Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 13 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : Duel -guerre totale-

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Chapitre 9 : Duel -guerre totale-

Partie 1

Pendant ce temps, Ichiha et Tomoe se tenaient sur une plage de l’île lointaine du Royaume qui abritait un arsenal secret.

« Si la route d’Ooyamizuchi est comme je l’ai prédit, Sa Majesté et l’armée pourraient la combattre en ce moment même… J’espère que ma prédiction était juste… S’il vous plaît, qu’elle soit juste. »

« N’aie pas l’air si morose. » Tomoe avait pincé la joue d’Ichiha alors qu’il perdait peu à peu confiance en lui. « Tu es le plus grand expert en Monstrologie, et tout le monde a travaillé ensemble pour mettre au point le plan. C’est sûr que ça va marcher. Tu dois croire davantage en toi et en tous les autres. »

« Tomoe… »

« Grand Frère va certainement gagner. Je parie que Yuriga est frustrée de ne pas pouvoir regarder, » déclara Tomoe en riant.

Contrairement à Tomoe et Ichiha, qui avaient bénéficié d’un congé de l’Académie royale à la demande de Souma, Yuriga était une passagère clandestine de leur voyage, et elle avait été renvoyée directement à Parnam à leur retour. Elle avait probablement été enterrée en ce moment sous une pile de devoirs supplémentaires comme pénalité pour avoir manqué l’école.

En imaginant Yuriga traverser cela, Ichiha avait senti une partie de la tension s’échapper de ses épaules.

« Oui… Tu as raison. Ils peuvent vraiment éliminer Ooyamizuchi. »

« Ouaip ! »

Ainsi, les deux enfants avaient prié pour le succès de Souma.

 

◇ ◇ ◇

Castor plaça l’un de ses bras en avant et il ordonna. « À tous les hommes, préparez-vous au combat ! L’Hiryuu va maintenant entrer dans la première phase de l’opération. Notre première tâche est de dissiper ce brouillard gênant. Renvoyez l’équipe de cavalerie-wyverne avec des barils explosifs ! Leur cible est Ooyamizuchi et la zone qui l’entoure ! »

« Roger ! À tout le monde, préparez-vous au combat ! Équipe de cavalerie-wyverne, équipez-vous avec le matériel de bombardement ! Votre cible est Ooyamizuchi et ses environs immédiats ! Je répète ! Votre cible est Ooyamizuchi et ses environs immédiats ! Équipe de cavalerie-wyverne, équipez-vous avec le matériel de bombardement ! »

Halbert et les autres personnes présentes avaient entendu une voix par le tube parlant.

« OK, les hommes ! Allons-y ! »

« « « Yeah! » » »

L’équipe de cavalerie-wyverne, dirigée par Halbert et Ruby, avait décollé en transportant des barils explosifs. Ils volèrent en formation sous le regard des deux flottes, se dirigeant tout droit vers l’île d’Ikatsuru.

Ooyamizuchi avait également remarqué les arrivants.

Par télépathie, Ruby avait demandé à Halbert. « Cette chose a un visage de dragon. Penses-tu qu’elle puisse cracher du feu ? »

« Les hauts responsables disent : “probablement pas”. Une créature a besoin d’un certain type de torse pour cracher du feu. Mais, apparemment, cette chose a un corps aquatique, » expliqua Halbert, en revoyant mentalement le briefing.

« Elle n’a donc pas d’attaques pouvant atteindre le ciel ? »

« Je ne sais pas… Elle a une forme bizarre, donc je ne serais pas surpris si elle avait une façon inattendue de nous attaquer. »

C’est alors qu’Ooyamizuchi avait commencé pour une raison inconnue, à tendre la tête vers l’équipe de cavalerie-wyverne.

En le remarquant, Halbert avait eu un mauvais pressentiment et il avait immédiatement ordonné. « Tournez à gauche ! »

Suivant son ordre, la formation avait tenté de se dérouter vers la gauche, mais alors qu’ils l’avaient fait, Ooyamizuchi avait ouvert la bouche et avait émis un cri aigu, faisant que le côté droit de l’équipe de la cavalerie-wyverne s’était mis à voler à reculons, comme s’ils avaient été emportés par le vent. Un cinquième de l’équipe était tombé en un instant.

Les wyvernes ne montraient aucun signe de blessures externes, et Halbert pouvait voir les cavaliers qui avaient été éjectés de leurs montures.

« Capitaine ! L’aile droite est à terre ! » un cavalier-wyverne avait crié cela à Halbert, mais Halbert ne s’était pas arrêté.

« Poursuivez l’opération ! Ils ont tous des parachutes ! »

Il regarda en bas pour voir les parachutes des hommes s’ouvrir les uns après les autres. Cela étant confirmé, Halbert avait brandi sa lance et aboya des ordres. Évidemment, même s’ils pouvaient atterrir en toute sécurité, c’était dans une mer d’hiver en bas. Si les secours arrivaient trop lentement, leur vie pourrait encore être en danger. Cependant, Halbert et ses hommes ne pouvaient pas se permettre de s’arrêter pour eux.

« Laissez le fait de les sauver aux gars d’en bas ! On y va ! Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser cette opération trébucher dès la première étape ! »

« « « Oui, Monsieur ! » » »

La cavalerie-wyverne se dirigea à nouveau vers Ooyamizuchi.

D’une voix calme, Halbert demanda à Ruby. « Cette attaque à l’instant, qu’est-ce que tu crois que c’était ? »

« Une magie du vent à très grande échelle… Non, c’était peut-être une frappe d’air comprimé. Si je devais lui donner un nom, je l’appellerais un “canon à air”. »

« Peu importe comment tu l’appelles… C’est une mauvaise nouvelle qu’elle peut le faire. »

« Mais cela doit prendre beaucoup de temps pour aspirer autant d’air. »

« Nous devrions donc la bombarder avant qu’elle ne puisse effectuer une autre attaque ? »

Pendant cette conversation, l’équipe de la cavalerie-wyverne avait atteint l’île d’Ikatsuru où se trouvait Ooyamizuchi.

« OK, lâchez vos barils ! Notre mission est de dissiper le brouillard obscurcissant la zone ! Inutile de prendre des risques en essayant de frapper Ooyamizuchi ! »

Suivant les ordres de Halbert, l’équipe de la cavalerie-wyverne avait largué ses barils explosifs les uns après les autres. Les explosifs s’étaient écrasés vers le bas, explosant près du sol. Cela avait donné lieu à une chaîne de feux massifs à travers l’île, remplaçant le brouillard par une fumée noire.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ !!

Cela avait dû surprendre Ooyamizuchi, car elle avait poussé un cri perçant. Les cavaliers-wyvernes s’étaient tous couverts les oreilles, essayant de bloquer le son, mais Ruby et les wyvernes n’y étaient pas parvenus et ils avaient titubé devant l’assaut sonore.

Lorsque la bête avait finalement fini de rugir, Halbert avait demandé. « Ça va !? Ruby ! »

« D’une certaine manière… Ma tête bat la chamade, et pourtant… »

« Bon sang… ! Le brouillard semble s’éclaircir… »

Constatant qu’ils avaient atteint le minimum nécessaire pour que leur mission soit considérée comme un succès, Halbert donna de nouveaux ordres. « Messieurs, une fois que vous aurez largué votre charge utile, retirez-vous à toute vitesse ! Ne vous préoccupez pas de la formation ! Restez dispersés pour que nous ne soyons pas tous touchés par ce canon à air. Repliez-vous vers l’Hiryuu pour le moment ! »

« « « Roger! » » »

L’unité de cavalerie-wyverne s’était dispersée, se dirigeant vers le transporteur. Halbert attendit de voir Ooyamizuchi à travers les flammes, puis fit de même.

« Penses-tu que ces explosions ont fait des dégâts ? » Ruby le lui avait demandé par télépathie quand ils s’étaient retirés, mais Halbert avait secoué la tête.

« … Son dos semble recouvert d’un coquillage, et la carapace qui recouvre ses tentacules est incroyablement dure. Je doute qu’une explosion de poudre à canon puisse lui faire quoi que ce soit. Notre mission était de toute façon juste de dissiper le brouillard. »

« Quel monstre ! »

« Venant d’un dragon comme toi ? Ça veut dire quelque chose. Je commence à comprendre ce que signifie le mot “kaiju” utilisé par Souma. »

« … Mais nous n’allons pas perdre. »

« C’est bien vrai ! » dit Halbert avec une lueur aiguë dans les yeux, tenant ses deux lances prêtes. « On fait marche arrière maintenant, mais je jure qu’on l’aura la prochaine fois ! »

 

◇ ◇ ◇

Pendant ce temps, sur le vaisseau amiral de la flotte de l’Union de l’archipel, le Roi-Dragon à neuf têtes, Shana, avait regardé l’île d’Ikatsuru brûler alors qu’il avait les bras croisés. La forme d’Ooyamizuchi avait émergé de la fumée montante. Elle était si gigantesque qu’il pouvait en distinguer tous les détails, même à cette distance.

Vous vous montrez enfin… pensait-il.

L’un de ses subordonnés était venu lui faire un rapport.

« L’équipe de la cavalerie-wyverne du Royaume a réussi à dissiper le brouillard ! » déclara-t-il. « Cependant, il semble qu’une attaque inconnue ait fait tomber un certain nombre d’entre eux de leurs montures. »

« Ceux qui sont tombés lentement, hein ? Le Royaume possède un équipement bizarre… » Shana semblait impressionné, mais il avait immédiatement ordonné d’envoyer des bateaux rapides ! « Que ceux qui sont tombés à l’eau soient sauvés immédiatement ! Ils ne tiendront pas longtemps dans la mer d’hiver. Sauvez autant de nos camarades que vous le pouvez ! »

« Oui, monsieur ! »

Alors que l’homme se mit à courir pour faire son travail, un autre subordonné était entré en courant comme pour prendre sa place.

« Au rapport ! La flotte du Royaume envoie un message : “Passons à la deuxième étape de l’opération” ! »

« D’accord. Nous allons maintenant passer à la deuxième étape. Arrêtez Ooyamizuchi lorsqu’il tente de s’échapper de l’île. Envoyez un message à tous les navires ! Détachez tous les navires de feu restants et poussez les vers Ooyamizuchi ! »

« « « Oui, Monsieur ! » » »

Sous l’ordre de Shana, les navires de feu qui avaient été conservés pendant la bataille entre les flottes des deux nations avaient été envoyés vers Ooyamizuchi. Les navires de feu étaient une arme qui ne nécessitait qu’un petit équipage pour être contrôlée, et une fois qu’ils étaient mis sur leur trajectoire, les courants pouvaient faire le reste, de sorte que les hommes pouvaient abandonner le navire.

Reconnaissant que les deux flottes entourant l’île étaient ennemies, Ooyamizuchi avait commencé à prendre la mer pour se défendre. Le timing avait été tel qu’un grand nombre de bateaux de feu s’étaient précipités dans les hauts-fonds qui constituaient l’entrée et la sortie de l’île au moment où la créature essayait de partir.

Snap ! Crack, crack…

Les tentacules avaient écrasé un certain nombre de navires arrivants, mais il y en avait plus que ses huit pattes ne pouvaient espérer couler. Bientôt, une pile de bateaux de feu s’était accumulée de la base du cou d’Ooyamizuchi jusqu’à sa poitrine. C’est alors que les bateaux de feu, équipés du même type d’arme que les barils d’explosifs, avaient explosé.

Booooooooooom !

Il y avait eu une explosion encore plus importante que la précédente, et la tête d’Ooyamizuchi avait été repoussée. Les bateaux de feu contenaient une plus grande quantité d’explosifs que les tonneaux, et l’explosion avait frappé le flanc exposé de la créature — elle n’allait pas s’en sortir indemne cette fois.

« Ça marche ! Ça marche ! »

« Je ne peux pas croire qu’Ooyamizuchi soit blessée… »

« Subissez notre colère ! Ceci est pour tous nos amis que vous avez dévorés ! »

Ce spectacle incroyable avait fait rugir les soldats de la flotte de l’Union de l’Archipel.

Les subordonnés proches de Shana étaient eux aussi en extase.

« Votre Majesté, pensez-vous que cela pourrait fonctionner ? ! »

« … Si cela suffisait à l’arrêter, nous n’aurions pas eu à nous tourner vers le Royaume pour obtenir de l’aide. »

« Hein ? ! »

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ !!

Le visage d’Ooyamizuchi avait émergé de l’explosion, et elle avait rugi si fort que l’air avait tremblé, comme si elle les avertissait que la bataille venait de commencer.

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Partie 2

Lorsque le visage d’Ooyamizuchi avait émergé des flammes, j’étais aux côtés de mes femmes et d’Excel à regarder depuis le pont de l’Albert II. J’avais déjà pensé à ça quand je l’avais vu dans le brouillard, mais bon sang, ce truc était énorme. Il a une présence écrasante, comme je l’attends d’un kaiju.

Excel, qui était à côté de moi, déclara. « Sire, nous allons maintenant entamer la troisième étape de l’opération. »

« Les hommes tombés à la mer ont-ils été sauvés ? » demandai-je, reprenant mes esprits, et Excel fit un signe de tête.

« Nous envoyons des bateaux de sauvetage. L’Union de l’archipel a également envoyé ses bateaux les plus rapides, nous pouvons donc compter sur eux pour s’en occuper. Notre flotte va maintenant avancer et resserrer l’encerclement. Est-ce acceptable ? »

« … C’est compris. Commencez. »

« Compris. » Haussant la voix, Excel ordonna. « Ceci est un message pour tous les navires ! Approchez-vous à une distance fixe, puis tournez en séquence ! »

La flotte du Royaume avait commencé à se déplacer pour suivre sa directive. Elle se déploya en arc de cercle pour fermer le bras de mer et, une fois en position, elle tourna ses flancs vers Ooyamizuchi. Ils avaient fait cela afin de concentrer la puissance de feu de la flotte.

Une fois qu’il lui avait été signalé que la flotte avait atteint la distance fixée, Excel avait donné l’ordre suivant.

« À tous les navires, ouvrez le feu ! »

« Roger. Canon principal, ouvrez le feu ! »

Juna, qui servait de commandant en second, avait crié dans le tube parlant, et puis il y avait eu une explosion que je pouvais sentir résonner dans mon estomac. L’Albert II avait commencé à tirer.

Ce fut le début d’un bombardement de toute la flotte du Royaume. Les obus utilisés n’étaient pas du type explosif, mais du type perforant qui était utilisé pour briser les murs lors des batailles de siège. L’analyse d’Ichiha avait laissé entendre que la carapace d’Ooyamizuchi ne serait pas affectée par de simples explosions de poudre à canon. Comme il n’y avait pas eu d’explosion à l’impact, je n’avais pu entendre que le bruit des canons qui tiraient, mais Ooyamizuchi était sans aucun doute en train de se faire pilonner par d’énormes masses de métal.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ !!

Le kaiju avait hurlé, ce qui avait montré que cela fonctionnait.

« À tous les navires, continuez à tirer et ne lâchez pas. Sire, la cible est cette masse sur le dos, n’est-ce pas ? » Excel avait vérifié avec moi après avoir ordonné à la flotte de continuer le bombardement. J’avais fait un signe de tête.

« Cette coquille sur le dos est la partie la plus dure d’Ooyamizuchi, mais nous pensons que cela signifie que les organes vitaux nécessaires pour la maintenir en vie se trouvent à l’intérieur. Peu importe l’importance des dommages causés aux tentacules, ils risquent de repousser comme la queue d’un lézard, c’est pourquoi Ichiha a dit que nous devrions donner la priorité à la destruction de la coquille. »

« C’est logique. Hee hee, vous vous êtes vraiment trouvé une bonne recrue. »

« Oui, on peut le dire. »

Puis Aisha avait fait entendre sa voix. « Sire ! Ooyamizuchi semble faire quelque chose ! »

En regardant, j’avais remarqué que les tentacules d’Ooyamizuchi se tordaient. Quelques instants plus tard, quelque chose avait volé vers nous à une vitesse incroyable. Est-ce que c’est un arbre ? Non, peut-être un rocher ? Il y avait un certain nombre d’arbres et de rochers qui venaient vers nous. On aurait dit qu’Ooyamizuchi ramassait tout ce que pouvait porter un tentacule et le lançait vers nous.

« Peut-on esquiver ça !? » demanda Excel.

« Non ! Nous devons juste prier pour que cela ne nous frappe pas ! » vint la réponse paniquée du timonier.

Splash ! Splash ! Il n’avait probablement pas visé avec précision. La grande majorité des arbres et des rochers n’avaient pas atteint nos navires, ou étaient partis dans la mauvaise direction. Cependant, peut-être parce que la flotte était disposée de manière à bloquer l’entrée, une partie avait effectivement touché quelque chose, et de la fumée s’était élevée de plusieurs navires.

Lancer tout ce qui tombait sous la main était courant pour les kaiju de l’ère Showa, mais cela avait l’air stupide et semblait inefficace. Mais maintenant que j’étais en train de recevoir une telle chose, je découvrais à quel point c’était horrible. Après tout, il y a beaucoup de masse pure qui est jetée sur nous à des vitesses incroyables.

Même Excel, aussi étonnante qu’elle soit, avait fait la grimace face à cet assaut.

« … Sire, voulez-vous vous diriger vers l’un des navires à l’arrière ? »

« Je ne pense pas que nous ayons le temps pour cela. Aisha, va pour moi sur le pont et coupe tout ce qui semble pouvoir frapper ce navire. »

« Oui, monsieur ! Compris ! » Aisha s’était précipitée sur le pont en portant son épée.

La magie du vent était affaiblie en mer, alors j’étais un peu inquiet sachant qu’Aisha ne pouvait pas utiliser sa Lame Sonique à sa puissance habituelle. Pourtant, nous ne pouvions pas abandonner l’assaut juste pour que je puisse évacuer. C’était le moment d’être agressif. Nous devons tirer jusqu’à ce que les canons fondent… du moins, c’est ce que je pensais, mais…

« Au rapport ! Il s’agit d’Ooyamizuchi ! » cria l’un des marines.

« Qu’est-ce que c’est encore ? » demanda Excel.

« Elle a tourné sa bouche vers notre flotte et elle s’est ouvert en grand ! » répondit la marine.

J’avais regardé, et Ooyamizuchi avait étendu sa tête vers la flotte, sa gueule béante. J’avais senti une sueur froide couler dans mon dos… Si c’était l’un de ces films de kaiju que je regardais dans le monde d’où je venais, ce serait le signe qu’une incroyable attaque se préparait. Ne bronche pas. L’analyse d’Ichiha a dit qu’il ne devrait pas pouvoir utiliser les attaques par le feu.

La frappe qui avait emporté certains des cavaliers-wyvernes était-elle imminent ? Du niveau de la mer, elle avait ressemblé à une soudaine explosion de vent, mais alors que la cavalerie-wyverne était facilement affectée par les rafales, allait-elle pouvoir frapper les navires de guerre en fer avec une attaque de vent ?

« … Le voici ! »

Bwiiiiiiiiiiiiiing !

Ce n’était pas du vent qu’Ooyamizuchi nous avait vomi dessus, c’était une épaisse colonne d’eau accompagnée d’un bruit semblable à celui d’un moteur à réaction en pleine action. Elle avait probablement aspiré de l’eau de mer, l’avait comprimée, puis l’avait recrachée.

Un jet d’eau, comme celui d’un gigantesque nettoyeur à pression, avait frappé la flotte de côté. Le massif Albert II s’était soulevé. Je m’étais instinctivement agrippé à la balustrade et j’avais mis ma main autour de la taille de Juna pour la soutenir alors qu’elle perdait l’équilibre.

« Tu vas bien, Juna ? »

« Merci. J’ai été négligente. »

« … J’aurais aimé que vous me souteniez aussi. Vous auriez pu vous occuper de votre belle-mère, n’est-ce pas ? » dit Excel, qui était tombé à plat ventre.

Je n’avais pas eu le temps de lui rappeler qu’elle était en fait ma belle-grand-mère.

En regardant sur le pont, il y avait d’autres marines qui étaient tombés ou dont la chaise avait été renversée. Si ce navire avait été en bois, il aurait été réduit en copeaux de bois. J’avais pensé à un nettoyeur à pression, mais à cette taille et à cette puissance, cela avait fonctionné comme une attaque à distance.

« Obtenez-moi un rapport de situation ! » criait Excel dans le tube de parole.

« Notre navire et le transporteur Hiryuu ne sont pas endommagés ! Cependant, un certain nombre de croiseurs ont été renversés par cette attaque ! Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne coulent ! » répondit la vigie, sa voix s’emplit d’urgence.

Il y avait beaucoup de puissance derrière ce jet d’eau. Le jet qu’il avait déclenché pleuvait toujours sur nous comme un grain. S’il avait été touché directement, même ce navire de fer aurait pu se retourner.

J’avais pris ma décision et j’avais dit à Excel. « Je vais avec Naden pour les sauver. »

« Sire !? C’est bien trop dangereux ! »

« Comme Naden peut nager dans le ciel et la mer, elle peut peut-être remettre ces navires à la verticale par la force brute. »

Les navires renversés auraient pu perdre toute utilité pour l’opération, mais s’ils étaient remis à l’endroit, nous n’aurions pas à nous inquiéter de leur naufrage. Même s’ils ne pouvaient pas être complètement retournés, même un peu d’aide devrait faciliter leur fuite.

En me tournant vers Naden, je lui avais demandé. « Peux-tu le faire ? »

« Ils ont l’air lourds, mais je suppose que je vais devoir le faire, hein ? » Naden fit tourner ses bras en parlant. Elle semblait plus que prête à tenter le coup.

« On n’a besoin de moi ici que lorsqu’il y a des décisions politiques à prendre. Si je ne suis qu’une figure de proue, laissez-moi aller sur le terrain afin d’aider les gens. Naden sera avec moi, donc je serai en sécurité même si je tombe dans la mer. »

Excel avait semblé y réfléchir un instant, mais elle avait immédiatement pris une décision.

« Cela vous met en danger, mais vous êtes déjà en danger ici. Nous sommes également à court de sauveteurs, alors aidez-nous, s’il vous plaît. »

« Compris ! »

« D’accord. Une fois le sauvetage terminé, Naden et moi nous élèverons dans le ciel. Juna, je te laisse décider comment gérer ça. Surveille bien sûr la situation, et déploie-le si nécessaire. »

Quand je lui avais dit cela, Juna avait mis une main sur sa poitrine et avait incliné sa tête vers moi.

« Compris. S’il vous plaît, faites attention. »

« Toi aussi, Juna. »

J’avais sauté du pont et j’avais plongé dans la mer avec Naden sous sa forme de ryuuu.

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Partie 3

« Capitaine ! Une ryuuu noire présumée être la reine Naden a décollé de l’Albert II ! »

« Nous avons un message de la duchesse Walter ! Sa Majesté s’apprête à faire un sauvetage des navires chavirés ! »

« Est-ce tellement mauvais que nous avons même besoin que le roi vienne nous aider… ? » Castor se l’était murmuré à lui-même sans le vouloir.

Quelques secondes plus tard, un autre subordonné était venu et avait parlé. « Au rapport ! Il semble y avoir une activité provenant de la flotte de l’Union de l’archipel ! »

Cela avait pris Castor par surprise et il avait regardé vers l’est. « Que s’est-il passé ? »

« Ils naviguent en formation en passant à côté de nous ! Ils se rapprochent rapidement d’Ooyamizuchi, et semblent tenter un combat rapproché ! »

« Quoi !? C’est plus tôt que prévu, n’est-ce pas !? »

L’opération avait demandé à la flotte du Royaume de bombarder Ooyamizuchi jusqu’à ce que la carapace qui le recouvrait soit complètement détruite. Puis, une fois l’ennemi dépouillé de ses défenses, la flotte de l’Union de l’Archipel, avec sa capacité supérieure de combat rapproché, allait charger et l’achever rapidement. Cependant, la carapace d’Ooyamizuchi n’avait pas encore été pulvérisée. Il était beaucoup trop tôt pour qu’ils agissent.

« C’est probablement parce qu’ils ont vu l’attaque du jet d’eau. Contrairement à nos navires de guerre, la plupart des leurs sont en bois. Si ce jet d’eau les touchait, ils ne tiendraient pas une seconde. »

« Parce que leurs navires sont légèrement blindés… spécialisés pour la mobilité. »

« Oui. Les armes à poudre de ce pays ont également une courte portée, donc elles n’ont aucune chance dans une fusillade à longue portée. Peut-être veulent-ils agir avant qu’il n’y ait un deuxième tir ? S’ils s’approchent, alors même si les bateaux sont détruits, ils peuvent toujours aller à terre pour se battre. »

Castor avait grincé des dents en écoutant l’analyse de son subordonné.

« A-t-il accepté le fait que le naufrage de ses navires soit inévitable ? Je peux voir à quel point le Roi Dragon à neuf têtes est déterminé. » Castor avait corrigé sa posture et avait ordonné. « Envoyez ce message à la Duchesse Walter. “Je lui demande de soutenir la flotte de l’Union de l’Archipel”. »

« Oui, monsieur ! »

« Nous envoyons à nouveau l’équipe de cavalerie-wyverne ! Cette fois, leur mission est de distraire et de désorienter Ooyamizuchi ! Volez autour d’elle et attaquez-la ! Ne lui laissez pas le temps d’attaquer la flotte de l’Union de l’Archipel ! »

« « « Oui, Monsieur ! » » »

Les ordres de Castor avaient été relayés à Halbert et aux cavaliers-wyvernes, qui se tenaient prêtes dans les airs au-dessus de l’Hiryuu, utilisant des miroirs pour réfléchir la lumière. Ce fut le signal d’une nouvelle attaque.

Pendant ce temps, le commandant le plus féroce de toute l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, Shima Katsunaga, était à bord du navire de tête de la flotte de l’Union de l’Archipel.

Alors qu’il se tenait à l’avant, fixant Ooyamizuchi, l’un de ses subalternes proches lui avait demandé : « N’allons-nous pas trop tôt ? On me l’a dit juste avant que nous partions, mais ne devions-nous pas nous approcher d’Ooyamizuchi après que sa carapace ait été détruite ? »

« L’ennemi a aussi des attaques à longue portée, donc nous n’avons pas vraiment le choix. Tu as dû voir le jet d’eau qu’il a craché retourner les navires du Royaume, non ? » dit Shima d’une voix rauque, ses bras épais et robustes croisés devant lui. « Cette attaque réduirait nos navires en miettes. C’est pourquoi le Roi Dragon à neuf têtes a l’intention de s’approcher pendant que la créature est encore distraite par le bombardement du Royaume. Bien que nos vaisseaux aient une mobilité supérieure, ils manquent de puissance de feu et de portée. »

« Je vois… »

« Mais quelle importance ? Si nous laissons le bombardement du Royaume faire tout le travail, ce serait une tache noire sur notre réputation de mononofu de la mer. Après tout ce que cette bête nous a fait subir, nous devons nous-mêmes régler les choses. Si nous ne le faisons pas, les âmes des camarades qu’elle a mangés ne pourront jamais aller de l’avant. »

« Oui, monsieur. Je suis tout à fait d’accord. »

Shima avait dégainé l’odachi du Dragon à neuf têtes qui était accroché à sa hanche.

« Le Roi Dragon à neuf têtes m’a pris pour un idiot, mais quand même, quel festin il m’a offert. Une chance d’affronter de front la détestable Ooyamizuchi. Hommes, trouvez votre courage et relevez le défi ! Cette bataille sera racontée aux générations à venir ! » Shima leva son odachi dans les airs.

« « « Ouaisssss ! » » » les hommes avaient répondu en acclamant et en tapant du pied sur le pont. Des voix et des bruits similaires se faisaient entendre de tous les navires autour d’eux.

Chaque navire devait essayer de remonter leur moral et de susciter le courage de combattre le gigantesque ennemi qui se trouvait devant eux.

Shima poussa son odachi droit devant lui et il ordonna. « Écoutez ! Lorsque nous nous approchons de la bête, nous nous occupons d’abord de ses tentacules ! Visez l’endroit où elles rencontrent le torse ! C’est là qu’ils sont les plus fragiles et que leur mouvement est le plus lent ! Passez outre les attaques de la bête et rapprochez-vous, puis concentrez vos attaques là ! »

« « « Ouiiiii ! » » »

Au milieu des acclamations bruyantes de l’équipage, l’individu d’avant se tenait à côté de Shima.

« Monseigneur… Cette méthode de lutte contre Ooyamizuchi est-elle également basée sur des informations du Royaume ? »

« Je pense que c’est le cas. Ils disent qu’ils ont après tout le plus grand expert dans l’étude de la monstrologie. »

« Après avoir vu ce grand navire de la taille d’une île, empli de wyvernes, le Royaume semble si loin de notre compréhension. Je suis vraiment heureux que nous n’ayons pas eu à les combattre ici. »

L’homme parlait avec un mélange d’admiration et de crainte, mais Shima avait répondu avec un sourire ironique.

« Eh bien, ils sont maintenant un allié fiable, donc nous allons laisser cette question en suspens. Nous devons d’abord nous concentrer sur l’ennemi en face de nous. »

« Oui, monsieur. Mais ses tentacules bougent si librement. Il ne sera pas facile de s’en approcher. »

« Et pourtant, nous devons le faire —, quel que soit le nombre de navires couler dans le processus. »

À ce moment, un autre guetteur avait signalé. « Monsieur ! La flotte du Royaume a cessé ses bombardements ! Les wyvernes volent à nouveau dans cette direction ! »

En regardant plus attentivement, ils pouvaient voir l’unité de wyvernes qui survolait la flotte de l’Union de l’archipel en direction d’Ooyamizuchi. Cette fois, ils ne semblaient pas transporter de barils d’explosifs. Ils étaient menés par un dragon rouge, beaucoup plus grand que n’importe quelle wyverne. L’équipe de wyvernes s’était rapprochée pour atteindre Ooyamizuchi en un rien de temps, et ils avaient tourné autour de la bête tout en brûlant ses tentacules avec des attaques de feu. La carapace de la créature semblait empêcher tout dommage important, mais Ooyamizuchi avait fait tourner ses tentacules en signe d’irritation, comme une vache qui essayait de frapper une mouche avec sa queue.

Certains des cavaliers-wyvernes avaient été abattus, mais les autres avaient continué à échapper aux tentacules et à attaquer. En voyant cela, Shima avait eu une prise de conscience.

« Il semble que la flotte du Royaume soutienne notre attaque. »

L’équipe de cavalerie-wyverne du Royaume attirait l’attention d’Ooyamizuchi pour que la flotte de l’Union de l’Archipel puisse se rapprocher.

« Comme c’est fiable. Nous devrons correspondre à leur esprit. »

« Oui, monsieur ! »

La flotte de l’Union de l’archipel avait commencé à se rapprocher encore plus vite d’Ooyamizuchi. Ce n’était qu’une fois qu’ils s’étaient approchés que cela leur avait rappelé à quel point la bête était massive. Il semblait nain à côté, mais Shima avait levé son odachi bien haut et avait donné des ordres.

« À toutes les équipes, ouvrez le feu ! Tirez avec les canons à chien-lion — frappez-le avec tout ce que nous avons ! Feu, feu, feu ! »

Les navires qui approchaient avaient commencé à tirer sur Ooyamizuchi les uns après les autres. Les canons le long de leurs flancs crachaient du feu, et les canons en forme de chien-lion montés sur leurs ponts n’arrêtèrent pas de tirer des morceaux de plomb de la taille d’un poing jusqu’au point sensible où les tentacules étaient reliés au corps.

C’est alors qu’Ooyamizuchi avait finalement réalisé qu’il ne s’agissait pas seulement de wyvernes autour d’elle, et elle avait fait basculer un tentacule pour briser en deux un grand navire. Les vagues et les embruns provoqués par cette attaque avaient fait faire une embardée au navire de Shima et à ses hommes à bord.

« Argh ! Ne faiblissez pas ! Envoyez les béliers ! »

Avec cela, environ huit navires de taille moyenne à proue pointue s’étaient précipités vers l’avant. Ces navires étaient spécialisés dans l’éperonnage de l’ennemi avec leurs avants pointus. Tirés par des doldons à cornes, les navires-béliers se précipitèrent vers les racines des tentacules d’Ooyamizuchi. Une fois qu’ils avaient pris de la vitesse, les doldons à cornes avaient été libérés pour pouvoir s’échapper, ne laissant que les navires avant qu’ils entrent en collision avec l’ennemi.

La partie inférieure des tentacules d’Ooyamizuchi ressemblait à celle d’une pieuvre, et les béliers en coupèrent profondément les racines. En termes humains, ce serait comme si quelqu’un vous poignardait un crayon dans l’épaule. Ce ne serait pas mortel, mais s’il y en avait suffisamment, ça ferait un mal de chien.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ !!

Face à cela, Ooyamizuchi avait rugi, agitant ses tentacules. Les appendices déchaînés frappèrent presque le navire sur lequel se trouvait Shima, faisant claquer son mât. Malgré cela, Shima et ses hommes avaient intensifié l’attaque. Il ne s’agissait pas seulement d’armes à poudre. Certains tiraient à l’arc, d’autres à la fronde, et quand les tentacules se rapprochaient suffisamment, ils utilisaient même des lances et des katanas. Quoi qu’il en soit, l’assaut total avait continué.

La scène ressemblait à un essaim de fourmis s’accrochant à la queue d’une vache, espérant la vaincre. Mais de la même manière que les fourmis militaristes pouvaient dépouiller de plus grandes créatures jusqu’à ne plus avoir que des os, finalement, l’un des tentacules était tombé et avait cessé de bouger. Mais les soldats n’avaient pas eu le temps de jubiler. Ils avaient simplement neutralisé l’un des huit tentacules. En regardant les sept autres, ils avaient dégluti.

Même le féroce Shima lui-même était épuisé et commençait à s’inquiéter un peu.

« Cette merde absolue… C’est un vrai monstre. Ugh, je commence à détester ça. »

Soudain, ils avaient entendu un bruit venant de la flotte du Royaume.

Nous prenons notre bateau sur la mer mère.

Aux vagues riches en poissons et en vie.

C’était une voix de femme, qui chantait une chanson de pêche de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes.

Sous l’œil de l’oiseau de mer, il y a un trésor.

Si nous sommes trop lents, le géant va frapper.

Tirez les filets ! Tirez, ho, Hisse ! Tirez, ho, Hisse !

Que le port entende notre chant de triomphe.

Alors qu’il écoutait cette belle et puissante voix, Shima regarda à nouveau Ooyamizuchi. Il ne trouverait jamais une plus grande cible que celle-ci. Trouver une prise aussi importante aurait dû être une joie sans précédent pour un homme de la mer.

Le feu était revenu dans les yeux des hommes épuisés.

« Quel homme de la mer hésiterait devant une si belle prise ! Allez, les gars ! Retournons à la pêche ! »

« « « Ouiiiiii ! » » »

Sur ordre de Shima, les hommes s’étaient ralliés pour défier Ooyamizuchi une fois de plus.

☆☆☆

Partie 4

« Ho, Hisse ! Ho, Hisse ! Que le port entende notre chant de triomphe. »

Sur le pont de l’Albert II, la Lorelei à oreilles de chat, Nanna, chantait la chanson de pêche de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, sa patrie, devant un joyau de diffusion de la voix. Il n’y avait pas de meilleur choix pour chanter cette chanson qui allait remonter le moral et la puissance magique de la flotte de l’Union de l’Archipel. La famille de Nanna s’était installée dans un village de pêcheurs du Royaume il y a huit ans et y avait élu domicile. Elle y chantait donc cette chanson pour les hommes de la mer depuis qu’elle était toute petite.

Il y a huit ans, c’était avant que le saccage d’Ooyamizuchi ne commence, elle était donc venue au Royaume avant que la pêche dans l’archipel ne devienne si pauvre. Parce qu’ils avaient toujours vu beaucoup de conflits à petite échelle entre les îles, sa famille avait probablement été chassée pendant l’un d’eux — bien qu’elle soit probablement trop jeune pour s’en souvenir. Pour Nanna, l’archipel du Dragon à Neuf Têtes n’était qu’un lieu où elle était apparemment née, et elle n’avait aucun sentiment fort pour ou contre. Elle était ici parce qu’elle trouvait juste de rendre la pareille au roi Souma et à la reine Juna qui avait tant fait pour elle, et d’ailleurs, elle aimait de toute façon chanter la chanson.

En entendant sa voix innocente, libérée de toute forme d’obscurité, Excel, qui créait une boule d’eau dans l’air pour répandre la voix de Nanna, avait poussé un soupir. « C’est la jeunesse qui lui permet de voir sa patrie sans en devenir sentimentale, non ? »

Ayant elle-même dérivé vers le Royaume depuis l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, bien que plusieurs siècles auparavant, les sentiments d’Excel à ce sujet étaient compliqués. C’était un pays qui avait chassé la race des serpents de mer, et elle ne pouvait pas s’empêcher d’y penser en se battant à leurs côtés. Juna, l’ayant entendue, haussa les épaules.

« Tu essaies toujours d’agir comme une jeune, n’est-ce pas ? Et cela malgré ton âge. »

« … Quand as-tu appris à parler comme ça ? » Excel lui avait fait des reproches.

« Je suis après tout la première reine secondaire de Sa Majesté, » répondit Juna avec nonchalance.

Lorsque Nanna avait terminé sa chanson, Juna avait pris le tour suivant, puis Nanna à nouveau. Excel souriait avec ironie, essuyant la sueur de son front.

« Bonté divine. Ça demande beaucoup d’effort de faire de la magie comme ça en mer. »

« … Désolé, mais continue, s’il te plaît. Nous sommes au point le plus vital de l’opération. »

« Je le sais, » avait-elle répondu en se recontractant.

Soudain, Aisha était arrivée en courant depuis la proue du navire. « Ooyamizuchi est en mouvement ! Elle semble se diriger vers l’avant ! »

Maintenant qu’elle en parle, le corps d’Ooyamizuchi semblait un peu plus gros qu’avant. Elle devait avancer lentement vers la flotte du Royaume qui était massée à la sortie de l’île.

« Ce n’est pas bon. Elle essaie de s’enfuir en mer, » déclara Excel avec mépris.

Ooyamizuchi ne semblait pas très intelligente, mais elle avait dû se rendre compte que se battre sur terre n’était pas à son avantage — soit cela, soit son instinct de survie s’était mis en marche. Si elle plongeait sous l’eau, il n’avait que peu de possibilités d’attaquer depuis la surface, et Ooyamizuchi était libre d’attaquer ou de fuir comme bon lui semblait. Il fallait à tout prix éviter que cela ne se produise.

« Envoyez un message à tous les navires ! Commencez à vous rapprocher et resserrez le filet ! Arrêtez l’avance d’Ooyamizuchi ! Tirez aussi sur le chemin d’Ooyamizuchi ! C’est seulement pour intimider — vous n’avez pas besoin de toucher ! Quoi que vous fassiez, ne frappez pas les navires de l’Union de l’Archipel qui se battent ! »

« Oui, madame ! » l’un des marines s’était mise à courir pour transmettre les ordres d’Excel.

Juna s’était précipitée aux côtés d’Excel et elle déclara. « Grand-mère, envoyons ça. Cela devrait le ralentir. »

Les sourcils d’Excel s’étaient plissés. « Par ça, tu veux dire… Ce bateau ? ! Sa Majesté ne devrait-elle pas passer cet appel ? »

Tandis qu’Excel y réfléchissait, Juna s’était rapprochée, portant une main sur sa propre poitrine.

« Lorsque Sa Majesté est partie avec Naden, il m’a laissé la responsabilité de cette tâche. Il a dit que si je décidais qu’elle devait être déployée, je pourrais le faire. »

Excel avait soudain semblé se souvenir de cet échange et avait hoché la tête.

« … C’est vrai, il l’a fait, n’est-ce pas ? Mais Sa Majesté pourra-t-elle se coordonner correctement avec lui ? »

« Si nous envoyons le navire, je suis sûre qu’il le remarquera. Je crois que nous pouvons lui faire confiance pour le reste. »

« … Très bien. » Excel fit un signe de tête ferme, en souriant à Juna. « Sa Majesté t’a confié le navire. C’est toi qui en donnes l’ordre. »

« D’accord ! »

Juna étendit le bras devant elle et elle ordonna. « Envoyez un message à tous les navires ! Le navire de transport le Roi Souma va maintenant commencer à avancer vers Ooyamizuchi. S’il vous plaît, dites à tous les autres navires de faire place ! »

 

 

◇ ◇ ◇

Pendant ce temps, au même moment, Souma et Naden s’affairaient à redresser les navires chavirés. Naden s’enroulait autour de ceux qui coulaient, comme dans une scène d’un vieux film de kaiju (bien que seulement deux fois, c’était tout ce qu’elle pouvait faire avec sa longueur), laissant sortir un voyant, « Hahhhhhh ! » alors qu’elle les forçait à se remettre dans la bonne position.

Alors que les navires projetaient de l’eau de partout, les marines qui n’avaient pas réussi à s’échapper étaient sortis en rampant. Il était difficile de savoir si tout le monde allait bien, mais Naden se sentait soulagée de voir qu’elle avait pu être d’une certaine aide.

En sortant de l’eau une fois de plus, Naden avait entendu un crachotement dans son dos. Elle s’était empressée de tourner la tête pour regarder. « Ça va, Souma ? »

« D’une certaine manière… »

Il était monté sur son dos pendant qu’elle travaillait à la fois au-dessus et au-dessous de l’eau pour sauver les navires. Son pacte avec elle en tant que chevalier dragon le protégeait du froid de la mer d’hiver, et il ne pouvait pas être jeté hors de son dos, mais il ne pouvait toujours pas respirer sous l’eau. Cela n’avait pas non plus changé le fait que l’eau qui lui arrivait dans la bouche était désagréablement salée.

« Dans des moments comme celui-ci, j’aimerais avoir des branchies comme la princesse Shabon… »

« Désolée de te faire subir cela, mais je ne pense pas que le fait de souhaiter des choses que tu n’auras jamais va t’aider, » avait-elle répondu, levant la tête pour regarder autour d’elle. « … Mais je crois que j’ai fait basculer tous les bateaux maintenant. »

« Enfin, tant que les navires flottent, il devrait être plus facile pour les gens de s’échapper… et aussi de sauver ceux qui sont tombés à la mer… »

« Mais que se passe-t-il si la section du navire dans laquelle ils sont piégés est remplie d’eau et qu’ils ne peuvent pas en sortir… ? »

« C’est tout ce que nous pouvons faire de l’extérieur. Nous devons leur faire confiance pour gérer le reste, » déclara Souma, en regardant en bas. Les soldats sur le pont des navires qui avaient été mis dans le bon sens criaient des mots de gratitude et agitaient leurs chapeaux. Ils étaient soulagés de penser qu’ils avaient au moins pu sauver un petit nombre de vies.

Naden demanda à Souma. « Et maintenant ? Veux-tu retourner à l’Albert II ? »

« Oui, je pense que… Hm ? »

Une image avait traversé l’esprit de Souma.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demanda Naden, en penchant la tête sur le côté.

Souma ferma les yeux et se couvrit les deux oreilles avec ses mains, essayant de concentrer son esprit. Il essayait d’appréhender la situation en utilisant la conscience qu’il avait laissée à l’intérieur de cette chose en utilisant les Poltergeists vivants.

Après un certain temps, Souma ouvrit lentement les yeux.

« C’est vraiment émouvant… Est-ce que Juna a déplacé le bateau de transport ? … Est-ce que ça veut dire qu’Ooyamizuchi est en mouvement ? »

« En mouvement… ? Ah ! Ooyamizuchi bouge ! Elle essaie peut-être de s’échapper de l’île ! » cria Naden, l’ayant repéré au loin. Souma fit claquer sa langue de mécontentement.

« Elle essaie de s’échapper en mer, hein ? Comme si on allait la laisser s’échapper. » Souma ajusta sa posture assise sur le dos de Naden. « Naden, emmène-moi dans l’espace aérien au-dessus d’Ooyamizuchi ! »

« Compris ! »

Souma et Naden avaient ainsi dansé ensemble dans le ciel.

 

◇ ◇ ◇

L’équipe de cavalerie-wyvernes du Royaume et la flotte de l’Union de l’Archipel se battaient encore avec acharnement dans la zone autour d’Ooyamizuchi où se dirigent Souma et Naden. De son côté, Ooyamizuchi utilisait ses tentacules pour abattre les cavaliers-wyvernes ou s’enrouler autour des navires de guerre et les briser. Chaque mouvement émettait un faible sifflement, et à ce moment précis, un autre cavalier-wyverne était sur le point d’être abattu.

« Wahhhh ! »

Sur le point d’être frappé par la force d’un camion, le cavalier de la wyverne avait senti sa mort arriver, lâchant les rênes et se couvrant la tête. Il y avait eu un fort claquement, mais pour une raison inconnue, l’impact prévu n’était pas arrivé. En ouvrant les yeux avec hésitation, le cavalier avait vu un dragon rouge s’interposer entre lui et Ooyamizuchi, bloquant le tentacule.

Sur le dos du dragon, Halbert cria au cavalier hébété : « Utilisez cette chance pour vous rétablir ! »

« C-Capitaine !? Merci ! »

Lorsqu’il avait vu que l’homme s’était ressaisi et s’était retiré, Halbert avait demandé. « Ruby, ça va ? »

« Ce n’est pas grave ! » répondit Ruby, serrant le tentacule avec ses deux jambes avant, et le frappant d’une morsure pour faire bonne mesure. « Ces tentacules ont la taille de Naden ! Après toutes les fois où je me suis battue avec elle, un coup comme ça n’est rien pour moi ! »

« Tu as l’air confiante, mais ne sois pas imprudente ! Il n’y en a qu’une seule jeune Miss Naden, mais il y a plus de tentacules là-bas. »

« Oh, je le sais bien… bien ! »

Ruby lâcha le tentacule qu’elle avait saisi alors qu’un autre s’approchait d’eux par-derrière. Juste après, le nouveau tentacule s’était écrasé à l’endroit qu’elle tenait. Le bruit de deux masses qui se frappaient l’une l’autre était incroyable. L’impact avait été suffisamment fort pour qu’une partie soit arrachée, si bien que si Ruby avait été prise entre les deux, elle aurait pu se briser quelques os. Quant à Halbert, il aurait été écrasé comme une crêpe.

Une sueur froide coulait dans leurs deux dos.

« Bon sang ! Ces tentacules sont bien trop gênants ! » Halbert s’était plaint de ça.

« Mais si nous ne faisons rien pour eux, cette chose va continuer à fuir ! »

Même maintenant, Ooyamizuchi glissait sur ses tentacules. Elle se déplaçait lentement pour sa taille gargantuesque, mais progressait toujours vers les profondeurs. La flotte du Royaume avait fait des tirs de suppression le long de sa route, mais cela ne semble pas être très efficace. À ce rythme, Ooyamizuchi allait s’échapper.

Halbert s’était giflé la cuisse. « Merde ! Avons-nous quelque chose pour arrêter ça !? »

« … Hein ? ! Hal ! Regarde ça ! »

Halbert leva les yeux en réponse et il vit un navire, plus grand que les autres, se rapprocher d’Ooyamizuchi.

« C’est… le navire de transport de classe Souma ? Ne me dis pas qu’ils prévoient de l’éperonner ! »

« C’est certainement assez massif pour avoir un impact, mais je doute que cela le ralentisse beaucoup. Penses-tu qu’ils abandonneraient vraiment un nouveau navire juste pour cela ? »

« D’ailleurs, qu’est-ce que cette chose transporte ? Je pensais que ce serait une unité de l’armée pour combattre sur l’île, ou des fournitures, mais peut-être que non. »

« Des explosifs, peut-être ? Comme les bateaux de feu que l’Union de l’Archipel utilisait. »

« Non, la poudre à canon a le pouvoir de faire exploser un canon ou un navire en bois, mais pas un navire en fer. Tout ce qu’elle ferait, c’est de mettre le feu à bord. »

Alors qu’ils en parlaient, le Roi Souma s’était arrêté à quelques centaines de mètres devant Ooyamizuchi, puis une écoutille sur le pont s’était lentement ouverte. Une fois l’opération terminée, quelque chose avait bondi de là et avait atterri dans la mer en produisant un grand éclaboussement. Tout le monde s’était arrêté un moment, incertain de ce qui venait de se passer.

Alors que Halbert, Ruby, l’équipe de la cavalerie-wyverne et les soldats de la flotte de l’Union de l’archipel se tournaient dans la direction de l’éclaboussure, un objet massif s’était élevé de la mer, éparpillant l’eau partout.

« Qu’est-ce que c’est que ça !? »

« Un autre monstre ? ! Personne ne nous avait dit qu’il y aurait quelque chose comme ça ! »

Les soldats de la flotte de l’Union de l’archipel avaient paniqué face à l’apparition d’un deuxième monstre. Les soldats du Royaume, en revanche, regardaient avec incrédulité, incapables d’accepter la réalité de ce dont ils étaient témoins. L’objet massif se dressait sur le chemin d’Ooyamizuchi, sa surface brillait au soleil d’une lueur argenté. Il avait la silhouette d’un dragon, la créature la plus puissante sur terre, mais son corps était entièrement fait de machines.

« Quoi !? Le Mecadra » Halbert, le premier à retrouver la raison, s’écria avec incrédulité.

Il s’agissait de l’énorme dragon mécanique partenaire de Silvan qui était apparu dans l’émission Overman Silvan diffusée dans le Royaume. Debout sur ses pattes arrière, le Mechadra avait poussé un rugissement, puis il avait couru vers Ooyamizuchi, en produisant des vagues sur son passage.

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