Chapitre 1 : Colère – danger
Partie 2
« Comment ai-je pu être aussi stupide… ? »
Shabon était couchée sur le côté dans son lit, les yeux remplis de larmes, dans une chambre d’une auberge de luxe de la ville du château de Parnam. Les larmes coulaient sur son visage et cela tachait les draps blancs et propres.
Après avoir été chassés du château par les gardes, Shabon et Kishun s’affaissèrent et retournèrent à l’auberge où ils se trouvaient en ce moment. Ce logement avait été organisé pour eux par le royaume. Ils étaient venus dans la capitale en secret, pour que le Roi Dragon à neuf têtes ne l’apprenne pas, et avaient demandé une audience avec Souma. Comme il serait mauvais que des étrangers découvrent qu’ils se trouvaient dans ce pays, on leur avait assigné comme lieu d’hébergement cette auberge, qui était bien équipée pour préserver le secret.
« Je devais absolument faire en sorte que les négociations soient un succès… Afin d’éviter le pire des résultats… C’est pour cela que je suis venue dans ce pays, mais… ma remarque négligente a irrité Sire Souma… Honnêtement, je suis une telle idiote, et si impuissante… Je… »
Shabon frappa le lit en sanglotant. Comme elle devait se sentir vexée et mortifiée par sa propre impuissance. Kishun regarda la princesse Shabon avec un regard douloureux dans les yeux.
« Lady Shabon… Si c’est trop douloureux pour vous, devrions-nous retourner à l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes ? »
« … Ngh, nous ne pouvons pas faire ça. » Elle le regarda avec son visage taché de larmes. « Il n’y a plus un instant à perdre. Nous sommes venus ici pour éviter le pire. »
« Dans ce cas, tout ce que nous pouvons faire est de rencontrer le roi Souma et de lui parler une fois de plus. »
« Penses-tu… qu’il sera disposé à nous rencontrer ? »
« Cela dépendra probablement de son degré de colère. Comprenez-vous pourquoi le roi Souma était en colère, Lady Shabon ? » demanda Kishun, et Shabon secoua négativement la tête.
« Cela me gêne de l’admettre, mais je ne sais pas pourquoi il était si en colère. Je sais que j’ai dit quelque chose d’inapproprié, et c’était en référence à Lady Roroa, » avoua Shabon.
« J’ai entendu dire qu’après la guerre avec la Principauté d’Amidonia, la Reine Roroa s’est fiancée à Sire Souma en y incluant son pays afin de protéger son peuple. Ce n’est qu’une rumeur, mais on dit aussi que le roi Souma est lubrique et qu’il a envahi la principauté par désir pour elle. Cependant, d’après la façon dont il a réagi, je soupçonne que la rumeur n’est rien d’autre qu’une rumeur sans intérêt. »
« … J’ai dû faire preuve de trop peu de compréhension à l’égard de ses sentiments. L’Archipel du Dragon à Neuf Têtes est un pays isolé. J’ai laissé les rumeurs que j’ai entendues m’égarer. Et cela a mis Sire Souma en colère… Je suis vraiment… une imbécile. »
Shabon avait baissé le visage et avait serré les draps. En voyant son allure si faible, Kishun se sentit poussé à faire quelque chose, n’importe quoi pour aider.
« … Je me rendrai au château de Parnam, et je chercherai une autre audience avec le roi Souma, quoi qu’il en coûte. Lady Shabon, veuillez attendre ici. »
« Kishun ! » En entendant la résolution dans sa voix, Shabon s’était précipitée vers lui et elle l’avait saisi par les vêtements. « Tu ne vas pas risquer ta vie, n’est-ce pas ? Tu ne peux pas mourir pour moi ! »
« Si je pouvais montrer notre contrition à travers ma mort, et ainsi exaucer votre souhait, je le ferais. Cependant, je doute que cela puisse apaiser la colère de Sire Souma. Au contraire, cela aggraverait votre situation. Je ne peux que lui demander sincèrement de nous entendre. »
« Kishun… »
« Je… connais votre détermination, Lady Shabon. » Kishun posa sa main sur celle de Shabon, qui frémit de malaise. « Et j’ai juré de vous protéger. Je vous ramènerai devant le roi Souma, sans faute. »
Après cela, Kishun avait quitté la chambre de Shabon. Tout ce que Shabon pouvait faire, c’était de mettre ses mains devant sa poitrine et de prier.
◇ ◇ ◇
Kishun quitta l’auberge et se dirigea à nouveau vers le château de Parnam, mais en tant que préposé de Shabon venu en secret avec elle, il n’avait évidemment aucun contact dans le royaume. Il n’avait donc rien d’autre à faire que de se jeter à la merci de Souma et de ses serviteurs.
Il s’était assis au bord de la route et avait appuyé ses mains sur le sol, inclinant sa tête vers la direction du château. Il s’arrêta dans cette position, comme s’il était gelé. Les gens qui se rendaient au château le regardaient en passant, mais Kishun n’avait pas du tout bougé. Il était évident que si un individu suspect se trouvait près des portes, les gardes ne pouvaient pas le laisser tranquille. D’abord, ils lui parleraient gentiment, et si cela échouait, ils allaient avoir recours à la force. Les gardes approchaient Kishun pour lui dire de se retirer.
« Si vous avez des affaires au château, vous devez en faire la demande, puis partir pour la journée. Vous pouvez revenir si l’autorisation est accordée. »
Cependant, Kishun n’avait pas écouté.
« Je suis venu par désir de m’excuser auprès de Sa Majesté ! Je vous en prie ! S’il vous plaît, permettez-moi de le voir une seule fois ! Je suis résolu à rester ici jusqu’au jour où j’en aurai le droit ! »
Il pouvait dire cela, mais c’était le travail des gardes de protéger les portes. Normalement, quelqu’un comme ça devrait être éloigné, sans poser de questions, mais les gardes avaient apparemment des ordres d’en haut. L’un d’eux était entré dans le château pour vérifier, et était revenu quelque temps plus tard avec une autre personne.
Cette personne avait baissé la tête et avait parlé à Kishun. « Cela ne va rien faire pour améliorer l’impression qu’il a de vous. »
« … Premier ministre. »
Kishun leva les yeux pour découvrir que c’était Hakuya, le Premier ministre en robe noire. Kishun s’était empressé de poser ses paumes sur le sol et de baisser son front sur la terre.
« Je tiens à m’excuser abondamment pour l’offense que Lady Shabon a causée ! Lady Shabon a également honte de sa négligence ! Si vous souhaitez que nous assumions la responsabilité de ce que nous avons fait, laissez-moi vous offrir ma tête ! Alors, s’il vous plaît… donnez-lui une dernière chance de parler à Sire Souma ! » Kishun avait plaidé désespérément.
« Vous vous rendez compte que prendre votre tête ne nous servirait à rien, » déclara Hakuya en soupirant. « D’ailleurs, comprenez-vous au moins pourquoi Sa Majesté était si contrariée ? »
« Eh bien… »
« Une excuse n’a pas de sens si elle n’est que superficielle, » lui déclara Hakuya. Cependant, Kishun n’allait pas reculer.
« Malgré cela, la détermination de Lady Shabon est authentique. Elle est vraiment prête à s’offrir à Sire Souma pour protéger l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes et son peuple, » supplia sincèrement Kishun, en serrant la terre de ses mains.
C’était probablement vrai. Hakuya avait secoué la tête en signe de consternation.
« Cet esprit de sacrifice… peut être beau. Cependant, je pense que l’abnégation de la part de celui qui se tient au-dessus des autres peut aussi, en même temps, être un manquement au devoir. Je dirais aussi que c’est la différence réelle entre Sa Majesté, la Reine Roroa, et Madame Shabon. »
« Hein !? Qu’est-ce que vous voulez dire… ? »
Alors que Kishun restait à genoux, suppliant d’en savoir plus, Hakuya déclara doucement. « … Il y a trop d’yeux ici. S’il vous plaît, venez d’abord dans ma chambre. »
« Je le ferai. Je vous remercie beaucoup. »
Ils étaient tous les deux allés dans la chambre de Hakuya.
◇ ◇ ◇
« Essayez-le, s’il vous plaît. »
« Oh, comme c’est gentil de votre part… Merci. »
Hakuya avait offert du thé, et Kishun l’avait poliment accepté. Hakuya s’était assis et, après s’être détendu un moment, il déclara. « Maintenant, pour ce que je disais avant… » et il avait commencé à expliquer.
« Je crois qu’il est juste de dire que toutes les deux ont mis leur vie en danger pour leur pays. Cependant, il me semble que Madame Shabon n’est pas en mesure de faire quoi que ce soit pour remédier à la situation, et qu’elle ne fait que s’accrocher à Sa Majesté. En bref, elle a renoncé à résoudre le problème par elle-même. Ne pourrait-on pas dire qu’elle a fui sa responsabilité de fille du Roi Dragon à neuf têtes ? »
« … ! »
Kishun voulait crier « Vous avez tort ! » mais les mots n’étaient pas sortis. C’était parce qu’il pensait : « Si je change de point de vue, je peux voir comment cela pourrait ressembler à cela. » Il avait penché la tête, regardant les ondulations du thé dans sa tasse.
Hakuya poursuit sur un ton réprobateur.
« Roroa, par contre, était incroyable. Le royaume avait gagné la guerre contre la principauté d’Amidonia, et détenait un avantage écrasant. Pourtant, malgré cela, Roroa utilisa ses propres relations pour chasser du pays son adversaire politique et frère, Julius, et demanda l’annexion complète de la Principauté. »
« C’est… un leadership incroyable. C’est comme si elle commandait une armée. »
« Oui. Le Royaume tentait à l’époque d’absorber Van, la capitale de la Principauté, sans violer la Déclaration de l’Humanité, nous n’étions donc pas en mesure de rejeter sa demande. Si nous refusions, nous serions condamnés pour l’incohérence avec la manière dont nous avions traité l’annexion de Van. Sa Majesté, la Reine Roroa, s’est présentée devant Sire Souma juste après l’annexion complète de la Principauté, pour demander à Sa Majesté de la prendre comme reine. »
Il y avait un sourire amer sur le visage de Hakuya lorsqu’il s’en était souvenu.
« … Elle nous a bien eus. S’il avait refusé à ce moment-là, les habitants de la Principauté récemment acquise étaient sûrs de devenir violents. Elle a renversé le plateau de jeu. Le Royaume, qui avait été mis à profit aux dépens de la Principauté, devait au contraire garantir leur protection. Sa Majesté a elle-même dit : “Je pensais avoir battu la Principauté, mais à la fin, j’ai perdu contre Roroa”. »
Hakuya avait posé sa tasse et avait regardé Kishun dans les yeux.
« C’est la différence entre la Reine Roroa et Madame Shabon. Madame Shabon a renoncé à tout. La reine Roroa a fait le contraire. Elle a risqué sa vie pour gagner. Pourtant, Madame Shabon a dit, “tout comme Madame Roroa l’a fait autrefois”. Sa Majesté se soucie profondément de sa famille. Les paroles de Madame Shabon ont été ressenties comme une insulte envers Roroa, qui a vaincu le royaume toute seule. C’est ce qui l’a mis en colère. »
Une fois qu’il avait entendu tout ce que Hakuya avait à dire, Kishun avait serré sa tasse à thé.
« Ne vous avisez pas de prendre ma femme à la légère. »
Il venait d’apprendre ce qui avait tant contrarié Souma. C’est vrai, la résolution de Shabon et Roroa était différente. Il ne pouvait pas lui reprocher d’être en colère quand elle avait mis les deux individus sur un pied d’égalité.
Voyant Kishun complètement dégonflé, Hakuya lui avait dit. « Sa Majesté a dit : “Si Shabon ne retourne pas à l’archipel du Dragon à Neuf Têtes, je suis prêt à la rencontrer une fois de plus demain”. »
« … !? » Kishun leva les yeux, surpris, et Hakuya le regarda droit dans les yeux.
« Il a également déclaré : “Si elle se présente à nouveau à la réunion sans la bonne volonté nécessaire, je la ferai expulser cette fois-ci”. S’il vous plaît, faites comprendre à Madame Shabon ce que je viens de vous dire. »
« … Oui, monsieur ! Ce sera avec plaisir ! » Kishun s’était incliné à plusieurs reprises, puis les gardes l’avaient conduit hors du château.
Après avoir vu Kishun sortir par la porte de sa chambre, Hakuya soupira.
Je ne les vois pas faire leurs bagages et rentrer tranquillement chez eux. C’est gênant, mais nous devrons peut-être revoir nos plans pour tenir compte de Madame Shabon et de Sire Kishun…
Cela allait prendre beaucoup de considération. Hakuya se sentait découragé par ce qui allait arriver.
merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre !!!
Enfin le retour t’en attendu de genjitsu en plus pendant le nouvel an chinois, l’année commence bien !!!
J’étais quasiment en manque ^^