Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 13 – Chapitre 8

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Chapitre 8 : Rencontre avec l’ennemi -monstre-

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Chapitre 8 : Rencontre avec l’ennemi -monstre-

Partie 1

Alors que la flotte du Royaume et la flotte de l’Union des îles se regardaient à travers un mur de flammes, au loin, dans son bureau de Valois, la capitale de l’Empire du Gran Chaos, l’impératrice Maria se tenait à la fenêtre, regardant dehors.

Jeanne, la petite sœur et Générale, l’appela, « Sœur. Il est temps que les flottes du Royaume et de l’Union de l’Archipel se fassent face ? »

« Hee hee, oui, c’est ça. Je suis sûre que tout le monde sera très surpris par le résultat. »

En entendant sa réponse, Jeanne s’était tenu la tête alors qu’elle avait poussé un soupir. « Cela m’a aussi surprise lors de cette rencontre. Je n’aurais jamais cru t’entendre soutenir le roi Souma qui envoie une flotte dans l’archipel du Dragon à Neuf Têtes. L’idée que tu soutiens une invasion était insondable. »

« Oh, je ne me souviens pas que Sire Souma ou moi-même n’ayons mentionné une “invasion” ou quoi que ce soit de ce genre, tu sais ? » Maria avait fait un rire malicieux, en irritant un peu Jeanne.

« C’est certainement vrai, mais… il a dit que s’il ne s’attaquait pas à la racine du problème de la pêche illégale, il ne ferait que jouer au tape taupe, n’est-ce pas ? De la façon dont il parlait, n’est-il pas naturel de penser qu’il faisait référence à la flotte de l’Union de l’archipel comme étant la “racine du problème” ? »

« Nous avons reçu des informations selon lesquelles l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes a été perturbée par des attaques d’une créature marine massive… Je crois qu’ils l’appellent là-bas “Ooyamizuchi”. Parce qu’il empêche les pêcheurs de l’archipel d’attraper du poisson, ou même de sortir leurs bateaux dans les eaux voisines — les forçant à aller dans des régions où ils ne sont pas les bienvenus —, je pense que tu as peut-être raison. »

« Dis-tu donc que le roi Souma en avait après Ooyamizuchi depuis le début ? »

« Oui, tout comme Shana, le roi dragon à neuf têtes. » Maria avait posé sa main gantée de soie sur le rebord de la fenêtre. « C’est pourquoi il est aussi venu nous voir pour nous aider à négocier la paix. Afin de rassembler les flottes des chefs insulaires férocement indépendants, il fallait une menace extérieure. Il pensait que même s’ils ne s’unissaient pas face à Ooyamizuchi, ils devraient le faire s’ils pressentaient une invasion imminente de la flotte du Royaume. Nos appels à la paix doivent avoir contribué à susciter un sentiment d’urgence, qui les a amenés à travailler ensemble. »

« … Et tu as coopéré parce que tu avais compris tout cela, ma Sœur. »

Jeanne avait poussé un soupir mi-admiration, mi-exaspération, et Maria avait souri joyeusement.

« Oh, je n’avais pas tout vu. C’est ce que nous obtenons en croyant en la sincérité de notre allié. »

« Je pense qu’une grande partie de ce qui te rend si incroyable est ta capacité à trouver les personnes en qui tu devrais avoir confiance, et à croire en elles si sincèrement. »

« Tu es certainement en train d’accumuler les éloges à mon égard aujourd’hui, » déclara Maria en se moquant, et Jeanne avait rougi.

« Pas vraiment. J’ai toujours beaucoup de respect pour toi. C’est juste que tu as tendance à te relâcher, et puis je suis obligée de te harceler… »

« Hee hee, désolée pour ça. » Soudain, le sourire de Maria s’était évanoui. « Cependant, le vrai problème est encore à venir. Ooyamizuchi est une telle menace que Sire Souma et Sire Shana ont après tout chacun ressenti le besoin d’amener la puissance de deux nations à s’y opposer. »

« Ah… ! Tu as raison. C’est aussi une menace pour nous. Il aurait mieux valu que nous puissions aider, nous aussi. »

« Ce n’était pas une option, j’en ai peur. Si nous avions mobilisé nos forces, les chefs des îles pris entre nous seraient devenus trop prudents. Si nous ne pouvions pas coordonner nos actions lorsque le moment serait venu de nous battre ensemble, cela irait à l’encontre du but. »

« Alors je suppose que nous n’avons pas d’autre choix que de le laisser à Sire Souma et à son peuple, » déclara Jeanne, l’air frustré, et Maria sourit.

« Croyons à la victoire de nos alliés. »

◇◇◇

Au moment où les flottes du Royaume et de l’Union des îles s’étaient rejointes et étaient entrées en action sous la direction de Shana, Shabon et Kishun étaient venus nous rendre visite sur le pont.

« Sire Souma…, » déclara Shabon, affichant un regard triste.

En voyant son expression, j’avais dit à Excel. « Nous sortons pour un moment. Occupez-vous des choses en attendant. »

« Compris, sire. »

Ayant laissé Excel aux commandes, je m’étais dirigé vers les quartiers du capitaine avec tous les autres. Juna et moi, nous nous étions assis sur un canapé dans la salle de réception tandis que Shabon et Kishun étaient assis en face de nous, avec Aisha et Naden qui se tenaient à l’intérieur et à l’extérieur de la porte pour empêcher quiconque d’écouter.

Dès que nous nous étions assis, Shabon avait été la première à parler. « Vous aviez établi des liens avec mon père, n’est-ce pas, Sire Souma ? »

Compte tenu de la confiance qu’elle avait dans la façon dont elle l’avait dit, on pouvait supposer qu’elle savait déjà ce qu’il en était jusqu’à un certain point. Quand j’avais hoché la tête, elle avait l’air choquée.

« … Depuis quand ? »

« Depuis bien avant que vous n’arriviez tous les deux dans mon royaume. Je pense que c’était un peu après que nous ayons capturé l’un des navires armés de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, ce qui le place juste avant ma cérémonie de couronnement, » répondis-je.

« Il y a si longtemps… »

L’équipage du navire que Castor avait capturé nous avait permis de découvrir Ooyamizuchi et la situation difficile dans laquelle se trouvait l’archipel. À l’époque, je n’avais toujours aucune idée des intentions du Roi Dragon à neuf têtes, mais peu après, j’avais reçu un émissaire non officiel de Shana.

« Je pensais qu’il allait exiger la restitution de son navire armé, mais au lieu de cela, son messager a présenté des excuses pour la pêche illégale de ses compatriotes, et le paiement de nos pertes. C’est alors qu’il nous a également présenté ce plan. »

« … Mon père a payé une compensation pour vos pertes ? Vraiment ? »

« Oui. C’est probablement à cela qu’a servi la hausse d’impôts dont vous avez parlé. Et le Royaume a utilisé cet argent pour indemniser nos propres pêcheurs qui avaient été lésés. Pour faire vite, Sire Shana payait le Royaume pour laisser votre peuple continuer à pêcher illégalement. »

Eh bien, quand on considère qu’il payait pour cela, je n’étais pas sûr qu’il soit plus juste de dire que c’était « illégal ». Une fois que nous avions commencé à recevoir l’argent, les patrouilleurs du Royaume avaient adopté une politique qui leur permettait de pêcher pendant ce qui leur semblait être une durée raisonnable avant de chasser les bateaux étrangers — mais seuls les hauts gradés étaient dans le coup.

Shabon me regarda avec une grande incrédulité.

« Pourquoi Père ferait-il les choses de manière aussi détournée ? »

« Je suis sûr que c’était le dernier recours de Sire Shana. Les pêcheurs de l’archipel accordent une importance particulière à la pêche en mer, il serait donc humiliant pour eux de demander à un autre pays de les laisser faire, n’est-ce pas ? Cela aurait fait sombrer leur moral déjà proche de zéro, à cause du problème persistant d’Ooyamizuchi, dans un état encore pire. De plus, s’il allait demander notre aide pour tuer le kaiju, il devait s’assurer que les pêcheurs du Royaume ne s’y opposeraient pas. C’est ainsi qu’il a choisi d’enfiler cette aiguille. »

Après avoir expliqué tout cela, j’avais soupiré et haussé les épaules.

« Je pense que vous comprenez déjà la suite, n’est-ce pas, Madame Shabon ? Afin de rassembler les flottes de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes — qui ne s’uniraient pas sans une menace étrangère —, nous avons érigé le Royaume en ennemi fictif et agité les chefs de l’île. Une fois tous les navires rassemblés dans cette région de la mer, nous avons lancé un signal de fumée et utilisé le droit de la mer, qu’aucun marin ne peut ignorer, pour rassembler tout le monde. »

« Tout était calculé… Alors pourquoi pensez-vous que Père ne m’en a pas parlé ? »

« Il ne voulait probablement pas vous impliquer. En ce moment, les soldats de la flotte de l’Union de l’archipel sont excités par le fait que leurs ennemis viennent de devenir des alliés, mais une fois qu’ils se seront calmés, certains d’entre eux auront l’impression que Sire Shana s’est joué d’eux. Afin d’apaiser ces personnes, je soupçonne que Sire Shana prévoit probablement d’abdiquer du trône une fois cette bataille terminée. »

« Père… » Shabon baissa les yeux alors que de la tristesse y était visible.

Kishun se pencha plus près et il déclara. « Alors pourquoi n’avez-vous pas dit cela à Lady Shabon !? »

« Comme si je pouvais. Le plan était en marche avant même que vous ne veniez me voir tous les deux. Je devais tenir compte des intentions de Sire Shana, même si cela signifiait que Madame Shabon en serait attristée. »

« Mais quand même… c’est… C’est tout simplement trop cruel, n’est-ce pas ? » protesta Kishun.

« … Mais vous savez, je vous avais prévenu, non ? J’ai dit que vous étiez assuré de le regretter. » Je l’avais regardé droit dans les yeux. « Je l’ai su, car c’est un regret que nous avons nous-mêmes éprouvé. »

« Vous aussi, Sir Souma ? »

« Oui, je ne peux pas entrer dans les détails, mais je sais maintenant ce que ressent Madame Shabon. Quand je pense à l’incroyable sacrifice d’un certain homme… même si tout cela était pour notre bien, je ne peux m’empêcher de le regretter. Je me demande encore s’il n’y avait pas vraiment une autre solution. Mais je suis sûr que l’homme lui-même me dirait de laisser ces sentiments contradictoires me pousser à aller de l’avant… Je ne sais pas si c’est par gentillesse ou par mépris, » avais-je dit en repensant aux larmes de Liscia ce jour-là.

Kishun se tut. Il avait dû sentir que je ne disais que la vérité.

En entendant cela, Shabon s’était exprimée. « Vous connaissiez donc Ooyamizuchi avant que je vous le dise, et vous travailliez déjà sur des contre-mesures. Cela signifie-t-il que tout ce que j’ai fait était vain ? » Elle affichait une allure pathétique.

« Ce n’est pas vrai, » avais-je répondu en secouant la tête. « Vos actions indépendantes nous ont permis, à moi et à mes serviteurs, d’entrer à l’avance dans l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes. Cela nous a permis de rassembler des informations sur Ooyamizuchi, d’affiner considérablement notre compréhension et d’améliorer nos plans. Ce n’est pas quelque chose que Sire Shana aurait pu faire avec les restrictions auxquelles il était confronté. Je pense aussi que votre appel direct envers moi sera important pour aider à tout justifier une fois la bataille terminée. Vous avez certainement été en mesure de soutenir Sire Shana. »

« J’ai… aidé Père ? » Shabon avait cligné des yeux, et je lui avais fait un signe de tête ferme.

« Tout cela est arrivé parce que chacun a essayé d’obtenir le meilleur résultat possible. Et maintenant… »

« Nous devons simplement abattre Ooyamizuchi, et faire de ce meilleur résultat une réalité, oui ? » conclut Shabon, une certaine force lui étant revenue dans les yeux.

Sa façon d’accepter les choses et de passer à autre chose en disait long sur elle en tant que princesse d’une nation. La détermination de Shana, la tristesse de Shabon, et toutes les victimes de cette créature… Nous devons tuer Ooyamizuchi pour nous assurer que tout cela n’était pas vain.

Nous nous étions ainsi préparés pour ce qui allait suivre.

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Partie 2

Un peu plus tôt, au moment où les flottes du Royaume et de l’Union de l’archipel étaient en vues, un groupe d’hommes de l’île voisine d’Ikatsuru portant des manteaux et des pagnes était occupé à travailler. Ils étaient habillés comme des pêcheurs, mais étaient en fait des soldats de l’île du Dragon à neuf têtes. Vu du ciel, Ikatsuru ressemblait à un croissant de lune, et il y avait une entrée à l’intérieur du croissant. Les hommes déchargeaient la cargaison d’un bateau dans cette entrée, la chargeaient sur un chariot, puis la transportaient à l’intérieur des terres.

« Aww, bon sang, cet endroit pue, » grogna l’homme qui poussait la charrette.

Comme il l’avait dit, l’île d’Ikatsuru, habituellement inhabitée, avait actuellement une odeur bizarre.

L’homme bête à face de loup à côté de lui avait fait une grimace. « Tu as la vie facile. C’est vraiment dur pour ceux d’entre nous qui ont le nez sensible. »

« Allons, c’est assez mauvais pour nous aussi. Je n’arriverai jamais à l’enlever de mes vêtements. »

« Ma femme va me faire chier quand je reviendrai… »

« Hé, moins de bavardage, plus de travail, » leur superviseur mononofu les avait mis en garde. Mais ils s’étaient tous les deux plaints.

« La puanteur du poisson et du sang nous rend fous ici ! »

« C’est déprimant, vous savez ? »

Ils regardaient tous les deux la petite montagne qui était la source de cette odeur désagréable : une montagne de poissons. C’était plus que ce que l’on pouvait pêcher dans les eaux de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes en cette époque, ce qui signifiait qu’il fallait l’avoir fait venir d’un autre pays. Le poisson était entouré d’une mare de sang de bétail fraîchement abattu, qui s’infiltrait dans la puanteur impie qui les entourait.

« C’est un tel gaspillage… Ces poissons auraient pu nourrir tant de gens. »

« Vous devez savoir à quoi sert cette opération, » répliqua le mononofu. « Si nous les mangions, rien ne changerait. Cependant, en les utilisant ici, nous pouvons résoudre le problème et changer notre destin. Après cela, nous attraperons beaucoup plus de poissons à long terme. »

« … C’est vrai. Mais seulement si nous pouvons résoudre le problème. »

Alors que les deux hommes se parlaient, la tour de guet située en hauteur avait commencé à sonner la cloche d’alarme en bois.

« Le brouillard s’est levé ! »

 « Le brouillard s’est levé ! »

  « Le brouillard s’est levé ! »

Trois hommes avaient crié l’un après l’autre, comme s’ils jouaient à un jeu de téléphone.

« … Il est enfin là, hein ? »

Le mononofu regarda dans la direction de la mer.

« Activez immédiatement le signal de fumée ! Envoyez un message d’île en île pour le Seigneur Shana ! Tous les autres, battez immédiatement en retraite! Nous allons abandonner le navire dans la crique et nous échapper dans les bateaux de l’autre côté de l’île ! » Il donna immédiatement des ordres. Alors que les hommes couraient à toute vitesse, le mononofu avait jeté un regard furieux dans le brouillard et il avait déclaré. « Continuez à venir. C’est ici que vous allez rencontrer votre fin. »

◇ ◇ ◇

C’était le problème le plus difficile lorsqu’il s’agissait de tuer Ooyamizuchi : c’était une créature amphibie. S’en occuper sur terre était une chose, mais si elle plongeait sous l’eau, les forces de l’humanité ne pouvaient rien lui faire. La magie était moins efficace en mer, et avec la poudre à canon disponible dans ce monde, même si nous construisions des grenades sous-marines, elles ne pourraient probablement pas lui faire de mal. Il n’y avait pas non plus de sous-marins ni de torpilles à tête chercheuse de chaleur dans ce monde.

Pour cette raison, le roi Shana avait cherché à attirer Ooyamizuchi à terre, puis à l’éliminer rapidement grâce à la puissance combinée des marines du Royaume et de l’Union de l’archipel.

Pour être précis : il avait placé une tonne d’appâts sur l’île d’Ikatsuru, qui se trouvait sur la route d’Ooyamizuchi, puis il avait utilisé les deux flottes pour encercler l’île. Après ça, la créature étant piégée dans un bras de mer peu profond, ils attaqueraient jusqu’à ce qu’elle soit morte.

« Le moment est enfin venu, » déclara Excel, l’air pensif en regardant la situation. Elle, Juna et moi observions les flottes du Royaume et de l’Union de l’Archipel en croisière ensemble depuis le pont de l’Albert II.

« En effet. Le timing a à peine fonctionné. J’ai vraiment sué pendant un moment… »

« Hee hee, j’en suis sûre, mais le garçon que vous avez découvert est vraiment quelque chose. Sire Ichiha, n’est-ce pas ? Il a parfaitement prédit les actions d’Ooyamizuchi. Je me réjouis de voir ce qu’il fera à l’avenir. »

« Comme vous l’avez dit. Maintenant, si seulement il avait un peu plus confiance en lui… Alors il ferait une figure de grand frère fiable pour Cian et Kazuha. »

Si je devais nommer un MVP pour cette opération, il faudrait que ce soit Ichiha. Il avait réussi à mettre au point un plan d’attaque efficace après avoir examiné les informations et vu la créature, puis il avait également déterminé son itinéraire, ce qui nous avait permis de nous installer sur l’île d’Ikatsuru comme lieu de l’opération. Tout cela avait été possible parce que nous avions pu nous rendre sur les îles à l’avance, on pouvait donc dire que les efforts de Shabon et Kishun avaient eux aussi eu une certaine importance.

Alors que je pensais à cela, Excel avait cessé de sourire et avait dit. « Mais, sire, la vraie bataille commence ici. Nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer. »

« … Je le sais. Si nous le faisons, alors tout aura été vain. Il n’y a aucun espoir de négocier avec cet ennemi. C’est un kaiju. Nous devons nous battre jusqu’à ce qu’il soit mort, ou que nous le soyons, » répondis-je.

« Hum… tu continues à appeler Ooyamizuchi un “kaiju”, n’est-ce pas, Sire ? » Juna, qui se tenait à côté de moi, l’avait demandé avec un regard inquiet. « Peut-on battre un kaiju ? »

« Eh bien… J’ai l’impression d’être de retour dans le monde d’où je viens, ou du moins dans mon pays en particulier, la plupart des kaiju qui apparaissent dans nos histoires sont immunisés contre les armes humaines, » avais-je dit en repensant à tous les films de kaiju que j’avais regardés. « C’est sans doute parce que dans mon pays, le kaiju symbolise généralement Dieu, la nature ou une catastrophe naturelle. Comme si l’humanité était minuscule à côté de l’immensité de la nature. Oh, et certains étaient symboliques des péchés de la civilisation qui les a créés. »

Pollution, armes de destruction massive, manipulation génétique… pour n’en citer que quelques-unes. Je pense que les kaiju qui sont sortis de ce pays étaient une projection du sentiment de culpabilité des gens pour ces produits négatifs de la civilisation. Alors que les films de monstres d’autres pays avaient tendance à se terminer avec la créature cédant au pouvoir de la civilisation humaine, les kaiju de mon pays étaient si forts qu’ils ne pouvaient pas être vaincus sans le pouvoir du géant de la lumière… et ils étaient aussi tristes. J’avais l’impression que pour eux, les kaiju étaient quelque chose qui « ne devait pas être vaincu ».

Parce qu’ils croyaient que les péchés de la civilisation ne pouvaient pas être effacés, mais… j’avais secoué la tête.

« Ce ne sont pas les gens de ce monde qui ont créé Ooyamizuchi. Ce n’est pas leur péché. C’est pourquoi je crois que nous pouvons le surmonter. »

Quand j’avais dit cela, Juna avait répondu « Oui » en souriant.

◇ ◇ ◇

Au-dessus de la mer, une forme montagneuse avait rampé sur l’île d’Ikatsuru. Sa tête présentait les caractéristiques d’un dragon et d’un dragon de mer, tandis que son dos était une coquille bivalve massive ressemblant à une palourde géante. En dessous, huit tentacules épais recouverts d’une carapace de crustacé se tortillaient comme ceux d’une pieuvre en glissant vers l’avant.

Ooyamizuchi.

C’était le kaiju (ou du moins c’est ainsi que Souma l’appelait) qui tourmentait les habitants de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes. Enveloppée dans la brume provenant de la coquille bivalve qu’il portait sur le dos, Ooyamizuchi avait traversé l’île en rampant sur de longs tentacules qui se tortillaient. En raison de son poids incroyable, il y avait des tremblements de terre chaque fois qu’un de ces tentacules touchait le sol. Ooyamizuchi avait été attirée sur cette île par l’odeur intense de l’appât laissé ici.

La créature s’avançait, fauchant au passage tout arbre qui lui faisait obstacle. Une fois qu’elle avait atteint à peu près le centre de l’île, Ooyamizuchi avait repéré l’appât — une montagne de poissons et de bétail qui avait été saignée. Il n’y avait pas eu de grandes créatures dans cette zone ces derniers temps, ce qui n’allait pas suffire à apaiser l’appétit d’Ooyamizuchi, mais c’était quand même un festin. Elle avait étendu la tête pour attraper la montagne de poissons. Puis, à l’aide des pinces à crustacés au bout de ses tentacules, elle avait lancé l’un des animaux dans sa bouche.

Elle avait mis un certain temps à se mouvoir jusque là en raison de la nature de son corps, mais il avait fallu moins de cinq minutes avant qu’elle n’ait consommé tout l’appât. Sa frénésie alimentaire terminée, Ooyamizuchi avait remarqué une présence qui s’approchait de l’île. De nombreuses « odeurs de sang » s’approchaient d’elle.

Ooyamizuchi ne pouvait pas savoir que c’était l’odeur du fer, mais elle pouvait dire instinctivement que ces choses étaient une menace pour elle. Effectuant un virage en grondant, Ooyamizuchi avait repris le chemin qu’elle avait pris, mais au moment où le kaiju avait atteint les hauts-fonds, les flottes de l’Union du Royaume et de l’Archipel avaient encerclé l’île d’Ikatsuru. Au milieu de cette flotte, le capitaine de l’Hiryuu, Castor, ne pouvait s’empêcher de pousser un soupir d’admiration en voyant à quel point Ooyamizuchi était gigantesque.

« Qu’est-ce que c’est que cette chose ? C’est plus que massif. »

« C’est vraiment le cas. Les rhinosaurus ont l’air petits et mignons en comparaison, » avait convenu son commandant en second sur un ton exaspéré. « Je frissonne à l’idée qu’il y ait une bête comme ça en mer. Il va falloir beaucoup de puissance navale pour s’en occuper. »

« Je comprends pourquoi mon seigneur et le Roi Dragon à neuf têtes ont voulu travailler ensemble. Je doute que la marine d’un pays ait déjà combattu une telle créature. »

« Tuer un monstre de cette taille, c’est l’essence même des légendes, » déclara son second avec le plus grand sérieux et Castor avait souri avec ironie.

« Des légendes, hein ? Eh bien, c’est une bonne chose. Ils vont raconter notre bataille pendant longtemps. »

« … Ils le feront certainement. Je préfère que ce ne soit pas avec nous comme perdants. »

« Naturellement. Être le commandant d’une armée vaincue une fois m’a suffi. Alors… on va gagner. »

Castor ajusta son chapeau de capitaine et donna l’ordre.

« C’est un message pour tous les navires ! L’opération pour tuer Ooyamizuchi commence maintenant ! »

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