Chapitre 4 : Le perçage du cœur
Partie 3
« À l’avenir, le Malmkhitan de Fuuga va s’élever dans le nord, » déclara Kuu. « Il a l’ambition, ainsi que la capacité, d’y parvenir. Le royaume de Friedonia de frangin est à l’est, et l’empire du Gran Chaos de l’impératrice Maria est à l’ouest. Il est probable que les événements futurs sur le continent tourneront autour de ces trois pays. »
Kuu avait montré la carte en disant cela, puis la République de Turgis.
« Au milieu de tout cela, que fera notre pays ? Nous participons au projet d’alliance médicale et de développement conjoints, de sorte que nous entretenons des relations amicales avec le royaume et l’Empire. Mais ce n’est pas suffisant pour nous détendre. Si le Malmkhitan de Fuuga avale l’Union des nations de l’Est, puis s’allie ou envahit et détruit l’État pontifical orthodoxe lunaire et l’État mercenaire Zem, ses crocs pourraient aller jusqu’à la république. On ne peut même pas garantir que le royaume et l’Empire seront en sécurité pour toujours, » déclara Kuu.
Kuu s’était assis sur son siège, posant ses coudes sur ses jambes croisées pendant qu’il gémissait.
« Si cela se produit, notre pays pourra-t-il s’en sortir ? La terre est enfermée dans la glace et la neige pendant l’hiver, ce qui rend l’approche difficile pour les ennemis, mais cela ne nous donne pas beaucoup d’espoir de victoire. La neige et la glace réduisent aussi notre productivité, ce qui rend difficile le développement de notre pays. Cela dit, il n’est pas réaliste de penser que nous pourrions nous étendre vers le nord et revendiquer des terres qui ne gèlent pas. Nous n’avons pas de force aérienne à cause du froid glacial et des courants d’air violents, alors nous aurions du mal à conserver toutes les terres que nous pourrions prendre » déclara Kuu.
La république était si froide que les wyvernes et les dragons la détestaient, les courants d’air violents éloignaient les forces aériennes, et en hiver les routes étaient fermées par la neige, rendant l’entrée des ennemis étrangers difficile.
Cependant, cela signifiait aussi qu’ils ne pouvaient pas construire leur propre force aérienne, et en hiver, les lignes d’approvisionnement vers leur pays d’origine étaient coupées, de sorte qu’il était difficile également d’envahir d’autres pays.
Beaucoup de membres de la génération plus âgée de la république croyaient encore en la politique d’expansion vers le nord, mais Kuu pensait qu’ils devaient se dépêcher et se réveiller de ce rêve chimérique.
« En considérant l’avenir de la république, nous avons besoin d’une nouvelle voie pour remplacer la politique d’expansion vers le nord, » déclara Kuu. « Je pense que ce projet de développement de foreuse pourrait être la percée dont nous avons besoin. »
« Une nouvelle voie, dis-tu ? » demanda Leporina.
Kuu hocha la tête fermement. « Nos gens sont doués de leurs mains. Les accessoires qu’ils créent lorsqu’ils sont enfermés dans leurs maisons pour l’hiver sont détaillés, et je pense qu’il est juste de dire que nous sommes les meilleurs sur le continent quand il s’agit de faire des choses comme ça. Je veux m’appuyer encore plus là-dessus. Je veux rendre la république indispensable au royaume et à l’Empire, tout comme ton talent d’artisan est absolument vital pour la foreuse. »
Fondamentalement, ce à quoi Kuu pensait était le nationalisme technologique.
La capacité de fabriquer des pièces compliquées pourrait, parfois, être la carte diplomatique la plus puissante à détenir.
S’il pouvait faire en sorte que les pièces construites dans la république soient indispensables au royaume et à l’Empire, il pouvait s’attendre à ce que les deux autres pays fassent beaucoup de choses en retour au profit de son pays.
De plus, si la foreuse était mise au point et que les routes étaient ouvertes en hiver, cela signifierait qu’ils pourraient importer de grandes quantités de nourriture. Il serait également utile d’obtenir les fonds nécessaires à cette fin.
« L’amélioration de notre technologie finira par rendre la république riche, » déclara Kuu. « Pour ce faire, il est important pour le pays de soutenir des artisans comme toi, Taru, qui va créer cette technologie. Pour cela, je dois changer la mentalité dans la république. »
Les habitants de la république étaient résidents d’un pays doté d’une technologie de pointe, mais ils ne pensaient qu’aux accessoires qu’ils fabriquaient pour passer le temps pendant l’hiver. Jusqu’à ce que cette façon de penser change, il ne pouvait s’attendre à d’autres progrès technologiques.
« J’ai l’intention d’en parler à mon père, moi aussi, mais nous devrions féliciter les artisans qui font quelque chose d’incroyable, et mettre un frein à ceux qui produisent de grandes quantités de déchets de mauvaise qualité, » déclara Kuu. « Cela créera le désir de créer quelque chose de mieux dans le pays, et nous grandirons. C’est la voie que la république devrait suivre. »
Taru hocha la tête à Kuu, qui se serra les mains dans les poings pendant qu’il parlait. « Je pense que c’est une bonne idée. Nos techniques sont un trésor. »
« Maître Kuu, tu peux après tout dire des choses impressionnantes ! » Leporina le pensait, alors qu’elle était en larmes.
Kuu rit timidement. « Je ne suis pas venu au royaume juste pour jouer, vous savez ? J’ai regardé les politiques de Frangin, et j’ai absorbé ce que je pensais que je devais faire. C’est pourquoi je sais ce qu’il faut faire. »
Puis Kuu s’était gratté l’arrière de la tête, comme s’il était troublé.
« La capacité de créer des technologies supérieures exige de l’adaptabilité. C’est quelque chose qui nous manque, » déclara Kuu.
« Hein ? Adaptabilité ? » demanda Leporina.
« Ouais. C’est ainsi que Frangin a utilisé le Joyau de Diffusion de la Voix pour créer des programmes radiodiffusés. Il a utilisé quelque chose qui n’avait été utilisé que pour des discours avant pour divertir la population de son pays. Personne au monde n’y a jamais pensé, n’est-ce pas ? La capacité d’adapter et d’appliquer les technologies existantes est à tous les coups une importance pour l’avenir. Comme le mécanisme de rotation de la perceuse. Je suis sûr que Frangin pense à toutes sortes d’utilisations, » déclara Kuu.
« Tu as peut-être raison. » Taru hocha la tête avec un regard pensif. « Je suis sûre que Mme Genia et Mme Trill en tireront toutes sortes d’avantages. Mais je n’arrive pas à imaginer des idées comme ça. »
« Oui, et moi non plus. C’est pourquoi, bien qu’ils ne soient peut-être pas à la hauteur de Frangin nous devons trouver des gens à nous qui peuvent penser à ces choses. Beaucoup d’entre eux. »
« Si nous devons trouver ces gens, sais-tu où chercher ? » demanda Leporina.
Kuu sourit. « Pas maintenant, non. Mais avec le temps, on peut y arriver. »
« Hm ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Leporina.
« Nous rassemblons des gens intelligents de notre nation, jeunes et motivés, et nous les envoyons au royaume et à l’Empire pour apprendre. Puis, s’ils reviennent à la maison pour enseigner, cela devrait augmenter le nombre de personnes qui sont capables de penser en s’adaptant dans la république, » expliqua Kuu.
L’idée de Kuu était de rassembler des étudiants pour étudier à l’étranger dans le royaume et l’Empire. Bien sûr, il aurait besoin d’obtenir la permission de Gouran Taisei plus tard, l’homme qui était son père et le chef de la république, mais Kuu avait l’intention de le convaincre, quoi qu’il arrive.
Leporina avait été impressionnée. « Wôw. C’est incroyable, Maître Kuu. Je ne savais pas que tu pensais à tout ça. »
« Ouais, eh bien, tu es la bienvenue pour continuer les compliments, tu sais ? » dit Kuu en riant timidement. « Je suis notre futur chef d’État. Je serais dans une situation délicate si tout le monde était inutile quand je prends la relève. Je dois engager n’importe qui d’utile, sans distinction de race ou d’âge. »
« Je pense que c’est merveilleux. » Taru semblait vraiment impressionnée, ce qui ne faisait que rendre Kuu plus heureux.
« Ookyakya ! Tombes-tu encore amoureuse de moi ? » demanda Kuu.
« On s’emporte si vite, » soupire-t-elle. « Comment en es-tu arrivé à cette conclusion ? »
« Parce que je veux que tu sois la femme du futur chef d’État, » déclara Kuu.
En l’entendant exprimer son affection pour elle directement comme ça, Taru n’avait pas de mots.
La façon dont il l’avait dit était plus décontractée que jamais, mais ses yeux étaient sérieux et concentrés directement sur elle.
« Je suis toujours sérieux, tu sais ? » dit Kuu. « Je sais qu’on ne peut pas le faire maintenant, mais j’ai l’intention de faire de toi ma femme quand on retournera en République. Je veux que tu agisses en tant que représentante des artisans de la République, après tout. Je veux que tu marches avec moi. »
Elle était restée silencieuse.
« Eh bien, il n’y a pas de précipitation pour répondre, » dit Kuu. « Réfléchis-y. »
Sur ce, il s’était levé avec un « Ops » et il avait quitté l’atelier.
Laissées derrière, Taru et Leporina fixèrent le vide de la porte par laquelle il était parti.
Enfin, reprenant ses esprits, Leporina demanda à Taru. « Le jeune maître semblait sérieux. Qu’est-ce que tu vas faire ? »
Ayant repris ses esprits, Taru répondit à sa question par une autre. « Hein !? Que vais-je faire… ? Es-tu d’accord avec ça, Leporina ? Tu aimes aussi Maître Kuu, n’est-ce pas ? »
Après avoir demandé cela, essayant de lire l’expression de Leporina comme elle l’avait fait, Leporina hocha la tête.
« C’est vrai que j’ai des sentiments pour Maître Kuu. Cependant, Maître Kuu sera un jour à la tête de la république. S’il me demandait ma main, ce serait une chose, mais je ne peux pas lui demander de me prendre moi-même pour épouse. C’est pourquoi, honnêtement, je suis jalouse de toi, » répondit Leporina.
« Leporina… »
Voyant l’air inquiet sur le visage de Taru, Leporina gloussa.
« Tant que vous deux, vous n’aurez pas clarifié vos sentiments, par loyauté envers toi, Maître Kuu ne regardera pas une autre femme. Que tu choisisses d’accepter ou de rejeter sa proposition, je pense qu’il pourra aussi enfin me regarder. Je ne lui demanderai pas de m’épouser, mais je peux faire appel à lui pour qu’il veuille faire de moi sa fiancée par lui-même. Je veux juste être aux côtés de Maître Kuu, quelle qu’en soit la forme. »
Taru était sans voix.
Leporina se leva et posa la main sur la porte. « Maintenant, c’est juste une question de ce que tu veux. Ça ne me dérange pas d’être la seconde, alors je vous soutiendrai tous les deux. Cela dit, si tu rejettes sa proposition, je travaillerai pour apaiser le cœur blessé de Maître Kuu, et m’assurerai qu’il me prenne comme sa première. »
« Je vois que tu es capable d’agir et de parler honnêtement de tes sentiments, » déclara Taru.
« Parce que je veux être avec Maître Kuu, du fond du cœur, » répondit Leporina.
Quand Leporina avait dit cela, comme si elle mettait ses paroles en pratique, elle avait suivi Kuu à la porte. Laissée pour compte, Taru se posa une question.
Ce que je veux… ?
Merci pour le chapitre.
Merci pour le chapitre.