Chapitre 8 : La Déclaration de Guerre
Table des matières
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Chapitre 8 : La Déclaration de Guerre
Partie 1
— Le soir du 1er jour du 10e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — près d’Altomura.
L’armée amidonienne avait accepté de lever le siège à la demande du seigneur du château, Weist Garreau, mais à midi, il n’y avait toujours pas eu de signes annonçant l’ouverture des portes d’Altomura.
Le Prince Souverain d’Amidonia, impatient de voir évoluer la situation, avait ordonné que le siège soit repris. Puis, une fois l’encerclement de la ville terminé, il avait donné l’ordre d’effectuer une attaque frontale de toute l’armée en même temps. Cependant, après avoir levé le siège de la ville, il avait fallu beaucoup de temps pour encercler à nouveau la ville. Nous nous trouvions proches du début de la soirée quand la tâche fut enfin terminée.
« Soyez maudit... » Jura Gaius. « De penser que je serais pris pour un imbécile par un petit homme sans importance tel que Weist. »
Alors qu’il était assis sur un tabouret dans le camp principal d’Amidonia, Gaius frappa du pied dû à son impatience. Quand ils le virent agissant ainsi, tous ses officiers et soldats se placèrent le plus loin possible de lui. Ils savaient tous que si quelque chose arrivait et que cela déclenchait sa colère, cela pourrait leur coûter la tête. Bien sûr, cela avait créé une atmosphère pesante sur tout le camp.
Au milieu de tout ça, le prince héritier, Julius, fit de son mieux afin de calmer Gaius.
« Cela signifie simplement qu’une petite nuisance cause de petites nuisances, » dit-il. « Il a effectué une tentative inutile afin de gagner un peu de temps. Mais cette fois-ci, nous devrons juste nous assurer de l’écraser totalement. Alors, pourquoi être autant énervé à ce propos. »
« ... Mphfff, » dit Gaius. « Tout à fait. Car après tout, sa lutte est certainement vaine. »
Il semblait avoir été apaisé par les paroles de Julius. Il continua de parler.
« Désormais, il est trop tard pour eux de me supplier pour leur vie. Je vais totalement détruire cette ville de province au moment où le soleil se lèvera. Quand le moment sera venu, Weist, je vais accrocher votre tête sur les portes du château. Mais pas avant de vous avoir torturé jusqu’à ce que vous m’ayez imploré que je vous tue ! »
« ... Je crois que faire ça serait très approprié, » déclara Julius.
Contrairement à Gaius, qui était toujours en colère, Julius affichait une expression glaciale. Pourtant, l’incertitude commençait à prendre racine dans son esprit. Il avait ressenti une présence suspecte de l’autre côté de ces murailles. Pourquoi Weist serait-il venu afin de gagner du temps sans espoir de gagner ?
Alors qu’il analysait ça, un soldat amidonien se précipita dans le camp principal.
« J’ai un rapport ! Une femme a été aperçue sur les murs d’Altomura ! » dit-il.
« Une femme ? » Demanda Julius.
Alors qu’il écoutait le soldat qui s’était incliné avant de faire son rapport, Gaius haussa les sourcils. « Mais, qui est-elle ? »
« Et bien... selon l’un des commandants qui l’a immédiatement reconnue, il s’agit d’Excel Walter, l’Amirale de la Marine d’Elfrieden, » déclara le soldat.
« Avez-vous bien dit Excel Walter ? » Gaius doutait de ses propres oreilles. « Vous dites que l’un des trois ducs se trouve à l’intérieur de ce château !? »
C’était dur à croire. Le roi d’Elfrieden, Souma, avait effectué son ultimatum envers les trois ducs il y a seulement quelques jours. Certes, l’Amirale Excel Walter lui avait juré de sa loyauté, mais au moment où les espions lui avaient communiqué cette information, les armées de la Principauté étaient déjà en train d’assiéger Altomura.
Sa base d’opérations était la Cité Lagune qui se trouvait au bord nord-est du Royaume, tandis qu’Altomura était proche du bord sud-ouest. Peu importe à quelle vitesse elle avait voyagé, il aurait fallu au moins trois ou quatre jours afin de parcourir cette distance. Si Excel se trouvait dans la Cité Lagune lorsque l’ultimatum avait été effectué, alors elle n’aurait pas pu arriver à Altomura à temps.
« Pourquoi !? Pourquoi est-ce qu’Excel est ici !? » S’écria Gaius.
Et contrairement à un Gaius qui semble incrédule, Julius avait l’air comme si tous se mettaient en place dans son esprit.
« ... Excel a très probablement déjà communiqué avec Souma avant même l’ultimatum, » déclara Julius.
La véritable identité de cette sensation sur laquelle il n’avait pas pu mettre un nom venait enfin d’être connue. C’était ce qu’il avait ressenti en permanence en provenance d’Altomura. Était-ce l’ombre d’Excel ?
Au moment où il se rendit compte de tout ça, Julius découvrit le plan traître que l’ennemi avait conçu, le faisant pâlir d’un coup. Si Excel et Souma avaient été secrètement en contact, il était possible que les deux autres ducs soient aussi de leurs côtés.
Et si cet ultimatum n’avait été qu’une farce... !?
C’était à ce moment-là que Julius réalisa enfin le véritable but de l’ennemi.
« Père, donnez l’ordre afin que nous partions d’ici en toute hâte ! Nous avons été attirés jusqu’ici ! » Cria-t-il.
Julius posa un genou sur le sol devant son père, offrant avec beaucoup de regret ses conseils. Gaius cligna des yeux en entendant la soudaine suggestion de retraite. « Attiré ici ? Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? »
« Il est très probable qu’Excel était déjà à Altomura quand elle a pris part à la réunion où cet ultimatum a été lancé par le roi, » déclara Julius. « Tout comme eux, nous avons aussi un Joyau de Diffusion de la Voix dans notre pays. Et il ne serait certainement pas impossible d’en transporter un ailleurs. »
« Pourquoi aurait-elle besoin de le faire ? » Demanda Gaius.
« Je suis sûr que c’était afin de nous bloquer devant cette cité, » déclara Julius, un visage amer clairement visible. « La cible de l’ennemi est... »
« Ceci est une annonce qui concerne tous les citoyens d’Elfrieden. »
Julius fut interrompu en plein milieu de sa phrase. Une voix assez forte pour que tous les soldats d’Amidonia encerclant Altomura puissent l’entendre fit écho dans toute la région. Quand ils se tournèrent dans la direction afin de voir ce que c’était, ils virent qu’il y avait une silhouette géante debout sur les murs d’Altomura.
Il devait faire environ 20 mètres de haut. Si cela avait été véritablement la personne elle-même, alors il serait clair que cette personne serait un géant. Cependant, un paysage était visible derrière lui. Il devait y avoir une sorte d’illusion utilisée là.
Cette silhouette était celle du roi provisoire d’Elfrieden, Souma Kazuya.
Aujourd’hui, il ne portait pas la tenue décontractée qu’il portait habituellement. À la différence des autres fois, il était vêtu d’un uniforme militaire très approprié pour une telle situation. On dit que les vêtements font l’homme, et là, il a l’air beaucoup plus intimidant que d’habitude.
Gaius et Julius regardèrent Souma avec des regards emplis de haine.
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« Je le répète. Ceci est une annonce qui concerne tous les citoyens d’Elfrieden. Je suis le roi provisoire d’Elfrieden, Souma Kazuya. »
Pendant ce temps, sur les murs du château, Excel regardait l’image géante de Souma en uniforme militaire avec une expression compliquée clairement visible sur son visage.
La brume sur laquelle était projetée cette image de Souma avait été produite par la magie d’Excel.
Avec le Pouvoir Magique qu’exerçait Excel en tant que descendante des serpents marins, il était facile d’imiter l’un des générateurs de brouillard des récepteurs utilisés pour la diffusion du Joyau de Diffusion de la Voix. En ce moment, Excel utilisait ce pouvoir pour montrer à l’Armée d’Amidonia l’image de Souma en provenance du Joyau de Diffusion de la Voix.
Souma commença par donner une explication complète sur la séquence d’événements qui avait conduit à l’actuelle situation.
Comment, le Général de l’Armée de Terre, Georg, avait abrité des nobles corrompus, et donc l’Armée Interdite et l’Armée de Terre étaient entrées en conflit.
Il avait aussi parlé sur le Général de l’Armée de l’Air, Castor, qui s’était révolté contre lui, prêt à devenir un martyr en raison de son amitié avec Georg.
Et aussi sur le fait que dès le début, entre les trois ducs, seule l’Amirale de la Marine, Excel, avait exprimé son intention de le servir loyalement.
Bien sûr, il annonçait les faits les uns après les autres, sans donner beaucoup de détails, mais les détails n’étaient pas importants pour la plupart des personnes présentes. Ce qu’elles voulaient entendre était de savoir si elles allaient être prises dans ce conflit ou non.
« Beaucoup d’événements sont survenus ces derniers jours, mais à l’heure actuelle, l’Armée Interdite, l’Armée de Terre, la Marine et l’Armée de l’Air sont toutes sous mon contrôle, » annonça Souma. « En tant que tel, je proclame par la présente que la guerre civile est arrivée à son terme. »
Le conflit entre le roi et les trois ducs était donc terminé.
Pour les citoyens, juste savoir ça était déjà largement suffisant. Cependant, Excel affichait dès lors un regard douloureux à la suite de ces mots.
Nous nous trouvions que deux jours après l’ultimatum. Cette annonce signifiait aussi qu’en ce jour, Souma avait vaincu l’Armée de l’Air de Castor Vargas et l’Armée de Terre de Georg Carmine.
Excel pouvait comprendre pour Castor. Il s’était révolté avec uniquement ses troupes personnelles, et Excel avait partagé ses connaissances concernant des itinéraires qui pourraient être utilisés pour envahir la Cité du Dragon Rouge afin d’aider à sa capture en douceur.
Cependant, Excel avait senti quelque chose d’artificiel dans la manière dont Georg s’était rendu si facilement.
Le temps qu’il m’a été demandé, de gagner était si court, donc je pensais bien qu’il y avait peut-être quelque chose de prévu, mais... Je n’aurais jamais imaginé qu’ils puissent travailler ensemble dès le début, pensa-t-elle. Il semblerait que Castor, moi-même, et même Sa Majesté avons dansé dans la paume de la main de Georg Carmine.
Malgré son apparence jeune, Excel se demandait si c’était comme ça qu’on voyait l’âge venir. Alors qu’elle commençait à comprendre le plan de Georg, elle regarda au loin tout en poussant un soupir.
Si tel était le cas, j’aurais dû agir d’une manière encore plus pressante afin de forcer Castor à s’arrêter... Si j’avais risqué ma vieille carcasse, aurais-je pu sauver deux vies ?
C’est ce qu’Excel pensait alors qu’elle regardait l’image de Souma.
Le discours de Souma arriva à son apogée.
***
« La guerre civile a désormais pris fin. Pourtant, il est bien trop tôt pour que nous puissions rengainer nos lames ! Les armées de la Principauté d’Amidonia ont traversé la frontière et ont envahi notre pays ! En ce moment même, les forces amidoniennes ont assiégé la ville d’Altomura qui se trouve au sud-ouest du royaume ! » annonça Souma.
Lorsque le roi avait soudainement révélé l’invasion d’Amidonia, environ la moitié de la population avait été tendue, tandis que la moitié avait réagi en étant choqué. Ceux qui étaient tendus étaient ceux de l’ouest qui avaient déjà reçu des informations concernant l’incursion amidonienne, tandis que ceux qui étaient choqués étaient ceux de l’est du pays où les nouvelles n’étaient pas encore arrivées.
Comme l’invasion effectuée par la Principauté d’Amidonia n’avait débuté que depuis quelques jours, l’information n’avait pas encore été complètement diffusée.
Les populations de l’est avaient réagi à cette soudaine nouvelle en tombant en pleine panique. Toutefois...
« Mais n’ayez pas peur, » déclara Souma. « J’avais prévu que cela pourrait arriver, et j’ai donc envoyé la Duchesse Excel à Altomura. Jusqu’à présent, l’ennemi n’a pas pu capturer la cité d’Altomura. »
Lorsque la population entendit les paroles de Souma, cela permit de les calmer un peu. Il continua.
« J’ai déjà l’Armée Interdite, l’Armée de Terre, la Marine et l’Armée de l’Air sous mes ordres, » annonça Souma. « L’armée qui nous envahit en provenance de la Principauté possède environ 30 000 soldats. De notre côté, en combinant les différentes armées, nous pouvons mobiliser environ 55 000 soldats. Si nous marchons maintenant jusqu’à Altomura, ce serait une tâche simple de neutraliser ces barbares qui nous envahissent. »
Quand ils entendirent ces mots, une impression de soulagement se répandit parmi la population. Cependant, à l’instant suivant...
« Mais, très cher peuple. Est-ce assez selon vous !? » Cria Souma.
Cette impression de soulagement avait été dissipée alors que le roi haussait la voix.
« La Principauté d’Amidonia a toujours visé à prendre les terres de ce pays, » Continua Souma. « Pendant des générations, leurs princes ont agi afin de retrouver leurs terres perdues, augmentant leur armée et gardant la frontière dans un état de tension constante. Le prince actuel, Gaius VIII, n’est pas différent des autres. Il a accentué les flammes de conflit entre les trois ducs et moi-même, agissant dans les coulisses afin d’atteindre ses propres objectifs ! Puis, lorsque le conflit entre Georg et moi est devenu une certitude, il a levé ses armées, puis est allé piétiner sous leurs pieds les terres appartenant à notre pays ! »
Il était exact que Souma avait fait quelques manœuvres dans l’ombre, créant par exemple une quête dans la guilde des aventuriers afin de faire évacuer les villes et les villages se trouvant sur le chemin des Armées de la Principauté. Cependant, cela ne signifiait pas qu’il n’y avait pas eu de pertes. Il y avait eu des villages délibérément brûlés par l’ennemi. Il y avait probablement eu aussi des pillages. Et si quelqu’un avait eu le malheur de se retrouver nez à nez avec les éclaireurs ennemis alors qu’il fuyait, il se peut qu’il y ait eu des vies perdues.
En plaçant sa colère dans les mots qu’il prononçait, Souma continua.
« Je vous le demande donc une fois de plus ! Êtes-vous satisfait de simplement les chasser hors du pays !? Dans cette ère de troubles, alors que toute l’humanité essaie de s’unir avec l’Empire Gran Chaos afin de contrer les armées du Seigneur Démon, est-il possible de tolérer un pareil comportement qui fut si barbare et violent ? Non ! C’est certain que ce n’est pas possible de l’accepter ! En tant que tel, alors qu’il n’est pas nécessaire pour notre pays de le dire, vu que nous avons fait l’objet d’une attaque-surprise, je le dirai néanmoins. »
À ce moment-là, Souma s’arrêta pendant un instant. Il prit une profonde inspiration avant de proclamer d’une voix très ferme.
« Le Royaume d’Elfrieden déclare la guerre à la Principauté d’Amidonia ! »
Il s’agissait donc d’une déclaration de guerre. La population devint tendue alors qu’elle entendait ces paroles.
Il s’agissait de mots qu’ils n’avaient jamais entendus à l’époque de l’ancien roi, Albert.
Les hommes étaient engloutis dans un étrange sentiment d’exaltation, tandis que les femmes étaient effrayées, et les anciens qui avaient vécu à l’époque des guerres et du chaos présent pendant le règne du roi d’avant Albert, celui qu’on appelait désormais le Conquérant, craignaient que ces jours de noirceurs ne reviennent.
Cependant, Souma avait continué sans la moindre hésitation présente dans sa voix.
« Je suis sûr que les armées d’Amidonia regardent aussi cette émission. Et donc, je leur déclarerai cela. J’ai envoyé vers l’ouest les forces rassemblées dans le duché de Carmine. Leur but sera de capturer la capitale de la Principauté, Van. Alors que vous, les forces de la Principauté perdrez votre temps près d’Altomura, nous allons sans doute raser entièrement vos maisons. »
Et alors, Souma acheva son discours avec des paroles qui resteront dans les annales, et qui seront sans aucun doute utilisées afin de représenter l’intégralité de cette scène quand elle sera dramatisée au cours des prochaines années.
« Écoutez-moi, Gaius ! Maintenant que vous avez posé la main sur ma maison, je vous ferais voir ce qu’il vous en coûtera ! »
***
Les wyvernes porteuses du palanquin de l’Armée Interdite utilisée pour les voyages royaux à l’étranger (également connus sous le nom de "wyvernes de salon") étaient quatre wyvernes qui portaient une nacelle aussi luxueuse qu’une limousine. Elles jouaient un rôle semblable à celui d’un dirigeable.
Il s’agissait de l’une des quatre wyvernes que j’avais prêtées à Poncho quand il avait dû chercher un peu partout ces ingrédients.
L’intérieur de la nacelle était spacieux et luxueusement aménagé.
Au début, lorsque l’argent avait manqué, j’avais même envisagé de retirer toutes les décorations et de les vendre. Mais Marx, qui était à l’époque Premier ministre m’avait suppliée de ne pas le faire. « Ceux-ci servent de façade pour notre royaume vis-à-vis du monde extérieur. Alors, s’il vous plaît, ne les vendez pas ! » J’avais donc abandonné l’idée.
J’étais à l’intérieur de cette nacelle, venant juste de terminer ma déclaration de guerre contre la Principauté d’Amidonia.
Le Joyau de Diffusion de la Voix était placé sur le sol juste devant moi. Aussi spacieuse que pût être la nacelle, nous avions eu beaucoup de mal à charger la gemme. Parce que la gemme était juste assez large pour se coincer vis-à-vis du toit, nous avions été obligés de couper une ouverture dans le haut et de la faire passer par là-bas.
À cause de ça, maintenant que nous volions en haute altitude, le vent s’engouffrait à l’intérieur de la nacelle et il faisait très froid. J’espérais seulement que mes jambes tremblantes n’étaient pas trop visibles lors de la diffusion de la déclaration de guerre.
« Souma, vous avez fait du bon travail, » déclara Liscia. « Maintenant, venez ici ! »
Après que j’avais dû résister au froid pendant assez longtemps pour que je puisse finir ma déclaration de guerre, Liscia ouvrit la couverture qu’elle avait mise autour d’elle afin de me laisser entrer moi aussi sous la couverture.
Deux personnes enveloppées dans une couverture. Oh, quelle chaleur ? J’avais finalement l’impression que je pouvais désormais me reposer. Je n’avais jamais été aussi reconnaissante de la chaleur d’une autre personne avant aujourd’hui.
« Ahh, il faisait tellement froid, » me plaignais-je. « Si j’avais su qu’il allait faire si froid, je pense que j’aurais préféré passer par la voie terrestre. »
« Si vous aviez tenté de charger la gemme dans un autre véhicule, une voiture à cheval n’aurait certainement pas suffi, » déclara Liscia. « Et si vous l’aviez transportée sur le dos d’un rhinosaurus, n’auriez-vous pas eu le mal des transports ? »
« ... Hehe, tous les deux sont aussi négatifs, » murmurai-je.
J’étais monté sur des rhinosaurus lorsque nous avions aidé le village des elfes sombres. C’était tout sauf un voyage en douceur.
Hal et les autres se déplacent probablement avec eux, pensai-je. Je dois trouver un moyen d’améliorer la situation et cela rapidement. Cela pourrait être un problème si je ne le faisais pas.
Alors que j’étais assis là-bas, je pensais souvent à de telles choses...
« H-Hmph... Un peu de froid comme celui-ci... ce n’est rien... » déclara Carla, assise en face de nous et essayant de paraître forte alors qu’elle frissonnait.
Cette fille que j’avais amenée avec nous en tant qu’otage vis-à-vis de l’Armée de l’Air portait peut-être une armure, mais elle n’avait pas de couverture afin de la protéger du froid. J’avais proposé de lui prêter une couverture, mais elle l’avait refusée, essayant de paraître forte.
Je pense qu’elle doit aller bien, étant donné qu’elle est un dragonewt, mais... maintenant que j’y pense, ils sont reptiliens, n’est-ce pas ?
« Les dragonewts ont-ils du mal à s’adapter au froid, tout comme les lézards ? » demandai-je.
« Ne nous comparez pas avec les lézards ! » cria-t-elle. « Oui, c’est vrai, nous avons du mal avec le froid, mais... »
« Mais vous devez voler à des altitudes assez élevées dans la Force Aérienne, n’est-ce pas ? » demandai-je. « Ne fait-il pas très froid quand vous faites cela ? »
« ... Nous prenons les mesures appropriées afin de nous protéger contre le froid, » répondit-elle.
« Hum, oui. Je suppose que vous devez le faire, » lui répondis-je.
Ce genre de froid devait être un événement quotidien pour ceux étant dans l’Armée de l’Air, alors ils devraient avoir des moyens de le faire.
Après que je me fus levé avant de poser une couverture de rechange autour de Carla, elle me fit un maladroit « ... Hum » avant de s’emmitoufler dedans alors qu’elle reniflait un peu.
Puis...
« Franchement... Comment pouvez-vous dire “Maintenant que vous avez posé la main sur ma maison, je vous ferais voir ce qu’il vous en coûtera !” ? » s’écria-t-elle. « Vous avez été celui qui a créé la tentation afin que les forces d’Amidonia nous attaquent par eux-mêmes, n’est-ce pas ? Sale bât... Je veux dire, Votre Majesté. » Carla se retourna pour me faire face, détournant les yeux.
« ... Hehe, vous l’avez donc remarqué, » répondis-je.
« Maintenant que je connais l’intégralité de la scène, ce n’était pas difficile à deviner, » dit-elle. « Vous avez utilisé les troubles intérieurs du pays afin d’attirer les Amidoniens, et maintenant vous allez les frapper, n’est-ce pas ? Est-ce que le Duc Carmine était aussi dans le coup ? »
« ... Je suppose que vous pourriez dire que vous avez à moitié raison, » dis-je. « Ce qu’a fait Georg a été entièrement réalisé à la suite de sa propre initiative. La cible de l’assujettissement qu’Hakuya et moi-même prévoyions dès le départ était la Principauté d’Amidonia. »
En enquêtant sur la corruption des nobles, j’avais appris que ce n’était pas qu’un petit nombre de nobles à l’intérieur du royaume qui travaillaient avec la Principauté d’Amidonia. Qu’il s’agît de liens familiaux, de pots-de-vin ou de détournements illégaux de fournitures, leurs connexions prenaient de nombreuses formes, mais l’existence de ces nobles était extrêmement dangereuse pour ce pays. Par exemple, si Amidonia devait envahir dans la situation actuelle, et si elle avait organisé une révolte dans tout le pays, cela aurait pu être un coup fatal pour ce royaume.
À cause de ça, Hakuya et moi avions réfléchi à diverses façons de résoudre la racine du problème. Et par "la racine", bien sûr, je voulais parler de la Principauté d’Amidonia elle-même.
« La Principauté d’Amidonia a été une menace constante pour ce pays, » dis-je. « Si nous les avions laissés tranquilles, je ne doute pas qu’ils continueraient à fomenter une rébellion. Si cela se produisait, alors beaucoup de personnes seraient blessées dans cet incident. C’est pourquoi Hakuya et moi avions prévu d’utiliser ces circonstances opportunes afin de leur infliger une défaite écrasante et les dépouiller de leur influence. Pour ce faire, nous avons utilisé de fausses lettres et d’autres méthodes du même genre afin d’essayer de les attirer dans un piège, mais... »
Là, je m’étais arrêtée un instant, grattant l’arrière de ma tête.
« À peu près à la même époque, Georg était en train de préparer un plan complètement distinct, » dis-je. « En prenant délibérément une position rebelle contre moi, il a rassemblé les nobles corrompus autour de lui. Puis il a projeté de lancer une rébellion et de perdre, afin qu’ils soient tous capturés avec lui. Vous comprenez, c’était son plan. »
« Vous... avez-vous été informé de ce plan ? » demanda Carla, ses yeux écarquillèrent alors qu’elle posait cette question.
Je hochai la tête tout en restant silencieux.
Liscia regarda vers le sol, ayant un air peiné à cause de ça.
« On nous a parlé du plan de Georg beaucoup plus tard, » dis-je. « Une fois que la situation avait progressé au point où personne ne peut revenir. Il a dû penser que nous l’arrêterions s’il nous révélait son plan dès le départ. Et en vérité, s’il me l’avait dit dès le début, je pense que je l’aurais fait. Ce genre de... plan nécessitant son sacrifice... Je n’aurais pas pu l’accepter. »
« Je vois. D’une certaine manière, ce que mon père disait était juste, » murmura Carla, ses épaules s’affaissèrent tout en disant ça.
« Qu’est-ce que Castor a dit ? » demandai-je.
« La veille de votre ultimatum, mon père a dit quelque chose comme ça “Je ne peux pas imaginer que le duc Carmine soit rendu fou par l’ambition.” »
À bien y penser, il... Castor avait dit quelque chose comme ça quand j’avais lancé mon ultimatum. Il avait dit ça, « Je ne peux pas imaginer que le Duc Carmine s’opposerait à vous sans une bonne raison. »
... Et il avait raison. Il n’y avait rien de faux dans ce qu’il avait dit. Castor était enclin à prendre des décisions hâtives, mais il avait peut-être compris instinctivement la véritable nature de la situation.
« Pourquoi... ? » Demanda Carla avec regret après un moment de silence, évitant toujours de regarder mes yeux. « Pourquoi n’avez-vous pas averti mon père avant ça ? Si seulement il avait su ça... »
« ... Plus il y a de personnes qui connaisse un secret, et plus le risque de fuite de ce secret est important, » expliquai-je. « Il ne pouvait pas se le permettre. Surtout que s’il l’avait su, Castor aurait essayé de toutes ses forces de l’arrêter, n’est-ce pas ? »
« C’est... » Carla devint silencieuse après ça.
Je serrai fermement les poings sous la couverture. « Nous avions déjà beaucoup dépensé, y compris la vie de Georg, pour que ce plan puisse se concrétiser, » dis-je. « Alors que nous ne pouvions plus revenir en arrière, nous devions tout faire afin de nous assurer qu’il réussisse. S’il ne réussissait pas, nous aurions dépensé tout cela en vain. C’est pourquoi j’avais espéré que Castor choisisse de nous accompagner de lui-même. Excel et moi avons donc continué à essayer de le persuader de venir avec moi. Et puis... Castor a dit qu’il préférerait mourir pour son amitié, puis rejoint le côté de Georg. »
Je serrais les dents à cause de la frustration. Pourquoi les choses s’étaient-elles si mal passées ?
Tout le monde venait de faire comme ils l’auraient voulu selon leurs propres raisons arbitraires. Au moment où je l’avais réalisé, je dansais déjà selon le scénario dont je ne connaissais même pas l’auteur. Et je ne savais même pas si mon rôle sur la scène de ce monde était celui d’un roi ou d’un bouffon.
Carla avait baissé la tête, incapable de dire quoi que ce soit. Liscia semblait vouloir lui dire quelque chose, mais elle se retint de le faire.
Alors que je regardais les deux filles, je laissais échapper un petit soupir. C’est vraiment... un rôle désagréable que d’être un roi.
☆☆☆
Partie 2
« Leur but sera de capturer la capitale de la Principauté, Van. »
Quand ils eurent entendu Souma déclarer cela, les 30 000 soldats amidoniens assiégeant Altomura partirent dans une retraite précipitée.
Du haut du mur, l’Amirale de la Marine Excel Walter et le seigneur d’Altomura Weist Garreau avaient tous deux regardé l’extérieur tandis que le soleil couchant brillait sur les clôtures et les banderoles qui avaient autrefois entouré les camps que les envahisseurs avaient laissés derrière.
Quand Weist se tourna vers le côté, il vit le visage d’Excel de profil, le soleil couchant lui donnant une beauté envoûtante.
« ... est-ce correct de ne pas les attaquer maintenant ? » demanda Weist, comme s’il essayait de dissimuler le fait qu’il était presque totalement fasciné par sa beauté.
Une course-poursuite pourrait être une occasion d’infliger des dégâts considérables à l’ennemi.
Cependant, Excel secoua négativement et en silence la tête. « Il y a de la cavalerie wyverne dans leur arrière-garde. Si une armée sans cavaleries-wyvernes telle que la nôtre devait quitter le château et que nous les poursuivions, alors nous subirions une contre-attaque punitive. Gaius VIII... Comme vous pouvez vous y attendre de l’homme qui a aiguisé ses crocs et se prépare à frapper notre pays depuis si longtemps, il donne des ordres tout à fait sensés. Bien que je doute que cela suffise pour s’enfuir de la paume de la main de Sa Majesté. »
Quand Excel déclara cela et ferma ses yeux, Weist ouvrit largement ses yeux. Pour Excel, qui avait toujours traité tout le monde qu’elle rencontra comme des enfants, y a-t-il déjà eu une personne qu’elle avait si bien jugée auparavant ?
« Est-ce que Sa Majesté est si ingénieuse que ça ? » demanda Weist.
« Je pense qu’en matière d’ingéniosité, il n’est pas si impressionnant que ça, » répondit Excel. « C’est plutôt que, pour chaque scénario qu’il rencontre, il arrive à trouver un plan qui semble être une réponse appropriée. C’est presque comme s’il connaissait déjà une bataille similaire. »
« Hm ? Que voulez-vous dire ? » Demanda Weist.
« ... Mais peut-être que Sa Majesté vient d’un monde bien pire que celui-ci. Un tourbillon de machinations et de supercheries, » déclara Excel.
Weist frissonna aux mots d’Excel.
Il avait entendu dire que Souma était un héros convoqué en provenance d’un autre monde. Et s’il supposait que cet autre monde avait vu la chute de beaucoup plus de pays qu’ici et qu’il avait connu des temps turbulents qui avaient causé la mort de beaucoup plus de personnes ?
Si, par hasard, ce monde devait se connecter avec celui-ci, la population de ce monde pourrait-elle riposter contre les personnes comme celle-ci ?
D’après les images qu’il avait vues, ce jeune homme ne semblait pas particulièrement apte à se battre, mais il pouvait quand même trouver des plans aussi bien développés.
Bien sûr, le fait que cela arrive était probablement aussi probable que si le ciel tombait...
« C’est... vraiment horrible juste à y penser, » déclara Weist.
« Oui, c’est vraiment... Mais maintenant, » dit Excel en frappant dans ses mains comme pour signifier un changement d’humeur. « Pensez-vous que notre travail est fini ici ? »
« ... Duchesse Excel, je sais qu’il est un peu tard pour demander ça maintenant, mais plutôt que de simplement gagner du temps, n’auriez-vous pas pu facilement vous occuper des forces de la principauté avec votre magie ? » demanda Weist.
Après que Weist ait fait cette remarque, Excel avait ri. « Ho Mon Dieu ! Vous savez, vous ne pouvez pas compter sur une vieille femme pour toujours. »
« Je pense que c’est le devoir d’un aîné de veiller sur les jeunes quand ils essaient si durement de faire quelque chose, » déclara Weist.
« Effectivement... » répondit-elle.
Weist ne savait pas trop quoi dire, mais contrairement à l’expression gaie d’Excel, elle se sentait irritée à l’intérieur.
Cette fois, mon rôle m’a obligé à rester en arrière-plan. Quand je considère ce qui arrivera à Carla et à Castor après la guerre, j’aimerais accomplir autant de choses que possible. Mais si j’en fais trop, cela ne fera que nuire à l’impression de Sa Majesté vis-à-vis de moi.
Elle soupira intérieurement, mais Excel n'était pas du genre à le montrer. « Maintenant, laissez le reste à notre jeune roi et à ses amis pendant que nous nous dirigeons vers le sud comme prévu. »
Alors qu’elle disait ça, les pensées d’Excel s’étaient tournées vers une autre jeune.
***
Au crépuscule, alors que la lune était cachée derrière les nuages, les forces de la principauté couraient, la torche à la main.
Une horde de 30 000 hommes portant des torches se déplaçait tel un serpent rampant sur le sol. De loin, ça devait ressembler à un spectacle fantastique. Cependant, pour les hommes eux-mêmes, ils étaient simplement obligés de courir alors qu’ils étaient couverts de sueur et de saleté.
Vers l’avant de cette ligne de troupes, le prince d’Amidonia, Gaius VIII, était au centre de l’unité de cavalerie qui se trouvait à la tête du convoi. Entouré de cinq gardes du corps qui portaient chacun une torche, il dirigeait son cheval comme un homme possédé.
Son expression était sinistre. Tout cela était la faute de ce jeune roi.
Ce roi avait appâté Gaius et ses hommes en utilisant les terres qu’ils avaient perdues, la région productrice de céréales fertiles. Cela avait exposé leur capitale Van, créant un flanc mou qui aurait normalement été protégé par une solide armure. Elfrieden avait alors saisi leur chance pour le poignarder pile dans cette zone.
Georg Carmine avait bloqué la route vers la capitale, mais il avait capitulé deux jours seulement après l’ultimatum. Et maintenant, Gaius avait entendu dire que les forces de Souma, l’Armée de Terre et l’Armée Interdite, avançaient sur Van avec une armée de plus de 55 000 hommes.
Van avait été construite afin de bloquer les incursions du Royaume et aussi afin de leur donner pied à terre pour leur servir de base pour toute l’invasion d’Elfrieden. À cause de ce fait, il n’y avait pas de forteresses entre l’armée du Royaume d’Elfrieden et Van.
En raison de la passivité de l’ancien roi, Albert, Gaius avait baissé sa garde. Il était devenu orgueilleux, prenant à la légère le Royaume Elfrieden dans la conviction qu’ils n’auraient pas le courage d’envahir un autre pays.
Maintenant qu’il était arrivé jusque là, Gaius réalisa qu’il avait été trompé par Souma et Georg.
Trop d’intrigues pouvaient annoncer la fin d’un intrigant. Trop souvent, un escroc oubliait que lui aussi pouvait aussi être victime des plans ourdis par un autre escroc. C’était ce qui était arrivé à Gaius.
C’est terrible ! D’imaginer que cette nation de faibles, Elfrieden, pourrait me poser tant de difficultés ! Gaius pensa amèrement à ça.
Alors qu’il effectuait un long trajet à cheval, il maudissait sa propre négligence.
Il y a deux générations, quand ils s’étaient retrouvés à la fin de l’expansionnisme du Royaume d’Elfrieden, le Roi d’Amidonia avait perdu la moitié de ses terres et était mort dans le désespoir. Pour s’assurer qu’ils n’iraient jamais oublier cette défaite mortifiante, le père de Gaius avait renommé le pays de Royaume d’Amidonia à Principauté d’Amidonia. Cette action avait été une démonstration de sa détermination, car l’homme avait senti qu’il ne pouvait plus appeler son pays "royaume" alors que la moitié de ses terres avait été volée.
Il s’était donné le titre de Prince Souverain et, à partir de ce moment-là, Amidonia avait fait de la restauration de ses terres perdues une politique nationale, surveillant toujours de près toute chance de réaliser cet objectif.
Quand le roi d’Elfrieden d’il y a deux générations était mort, Albert avait pris le trône. (Ou, plus précisément, il avait épousé la fille de l’ancien roi, qui avait hérité du droit de succession.) Après qu’il ait fait ça, Amidonia avait profité de sa passivité pour étendre une main intrigante sur les nobles d’Elfrieden et soutenir la croissance des groupes dissidents dans le royaume.
Cela avait continué même après que le père de Gaius fut mort et que Gaius avait pris le trône en tant que "Gaius VIII".
À cette époque, la majorité de ces nobles avaient été écrasées par Georg et Excel, mais les nobles restants qui avaient participé au projet étaient tombés dans la clandestinité, épuisant lentement le royaume. Ce qui était une bonne chose.
Albert n’avait pas eu beaucoup de potentiel en tant que roi, mais la différence de force entre le royaume et la principauté avait toujours été trop grande.
Étant donné qu’Amidonia était la nation la moins puissante, elle pouvait seulement attendre patiemment qu’une occasion opportune se présente.
Et enfin, la chance qu’ils attendaient depuis longtemps était arrivée. Le royaume des démons était apparu, et la crise alimentaire et la crise financière qu’il avait provoquées avaient épuisé le royaume. Puis, avec le changement soudain de dirigeants, les trois ducs qui étaient censés protéger le royaume s’étaient rebellés contre le nouveau roi.
La principauté avait rassemblé ses forces afin d’effectuer une nouvelle attaque. En ce moment, ils savaient tous que le royaume ne pourrait pas se déplacer librement. Le temps était enfin venu pour la Principauté d’Amidonia de réaliser son rêve... Oui, c’était ce dont Gaius avait été convaincu.
Cependant, à y regarder de plus près, est-ce que c’était vraiment le cas ? N’était-ce pas en vérité la Principauté d’Amidonia qui avait été poussée dans un cul-de-sac, les mettant dos au mur ?
Si maintenant nous perdons Van, Amidonia ne se rétablira jamais, pensa Gaius avec frénésie. Je ne pourrais pas faire face aux fantômes de mes ancêtres si cela se produisait !
Le visage de Gaius VIII était déformé par la frustration.
Cependant, ce n’est pas encore arrivé ! Nous n’avons pas encore fini ! Van est une forteresse très solide. Je l’ai laissée entre les mains de 5000 soldats d’élite. Même si l’ennemi arrive en grand nombre, ils devraient pouvoir tenir deux ou trois jours. Si nous pouvons atteindre Van pendant ce temps, alors si nous attaquons les troupes du royaume dans une attaque-surprise de type tenaille avec l’aide des troupes se trouvant à l’intérieur du château, nous aurons une chance de victoire !
C’était ce que Gaius pensait, essayant de s’encourager. Mais, alors qu’il pensait ça...
« Père ! » Julius amena son cheval aux côtés de Gaius. « Nous avançons trop vite ! À ce rythme, nous ne laisserons pas seulement les chariots derrière nous, mais nous commencerons aussi à voir notre infanterie nous perdre ! Je suggère que nous diminuions légèrement le rythme, et... »
« Silence ! » beugla Gaius. Il avait complètement ignoré les conseils de Julius en criant sur son fils. « Si Van tombe, nous ne pourrons plus jamais nous relever ! Quoi qu’il en soit, nous devons arriver à Van avant que la cité ne tombe ! Ainsi, nous attaquerons les forces du royaume dans une attaque en tenailles avec les soldats du château ! »
Alors que Gaius se déchaînait, Julius se sentit légèrement mal à l’aise. Il lui semblait maintenant que Gaius était trop obnubilé par la capitale, et il commençait à quelque peu s’énerver.
« Père, même si nous perdons Van, notre armée sera toujours intacte, » déclara Julius. « Ne pourrions-nous pas aller dans une autre ville sécurisée et chercher l’aide de l’Empire ? Car après tout, contrairement au Royaume d’Elfrieden, nous avons signé la Déclaration de l’Humanité. »
La Déclaration du Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque (aussi connue sous le nom de Déclaration de l’Humanité) était une politique proposée par le plus grand et le plus puissant empire du continent, l’Empire Gran Chaos, afin de résister à l’avancée des démons.
Premièrement, l’acquisition de territoire par la force entre les nations de l’humanité sera jugée inadmissible.
Deuxièmement, le droit de tous les peuples à l’égalité et à l’autodétermination devrait être respecté.
Troisièmement, les pays qui étaient éloignés du Domaine du Seigneur-Démon fourniront un soutien aux nations qui étaient adjacentes à lui.
Il s’agissait des trois principaux articles de la Déclaration de l’Humanité.
Amidonia avait signé la Déclaration de l’Humanité, mais même après que Souma eut pris le trône, Elfrieden ne l’avait pas fait. À cause de cela, si Amidonia approchait de l’Empire en disant que ses terres avaient été saisies, en tant que principale puissance derrière la Déclaration de l’Humanité et donc l’allié d’Amidonia, l’Empire forcerait probablement Elfrieden à restituer les terres saisies. (Bien que les territoires perdus avant la Déclaration de l’Humanité ne soient pas affectés.)
Donc, s’il avait décidé d’envahir un autre pays, puis que l’autre pays se plaignait, alors la même chose leur serait arrivée. Ce serait un argument spécieux, tout comme le ministre des Finances, Colbert, l’avait dit avant de partir pour le front, mais c’était la faute d’Elfrieden de ne pas avoir signé la Déclaration de l’Humanité. Julius pensait que c’était une bonne idée. Toutefois...
« Idiot ! L’Empire n’a pas un cœur tendre comme vous pensez ! » Gaius avait répliqué de manière impitoyable. « Cette invasion avait profité d’une échappatoire se trouvant dans la déclaration. Oui, si nous envoyions la demande, l’Empire se devra d’agir, mais après que nous soyons allés à contre-courant, ils ne peuvent pas avoir une opinion positive de nous. Ils voudront sûrement utiliser ce qui est arrivé ici comme un prétexte pour nous retirer tous les deux du pouvoir, puis transformer notre pays en un état fantoche. »
Julius resta silencieux.
Après qu’on lui ait dit ça, Julius ne pouvait plus rien dire.
Gaius le regarda, renifla un peu, puis haussa la voix afin de donner des ordres en criant presque. « Si vous comprenez cela, alors hâtons-nous encore plus ! Nous devons arriver avant la chute de Van ! »
Cependant, leur marche forcée s’était heurtée à un obstacle.
Il s’agissait des montagnes Ursula qui séparaient le Royaume d’Elfrieden et la Principauté d’Amidonia le long de la frontière sud de leurs pays respectifs. Puis, quand ils approchaient de plus en plus de la Vallée de Goldoa, qui était le chemin qui traversait ces montagnes, les hommes et les chevaux s’étaient enfoncés dans un sol boueux les uns après les autres.
« Qu-Quoi !? D’où vient cette boue ? » Cria l’un des soldats.
« Merde ! Mon cheval est bloqué dans un bourbier ! Que quelqu’un vienne m’aider à le sortir de là ! » hurla un autre soldat.
« Oh, venez ici ! Quand nous sommes passés la dernière fois, il n’y avait aucun endroit comme celui-là ici, n’est-ce pas ? » cria un troisième.
Il y avait partout des chevaux coincés dans la boue, avec des personnes dont leurs pieds étaient aussi coincés dans la boue.
Quand Gaius vit ce fiasco, il fut très étonné.
Ils étaient déjà venus en traversant la Vallée de Goldoa en utilisant le même chemin. Le sol n’avait pas été boueux comme il était maintenant, et personne n’avait eu les pieds coincés comme ça.
« Pourquoi... ? » murmura-t-il. « Il ne peut pas avoir autant plu. Alors pourquoi la route est-elle si mauvaise ? »
Comme s’il s’agissait d’une réponse aux murmures de Gaius, un soldat cria. « A-Attaque ennemie »
À l’instant suivants, ils purent entendre le son des flèches qui traversaient l’obscurité, puis le bruit d’un objet perforant quelque chose, produisant un son macabre. À chaque fois que ce son retentissait, un soldat amidonien tombait, les uns après les autres.
Après que l’un des soldats portant une torche près de lui fut tombé de son cheval avec un cri étouffé, Gaius avait ressenti un malaise qui remuait au plus profond de lui.
« Quoi !? Que se passe-t-il !? » cria-t-il.
Un soldat s’était précipité pour lui donner son rapport. « Il s’agit d’une embuscade ennemie ! Il semblerait que le royaume ait des troupes qui nous attendaient dans cette vallée ! L’ennemi est caché parmi les arbres, tirant des flèches et de la glace sur nous ! »
« De la glace, dites-vous ? » hurla Gaius.
« Nous soupçonnons qu’il y ait des mages de glace parmi les soldats ennemis ! »
« Des mages... Bien sûr ! Je vous maudis tous ! Ce sol boueux doit aussi être de leur fait ! » Gaius éclata de rage.
Voyant que le visage de Gaius était maintenant un masque de rage, Julius essaya désespérément d’arrêter son père.
« S’il vous plaît, Père, calmez-vous ! » Déclara Julius. « La force principale de l’armée du Royaume se dirige vers Van. Il ne peut donc pas y avoir beaucoup de soldats qui nous attendaient ici. En outre, il est impossible de faire manœuvrer une force importante sur ce chemin si étroit. À l’heure actuelle, notre meilleur plan d’action consiste à traverser la vallée le plus rapidement possible. »
« Arg, mais avec cette route si mauvaise... » Murmura Gaius.
« ... Envoyez un détachement de soldats vers l’avant, » déclara Julius. « Le chemin qui devra être utilisé sera celui où ils ne seront pas bloqués par la boue. »
Les yeux de Gaius s’élargirent à la suggestion cruelle de son fils. « Voulez-vous que j’utilise mes soldats comme des pions sacrificiels ? »
« ... Nous n’avons pas beaucoup de possibilités, » déclara Julius. « Père, si le pire devait arriver, et si vous deviez être abattu, les armées de la principauté se briseraient. Alors nous ne serions plus du tout capables de combattre le royaume. S’il vous plaît, prenez cette décision. »
« ... Je suppose qu’il n’y a pas d’autre choix, » dit Gaius.
Sacrifier ses soldats afin de trouver une issue de secours. Si leurs positions avaient été inversées, Souma aurait certainement beaucoup souffert de devoir choisir une telle option, pourtant Gaius avait fait instantanément ce choix.
Pour la Principauté d’Amidonia, leur désir de vengeance contre le Royaume d’Elfrieden était devenu une partie de leur identité. Il était juste de dire que même s’ils étaient entourés par des nations puissantes et qu’ils étaient tombés dans une crise alimentaire et une crise financière, Amidonia avait pu continuer avec une volonté ininterrompue grâce à leur désir de vengeance contre Elfrieden. Ils ne se souciaient pas s’ils souffraient, tant qu’Elfrieden souffrait encore plus.
En fait, même si les citoyens qui souffraient blâmaient quelqu’un de leurs malheurs, ils le faisaient non pas sur leurs élites trop zélées qui avaient trop dépensé pour les militaires, mais sur le royaume qui les avait privés de leur prospérité il y a bien longtemps.
Et cela même si 50 ans s’étaient maintenant écoulés,
Même si les citoyens ordinaires ne pensaient pas aussi loin, les élites avaient commencé à penser qu’il était acceptable de sacrifier quoi que ce soit afin de lutter contre le royaume. Dans ce pays, ceux comme Roroa et Colbert qui réfléchissaient en essayant de tirer le meilleur de ce qu’ils pouvaient étaient des valeurs aberrantes.
Pour Gaius, il était moins préoccupé par la perte de ses soldats que par la perte de sa capacité à combattre le royaume. Il était donc capable de donner l’ordre sans hésitation. « Faites avancer les troupes ! Nous devons nous dépêcher d’arriver de l’autre côté de la Vallée de Goldoa ! »
Après que cet ordre cruel fut donné, le positionnement des troupes se renversa vis-à-vis de la manière dont il était jusqu’à maintenant. L’infanterie avait alors commencé à avancer en premier, puis la cavalerie l’avait suivie, ignorant les fantassins piégés dans la boue alors qu’ils avançaient le long du passage sûr qui avait été découvert.
C’était vraiment une horrible scène.
Ceci n’aurait pas été si grave s’ils n’avaient été coincés dans la boue. Cependant, des dizaines de milliers de soldats étant pris dans une embuscade, il n’y avait aucun moyen de rester en ordre. Ils étaient donc dispersés. Certains essayèrent même de marcher sur le dessus des soldats qui était pris au piège dans le marécage. Ces soldats avaient ainsi été piétinés et écrasés par des chevaux, mourant d’une manière qui était vraiment horrible à voir.
☆☆☆
Partie 3
Il y avait un groupe de personnes parmi les arbres qui observait ce portrait de l’enfer qui se déroulait sur ce versant de montagne. Ce groupe était vêtu d’une armure peinte en noir, avait des arcs et des baguettes magiques et portait du tissu noir enroulé autour de leurs visages.
Ce groupe était une unité commando qui venait à l’instant d’attaquer ceux de la Principauté d’Amidonia. Ils étaient environ 2000 soldats. La personne centrale de ce groupe vêtu de noir était de faible corpulence, mais ses proportions avaient clairement indiqué qu’elle était une femme, et cela même à travers cette tenue.
Elle était la chef de l’unité de commando.
Les personnes se trouvant devant eux n’essayaient même pas d’aider leurs camarades qui s’étaient enfoncés dans la boue. Quoi qu’il en soit, les troupes amidoniennes marchaient comme si elles effectuaient une retraite.
Alors qu’elle pensait que les humains pouvaient devenir cruels afin de survivre, ceci la fit un peu frémir.
Il y a des moments où un roi doit donner des ordres cruels, pensa-t-elle. Cependant, alors qu’il afficha si peu d’hésitation, je me suis mis à le détester en tant que personne et non pas en tant que roi.
Alors qu’elle pensait à ça, l’un de ses subordonnés était venu vers elle afin de lui faire un rapport. « Dame Canaria, le groupe de tête des forces de la principauté a traversé la vallée. Devrions-nous les poursuivre ? »
En réponse, leur chef secoua la tête. « Ce n’est pas nécessaire. Notre mission n’est que de perturber et de bloquer le plus longtemps possible l’ennemi. En outre, nous sommes seulement 2 000. Même si nous les poursuivions, nous ne pouvons pas espérer de meilleurs résultats que nous ne l’avons déjà fait. Nous avons déjà beaucoup accompli. Alors, préparons-nous à nous retirer. »
« Oui m’dame ! » répondit-il.
Une fois que son subordonné qui lui avait apporté le rapport était parti, elle avait enlevé le tissu enroulé autour de son visage.
À ce moment-là, les nuages qui recouvraient la lune se retirèrent de là, et le clair de lune fit briller ses beaux cheveux bleus.
Elle était magnifique même dans le simple geste de se brosser les cheveux, les plaçant en arrière. Elle était la Lorelei du Royaume, Juna Doma.
Quand elle était apparue devant Souma, elle avait été la Lorelei Juna qui travaillait dans un café chantant, mais dans la Marine elle était devenue Canaria, le chef d'une troupe de 2000 marines, la seule unité destinée à combattre dans les opérations amphibies.
Oui, la véritable identité de cette unité de commando était le Corps des Marines, ce qui signifiait qu’elle était liée à Excel Walter.
Juna fut soulagée d’avoir accompli avec succès sa tâche.
Grand-mère a bien géré sa partie, pensa-t-elle. Je ne peux pas être la seule à rater ma mission.
Par "grand-mère", elle voulait parler de l’Amirale de la Marine, Excel Walter. En plus d’être une Lorelei et Canaria, Juna était aussi la petite-fille d’Excel. Bien sûr, avec la longue vie d’Excel et de nombreux amours, elle avait eu un grand nombre d’enfants et si elle comptait tous ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, eh bien, elle avait assez d’enfants pour peupler un petit village.
Avec une famille aussi nombreuse, il serait possible de renverser le royaume en utilisant seulement ses propres liens de parenté. C’est pourquoi, pour éviter tout soupçon inutile, Excel avait gardé le nom de "Walter" que pour elle-même. Quand ses enfants atteignaient la majorité, elle les reniait et les envoyait se marier dans d’autres maisons. Juna était l’enfant de l’un des fils d’Excel qui s’était marié dans la famille marchande Doma.
Juna, qui avait hérité du beau visage d’Excel, regarda les cadavres cruellement abandonnés des soldats amidoniens et fronça les sourcils. « ... Si nous les laissons là, les bêtes locales pourraient développer un goût pour la chair humaine. Ce serait un problème si cela advenait. Sauvons les survivants et faites-les prisonniers, puis enterrez les corps des autres. »
« Comptez-vous aider les soldats amidoniens ? » demanda son subordonné.
« Après avoir été abandonné par leur propre roi, Sa Majesté le Roi Souma, le roi d’un état ennemi, les sauvera, » dit-elle. « Cela pourrait améliorer la réputation de Sa Majesté, et cela ne peut pas le nuire. »
« Je comprends. » Dit-il.
Tout comme l’aura qu’elle exsudait, le processus de pensée de Juna était aussi très mature. Après avoir donné des ordres à ses subordonnés, Juna regarda vers le nord-nord-ouest. Il s’agissait de la direction dans laquelle elle savait que Souma et les autres se dirigeaient en ce moment. Après cela, Souma et les autres entreraient dans la bataille finale contre la Principauté d’Amidonia.
Juna posa une main sur l’un de ses amples seins, fermant les yeux en méditant.
Votre Majesté... S’il vous plaît, restez en sécurité.
Qu’elle priait pour sa sécurité, et non pour sa victoire, était dû à ses sentiments en tant que Juna Doma, la Lorelei de Souma, qui avait filtré hors de son masque de militaire.
***
L’embuscade dans la Vallée de Goldoa avait en grande partie réduit la vitesse de marche des forces amidoniennes. Après qu’ils eurent essayé de se réorganiser en rangs après avoir quitté la vallée, les 30 000 soldats avaient été réduits à 15 000. Cela indiquait qu’en plus de ceux qui avaient été perdus à cause de l’embuscade et de ceux qui avaient été piétinés lorsqu’ils s’étaient enfoncés dans le marais, il y avait eu un nombre considérable de soldats qui avaient aussi déserté.
De plus, comme les chariots n’avaient pas eu d’autre choix que d’abandonner leurs approvisionnements et d’avancer dans ce chaos, les forces de la principauté étaient maintenant frappées d’épuisement et de faim.
Le stress des soldats avait atteint son apogée et ils étaient prêts à s’effondrer à tout moment. Même s’ils étaient allés à Van avec ces 15 000 hommes, puis avaient réussi à lancer une attaque en tenaille avec les défenseurs, il serait difficile de gagner face aux 55 000 hommes du Royaume d’Elfrieden.
En réponse à cette situation, Gaius VIII avait d’abord fait venir le capitaine des équipes de chariots afin qu’il prenne la responsabilité de la perte de leurs provisions. Il décapita l’homme afin de calmer les autres soldats.
Ensuite, il fit rassembler des provisions en provenance des villages et des villes voisines, enrôlant la population locale dans son armée, portant ainsi le total des troupes à 25 000 hommes. Bien sûr, cela provoqua un certain ressentiment, mais avec l’existence même de son pays en jeu, Gaius s’en fichait royalement.
Alors que cela lui avait permis d’obtenir le nombre de troupes dont il avait besoin, ses forces rassemblaient des provisions et des soldats à mesure qu’ils avançaient, mais en contrepartie, ils se déplaçaient lentement. Cela faisait quelques jours que la retraite avait commencé, mais ils n’avaient toujours aucune idée de quand ils arriveraient à Van.
Après avoir passé un autre jour à agir ainsi, les forces amidoniennes étaient finalement arrivées assez près pour atteindre Van dans la journée. Cependant, les forces d’Amidonia avaient fait une erreur fatale pendant tout ce temps.
Ils avaient trop précipité leur avancée.
Vous pouviez tout à fait vous interroger sur ce qui n’allait pas, ou vous pouviez même penser que Sun Tzu lui-même avait dit que "les soldats apprécient la hâte." Cependant, lorsque Sun Tzu parlait d’un "soldat", il voulait dire "guerre". Dans le texte original, il avait dit. « Et ainsi, bien que nous ayons entendu parler de stupide hâte lors d’une guerre, l’ingéniosité n’a jamais été associée à de longs retards. »
Ce qu’il voulait dire par là était. « La guerre (parce qu’il s’agit d’une chose qui épuise les pays) est la plus bénéfique lorsqu’elle est résolue rapidement et qu’aucun pays ne peut bénéficier d’une longue guerre. »
C’était pourquoi les armées de la principauté auraient dû tenir compte des mots suivants dans le chapitre "Manœuvre" de l’Art de la Guerre.
« Manœuvrer avec une armée est avantageux. Mais avec une multitude indisciplinée, cela devient plus dangereux. Si vous placez une armée entièrement équipée en marche afin d’obtenir un avantage, il y a de fortes chances que vous arriviez trop tard. D’autre part, détacher une colonne volante dans ce but implique le sacrifice de ses bagages et de ses stocks. »
Les "Manœuvres" se trouvaient être la compétition entre deux forces afin de revendiquer des positions stratégiquement importantes.
Dans le cas de la bataille d’Yamazaki entre Hideyoshi Hashiba et Mitsuhide Akechi, qui avait été faite sur le mont Tennouzan, lors de la guerre russo-japonaise, elle avait été faite sur la colline 203.
Certes, si vous pouvez sécuriser ces points importants avant votre adversaire, la bataille sera à votre avantage.
Cependant, Sun Tzu avait aussi dit que développer une fixation sur ces points et rivaliser avec votre adversaire pour eux pourrait être trop dangereux.
Si vous envoyiez toute votre armée, alors elle arriverait probablement trop tard, mais si vous envoyez une unité rapide pour faire le travail, ils finiront par quitter l’équipe qui achemine leur matériel.
Si cela se produisait, même si vous saisissez le point en question, cela pourrait s’avérer inutile.
De plus, Sun Tzu avait dit que si vous marchez cent li [1] en manœuvrant, seul un dixième de votre armée atteindrait sa destination et que les chefs de vos trois divisions tomberaient entre les mains de l’ennemi.
Si vous marchez cinquante li, seulement la moitié de votre armée atteindra la destination, et le chef de votre première division sera terrassé.
En d’autres termes, si vous épuisiez vos soldats en essayant de saisir des points stratégiquement importants et que vous perdiez vos approvisionnements, il n’y avait aucun intérêt à le faire.
Si vous regardiez ce que l’armée de la principauté avait fait, vous verriez qu’elle était devenue trop obsédée par le point stratégique qu’était la capitale, Van. Elle avait abandonné leurs chariots d’approvisionnement et avait inutilement épuisé ses soldats.
En d’autres termes, ils avaient fait exactement ce contre quoi Sun Tzu avait mis en garde.
Ce que l’armée de la principauté avait trouvé quand elle avait atteint la large plaine à dix kilomètres au sud de Van était une armée fraîche du royaume qui les attendait.
Quand Gaius avait vu les forces déployées devant lui, toute sa force avait quitté son corps et il était presque tombé de son cheval. « C’est absurde... Ne me dites pas que cela veut dire que Van est déjà tombée !? »
Il n’y avait personne qui pouvait répondre à ses murmures.
***
Pour aller directement à la conclusion, non, à ce moment-là, Van n’était pas encore tombé.
Quand les troupes d’Elfrieden sous les ordres de Souma étaient arrivées un jour avant les troupes amidoniennes, elles n’avaient rien fait de stupide comme d’essayer d’attaquer les 5 000 soldats d’élite enfermés dans la ville de Van.
Elles s’étaient séparées de 10 000 hommes utilisés afin de surveiller ces soldats, tandis que la force principale s’était déplacée vers le terrain dégagé à dix kilomètres au sud de Van, attendant la force principale de l’armée de la principauté qui viendrait sans doute par là.
Dès le début, la cible de Souma avait été la force principale de l’armée amidonienne. C’est pourquoi il avait dit à Gaius la cible de leur attaque, quelque chose qui devrait normalement être gardé secret.
En disant d’abord qu’il attaquerait Van, il s’attendrait à ce que les troupes de la principauté s’y précipitent, lui permettant ainsi de les détruire.
Il s’agissait d’un plan issu du sixième stratagème des Trente-Six Stratagèmes, "Faire un bruit à l’Est, puis frapper à l’Ouest", mais il était aussi en train de reconstituer la Bataille de Maling, d’où l’usage des paroles du second stratagème "Assiéger Wei afin de sauver Zhao".
Il s’agissait de la stratégie que le deuxième Sun Tzu, Sun Bin, avait utilisée afin de vaincre son rival Pang Juan. Gaius n’avait jamais eu la moindre chance de réussir.
Alors qu’il disposait de 25 000 hommes sous ses ordres, les troupes du royaume avaient assez de rations rassemblées par Poncho afin de nourrir toute l’armée, et avaient passé la journée à se reposer sur le champ de bataille et à attendre les troupes épuisées qui avaient perdu la plupart de leurs chariots d’approvisionnement. 55 000 soldats du royaume en très bonne condition face aux 25 000 soldats de la principauté totalement épuisés.
La bataille avait été décidée avant même d’avoir commencé.
Dans le camp principal au centre des forces du Royaume d’Elfrieden qui avait pris la formation de l’aile de la grue, Souma se leva de son tabouret, puis leva son bras droit haut avant de le basculer en direction des troupes de la principauté.
« « « Ouais ! » » » Un cri de victoire put être entendu en provenance des troupes du royaume.
Avec ça comme étant le signal, la bataille finale entre le Royaume d’Elfrieden et la Principauté d’Amidonia commença.
Notes
- 1 : Le Li est une ancienne unité de longueur chinoise dont la valeur varie suivant la région et l’époque ; la valeur généralement considérée est le Li de 576 m, définie dès la dynastie Qin. La valeur actuelle du Li est de 500 m (valeur exacte).
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Leçons sur les Idiomes Historique d’Elfrieden : Numéro 4
“Laissez-les attaquer la campagne pour prendre la capitale. ”
Type: Proverbe
Sens : Accomplir quelque chose avec un effort minimal.
Origine: Pendant la Guerre d'Une Semaine, Souma avait utilisé la ville de campagne Altomura en tant qu'appât, puis avait utilisé cette occasion qui avait été créé afin de permettre une attaque sur la capitale de la Principauté d'Amidonia.
Synonymes: « Perdre une bataille afin de gagner la guerre. »
Merci 🙂