Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 10 – Chapitre final

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Chapitre final : La cérémonie de mariage

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Chapitre final : La cérémonie de mariage

Partie 1

« Sa Majesté Souma Amidonia Elfrieden, roi du Royaume-Uni d’Elfrieden et d’Amidonia, va maintenant apparaître, » déclara Hakuya à haute voix.

J’étais sorti seul sur le tapis rouge.

Il s’agissait de la salle d’audience, l’endroit où j’avais été invoqué à l’origine et où j’avais aussi rencontré Aisha, Juna, Hakuya, Tomoe et Poncho.

Cet endroit m’était familier, mais aujourd’hui, il était recouvert de décorations voyantes.

De part et d’autre du tapis rouge qui traverse la salle d’audience, des généraux et des bureaucrates s’étaient agenouillés, dont le Premier ministre Hakuya, le chambellan Marx, le commandant en chef de la Force de défense nationale Excel, le commandant Kagetora des Chats Noirs et le capitaine Castor de l’Hiryuu.

Devant le trône au bout de ce tapis se trouvaient l’ancien roi, Sire Albert, et l’ancienne reine, Lady Elisha.

Cette scène était diffusée dans tout le pays à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix. (Il avait bien sûr été positionné de telle sorte que Kagetora soit hors de l’écran.)

Je ne pouvais absolument pas me ridiculiser. J’avais ainsi marché lentement vers eux deux, comme si je savourais chaque pas. Puis, je m’étais agenouillé quand je les avais atteints, baissant la tête.

Sire Albert prit alors la couronne à côté de lui, et se tint devant moi.

« Moi, le 13e roi, Albert Elfrieden, je procéderai au couronnement du 14e roi, Souma A. Elfrieden ! Vous serez désormais roi. Cela sera votre tâche de réconforter le peuple de l’intérieur, de repousser l’ennemi de l’extérieur et de faire prospérer le pays ! » déclara Sire Albert.

« Oui, Sire, » déclarai-je.

Entendant ma réponse, Sire Albert hocha la tête et plaça la couronne sur ma tête.

« Finalement, j’ai pu vous remettre la couronne, » déclara à voix basse Sire Albert, si faiblement que j’étais le seul à l’avoir entendu.

La tête baissée et un sourire ironique sur mon visage, j’avais répondu de la même manière. « Vous l’avez gardé pour moi tout ce temps. Je suis désolé. »

« Je l’espère bien. J’ai pu vous donner le trône, mais c’était ennuyeux de ne pas pouvoir vous donner la couronne avant votre couronnement. La position de roi peut être si contraignante. Le couronnement a aussi été retardé. Le fait de m’accrocher à la couronne pendant tout ce temps m’a donné des frissons, » continua Sire Albert.

« Entre la grossesse de Liscia et l’expédition vers l’Union des nations de l’Est, il s’est passé beaucoup de choses, » répondis-je.

« Mais c’est fini aujourd’hui. Je compte sur vous pour prendre soin de Liscia et du royaume, gendre, » déclara Sire Albert.

« Oui, Père, » répondis-je.

Lorsque Sire Albert s’était éloigné de moi, Lady Elisha s’était approchée de moi pour draper une cape de velours exquise sur mes épaules.

À mon oreille, elle chuchota. « Je souhaite votre bonheur et celui de Liscia, de vos autres reines, Cian, Kazuha, et celui de tous les autres enfants à naître. Puissiez-vous rester en bonne santé pour toujours. »

« Oui, Mère, » répondis-je.

« Hee hee, » elle avait ri. « Venez nous rendre visite dans le domaine d’Albert. Bien que, au lieu d’être appelée Mamy, je pense que je préférerais qu’on m’appelle Grand-mère, comme Excel. »

Quand Lady Elisha avait dit ça, je n’avais pas pu m’empêcher de sourire.

« D’accord. C’est ce que je vais leur apprendre à faire, » répondis-je.

Quand Lady Elisha s’était éloignée, je m’étais levé.

 

 

Puis une autre voix m’avait appelé. « Votre Majesté. »

Celui qui était sorti de la file d’attente était le grand-père de Roroa, Herman. Il m’avait salué, s’était mis à mes côtés et s’était agenouillé.

Les bureaucrates qui dirigeaient la cérémonie lui avaient apporté une épée dans un fourreau avec des détails étincelants, et Herman me l’avait offerte.

« C’est l’épée précieuse transmise de génération en génération par les princes souverains d’Amidonia. Nous demandons à Votre Majesté de protéger les habitants d’Elfrieden et d’Amidonia, et cela, sans discrimination, » déclara Herman.

« … D’accord. » J’avais accepté l’épée et je l’avais tenue en l’air. « Je m’efforcerai d’être un roi soutenu par les deux peuples. »

Il était important pour moi d’hériter non seulement du nom Elfrieden, mais aussi du nom Amidonia. C’est pourquoi j’avais dû être reconnu comme un successeur légitime non seulement du côté elfriedenien, mais aussi du côté amidonien. Herman me tendait cette précieuse épée pour me le montrer.

Puis, Herman s’était retiré, et je m’étais tourné vers mes vassaux, qui s’étaient levés.

« Promettez votre loyauté inébranlable au nouveau roi, Sa Majesté Royale Souma, » Hakuya avait entonné, et ils s’étaient tous inclinés devant moi à l’unisson.

Le bruissement des vêtements résonnait dans la pièce. C’était incroyable à voir.

La cérémonie du couronnement s’était ainsi terminée.

J’étais maintenant, à la fois de nom et de fait, le roi de ce pays. Ce n’était ni provisoire ni temporaire.

J’étais maintenant le roi Souma A. Elfrieden.

C’est à ce moment que cela s’était produit.

L’orgue à tuyaux avait commencé à jouer. Puis les portes de la salle d’audience s’ouvrirent, et cinq belles mariées apparurent.

Liscia, Aisha, Juna, Roroa et Naden.

Elles s’étaient séparées de leurs familles à la porte, et les cinq femmes en robes de mariée étaient allées de l’avant avec les enfants pour les aider qui étaient tous habillés.

L’aide de Liscia était Tomoe. Les quatre autres avaient été assistés par des enfants de la crèche du château.

Quand elles s’étaient rapprochées, elles s’étaient arrêtées devant moi, s’étaient agenouillées et avaient baissé la tête.

Tomoe s’inclina une fois avant de rejoindre la ligne des vassaux, tandis que les autres enfants s’éloignaient plus loin.

La cérémonie de mariage allait maintenant commencer.

Les prêtres de la Mère Dragon s’avancèrent, présentant cinq diadèmes et cinq anneaux d’or.

J’avais pris l’une de ces diadèmes, je m’étais tenu devant Liscia et je l’avais posée sur sa tête. « Par la présente, je fais de toi ma première reine primaire. Ensemble, développons ce pays. »

« Oui. Je serai avec toi pour toujours, » déclara Liscia.

Quand Liscia s’était levée, elle m’avait regardé droit dans les yeux et avait tendu la main gauche. Puis elle ajouta. « Et, bien sûr, Cian et Kazuha le feront aussi » d’une voix que moi seul pouvais entendre.

J’avais mis une bague à son doigt, et nous avions partagé un léger baiser.

En voyant les petites larmes se former dans le coin des yeux de Liscia, j’avais voulu ignorer la procédure et l’embrasser, mais j’avais réussi à me retenir devant les yeux du public.

Faisant la même chose pour Aisha, Roroa, Juna et Naden à tour de rôle, j’avais enlevé les coiffures qu’elles portaient et je les avais remplacées par des diadèmes, je leur avais mis une bague à l’un de leurs doigts, puis je les avais embrassées.

« Par la présente, je fais de toi ma deuxième reine primaire. Protégeons ce pays ensemble, » déclarai-je.

« Oui ! » déclare Aisha. En chuchotant, elle ajouta. « Bien sûr, je continuerai moi aussi à te protéger ! »

« Par la présente, je fais de toi ma troisième reine primaire, » dis-je à Roroa. « Faisons prospérer ce pays ensemble. »

« Oui ! Laisse-moi m’en occuper, chéri ! »

« Par la présente, je fais de toi ma première reine secondaire, » dis-je à Juna. « Faisons prospérer la culture de ce pays ensemble. »

« Oui. (Hee hee, oui. Faisons un pays brillant, empli de chansons.) » Répondit Juna.

« Par la présente, je fais de toi ma deuxième reine secondaire, » dis-je à Naden. « Ouvrons ensemble un avenir pour ce pays. »

« Oui. Bien reçu. Je t’emmènerai n’importe où, Souma. » Répliqua Naden.

Quand nous nous étions embrassés, chacune d’elles m’avait donné quelque chose comme une déclaration de sa détermination.

Elles n’avaient rien dit pendant la répétition générale de la cérémonie, alors elles avaient toutes dû y penser pendant la préparation.

Liscia avait-elle pris l’initiative ? La cérémonie était très formelle, donc j’étais très heureux de pouvoir comprendre ce que chacune d’entre elles ressentait. Je ne savais pas combien de fois j’y avais pensé avant, mais elles étaient toutes si merveilleuses qu’elles semblaient être gaspillées face à moi.

Maintenant, nous étions mari et femmes, une famille.

Les prêtres s’en allèrent, et Liscia et moi nous nous dirigeâmes vers les trônes.

Il y avait un siège pour le roi et un siège à côté pour une reine. Liscia et moi étions assis, et les quatre autres se placèrent à côté de nous.

Une fois que tout le monde était à sa place, Hakuya avait repris son travail de présentateur.

« À l’occasion du couronnement et du mariage de Sa Majesté Souma, des messagers sont venus de tous les pays pour offrir leurs félicitations. D’abord, la sœur cadette de l’impératrice Maria Euphoria de l’Empire du Gran Chaos, Madame Trill Euphoria, » déclara Hakuya.

« Oui, c’est moi ! » Apparaissant près de l’entrée, ses cheveux en forme de foreuse se balançant, c’était Trill, le promoteur original du développement de la foreuse.

Cette fois-ci, en tant qu’ambassadrice résidente à Friedonia, elle était ici pour remplacer Maria pour nos félicitations.

Kuu exerçait les mêmes fonctions pour Sire Gouran de la République de Turgis, Ichiha pour le duc Chima du Duché de Chima et Yuriga au nom du roi Fuuga Haan de la steppe de Malmkhitan.

Trill et Kuu étaient une chose, mais Ichiha et Yuriga semblaient tendus quant à leur rôle ici.

Mais, vous savez, bien que Yuriga soit censée être la représentante de Fuuga, Fuuga lui-même n’était probablement pas intéressé par le fait que j’étais devenu roi, ou que je me sois marié.

Il était probablement en train de foncer tête baissée vers ses ambitions, même aujourd’hui.

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Partie 2

Pendant ce temps, au nord de Malmkhitan, Fuuga se tenait sur les rives de la rivière Dabicon, qui coulait de loin vers l’ouest. La terre au-delà de cette rivière était appelée le Domaine du Seigneur-Démon.

Caressant son fidèle camarade, le tigre volant Durga, il pointa sa lame, Zanganto, vers la rive opposée.

« Écoutez-moi bien ! Une fois que nous aurons traversé cette rivière, nous serons dans le Domaine du Seigneur-Démon ! C’est la terre dont les monstres nous ont chassés, et l’humanité doit récupérer cette terre ! »

Il s’était retourné pour faire face aux 20 000 soldats derrière lui.

5 000 étaient la fierté de Malmkhitan, la cavalerie bondissante, chevauchant des temsbocks.

5 000 étaient de la cavalerie lourde, chevauchant des chevaux de guerre plus gros et plus forts que d’habitude.

Les 10 000 autres étaient des fantassins, un groupe composé de réfugiés qui avaient été chassés de leur patrie par l’expansion du Domaine du Seigneur-Démon.

En apprenant que Fuuga allait entrer dans le Domaine du Seigneur-Démon, des soldats réfugiés de toute l’Union des Nations de l’Est s’étaient rassemblés sous ses ordres.

Fuuga leur avait parlé à tous.

« Ces chiffres ne sont rien de plus que de la poussière comparée au corps expéditionnaire autrefois dirigée par l’Empire. Il y en a peut-être qui pensent qu’il est insensé de s’aventurer dans le domaine du Seigneur-Démon où le corps expéditionnaire a été anéanti par les démons avec ces nombres. Cependant, je l’ai vu de mes propres yeux. Les démons, qui auraient anéanti l’expédition, ne se sont pas montrés, même quand je suis allé assez profondément dans le Domaine du Seigneur-Démon. En bref, les démons ne vivent que dans les parties les plus profondes du Domaine du Seigneur-Démon ! Tout le reste n’est qu’une zone de non-droit, où les monstres se déchaînent ! »

Fuuga tourna la main avec laquelle il avait caressé Durga vers les autres. Il l’avait serré dans un poing, puis l’avait amené vers lui.

« C’est pour ça qu’on peut revenir là-bas ! Ne serait-ce qu’en partie, pour commencer. Cette fois-ci, nous allons récupérer la ville abandonnée au nord, et les villes plus petites qui l’entourent, et commencer à les restaurer. Nous serons les premiers du côté de l’humanité à reprendre avec succès les terres du Domaine du Seigneur-Démon ! »

La passion exprimée par Fuuga avait excité les troupes rassemblées.

« Si nous y parvenons, nous étonnerons les nations de ce continent, nous apporterons plus de soutien, et cela nous permettra de reprendre encore plus de nouvelles terres ! Nous serons la cloche de l’aube, sonnant la fin d’une ère stagnante ! »

« « Ouiiiiiiiii ! » » rugirent les soldats en réponse au discours de Fuuga.

L’étincelle de sa passion enflamma toute l’armée en un instant.

Fuuga sauta sur le dos de Durga, puis dirigea Zanganto vers le ciel du nord et cria. « Maintenant en avant, braves guerriers qui vous êtes rassemblés ici ! Nous ferons résonner nos noms sur tout le continent ! »

« « « Wowwwww ! » » »

Incités par le discours enflammé de Fuuga, les hommes avaient foncé tête baissée dans la rivière.

Tandis que Fuuga les regardait fixement, un seul cheval de guerre vint à ses côtés. Elle portait la femme de Fuuga, Mutsumi Chima.

Elle était magnifique avec ses longs cheveux noirs qui ruisselaient derrière elle, son corps vêtu d’une armure légère, alors qu’elle chevauchait le cheval avec une longue épée suspendue sur le dos.

« Un brillant discours, Seigneur Fuuga, » dit-elle.

« Je te l’ai déjà dit, juste Fuuga, c’est bien. Tu es ma femme. »

Cependant, Mutsumi secoua la tête avec un sourire ironique. « Je ne pourrais pas m’adresser au commandant de cette force sans le respect approprié. Il serait intolérable que je fasse quelque chose qui fasse baisser le moral pour lequel tu as tant travaillé. »

« Tu es plus consciencieuse que jamais… mais, eh bien, désolé. On vient de se marier, et je commence une campagne. J’ai reçu une lettre de Yuriga, et apparemment Souma est en train de devenir officiellement roi dans le sud de Friedonia. Quand j’ai entendu ça, je ne pouvais pas rester tranquille. »

Oui, Souma ressentait un sentiment d’urgence face à l’existence de Fuuga, mais Fuuga était aussi conscient de Souma.

Parce que chacun était conscient de l’autre, il y avait une compréhension mutuelle, jumelée à une déconnexion fondamentale, et ils se préparaient tous les deux au conflit qui pourrait survenir dans le futur.

L’existence de Fuuga rendait Souma plus fort, et l’existence de Souma rendait Fuuga plus fort. Les qualifier de rivaux aurait pu sembler agréable, mais quand on songeait à l’avenir, c’était une relation compliquée, et il ne fallait pas s’en réjouir.

Mutsumi avait gloussé. « Ne fais pas attention à moi. Où que tu ailles, Seigneur Fuuga, je serai à tes côtés. Alors, s’il te plaît, suis le chemin en lequel tu crois. Que cela mène à la gloire ou à l’enfer, je resterai avec toi jusqu’au bout. »

Mutsumi avait levé la main sur sa poitrine et avait souri. « Et, s’il te plaît, montre-moi le monde que toi seul peux créer. »

« … Ouais ! Tu seras au premier rang ! Je t’aime, Mutsumi ! » Fuuga s’était penché et avait planté un baiser sur sa femme, puis avait fait partir Durga.

Derrière lui, Mutsumi et les soldats avaient suivi.

C’est ainsi que la force militaire de Fuuga entra dans le Domaine du Seigneur-Démon.

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Partie 3

« Ah ! » m’exclamais-je. J’avais soudain senti un frisson couler le long de ma colonne vertébrale. Je ne savais pas ce que c’était.

Les félicitations de Trill étaient terminées, et nous étions au milieu du discours très sérieux de Kuu.

« … était le résultat de la coopération entre nos trois pays. Mon père Gouran espère que les relations cordiales entre le royaume, l’Empire et la république continueront à… »

Tandis que je tournais la tête pour regarder autour de moi, Kuu continua.

« Cela étant, dans l’espoir d’une amitié durable entre la république, le royaume et l’Empire, nous tenons à féliciter Sire Souma pour son couronnement et son mariage. S’il vous plaît, continuez à nous montrer votre faveur. »

Son allocution terminée, Kuu avait prononcé les mots « Merci, frangin » et nous avait fait un clin d’œil à tous. Ajouter un peu de charme espiègle à la fin, c’était vraiment Kuu.

J’avais remercié Kuu, puis Kuu s’était incliné et avait quitté la salle d’audience.

Je m’étais souvenu que Yuriga, en tant que représentante de Malmkhitan, était la suivante selon le programme.

Ce mariage était une cérémonie, donc même s’il avait une certaine latitude, on ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu raide. C’est dans des moments comme celui-ci que j’enviais mes subordonnés qui tenaient leurs mariages dans la ville du château.

Je me demande ce que Hal et les autres ont fait jusqu’à maintenant…

Tandis que je pensais cela, Yuriga entra dans la pièce, alors je m’étais concentré sur l’affaire qui nous occupait.

◇◇◇

Au même moment, Halbert essayait de reprendre son souffle.

« Oh… Je deviens tendu, » murmura-t-il.

Son uniforme militaire était la tenue par défaut de Halbert, mais maintenant il portait un smoking à la place. Ses cheveux en désordre étaient aussi bien coiffés aujourd’hui, ce qui le mettait un peu mal à l’aise.

Il était le marié dans la cérémonie qui allait avoir lieu, alors il avait compris qu’il fallait s’y attendre, mais il ne se sentait pas lui-même, et cela le rendait nerveux.

« Il faut que tu te ressaisisses déjà, tu sais, Hal, » lui déclara Kaede.

« Si tu ne peux pas être audacieux et confiant, cela nous donne une mauvaise image, » avait convenu Ruby.

À côté de lui se trouvaient Kaede dans un shiromuku et Ruby dans une robe de mariée, toutes les deux avec des sourires ironiques. Leurs cheveux jaunes et écarlates se détachaient sur les tenues d’un blanc pur.

Ces deux-là étaient toutes deux habillées en mariées aujourd’hui, donc elles étaient encore plus belles que d’habitude.

En fait, tombant amoureux à nouveau en les regardant, Hal n’avait pas pu résister à l’envie d’un câlin, mais il était devenu agité de les voir s’emmêler dans leurs vêtements.

Cependant, leur beauté était aussi un élément qui donnait l’impression de pousser Halbert dans un coin.

« S’ils pouvaient voir ces deux-là maintenant, ils seraient jaloux, j’en suis sûr…, » Hal murmura.

Il y avait pas mal de gens présents pour leur mariage.

Parce que cela se passait en même temps que le couronnement et le mariage de Souma, toutes les grandes figures du pays, à l’exception de la famille de la mariée ou du marié, s’étaient plutôt rendus au château. À leur place, beaucoup de ses subordonnés dans les Dratroopers et collègues de son temps dans l’Armée Interdite s’étaient précipités pour assister au mariage de Halbert.

Pour Halbert, c’était des camarades et de bons amis.

Cependant, dans l’armée, où le rapport hommes-femmes était fortement biaisé en faveur des hommes, l’adorable Mademoiselle Kaede, une officière d’état-major, était vue par de nombreuses personnes comme une idole.

À cause de cela, les anciens compagnons de guerre d’Halbert ressentaient une jalousie incroyable pour l’homme qui était son ami d’enfance, et qui l’avait maintenant enlevée à eux. En gros…

« Comment oses-tu être le seul à avoir une jolie femme, salaud ! » ils criaient dans leurs cœurs.

C’était à peu près comme ça.

Et pour couronner le tout, son autre femme, Ruby, était belle, elle aussi.

Ce fait n’avait fait que jeter de l’huile sur le feu de la jalousie.

Si l’un de ces hommes voyait les femmes dans ces magnifiques tenues de mariage, leur jalousie ne ferait que s’intensifier.

« Félicitations pour votre mariage. Laisse-moi vous en mettre une ! »

C’était ce qu’ils avaient dû ressentir.

Les épaules d’Halbert s’affaissaient d’épuisement.

« Les gars disaient qu’au moment de lancer du blé, ils allaient me frapper aussi fort qu’ils le pouvaient. Il y en avait même quelques-uns qui vérifiaient la manière de lancer. »

La pratique du lancer du blé était équivalente à la pratique du lancer du riz dans les mariages sur Terre.

Quand les mariés sortaient, les participants leur lançaient du blé, un symbole de fécondité (parce qu’un seul grain pouvait en produire beaucoup plus).

Normalement, cela se faisait comme le lancer du sel pendant le sumo, en le jetant doucement vers le haut pour qu’il se disperse, et non vers horizontalement comme une balle de baseball.

« Ils ont commencé à murmurer : “Peut-être qu’on va mélanger du gravier…”, » il s’était plaint, lui aussi. « Bien qu’ils se soient arrêtés parce que ce serait dangereux si ça frappait quelqu’un d’autre. »

« « Hahaha..., » » ses futures épouses avaient ri.

Les hommes étaient jaloux de Halbert, mais ils ne voulaient pas causer de problèmes à Kaede et Ruby.

Même si leur mari allait être Halbert, les hommes voulaient qu’elles soient heureuses.

Ainsi, à cause de leurs sentiments masculins compliqués, ils avaient décidé de lancer le blé aussi fort qu’ils le pouvaient.

Kaede plaça doucement sa main sur le côté droit du torse de Halbert avec un sourire ironique.

« Ils te laissent partir en te jetant du blé aussi fort qu’ils le peuvent, alors je pense que ce sont de bons amis, tu sais. Ça veut dire que tu as de la chance que tout le monde soit jaloux, » déclara Kaede.

« C’est ça, » ajouta Ruby, en plaçant sa main sur le côté gauche. « Si tu es un homme, accepte un peu de jalousie comme prix à payer pour prendre deux femmes aussi belles que nous. »

Halbert avait ri d’un air ironique et avait dit. « Vous êtes impitoyable, vous n’avez pas de pitié. Mais vous marquez un point. Si c’est ce qu’ils ressentent, je vais leur montrer à quel point je suis heureux, et les rendre bons et jaloux. »

« Hee hee ! C’est le but, Hal ! »

« Assure-toi de bien nous escorter, chéri. »

Kaede et Ruby avaient embrassé Halbert sur la joue des deux côtés.

 

 

« H-Hey… » Hal avait protesté.

« Hee hee ! Ton visage est rouge vif, Hal, » déclara Kaede.

« On gardera le baiser sur les lèvres pour l’événement principal, » déclara Ruby.

Halbert avait l’impression que le visage allait fondre, alors il secoua la tête.

Kaede gloussa en le regardant, mais quelque chose lui vint à l’esprit. « En y repensant, Hal, Sa Majesté Souma a envoyé un message à tous ceux qui se marient cette fois. »

« De Souma ? » Halbert pencha la tête sur le côté.

Étant donné qu’ils étaient dirigeant et vassal, il était normal que les messages arrivent, mais il ne comprenait pas pourquoi ils seraient limités à ceux qui se marient.

Souriante, Kaede avait ajouté. « Apparemment, “Selon la situation politique dans le nord, le pays peut devenir très occupé à aller de l’avant. Par conséquent, pendant cette période de calme relatif, assurez-vous de faire des bébés”… C’est ce que le message disait, » déclara Kaede.

« Nuwhuh !? »

Entendant les mots « assurez-vous de faire des bébés » de la bouche de Kaede, Halbert avait été tellement surpris qu’il avait fait un pas en arrière malgré lui.

Ruby était peut-être aussi gênée, parce que ses joues étaient rouges.

Tout en souriant ironiquement à leur réaction, Kaede avait expliqué les intentions de Souma. « Ceux d’entre nous qui se marient aujourd’hui sont les serviteurs sur lesquels Sa Majesté compte particulièrement. Il aimerait éviter que la grossesse ou l’accouchement ne se chevauchent avec tout événement qui le laisse à court de personnel. »

« D-D’accord…, » dit Halbert, sa voix était légèrement trop forte.

Pour un homme qui avait été dans l’armée, Halbert était terriblement innocent à propos de ce genre de choses.

C’était parce que, bien qu’il soit normal pour les aînés de l’école des officiers d’emmener les plus jeunes hommes dans des endroits où ils pouvaient s’amuser avec des filles pour se défouler, Halbert avait déjà été avec Kaede à l’époque, donc, par souci de la façon dont elle allait le voir, il n’avait rien vécu de tout cela.

Même lorsqu’ils avaient été séparés, Halbert s’étant enrôlé dans l’armée et Kaede dans l’armée interdite, ses collègues savaient qu’il avait une amie d’enfance mignonne, alors s’il avait regardé une femme avec luxure, ils l’auraient signalé à elle.

Naturellement, ses collègues n’agissaient pas par affection pour Kaede, mais par jalousie envers Halbert pour avoir eu une amie d’enfance mignonne.

Par conséquent, Hal n’avait aucune expérience quant à l’amusement avec les femmes.

Après le transfert d’Hal à l’Armée Interdite, ils étaient de nouveau ensemble avec Kaede, donc la situation était restée la même qu’à l’académie.

C’était la raison pour laquelle, malgré toute sa rudesse, Halbert était plutôt innocent.

Kaede s’approcha de Halbert, et parla avec les yeux tournés vers le haut. « Je ferai de mon mieux pour remplir mes devoirs d’épouse. Alors, s’il te plaît, Hal. »

« M-Moi, aussi… D’accord ? » Rubis avait tiré avec une certaine hésitation sur la manche d’Halbert.

Ces deux-là étaient si mignonnes, elles le rendaient reconnaissant, embarrassé, et… heureux.

Halbert, le visage rouge vif, se giflait les joues pour se revigorer.

Puis, prenant leurs deux mains, il se dirigea vers la porte.

« Oh, peu importe ! Blé, gravier, allez-y ! Venez aussi avec des lances et des flèches ! Si vous pensez que vous pouvez vous mettre en travers de mon bonheur maintenant, essayez-le ! » Empli d’émotion, Halbert n’avait pas pu s’empêcher de crier ça.

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Partie 4

Au même moment, dans une autre église de la capitale, l’ancien marchand d’esclaves Ginger Camus et son ancienne esclave Sandria célébraient leur mariage.

« Maintenant, vous prêterez serment, au nom de la Mère Dragon, » déclara le prêtre.

Sous la surveillance des professeurs et des chercheurs de l’école professionnelle de Ginger, dont Ginger était le directeur, et sous la surveillance de la famille de Sandria, qui avait été invitée depuis l’Empire, les deux individus étaient sur le point de prononcer leurs vœux.

« Ô Ginger, » déclara le prêtre. « Prenez-vous Sandria pour épouse, et jurez-vous de partager toute votre vie, dans les bons comme dans les mauvais moments ? »

« C’est ce que je veux, » Ginger avait donné une réponse ferme à la question du prêtre.

Il n’y avait actuellement aucun signe de l’habituel Ginger, un peu faible de volonté.

C’était le résultat de sa décision : au moins, j’ai besoin d’être un homme pour aujourd’hui. Si je ne le suis pas, je mettrai Sandria mal à l’aise.

Le prêtre hocha la tête, puis se tourna vers Sandria.

« Ô Sandria. Prenez-vous Ginger pour époux, et jurez-vous de partager toute votre vie, dans les bons comme dans les mauvais moments ? » demanda le prêtre.

« … O-Oui, » répondit Sandria, trébuchant un peu sur ses paroles.

La raison pour laquelle il avait fallu un moment pour que les mots sortent n’était pas parce qu’elle se sentait tendue, mais parce qu’elle était saturée par l’émotion. C’est parce que, en entendant le récit de toute leur vie, tout ce qui s’était passé jusqu’alors lui traversait l’esprit.

Son père avait été trompé et s’était retrouvé avec une dette. Elle avait été vendue à ce pays comme esclave pour la payer. Puis elle avait rencontré Ginger après qu’elle ait tout abandonné.

À partir de là, les choses étaient devenues de mieux en mieux, comme quand la pluie s’était arrêtée soudainement.

Elle avait été libérée de l’esclavage. Jusqu’à ce beau jour où elle allait devenir la femme de Ginger.

« Maintenant, scellez votre promesse par un baiser, » dit le prêtre.

Les deux individus s’étaient tournés l’un vers l’autre.

« Seigneur Ginger… Je suis si heureuse, » dit Sandria, rayonnante.

Ginger avait dit avec un sourire ironique. « Je suis ton mari maintenant. Je pense que tu peux laisser tomber le Seigneur, tu sais ? »

« Mais… Ginger… non, ça ne va pas. C’est juste une question de titre, » répondit Sandria.

« Si c’est comme ça que tu veux m’appeler, ainsi que cela soit ainsi, » déclara Ginger.

« Préférerais-tu que j’aille jusqu’au bout et que je t’appelle Maître ? » demanda-t-elle. « Tu seras le maître de la maison, donc ça n’a pas l’air trop déplacé, n’est-ce pas ? »

« On dirait que je te force à faire un jeu de rôle alors arrête ! » s’écria Ginger.

Sandria se moquait de la sincérité avec laquelle Ginger la suppliait.

En réponse, Ginger lui avait fait un sourire timide.

L’ancien esclavagiste et l’ancienne esclave.

Ginger avait toujours été dans la position supérieure, mais il avait aussi toujours été celui qui se faisait pousser. Cette relation n’était pas susceptible de changer à l’avenir.

Ginger souleva le voile qui pendait sur le visage de Sandria. Ils se regardaient de près dans les yeux.

Ginger avait parlé. « Même aujourd’hui, je me souviens de tes yeux de l’époque où j’étais encore un marchand d’esclaves. »

« Mes… yeux ? » Sandria le fixa d’un air vide.

« À l’époque, tu avais ce regard “C’est parce que je suis une esclave” dans les yeux, comme si tu avais complètement abandonné l’avenir. Je voulais te donner de l’espoir, » déclara Ginger.

« De l’espoir… pour l’avenir, tu veux dire ? » demanda Sandria.

« Oui, » dit Ginger. « Comment je m’en sors ? Peux-tu imaginer un avenir brillant maintenant ? »

Sandria ferma les yeux et médita un moment. Ouvrant les yeux, elle sourit et dit. « Il y a une grande maison avec une grande cour. Toi et moi vivons là-bas. Nous avons deux enfants, un garçon et une fille. Peut-être que nous élevons aussi un gros animal de compagnie. Ça pourrait être sympa. J’ai entendu dire que l’élevage des animaux est aussi bon pour l’éducation des enfants. Dans cette maison, je me lève tôt pour préparer le petit-déjeuner, je demande aux enfants de te réveiller alors que tu dors, et après que nous ayons tous mangé le repas que j’ai préparé, notre famille se tient la main et va à l’école ensemble. C’est ce que j’imagine. »

L’histoire de Sandria était éloquente. Ginger avait été déconcerté par la quantité de détails.

« N’est-ce pas un peu précis ? » demanda Ginger.

« Pour moi, c’est l’avenir le plus heureux qu’on puisse imaginer, » répondit Sandria.

Debout sur la pointe des pieds, Sandria avait planté un baiser sur les lèvres de Ginger.

Elle était déjà capable d’imaginer un avenir brillant.

Ginger avait accepté ses sentiments avec joie.

◇◇◇

En même temps, dans une autre église encore, Ludwin et Genia étaient en train d’échanger le baiser qui avait scellé leurs vœux devant le prêtre.

En raison de la différence de hauteur entre le grand Ludwin et la petite Genia, Genia se tenait debout sur le bout de ses orteils, et Ludwin se pencha aussi loin qu’il le pouvait pour le baiser.

Il y avait eu des cris stridents de la part des dames dans le public.

Parmi eux se trouvaient leurs collègues chercheurs, Merula, la haute elfe et Taru l’ingénieur de la République de Turgis.

« Félicitations, Genia, Sire Ludwin ! » cria Merula.

« Félicitations ! » Taru avait ajouté.

Elles avaient félicité le couple avec des applaudissements bruyants.

Par ailleurs, le protecteur de Merula, l’évêque Souji, célébrait le mariage dans le château en tant que représentant de l’orthodoxie lunaire. Comme Merula était une femme recherchée, ayant été déclarée sorcière par l’État pontifical orthodoxe lunarien, et qu’elle ne pouvait être autorisée à apparaître à l’émission, elle ne pouvait l’accompagner.

Même si elle avait pu y aller, elle aurait probablement fait passer le mariage de sa collègue Genia en premier.

Même Trill, qui assistait au mariage au château en tant que représentante de l’Empire du Gran Chaos, avait dit qu’elle viendrait dès que ses responsabilités d’ambassadrice seraient terminées.

En raison des liens entre toutes les maisons impliquées dans cet événement de mariages multiples et simultanés, de nombreuses familles avaient dû courir d’une cérémonie à l’autre. Bien qu’il y ait eu une certaine confusion, l’ambiance festive qui régnait dans toute la capitale faisait même de ce chaos un bon moment.

Au milieu de cette atmosphère de fête, Genia éloigna son visage à celui de Ludwin et gloussa de rire.

« Je le savais ! Tu es vraiment grand, Grand Frère Luu. Ça rend les baisers difficiles, » déclara Genia.

« Je suis du côté grand, bien sûr. Mais je pense que ta taille a quelque chose à voir avec ça aussi, tu sais ? » déclara-t-il.

« Hm… Il me semble que j’aurais besoin d’un peu plus de corps pour être une bonne épouse pour toi. En termes de taille, et… si possible, de poitrine. » Genia riait ironiquement de son physique décevant.

Ludwin prit doucement Genia dans ses bras. Genia avait crié de surprise à l’idée d’être soudainement mise dans un porter de princesse.

« Uwah !? Grand Frère Luu !? Qu’est-ce que c’est, tout d’un coup !? » demanda Genia.

« Je pensais juste que la différence de hauteur rend les choses plus faciles à faire comme ça, » déclara Ludwin.

Après avoir dit ça, Ludwin fit un clin d’œil au prêtre abasourdi.

Le prêtre avait repris ses esprits et s’était tourné vers les participants pour dire. « Ici, un nouveau mari et une nouvelle femme sont nés. Je demanderais à toutes les personnes présentes de sortir devant l’église et de célébrer avec eux leur première sortie. »

Il semblait que Ludwin voulait quitter l’église avec Genia dans les bras.

Le prêtre, reprenant cela, demandait aux participants de quitter le bâtiment, même si ce n’était pas la procédure habituelle. Ils attendraient pour les accueillir dehors. C’était un prêtre assez flexible.

Une fois les participants sortis et que seuls les trois individus principaux de la cérémonie étaient restés dans l’église, Genia avait regardé Ludwin avec des yeux qui étaient, naturellement, à cause de sa position dans ses bras, levés, et avait demandé. « Es-tu sûr que tu veux faire fi du protocole comme ça ? »

« C’est toi qui brises toujours les schémas établis, pas vrais, Genia ? Je veux juste montrer à tout le monde à quel point ma femme est mignonne. Laisse-moi aussi me lâcher de temps en temps, » déclara Ludwin.

Le visage de Genia était devenu rouge betterave. « Grand Frère Luu, tu peux être un peu espiègle parfois, tu sais ça ? »

« C’est toi qui m’as incité. Au fait, est-ce qu’on m’appelle toujours Grand Frère maintenant qu’on est mariés ? » demanda Ludwin.

« Tu seras toujours Grand Frère Luu pour moi. Je ne peux pas changer la façon dont je t’appelle maintenant, » déclara Genia.

« Eh bien, c’est juste. OK… Allons-y, Genia, » déclara Ludwin.

Ludwin commença à marcher avec Genia dans ses bras, et ils passèrent ensemble la porte de l’église.

Une fois à l’extérieur, les participants se tenaient de chaque côté du tapis, jetant du blé.

Quand Ludwin avait fini de marcher au milieu des participants, Genia avait lancé le bouquet qu’elle tenait à l’envers derrière elle.

Dans ce monde aussi, il y avait la superstition que la personne qui attraperait le bouquet serait la prochaine mariée. Le bouquet naviguait en arc de cercle, vers les femmes qui espéraient l’attraper.

Avant qu’il puisse toucher le sol, une fille avait fait un grand saut pour l’attraper.

 

 

« Désolée ! » cria-t-elle.

Le bouquet était encore à une dizaine de mètres du sol quand il avait été attrapé.

Au milieu de la foule déconcertée, la fille qui avait attrapé le bouquet atterrit et s’inclina en s’excusant devant tous ceux qui l’entouraient. Chaque fois qu’elle s’inclinait, ses oreilles de lapin tremblaient.

« Désolée, désolée, désolée ! Le jeune maître m’a ordonnée de l’attraper ! »

« … Qu’est-ce que tu fais, Leporina ? » Taru semblait exaspérée.

C’était Leporina qui avait attrapé le bouquet.

Leporina était censée être allée au château avec Kuu, mais il semblait qu’il lui avait ordonné de faire tout ce chemin juste pour faire ça.

Avec un regard troublé sur son visage, Leporina remit le bouquet à Taru. « Argh… Le jeune maître dit : “Ce sera à notre tour de toute façon, alors prenons ça pour nous”. Oh ! Le jeune maître viendra aussi ici plus tard. »

Il semblait que Kuu ne pouvait pas non plus échapper complètement à une cérémonie où il était l’un des invités d’honneur.

C’était pour ça qu’il avait envoyé Leporina chercher le bouquet. Et il avait apparemment l’intention de s’éclipser dès que la cérémonie royale serait terminée.

« Maître Kuu, franchement…, » Taru accepta le bouquet, mais avec un sourire ironique.

Bien qu’elle se plaignait, elle utilisait le bouquet pour cacher sa bouche, qui semblait prête à éclater d’un rire, donc elle n’était pas entièrement mécontente.

Leporina souriait aussi.

Voir cet échange entre le prochain à épouser…

« Est-ce que c’est ce qu’ils appellent “partager le bonheur” ? » demanda Ludwin.

Genia sourit. « Je ne sais pas vraiment si c’est nous qui avons partagé avec eux, ou c’est eux qui ont partagé avec nous. »

Ludwin et Genia riaient tous les deux joyeusement.

☆☆☆

Partie 5

« Allez, tout le monde, on trinque ! Oui. »

Pendant ce temps, à peu près à la même période, dans le jardin du manoir Poncho Ishizuka Panacotta de la capitale, Poncho portait un manteau blanc en portant un toast.

Poncho était habillé de ses plus beaux vêtements, mais à cause de son ventre rond, sa chemise semblait encore plus tendue que d’habitude.

À côté de Poncho, il y avait une Serina au visage calme et une Komain souriante et joyeuse, toutes deux en robe.

Ils avaient tenu leur cérémonie de mariage le matin, alors Serina et Komain étaient déjà les première et deuxième épouses de Poncho.

« Santé ! Santé ! Ohhhhhhhhhhh ! » À l’insistance de Poncho, les participants avaient levé leur verre.

Puis, dans la seconde qui avait suivi, ils étaient tous tombés l’un sur l’autre dans la ruée vers les tables couvertes de nombreux grands plateaux de nourriture.

Parce qu’il s’agissait d’une fête organisée par Poncho, largement vénéré comme le Seigneur Ishizuka le Dieu de la nourriture, tous les plats était des articles populaires de la cafétéria, le Palais d’Ishizuka, et ils semblaient délicieux.

Ces plats d’Ishizuka que seul le personnel de nuit du château pouvait normalement manger étaient présentés sous forme de buffet. Il n’y avait aucune chance que les gens ne s’entassent pas.

Plus que cela, cependant, Poncho était un noble en pleine ascension, et plusieurs des marchands chez qui il achetait des ingrédients du commerce de gros, des gens du marché, et des membres du grand public avaient été invités. Il y en avait beaucoup qui n’étaient pas concernés par les apparences dans cette course pour la nourriture.

Même les chevaliers et les nobles, désespérés de ne pas avoir toute la nourriture qu’ils voulaient, abandonnèrent toute honte pour s’engager dans le pillage des plats, ce qui, bien sûr, allait être une émeute.

Au fur et à mesure que la guerre pour la nourriture se déroulait, les mariés étaient restés sur la touche.

Malgré tout ce bruit, mystérieusement, la fête n’était pas totalement gâchée.

En y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il y avait des individus qui s’installaient intelligemment parmi les invités gourmands.

« Le rôti de bœuf est à deux tranches par personne, » déclara un serviteur. « Si vous voulez un second service, revenez à la fin de la ligne. »

« Madame, voulez-vous boire quelque chose ? »

« La file d’attente pour le poulet tatsuta s’arrête là. »

« Il ne devrait pas y avoir de combat en ce jour béni. Les invités qui ne peuvent pas respecter cette règle sont priés de partir. »

Ils portaient tous des uniformes de majordome ou de bonne classique.

Ils divisaient habilement la nourriture, servaient des boissons, organisaient des files d’attente et servaient de médiateurs lorsque les combats semblaient susceptibles d’éclater, le tout dans le but de minimiser le chaos.

Leurs mouvements étaient vraiment professionnels. Il fallait s’y attendre. C’était parce qu’ils étaient une famille qui avait produit de nombreux majordomes et servantes qui servaient des gens de haut rang dans le château.

Alors qu’il les regardait au travail, Poncho essuyait ses sueurs froides avec un mouchoir. « C’est devenu incroyablement bruyant, oui. Si la famille de Serina ne s’occupait pas des choses, ça aurait été un désastre. »

Les majordomes et les domestiques qui circulaient sur le site de l’événement étaient tous des membres de la famille de Serina.

Ils auraient normalement dû être ici en tant qu’invités, mais ils avaient dit qu’en raison de leur nature, leur maison était mieux adaptée pour attendre les invités que pour être attendues en tant qu’invités, alors ils avaient demandé à être chargés du service à la fête.

« Je me sens aussi mal de faire aider la famille de Madame Serina, oui, » avait admis Poncho.

« Ne vous inquiétez pas, » dit Serina. « Nous sommes fiers de notre travail de serviteurs. »

Serina était toujours aussi sans expression, mais il y avait une certaine fierté dans la façon dont elle parlait.

« Même si nous n’avions pas demandé, Père et Mère auraient joué le rôle de serviteurs. Ils courent joyeusement vers toutes les tables maintenant, » déclara Serina.

De l’autre côté du regard de Serina se trouvait un homme en uniforme de majordome, portant d’une main un plateau avec de nombreux verres de vin sur lui.

C’était le père de Serina. On s’attendait normalement à ce qu’il s’assoie tranquillement avec les autres parents en tant que père d’une des mariées, mais il se déplaçait comme un poisson dans l’eau, accomplissant les tâches d’un domestique.

Regardant le père de Serina, Komain sourit avec ironie. « Mes parents sont partis maintenant, mais j’ai toujours pensé qu’un père pleurerait de joie pour le grand jour de leur fille. »

« Notre travail, c’est notre vie dans ma famille, » dit Serina. « Parce que nous avons été éduqués depuis des générations à faire passer la loyauté envers la maison de notre employeur en premier, nous avons tendance à faire passer nos propres sentiments en second, ou en troisième, lorsque nous travaillons. On m’a même dit que j’étais le membre le plus expressif de la famille. »

Quand Serina avait dit sans détour qu’elle était la personne la plus émotionnellement expressive de toute sa famille, Komain ne savait pas si c’était censé être une blague ou non, alors elle s’était figée.

Poncho, qui écoutait aussi, avait laissé échapper un rire troublé et avait encore essuyé ses sueurs froides. « Quand je suis allé rendre hommage à son père avant le mariage, ça s’est terminé en très peu de mots, oui. »

Poncho parlait de la fois où il avait amené Serina chez sa famille pour rencontrer ses parents avant le mariage.

Bien qu’il transpirait abondamment…

« S’il vous plaît, donnez-moi votre fille, oui. »

… il avait réussi à le sortir et à le dire correctement.

Le père de Serina avait écouté ça en silence.

Quant à la conversation que Serina avait eue avec lui…

« Père. Je vais épouser cet homme. »

« Compris. »

C’était fini avec ces deux lignes.

Finalement, le père de Serina s’était tourné vers Poncho et lui avait dit. « Ma fille a ses défauts, mais j’espère que vous vous occuperez bien d’elle, » et il avait baissé la tête.

Si l’on inclut le temps que Poncho avait passé à se présenter, c’était fini en un peu plus de cinq secondes.

C’était peut-être bien, car cela signifiait que les choses étaient réglées, mais on avait l’impression que ça s’était terminé trop facilement, occasionnant du stress chez Poncho à ce sujet.

Poncho avait raconté l’histoire à Komain, et elle avait été surprise. « N’était-ce pas un peu trop facile ? »

« C’est à quel point il fait confiance à Madame Serina, oui, » dit Poncho. « Il a dû pouvoir répondre instantanément parce qu’il savait que Madame Serina ne tomberait pas amoureuse d’un homme étrange. »

« C’est parce que Père sait que je ne cède jamais une fois que j’ai fixé mon regard sur quelque chose, » dit nonchalamment Serina, et Poncho et Komain se regardaient avec un sourire ironique.

C’était difficile à dire à cause de son manque d’expression faciale, mais les deux autres personnes avaient été avec elle assez longtemps pour savoir qu’elle se sentait timide.

Voyant leur réaction, Serina tourna la tête d’un air triste. « Ce n’est pas comme si Père avait simplement fait confiance à mon œil pour les hommes. J’ai envoyé les recettes de malbouffe que vous m’avez apprises à la maison familiale, et même si cela ne se voit pas sur leurs visages, ils ont été touchés par la beauté de ces plats. »

« Ohh. Alors Poncho les avait à l’estomac avant même d’aller lui rendre hommage, hein ? » Komain frappa dans ses mains, comme si tout cela avait soudain un sens.

Il semblait que Serina et son père partageaient non seulement un tempérament commun, mais aussi un goût commun pour la nourriture.

Serina offrit tranquillement à Poncho un plateau avec un certain nombre de plats dessus. « Venez maintenant. Si nous les laissons tranquilles, toute la nourriture sera mangée par les invités. J’ai réservé un certain nombre de plats pour nous aussi, alors mangeons-les ensemble. »

« Quand avez-vous fait ça !? On s’est parlé tout ce temps, oui ! » s’exclama Poncho.

« Non, je me suis glissée quand j’ai vu une ouverture tout à l’heure. J’en ai aussi apporté assez pour Madame Komain, » déclara Serina.

Cela dit, Serina avait aussi disposé un plateau de nourriture colorée devant le siège de Komain.

Elle était partie quand elle avait vu une ouverture… selon elle, mais pour se déplacer à travers cette foule massive, obtenir de la nourriture, et même l’organiser d’une manière agréable à l’œil, c’était une technique qui ferait même honte aux ninjas.

Komain regarda la nourriture devant elle et soupira. « Serina, tu es peut-être l’une des personnes les plus compétentes du royaume… »

« Je me déplace juste efficacement, » dit Serina. « S’il vous plaît, regardez ces bras délicats. Je n’ai jamais rien traîné de plus lourd que Carla. »

« Traîné !? Pas porté !? Et attends, tu traites Carla comme un objet !? » s’écria Komain.

« Pardon, excusez-moi. Carla est un jou – oups, une collègue, » déclara Serina.

« Tu viens de commencer à dire “jouet” ? » demanda Komain.

« U-Um… Madame Serina ? » demanda Poncho avec hésitation.

Serina pencha la tête sur le côté. « Y a-t-il un problème ? »

« Euh… À propos des mets dans l’assiette devant moi…, » commença Poncho.

Komain avait regardé ce qu’il y avait dans l’assiette de Poncho.

Les assiettes de Komain et Serina contenaient du rôti de bœuf et du napolitain, accompagnés de purée de pommes de terre, de salade et de fruits.

En revanche, l’assiette de Poncho était remplie de pâté de foie, un plat frit à base de citrouille et de noix, et d’omelette à l’anguille, un plat du monde de Souma.

« Poncho, il y a un problème avec la nourriture ? » demanda Komain.

C’était étrange que sa nourriture soit différente de la leur, mais un grand mangeur comme Poncho aurait pu manger autant. Komain ne comprenait pas pourquoi Poncho était si perplexe.

Cependant, le visage de Poncho devint rouge vif et il regarda Serina. « Madame Serina… faites-vous cela délibérément ? »

« Bien sûr, » dit Serina avec nonchalance.

Il semblait y avoir une certaine compréhension mutuelle entre eux, alors Komain avait gonflé ses joues, bouleversée d’être hors de la boucle. « Ne m’oubliez pas. Qu’est-ce qu’il y a avec ces plats ? »

« Oh, euh, Madame Komain…, » dit Poncho avec hésitation. « Les ingrédients utilisés, ils… euh… »

Contrairement à Poncho, qui semblait avoir du mal à le dire, Serina l’avait tout de suite dit. « On dit qu’ils augmentent la puissance sexuelle. »

Augmente la puissance sexuelle. Quand le sens de ces mots l’avait frappée, Komain était devenue rouge si vite que vous pouviez entendre un petit effet sonore poof !

« Foie, citrouille, noix et anguille sont censés être efficaces pour récupérer votre endurance, oui. On pense donc qu’ils augmentent aussi l’endurance sexuelle…, » expliqua Poncho malgré son embarras.

Il semblait que Komain ne l’avait pas remarqué, mais il n’y avait aucune chance que Poncho, le Dieu de la nourriture, ne l’ait pas remarqué.

Voyant Poncho et Komain regarder vers le bas, le visage rouge et timide, Serina déclara. « Nous sommes mari et femme maintenant, vous savez, » d’un ton exaspéré. « Maintenant que nous sommes mariés, il est naturel de penser à un héritier. »

« Eh bien… Oui, vous avez raison… Oui, » déclara Poncho.

« Sa Majesté nous a dit de saisir cette chance de faire des bébés, et il dit que beaucoup de nos collègues seront incités par cet événement à se marier d’ici la fin de l’année, » poursuit Serina. « Je m’attendrais à ce que, vers la même époque l’année prochaine, les échelons supérieurs du royaume connaissent un baby-boom. Si possible, j’aimerais avoir le mien avant que les sages-femmes ne soient trop occupées. J’aurai besoin que vous travailliez dur pour que ça arrive, mon cher. »

« C-Cher !? » s’exclama Poncho.

En entendant Serina s’adresser à lui soudainement de cette façon, et lui disant de travailler dur pour faire un bébé, les yeux de Poncho s’ouvrirent en grand.

Avec des yeux qui semblaient incapables de croire qu’elle devait encore dire cela, Serina regarda Poncho et déclara. « Vous êtes mon mari maintenant, et c’est ainsi que je vais vous appeler. Plus important encore, combien de temps allez-vous continuer à vous adresser à votre femme en tant que “Madame Serina” ? »

Poncho avait paniqué un peu quand elle avait attiré l’attention, mais finalement il avait trouvé sa détermination et avait dit, « Serina… Komain… »

« … Je suppose que cela devra faire l’objet d’un compromis, » déclara Serina.

Komain gloussa. « Dans ce cas, j’aimerais vous appeler “chéri”. Je me sens comme une jeune mariée. Maintenant, mon chéri, j’en prendrai un comme ça. » Cela dit, Komain avait pris un morceau de pâté de foie dans l’assiette de Poncho. « Je pense… J’aurai aussi besoin d’endurance, après tout. »

« Komain !? » gémit-il.

« Hm… devrais-je aussi en manger ? » demanda Serina.

« Pas vous aussi, Serina…, » déclara-t-il.

Serina avait pris une omelette à l’anguille. Tous les deux regardèrent un Poncho intimidé avec des sourires ironique, puis elles lui plantèrent des baisers sur les deux joues.

« « Restez fort, mon cher et chéri. » »

Le doux son de ces mots était étourdissant, et Poncho avait failli tomber sur son dos.

☆☆☆

Partie 6

Ainsi, les vassaux de Souma appréciaient chacun le jour de leur mariage.

Sur la place de la fontaine de la capitale, de nombreux citoyens assistaient au couronnement et à la cérémonie de mariage à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix. Elle en était à présent à sa phase finale.

Il ne restait plus maintenant que le discours de couronnement de Souma après avoir été officiellement couronné roi.

Souma se leva du trône et s’avança. La première reine primaire Liscia se tenait à côté de lui, Aisha se tenait derrière et Roroa, Juna et Naden attendaient dans le fond.

Souma se tourna vers le Joyau de Diffusion de la Voix qui avait été déplacé sur le tapis rouge. En d’autres termes, il s’était tourné vers les gens qui assistaient à cette cérémonie du couronnement et du mariage.

« Environ deux ans se sont écoulés depuis mon arrivée dans ce pays. » Souma parla d’un ton calme, mais ferme. « Au cours de ces deux années, beaucoup de choses se sont produites, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. À une époque de changements d’une rapidité aveuglante, ce pays, lui aussi, a changé. Au point que même le nom officiel du pays a changé, devenant le “Royaume-Uni d’Elfrieden et d’Amidonia”, également connu sous le nom de “Royaume de Friedonia”. Au milieu de tout cela, je suis heureux d’avoir pu accueillir cette journée. »

Il fit une pause.

« À partir de ce jour, je serai officiellement le roi du royaume de Friedonia. »

Il continua.

« De plus, maintenant que j’ai épousé Liscia, la fille d’Albert Elfrieden, ancien roi du royaume d’Elfrieden, et Roroa, la fille de Gaius Amidonia, l’ancien prince souverain de la Principauté d’Amidonia, je vais gouverner les deux nations en tant que Souma Amidonia Elfrieden. J’ai l’intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour être reconnu comme un roi digne par le peuple de la région d’Elfrieden et de la région d’Amidonia. Cependant, quelle que soit ma détermination et quels que soient mes efforts, il y a des limites à ce qu’un homme peut accomplir seul. Cette limite n’est pas non plus particulièrement élevée. »

Il s’arrêta et continua.

« Nous n’avons pas surmonté les nombreux événements des deux dernières années en comptant uniquement sur ma force. C’est grâce aux reines qui étaient à mes côtés pour m’appuyer, aux serviteurs que vous voyez aligner ici, et à beaucoup d’autres qui n’ont pu être présents aujourd’hui, ainsi qu’à vous, les gens, qui travaillent tous pour ce pays. J’ai entendu dire qu’une émission appelée Héros sans nom a été populaire auprès du public, et si vous la regardez, vous verrez ce que je veux dire par là. Le monde n’est pas fait uniquement de ceux qui font les grands travaux spectaculaires. Nous savons que des héros anonymes travaillent dans l’ombre. La raison pour laquelle, ici, maintenant, j’ai pu atteindre ce jour lumineux, c’est grâce à tous ces héros sans nom. Ces héros sans nom… ils sont vous, tout un chacun des citoyens de ce pays ! »

Les mots yuusha et eiyuuu se traduisent par « héros » en français.

Souma avait été convoqué ici en tant que yuusha, mais il se référait à son peuple comme na mo naki eiyuu, héros sans nom.

Il n’avait peut-être pas pu l’entendre dans le château, mais sur la place de la fontaine, où les gens regardaient l’émission, il y avait eu des cris d’encouragement.

Souma s’était accordé une pause, puis avait continué une fois de plus.

« On m’a dit que mon discours de couronnement devrait porter sur ce que je veux faire de ce pays en tant que roi. Cependant, mes sentiments sont les mêmes que lorsque j’ai prononcé mon discours du Nouvel An. C’est-à-dire, je veux faire un “bon pays”. »

Il avait souri.

« Vous pourriez penser qu’il s’agit d’un objectif assez simple. Mon camarade-héros convoqué, le père de la nation, le Premier Roi-Héros, a probablement eu une vision beaucoup plus grande que la mienne. Cependant, je pense que les croyances fortes sont souvent laissées de côté par le temps. Par exemple, si j’embrassais le rêve d’“unir le continent”, je pourrais bien obtenir le soutien de ceux qui partageaient ce rêve. Dans ce monde chaotique, il existe un terrain fertile pour ce genre de grand rêve. Dans cette situation, que nous trouvons tous contraignante, nous espérons trouver un moyen de nous en sortir. Mais qu’en est-il de la prochaine génération ? N’est-il pas possible que le grand rêve devienne une entrave pour eux ? »

Il fit une pause.

« L’avant-dernier roi a adopté une politique d’expansionnisme, essayant de construire un pays qui pourrait égaler l’Empire du Gran Chaos. C’est vrai, notre territoire s’est étendu. Cependant, si vous regardez le résultat, cela s’est terminé dans une guerre civile entre les rois après sa mort, et a invité l’intervention des pays étrangers qu’il avait mis en colère. Si vos rêves chevauchent le courant du temps, alors à la fin de cette époque, c’est la voie du monde qui sera abandonné. Alors, comment s’y prendre pour créer un pays quand les flux de l’époque nous poussent de tous côtés ? Eh bien, nous devons regarder la réalité, changer graduellement avec le temps et nous adapter. »

Il fit de nouveau une pause.

« Il n’est pas nécessaire d’y réfléchir sérieusement. Si vous pouvez sentir qu’aujourd’hui est meilleur qu’hier, et que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, c’est suffisant. C’est quelque chose que notre pays a déjà mis en pratique. »

Puis Souma étendit les bras.

« Regardez ce Joyau de Diffusion de la Voix. Ce Joyau de Diffusion de la Voix, qui peut être regardé en vidéo dans les grandes villes et même entendu par le son dans les petites villes, a été utilisé pour beaucoup de choses depuis ma première accession au trône. Si vous pensez qu’il est devenu plus facile de vivre aujourd’hui qu’hier, et demain qu’aujourd’hui, cela signifie que vous ne voulez pas revenir à la situation d’avant. Je vous le demande ! Pourriez-vous retourner à une vie sans les chansons des Loreleis !? »

« Non ! » Souma ne pouvait pas l’entendre, mais c’était la réponse que les gens avaient criée.

« Les ménagères de ce pays pourraient-elles sécher leur linge sans la météo de Naden ? Les pêcheurs pourraient-ils sortir leurs bateaux en mer ? Les agriculteurs pourraient-ils choisir le moment de la récolte ? »

« Non ! »

« Sans le réseau de transport que nous avons mis en place, les marchands ambulants pourraient-ils transporter leurs marchandises aussi facilement ? Les propriétaires de magasins pourraient-ils ainsi remplir leurs étagères ? »

« Non !! »

« Dans les grandes villes, nous avons installé des réseaux d’égouts et amélioré la santé publique ! Pourriez-vous continuer à y vivre, si l’air et l’eau redevenaient ce qu’ils étaient avant ? Nous avons augmenté le nombre de médecins ! Pourriez-vous vous sentir en sécurité sans le nombre d’hôpitaux que nous avons maintenant !? Pourriez-vous vous sentir en sécurité en accouchant ? Nous avons créé de nouvelles coutumes culinaires, en mangeant des choses que nous n’avions pas auparavant ! Seriez-vous d’accord pour que la variété des plats sur votre table diminue ? La région d’Elfrieden, pauvre en métaux, a reçu un approvisionnement régulier en métaux de la région d’Amidonia, et la région d’Amidonia, pauvre en nourriture, a reçu un approvisionnement stable en nourriture de la région d’Elfrieden ! Pourriez-vous vous permettre maintenant de perdre cette relation !? »

« Absolument pas !! »

C’était vrai, le peuple n’avait aucune envie de revenir à hier.

Même si les changements quotidiens étaient minimes, ils finiraient par se rendre compte des nombreux grands changements qui s’étaient produits, et cela changerait leur compréhension des choses.

Souma baissa la main et parla aux gens excités.

« Ainsi, au fur et à mesure que les jours s’accumulent, grâce à un changement graduel, je vais bâtir un bon pays. Avec mes reines et mes vassaux. C’est ainsi que je suis en tant que roi. C’est ainsi que ce pays est. Maintenant, je vous implore tous de prêter votre force à ce pays. Pour que, petit à petit, nous puissions travailler sans relâche vers notre magnifique avenir ! »

En disant cela, Souma avait levé le poing.

Au même moment, Liscia, Aisha, Juna, Roroa, Naden, et la file de vassaux inclinaient la tête.

À ce moment-là, les gens qui nous regardaient s’étaient levés pour nous acclamer.

Si vous aviez écouté attentivement, vous auriez aussi pu l’entendre à l’antenne.

Les voix de la place de la fontaine avaient certainement atteint le château.

Souma et les autres se dirigèrent lentement vers la sortie.

☆☆☆

Partie 7

Liscia et moi avions ouvert le chemin, et nous étions allés à la terrasse surplombant la cour du château avec les autres reines.

De là, en regardant dans la cour, il y avait plein de gens, et encore plus de gens plus notre regard s’éloignait de là.

Si j’étais le méchant d’un certain film d’animation célèbre, c’était une scène qui m’aurait peut-être fait dire : « Les gens sont comme des ordures », mais dans ma position actuelle, je ne pourrais pas utiliser cette phrase, et cela même comme une blague.

Lorsque nous nous étions tenus près de la balustrade et que nous avions salué la foule en bas, il y avait eu des applaudissements rugissants qui avaient semblé ébranler tout le château.

C’était quelque chose de semblable à la pratique d’Ippan Sanga au Japon, où la famille impériale apparaissait au grand public depuis le balcon du palais au début de chaque année.

Afin de nous apercevoir, moi et mes reines, lors de notre grand jour, de nombreux citoyens, quel que soit leur statut, s’étaient rassemblés dans la cour. C’était tout ce qu’on leur permettait de faire, bien sûr, et il y avait une forte sécurité en place.

Bien qu’ils puissent nous voir en chair et en os, j’étais sûr que nous devions avoir l’air assez petits, alors j’étais content que tant de gens soient venus malgré cela.

« Votre Majesté, j’ai amené le prince Cian et la princesse Kazuha. »

Je m’étais tourné vers la voix de Carla, et elle se tenait là avec l’ancien couple royal. Carla et Lady Elisha tenaient chacune un bébé.

À en juger par la couleur de leurs vêtements de bébé, Carla tenait Cian (bleu) et Lady Elisha tenait Kazuha (rose).

Je gloussai et dis à leur mère. « Liscia, tu prends Kazuha. »

« D’accord. »

Liscia avait pris Kazuha à Lady Elisha, et j’avais pris Cian à Carla.

Puis nous nous étions approchés à nouveau de la rambarde. En prenant soin de ne pas les faire tomber, nous les avions tenus pour que les gens puissent les voir.

 

 

Il y avait eu un rugissement d’applaudissements.

« Wahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !! »

« Fwah... ! #$%@aah ! »

Surprise par la foule, Kazuha avait essayé d’enterrer son visage dans la poitrine de Liscia et s’était mise à pleurer.

Liscia déclara. « Là, là, là, » la berçant d’avant en arrière pour la calmer. Kazuha continua à sangloter un peu, mais elle n’éleva pas la voix.

Pourtant, vu qu’elle ne levait pas le visage de la poitrine de Liscia, la grande foule avait dû l’effrayer.

Pendant ce temps, quant à Cian… son visage était gelé.

C’était comme s’il avait été frappé par la magie de la pétrification, son expression n’avait pas changé quand il regardait la foule.

Cian était timide, et son visage se figeait souvent comme ça quand il rencontrait une nouvelle personne.

Donc, d’une certaine façon, c’était comme si de rien n’était.

J’avais essayé de toucher ses petites joues pelucheuses pour essayer de les détendre, mais son visage était resté le même, comme s’il était engagé dans une sorte de concours de regards.

Têtu…

« C’est incroyable, » chuchota Naden en agitant les mains. « Tout le monde bénit ces enfants. »

Aisha et Juna avaient aussi souri doucement.

« Ce sont après tout le prince et la princesse, » dit Aisha. « Quand la famille royale présente un bel avenir, c’est une chose dont les gens doivent aussi être heureux. »

« Hee hee, ces deux-là sont probablement encore plus populaires auprès des gens que les Loreleis en ce moment, » ajoute Juna.

« Eh bien ! En fin de compte, les gens nous adorent, » dit Roroa avec un sourire joyeux. « Grande Soeur Cia est populaire auprès des gens de la région d’Elfrieden, et je suis populaire auprès des gens de la région d’Amidonia. Juna est célèbre sous le nom de Prima Lorelei, et Grande Soeur Ai et Nadie sont très appréciées en raison de toutes les expositions qu’elles ont eues sur le Joyau de Diffusion de la Voix. Je suis sûre qu’il y a de la jalousie envers mon Chéri maintenant qu’il a été de l’avant et qu’il nous a toutes prises pour lui. »

Puis Roroa avait fait un clin d’œil.

Elle avait probablement raison. J’étais entouré de toutes ces merveilleuses épouses. Je devrais volontiers accepter un peu d’envie.

Mais… nous étions aimés du peuple, hein ?

« Cela me fait un peu peur, » murmurai-je.

« Souma ? » Liscia pencha la tête sur le côté.

J’avais souri avec ironie et je m’étais déplacé quant à la façon dont je tenais Cian.

« Cela signifie que les gens d’ici, qui célèbrent avec nous, sont tout simplement prêts à exprimer leurs émotions. On pourrait dire qu’ils vont facilement avec le courant, » déclarai-je.

J’avais concentré mes yeux sur la foule alors que je parlais dans un sous-entendu.

« Si je règne mal, et si je trahis leurs attentes, leur bénédiction se transformera en ressentiment, et leurs applaudissements en ridicule. Je pense qu’ils pourraient condamner notre famille avec la même ferveur qu’ils ont célébré mon couronnement, notre mariage et la naissance de Cian et Kazuha. »

Quand j’avais dit ça, les autres avaient eu l’air pensifs.

Tout comme j’avais assumé le lourd fardeau que représentait le fait de gouverner ce pays, elles allaient assumé le fardeau d’en être les reines, et elles avaient sûrement leurs propres idées sur la question.

Mais…

« Relax, » murmura Carla à mon oreille.

À un moment donné, elle s’était mise debout juste derrière moi.

« Si vous prenez la mauvaise route, Maître, j’ai été engagée pour risquer ma vie pour vous arrêter. S’il le faut, je vous arrêterai avant que le ressentiment ne se retourne aussi contre votre famille, » déclara Carla.

Carla chuchotait ça pour que moi seul puisse entendre. Ça m’avait fait rire malgré moi.

« Hahahaha... Me tueras-tu si je m’égare ? Est-ce que c’est quelque chose à dire par une si belle journée ? » lui demandai-je en un murmure.

Carla répondit avec exaspération. « C’est de votre faute pour avoir été si pessimiste en cette belle journée. »

« … Tu as raison sur ce point. »

« Oui. Alors, s’il vous plaît, soyez un bon roi, pour que ce jour n’ait pas à venir, » déclara Carla.

Ceci dit, Carla s’éloigna en douceur.

Serina s’amusait toujours avec elle, mais Carla était une épée au-dessus de ma tête. Elle était un danger permanent, une épée dissuasive qui forçait l’autoréflexion. Si un jour je m’égarais, cette épée tomberait.

Inversement, elle était aussi une garantie que quelque chose m’arrêterait si j’allais trop loin.

En ma qualité de roi, cette dissuasion et cette garantie étaient rassurantes.

« Tout va bien se passer, Souma. » Liscia s’approcha de moi avec un doux sourire.

Voyant cela, les gens avaient applaudi.

« Jusqu’à présent, nous avons réussi à tout surmonter. À partir de maintenant, quoi qu’il arrive, avec cette famille, on peut tout surmonter, » déclara Liscia.

Aisha, Juna, Roroa et Naden acquiescèrent de la tête.

J’avais l’impression qu’elles me donnaient du courage, et j’avais dit. « Merci, » puis je m’étais tourné vers les gens et j’avais recommencé à leur faire signe.

« Mais je pense qu’on aurait besoin de plus de famille. » Toujours face au peuple, Liscia continuait à parler. « C’est pourquoi, à partir d’aujourd’hui, tu dormiras dans nos chambres. »

« Hum… Liscia, c’est…, » avais-je commencé.

Elle voulait dire… ce que je pensais qu’elle avait fait ?

Que je ne pourrais pas dormir dans mon propre lit, ou dans le lit du bureau des affaires gouvernementales pendant un certain temps… ?

Toujours souriante, Liscia avait déclaré. « C’est déjà décidé. Au fait, tu seras dans la chambre d’Aisha ce soir. »

« Je… Je sais que j’ai mes défauts, mais prends bien soin de moi, » dit Aisha timidement tout en saluant les gens.

Il semblait qu’elles avaient chacune fait rapport de leurs plans et de leur condition physique actuelle à l’une des dames de la cour au début de la semaine et, à l’aide de cette information, elles avaient établi un horaire pour savoir qui allait coucher avec moi.

Demain, c’était Juna, puis Roroa, Naden, Liscia… et ainsi de suite.

D’ailleurs, personne ne m’avait demandé quels étaient mes plans.

« Reste fort, Souma, » dit Liscia en me taquinant.

« … C’est vrai, » dis-je nerveusement.

Je vais travailler dur. Et je le pense à bien des égards.

C’est à ce moment-là que la foule avait encore une fois applaudi bruyamment.

Hein ? Pourquoi acclame-t-il maintenant ? Je pensais cela, et puis…

« Souma, regarde ça ! » Naden montra du doigt et cria.

J’avais levé les yeux vers le ciel…

« Quoi !? »

Très haut dans le ciel, j’avais vu une grande ombre blanche voler entre les nuages.

Cette fourrure qui brillait à la lumière du jour, et ces grandes ailes qui semblaient déchirer le ciel… Il n’y avait pas eu de malentendu avec elle.

« Lady Tiamat !? » cria Naden, parce que cette forme était indubitablement celle de la Mère Dragon.

Lady Tiamat prenait, en de rares occasions, un vol touristique autour du continent, et les adorateurs de la Mère Dragon croyaient que sa vue était de bon augure.

Liscia et moi l’avions déjà vue.

« Souma, nous avons envoyé une invitation de mariage à Lady Tiamat, n’est-ce pas ? » demanda Liscia.

J’avais hoché la tête. « Oui. Par l’intermédiaire de la princesse Sill du Royaume des Chevaliers Dragons de Nothung. Mais, parce que Lady Tiamat n’intervient pas dans le monde d’en bas, je ne m’attendais pas à ce qu’elle puisse venir. »

Comme j’épousais Naden, ça m’aurait fait de la peine de ne pas inviter Lady Tiamat, la mère de tous les dragons, alors j’avais envoyé une invitation juste au cas où. Mais, comme prévu, il n’y a pas eu de réponse.

J’avais posé une main sur l’épaule de Naden pendant qu’elle regardait, hébétée, dans le ciel.

« Impossible… C’est Lady Tiamat… Pourquoi… ? » chuchota-t-elle.

« Elle ne peut pas intervenir dans les affaires terrestres, » dis-je. « Mais je parie qu’elle s’inquiétait pour toi et Ruby, puisque vous vous mariez dans un pays autre que le Royaume des Chevaliers Dragons. C’est pour ça qu’elle l’a fait comme ça. Elle a pris un vol touristique et est passée par hasard à côté de ses deux filles le jour de leur grand jour. »

« Souma…, » tandis que les larmes s’accumulaient dans les yeux de Naden, j’avais tapoté sur son épaule.

« Allez, pourquoi ne pas donner une réponse à ta mère adoptive surprotectrice ? » demandai-je.

En sanglotant, Naden avait dit. « D’accord ! »

Naden agita la main vers le ciel, émettant le rugissement d’un ryuuu alors qu’elle était encore sous forme humaine.

Il y avait un rugissement similaire de la ville du château en même temps, alors Ruby avait dû la remarquer aussi.

Puis, comme si elle avait entendu leurs voix énergiques, Lady Tiamat poussa son propre cri, comme celui d’une baleine. Il ne faisait aucun doute que son cri avait été comme une bénédiction pour tout le pays.

« C’était un bon mariage, » déclara Liscia.

J’étais d’accord avec elle du fond du cœur.

☆☆☆

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3 commentaires :

  1. pauvre Poncho il et pas sorti de l’auberge.

    merci pour les chapitres

  2. Paix à l’âme de Poncho en PLS x’D

  3. Merci pour le chapitre !
    Rip Poncho en sueur à chaque instant….
    La bénédiction d’un « dieu », c’est plutôt cool ça !

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