Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 13 – Chapitre 5 – Partie 4

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Chapitre 5 : Rencontre – ennemis

Partie 4

Le soir, au coucher du soleil, on pouvait voir une faible ligne rouge le long de la crête de la montagne. Nous étions dans le jardin avec un feu de camp et une énorme marmite qui m’avait fait penser à une fête imoni-kai hot pot à Yamagata.

« Maintenant, mangeons tous, » déclara le Tanuki qui se tenait devant la marmite, en offrant un bol d’une main tandis que l’autre tenait une louche.

On m’avait dit que les habitants avaient utilisé les pièces excédentaires qui restaient après qu’ils aient préparé le poisson du royaume pour la conservation, et qu’ils les combinaient avec des légumes locaux pour faire une soupe, qui était proposée en ce moment même dans tout le village. Avec de la nourriture chaude à la main, nous étions montés sur la véranda pour manger.

« Ouf… Ça vous réchauffe vraiment. »

« Hee hee, c’est certainement le cas. C’est une saveur tellement réconfortante. »

Juna et moi, nous nous étions léché les lèvres avec satisfaction.

La cuisine de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes était apparemment assez proche de celle du monde d’où je venais y compris dans l’utilisation du miso. Les légumes racines trempés dans le bouillon de poisson et le miso étaient vraiment délicieux. Près de la marmite, Aisha et Naden se régalaient.

« Cela ressemble à la cuisine de Sa Majesté. Oh ! Je voudrais un autre bol, s’il vous plaît ! »

« Le goût de la cuisine de notre mari, hein ? Je vais aussi en prendre un autre bol ! »

Alors, ce n’est pas le goût de la cuisine de leur mère, hein ? Eh bien, n’ayant aucun souvenir de ma propre mère, j’avais le goût de la cuisine de ma grand-mère. Tomoe, Ichiha et Yuriga semblaient désespérés en voulant montrer qu’ils pouvaient manger autant que les deux autres gloutons.

« Cette saveur familière de miso est délicieuse. Cela se marie bien avec l’umami du poisson. »

« Oh, c’est vrai. Vous venez aussi du nord, n’est-ce pas ? Nous avons des plats similaires en Malmkhitan. »

« Comme dans le duché de Chima. Il est fascinant d’apprendre que l’Union de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes a une culture autour de la nourriture qui est similaire à celle de l’Union des Nations de l’Est. Est-ce qu’un groupe ayant cette culture a peut-être migré de l’un à l’autre… ? »

Alors qu’Ichiha réfléchissait à cela, Tomoe avait souri et lui avait donné, un tape sur la joue.

« Allez, Ichiha. Si tu continues à y penser, Aisha et Naden vont tout manger, tu sais ? »

« Oh ! Alors, c’est l’heure de manger… Aïe ! C’est chaud ! »

Il semblait que la nourriture était trop chaude pour ses tentatives précipitées de la manger. Ichiha avait sorti sa langue et l’avait éventée avec sa main. Tomoe regardait ça avec inquiétude.

« V-Vas-tu bien, Ichiha ? Je suis désolée. Je n’aurais pas dû te presser. »

« Non, je n’ai pas fait assez attention… »

« Que faites-vous tous les deux ? » demanda Yuriga en soupirant. « Bon sang. Tiens, prends un peu d’eau. »

« Désolé… » Ichiha avait accepté une louche pleine d’eau et il l’avait avalée.

Les choses semblaient aller bien, il n’était donc pas nécessaire que les adultes s’en mêlent. Alors que nous regardions les trois enfants être adorables, j’avais entendu une voix venant de quelque part au loin. J’avais tourné la tête pour écouter, et il s’est avéré que c’était une chanson.

Nous prenons notre bateau sur la mer mère.

Aux vagues riches en poissons et en vie.

Sous l’œil de l’oiseau de mer, il y a un trésor.

Si nous sommes trop lents, le géant va frapper.

Tirez les filets ! Tirez, ho ! Tirez, ho !

Que le port entende notre chant de triomphe.

« C’est… »

« Une chanson de marin. Les habitants de l’île doivent la chanter, » répondit Kishun en réponse à mes murmures. « Je suis sûr qu’ils doivent faire la fête au port aujourd’hui pour la première fois depuis bien trop longtemps. »

Kishun était venu en tenant une bouteille de saké dans ses mains, derrière lui se trouvait Shabon avec des coupes. Kishun s’était assis à côté de moi et Shabon avait pris place à côté de Juna, se mettant entre nous deux avant de distribuer les tasses.

« C’est du saké de dragon, fait avec du riz de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes », expliqua Kishun, en versant la boisson dans ma tasse. Cela sentait exactement comme le saké japonais.

« Pour vous aussi, madame. » Shabon avait essayé d’offrir à Juna du saké de dragon, mais…

« Je suis désolée. Pourrais-je demander du thé à la place ? » elle l’avait poliment refusé. Juna tenait bien l’alcool, mais elle avait dû penser qu’il valait mieux que nous ne finissions pas tous les deux en état d’ébriété en même temps.

J’avais cogné ma tasse contre celle de Kishun et j’en avais bu une gorgée… Oui, ça ressemble vraiment à du saké.

J’avais quitté le Japon avant d’avoir atteint l’âge de boire, donc le seul alcool japonais que j’avais expérimenté était le mirin, l’alcool de cuisine, mais je sentais que cela devait être la même chose que le saké japonais.

« Comment l’aimez-vous ? Le saké de notre pays convient-il à vos goûts ? » demanda Kishun et je lui répondis en hochant la tête.

« Oui, je pense que c’est bien. Il se marie bien avec les riches saveurs de la soupe. »

« Je suis heureux de l’entendre. »

Nous avions donc bu, en écoutant nos bruyants compagnons et les chants de marins provenant du port. D’après ce que je pouvais voir ici, il était difficile d’imaginer qu’il y avait un monstre appelé Ooyamizuchi dans les eaux, et que nous étions sur le point de livrer une bataille intense contre lui. En des temps plus paisibles… J’aurais peut-être pu prendre plus de plaisir à boire avec Shabon et Kishun — avec Liscia et Roroa, que nous avions laissées derrière nous dans le Royaume.

« C’est vraiment un bon alcool. »

J’avais avalé la boisson en même temps que ces sentiments amers.

Clang! Clang! Clang! Au milieu de cette nuit-là, une cloche d’alarme s’était mise à sonner.

« Il est là ! C’est ici ! »

« Hommes, dépêchez-vous d’aller voir le chef de l’île ! Femmes et enfants, ne sortez pas ! »

En entendant le brouhaha, nous nous étions précipités dans la grande salle où nous avions fait la sieste.

En regardant Kishun, il avait dit : « Sire Souma. Dirigez-vous vers la tour de guet. Vous pourrez la voir de là. »

« J’ai compris. »

Suivant sa suggestion, nous nous étions précipités vers la tour de guet du manoir. Alors que je plissais les yeux vers la mer, je pouvais apercevoir un objet massif se déplaçant près des îles jumelles à un rythme lent.

« Utilisez ceci, Votre Majesté, » dit Aisha en m’offrant un télescope.

« Merci. »

Je l’avais porté à un œil et j’avais regardé au loin. Heureusement, la lune était brillante cette nuit-là, et le reflet de la lune sur la surface de la mer m’avait donné une image complète de la créature.

En détournant le regard du télescope, j’avais demandé à Shabon. « Est-ce Ooyamizuchi ? »

« Très probablement. Il est difficile d’imaginer qu’une autre créature soit aussi massive, » avait-elle confirmé d’un signe de tête.

J’avais passé le télescope à Ichiha. Je lui avais dit. « Je savais qu’on pouvait compter sur toi. C’est exactement comme ton dessin. »

Sur la base des rapports fragmentaires des témoins, Ichiha avait fait un croquis. Il ressemblait à un dragon de mer de la tête au cou, avec une coquille bivalve sur le dos et d’épais tentacules en forme de pieuvre pour bras avec des pinces comme ceux de crustacés à l’extrémité. Le point clé ici était la théorie selon laquelle les rapports d’un « serpent à plusieurs têtes » provenaient d’une mauvaise identification des tentacules et des pinces. Les récits de victimes coupées en deux n’indiquaient pas qu’elles avaient été mordues par quelque chose avec la tête d’un serpent, mais plutôt qu’elles avaient été coupées en deux par des pinces que les témoins avaient prises pour des têtes.

En outre, l’hypothèse selon laquelle « il pourrait libérer de la brume pour garder son corps humide » avait conduit à l’idée qu’une partie de son corps pourrait être celle d’un mollusque. Les rapports selon lesquels il serait « comme une petite île », et moi, lui disant « il y a une légende selon laquelle les mirages sont créés par un monstre ressemblant à un bivalve », l’avaient amené à le dépeindre comme ayant une coquille bivalve sur le dos. Il y avait des parties qui ne correspondaient que par pur hasard, mais le fait de pouvoir le dessiner avec autant de précision à partir du peu d’informations dont nous disposions avait montré quel était le génie d’Ichiha. On dit après tout que les enfants innocents voient toujours la vérité…

« Je suis content que tu sois là, Ichiha. »

« Vous me flattez, » déclara humblement Ichiha en regardant dans le télescope.

 

J’avais posé ma main sur sa tête.

« Sois-en fier. Grâce à toi, nous pouvons préparer des contre-mesures. »

« Hein ? ! OK! » Ichiha avait répondu avec enthousiasme.

J’espère que des succès répétés comme celui-ci peuvent aider le jeune timide à développer un sentiment de confiance, avais-je pensé. Si c’était le cas, il deviendrait le genre d’individu qui pourrait aider à diriger notre pays à l’avenir.

Les autres membres du groupe s’étaient relayés avec le télescope, chacun d’entre eux déglutissant lorsqu’il le voyait.

« Il ne semble pas y avoir de brouillard en ce moment, » avait marmonné Aisha.

« C’est probablement parce qu’il n’a pas l’intention d’attaquer, » répondit Ichiha. « Peut-être devrions-nous considérer le brouillard comme quelque chose qu’il émet juste avant d’aller à terre pour attraper une proie ? »

Je lui avais posé la question la plus importante « Alors, il ne débarquera pas sur les îles jumelles ? »

« C’est exact. Vu l’absence d’alerte, je pense que c’est “juste de passage”. Mais si une petite île ou un bateau croisait son chemin, je suis sûr que ce serait quand même une catastrophe. »

« C’est énorme, après tout. Plus grand que même les plus grands navires du Royaume. »

« Même sous ma forme de ryuuu, je ne suis rien face à ça. »

Juna et Naden poussèrent des soupirs d’admiration. On pouvait dire, même de loin, qu’il était massif. Comme dans un film de kaiju. Il fallait justement que ce soit ce à quoi nous sommes confrontés, hein ?

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ !

Il y avait un bruit comme le vent qui se précipitait entre les bâtiments, mais amplifié plusieurs fois. Était-ce le cri d’Ooyamizuchi ?

J’avais un peu reculé, puis j’avais murmuré à l’oreille de Tomoe. « Tomoe, peux-tu dire ce que pense Ooyamizuchi ? »

« Je n’ai pu en capter qu’un peu, mais…, » Tomoe avait répondu en chuchotant. « Elle cherche un “ennemi” et de la “nourriture”… c’est ce qu’elle a dit. »

« Un “ennemi” et de la “nourriture” ? » lui avais-je répondu en chuchotant, et Tomoe avait hoché la tête.

« Il semble que cela ne fasse qu’un pour Ooyamizuchi. Les grands ennemis sont de la grande bouffe, et la rendront encore plus grande… C’est un peu différent du sentiment de famine qu’avait l’homme-lézard du Royaume de Lastania. C’est comme ça que vit Ooyamizuchi… C’est du moins ce que je comprends. »

Dévorer des ennemis pour grandir… Était-ce ce qu’elle faisait tous les jours ? C’était vraiment différent des hommes-lézards et de leur famine. Cela m’avait fait penser à un drogué de bataille, obsédé par l’idée de prouver leur existence en battant de puissants rivaux.

Quand j’avais transmis à Ichiha ce qu’elle m’avait dit, il avait eu un regard pensif. « Peut-être… que c’est un monstre qui a grandi dans un espace clos comme un donjon, en mangeant d’autres monstres pour survivre ? Normalement, une fois qu’il aura grandi dans une certaine mesure, il devrait quitter le donjon de lui-même, mais pour une raison inconnue… comme peut-être parce que le donjon était sous l’eau, il a été forcé de continuer à se nourrir d’autres monstres… »

« Les monstres se sont donc nourris les uns des autres, et cette Ooyamizuchi était la dernière qui restait ? Je pense que… je comprends pourquoi cela lui fait voir les ennemis et la nourriture comme une seule et même chose… »

Bien que ce ne soit qu’une spéculation d’Ichiha, c’était exactement comme l’ancienne pratique chinoise de création de gu : ils mettaient un tas de créatures dégoûtantes dans un pot, et le dernier survivant servait d’outil de magie noire. Si Ooyamizuchi était née comme ça, cela signifiait qu’elle était une mangeuse vorace et insatiable, émergeant comme la créature la plus puissante à l’intérieur du donjon d’où elle provenait.

Ichiha fronça les sourcils et déclara. « Si la créature est née dans un donjon dont elle ne pouvait pas s’échapper, alors normalement elle serait morte à l’intérieur. Mais le donjon a été détruit, ou peut-être Ooyamizuchi a-t-elle acquis une capacité qui lui a permis de s’échapper… Quoi qu’il en soit, je crois que c’est un cas incroyablement rare de voir un tel monstre apparaître à la surface. »

« … Oui, c’est logique. »

J’avais été le témoin direct du désordre que pouvait causer un donjon non découvert dans la République de Turgis, mais on ne savait pas quand un monstre comme celui-ci pourrait apparaître.

~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ !

En sentant le cri d’Ooyamizuchi résonner au plus profond de mes tripes, j’avais pris conscience des dangers qui se cachaient dans ce monde.

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre.

    C’est juste une intuition mais j’ai l’impression que Juna est enceinte

  3. Merci pour le chapitre.

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