’un roi ennemi. Tout le monde pensait qu’il essayait simplement d’acheter leur loyauté.
... Cependant, il était également vrai que les mots de Souma s’étaient profondément enracinés dans le cœur du peuple amidonien, qui luttait actuellement à travers une crise alimentaire encore plus profonde que celle du royaume. Plus leur situation actuelle était difficile, et plus ces mots s’enracinaient profondément en eux.
***
« ... Et donc, à l’heure actuelle, le remède dans notre pays est... » dit Chris.
Cela faisait environ dix minutes depuis le début du programme d’informations de Chris.
La section qu’elle lisait maintenant était la dernière information à diffuser aujourd’hui. Une fois ce programme d’informations terminé, le programme de musique commencerait enfin.
Alors qu’elle se tenait à mes côtés, visiblement anxieuse, Aisha me saisit alors le bras. Aujourd’hui, Aisha n’était pas vêtue de son armure légère habituelle. Je portais moi-même un smoking.
Aisha se tourna vers moi avec un regard comme celui d’un chiot abandonné. « Q-Qu’est-ce que je dois faire, Sire ? Je ne peux pas m’arrêter de trembler. »
« Commencez par vous calmer, d’accord ? » dis-je. « Il s’agit après tout de votre deuxième fois dans une émission, n’est-ce pas ? »
« La dernière fois, tout allait bien parce que je devais manger..., » répondit-elle.
Il avait été décidé que je serais l’hôte du programme de musique avec Aisha en tant qu’assistante.
Bien sûr, je n’avais pas prévu d’être l’animateur d’un programme de musique, mais Poncho, sur qui j’avais l’intention de placer le travail, était occupé à distribuer de la nourriture, et Hakuya avait refusé parce que cela ne lui convenait pas.
C’était aussi ma deuxième fois, donc si ma partenaire Aisha devenait pétrifiée par le trac, c’était un problème.
« D’où vient la bravoure que vous montrez sur le champ de bataille ? » demandai-je.
Après que j’eus dit ça d’un ton exaspéré, Aisha avait alors gémi pathétiquement et ses épaules s’affaissaient. « Je suis convaincue que personne n’est de taille face à moi dans les arts martiaux. Cependant, lors d’un événement tape-à-l’œil comme celui-ci, je n’ai pas une telle confiance. Vous savez, il y a beaucoup de personnes qui sont plus jolies que moi. La princesse et Madame Juna sont à la fois svelte et avec la peau claire, tout comme de jolies jeunes filles. Alors que de mon côté, ma peau est sombre et j’ai des muscles qui sont clairement visibles et en plus... »
« Vraiment ? » demandai-je. « Je pense que vous avez une belle apparence pleine de santé. »
Même si elle avait du muscle, ceci n’était pas aussi apparent que chez les culturistes. En fait, elle avait un corps si bien fait que je devais me demander comment elle avait réussi à frapper avec cette épée géante avec si peu de muscle. Et pour couronner le tout, elle était assez grande pour être mannequin, et, même s’il était difficile de dire quand elle portait des armures, sa silhouette au-dessus de la moyenne était assez bonne pour que Liscia soit la plus susceptible d’être jalouse.
« Exact, » dis-je. « Vous êtes jolie, Aisha. »
« L-Le suis-je vraiment !? » répondit-elle. Le compliment avait rendu Aisha extatique.
Cependant, elle était rapidement revenue à ses sens. « M-Mais, franchement. Madame Juna ou la princesse ferait une meilleure hôte. »
« Juna est l’une des chanteuses, donc elle devrait courir partout si on la faisait être l’hôte, » dis-je. « Quant à faire de Liscia mon assistante... Je pensais qu’il serait préférable de ne pas le faire cette fois-ci. »
« Hm !? Pourquoi cette fois-ci ? » demanda-t-elle.
« Ho ! Il y a une petite chose qui m’inquiète maintenant que j’ai fini par être l’hôte, » dis-je. « Tout en étant d’une honnêteté un peu brutale, je vous ai choisie, non pas parce que je pense que vous seriez une bonne assistante, mais plus parce que je compte sur vos compétences de garde du corps. Si quelque chose arrive, vous serez capable de me protéger si vous êtes à mes côtés, n’est-ce pas ? »
« Bien sûr que je le pourrais, mais... hein !? Est-ce que quelque chose de dangereux va se produire !? » demanda-t-elle.
Aisha semblait inquiète, alors j’ai mis une main sur son front et j’avais ri.
« Tout ira bien, selon toute vraisemblance, » dis-je. « Mais, aussi pathétique que cela soit de devoir le demander en tant qu’homme, me protégeriez-vous si quelque chose arrivait ? »
« Votre Majesté... Certainement ! Même si cela devrait me coûter la vie, je vais, mmmph... » déclara-t-elle d’une voix forte.
J’avais rapidement mis ma main sur la bouche d’Aisha. « Vous êtes trop bruyante. Nous diffusons maintenant. »
« mmmph... J-Je suis désolée, » répondit-elle.
... À des moments comme ça, elle aurait vraiment pu être une elfe sombre décevante, pensai-je.
« ... est-ce qu’ils ont dit! Ce sera tout pour les Nouvelles d’Elfrieden. Maintenant, après cette émission, nous allons diffuser la première diffusion d’une émission de divertissement d’Elfrieden. Si vous n’avez aucun engagement préalable ou si vous n’êtes pas pressé, j’espère que vous continuerez à regarder cette émission. »
Wôw, on dirait que le programme de Chris est fini, pensai-je. D’accord, maintenant c’est notre tour.
La pièce pour l’émission de musique n’était pas cette pièce. Il s’agissait d’un atrium qui avait probablement été utilisé afin d’y tenir des bals. Nous avions aligné des tables là-bas, faisant également venir des soldats pour les faire s’asseoir et les faire écouter les chansons, dans le style du Concourt du Programme Câblé Japonais. En effet, avoir un public faisait une énorme différence au niveau de l’excitation.
J’avais alors pris mon assistante par la main. « Venez. Nous y allons, Aisha. »
« Sire, je vous suivrais partout où vous irez, » me répondit-elle.
☆☆☆
Partie 3
Après que le programme d’information de Chris Tachyon fut terminé, il y a eu une courte pause. Puis le récepteur de la place de Van avait montré un jeune homme et une femme. Il s’agissait d’un jeune homme en smoking noir et d’une elfe sombre portant une robe de soirée d’un rouge extravagant. Alors que le jeune homme était confiant, la fille semblait un peu tendue.
Puis une personne dans la foule avait dit, « Hé ! Mais attendez ! Cette personne, n'est-elle pas le Roi d’Elfrieden, Souma ? »
Après que les personnes autour de cet homme l’eurent entendu, ceux qui avaient vu l’armée du Royaume d’Elfrieden entrer à travers les portes de la ville avaient crié l’un après l’autre, « Exact. Je l’ai vu quand ils sont entrés par la porte, » et « C’est bien le Roi Souma d’Elfrieden, » ou encore « Il n’y a aucun doute là-dessus, » ce qui confirmait les soupçons du premier homme.
N’ayant aucun moyen de savoir ce qu’ils disaient de lui, Souma portait une expression détendue alors qu’il tenait un objet de vingt centimètres de long avec une extrémité arrondie (sans aucun doute destiné à être un micro), puisque le Joyau de Diffusion de la Voix capta un « Bonjour, »
« Les chansons changent avec les temps et les temps changent avec les chansons, » dit-il. « Ce sont les chansons que nous voulons voir transmises à travers les âges. »
« Q-Quoi, d’où vient cette phrase ? Vous ne l’avez pas dit pendant la répétition, n’est-ce pas ? » L’elfe noire s’était exclamée.
Il semblait que sa dernière ligne avait été improvisée, car la fille était maintenant confuse.
***
« Je serai votre hôte pour ce programme, Souma Kazuya, » dit-il.
« Je-je suis Aisha Udgard ! » dit la jeune elfe.
« Allons, Aisha, votre expression a l’air raide, » déclara le roi, « Souriez. Allez, souriez. »
« Et-Et vous, Sire ? Pourquoi parlez-vous si poliment ? » s’exclama-t-elle.
« Eh bien, vous le savez déjà, mais je suis l’hôte, » dit-il. « Même si je suis le roi, je ne peux pas aller trop loin. »
« Vous dites cela, mais vous êtes déjà revenu à votre manière de parler habituelle ! » répondit-elle.
« Oups, excusez-moi ! » dit Souma.
Souma lançait un peu d’humour ludique alors qu’Aisha ne pouvait que réagir face à lui.
Les résidents du Royaume d’Elfrieden regardaient leurs plaisanteries avec des sourires. Cependant, les personnes de la Principauté d’Amidonia affichaient des regards de perplexité.
Les rumeurs au sujet du roi Souma disaient qu’il était un homme qui avait transformé en imbécile le grand guerrier Gaius VIII en utilisant son ingéniosité stratégique, puis l’avait frappé dans une démonstration de sa propre valeur. Le roi des rumeurs, doté à la fois de sagesse et de capacité martiale, n’avait tout simplement pas décrit un jeune homme se moquant de lui-même et jouant avec une elfe sombre lors de cette émission.
En réalité, sa stratégie avait été mise en place avec l’aide de Hakuya, tandis que celles contre Gaius VIII avaient été une unité d’archers arrivant tardivement, mais le peuple n’avait aucun moyen de savoir ces choses.
« Notre prince a-t-il perdu face à ces personnes-là ? » l’un des membres de la foule se demandait ça.
« Je sais... tout cela doit être un acte pour nous faire baisser nos gardes ! »
« Pourquoi ? Vous savez, Van est déjà tombée ? »
« Eh bien, c’est ainsi qu’ils peuvent... Exact ! À quoi cela sert-il alors ? »
Alors que les habitants de Van avaient réagi avec confusion, Souma avait continué de présider l’émission.
« Maintenant, cette émission est le premier programme de musique d’Elfrieden. Pour cette émission, nous avons rassemblé des filles avec différents types de voix. Ces trois chanteuses sont merveilleusement douées, et méritent vraiment d’être appelé des “loreleis”. »
Au moment où Souma avait prononcé ces mots, l’équivalent de ce monde pour une idole, le concept d’une « lorelei » était né.
« J’espère que ce sera un programme qui aidera à apaiser le cœur de ceux qui sont épuisés par leur labeur quotidien, » déclara le roi. « S’il vous plaît, écoutez les chansons de ces Loreleis et profitez-en jusqu’à la fin. »
« Heu... Il n’y en a que trois ici et aujourd’hui, mais nous rechercherons toujours ceux et celles qui sont fiers de leur voix dans tout le Royaume d’Elfrieden, » déclara Aisha. « Homefemagnom »
« Vous l’avez pas mal bafouillé, Aisha, » déclara-t-il.
« S-S’il vous plaît, restez calme, » déclara Aisha. « Um. Les hommes et les femmes de tous âges, de leur propre fait ou nommées par un autre sont invités à postuler. »
« Oui, j’aimerais avoir des chanteurs et pas uniquement des chanteuses ici aussi, » dit Souma. « Bien que, pour les garçons, ce serait bizarre de les appeler Lorelei. Eh bien, comment les appellerons-nous alors ? Tritons, ou quelque chose du genre ? »
« Alors ils seraient juste des monstres marins ordinaires, » déclara Aisha. « Ne pouvez-vous pas choisir quelque chose de l’extérieur de la mer ? Ah ! Heu... ! Pour ceux d’entre vous qui sont fiers de votre chant, ou qui aiment juste chanter, on me dit que vous devriez aller au café Lorelei de la ville la plus proche afin de pouvoir auditionner. »
« Attendez, la Lorelei a des succursales maintenant ? » s’exclama Souma.
« Pourquoi paraissez-vous surpris, Sire ? » demanda-t-elle.
« Eh bien ! Après tout, j’ai laissé les auditions entièrement à la charge de Juna, » répondit-il.
« Au fait, on me dit que celui de Cité Lagune est leur quartier général, » dit Aisha.
« Quoi, Parnam était une succursale ? » s’écria-t-il.
Quand Souma avait laissé tomber cette dernière phrase, l’un des téléspectateurs de Van avait laissé échapper un petit rire, puis avait rapidement couvert sa bouche. Si quelqu’un lui reprochait de rire en regardant l’émission, il pourrait être lynché par le reste des téléspectateurs. À cause de cela, la place de Van avait une ambiance étrange emplie de tension.
Sans même avoir une idée de ce qui se passait, Souma avait continué de présenter l’émission.
« Maintenant, voyons ce spectacle. Notre première Lorelei possède le corps d’une enfant et l’esprit d’une adulte. Elle est une loli légale de la race de kobito, Pamille Carol, » déclara le roi.
« Le plus grand plaisir de Madame Pamille est de faire une sieste, » rajouta Aisha. « Cependant, récemment, nous avons eu des jours si agréablement ensoleillés qu’elle a dormi jusqu’au matin, et puis elle a dormi en portant... Hum, Sire ? Cette information est-elle vraiment nécessaire ? »
« Maintenant, entendons-la chanter, » déclara Souma. « Voici Pamille Carol. »
Quand Souma annonça cela, les lumières s’étaient assombries et un air détendu avait commencé à être joué.
La prochaine chose qui apparut sous les projecteurs fut un balcon se trouvant dans un atrium. Là, enveloppée dans une robe à froufrous, se tenait une fille qui avait toutes les apparences pour avoir environ douze ans. C’était Pamille Carol. Pamille joignit les mains devant sa poitrine, puis se mit à chanter d’une voix qui, tout comme son apparence, était aussi adorable qu’une clochette.
Il y avait une fille mignonne qui chantait une chanson mignonne. Quand ils virent cette scène, les habitants d’Amidonia pensèrent qu’elle était vraiment très mignonne. Cependant, plutôt que de débattre de la qualité de la chanson, ils étaient simplement en perte de mots. Ils ne savaient pas comment réagir. Que faire du fait que le Joyau de Diffusion de la Voix était utilisé pour montrer une petite fille qui chantait ? Voilà ce qu’ils se demandaient tous.
« Qui est cette fille ? Elle est vraiment adorable ! »
« Eh bien ! C’est vrai ! Elle est mignonne, mais. Est-ce vraiment correct d’utiliser le Joyau de Diffusion de la Voix pour ça ? »
« Ne me demande pas ça. Ce n’est pas comme si je savais ce genre de chose. »
« Tu sais, Lord Gaius l’a à peine utilisé. »
« Peut-être que c’est normal à Elfrieden ? »
Des conversations comme celle-ci jaillissaient partout. Était-ce la différence entre Amidonia et Elfrieden ? Des émissions comme celle-ci étaient-elles présentes dans le Royaume d’Elfrieden ? Voilà ce qu’ils se demandaient. Les habitants de Van, sous occupation par les soldats du Royaume d’Elfrieden, avaient été grandement affectés par ce qu’ils voyaient en ce moment.
« Je vois... Est-ce que cet endroit fait maintenant partie d’Elfrieden ? » l’un des spectateurs à Van chuchota.
Ce commentaire désinvolte s’était infiltré dans la foule, comme de l’eau versée dans une vaste plaine asséchée.
« Est-ce que Van est devenu une partie du Royaume d’Elfrieden ? »
« Eh bien ! Après tout, nous sommes sous occupation. »
« Alors, ça ne fait plus partie de la Principauté d’Amidonia ? »
« Alors, est-ce que ça veut dire que c’est acceptable de diffuser ce genre de scène ? »
Même si les habitants de Van avaient réagi en étant emplis de confusion, l’émission avait continué.
Après ça, Pamille avait fini de chanter la chanson en affichant beaucoup de charme. Souma et Aisha étaient revenus à l’écran.
« C’était Pamille Carol, » déclara Souma. « Mon Dieu, cette musique n’est-elle pas une chose merveilleuse ? »
« Pourquoi cela ? Le pensez-vous vraiment ? » demanda Aisha. « En l’entendant, je me suis alors dit “Ça ne peut pas être de la musique.” »
« Maintenant, pour un changement d’ambiance, nous aurons une chanson énergique chantée par cette personne, » dit Souma en montrant la prochaine chanteuse. « Après avoir formé sa voix au chant dans un village de pêcheurs avec rien d’autre que des hommes, la puissance de sa voix est incroyable. Elle est une fille simple et innocente de l’archipel du dragon à neuf têtes. Nanna Kamizuki. »
« Le poisson préféré de Madame Nanna est l’espadon géant, et son rêve est de pouvoir manger pendant tout un jour sans interruption, mais parce qu’ils s’inquiétaient qu’elle grignote la prise du jour, les pêcheurs ne la laissaient jamais sur les navires qui naviguaient sur l’océan, » commença Aisha. « Hum, encore une fois, cette information était-elle vraiment nécessaire ? »
« Maintenant, entendons-la chanter, » annonça Souma. « Voici Nanna Kamizuki ! »
« ... Vous m’ignorez, n’est-ce pas ? » demanda Aisha.
La prochaine personne à apparaître à l’écran portait une tenue légèrement punk. Il s’agissait de la fille énergique aux oreilles de chat, Nanna Kamizuki. Son haut sans manches et son pantalon court laissaient ses bras et ses jambes en bonne santé exposés, tandis que la façon dont son nombril jaillissait occasionnellement accentuait l’attrait de mignonnerie qu’elle n’avait pas perdue même avec son apparence androgyne.
Puis, alors que Nanna avait commencé à chanter, elle sauta en bas du balcon.
« Quoi !? » quelqu’un dans la foule avait crié.
« H-Hé ! »
Le public déglutit quand il vit cette scène. Ceci ne devait pas avoir été dans le scénario prévu pour l’émission.
Les personnes du public pouvaient voir le personnel qui se précipitait afin de déplacer le joyau. Ils pouvaient encore l’entendre chanter, alors ils savaient qu’elle devait aller bien, mais Nanna n’était pas encore apparue à l’écran. Quand elle était finalement réapparue, Nanna s’amusait en dansant le long des escaliers se trouvant à l’étage inférieur. Alors même que la foule soupirait de soulagement, ils étaient progressivement entraînés dans le rythme de sa chanson et de sa danse.
« Vas-y, Mademoiselle ! Continue ! »
« La chanson est aussi très sympa. Elle vous réconforte vraiment. »
Comme c’était la deuxième fois, alors peut-être qu’ils s’habituaient à ça. Parce que des voix comme ça pouvaient être entendues même dans la foule tendue de Van. Il y avait une fille mignonne s’amusant à chanter et à danser. Aucun homme n'aimerait pas regarder ça. Et, étonnamment, cela avait eu un impact encore plus important sur les femmes d’Amidonia que sur les hommes.
Ce qui attirait l’attention des femmes était la mode de Nanna.
« Est-ce qu’elle n’a pas froid habillée comme ça ? »
« Elle est à l’intérieur, donc c’est probablement correct. »
« Mais, si elle s’habille comme ça... ne vont-ils pas se fâcher après elle parce qu’elle distrait et séduit les hommes ? »
Amidonia était, avant tout, un pays militariste. On s’attendait à ce que les hommes soient forts avant tout, alors que les femmes étaient là pour les soutenir, et la plus grande vertu recherchée était la modestie.
En conséquence, dans la Principauté d’Amidonia, sauf dans des occasions spéciales, l’opinion publique ne permettrait pas aux femmes de s’habiller de manière élégante. Cela découlait de l’idée que ce serait un problème si elles tentaient les hommes, les rendant faibles. Pour ne rien dire du fait que si elles portaient une tenue qui montrait tant de chair (même une tenue qui montrait les épaules ou les cuisses était considérée comme en montrant trop ici) dans un lieu public, elles risquaient d’être arrêtées pour avoir offensé le public.
« Ne se mettent-ils pas en colère contre cela dans le royaume ? » se demandait une femme
« Eh bien, c’est un autre pays. Leur roi semble très gentil. »
« Je suis tellement jalouse. »
Dans l’esprit des femmes qui voulaient s’habiller et être belles, les frontières et la race n’existaient pas.
La robe à froufrous de Pamille avait été mignonne, et elles admiraient aussi la tenue plus libérée que Nanna portait maintenant. Si elles pouvaient le faire, elles voulaient essayer de porter ces tenues et danser. Les tenues que ces deux personnes portaient avaient commencé à allumer un feu dans le cœur des femmes vivant dans la principauté. Surtout dans celles des femmes de Van.
« Ce n’est plus Amidonia, n’est-ce pas ? » une femme avait demandé ça.
« Alors, pouvons-nous également nous habiller ainsi si nous le voulons ? »
« J’imagine que oui ? Tous les soldats qui seraient devenus fous en voyant ça sont désormais partis. »
Et, bien, elles avaient même commencé à dire des choses comme ça.
Au moment où la chanson énergique de Nanna avait pris fin, les habitants de Van avaient effectué une ovation. Aucun d’eux ne se souciait plus de savoir si Souma essayait juste d’acheter leur loyauté.
Après que Nanna ait fini de chanter, la diffusion s’était arrêtée pendant un moment. Le joyau devait être replacé dans sa position d’origine. Quand l’écran était revenu actif, il montrait Souma et Aisha avec des sourires ironiques sur leurs visages.
« ... Nous avons sous-estimé l’énergie que Nanna possède, » déclara Souma.
« ... Effectivement, » rajouta Aisha.
« D’imaginer qu’elle sortirait du cadre de la caméra fixe. Nanna, quelle fille terrifiante ! » s’exclama-t-il.
« Pourquoi avez-vous dit cette phrase comme si vous étiez une vieille femme ? » demanda Aisha.
« Maintenant, remettons les choses sur les rails, » déclara Souma. « Maintenant, nous vous avons tous fait attendre. Alors, la fierté de notre pays, la Prima Lorelei, va faire son apparition ! »
« Madame Juna est devenue incroyablement populaire depuis sa première émission, n’est-ce pas ? » demanda Aisha.
Comme ils venaient de le dire tous les deux, Juna s’était déjà assuré la position de 1re Lorelei d’Elfrieden lors des dernières émissions du Joyau de Diffusion de la Voix. Sa popularité avait surpris et confondu même Juna elle-même.
« Lorsque le Congrès du Peuple, qui recueille des pétitions, m’a même fait une demande en disant. “Diffusez des programmes plus souvent et laissez-nous entendre chanter Juna,” ce qui m’avait beaucoup surpris à l’époque, » déclara Souma.
« Wôw... dernièrement, Madame Juna a même cherché un bon thé aux herbes afin d’aider à soulager ses épaules raides..., » déclara Aisha. « Il semblerait que ce n’est pas facile quand elles sont si grandes. »
« ... Dans tous les cas... entendons-la chanter, » déclara Souma. « Voici Juna Doma. »
« Quelle était cette pause dans votre voix ? » demanda Aisha.
« ... Je n’imaginais rien, vraiment... » répondit-il.
« Je vois, vous avez fait cela par inadvertance, » répliqua-t-elle.
L’adorable image de Souma se retournant pour détourner le regard et d’Aisha le fixant alors qu’il tentait comme de fuir, fut bientôt remplacé sur les écrans par une Juna Doma aux cheveux bleus.
Sur sa moitié supérieure, elle portait une tenue qui semblait être un morceau de tissu qui était enroulé autour d’elle, tandis que sur son bas, elle portait un pantalon blanc qui se resserrait autour de ses chevilles. Vêtue d’un mince morceau de soie semblable à un voile sur sa tête, elle ressemblait à une danseuse échappée du monde des mille et une nuits.
Sa beauté captivait tous les spectateurs, hommes et femmes, tandis que sa voix qui chantait en ce moment enivrait indistinctement les populations d’Elfrieden et d’Amidonia.
Les personnes regardant ce spectacle avaient tout de suite compris pourquoi Souma l’avait appelée la Prima Lorelei. La voix de Juna n’avait pas un caractère unique comme celle de Pamille. Cependant, le contrôle parfait de son timbre de voix s’était incrusté encore plus profondément dans les souvenirs des personnes que lorsqu’il s’agissait de Pamille qui chantait. La voix de Juna manquait aussi de la puissance que Nanna avait acquise en s’entraînant avec les pêcheurs. Cependant, grâce à cela, son timbre doux était capable de s’infiltrer encore plus profondément dans le cœur des personnes que celui de Nanna.
Le public en était certain. Certain que Juna Doma était la Lorelei qui se tenait au-dessus de toutes les Loreleis, la Prima Lorelei.
Les spectateurs d’Amidonia avaient été complètement charmés par les trois chanteuses. Ils avaient été surpris de découvrir que le Joyau de Diffusion de la Voix pourrait être une expérience si agréable. À ce stade, aucun d’eux n’était inquiet si cette émission était la manière de Souma d’essayer de les gagner à sa cause.
En japonais, le mot « Musique » était écrit « afin de profiter du son ». Ils l’appréciaient pour son son. C’est pourquoi personne n’avait remarqué le véritable but de Souma.
... À l’exception d’une personne.
☆☆☆
Partie 4
« Ce roi, il a très certainement fait un vilain tour... »
À Nelva, une ville fortifiée dans le sud-ouest d’Amidonia, une personne qui s’était mêlée aux téléspectateurs afin de regarder l’émission marmonnait ça.
Cette personne portait une cape à capuchon qui couvrait tout son corps, rendant impossible la lecture de son expression. Tout ce qu’il était possible de discerner était que, comparée à ceux autour de cette personne, elle avait une petite carrure, et une voix qui était très probablement celle d’une femme.
Un homme cagoulé debout à côté d’elle avait posé une question à la jeune fille dans le manteau à capuche. « Un vilain tour ? »
« C’est très vilain, » déclara la fille. « Après tout, il prend “toutes les choses que mon vieux père a délibérément tenues à l’écart des gens” et puis les leur donne soudainement en une fois. Il n’y a aucun espoir que mon frère puisse rétablir sa situation après ce vilain tour... Eh bien, du point de vue du peuple, c’est peut-être pour le mieux. »
Avec ces mots dits, la fille à capuchon a haussé les épaules comme pour ajouter, « Bon sang ! »
L’homme encapuchonné à côté d’elle la regardait avec confusion. « Euh, princesse, que dites-vous que le Seigneur Gaius a volé aux personnes ? »
« La liberté, c’est cela, M. Colbert, » dit la fille à capuchon.
La fille à capuchon était la fille de Gaius VIII, Roroa Amidonia. L’homme à côté d’elle était l’ancien Ministre des Finances, Colbert.
Roroa avait montré la vidéo. « En utilisant ainsi le Joyau de Diffusion de la Voix, il y aura des femmes qui vont vouloir porter des habits de fantaisie, et des hommes qui vont convoiter de jolies jeunes filles en plein jour. Rien de tout cela n’aurait été permis auparavant dans la principauté, n’est-ce pas ? C’était parce que ni le prince ni le peuple ne voulaient répandre les idéologies de faibles. Mais ce roi, il leur montre avec cette émission que tout cela est autorisé dans le Royaume. »
« En d’autres termes... en exhibant leurs “libertés”, » déclara Colbert.
Roroa acquiesça. « C’est exact. C’est ce qui le rend vilain. La liberté est “gratuite”. Le donner au peuple ne coûte rien à Souma. Maintenant, si vous essayez de la leur enlever, il y aura de la résistance. Même s’il emprunte le pouvoir de l’Empire et parvient à récupérer Van, voyez vous vraiment mon frère leur laisser cette "liberté" au vue de sa mentalité ? Moi je ne peux pas. Sous le règne de mon frère, cela va être simplement une répétition de la manière dont mon vieux père dirigeait cet endroit. Il y aura le chaos, il n’y a pas deux façons de faire face à ça. »
« Non... voulez-vous dire que Souma a calculé tout cela avant de faire cette émission ? » s’exclama Colbert.
« Il semblerait que oui, » répondit-elle.
Les yeux de Colbert s’étaient écarquillé. Il avait été choqué que cette fille, qui quand elle retirait sa capuche avait d’adorables petits yeux comme ceux d’un tanuki, eût vu à travers les desseins du roi Souma, l’homme qui avait ridiculisé Gaius VIII avec ses plans.
Si le dirigeant d’Amidonia n’avait pas été Gaius ou Julius, mais à la place Roroa, le monde pouvait en ce moment être un endroit très différent. Non, cela ne faisait aucun doute que cela aurait été le cas. Quand il y pensait, Colbert ne pouvait s’empêcher de ressentir un profond sentiment de regret.
Cependant, il semblait que Roroa elle-même ne pensait même pas à ça. « Ceci signifie simplement que mon vieux père ne lui correspondait pas. Car après tout, ce vieil homme était sans espoir quand il s’agissait de quelque chose autre que le champ de bataille. Franchement... Je lui ai dit que s’il ne stimulait pas l’ardeur à dépenser et à relancer l’économie, cette crise économique allait durer éternellement, mais il n’a pas entendu un mot de ce que j’ai dit... »
En l’entendant parler avec tant d’amertume, Colbert se dépêcha de répondre. « Euh, princesse... à propos de votre père. »
« Oh, ne vous en fais pas pour ça, » dit-elle. « Je ne suis moi-même pas trop dérangée par ça. »
Dans la récente bataille, les forces d’Amidonia avaient subi une défaite majeure de la part des forces d’Elfrieden, et le père de Roroa, Gaius VIII, avait été abattu par l’Armée Royale sous le commandement de Souma Kazuya.
Lorsque Colbert avait essayé de lui montrer de la sympathie pour cette perte, Roroa lui avait juste fait signe de s’arrêter. « Je me demandais pourquoi c’était ainsi ? J’ai entendu que mon vieux père est maintenant mort, mais je ne me sens nullement triste de ce fait. Je suppose que finalement, je ne m’entendrais jamais avec mon vieux père ou mon frère... »
« Princesse..., » murmura Colbert.
« S’il y a une chose... c’est que je suis choquée que je ne sois pas plus choquée par ça, » déclara Roroa. « Je voudrais me venger de Souma, mais tout ce que je ressens envers lui, c’est de la curiosité. La façon dont il a reconstruit ce vieux pays et l’étrange façon dont il utilise le Joyau de Diffusion de la Voix, je me demande dans quel monde il a dû vivre pour apprendre à faire tout cela. J’aimerais le rencontrer et pouvoir lui en parler. Hé, Monsieur Colbert. Pensez-vous que je sois peut-être sans cœur ? »
Pour la première fois, ses yeux incertains avaient jeté un coup d’œil en dehors de sa capuche. Ses yeux humides étaient comme ceux d’un chiot abandonné. Quand Colbert la vit ainsi, il avait dit en toute hâte « Non ! » et avant bougé négativement sa tête.
« Vous essayiez de sauver ce pays d’une manière différente de celle du Seigneur Gaius ! » déclara-t-il. « C’est pourquoi vous ne vous êtes jamais entendus avec Gaius ou Julius, qui ont placé leur idéologie devant le bien du peuple, et vous ressentez une profonde affinité avec le roi Souma qui regarde toujours les choses à travers les yeux de son peuple ! Il s’agit de la véritable preuve que vous êtes la princesse de ce pays ! »
Après Colbert eut dit cela, Roroa, qui avait juste eu quelques instants auparavant l’air d’un chiot abandonné, avait dit, « Êtes-vous sûr ? Eh bien, bon, » puis, elle se mit à rire.
Était-ce des larmes de crocodile !?
Même le gentil Colbert était prêt à la consoler, mais il reconsidérera ça. Roroa était capable de faire semblant d’être triste, mais elle était aussi capable de prétendre faire semblant d’être triste. Seule Roroa savait ce qu’elle ressentait vraiment. Alors... Colbert n’avait rien rajouté.
Puis, soudainement, Roroa avait retiré sa capuche. Avec ses deux queues de cheval, l’adorable visage de Roroa apparut devant lui. Les yeux de Colbert s’ouvrirent largement sous la surprise.
« Princesse, que pensez-vous faire là ? Nous devons rester cachés, le réalisez-vous ? Et si quelqu’un vous voyait ? » s’exclama-t-il.
« Tout le monde est occupé à regarder le programme de musique, » dit-elle. « Ils ne vont donc pas nous regarder. Mais, avant de parler de ça, en tant qu’homme contre qui je vais devoir me battre, je pensais que je devais maintenant graver l’image du visage de Souma au fond de mes yeux. »
Aux yeux de Roroa, Souma était un jeune homme simple et ordinaire, comme on pouvait en voir partout. Cependant, elle était également bien consciente qu’il y avait bien plus en lui que ce que son œil percevait. Une personne normale ne pourrait pas restaurer un royaume en déclin, ou vaincre les trois ducs et la principauté. Il était un adversaire difficile à évaluer précisément parce qu’il semblait si normal.
Roroa remit sa capuche, tirant Colbert par le bras alors qu’elle s’éloignait. « Maintenant, nous avons quelques préparatifs à faire de notre côté. Souma bouge plus vite que je ne le pensais. »
« ... Ha ! Oui, mademoiselle ! » déclara Colbert.
Pensant que c’était dès ce moment-là que les choses allaient sérieusement commencer, Colbert affichait une expression sérieuse sur son visage. Alors qu’elle marchait, Roroa se retourna, regardant l’image de Souma projetée par le récepteur, et gloussa.
Maintenant que vous nous avez mis dans l’ambiance, n’allez pas penser que nous vous laisserons courir pendant que vous avez pris de l’avance, pensa-t-elle. Vous allez devoir en assumer la responsabilité. Oh, oui, vous devrez le faire. Mieux vaut que vous soyez prêt, Souma ! ♪
***
Après que la chanson de Juna soit terminée, ce fut encore au tour de Pamille. Nous n’avions pas encore assez de Loreleis, donc pour l’émission d’aujourd’hui, chacune d’entre elles allait chanter deux chansons.
Quand le tour de Pamille fut à son tour terminé, j’avais attendu que Nanna commence sa deuxième chanson, puis j’avais traîné Aisha dans un endroit hors de vue, depuis où nous ne serions pas vus dans l’émission.
« Q-Qu’est-ce qu’il y a, Sire ? » demanda-t-elle. « Vous savez, nous sommes encore en direct. »
« Je vous ai dit qu’il y avait quelque chose qui m’inquiétait pendant cette émission, n’est-ce pas ? » dis-je. « C’est ce qui va se passer après Nanna. »
Quand elle avait entendu ces mots, Aisha avait affiché une expression sérieuse.
Je lui avais tranquillement dit, « Quand le prochain acte commencera, je compte sur vous en tant que garde du corps. »
« Quoi !? Vous ne voulez pas dire que Madame Juna ferait un peu... mmmph, » dit-elle.
Alors même que nous étions encore au milieu de l’émission, Aisha avait commencé à hausser la voix, alors je lui avais couvert la bouche avec ma main.
Une fois qu’elle s’était calmée, je secouais silencieusement ma tête. « Ce n’est pas Juna. Entre les deuxièmes chansons de Nanna et Juna, nous avons un chanteur qui à la dernière minute a sauté sur l’occasion afin de participer. »
« Hmm... Je-je n’ai jamais entendu parler de ça ! » cria Aisha.
« Comme je l’ai dit, elle a demandé à participer à la dernière minute, » dis-je. « Nous avons décidé de cela tout à coup, juste avant que nous commencions le direct. D’ailleurs, si je ne vous ai pas prévenue, c’est que je pensais que vous seriez trop occupée à y penser et que vous risqueriez de vous tromper dans votre texte. »
« Hmmarg... Je ne peux pas le nier, » dit-elle.
Ho franchement, pensai-je.
Pourtant, je lui avais tapoté sur l’épaule. « Donc là, vous le savez maintenant. Je compte sur vous s’il en est ainsi. Vous êtes l’une des hôtes, donc vous ne pouvez pas porter votre épée, mais est-ce que vous voulez garder une arme plus petite sur vous ? »
« Non, dans ce cas, je ferais mieux d’être à mains nues... Attendez, cette personne est-elle dangereuse ? » s’exclama Aisha.
« Non... Je pense que probablement, cela ne sera pas un problème, » dis-je. « Je prends juste une assurance. »
« Assurance, je vois... Compris. Sire, je vous protégerai jusqu’à la mort ! » dit-elle.
Aisha frappa une fois sa poitrine avec sa main. Il avait généralement fait un clang métallique à cause de son armure, mais aujourd’hui Aisha portait une robe de soirée. La poitrine généreuse qui était habituellement cachée sous son armure se balançait, alors je me détournai, embarrassée, parce que je ne savais pas où regarder.
Maintenant... voyons comment ceci va se passer, pensai-je.
***
« Cette émission de musique est très certainement très jolie..., » déclara quelqu’un dans la foule.
Au moment où ils avaient fini d’écouter la deuxième chanson de Nanna, une atmosphère de relaxation s’était installée chez les téléspectateurs Amidoniens. Ils appréciaient sincèrement l’émission de musique. À en juger par l’ordre des choses jusqu’à présent, Juna Doma était celle qui viendrait après. Ils étaient même devenus excités de l’entendre encore chanter.
Cependant, cette atmosphère était tout sauf époustouflante dans l’instant suivant. Une femme était apparue sur l’écran. Elle semblait avoir entre trente et quarante ans. Elle se tenait là avec ces deux mètres de haut. Elle avait une carrure si musclée que c’était apparent même à travers l’uniforme militaire qu’elle portait. Il y avait une vive lueur dans ses yeux, et elle portait ses cheveux lissés en arrière, il était donc difficile de dire quel était son sexe.
En fait, les seuls qui savaient qu’elle était une femme étaient les téléspectateurs de la principauté. Il s’est avéré que les téléspectateurs dans le Royaume pensaient qu’elle était un travesti.
Souma et Aisha apparurent sur l’écran à côté de la femme. Souma avait toujours son sourire forcé, mais Aisha regardait prudemment la femme.
« Maintenant, nous avons une invitée surprise, » déclara Souma. « Il s’agit de la commandante amidonienne, Margarita Wonder. Pendant que les troupes en garnison à Van se retiraient, Mademoiselle Wonder est restée ici pour surveiller si nous respectons l’accord et que nous ne nuisons pas à la population. »
Les habitants de Van avaient hoché la tête. Cela ressemble exactement à Mademoiselle Wonder, pensaient-ils.
Bien que vivant dans la Principauté d’Amidonia, où il était difficile pour les femmes de faire une carrière réussie, ses extraordinaires prouesses martiales et sa capacité à diriger l’avaient élevée au rang de général, et elle était maintenant une guerrière expérimentée. Ses capacités martiales et son apparence sévère la faisaient craindre par le peuple, mais elle avait aussi gagné leur confiance en vue de sa réputation de personne juste et droite.
Pourtant, cela rendait d’autant plus difficile pour eux de comprendre la situation. Que faisait ici Mademoiselle Wonder, à côté de Souma ?
« Mademoiselle Wonder était prisonnière de guerre, mais en raison de son rang et cela bien qu’elle ai été capturée, nous l’avions assignée à résidence, » déclara Souma. « Cependant, quand elle a entendu parler de cette émission, elle a immédiatement dit : “J’aimerais que vous me laissiez également chanter” et elle s’est donc portée volontaire pour y participer. »
Souma parlait sur un ton joyeux, mais Margarita elle-même resta silencieuse. Cette différence d’enthousiasme entre les deux était palpable, et cela envoya un frisson dans les échines des habitants de Van.
« Hé... est-ce que quelque chose est sur le point de se produire ? » se demanda quelqu’un dans la foule.
« Vous ne pensez quand même pas que Mademoiselle Wonder utiliserait cette chance afin d’essayer de tuer Souma, n’est-ce pas ? »
« Non, Mademoiselle Wonder ne s’abaisserait jamais à faire quelque chose de si sournois... »
« Mais regardez l’expression de cette elfe sombre. Elle est sur ses gardes. »
« Souma a beau sourire, mais vous pouvez bien voir qu’il est aussi très nerveux. »
Même si les événements se déroulaient actuellement dans le château, les habitants de Van semblaient tous avoir l’air gênés et cela les effrayait. Dans cette atmosphère, Souma continuait de parler avec un sourire.
« Maintenant, entendons-la chanter, » annonça Souma. « Mademoiselle Margarita va chanter... “À Travers la Vallée de Goldoa”. »
Quand ils entendirent le titre de la chanson, l’air qui circulait autour du public sembla se geler.
La chanson annoncée, « À Travers la Vallée de Goldoa » était l’hymne national d’Amidonia. Elle allait chanter l’hymne dans un Van occupé, juste en face de Souma, le roi de la nation occupante.
La population d’Amidonia avait compris en un instant la signification de tout cela.
Mademoiselle Wonder était prête à affronter la mort.
Une fois que Souma et Aisha étaient sortis de l’écran, un morceau de musique solennel dans une tonalité mineure avait commencé à être joué. Puis, enfin, Margarita avait commencé à chanter.
« Dans le pays au-delà des montagnes, où Ursula naîtra demain, ♪ Est-ce la terre qui a donné naissance à nos ancêtres, la terre à laquelle nous reviendrons ? ♪ Continuez, Ô chevaux, à escalader la colline de nos camarades tombés au combat. ♪ Continuez, Ô courageux guerriers, pour que cela deviennent nos terres de notre pays au-delà de là ♪. »
C’était une chanson puissante chantée avec une voix rauque. Les personnes de la principauté s’étaient naturellement levées avec fierté.
Le chant de Margarita avait rappelé de force aux personnes de la principauté qu’ils étaient citoyens d’Amidonia, y compris à celles de Van.
Ils avaient senti une admiration naissante pour la « liberté » dont jouissait la population du royaume, mais sa chanson était comme le gel qui avait causé la fermeture de ces bourgeons.
***
☆☆☆
Partie 5
Il s’agit d’une intense chanson, pensai-je.
J’étais dans un coin, en train de l’écouter.
Il y avait eu une légère agitation provenant des soldats se trouvant dans le public quand elle avait commencé à chanter. Mais comme ils avaient reçu l’ordre strict de « Restez assis quoi qu’il arrive et écoutez tranquillement la musique, » personne n’avait fait de scène.
Cependant, il était difficile de les blâmer d’être déstabilisés.
Après tout, cette chanson parlait d’une invasion effectuée par le Royaume d’Elfrieden.
Les paroles « Dans les terres au-delà des montagnes, où Ursula naîtra demain, » font référence aux terres à l’est des montagnes Ursula qui faisaient autrefois partie d’Amidonia, mais faisaient maintenant partie d’Elfrieden. Il avait demandé à leurs chevaux et à leurs courageux guerriers d’avancer vers ce lieu.
En d’autres termes, leur hymne national était une chanson sur la traversée de la Vallée de Goldoa afin d’envahir le Royaume d’Elfrieden.
Je ne sais pas... Avaient-ils vraiment besoin d’aller aussi loin ? Cela montrait à quel point un État militariste pouvait être vindicatif au point où même son hymne national essayait d’inciter le peuple vers cette voie.
Pendant que je pensais à ça, Aisha m’avait demandé à voix basse, « Est-ce que tout va bien ? Voulez-vous la laisser chanter comme ça ? »
« ... Eh bien, c’était ce à quoi je m’attendais, » j’avais répondu dans un murmure, avec mes bras croisés. « Quelqu’un qui était un général de l’armée adverse a soudainement dit qu’elle voulait participer à mon programme de musique. Les seules raisons que j’ai pu trouver étaient “attiser le patriotisme des téléspectateurs”, ou “attendre l’occasion de se rapprocher de moi et ensuite me frapper”. Après une enquête rapide sur quel genre de personne elle était, je m’attendais à ce que ce soit le premier. Aisha, voilà pourquoi je vous ai demandé de me protéger. »
« Vous saviez que cela arriverait ? » s’exclama Aisha. « Dans ce cas, n’aurait-il pas été préférable de ne pas la laisser chanter ? »
« ... Eh bien, il faut juste regarder, » dis-je. « Je vais activer les plans la concernant afin de l’utiliser à notre avantage. »
Alors que je disais ça, Margarita avait fini sa chanson. Dès qu’elle avait fini de chanter, Margarita s’était assise sur place.
Après que nous nous soyons approchés d’elle, elle avait dit, « Je vous ai montré la fierté du peuple Amidonien. Maintenant, coupez-moi la tête. »
Elle s’était assise bien droite. Comme je le pensais, elle était venue prête pour cette possibilité. Être décapitée ici faisait probablement partie de son plan. En fait, si je posais ma main sur Margarita, tous mes efforts mis dans cette émission seraient du gaspillage.
C’est pourquoi j’avais simplement souri et j’avais dit. « Pourquoi ? Je pense que vous chantez bien. »
Peut-être parce que ce n’était pas la réponse attendue, les yeux de Margarita s’étaient écarquillés en raison de la surprise.
Je me sentais mal de lui faire un tel coup alors qu’elle avait eu une telle détermination, mais je n’allais pas suivre ses plans.
« Vous avez une bonne voix, qui pourrait peut-être bien fonctionner pour RnB, » dis-je. « J’ai beaucoup de chansons que j’aimerais entendre chanter avec votre voix. Je suis sûr que toutes les personnes présentes ressentent la même chose. »
Après que j’eus dit cela d’une manière désinvolte, Margarita m’avait regardé. « ... Réalisez-vous que j’ai chanté l’hymne national amidonien ? Si vous laissez cet outrage impuni, les gens vont remettre en question votre autorité en tant que roi d’Elfrieden. »
« N’appelez pas cela un outrage... et alors ? » demandai-je. « Il n’y a pas de loi à Elfrieden disant que vous ne pouvez pas chanter l’hymne national d’un autre pays. Nous ne sommes pas à Amidonia. »
J’avais détourné les yeux de Margarita, en me tournant vers le Joyau de Diffusion de la Voix et en disant : « Qu’est-ce qui fait un bon pays ? Ce n’est pas une question simple à répondre. Cependant, au moins, je pense qu’un pays qui laisse sa population chanter librement est une bonne chose. Si un pays vous permet de chanter des chansons joyeuses, des chansons tristes, des chansons d’amour, des chansons locales, des chansons étrangères, des chansons militaires et des chansons antiguerre, je pense que c’est la marque d’un bon pays. »
Puis, en tendant la main vers le joyau avec ma main droite, j’avais demandé, « Qu’est-ce que vous, les spectateurs, pensez de ça ? »
***
Il y avait une tour sur le côté ouest du Château de Van.
Cette tour couverte de mousse possédait une présence bizarre et imposante. Elle abritait une prison, et elle était utilisée pour confiner les criminels de haut rang (noblesse, chevaliers, et plus haut). Alors même qu’il s’agissait d’une prison pour ceux de haut rang, ce n’était nullement une suite de luxe. À l’intérieur, il y avait une prison tout à fait typique.
Sous la domination amidonienne, il s’agissait principalement de prisonniers politiques qui avaient été confinés dans cette tour. Ces personnes auraient comploté afin de renverser l’État ou s’opposer aux dirigeants du pays.
Alors qu’on disait qu’elles avaient fait ces choses-là, le fait qu’elles les aient réellement faites ou non était une autre affaire. Parfois, ces sortes de crimes politiques étaient utilisés afin de renverser un rival politique.
Sous terre, il y avait également une pièce de torture utilisée afin d’extorquer des aveux. Il semblerait que les nobles qui avaient été faussement accusés seraient forcés d’avouer là, puis envoyés dans la zone d’exécution avec leurs familles. Si vous vous approchiez de cette tour la nuit, vous pouviez entendre le gémissement des prisonniers qui étaient torturés pendant la journée, donc à un moment donné, elle était devenue connue sous le nom de la Tour des Gémissements.
Dans l’une des cellules de la prison de la Tour des Gémissements, Liscia et Carla étaient assises sur le sol et se regardaient à travers un ensemble de barreaux en fer. Carla, qui était retenue en otage vis-à-vis de l’Armée de l’Air, était actuellement emprisonnée dans cette tour.
Liscia avait apporté un récepteur simple lié afin de voir ce qui était transmis avec le Joyau de Diffusion de la Voix, et elle regardait avec Carla le programme de Souma. Elles l’avaient au début pris pour un simple programme de divertissement, mais quand cette générale amidonienne était soudainement apparue, elles avaient toutes les deux réalisé le véritable but de Souma.
« Avait-il calculé que cette générale utiliserait l’émission pour attiser le patriotisme... ? », demanda Carla.
« ... et ainsi, il a montré la liberté et la magnanimité qui lui permettaient d’accepter ce patriotisme ? » continua Liscia.
Les deux soupirèrent d’admiration.
Liscia avait tracé le bord du récepteur simple avec son doigt. « Souma a enseigné aux habitants d’Amidonia qu’à Elfrieden les habitants sont libres de chanter les chansons qu’ils veulent. Non, ce ne sont pas seulement vis-à-vis des chansons. Musique, littérature, peintures, sculptures... Il a montré que toute forme d’expression artistique est autorisée. »
« Liberté d'expression, hein..., » déclara Carla. « Je ne peux pas penser à quoi que ce soit que la principauté déteste le plus. »
Dans un état militariste comme la Principauté d’Amidonia, il était plus facile de gouverner si les habitants étaient tous les mêmes. De cette façon, ils pourraient obtenir le soutien du peuple en appelant à la chute d’Elfrieden. Si elles permettaient un discours politique diversifié, les habitants pouvaient commencer à suggérer, « Nous devions faire la paix avec Elfrieden, commercer avec eux, et coexister ». C’était l’idée la plus effrayante pour les membres de la maison princière, de sorte que toute personne qui avait épousé ce genre d’idées avait été complètement supprimée.
Cependant, avec leur défaite dans la guerre et la mort de Gaius VIII, la maison princière avait perdu son autorité. Souma avait choisi un moment comme celui-ci pour faire son émission. Enseignant ainsi aux habitants de la principauté l’existence de quelque chose appelé la « liberté d’expression ».
Ils pouvaient chanter toutes les chansons qu’ils voulaient, dessiner les images qu’ils voulaient, et écrire les histoires qu’ils voulaient.
Il avait montré aux habitants de Van que les personnes qui les empêchaient de faire ces choses étaient déjà parties.
« À partir de maintenant... même si leur prince héritier, Julius, parvenait à reprendre le pouvoir, je doute qu’il puisse gouverner comme avant, » déclara Liscia. « Les habitants de Van ayant maintenant goûté le bonheur de s’exprimer. S’il veut leur enlever ça, il va devoir durement sévir. »
« S’il le fait, il ne fera que s’aliéner encore plus son peuple..., » Carla soupira, reposant sa tête contre les barreaux. « Je pense que j’ai finalement compris ce que Souma voulait dire quand il a dit. “Il n’y a du travail pour un roi qu’avant et après la guerre”. De son côté... il se bat encore en ce moment. »
« Se battre..., » murmura Liscia. « Je vois, c’est pourquoi Souma a choisi Aisha comme partenaire. » Liscia laissa échapper un soupir, s’appuyant elle aussi contre les barreaux. Les deux filles étaient maintenant dos à dos avec les barreaux entre elles. « Je suis heureuse qu’il ne veuille pas que je sois blessée, mais je suis également un peu jalouse. J’aimerais qu’il compte plus sur moi. »
« Ha ha ha..., » Carla riait. « Cela montre à quel point il prend soin de toi. »
« Tu le penses vraiment ? » demanda Liscia.
« C’est le cas, » Carla l’avait assurée. « Quand il se plaignait avec moi sur le champ de bataille, il m’a dit qu’il ne voulait pas que toi et les autres puissiez le voir ainsi. Grand-mère a dit un jour que plus un homme se soucie de quelqu’un, et plus il est orgueilleux quand il est avec eux. »
« T-Tu le penses vraiment ? Oh, attends ! Carla, il se plaignait auprès de toi ? » demanda Liscia.
« Je parie que c’est parce que je ne représente rien pour lui, » dit-elle. « Car après tout, je me suis opposée à lui. »
« Carla, Souma est... ! » déclara Liscia.
Quand Liscia se retourna et regarda le visage de Carla, elle était en perte de mots. Son expression n’avait montré aucune présence de son attitude de défi habituel. C’était en quelque sorte une expression de solitude avec un air de démission pacifique.
« Je le sais déjà, Liscia, » déclara Carla. « Sur le champ de bataille, il m’a forcé à voir le poids qu’il portait sur ses épaules. Il n’est pas un charlatan. Il est en réalité un splendide roi. Toi et le roi Albert avez eu raison quant à votre jugement. Nous étions ceux qui manquions de clairvoyance. »
« Hein !? » s’exclama Liscia. « Si tu l’as compris, alors... »
« C’est pourquoi je ne peux pas te laisser intercéder en mon nom, » déclara Carla.
Liscia se leva et frappa les barreaux. « Carla ! As-tu une idée de ce que la duchesse Walter et moi traversons... »
« Non, » répondit Carla. « Ce n’est pas ça, Liscia. » Elle secoua silencieusement la tête. Puis, repliant ses mains sur ses genoux, elle se força à dire. « Nous avons fait une erreur. Voilà pourquoi je ne veux pas causer plus de problèmes à vous tous. Si tu essayes de nous aider à survivre, tu mettras Souma dans une situation difficile. Il persévère déjà trop durement pour être roi, alors je ne veux plus lui imposer ce fardeau supplémentaire. »
« Carla... » Liscia avait l’air de souffrir.
Carla avait faiblement souri. « Je ne veux pas être plus longtemps un fardeau pour toi et celui que tu aimes. »
***
« Maintenant, tout le monde, je pense que nous avons ici la personne parfaite pour finir cette émission, » dis-je. « Voici la chanteuse numéro une, le Prima Lorelei, Juna Doma ! »
Ayant fini avec la présentation de la dernière chanson, je m’étais déplacé hors scène vers un endroit où le joyau ne pourrait pas filmer ma présence. Après que je fus arrivé là, j’avais trouvé Margarita agenouillée et Aisha la regardant avec un regard sombre sur son visage.
« ... Le roi d’Elfrieden, » gronda Margarita. « Saviez-vous que j’allais faire ça ? » Elle avait l’air extrêmement frustrée alors que je m’approchais d’elle.
« Oui, un peu, » dis-je. « Quelqu’un a essayé la même chose dans le monde d’où je viens. »
Bien que cela avait été présent dans un film. C’était une vieille comédie musicale, mais mon grand-père l’avait aimée, alors je l’avais vu un grand nombre de fois.
Margarita avait penché sa tête. « Je vois... Si quelqu’un l’a déjà essayé, il n’est pas étonnant que j’aie échoué. »
J’avais placé une main sur l’épaule de Margarita. « En dépit d’être de l’armée Amidonienne, vous n’avez pas compté sur la force brute, et vous avez eu une merveilleuse voix pour ce qui est du chant. Et à propos de ça ? Pourquoi ne pas essayer de devenir pour de vrai une chanteuse dans notre pays ? Peut-être, une chanteuse de RnB. »
« ... Vous me faites honte avec de si gentils mots pour un soldat vaincu, » dit-elle amèrement. « Je ne suis pas sûr de ce qu’est... ce Arr n Bee, mais étant donné que j’ai échoué en tant que soldat, peut-être que ce serait bien pour moi de changer de voie. »
« Oui, nous ne pouvons jamais avoir trop de chanteurs, » dis-je. « Vous seriez plus que bienvenue. »
Un sourire troublé se forma sur le rude visage de Margarita. « Laissez-moi y réfléchir. »
***
Margarita Wonder était hésitante à ce stade, mais peu de temps après, elle avait fait ses débuts en tant que première chanteuse de RnB d’Amidonia. Son chant puissant avec sa voix rauque avait surtout trouvé du soutien auprès des personnes d’âge moyen.
En outre, avec sa personnalité plus grande que nature qu’elle avait cultivée sur le champ de bataille, et le courage de rivaliser face à n’importe quel homme, elle avait pris en charge l’hébergement du programme, devenant finalement un pilier de l’industrie du divertissement du royaume.
Quoi qu’il en soit, le rideau était maintenant tombé sur la première diffusion très mouvementée de cette émission de musique.
☆☆☆
Entracte 1 : Le Seigneur Ishizuka
« D’accord... passons au prochain document, » dis-je
Que je sois dans la capitale royale, Parnam, ou la capitale princière, Van, mon travail de roi était toujours le même. Je restais au bureau des affaires gouvernementales examinant les documents que Hakuya m’avait préparés et les approuvant. Surtout maintenant, avec l’occupation de Van qui avait commencé si récemment, ma charge de travail avait augmenté.
Le fait d’avoir laissé s’accumuler plusieurs jours de travail pour que je puisse m’occuper de ce programme de musique n’avait pas aidé. Même si je travaillais jour et nuit, utilisant pleinement mes Poltergeists Vivants, le nombre de piles de papier devant moi refusait de diminuer. En fin de compte, j’avais fini par installer un lit dans le bureau des affaires gouvernementales de Van, afin que je puisse me remettre au travail dès que je me réveillais.
Ainsi, aujourd’hui, comme tous les jours, je m’étais assis au bureau dès l’instant où je m’étais levé, et je regardais une pile de papiers tandis que la lumière du matin illuminait le bureau.
« N’est-il pas le moment que vous ayez votre propre chambre ? » Liscia avait demandé ça alors qu’elle se tenait à côté de moi. Elle semblait un peu exaspérée de ça. Elle me donnait un coup de main. « Ce château a beaucoup de chambres à disposition. »
« Je suis enterré sous le travail de l’aube jusqu’au crépuscule, » dis-je. « Il n’y a pas grand intérêt à avoir une chambre si je n’y retourne que pour dormir. Franchement... juste au moment où les choses se sont finalement installées dans le royaume, j’ai fini par créer plus de travail pour moi en occupant Van. C’est comme, allez au diable la Loi sur les Normes du Travail. »
« De quel genre d’absurdité parlez-vous ? » demanda Liscia. « Allez, voici le document suivant. »
« D’accord... Attendez, encore ça ? » dis-je.
Quand j’avais regardé le document qu’elle m’avait donné, j’avais affaissé mes épaules.
Ça disait, « Les habitants de Van veulent organiser un concert de musique en plein air sur la place centrale. Est-ce acceptable que nous autorisions cela ? » J’avais déjà traité plusieurs pétitions similaires aujourd’hui.
Toutes ces demandes concernaient des concerts, des pièces de théâtre, des expositions d’art, des expositions de calligraphie, et des cirques, entre autres choses. Il semblerait que, après avoir vu cette émission, les habitants de Van s’étaient éveillés à l’idée de s’exprimer à travers les arts. Oui, c’était vraiment ça...
« Une renaissaaaaance, » dis-je, allongeant volontairement le mot.
« Qu’est-ce qui se passe ? C’est venu de nulle part, » déclara Liscia.
« ... Rien, » dis-je.
Liscia m’avait regardé en étant un peu amusée.
Oui, si je dois la faire rire en disant un mot drôle, j’allais probablement devoir d’abord faire usage de la langue locale, pensai-je.
Alors que la Renaissance originelle était venue comme une renaissance de l’humanisme grec et romain alors que l’influence de l’église chrétienne était sur le déclin. Celle-ci serait un renouveau culturel qui ferait que beaucoup de personnes célébreront les arts après avoir été libérées du militarisme.
« Mais franchement... je sais que l’automne est la saison de l’art, mais cet éveil est bien trop soudain, » commentai-je.
Pour être honnête, j’aurais préféré ne pas être submergé par un flot incessant de demandes pour des événements artistiques et culturels. Car après tout, cette ville était techniquement sous occupation. Si ces événements attiraient de grandes foules, il était possible que des conspirateurs puissent s’y rassembler ou qu’ils puissent être pris pour cible par des terroristes. J’aurais aimé qu’ils se mettent à ma place, en tant que la personne qui devait vérifier à fond pour s’assurer que cela ne se produisait pas.
Quand elle m’avait vu me tenir la tête dans les mains, Liscia avait fait un sourire ironique. « Franchement, vous ne pouvez pas les blâmer. Cela signifie simplement que votre diffusion a eu un gros impact, n’est-ce pas ? Il semblerait que ce genre de choses ait été refréné avec force jusqu’à présent. »
« ... Je parie que oui, » dis-je. « Je doute qu’un état militariste les laisse s’exprimer ouvertement. »
Brûler des livres pour avoir légèrement critiqué le régime au pouvoir, emprisonner des personnes pour avoir chanté des chansons qui appelaient à la paix, exécuter publiquement la tête d’une troupe de théâtre qui avait monté une pièce qui tournait en dérision le gouvernement..., pensai-je. Ils ont probablement fait tout cela sans la moindre arrière-pensée. Cette excitation que je vois est probablement due à la libération de tout ce qu’ils avaient refréné jusqu’à maintenant.
« Bien que, grâce à cela, ma charge de travail augmente, » dis-je d’un air sombre.
« Pas de récriminations, » déclara Liscia. « C’est mieux que s’ils s’opposaient à nous. »
« Eh bien, c’est exact, mais... peut-être que je devrais mettre en place un bureau afin de gérer les événements, » dis-je, venant d’avoir une soudaine inspiration. « Si je le confiais à Margarita, alors je pourrais lui confier tout ce qui concerne le divertissement. »
« C’est bon pour moi, mais... vous devrez faire la paperasse pour cela, » dit-elle.
« Ouaisss..., » dis-je.
Il semblerait que, même en luttant comme je le pouvais, ma charge de travail n’allait pas diminuer.
Eh bien, je suis le roi, alors je suppose que ça ne sert à rien d’aller contre ça, pensai-je.
J’avais travaillé pendant l’après-midi, et juste au moment où j’avais faim et que je disais à Liscia que nous devrions manger quelque chose pour midi, le Ministre Royale concernant la Crise Alimentaire, Poncho Ishizuka Panacotta, entra dans la pièce.
Poncho s’avança pour se tenir devant moi, son ventre rond tremblant alors qu’il faisait ça, puis il fit un salut tendu. « Hum ! Votre Majesté, j’espérais que je pourrais avoir un peu de votre temps. »
Il était clairement anxieux. Il n’avait peut-être pas l’air impressionnant en ce moment, mais Poncho avait joué un rôle crucial dans la résolution de la crise alimentaire, et c’était un homme que j’avais choisi afin qu’il travaille à mes côtés, alors il était une figure respectée dans le pays.
Voilà pourquoi je souhaite qu’il s’habitue déjà à se tenir devant moi..., pensai-je.
« Quelque chose ne va pas ? » demandai-je.
« Tout à fait ! Sire, il y a quelque chose que je voulais vous montrer, » Dit Poncho en sortant quelque chose du sac qu’il portait avant de le placer sur le bureau.
« Vous vouliez nous montrer... une fleur ? » Liscia, qui nous regardait, avait déclaré ça en pleine confusion.
Poncho avait sorti une seule fleur. Elle ressemblait à un lys. Cependant, il y avait là une combinaison de couleurs dans son apparence qui semblait toxique. Elle avait des pétales roses, jaunes et bruns.
Si c’était un champignon, ce serait un avertissement clair de ne pas le manger, pensais-je.
« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.
« Et bien ! Ceci est une fleur appelée un “lys séduisant”, » déclara Poncho.
« Oh ! D’accord ! Je sais ce qu’est un lys, » dis-je. « Mais qu’est-ce qui le rend si séduisant ? »
« Le pollen de cette fleur a un puissant effet hallucinogène, » expliqua-t-il. « Il induit chez toute personne qui l’inhale un état semblable au somnambulisme. Il pousse principalement dans les montagnes. Il y a longtemps, il y a eu un incident où une division de l’armée l’a inhalé tout en marchant. Ils sont alors tombés d’une falaise en fuyant des ennemis qui n’existaient même pas et en conséquence, ils ont été anéantis. »
« Effrayant ! » m’exclamai-je. Est-ce comme une drogue non contrôlée, ou quelque chose comme ça ? « Attendez, ne me ramenez pas ce genre de chose ici ! »
« C’est correct, » déclara Poncho. « J’ai déjà enlevé tout le pollen. »
« ... Vraiment ? Eh bien, tant que vous êtes sûr que c’est sûr, » dis-je.
« Oui, » dit-il. « En outre, le pollen d’une ou deux fleurs n’aura aucun effet. Cependant, si vous essayez d’approcher un champ où des centaines d’entre elles se développent, alors même le fait de vous couvrir votre nez et votre bouche avec un chiffon n’aidera en rien... »
Eh bien, ouais, à moins de porter un masque avec une filtration d’air, je doute que vous puissiez bloquer tout le pollen, pensai-je. Je n’ai jamais eu à en utiliser moi-même, mais les personnes allergiques au pollen ont l’air d’avoir du mal avec un masque.
« Alors, vouliez-vous me montrer cette fleur ? » demandai-je.
« Non, Sire, la fleur est simplement une sorte de bonus. Ce que je voulais que vous voyiez était cela, » à la suite de ces mots, Poncho avait sorti un petit objet arrondi. Celui-ci était... un légume, peut-être ? Il était blanc, rond et grumeleux, comme des bulbes d’oignon ou des gousses d’ail densément agglomérées en quelque chose comme une pomme de pin.
« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.
« Ceci est un rhizome du lys séduisant, » dit-il.
« Un rhizome..., » murmurai-je. « Ho ! La racine du lys, hum ! », cependant, la fin de ma phrase fut criée en raison de ce que je venais d’entendre.
« Hé ! ... Pourquoi criez-vous si soudainement ? » Mon emportement avait surpris Liscia.
J’avais été excité par l’apparition soudaine et inattendue d’un ingrédient de luxe.
Hmm, donc c’est ça une racine de lys, pensai-je. J’en ai déjà vu en petit morceau lorsqu’il est utilisé en tant qu’ingrédient pour du chawanmushi, mais c’est la première fois que je vois un bulbe entier. C’est censé avoir un goût de pomme de terre, si je me souviens bien.
« ... Eh bien, Poncho Ishizuka Paramédical, » commençai-je.
« C’est Panacotta, » dit-il.
« Est-ce que cela se mange ? » demandai-je.
« Oui bien sûr que vous le pouvez, » dit-il. « Cette racine n’a pas d’effet hallucinogène. »
« Et qu’en est-il de son goût ? » demandai-je.
« Si vous les faites cuire à la vapeur, ils sont doux, feuilletés et délicieux, » répondit Poncho. « Je pourrais ajouter cela, ces lys séduisants poussent partout dans les montagnes d’Amidonia. »
C’est bon à entendre, pensai-je. La racine de Lily est riche en hydrates de carbone. Elle peut être utilisée comme aliment de base, tout comme les pommes de terre. Si nous pouvions récolter en masse de celle-ci, alors cela pourrait produire une percée dans la résolution de la crise alimentaire de la principauté.
« Mais à cause de ce pollen, vous ne pouvez pas aller n’importe où près d’où ces fleurs poussent, n’est-ce pas ? » demandai-je.
« Tout à fait, » répondit-il. « Et si elles ne sont pas récoltées alors qu’elles libèrent du pollen, la toxicité s’accumule dans leurs racines. C’est pourquoi ces racines ne sont pas habituellement consommées en Amidonia. »
« Eh bien, dans ce cas ce n’est pas bon, » dis-je. « Même si elles sont comestibles, si vous ne pouvez pas les récolter. Attendez, hein ? Dans ce cas, comment avez-vous obtenu celle qui se trouve ici ? »
Après que j’eus demandé ça, Poncho avait sorti une carte et avait indiqué une zone dans le nord-est de l’Empire Gran Chaos.
« Il y a un peuple dans les montagnes de l’Empire Gran Chaos qui récolte le lys séduisant et l’utilise comme aliment de base, » expliqua-t-il. « Ils ont développé une méthode particulière afin de les récolter. »
« Quelle est cette méthode ? » demandai-je.
« Vous voyez, ils utilisent le shoujou pour ça, » dit-il.
« Le shoujou... Est-ce bien un type d’orang-outan ? » Je me posais cette question à haute voix, et Poncho hocha la tête en l’entendant.
« Parmi les variétés d’orangs-outans qui vivent dans les montagnes, une espèce a une résistance particulière face aux effets du pollen de lys séduisant, » expliqua-t-il. « Il semble que ces orangs-outans déterrent régulièrement les racines et les mangent. Les montagnards de l’Empire ont donc formé ces orangs-outans afin qu’ils s’occupent pour eux des moissons. »
Je vois, donc comme les cormorans utilisés dans la pêche au cormoran, hum, pensai-je. Les apprivoiser serait normalement la partie la plus difficile, mais nous avons une experte dans ce domaine dans notre pays.
« Ces orangs-outans sont-ils également présents ici à Amidonia ? » demandai-je.
« Oui, » répondit-il. « Il semblerait qu’ils vivent dans les montagnes près de Van. J’ai déjà demandé à Tomoe de négocier avec eux pour nous. Les shoujous sont célèbres pour leur amour de l’alcool, donc je soupçonne qu’ils vont travailler pour nous si nous leur donnons un tonneau de temps en temps au lieu d’argent. »
« C’est bien de voir que vous travaillez si vite, » dis-je.
Non seulement nous avons une réserve de rhinosaurus, mais maintenant, nous avions également l’armée de la Planète des Singes, hehe, pensai-je. À ce rythme, je pourrais littéralement transformer Elfrieden en un royaume animal. Hahaha...
« ... Hé, Liscia, » dis-je.
« Quoi ? » demanda-t-elle.
« Si vous pensez que cette décision politique est trop dingue, vous pouvez m’arrêter, d’accord ? » dis-je.
« ... Ne comptez pas sur moi pour prendre cette décision, » répondit-elle.
Liscia se détourna, refusant d’avoir quoi que ce soit à faire avec ça.
***
Une semaine (huit jours) plus tard, la nourriture distribuée à Van comprenait une boulette faite avec la racine du lys séduisant (racine de lys pour faire plus court).
« Nous distribuons ici des boulettes de racine de lys, » déclara Poncho.
Poncho, le Ministre Royale concernant la Crise Alimentaire lui-même, se tenait sur le site de distribution, fournissant personnellement de la soupe de boulette de racine de lys aux habitants de Van. La crise alimentaire avait profondément affecté Amidonia, alors les habitants de Van s’étaient alignés avec des pots en main afin de pouvoir emporter leur ration de soupe jusqu’à chez eux. En plus de la distribution de la soupe, il y en avait aussi pour la dégustation, et il la servait aux personnes qui avaient fait la queue pour cela.
« Ça vous réchauffe vraiment, » déclara une femme. « C’est bien mieux que ce à quoi je m’attendais. »
« La soupe elle-même a une saveur agréable, » déclara une autre femme. « Je pense qu’il appelait ça du miso, n’est-ce pas ? »
« Ces boulettes de pâte, je parie qu’elles auront également un bon goût de friture, hum ? » commenta une troisième femme. « J’aimerais essayer moi-même de les cuisiner. »
Alors que les femmes au foyer de Van parlaient, Poncho les interpella. « N-Nous avons ici des boulettes de racines de lys que vous pouvez rapporter. J’aimerais beaucoup que vous les rameniez avec vous et qu’ainsi, toute votre famille puisse y goûter. »
Lorsque Poncho se mit à brandir un sac rempli de quenelles de racine de lys, une lueur brilla dans les yeux des femmes au foyer. Puis, avant qu’il le sache, Poncho fut entouré par toutes ces dames.
« Mon Dieu, comme c’est prévenant, » déclara l’une d’elles. « Il s’agit là d’une grande aide pour nous, jeune homme. »
« Vous, êtes-vous bien l’un des assistants personnels de ce roi ? » demanda une autre. « Avez-vous déjà quelqu’un de spécial auprès de vous ? »
« Ha. Non. Je n’ai même jamais pensé au mariage, » au moment où Poncho avait dit ça en étant clairement troublé, une lueur encore plus violente apparut dans les yeux des femmes au foyer.
« Comme c’est splendide ! Vous savez, ma fille est une gentille fille, » déclara l’une des femmes. « Peut-être que vous voudriez l’enlever de mes mains ? »
« Hé, c’est pas juste ! » protesta une deuxième. « Si vous prenez une femme, alors cela devrait être ma fille ! Tout comme moi, elle a de bonnes hanches, parfaites pour l’accouchement, donc je peux vous promettre qu’elle vous donnera des bébés en bonne santé ! »
« Si elle allait vivre avec un homme bien portant tel que vous, je n’aurais pas à m’inquiéter qu’elle ait faim, » déclara une autre.
... Et, avant qu’il ne le sache, elles essayaient déjà de caser Poncho avec leur fille.
Quand elles entendirent tout ce remue-ménage, certaines des jeunes femmes se trouvant un peu plus loin s’étaient même elles-mêmes portées volontaires pour ce poste.
« Il est l’un des favoris du roi, n’est-ce pas ? » demanda une jeune fille. « On dirait que cela serait une chose sûre pour moi de vivre auprès de lui. »
« C’est une occasion idéale pour se marier pour de l’argent, » acquiesça une autre. « Tout à fait ! Tout à fait ! Je suis partante pour ça. »
En l’espace d’un instant, Poncho fut envahi par des femmes, jeunes et moins jeunes. Souma leur avait récemment montré que c’était tout à fait normal de s’exprimer, alors les femmes étaient très franches quant à leurs émotions. Pour Poncho, qui n’était pas habitué à ce genre d’attentions, il n’avait aucune idée de ce qu’il devait faire et se tenait là, nerveux, quand...
« Que faites-vous, Monsieur Poncho ? »
... Quelqu’un l’avait appelé avec une voix qui n’était pas bruyante, mais qui s’entendait de loin.
Lorsque les nombreuses femmes avaient regardé la source de cette voix, elles virent une belle femme en tenue de femme de chambre qui avait une louche dans sa main. Voyant la beauté renversante de la femme de chambre, les femmes déglutirent malgré elles.
Puis, contre toute attente, cette servante se dirigea vers Poncho avant de s’accrocher au bras épais de Poncho. « Vous savez, je suis venue ici à la demande de Sa Majesté afin de vous aider dans votre travail parce que vous êtes si timide. Voulez-vous vous relâcher pendant que je travaille pour vous ? »
Au moment où elle avait dit cela, Serina jeta un coup d’œil à la foule de femmes. Serina ne les regardait pas en particulier, mais les autres femmes se sentaient intimidées par son beau visage.
Qu’est-ce qu’une beauté comme elle fait à côté d’un gars comme lui ? pensaient-elles.
Ils étaient même bras dessus bras dessous. Se pourrait-il qu’ils soient dans une relation scandaleuse ?
Ne prêtant pas attention aux sentiments des femmes, Serina jeta un coup d’œil significatif à Poncho. « Assurez-vous que vous me le fassiez plus tard. Je ne serai pas satisfaite de le faire juste une fois cette nuit. »
Quoi!??? Les dames haletèrent devant les paroles hautement suggestives de Serina.
À propos, la chose que Serina ne se contenterait pas de faire une seule fois cette nuit-là était de tester les plats expérimentaux de Poncho. Serina était ravie du fait de pouvoir tester les plats préparés par Poncho. Ils étaient conçus en cuisinant des ingrédients de moindre intérêt qu’on trouvait dans ce monde. En d’autres termes, elle disait qu’elle ne serait pas satisfaite de tester un seul plat.
Poncho avait bien compris ce qu’elle voulait dire, et il avait dit. « D-D’accord ! Je vais dès lors retourner au travail ! » et il retourna à son travail qui consistait à distribuer de la nourriture.
Serina fit un haussement d’épaules empli d’indifférents, puis se retourna et effectua un élégant salut aux femmes avant de suivre Poncho.
Les femmes ne pouvaient que regarder ces deux personnes partir, se sentant comme si elles avaient été trompées.
... Eh bien ! Alors qu’il y avait quelques problèmes en dehors de ça, les boulettes de racine de lys étaient délicieuses à la fois frites et bouillies, ce qui avait beaucoup aidé en permettant de calmer et d’apaiser les cœurs des personnes sous occupation.
La culture de la consommation de racines de lys s’était alors répandue à Van. Et Poncho Ishizuka Panacotta, qui leur avait personnellement distribué les boulettes, était devenu respecté presque de façon divine par les femmes au foyer de Van. Elles étaient même venues à l’appeler « Seigneur Ishizuka ».
Peut-être qu’un jour il y aurait des sanctuaires construits afin de l’adorer, tout comme pour Billiken.
merci pour le chapitre 🙂
Merci pour ce chapitre, mais j’ai noté que l’illustrateur à mal lu la partie 3 du projet Lorelei 🙂 Et est donc passé la robe d’une rouge extravagant d’Aicha ? 😉