Chapitre 4 : Dans une poursuite à chaud
Partie 2
Rem avait ouvert les yeux. La flamme des lampes autour d’elle scintillait. Elle avait essayé de bouger ses mains, mais elle s’était vite rendu compte qu’elle ne pouvait pas le faire.
— Suis-je attachée avec une corde... !? se demanda-t-elle.
Les bras et les jambes de Rem étaient attachés à un poteau en forme de croix, comme si elle avait été crucifiée.
« Qu’est-ce que... ? » s’écria-t-elle.
« Bien, vous êtes enfin réveillée..., » déclara une voix féminine.
En entendant une voix venant d’à côté d’elle, Rem s’était retournée pour trouver Lumachina pendue de la même façon qu’elle.
« Lumachina !? Qu’est-ce qui se passe... !? » demanda Rem.
« Je viens juste de retrouver mes esprits, donc je ne suis pas trop sûre..., » répondit Lumachina.
« ... Je vois, » répondit Rem.
Rem avait regardé autour d’elles. Le plafond était remarquablement haut, si bien que la lumière des lampes n’atteignait pas le plafond. Elles semblaient se trouver à l’intérieur d’une sorte de bâtiment en forme de cône. Ce bâtiment cylindrique avait un intérieur assez large pour accueillir une église entière à l’intérieur. Il y avait une plate-forme au centre de cet espace, où Rem et Lumachina étaient obligées de se tenir. Elles avaient été capturées par Batutta, qui semblait être impliqué dans une sorte de malédiction.
— Est-ce que cela signifie qu’il veut nous utiliser comme une sorte de sacrifice... ? Se demanda Rem.
Un frisson avait couru le long de sa colonne vertébrale face à cette idée.
Elles étaient entourées de lampes géantes dans toutes les directions, chacune avec des flammes vacillantes. Elle ne pouvait pas voir au-delà de ces lampes en raison de leur luminosité, mais leurs yeux s’y habituaient lentement.
Il y avait quelque chose qui bougeait. C’est à ce moment-là qu’elle avait pris conscience des bruits de respiration qui l’entouraient.
« ... Qu’est-ce que ça pourrait être ? » se demanda-t-elle.
« Je n’en sais rien, » la voix de Lumachina était ferme. « Mais j’ai un mauvais pressentiment... »
Rem concentra son regard au-delà de la lumière des lampes : une personne. Elle pouvait voir des ombres se déplacer en étant illuminées par les flammes. Elles étaient nombreuses, et apparemment de toutes les races différentes. Il y en avait beaucoup plus qu’elle ne le pensait.
— Et la majorité d’entre eux étaient nus.
« Qu... Qu... !? » s’écria Rem en état de choc.
« Hein ? Qu’est-ce qu’ils font !? » demanda Lumachina.
Les yeux de Lumachina semblaient aussi s’être ajustés quand à la luminosité — .
Il y avait une masse d’hommes et de femmes empêtrés l’un dans l’autre, assez pour couvrir toute la surface de la pièce.
Rem avait détourné les yeux. « ... S-Sont-ils... Est-ce qu’ils font... ce que je pense qu’ils font... ? »
« Qu’est-ce que vous entendez par là ? » Il semblerait que Lumachina était complètement inconsciente de ce dont elle parlait.
Les joues de Rem rougissaient. « ... Je ne peux pas vous l’expliquer... »
« Hein ? » demanda Lumachina, déconcertée.
Rem ne pouvait pas se résoudre à dire ce que c’était vraiment. Qu’est-ce qui se passait ici ?
Les respirations des individus d’ici devenaient encore plus frénétiques. Le bâtiment était rempli des gémissements des hommes et de la respiration lourde des femmes. Le son de la chair frappant la chair se mélangeait au bruit de la sueur et des fluides, et une odeur presque bestiale s’accumulait dans l’air.
Quelqu’un avait monté l’escalier jusqu’à l’autel...
Il s’agissait de Batutta.
Il portait encore des vêtements, ce qui avait apporté un minimum de soulagement à Rem. La fille qui l’accompagnait était presque entièrement nue.
« C-C’est... vous... !? » s’écria Rem.
Il s’agissait de Shiliu, la femme de chambre aux cheveux longs et noirs. Il n’y avait aucune trace de la tenue de bonne qu’elle ait autrefois porté, car rien ne couvrait sa poitrine ou sa taille, bien qu’elle portait encore un corset et des chaussures.
« Vous êtes si indécente ! » Les épaules de Rem tremblaient.
Batutta avait déplacé ses épaules en riant de tout son cœur. « Je vois que vous êtes enfin réveillées. Je me demandais ce que je ferais si le matin arrivait et que vous ne vous étiez pas encore réveillées. »
« Arg... Vous nous avez trompés ! » cria Rem.
« Si vous voulez détester quelqu’un, alors dirigez votre colère sur Lumachina. Elle aurait dû savoir qu’un sens de la justice entraînerait sa propre destruction, » répondit Batutta.
« Je suis désolée, Rem..., » déclara Lumachina d’une voix faible. « On dirait que je vous ai entraînée dans tout ça. »
« ... En aucun cas. Notre situation actuelle était mon erreur, et je suis désolée de ne pas avoir pu vous protéger, » déclara Rem.
Rem avait vécu beaucoup de choses pendant sa période de temps en tant qu’aventurière, mais elle tombait continuellement dans les pièges et les déceptions vis-à-vis des autres.
— Suis-je plus naïve que ce sur quoi je m’attendais ? Shera devrait être la seule stupide ici..., pensa Rem.
Avec cette pensée un peu dure qui flottait autour de sa tête, elle cherchait un moyen de s’échapper. Mais les liens sur ses mains et ses jambes étaient restés serrés, presque de façon impressionnante.
Rem avait serré ses dents. « ... Qu’est-ce que vous comptez faire de nous, Batutta !? »
« Eh bien, un rituel, » déclara Batutta.
« Hein... ? » s’exclama Rem.
« C’est un autel, comme vous pouvez le constater par vous-mêmes, » répondit Batutta.
« ... Vous êtes absolument vile, » cracha Rem.
« Je n’ai jamais vu un autel aussi répugnant que celui-ci, » poursuivit Lumachina. « Il s’agit d’un endroit plein de maléfices, n’est-ce pas !? »
« C’est comme vous le dites, » répondit Batutta d’un signe de tête. « Cet endroit n’est rempli que de “corruption”, » il semblerait qu’il n’avait plus l’intention de garder tout secret.
« ... Donc, c’est une malédiction...? » demanda Rem.
Batutta avait pris le pot que la servante tenait et il retira le couvercle. À l’intérieur, il y avait un liquide épais et noir-vert.
« Il s’agit du concentré responsable de la création de la Maladie de la Clochette de la Mort, » expliqua Batutta.
« Quoi !? » s’exclama Rem.
« En déversant cela dans le lac, la maladie s’installe dans une grande partie des habitants de la ville qui dépendent de son eau pour vivre ici. Ces gens viennent à l’église pour obtenir de l’aide, ce qui représente une somme importante de dons qui nous parviennent, » continua Batutta.
« ... Vous êtes méprisable, » Rem lui avait craché ces mots.
Lumachina n’avait pas pu se résoudre à parler. Elle semblait choquée de voir à quel point la personne en qui elle avait autrefois confiance était si dégénérée.
« Comment pensez-vous que ce concentré soit fabriqué ? » leur demanda Batutta.
« ... Comme si on le saurait, » répondit Rem.
« Ne pouvez-vous même pas deviner ? Il semble que vous manquez d’imagination, aventurière, » déclara Batutta.
« Mmph. »
Cette remarque l’avait énervée, d’autant plus qu’elle ne faisait que penser à la façon dont elle se faisait piéger beaucoup trop souvent. Batutta enfonça le couteau dans la plaie pour que cela devienne absolument exaspérant pour elle.
« Le concentré de la Maladie de la Clochette de la Mort est fait à partir de l’essence du mal. Et comment puis-je en obtenir facilement ? » Batutta avait laissé son regard errer dans la pièce. « Regardez-les... Comme des bêtes sauvages, n’est-ce pas ? Ces gens étaient autrefois des croyants pieux et fidèle. C’étaient des hommes au cœur pur et des femmes chastes, tous possédaient une foi profonde et un sens aigu de la justice. »
« ... Où voulez-vous en venir ? » demanda Rem.
« À la moindre poussée, les gens tombent si facilement, » il regarda les lampes autour de l’autel.
— Y avait-il quelque chose de mélangé avec l’huile des lampes... ? Se demanda Rem.
En se concentrant, elle sentit un doux parfum venant des lampes. Rem avait instinctivement cessé de respirer — mais il était impossible de rester comme ça.
Batutta étendit les bras, affichant une expression de l’extase pure sur son visage éclairé par les flammes des lampes.
« Adultère... Effusion de sang... La gourmandise... Quand les gens tombent, ils perdent leur divinité, et c’est là que naît cette essence même du mal ! » déclara Batutta.
« C-Cet endroit... est-il fait pour que les gens commettent le péché... ? » demanda Rem.
Rem avait regardé autour d’elle une fois de plus. C’était vrai qu’il y avait des gens qui faisaient d’autres choses que des rapports sexuels. Il y avait des gens obèses qui mangeaient de grandes quantités de nourriture laissée là jusqu’au point de vomir. Cela ne semblait pas être la première fois ; il y avait aussi des gens avec des instruments tranchants et cruels, qui se tenaient à côté d’autre personne et qui les frappaient.
« A-Arrêtez — ! » Mais comme Rem était liée à l’autel, elle ne pouvait rien faire.
« Ce... C’est juste... trop maléfique..., » murmura Lumachina.
Des larmes coulaient du visage de Lumachina. Cela avait dû être beaucoup plus un choc pour elle, ayant vécu une vie pure et innocente jusqu’à présent. Son corps tremblait.
« Reprenez-vous, Lumachina ! C’est le mal à l’état pur là ! Ce que votre sens moral vous dit ne se trompe pas ! Restez forte ! » cria Rem.
« Oh, mon Dieu... Dieu..., » marmonna-t-elle alors que les larmes coulaient de ses yeux.
Une faible lumière enveloppait son corps, comme lorsqu’elle priait.
Batutta haussa les épaules. « Selon mes recherches, plus la divinité d’une personne est forte lorsqu’elle chute, plus l’essence maléfique qu’elle crée est épaisse. Je devrais être capable d’en faire une formule beaucoup plus puissante. »
« ... Voulez-vous vraiment infliger la Maladie de la Clochette de la Mort à autant de gens ? » demanda Rem.
« Non, il n’y a qu’une seule personne après qui je suis vraiment..., » répondit Batutta.
« Une seule... ? » demanda Rem.
« Laminitus, » répondit Batutta.
Rem avait été choquée. Elle ne s’attendait pas à entendre le nom de la gouvernante de la Tour de Zircon.
« Cette femme est un danger, agissant toujours comme un obstacle pour moi. Elle semble aussi attraper lentement cette malédiction. C’est pourquoi je dois la faire venir sous les effets de la maladie, » déclara Batutta.
« ... Tout ça juste pour ça ? » demanda Rem.
« Laminitus ne boit pas l’eau du lac. Il semble qu’elle ne l’utilise que pour sa cuisine, mais il est plus difficile pour la malédiction de prendre effet comme ça. Si j’utilise une concoction beaucoup plus puissante, alors elle devrait enfin s’enraciner en elle, » expliqua Batutta.
« ... Et qu’arrivera-t-il aux citadins quand ils boiront l’eau ? » demanda Rem.
« Ils seront tous atteints de la maladie, très probablement. C’est à ce moment-là que nos prêtres les guériront — mais seulement s’ils paient d’abord les dons appropriés ! » Un sourire tordu était apparu sur le visage de Batutta.
« Pourquoi... ? Pourquoi commettre un péché si grave ? » Lumachina l’avait regardé avec les yeux imbibés de larmes. « J’ai entendu dire que vous étiez une personne pure et noble... Qu’est-ce qui vous est arrivé ? »
« Aimeriez-vous une sorte d’histoire de larmes à la con ? Est-ce que cela vous satisferait ? Voudriez-vous avoir quelque chose comme ma famille a été tuée, ou alors le fait que j’ai été trahie par un ami ? Ou peut-être menacé par les Déchus, quelque chose de ce genre ? Idiote, il n’y a aucune raison pour que les gens tombent. Les gens naissent comme des créatures pécheresses, pleines d’avarice, » répondit Batutta.
Comme elle le supposait en raison de ses actions, Batutta ne faisait plus partie de l’Organe Cardinal, mais cela n’avait plus d’importance, puisqu’il était un homme vil et détestable depuis le début. Penser qu’il répandait une malédiction qui ciblait les gens sans discrimination, tout cela pour l’argent et le pouvoir.
« Quelle que soit la vraie nature d’une personne, ce sont aussi ces mêmes personnes qui sont capables de se remettre sur le chemin de la justice ! » cria Lumachina.
« J’ai hâte de voir la Grande Prêtresse qui croit qu’elle est si haute et assez puissante pour me faire la leçon céder à la luxure et au désir... Apprends-lui ce qu’est le vrai plaisir, Shiliu, » ordonna Batutta.
« Hm-hm-hmm-hmm..., » un sourire séduisant était apparu sur le visage de la femme de chambre presque nue. « Est-ce que je peux la faire tomber moi-même ? »
« J’ai un visiteur qui viendra bientôt me chercher, je n’ai plus le temps de déconner ici. Ce n’est pas une personne facile à gérer, » répondit Batutta.
« On dirait presque que vous attendez un amant, Maître. Vous me rendez jalouse, » déclara Shiliu.
« Finis juste les choses ici. Je reviendrai te chercher après ça, » répondit Batutta.
« Oh, je ne peux pas attendre ! Que dois-je faire au sujet de la Panthérienne ? » demanda Shiliu.
« Elle est son esclave, donc nous pouvons l’utiliser pour le ralentir. Ne la tue pas, mais joue avec elle autant que tu le souhaites, » déclara Batutta.
« Compris, Maître, » répondit Shiliu.
La seule chose qui ressemblait à une femme de chambre au sujet de la femme presque complètement nue devant eux était la façon dont elle s’inclinait. Rem avait craché toutes sortes de malédictions auxquelles elle pouvait penser, mais elles avaient été ignorées. Fléchissant les doigts, Shiliu s’approcha de Lumachina, laissant échapper un soupir prolongé et sensuel sur ses lèvres.
« Ohh ~ ~... Je suis tellement excitée à l’idée de faire tomber une belle fille comme toi, » déclara Shiliu.
« Ne vous approchez pas ! » cria Lumachina
Les doigts blancs de Shiliu avaient saisi la poitrine de Lumachina sur ses vêtements. « Tu as un sacré gonflement ici, n’est-ce pas ? »
« Ngh !? »
« Et si sensible ! Tu parlais toujours comme une frigide, je pensais que tout ton corps était insensible quant à tout ça, » déclara Shiliu.
« S-Stop... Lâchez-moi ! » cria Lumachina.
« Bien que tu dises ça maintenant, une fois que tu auras goûté à mes caresses, tu me supplieras d’en avoir plus, » déclara Shiliu.
Elle avait révélé une longue langue pendante, d’une longueur si monstrueuse qu’il suffisait de se demander si elle était bien humaine. Il était plus long que n’importe quel nain, connu pour la longueur de leur langue, et avait l’air d’avoir atteint toute sa gorge.
« Hmm... Je lécherai les parties les plus profondes de ton corps..., » déclara Shiliu.
Shiliu se dirigea vers les vêtements de Lumachina, glissant une main le long de sa jupe et arrachant ses sous-vêtements.
« Eeeeek !? »
Soudain, le sol s’était mis à trembler.
Le bâtiment cylindrique s’était retrouvé dans un chaos épouvantable, alors que le sable ruisselait de haut en bas. Rem regarda vers le plafond.
— Un tremblement de terre... !? Se demanda-t-elle.
Il y avait une sorte de tumulte au-dessus d’eux. Puis, quelque part près du plafond, une porte s’était ouverte. Lumachina avait mentionné qu’il y avait quelque chose sous la ville... Cela voulait dire qu’ils étaient quelque part sous terre.
Rem avait le sentiment qu’elle savait ce qui allait arriver. Le désespoir qui s’était emparé de sa poitrine s’était dissipé, tout comme les nuages dans le ciel après la pluie.
« ... Diablo..., » murmura-t-elle.
Merci pour le chapitre.
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