Gakusen Toshi Asterisk – Tome 6 – Chapitre 5 – Partie 3

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Chapitre 5 : La sorcière du venin solitaire

Partie 3

La serre n’était plus opérationnelle depuis longtemps. Les murs en verre et le toit étaient fissurés et cassés par endroits, mais il y avait aussi des signes de réparation, de sorte qu’elle ne semblait pas avoir été totalement abandonnée.

Dans ce pays, avec ses hivers froids et rigoureux, il était sans doute facile de trouver une utilité à un jardin coupé des éléments extérieurs. Les plantes qui remplissaient le bâtiment brillaient toutes de différentes nuances de vert vibrant, avec de jolies petites fleurs sortant de leurs têtes ici et là.

À l’intérieur, une jeune fille aux cheveux roses était assise, immobile, et regardait une jeune fille aux cheveux châtains aller et venir, absorbée par son jardinage. « Je ne comprends pas. Qu’est-ce qu’il y a de si amusant ? » demanda la première.

La dernière fille secoua les épaules en gloussant. « Je suppose que c’est ce sentiment. »

« Ce sentiment ? »

« Eh bien, c’est la sensation de toucher la vie. »

« Si c’est tout, s’occuper de ces enfants devrait être suffisant. »

Elles étaient toutes deux jeunes elles-mêmes, mais il y avait beaucoup d’enfants dans l’orphelinat encore plus jeunes.

« Ce n’est pas pareil, » insista la jeune fille aux cheveux châtains. « Ces petits ne peuvent pas parler, mais ils sont incroyablement honnêtes. Si vous leur montrez de l’amour, ils vous aimeront en retour. Mais si vous les ignorez, ils vous tourneront le dos. »

« Tourner le dos ? Aux gens ? » la fille aux cheveux rose-roux avait fait une grimace comme pour dire qu’elle ne comprenait pas.

« Oh, tu ne le savais pas ? Quand des plantes saines meurent, c’est parce que personne ne les a aimées. »

« … Je ne le savais pas. » Son ton indiquait qu’elle n’était pas convaincue, bien qu’elle ne montrait aucun signe de vouloir partir.

Elle ne pouvait pas dire exactement pourquoi, mais être à l’intérieur de la serre était étrangement réconfortant. Elle avait beau être vieille, exiguë et délabrée, elle se sentait capable de s’y détendre.

Et après un moment, elle avait soudain réalisé que c’était grâce à la présence de la gentille fille qui travaillait en face d’elle.

« Ça ne devient pas ennuyeux de regarder tout le temps ? Pourquoi n’essaies-tu pas de donner un coup de main ? »

« … Moi ? »

« Il n’y a personne d’autre ici. Tiens, prends ça. »

La fille aux cheveux roses était devenue embarrassée. « Je n’ai jamais pris soin des plantes avant… »

« Oh mon Dieu… Tu ne sais vraiment pas. D’accord, je vais t’apprendre. » L’autre fille s’était mise à rire.

C’était un sourire vraiment ravi : doux, heureux — et chaleureux.

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Son corps était terriblement lourd.

Une sensation de pression insupportable, comme si quelque chose d’invisible l’écrasait.

Ayato ouvrit les yeux, incapable de le supporter plus longtemps, et le plafond d’une pièce sombre apparut devant lui.

Il était resté abasourdi pendant un court instant, avant que tout ne lui revienne en mémoire.

Il était dans la chambre qui lui avait été attribuée dans la villa indépendante située dans l’enceinte du palais royal de Lieseltania.

« … Alors j’ai perdu connaissance… »

Ce qui signifiait que le poids qui pesait sur lui était probablement dû aux effets du poison d’Orphelia.

Quand il avait essayé de lever son corps, le poids avait brusquement révélé sa véritable forme :

« Ngh... »

« Zzz… »

Saya et Kirin étaient endormies, étalées sur lui comme une couverture.

Comme on pouvait s’y attendre pour une chambre destinée aux invités royaux, le lit aurait dû être plus que suffisamment grand pour que trois personnes puissent y dormir confortablement. Mais les deux filles s’accrochaient fermement à lui, le visage de Saya contre son bras, et celui de Kirin à ses pieds. Les deux filles étaient profondément endormies, alors que leur respiration était douce et détendue.

« Hum… »

Incapable de comprendre la situation, il se demandait ce qu’il devait faire, lorsque la porte s’était ouverte et qu’une silhouette solitaire était entrée.

« Alors tu es réveillé. Honnêtement, Ayato, ne nous effraie pas tous comme ça. » Son visage était masqué par la lumière du couloir, mais il pouvait dire à la voix qu’il s’agissait de Julis.

« Ha… C’est embarrassant… Mais vas-tu bien ? »

« Je vais bien. Je me suis réveillée il y a longtemps, » avait-elle répondu en s’asseyant sur une chaise près du lit. « Combien de temps penses-tu avoir dormi ? »

« Hein ? Je ne sais pas… » Il n’était pas en état de le savoir, après tout.

Julis avait lancé un sourire malicieux. « Trois jours. »

« Trois jours !? » s’était-il exclamé.

« Orphelia utilise tous les types de poisons. Celui qu’elle a utilisé sur toi met ses victimes dans le même état que lorsqu’elles utilisent tout leur prana. Il ne met pas la vie en danger, mais plus ton prana est fort au départ, plus son effet est puissant. Il semble donc qu’elle t’ait fait payer un lourd tribut. »

« Oh… »

« Ces deux-là étaient si inquiètes, elles ont veillé sur toi tous les jours. Tu devrais les remercier quand elles se réveilleront, » dit Julis, ses yeux doux regardant Saya et Kirin. « Et je dois encore te remercier, aussi. »

« Moi ? »

« Claudia m’a raconté ce qui s’est passé. Le fait que tu aies retenu Orphelia, et au moment où Gustave est arrivé… Merci. »

« Oh, ça. » Ce qu’elle disait était vrai, mais il n’y avait pas pensé. Si leurs positions avaient été inversées, elle aurait clairement fait la même chose. Ils avaient déjà développé ce niveau de confiance.

« Ne le mentionne pas. Du moment que tu ne recommences pas à parler de dettes et de tout ça. »

Julis lui avait adressé un léger sourire, en secouant la tête. « Non… je voulais juste le dire correctement. »

Ayato avait souri en retour avant de prendre une expression sérieuse. « Donc, penses-tu que tu peux me dire maintenant ? À propos de toi et d’elle — Orphelia Landlufen. »

« … C’est vrai. Je suppose que tu as le droit de savoir, puisqu’on en est arrivé là. » La princesse s’était tue un moment, l’expression lourde d’émotion. Finalement, Julis avait sorti un mouchoir de sa poche de poitrine. « Tu te souviens de ça ? »

« Bien sûr. Nous nous sommes rencontrés grâce à ce mouchoir. »

Il avait été emporté par le vent, dansant dans les airs juste devant lui, le jour où il était arrivé à l’Académie Seidoukan. Il était allé la rendre à son propriétaire — c’était leur première rencontre.

Il avait l’impression qu’une éternité s’était écoulée depuis, mais cela ne faisait que six mois.

« Bien. Je crois l’avoir déjà mentionné, mais c’est un cadeau que m’ont fait tous les membres de l’orphelinat. »

« Oui, tout le monde l’a brodé pour toi. Et ta meilleure amie a cousu quelque chose au milieu…, » il s’arrêta là, réalisant soudainement qui c’était. « Ne me dis pas… ! »

« Oui. Ma meilleure amie était Orphelia, » admit Julis avec nostalgie, en traçant la broderie avec son doigt.

« Alors elle était dans cet orphelinat ? »

Julis avait légèrement hoché la tête et s’était levée. Elle s’était approchée de la fenêtre et avait tiré les luxueux rideaux.

Il ne savait pas quelle heure il était, mais un doux clair de lune brillait à travers le ciel nuageux.

« Mais si c’est ta meilleure amie, pourquoi a-t-elle… ? » Se souvenant de la bataille entre les deux femmes, il avait détourné son regard.

Les amis n’importe où se disputent de temps en temps, mais cette bataille-là, c’était autre chose.

« Lorsque j’ai commencé à venir à l’orphelinat, Orphelia et moi sommes rapidement devenues de bonnes amies. Nous avions à peu près le même âge, et même si nos personnalités étaient complètement différentes, nous nous entendions bien. Elle était si gentille, elle ne pouvait même pas faire de mal à un insecte, et elle adorait s’occuper des plantes… Elle était si heureuse quand une de ces petites fleurs commençait à s’épanouir… »

L’Orphelia décrite par Julis semblait être une personne complètement différente de celle qu’Ayato avait vue.

« Mais un jour, elle a disparu. Quand j’ai demandé aux sœurs où elle était partie, elles n’ont rien voulu me dire. J’ai donc supplié mon frère d’enquêter, et il a fini par le faire pour moi. Il s’est avéré que la direction de l’orphelinat avait accumulé une énorme dette, et… eh bien, ils avaient donné Orphelia à une institution de recherche comme garantie… Le plus stupide dans tout ça, c’est que je ne savais rien jusque-là. Sur la façon dont ce comté est géré, sur ce système, ou même sur ma propre position dans tout ça. »

« … »

« Bien sûr, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour essayer de la récupérer. Mais ça n’a fait que me montrer à quel point j’étais impuissante. En fin de compte, personne dans ce pays n’a le droit d’avoir une opinion sur les installations de recherche des fondations d’entreprises intégrées, » avait conclu Julis.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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