Gakusen Toshi Asterisk – Tome 2 – Chapitre 6 – Partie 3

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Chapitre 6 : La Menace dans le Brouillard

Partie 3

L’itinéraire principal de leurs parcours matinales était la route qui contournait tout le pourtour d’Asterisk.

À cette heure, la route était presque entièrement déserte. À l’occasion, ils passaient à côté d’autres élèves lors de leur course, mais à part cela, ils étaient entourés d’immobilité, et la ville en entier dormait encore.

En regardant le paysage urbain enveloppé par la brume matinale, Ayato avait l’impression de s’être retrouvé à errer dans un autre pays. S’il se tournait vers le lac, il ne pouvait pas voir plus de quelques mètres au loin. C’était comme si un monde différent se trouvait juste au-delà de sa vue.

Mais les pas légers de Kirin sonnaient à ses oreilles, et c’était une certitude rassurante complètement éloignée de l’humeur mystique du brouillard.

Comme ils couraient sans aucun problème le long du chemin au bord du lac, Ayato remarqua soudain une présence étrange. Quelqu’un, ou quelque chose les suivaient depuis longtemps.

Leurs poursuivants restaient à une distance fixe, ajustant apparemment leur rythme à celui d’Ayato et Kirin.

« … Monsieur Amagiri ? » chuchota-t-elle. Elle l’avait aussi remarqué, et elle avait légèrement ralenti pour qu’ils soient côte à côte.

« Je le sais. Nous ne sommes pas seuls, » Ayato avait fait un signe à Kirin de ses yeux, et tous les deux ralentirent leur rythme de façon spectaculaire.

Ils pouvaient sentir la légère perplexité chez la présence derrière eux.

« Il y en a quatre ? Non, cinq, » déclara Ayato.

« Oui… mais il y a quelque chose qui cloche, » Kirin fronça les sourcils avec méfiance. « Cette présence, ça ne ressemble pas à des individus vivants, mais… »

Alors qu’elle murmurait ces mots, ils avaient tous les deux cessé de courir. Cette fois, ce n’était pas intentionnel. La route devant eux était fermée.

« En construction ? Mais ce n’était pas là hier…, » déclara Ayato.

Ils n’avaient pas remarqué jusqu’à la dernière seconde à cause du brouillard épais, mais des panneaux interdisant l’accès avaient bloqué la route et le sentier piétonnier.

« On pourrait juste ignorer les signes et courir à travers ça. Qu’en penses-tu ? » demanda Ayato.

« Je ne pense pas que ce soit prudent avec une si faible visibilité. Et c’est peut-être un piège, » répondit Kirin.

La présence derrière eux s’était également arrêtée, tout en gardant leur distance fixe. Leurs poursuivants semblaient attendre de voir ce qu’ils allaient faire.

« Il y a un moyen de contourner… mais c’est comme si c’était aussi un piège, » déclara Ayato.

Directement en face de la route bloquée, il y avait encore un chemin à leur disposition : Sur leur droite se trouvait un grand parc entouré d’une haute clôture, dont l’entrée unique s’ouvrait de manière invitante.

« Je me demande lequel d’entre nous est la cible. Connais-tu quelqu’un qui voudrait te poursuivre, Kirin ? » demanda Ayato.

« Hum, eh bien, peut-être quelques-uns…, » elle est après tout la première dans le classement.

« Et toi, Monsieur Amagiri ? » demanda Kirin.

« Ouais, je peux aussi penser à quelqu’un, » déclara Ayato.

En disant cela, il pensait (naturellement) au visage d’Ernesta, mais il y avait quelque chose qui n’allait pas tout à fait avec l’idée qu’elle soit impliquée dans cette affaire. Mais pour l’instant, il n’avait pas eu le luxe de tout démêler mentalement.

« On pourrait se séparer, » suggéra-t-il.

« Nous saurions alors au moins qui est celui qu’ils recherchent, » ajouta Kirin.

Cependant, si les deux étudiants étaient pris pour cible, ce serait la pire chose à faire, car cela aurait pour conséquence de diviser inutilement leurs forces.

« Eh bien, pourquoi ne pas rester ensemble pour l’instant, » déclara Ayato.

« D’accord ! » Kirin avait l’air ravie pour une raison ou une autre.

« Alors la question est : de quel côté allons-nous… ? » Ayato s’éloigna en sentant un changement dans les présences derrière eux.

Peut-être à bout de patience, ils avaient commencé à se rapprocher.

Quand leurs poursuivants étaient à moins de dix mètres, Ayato avait compris ce que Kirin avait dit. Ils n’étaient pas humains. Cette présence était autre chose. Il envisageait la possibilité qu’il s’agisse de poupées, comme celles qu’il avait combattues auparavant, mais il pouvait sentir une petite quantité de prana de leur part.

Alors ce sont des Genestellas… ? Non, mais —

Ce qui était ressorti de la brume, c’était des créatures qu’il n’avait jamais vues auparavant.

Au premier coup d’œil, leurs formes évoquaient de grands félins, comme des tigres, mais au lieu d’être recouverts d’une fourrure, ils étaient recouverts de quelque chose qui ressemblait davantage à des écailles résistantes. Leur cou était long et leurs visages vicieux avaient l’air d’être reptiliens, avec des crocs aiguisés dépassant de leur bouche. La meilleure description qu’il aurait pu faire était qu’ils ressemblaient à des dragons sans ailes.

Ils étaient cinq, et ils étaient clairement hostiles envers Ayato et Kirin.

« Quel genre d’animaux sont-ils ? » se demanda Kirin.

« Eh bien, ce n’est rien que nous n’ayons là où j’ai grandi, » déclara Ayato.

Kirin baissa la tête. Elle n’avait jamais rien vu de tel non plus. « Mais ils sont plutôt mignons, non ? »

« Ouais, bien sûr. Attends, quoi ? » s’écria Ayato.

Ayato ne pouvait s’empêcher de la regardé avec surprise, et à ce moment-là, les choses qui ressemblaient à des dragons saisirent l’occasion de sauter sur eux.

« Whoa — ! » Il n’avait pas tardé à dégainer son épée et à l’activer. La lame de lumière avait émergé pour arrêter les griffes tranchantes du pseudo-dragon juste à temps.

Il poussa la bête massive loin de lui, et le pseudo-dragon s’était tordu en plein vol pour atterrir gracieusement sur ses pieds. Ses mouvements semblaient nettement félins.

« Monsieur Amagiri, vas-tu bien ? » demanda Kirin.

Il se tourna vers Kirin pour voir qu’elle s’occupait de trois créatures l’attaquant. Mais elle n’avait même pas dégainé son épée — elle les repoussait facilement avec le fourreau.

« Hein. Je suppose qu’ils ne sont pas trop durs ? » Ayato avait couru entre les griffes du premier attaquant alors qu’il se précipitait de nouveau sur lui. Il s’était dit qu’il pouvait gérer l’assaut même dans son état actuel, il n’avait pas semblé nécessaire de libérer son sceau.

Mais quand il avait déplacé légèrement son épée pour parer, elle s’était facilement enfoncée dans la patte avant de la bête. Il n’en croyait pas ses yeux. « Qu’est-ce que… !? »

La jambe coupée s’était émiettée et avait fondu comme du sirop — puis, au lieu de disparaître, elle s’était transformée en une masse gélatineuse translucide qui avait tremblé sur le sol.

La bête ne semblait pas du tout dérangée par la perte de sa patte, et pas une goutte de sang ne coulait de la blessure. La substance visqueuse était retournée à son moignon, puis s’était immédiatement régénérée en reformant une nouvelle patte sous leurs yeux.

« Comment est-ce possible… ? » Tandis qu’Ayato se tenait là, stupéfait, la seule créature qui était restée à l’arrière avait ouvert la bouche.

Le mana autour d’eux se précipita pour se rassembler dans sa gueule. Le feu avait jailli de la bouche du pseudo-dragon et tourbillonna dans une sphère.

« Oh, pas possible — ! » s’exclama-t-il.

C’était le même genre de capacité d’interaction avec le mana qu’avaient les Stregas et les Dantes.

La bête avait envoyé sur eux une boule de feu avec un rugissement grave, et Ayato l’avait déviée avec la lame de son épée.

Ce n’était rien comparé au pouvoir de quelqu’un comme Julis, mais il n’avait jamais imaginé que des êtres vivants autres que les humains puissent se relier au mana.

« Est-ce les mutants dont Claudia parlait… ? » pensa-t-il à haute voix.

Mais si c’était le cas, ces monstres auraient dû faire l’objet d’une conversation publique bien avant aujourd’hui. Ayato savait qu’Asterisk était une ville très éloignée du bon sens, mais il n’avait jamais entendu parler de créatures comme celles-ci.

Avec des grognements bas, deux des pseudo-dragons s’étaient glissés vers Ayato.

« Je ne veux pas les tuer si ce n’est pas nécessaire, mais… on dirait qu’on n’a pas vraiment le choix, » déclara Ayato.

Il n’en savait pas assez sur eux. S’il y allait doucement avec eux, ça pourrait empirer pour lui et Kirin.

Ayato leva son épée et la tint horizontalement tout en calmant sa respiration. Il avait ordonné à son prana, l’avait rehaussé, puis avait relâché ses forces pendant un instant.

Au même instant où deux des « dragons » se levèrent et se précipitèrent sur lui de chaque côté.

« Style Amagiri Shinmei, Première Technique : Ligne de Frelons ! »

À la vitesse de l’éclair, Ayato tourna autour des créatures, puis tourna le poignet et étendit son bras d’un féroce élan d’une main. Avec les deux créatures frappées sur le côté, elles lâchèrent des hurlements étranges qui semblaient à peine venir d’êtres vivants.

Mais leur corps avait fondu, tout comme cette patte coupée. Les flaques de liquide visqueux s’éloignèrent de lui d’un mouvement ayant une agilité inattendue, puis s’unirent à nouveau lentement — et en l’espace de dix secondes, les créatures s’étaient toutes reformées.

Ayato était tout simplement stupéfait de cette évolution. « Ne me dis pas qu’ils sont immortels… »

Dans ce cas, que pouvaient-ils faire ?

Si Julis était là, elle les réduirait en cendres. Il n’était pas sûr de ce qu’on pouvait faire avec une épée ordinaire.

Peut-être que si j’utilisais le Ser Veresta… ? se demanda-t-il.

Toutefois, cela signifierait briser complètement son sceau, et il devrait alors gérer la limite de temps. Ce n’était pas une décision à prendre à la légère.

« On dirait que les attaques par coupure ou par perçage sont inefficaces, » déclara Kirin avec anxiété. Elle se tenait maintenant avec son dos contre le sien. L’épée qu’elle tenait dans sa main était entièrement dégainée.

« Ce n’est qu’une supposition, mais ce sont peut-être vraiment des organismes ressemblant à un slime, et leur forme actuelle est quelque chose comme du mimétisme ? » suggéra Ayato.

« Je vois…, » répondit Kirin.

« Si on peut s’enfuir, alors c’est peut-être la meilleure option, » déclara Ayato.

Ayato était persuadé qu’ils ne pouvaient pas être facilement pris dans un jeu de loup, mais en même temps, courir à pleine vitesse dans ce brouillard serait risqué.

« Puis-je essayer quelque chose ? » demanda Kirin, alors qu’elle s’approchait presque fortuitement de l’un des pseudo-dragons.

« Quoi — ? » demanda Ayato.

La chose fit un grognement méfiant et menaçant, puis s’envola vers elle au moment où elle se trouvait à peine à sa distance de frappe.

« Je suis désolée, » chuchota Kirin calmement, puis elle évita l’attaque avec une légère torsion.

L’instant d’après, le pseudo-dragon avait été coupé en deux. Il hurla de la même voix sinistre, et son corps se fondit en slime.

Puis elle taillada la masse fondante avant même qu’elle ne tombe au sol. Son épée se balançait encore et encore, terriblement vite, la tranchant de plus en plus petite. Il faudrait décrire sa vitesse comme étant surhumaine.

Des morceaux de slime tombèrent au sol par douzaines et s’étendirent en des pseudopodes les uns vers les autres pour se reformer. Mais Kirin continuait à couper les morceaux en l’air et à en faire de plus petits morceaux encore plus petits.

Ayato avait constaté quelque chose de différent avec ces nouveaux morceaux. Il pouvait voir quelque chose de tout petit et de rond se tortiller à l’intérieur.

La sphère s’était déplacée de telle ou telle façon, échappant à ses attaques, mais à chaque coup, il y avait de moins en moins de slime pour se mouvoir à l’intérieur. Finalement, quand le morceau de slime avait été réduit à la taille d’un poing, la sphère n’avait nulle part où aller.

« … C’est fini, » s’écria Kirin.

La lame de Kirin clignota et la sphère avait été coupée en deux.

Au même moment, les flaques de slime qui se tordaient sur le sol s’arrêtèrent brusquement de bouger.

Apparemment, la sphère contrôlait le slime en lui-même.

Voyant ce qui s’était passé, les autres créatures avaient reculé, comme s’ils avaient peur.

« On dirait qu’ils ont une sorte de noyau. Espérons que cela les fera battre en retraite, » déclara Kirin comme si de rien n’était, et elle rengaina son épée. Pourtant, elle semblait triste d’une façon ou d’une autre.

« Comment peux-tu dire qu’ils avaient un noyau ? » demanda Ayato.

« J’ai remarqué quelque chose d’étrange dans le flux de leur prana. J’ai toujours été sensible pour ce genre de choses, » déclara Kirin.

Tous les Genestellas devaient être conscients de la façon dont le prana coulait dans leur propre corps. Cependant, voir comment le prana coulait à travers les autres était une tout autre histoire. Mesurer la quantité et le talent était une chose, mais être capable de sentir les moindres changements — c’était une capacité particulièrement spéciale.

« J’ai l’impression d’avoir appris une des choses qui te rend si forte, » souriant d’étonnement, Ayato ramassa les restes de la sphère coupée en deux.

Il ne pouvait pas dire précisément quel était le matériau, mais il s’agissait sans aucun doute d’un matériau inorganique. Alors, c’était manifestement fait par l’homme.

« Alors… Je suppose qu’Allekant est derrière tout ça, » avait-il fait remarquer.

« Allekant ? » Kirin avait l’air mystifiée.

« C’est une longue histoire, mais… Whoa ! » s’écria Ayato.

De loin, les autres pseudo-dragons avaient commencé à envoyer des boules de feu sur Ayato. En fait, tous les quatre ne visaient que lui.

Apparemment, ils avaient déterminé que puisque Kirin était trop forte, ils devraient se concentrer sur Ayato à la place. Eh bien, ils n’ont pas tort.

« Hé — attends ! … Augh ! »

Il n’avait plus le temps d’évaluer ses options. Il n’y avait pas d’autre solution maintenant. Je dois briser le sceau et…

Il avait fait un bon saut en arrière pour s’éloigner des créatures et avait atterri près de l’entrée du parc. Juste au moment où il était sur le point de concentrer son prana, une autre boule de feu s’était mise à voler vers lui.

Mais cette fois, il n’était pas dirigé contre lui.

Avançant clairement sur une trajectoire basse, la boule de feu avait explosé à ses pieds avec un faible boom. Les pavés en dessous de lui avaient commencé à se fissurer à partir du point d’impact.

« Qu… ? » Voyant que ce n’était pas bon, il avait automatiquement essayé de se mettre à l’abri — mais il était trop tard.

Quand il leva les yeux, une zone d’environ cinq mètres dans toutes les directions à partir de lui s’était enfoncée pour former un trou géant. Cette boule de feu n’avait pas pu s’attaquer aux fondations de la ville elle-même, ce qui signifie que le sol avait dû être affaibli à l’avance.

« Monsieur Amagiri ! » cria Kirin.

Kirin sauta dans le trou et lui tendit la main.

Ayato tendit également la main pour saisir la sienne. Il l’avait sentie le tirer vers le haut.

Kirin avait réussi à attraper le bord du trou de l’autre main, et elle s’y accrocha tout en le tenant.

« Vas-tu bien, Monsieur Amagiri ? » demanda Kirin.

« Oui, tu m’as sauvé juste à temps, » déclara Ayato.

Mais leur soulagement fut de courte durée.

Ils entendirent un bruit de craquement inquiétant, et le morceau auquel Kirin s’accrochait s’effondra impitoyablement.

Un abîme sombre les engloutit tous les deux, ne laissant derrière eux que leurs cris de panique.

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