Gakusen Toshi Asterisk – Tome 4 – Chapitre 7

***

Chapitre 7 : Volonté sans faille

***

Chapitre 7 : Volonté sans faille

Partie 1

« Félicitations, Votre Altesse ! »

Quand Ayato et Julis étaient retournés dans la salle de préparation, Flora les avait accueillis avec enthousiasme. Tombant presque au sol à la suite de l’accolade de la fille, Julis avait souri avec indulgence. « Merci, Flora. »

« Tu as été vraiment, vraiment incroyable ! J’étais si excitée ! » La plus jeune fille agita les bras, les joues rouges et les yeux pétillants.

Incapables d’échapper à l’interview des vainqueurs cette fois, Ayato et Julis avaient répondu à la presse avec des réponses vagues. Ils avaient finalement été relâchés il y a quelques instants, et il s’était écoulé pas mal de temps depuis la fin de leur match. Flora avait dû être vraiment impressionnée pour maintenir ce niveau d’excitation.

« Vous étiez vraiment génial aussi, Maître Amagiri ! Comment êtes-vous devenu si fort ? Est-ce que je pourrai être aussi forte un jour ? » demanda Flora.

« Peut-être que si vous vous entraînez tous les jours, » répondit Ayato.

« Je vois ! Alors, pouvez-vous m’aider à m’entraîner un jour ? » demanda Flora.

« Euh, bien sûr…, » répondit Ayato.

« Super ! Merci, Maître Amagiri ! Je vais travailler dur ! » Flora plaça ses bras autour d’Ayato.

Comme Kirin, elle lui rappelait un petit animal, mais d’une manière différente — peut-être un petit chiot vivant. Il voulait caresser doucement la tête de Kirin, mais Flora était une sorte de mignonne rebondissante qui lui donnait envie de caresser ses cheveux.

« Vous êtes toujours pleine d’énergie, Flora. C’est bon à voir. » Dans le coin arrière de la pièce, Claudia était heureuse d’observer la scène.

« Oh, tu es là aussi ? » dit Julis. « Je suppose que Flora n’a pas pu entrer toute seule. »

« Oui — bien que j’aie été un peu surprise de la voir ici, » Claudia ria doucement.

« Flora et toi, vous vous connaissez, Claudia ? » demanda Ayato.

« Oui, je l’ai vue s’occuper de Julis plusieurs fois, » répondit Claudia.

« Mlle Enfield est toujours si gentille ! Elle m’a donné de délicieuses friandises aujourd’hui aussi ! » déclara Flora.

« Friandises ? » demanda Ayato.

Après que Flora en ait parlé, Ayato avait remarqué quelque chose comme du chocolat sur sa bouche, ainsi qu’un assortiment de pâtisseries et autres confiseries réparties sur la table.

« Oh, c’est un petit quelque chose de ma part, » dit Claudia. « J’ai fini quelques tâches et j’avais du temps libre. »

« Est-ce toi qui les as faits ? » demanda Ayato.

« Eh bien, je ne me suis pas installée dans la cuisine depuis un moment, donc je ne peux rien garantir quant à la qualité, » répondit Claudia.

Malgré la dénégation de Claudia, les pâtisseries avaient l’air assez bonnes pour concurrencer avec les produits de boulangerie — mieux, en fait.

« Merci, je pense que je vais en prendre, » dit Ayato. « J’ai un peu faim. »

« S’il te plaît, vas-y. »

Il avait choisi un biscuit enrobé de chocolat. « Hm, c’est bon ! »

Ayato n’avait pas grand-chose à quoi le comparer, puisqu’il ne prenait pas souvent de desserts. Le chocolat doux-amer élégant était aromatique, pas trop sucré — exactement le genre de friandise qu’il aimait.

« Hee-hee. Je suis contente que ça te plaise. » Claudia sourit joyeusement, ses joues teintaient d’un rose si léger.

« Pour que tu puisses cuisiner en plus de tout le reste, Claudia ? C’est incroyable, » déclara Ayato.

Il pensait qu’elle, une jeune femme bien élevée, aurait peu de raisons d’apprendre des talents culinaires, mais elle pouvait vraiment tout faire.

« Tu es si parfaite que nous nous sentons toutes mal, » se plaignit Julis. « Tout te vient naturellement. Il n’y a rien que tu ne fasses pas bien ? »

Pourtant, avec un regard de résignation, elle s’était résigné à elle-même prendre une sucrerie.

« Oh, il y a plein de choses pour lesquelles je suis mauvaise. J’ai juste pensé que je devrais marquer des points pour moi, c’est tout, » répondit Claudia.

« Points… ? » répéta Julis avec suspicion.

« Vous autres, vous avez toutes préparaient des repas faits maison pour Ayato afin de l’attirer, » répondit Claudia. « Je ne peux pas rester les bras croisés, n’est-ce pas ? »

« P-pfft ! Je…, » Julis avait bafouillé. « Personne n’essaie d’attirer qui que ce soit ! D’ailleurs, comment le sais-tu ? »

« Hee-hee. Comment, en effet ? Eh bien, laissons cela de côté…, » en esquivant la question, Claudia regarda sérieusement Ayato et Julis. « Félicitations à vous deux d’avoir accédé aux demi-finales. Au nom de l’Académie de Seidoukan, j’exprime notre joie et notre gratitude. »

Elle s’inclina profondément devant eux.

« Tu n’as pas besoin de nous remercier…, » dit Ayato.

« C’est vrai, » Julis était d’accord. « Après tout, je me bats seulement pour réaliser mon souhait. »

« Je comprends, bien sûr, » dit Claudia. « Mais en termes de résultats prévus pour cette saison, Seidoukan a marqué plus de points que ce que nous aurions pu espérer. Vos équipes sont les premières depuis plusieurs années à atteindre le dernier carré. C’est très important pour notre école. »

« Eh bien, je l’admets, ça ne me dérange pas d’entendre de vraies paroles d’éloges de ta part, » déclara Julis. « Mais as-tu déjà félicité l’autre équipe ? »

« Oui. Elles ont fini en premières, après tout. Je leur ai rendu hommage avant de venir ici, » répondit Claudia.

L’« autre équipe », bien sûr, faisait référence à Saya et Kirin.

« Je les ai invitées à venir ici avec moi, » déclara Claudia, « mais elles voulaient se préparer pour demain. »

« Oh ? elles doivent être très investies dans la victoire, » fit remarquer Julis.

« Eh bien, elles vont affronter les rivaux de Saya, » déclara Ayato.

Les adversaires suivants pour Saya et Kirin étaient les Poupées autonomes d’Allekant. Pour Saya, c’était à cause d’eux qu’elle était entrée dans le Phoenix. Et à chaque match, ces automates avaient complètement détruit la compétition.

Même Ayato était intéressé de voir ce qu’elles allaient faire contre les Poupées.

« Vous êtes arrivée jusqu’ici, » déclara Claudia. « Je suis pour une finale avec que des équipes de Seidoukan. »

Julis hocha la tête fermement. « Nous ne visons rien de moins. Et je suis sûr qu’elles le pensent aussi. »

 

***

« Les quatre dernières équipes sont donc finalement décidées. »

Le président du comité exécutif de la Festa, Madiath Mesa, avait poussé un long soupir dans son bureau exécutif.

« Oui, monsieur. Il n’y a peut-être pas eu autant de battage médiatique avant le Phoenix de cette saison par rapport aux événements passés, mais cela s’est avéré très excitant une fois que tout a commencé. Votre décision d’autoriser Poupées d’Allekant à se battre en tant que mandataires a été couronnée de succès. Tout cela est dû à votre perspicacité, Monsieur le Président. »

« Je dirais qu’il est un peu tôt pour dire que c’est un grand succès. Les gens pourraient encore changer d’avis avec les demi-finales et la finale, » déclara Madiath.

« Nous avons déjà dépassé les revenus et la fréquentation du dernier Phoenix. Je ne pense pas que l’opinion publique s’effondrera à ce stade… »

« Mais on ne sait jamais. C’est ce qui rend les choses intéressantes, » déclara Madiath.

Alors que Madiath répondait à son subordonné, il posa sa main sur la console au bout de son bureau pour ouvrir huit fenêtres extérieures contenant des données sur les demi-finalistes.

Ils comprenaient une équipe de l’Académie Allekant, une de l’Académie Saint-Gallardworth et deux de l’Académie Seidoukan.

« Alors, quelle équipe gagnera, d’après vous ? » demanda Madiath.

« Quoi — ? Monsieur, je suis membre du comité exécutif. Il ne serait pas approprié pour moi d’exprimer mon opinion sur —, » commença l’autre.

« Ha ha. Pas besoin d’être si tendu, » dit Madiath en riant. « C’est très bien. Vous avez ma permission. Considère que ça fait partie de vos devoirs. »

« Je vois…, » pressé par Madiath, mais toujours dans l’incertitude, l’autre homme scruta les rangées de visages sur les écrans. « Eh bien… Pour être franc, je ne m’attendais pas à deux équipes de Seidoukan. Traditionnellement, ils se sont bien débrouillés au Phoenix, mais il a été difficile d’observer leurs affligeantes prestations de ces dernières années. »

« Oui, » Madiath était d’accord. « Mais ils semblent avoir encore plus d’énergie maintenant à cause de ça. Alors, pensez-vous que l’une de ces équipes va gagner ? »

« Non, monsieur. C’est vrai que les deux équipes sont excellentes, mais les combattants sont trop volatils. Je ne vois ni l’une ni l’autre équipe gagner le championnat, » déclara l’homme sans ménagement.

Selon Madiath, cet homme était assez compétent. Bien sûr, il n’y aurait presque personne d’incompétent aux niveaux supérieurs d’une fondation d’entreprise intégrée, mais même avec cela à l’esprit, Madiath le considérait comme tout à fait capable.

Il avait fait confiance au jugement de son subalterne, issu de l’observation d’innombrables combattants pendant de nombreuses années d’administration de la Festa.

« Je vois, » dit Madiath. « Et les deux de Gallardworth ? »

« Hmm. Ce jeune homme au onzième rang est un Dante décent, mais je ne pense pas que ce soit un match favorable pour lui. La façon dont les forces d’un Dante se comparent à celles de son adversaire est très significative. Sauf imprévu, je pense qu’ils perdront au prochain tour, » déclara l’autre.

« Donc, à votre avis, les marionnettes d’Allekant seront les championnes ? » demanda Madiath.

Le subordonné acquiesça poliment. « Oui. Leurs capacités sont merveilleuses. Ils ont pris tous leurs matches sans effort. Je pense qu’il est raisonnable de dire que ce sont les favoris incontestables. Cependant… »

« Cependant ? » demanda Madiath.

Pendant un moment, l’homme semblait incertain. « Eh bien — c’est juste que… vu les effets que leur victoire pourrait avoir sur les futures Festas, ce n’est peut-être pas le résultat le plus souhaitable… »

« Est-ce que vous croyez ? » demanda Madiath.

« Oh, j’ai dépassé les bornes. Mes excuses, monsieur. » Le subordonné inclina rapidement la tête.

« Pas du tout. J’apprécie vos opinions. C’est vrai que certains fans seront déçus de voir des robots remporter le tournoi alors qu’ils n’ont participé qu’à une décision spéciale. Et même les fans qui les encouragent maintenant pourraient trouver que c’est juste… un peu trop de voir des non-humains remporter le championnat, » déclara Madiath.

Allekant avait porté directement à Madiath la question de la règle spéciale pour les automates — ce qui signifiait que les conséquences de toute erreur de jugement tomberaient carrément sur ses épaules.

« Mais, eh bien, si cela arrive, cela arrive, » s’était-il dit. « Tout ce qu’on a fait, c’est de leur donner une chance équitable. »

« C’est tout à fait vrai, monsieur. » Le subordonné avait parlé respectueusement. Son expression changea, comme s’il lui venait soudain à l’esprit de demander. « Et vous, Monsieur le Président ? Qui va gagner, d’après vous ? »

« Moi ? Hmm, eh bien…, » Madiath scuta les huit fenêtres, comme l’autre homme l’avait fait il y a quelques instants. « Je dirais Allekant. »

« Oh, vous le pensez aussi, monsieur ? »

« Si nous comparons simplement les capacités de chaque équipe au combat, il n’y a pas beaucoup de débats. Les chances qu’ils gagnent ce Phoenix sont de huit sur dix. — Est-ce bientôt l’heure ? » Madiath avait vérifié l’horloge.

« Ah, oui. C’est l’heure de votre rencontre avec Frauenlob, » dit le subordonné. « Je suis désolé d’avoir pris votre temps comme ça. »

« Non, ne vous inquiète pas pour ça. C’est moi qui ai demandé, après tout. » Madiath bougea de la main. Son subordonné s’inclina et quitta le bureau.

Une fois seul, Madiath expira et ferma les fenêtres aériennes une par une. Le couple de Gallardworth avait disparu, puis Saya et Kirin, puis les Mechs d’Allekant, et enfin Julis.

Seule la fenêtre affichant Ayato Amagiri était restée ouverte. La main de Madiath s’arrêta.

« Le petit frère d’Haruka, » dit-il à haute voix, un sourire enjoué lui venait au visage. « C’est vrai… On ne sait jamais ce qui peut arriver. C’est ce qui rend les choses intéressantes. »

***

Partie 2

Le quatorzième jour du Phoenix, dans une salle de préparation au Dôme Sirius…

« Bon, on y va maintenant ? » Kirin l’avait incité à le faire.

Saya leva les yeux de ses mains et hocha la tête avec son expression stoïque habituelle.

« Hmm ? Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda Kirin.

Saya avait été fixée sur un vieux bout de papier. « … Mon porte-bonheur. »

Elle avait tendu un bon d’achat, un bon fait maison. Dans l’adorable écriture surdimensionnée d’un enfant, on pouvait lire Coupon Souhait.

« C’est un coupon magique pour réaliser n’importe quel souhait, » déclara Saya.

« Wôw — ça a l’air merveilleux. » Kirin avait deviné que c’était un souvenir important pour Saya, vu la façon dont elle avait manipulé le morceau de papier. « Oh, souhaitais-tu gagner le match d’aujourd’hui ? »

« Non. » Saya secoua la tête avec emphase. « C’est juste pour porter chance. Nous allons gagner aujourd’hui avec nos propres forces. »

« Tu as raison. Désolée, » déclara Saya.

Ce que disait Saya ne pouvait pas être plus correct. Elles n’avanceraient jamais si elles mettaient leur foi en autre chose qu’en elles-mêmes.

Saya avait mis le papier dans sa chemise et s’était tournée vers elle. « Kirin… »

« Oh — oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Kirin.

Saya inclina soudain la tête. « Merci. »

« Qu’est-ce que… !? Pour quoi faire !? » demanda Kirin.

« J’ai réussi jusqu’ici grâce à ton aide. J’apprécie vraiment, » déclara Saya.

« S’il te plaît. Inutile de me remercier, » troublée, Kirin agita les mains.

« Je voulais aller aussi loin, quoi qu’il arrive, » déclara Saya en serrant les poings.

« Pour vaincre les Poupées d’Allekant, c’est ça ? » demanda Kirin.

Kirin avait entendu parler des événements qui avaient conduit Saya à entrer dans le Phoenix — l’une des élèves Allekant avait insulté une arme fabriquée par son père, et elle se battait pour demander une rétractation.

Pourtant, Kirin ne pouvait s’empêcher de s’interroger. Elle pouvait comprendre que la question était importante pour Saya, mais il semblait excessif d’entrer dans le Phoenix pour cela seulement.

Comme si elle avait lu l’esprit de Kirin, Saya sourit maladroitement. « … Tu mérites de savoir. Mon père a perdu la majeure partie de son corps dans un accident au centre de recherche où il travaillait. »

Saya parla avec une telle nonchalance que, pendant quelques instants, Kirin ne put saisir le sens de ses paroles. « Hein… ? »

« Heureusement, son cerveau n’a pas été blessé, alors il s’est servi de son compagnon de travail pour construire un atelier à la maison et s’est relié à son noyau. Maintenant qu’il y est habitué, il est assez heureux — il peut faire un travail plus complexe qu’il ne pourrait le faire avec un corps humain, » déclara Saya.

« … » Incertaine sur quoi dire, Kirin baissa les yeux, impuissante.

« Tu n’as pas besoin de te sentir mal pour nous. Papa dit qu’il est heureux d’avoir la liberté de faire des recherches sur ce qu’il veut, et j’ai fini par l’accepter, » déclara Saya.

« Faires des recherches sur ce qu’il veut… ? » demanda Kirin.

« Il fabrique des armes pour moi, » Saya avait tapoté l’activateur de Lux à sa taille.

« Pour toi ? » demanda Kirin.

« C’est vrai. Donc d’une certaine façon, ce que Camilla Pareto a dit est vrai. Ce pouvoir n’était pas destiné au peuple, mais à une seule personne — moi. » Saya expira et ferma les yeux — puis les ouvrit à nouveau lentement. « Mais quand même — non, c’est pour ça que je ne peux pas la laisser manquer de respect. »

Le regard de Saya brillait d’une détermination farouche.

C’était une conviction inébranlable.

« Oh, encore une chose. Ne parle pas de mon père à Ayato, » déclara Saya.

« Pourquoi ? » demanda Kirin.

« C’est quelqu’un de bien, alors il s’inquiétera. Je lui dirai après ce tournoi, » déclara Saya.

« Je comprends, » déclara Kirin.

Si c’est ce que Saya a décidé, ce n’est pas à moi d’intervenir, pensa Kirin. Mais dans son cœur, elle avait souri. C’est comme si Saya faisait attention à Ayato en le ménageant.

« Tout ce bavardage m’épuise… C’est parti. Allons-y. » Saya soupira et sortit de la salle de préparation.

« O-okay ! » Kirin attacha le Senbakiri à sa taille et se précipita après elle.

Le passage vers la scène était long et peu éclairé.

C’était la première fois qu’elles se battaient dans le dôme de Sirius. Ce n’était pas différent des autres grandes arènes, mais il y avait quelque chose de spécial dans les combats sur la scène principale d’Asterisk.

Kirin remarqua deux silhouettes devant, près de la porte d’entrée.

Saya les avait vus aussi, et ses pas avaient un peu ralenti.

Alors qu’ils s’approchaient, Kirin vit qu’ils étaient des femmes.

Des uniformes d’Allekant… ? Alors sont-elles — ?

« Salut, ma petite dame. Ça fait un bail, hein ! » Une femme avec une queue de cheval avait crié d’un ton étrangement joyeux.

C’était Ernesta Kühne.

« … Qu’est-ce que tu veux ? » dit Saya.

« Oh, ça, c’est froid ! On est peut-être sur le point de se disputer, mais on peut apprendre à se connaître, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si on essayait de truquer le match, » déclara Ernesta.

« Tu ne nous combats pas. Ces marionnettes qui le font, » déclara Saya.

« Hm, techniquement, c’est vrai…, » déclara Ernesta.

Saya ne semblait pas souhaiter continuer la conversation. Ne sachant pas quoi faire, Kirin avait l’air maladroite.

« Bref, Camilla avait quelque chose qu’elle voulait vraiment te dire ! » dit Ernesta.

La femme à la peau de bronze derrière elle s’avança. « Bonjour, Saya Sasamiya. Il semble que j’avais tort à ton sujet, alors je voulais te dire quelque chose avant qu’on règle le compte. »

« Faux comment ? » demanda Saya.

« Je le vois maintenant que j’ai regardé tes matches. En eux-mêmes, tous vos Luxs sont défectueux. Mais quand tu les manies — c’est-à-dire quand on vous considère, toi et le Lux, comme une seule arme —, ils sont extrêmement puissants, » déclara Camilla.

Saya avait réagi avec surprise. « Alors… »

« Je ne rétracte toujours pas ce que j’ai dit, » déclara Camilla avant que Saya puisse le suggérer. « Si tu fais partie de l’arme, les composants organiques introduisent un manque de fiabilité supplémentaire. Ce n’est pas pratique. De plus, mes croyances — celles de Ferrovius — et ma fierté professionnelle ne me permettent pas d’accepter un tel don pervers de pouvoir à un seul individu. »

« Alors je te le ferai accepter en battant tes jouets, » déclara Saya.

« C’est impossible. Même si tu pouvais — aussi inimaginable que cela soit, même si Ardy et Rimcy perdaient contre vous deux —, je ne l’accepterai jamais, » déclara Camilla.

Le regard fixe de Saya brûlait de rage contre Camilla.

« Mais s’ils perdent, je retirerai une partie de ce que je t’ai dit. J’ai versé toutes les compétences et la technologie que Ferrovius et moi avons accumulées au fil des ans dans Ardy et Rimcy. Si vous les battez, je devrai reconnaître que tes armes sont pratiques, » déclara Camilla.

Après ça, Camilla tourna brusquement le dos à Saya et s’en alla.

« Quoi — ? Allez, tu vas t’envoler quand tu auras fini de parler ? J’ai toutes sortes de questions sur ses armes ! Aw, attends-moi ! Hé, Camilla ! » Ernesta sauta après elle, mais s’arrêta soudain et se retourna pour crier au revoir. « Amusez-vous bien, d’accord ? Prenez soin de nos bébés ! »

Elle agita les bras comme une enfant, puis disparut au trot dans le couloir.

« … » Saya les fixa pendant un moment, puis se tourna vers la porte. « Allons-y, Kirin. »

« C’est vrai, » déclara Kirin.

Elles s’étaient dirigées vers la scène éclairée et la tempête d’acclamations qui l’entourait.

« Nous devons gagner, » déclara Saya.

« C’est vrai ! » déclara Kirin.

***

« Bonjour, tout le monde ! Vous êtes aussi excité que nous !? C’est votre animateur préféré, Mico Yanase, en direct du Dôme de Sirius, et avec moi, Mme Tram en commentaire ! »

« Salut, les amis. »

« On est enfin en demi-finale du Phoenix ! Le premier match est entre Saya Sasamiya et Kirin Toudou de l’Académie de Seidoukan, et — se battant comme mandataires — Ardy et Rimcy de l’Académie Allekant ! Celui-là va être bon ! »

« Certains disent que c’est lui qui décidera du championnat. »

« Vraiment ? »

« Eh bien, les deux équipes de l’autre demi-finale ont traversé des épreuves difficiles. Ces combattants doivent faire face à une fatigue et à des blessures graves. Les deux équipes de ce match sont arrivées ici avec à peine une égratignure, donc… »

« Je vois, je vois ! Ces deux équipes ont gagné la plupart de leurs batailles avant que vous ne puissiez cligner des yeux. L’équipe Sasamiya-Toudou a eu un match serré en quart de finale, mais l’équipe Ardy-Rimcy n’a mis qu’une minute pour gagner chaque fois ! »

« Après avoir dit à leurs adversaires qu’ils n’attaqueraient pas pendant toute cette minute. Je pense que l’une des clés du match d’aujourd’hui sera de savoir si l’équipe Sasamiya-Toudou pourra percer le bouclier absolu d’Ardy. »

Bouclier Absolu — c’était ce qu’ils appelaient le mur de lumière d’Ardy. La phrase était apparue sur le net, et elle était maintenant devenue le terme accepté. Saya soupçonnait qu’il s’agissait d’une version à petite échelle des barrières défensives utilisées pour les rings de la Festa. Jusqu’à présent, personne n’avait réussi à percer pour lancer une attaque sur Ardy.

Comme d’habitude, la déclaration d’Ardy avait explosé dans l’arène. « Écoutez-moi ! Encore une fois, nous accorderons une minute à nos adversaires. Pendant ce temps, nous ne vous attaquerons pas. Faites ce que vous voulez ! »

« … Hmph. »

Son défi condescendant semblait presque plus humain qu’un vrai humain.

Saya lui jeta un regard méprisant et se tourna vers son partenaire. « Kirin, il est tout à toi. »

« D’accord, » déclara Kirin.

« Montre-lui ce qu’il en est, » déclara Saya.

Kirin hocha la tête et dégaina son katana à un pouce de son fourreau. Elle avait concentré son esprit pour se préparer au combat.

« Phoenix, première ronde de demi-finales — commencez ! »

Même lorsque le match avait commencé, Ardy et Rimcy n’avaient pas l’intention de bouger.

Ardy, debout, ferme et imposant, les bras croisés, semblait à peine prêt à se battre. Il était l’image même de l’arrogance.

« Moi, Kirin Toudou, je vous affronterai au combat. » Tenant le Senbakiri devant elle, Kirin fit face directement à l’énorme châssis d’Ardy.

« Hmm, donc tu es mon challenger, Kirin Toudou. Je ne m’y attendais pas, » dit Ardy incrédule.

« … Y a-t-il un problème ? » demanda Kirin.

« Je pensais que Saya Sasamiya me ferait face, c’est tout. Je suis un peu surpris. »

« Voulez-vous dire que je ne suis pas un adversaire digne de vous ? » demanda Kirin.

« Si vous voulez briser ma barrière défensive, le choix logique est Saya Sasamiya et ses puissants Luxs, » déclara Ardy.

« … »

« Il est vrai que tu possèdes peut-être le plus de force physique et d’habileté parmi tous les participants de ce Phoenix. Les données ne mentent pas. Mais ton arme n’est même pas un Lux — c’est un katana ordinaire. Si tu avais un Orga Lux, ce serait une chose, mais tu ne peux pas espérer franchir ma barrière avec ça. » Regardant Kirin d’en haut, Ardy s’effondra de consternation. « Mon conseil serait de changer avec Saya Sasamiya, ou conjointement — . »

« Alors, vous voulez essayer ? » Kirin interrompit tranquillement Ardy.

« Hrm ? »

« S’il vous plaît, voyez par vous-même si le Senbakiri et moi ne serons pas de taille face à vous, » déclara Kirin.

« Très bien, très bien. Si tu insistes, essaie. Je suis intéressé de voir ce que tu vas essayer dans la minute qui suit, » déclara Ardy.

Dès qu’Ardy hocha la tête, le katana de Kirin s’envola comme un éclair de lumière.

La frappe en diagonale s’était faite à une vitesse surhumaine. Mais juste avant que le bout de la lame n’atteigne le corps d’Ardy, le mur semblait soudain le dévier.

Ne se laissant pas intimider, Kirin avait attaqué une deuxième fois, puis une troisième fois.

« Ah — ta vitesse est phénoménale. Je suis impressionné que tu aies atteint ce niveau avec un corps de chair. » Ardy se tenait toujours debout, les bras croisés.

La barrière avait repoussé toutes les attaques de Kirin.

« Mais cela ne sert à rien, » déclara Ardy sans ménagement. « Peu importe la vitesse à laquelle tu es, il est impossible pour un humain de me surpasser en réflexes. Ce qui veut dire que tes attaques ne m’atteindront jamais. »

Kirin avait mis sa lame en pause pour ralentir sa respiration. « Je vois. Maintenant, je sais ce que j’ai besoin de savoir. »

Repositionnant son katana par l’épaule, elle était repartie sur Ardy.

« Je viens de te le dire, ça ne sert à rien…, » déclara Ardy.

Mais le katana de Kirin avait glissé autour du mur de lumière et, d’un coup dur, avait laissé une égratignure propre et droite sur le bras d’Ardy.

« Hrm... ? »

« W-wow, c’est incroyable ! Enfin, pour la première fois de tous les tournois, une attaque a touché Ardy ! Est-ce que Toudou vient de réaliser l’impossible ? A-t-elle traversé l’invincible Bouclier Absolu avec un katana ordinaire !? » La voix excitée du présentateur s’était fait entendre dans l’aréna au milieu de la foule en délire.

Ardy, pendant ce temps, fixa son bras en état de choc silencieux.

« Comment — ce n’est pas possible ? Comment as-tu — ? » demanda Ardy.

« Notre minute n’est pas encore écoulée, » déclara Kirin. « Veuillez retirer votre déclaration. Et confrontons-nous les uns aux autres sur un pied d’égalité. »

« Et que veux-tu dire par là ? » demanda Ardy.

« Ne nous prenez pas à la légère, s’il vous plaît, » déclara Kirin.

Chagriné, Ardy se tut. Kirin n’avait pas perdu de temps pour attaquer à nouveau.

Le mur de lumière s’était matérialisé pour la bloquer, mais une fois de plus, la lame de Kirin avait glissé autour de lui pour sculpter le côté d’Ardy. Il grogna de frustration.

« La première fois, ce n’était pas un hasard. Si vous insistez pour continuer, la prochaine attaque sera la dernière. » Kirin désigna le Senbakiri à Ardy.

« … » Il était resté silencieux.

Kirin laissa échapper une petite respiration, et le Senbakiri brilla.

Mais avant de pouvoir frapper, Ardy avait activé un Lux en forme de marteau pour passer à l’offensive.

« — ! »

Kirin retira sa lame et évita l’attaque, puis bondit en arrière pour s’éloigner.

« Et — et maintenant ! Ardy a attaqué son adversaire ! Il y a cinquante-six secondes depuis son défi ! Ça ne fait pas encore une minute ! »

En tournant le marteau autour de lui, Ardy avait enfoncé son extrémité dans le sol.

« Très impressionnant ! En cela, tu m’as battu. Je retire ma déclaration ! » Ardy se rétracta avec audace, et plus facilement que Kirin ne l’aurait cru. « Il semble que j’en ai trop présumé. Je sais maintenant que j’ai beaucoup à apprendre. Maintenant, je te demanderais humblement, quelle était la technique que tu utilises ? »

L’attitude d’Ardy était restée hautaine malgré sa démonstration verbale d’humilité, mais il avait semblé parler honnêtement.

Tandis qu’elle préparait sa lame, Kirin répondit délibérément. « Ça a marché parce que vous n’êtes qu’une machine. »

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Ardy inclina la tête, incapable de traiter sa réponse.

« Vous analysez mes données et mes actions pour prédire mon attaque et activer la barrière. N’est-ce pas vrai ? »

« En effet, c’est exact. » Et qu’y a-t-il de mal à ça ? Ardy n’avait rien dit.

« Le style Toudou possède des techniques pour manipuler l’adversaire en utilisant ma respiration, mon regard, les changements de portée et de distance, les mouvements de mes muscles — tout. Je suis constamment en train de planifier et de m’adapter. Mais vous — parce que vous êtes une machine si bien faite, vous observez tout cela et arrivez à une conclusion qui est au-delà de la perfection. Donc tout ce que j’ai à faire, c’est d’attaquer légèrement. »

« Alors, tu m’appâtes ? » Ardy s’était retrouvé dans l’incrédulité.

« Si c’était un combat entre deux épéistes expérimentés, nous serions en train de nous lire l’une et l’autre de toutes les manières possibles, à chaque instant. Par exemple, aucune de mes attaques antérieures n’aurait atteint Ayato. J’ai appâté vos mouvements d’une manière évidente. Mais parce que vous êtes une machine, vous réagissez de façon simpliste. » Kirin s’était arrêtée, puis avait rendu son verdict en des termes très clairs. « Essentiellement, votre défaut est votre manque d’expérience en tant que combattant. »

***

Saya regarda l’échange entre Kirin et Ardy.

« … C’est ma Kirin. » Elle acquiesça d’un signe de tête de satisfaction.

« Je ne comprends pas, » dit Rimcy, grognant avec méfiance. Elle faisait face à Saya.

« Hmm ? Vous ne comprenez pas quoi ? » demanda Saya.

« Pourquoi n’as-tu pas essayé de m’attaquer en une minute ? » demanda Rimcy.

Comme l’avait dit Rimcy, Saya avait simplement regardé sa partenaire sans même activer son Lux.

« Si ce bon à rien se fait botter les fesses, c’est de sa faute. Mais tu as refusé de profiter d’un avantage qui t’était offert. C’est toi qui nous sous-estimes. C’est très déplaisant. » Rimcy avait activé un Lux en forme d’un énorme pistolet dans chaque main et les avait dirigés vers Saya.

« Désagréable ? Je voulais juste que tu nous combattes sans te retenir. » Calmement, Saya avait finalement sorti son propre activateur Lux. « Il n’y a pas d’autre raison. »

Puis, des balles de lumière tombèrent sur elle comme une tempête. Saya s’était tordue pour esquiver la volée et avait activé son Lux en plein vol.

« Type 41 Lux twin blaster, Waldenholt, » murmura-t-elle pour que personne d’autre ne l’entende.

Nommer à haute voix les armes que son père avait fabriquées pour elle — c’était l’une des règles que Saya s’était imposées.

Un Lux à grande échelle avec un sac à dos massif s’était matérialisé, et un HUD de ciblage avait été projeté à partir de son ornement de cheveux. Un énorme pistolet enroulé autour de chacun de ses bras.

En atterrissant, elle avait versé du prana dans les manadites. Esquivant la salve suivante, elle avait appuyé sur la détente.

« Éclatement. »

Lumière bleuâtre et brillante amassée sur les bouches des canons avait surgi.

L’instant d’après, avec un cri aigu, deux projectiles géants avaient transpercé l’air.

« — ! »

Rimcy avait à peine réussi à échapper au premier tir, mais pas au second.

 

 

Alors que l’explosion tonitruante menaçait de faire s’effondrer toute l’arène, Rimcy s’était cognée contre le mur opposé. La puissance de feu de Saya était si dévastatrice que sans la barrière protectrice, la marionnette aurait elle-même pu sortir de l’arène.

« Eh bien, je suis aussi prête à y aller, » dit Saya au nuage de débris. « Amène-toi. »

En réponse, une paire d’yeux rouges brilla dans la poussière.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire