Gakusen Toshi Asterisk – Tome 2 – Chapitre 6 – Partie 6

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Chapitre 6 : La Menace dans le Brouillard

Partie 6

« … Donc tu peux te battre à pleine puissance pendant seulement cinq minutes ? » demanda Kirin.

« Oui, pour l’instant. Eh bien, je pense que je pourrais tenir plus longtemps si je me poussais. Mais je ne tiendrais probablement pas dix minutes, » déclara Ayato avec un faible sourire, appuyé contre la place qu’il avait créée dans le pilier.

Lui et Kirin avaient décidé d’y attendre de l’aide. Ce n’était pas comme s’il y avait d’autres options réalistes, puisqu’Ayato pouvait à peine bouger maintenant et Kirin ne savait pas nager.

Ils n’avaient aucune réception sur leurs appareils mobiles, ce qui n’aidait pas, mais Ayato était sûr que quelqu’un remarquerait que quelque chose n’allait pas si suffisamment de temps s’écoulait. Même Eishirou devrait le remarquer si Ayato ne revenait pas de l’entraînement du matin. C’est du moins ce qu’il espérait.

« Je suppose que si j’utilise beaucoup de prana, ça raccourcira le délai. Je me suis battu moins de cinq aujourd’hui, » déclara Ayato.

« Oh… Je vois…, » Kirin pencha la tête tristement.

« Il y a un problème ? » demanda Ayato.

Elle leva les yeux vers Ayato, le visage au bord des larmes. « Pourquoi te bats-tu si c’est ce que ça te fait, Amagiri ? »

« Quoi — ? » La question l’avait pris par surprise, mais il avait déjà trouvé la réponse avant ça. « Il y a quelqu’un que je veux aider. »

Oui. C’est ce qu’il devait faire maintenant. La chose qu’il voulait faire.

« Est-ce Riessfeld ? » demanda Kirin.

« Eh bien… oui, » répondit Ayato.

Quand elle avait vu Ayato hocher la tête en réponse à la question, Kirin avait baissé les yeux, l’air déçu d’une certaine façon.

« A-Alors, c’est vrai que tu es, euh, que tu l’aimes ? » demanda Kirin.

« Hein !? » Une autre question à laquelle il ne s’attendait pas s’était fait entendre. Celle-ci l’avait fait bouger en panique. « N-Non, ce n’est pas pour ça — ! Bien sûr, je pense qu’elle est quelqu’un de bien, mais, euh, ce n’est pas… vraiment… »

« Quoi — ? Alors p-pourquoi… ? » Kirin commença à insister, mais en y réfléchissant un peu plus, elle s’arrêta soudainement. « Non, ce n’est pas grave. Je suis désolée. Je n’aurais pas dû poser une question aussi bizarre. »

Elle s’inclina et elle avait l’air un peu heureuse.

« Peut-être que j’ai encore…, » elle avait murmuré quelque chose vraiment très faiblement. Ayato ne pouvait pas vraiment l’entendre.

« N-Non, c’est bon. Cela ne me dérange pas de te répondre, mais — Achtoum ! » Tandis que la tension de leur conversation redescendait, Ayato fit un splendide éternuement.

« Oh — ça va ? » demanda Kirin.

« On est trempés, et il fait plutôt froid, donc ce n’est pas génial, » répondit Ayato.

« Oui. Nos habits ont aussi été mouillés — Atchoum ! » De toute évidence, Kirin avait aussi froid.

Probablement parce que le lieu était souterrain — ou plus précisément sous-marin — cet endroit était très frais malgré le milieu de l’été. À ce rythme, ils pourraient tomber gravement malades avant d’être retrouvés.

« Nous devrions probablement faire sécher nos vêtements…, » déclara Ayato.

« T-Tu as raison…, » répondit Kirin.

Ils s’étaient regardés, puis s’étaient tus.

Ayato n’arrivait pas à se faire convaincre qu’ils devaient se déshabiller. Dire cela pourrait immédiatement le qualifier de dégénéré. D’un autre côté, le simple fait de se déshabiller aurait une connotation plutôt agressive… Et en tant que quelqu’un qui s’était introduit dans le dortoir des filles, il ne pouvait pas…

« Euh, Hmm…, » Kirin avait interrompu ses pensées en tirant sur sa manche, avec un visage qui ne pouvait pas voir comme pouvant être plus rouge. « Eh bien, c’est… Ce n’est pas bon pour nous d’être dans des vêtements mouillés, donc… »

« Hein ? » s’exclama Ayato.

On aurait dit que de la vapeur jaillissait de ses oreilles. Kirin baissa les yeux.

Puis, après avoir laissé son regard vagabonder sur le sol pendant un moment, elle avait parlé, sa voix si faible qu’elle avait semblé disparaître dans l’air. « Pourrais-tu… te tourner un peu, s’il te plaît ? »

 

***

 

Ils avaient décidé de sécher leurs vêtements sur le katana de Kirin. Elle l’avait placé à travers le pilier sculpté comme un poteau à linge, et ils y avaient accroché leurs vêtements.

Deux pieds et quatre pouces de long. C’était dommage de traiter ainsi un chef-d’œuvre du grand forgeron Shinkai Inoue, mais il n’y avait rien d’autre à utiliser. (L’épée s’appelait Senbakiri, avait appris Ayato. Cela signifiait « couper comme un millier de grues en papier ».)

La zone de lestage était non seulement fraîche, mais aussi humide. Il faudrait du temps pour que leurs vêtements sèchent. La chaleur du Ser Veresta aurait peut-être accéléré les choses, mais il craignait que l’utilisation de l’Orga Lux comme sèche-linge de fortune ne l’offense — et de toute façon, ayant brisé son sceau, il aurait dû attendre un certain temps avant de pouvoir activer de nouveau son épée.

Ayato et Kirin restèrent assis en silence, dos à dos.

Ils n’arrivaient pas à se déshabiller complètement, alors il portait toujours son short et elle portait ses sous-vêtements.

Ayato pouvait sentir le battement d’un cœur si fort qu’il pensait qu’il pouvait éclater, mais il ne pouvait pas dire si c’était le sien ou celui de Kirin.

 

 

« Euh… Mademoiselle Toudou ? » demanda Ayato.

« O-O-Oui !? » s’exclama Kirin.

Ayato essaya d’avoir une conversation pour détendre l’atmosphère, mais Kirin était rigide avec de la tension présente partout et même sa voix était raide.

Mais d’une façon ou d’une autre, cela l’avait laissé se détendre un peu.

« À propos de ce que nous disions tout à l’heure… Puis-je te poser la même question ? Pourquoi te bats-tu ici ? » demanda Ayato.

« M-Moi ? » Kirin hésita, la question l’avait prise par surprise, mais après un moment de réflexion, elle parla de façon égale. « La raison pour laquelle je me bats… J’en ai peut-être déjà parlé, mais je me bats pour sauver mon père. »

« C’est vrai. Ton père est-il aussi un Genestella ? » demanda Ayato.

« … Oui, » répondit Kirin.

Les enfants de Genestella n’étaient pas toujours Genestella, mais la probabilité était beaucoup plus élevée. Les parents qui étaient tous les deux Genestellas étaient environ dix fois plus susceptibles d’avoir un enfant Genestella que deux parents qui ne l’étaient pas.

« Mais actuellement, mon père est incarcéré en tant que criminel et je veux le sauver, » déclara Kirin.

« Un criminel… ? » demanda Ayato.

Il est vrai que les fondations d’entreprises intégrées peuvent accorder n’importe quel souhait au champion de la Festa, même si ce souhait impliquait de contourner la loi — par exemple, libérer un criminel condamné. Et en fait, Ayato avait entendu dire qu’il y avait eu un grand nombre de cas de ce genre.

« Mais il n’a rien fait de mal ! Il essayait juste de me protéger ! » Dans son accès de colère, Kirin commença à se retourner, puis se rattrapa et se retourna rapidement contre lui.

« Te protéger ? Que s’est-il passé ? » demanda Ayato.

« Il y a cinq ans, quelqu’un a essayé de braquer un magasin, quand mon père et moi étions à l’intérieur. Il m’a sauvée quand il a essayé de me prendre en otage. Et mon père — mon père — mon père a fini par tuer l’homme. Mais il ne le voulait pas, » déclara Kirin.

La voix de Kirin était emplie de frustration et de regrets. Ayato pouvait l’entendre grincer des dents entre ses mots.

Il y a cinq ans, elle aurait eu huit ans — elle n’était encore qu’une enfant.

« Et cet homme n’était pas un Genestella, n’est-ce pas ? » demanda Ayato.

Kirin secoua la tête.

Partout dans le monde, les Genestellas étaient socialement désavantagées. Dans certains cas, cela signifiait que leurs droits de la personne avaient été restreints. Cette iniquité était particulièrement marquée dans les cas où le Genestella causait du tort aux gens ordinaires, même s’il était en état de légitime défense, la loi le traiterait toujours comme une utilisation excessive de la force. Et si l’autre partie était décédée à la suite du crime, des peines sévères étaient la norme, même si c’était la victime qui l’avait commis.

Certains étaient même allés jusqu’à suggérer que les IEF avaient délibérément créé cette inégalité. Après tout, le système avait clairement fonctionné pour leur profit.

« Le voleur ne semblait pas réaliser que j’étais une Genestella. S’il l’avait fait, il ne m’aurait probablement pas choisie comme otage. Mais j’avais un couteau pointé sur moi. J’avais si peur que je ne pouvais rien faire, » déclara Kirin.

Même les enfants de Genestella étaient extrêmement forts, mais sans un entraînement considérable, un adulte armé représentait toujours une menace réelle pour eux. Il était compréhensible que la jeune Kirin ait été impuissante. « Et puis ton père a agi pour te sauver, » déclara Ayato.

« Oui… J’étais déjà en formation à l’époque. En y repensant maintenant, il aurait été facile d’appréhender cet homme par moi-même. Mais je suis lâche, je suis une lâche…, » elle avait reniflé. « Maintenant, mon père est en prison. Il lui reste encore des décennies à tirer. Mais celui qui m’a dit comment je pouvais le sauver est mon oncle. »

« Est-ce pour ça que tu es venue ici ? » demanda Ayato.

« Oui. Mon oncle ne s’entendait pas bien avec mon père, et il déteste les Genestellas. Il est probablement mécontent de ne pas avoir été choisi comme héritier de l’école de Toudou, alors qu’il est le frère aîné. Mais quand même, il a choisi de m’aider — et c’était peut-être dans son propre intérêt, mais cela ne me dérange pas. Je n’ai plus d’autre choix que de dépendre de lui, » la voix de Kirin tremblait, retenant ses larmes, mais ses paroles étaient claires et fermes.

Pourtant, quelque chose à propos de ce qu’elle avait dit avait dérangé Ayato. Qu’est-ce que c’était ?

« Mon oncle est très compétent, en vérité. Il a obtenu de l’IEF qu’elle empêche la presse de rapporter l’affaire, et il a même dit qu’il avait arrangé une identité différente pour mon père afin que la famille Toudou ne porte pas le chapeau. »

« Wôw…, » s’exclama Ayato.

Cela avait surpris Ayato. Nous étions rendus à un point tel où le pouvoir des IEF avait surpassé celui de n’importe quelle nation ou de n’importe quelle loi.

Et maintenant qu’il y pensait, il n’avait jamais entendu parler de l’arrestation du directeur de l’école du style Toudou. Dans des circonstances normales, cela aurait été une grande nouvelle, vu l’ampleur de la popularité du style.

« Il est aussi si doué pour gérer ma situation. Il a réussi à faire parler à tout le monde de mes compétences dès mon arrivée à l’école. Il a choisi mes adversaires, recueilli des informations sur eux et m’a conseillée sur ma stratégie. Il connaît les meilleurs moments pour moi pour me battre en duel et la façon la plus efficace pour moi d’établir mon record. » Le dos de Kirin trembla. « Si je fais juste ce qu’il dit, alors je n’ai pas besoin de… »

Ses paroles avaient commencé à sortir comme un monologue interne, répété encore et encore. Ayato lui avait coupé la parole. « Tu te trompes lourdement, mademoiselle. »

« Tromper… ? » répéta Kirin.

« Même si tu sais où tu veux aller, ce n’est pas par le chemin que tu as choisi. Donc ça ne va pas marcher. Tôt ou tard, tu seras coincée, » déclara Ayato.

Ayato savait qu’elle devait découvrir par elle-même ce qu’elle devait faire. Si elle n’arrivait pas à choisir comment le faire, alors un jour elle s’épuiserait. Et il ne voulait pas que ça lui arrive.

« Eh bien, je ne suis pas vraiment du genre à pouvoir en parler, » déclara-t-il d’un air penaud. « Je viens juste moi-même de le découvrir. »

Kirin était restée silencieuse pendant un moment. Quand elle avait parlé, c’était dans un chuchotement bas et tremblant. « Mais… Je ne peux pas. Je ne peux pas. Je ne peux pas faire ça toute seule, j’ai juste — . »

« Ce n’est pas grave, » Ayato se retourna pour caresser doucement sa tête.

« Oh…, » s’exclama Kirin.

« Tu n’es pas seule. Au moins, je serai là pour toi. Si c’est le chemin que tu choisis, choisis vraiment par toi-même, alors je t’aiderai. »

« Une voie que je choisis…, » chuchota Kirin comme pour se le confirmer. Puis elle fixa Ayato d’un regard sérieux.

Il pensait avoir vu quelque chose briller dans ses yeux, mais cela n’avait duré qu’un instant. Il aurait pu l’imaginer.

« Oh — mais quand on se bat, c’est une autre histoire, d’accord ? Ce serait condescendant d’y aller doucement avec toi… Pas comme si j’avais vraiment cette option contre toi, de toute façon, » Ayato affichait un regard avec un sourire timide.

« Tu es étrange, Monsieur Amagiri, » dit Kirin, essuyant ses larmes, et ses épaules tremblèrent de rire.

« Julis me dit aussi cela… Tout le temps, en vérité, » Ayato s’était gratté la tête.

« Mais tu es vraiment cool, » chuchota Kirin pour elle-même.

Sa voix était trop faible pour qu’il l’entende. Mais… « Attends… Ack ! Mademoiselle Toudou !? »

« Hein ? Oh — Eep ! » couina-t-elle.

Ils avaient finalement réalisé qu’ils se faisaient face.

Après avoir vu le corps précocement galbé de Kirin, Ayato s’était de nouveau détourné en pleine panique. « D-D-Désolé ! »

« N-Non, c’est… Je… C’est moi qui suis désolée ! »

Tandis qu’ils bégayaient à travers leurs excuses agitées, se tournant le dos l’un à l’autre, ils entendaient des voix d’en haut qui les appelaient.

L’aide était enfin arrivée. Ayato poussa un soupir de soulagement.

Puis il entendit la voix hésitante de Kirin derrière lui. « Tu viens encore une fois de le faire, mais tu me caresses beaucoup la tête, Monsieur Amagiri. »

« Hein ? Oh, je suis désolé. Est-ce que ça te dérange ? » demanda Ayato.

Ce n’est probablement pas quelque chose que beaucoup de gens feraient à une adolescente, pensa-t-il.

Mais Kirin secoua la tête. « Non, mon père faisait ça. »

Elle avait l’air heureuse.

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