Chapitre 3 : Aller dans la capitale (Encore)
Partie 1
Sylvie était retournée à la guilde des aventuriers. En mettant son travail de côté le matin, elle était apparemment débordée le soir. Elle avait également dit qu’elle devait interroger les trois personnes qu’ils avaient capturées.
Diablo rendit visite à un graveur habile que Sylvie lui avait recommandé, un nain appelé Rombert.
Un autre nain ?
C’était peut-être naturel. Les travaux nécessitant des doigts agiles étaient couramment effectués par des nains, bien que les artisans humains ne soient pas non plus rares.
« La Joaillerie de Rombert » était une structure en brique avec une porte métallique sur laquelle était gravé un subtil dessin. Diablo avait ouvert cette porte.
« Bienvenue ! »
Il avait été accueilli par une voix de femme. C’était une femme d’apparence un peu plus âgée, avec des lunettes et de gros seins. Les femmes naines étaient courtes, busquées, et avaient des oreilles et une queue de chien. Ses oreilles étaient triangulaires et de couleur marron, comme celles d’un shiba inu.
« Je cherche Rombert, » déclara Diablo.
« Ah, ça doit être moi. Comment puis-je vous servir ? » demanda la naine.
« Oh, un homme est venu faire ses courses ici ? Insolite…, » déclara un humain debout près du comptoir. Il n’y en avait pas beaucoup dans le quartier sud. C’était peut-être un client régulier ?
Diablo avait ignoré l’homme et avait sorti le Mythril éternel de sa poche, le plaçant sur le comptoir devant la commerçante.
« Je veux que tu t’occupes de cela, » déclara Diablo.
« Whoa, incroyable ! » dit Rombert, en remettant ses lunettes. « Est-ce que c’est réel ? »
« Si tu ne peux même pas toi-même le savoir, alors j’irai faire mes affaires ailleurs, » déclara Diablo.
« Non, non, c’est bon. Mais pour qu’un homme en apporte… est-ce pour une alliance ? » demanda Rombert.
Diablo reculait à l’intérieur, mais il restait sans expression à l’extérieur. Les Seigneurs-Démons ne pouvaient pas été gêné !
« Hm. »
« Mon Dieu ! Eh bien, félicitations ! » déclara la naine.
Pendant ce temps, l’habitué ne fixait pas le Mythril éternel, mais Diablo.
« Hm ? Hé, est-ce que tu… Pourrais-tu vraiment être... »
« Hm ? »
« … Diablo, le Héros !? »
« Argh… »
« Oui, il l’est bien ! Combien de démons avec des cornes sur la tête pourrait-il y avoir dans cette ville ? »
« Et si je le suis ? » demanda Diablo sombrement pour cacher sa gêne.
Cet humain était soit extraordinairement idiot, soit terriblement effronté, car il ne semblait pas remarquer le ton menaçant de Diablo et s’approchait du « héros » avec un sourire.
« Grâce à vous, les Déchus ne nous ont pas tous tués ! Toute la ville vous en est reconnaissante ! »
« Ah, hmm… »
Rombert, la graveuse, s’était elle aussi montrée enthousiaste. « Wôw ! Je ne pensais pas qu’un héros allait me donner du travail ! Attendez que les gens de chez nous entendent parler de ça ! »
Hé, c’est une information personnelle ! N’avez-vous pas entendu parler de la confidentialité ?
Les petites entreprises de ce monde ne semblaient pas se conformer à une telle éthique professionnelle.
Diablo soupira, se lamentant sur le fait qu’être un héros ne lui avait apporté que des ennuis.
« Je ne suis ici que pour discuter de ma demande. Quand sera-t-elle prête et combien coûtera-t-elle ? » demanda Diablo.
« Aww, je ne peux pas prendre l’argent du héros qui a sauvé la ville, » déclara Rombert avec un sourire. « Je vais mettre le reste de mon travail de côté et m’y mettre tout de suite. Tout sera prêt pour vous demain matin ! »
« Hm. »
… Hé, être un héros, c’est plutôt cool.
« Ehehe... » L’humain avait sorti une médaille de sous sa veste. « C’est une entreprise qu’un de mes amis dirige. Passez me voir si vous en avez l’occasion. Si vous leur montrez cette médaille, vous entrerez gratuitement. »
« Hmm ? »
Ayant été pauvre pendant si longtemps, « gratuit » avait attiré Diablo. Il accepta la médaille sans hésitation.
La médaille elle-même ne semblait valoir qu’environ une pièce de cuivre. Une sirène était dessinée en son centre et des lettres (que Diablo ne pouvait pas lire) étaient écrites sur sa circonférence.
« De quel type de lieu s’agit-il ? » demanda Diablo.
L’homme avait ricané, et avait chuchoté comme s’il partageait un secret : « Un café de filles-monstres. »
« … Qu-Qu-Quoi ? » Diablo fixa le visage de l’homme, abasourdi. Son sourire narquois donnait l’impression qu’il était comme un enfant qui raconte une sale blague.
« Mais c’est dans la capitale royale, » déclara l’homme.
« La capitale…, » répéta Diablo.
« C’est un endroit où l’on peut s’amuser au pays des rêves avec des filles monstrueuses. » L’homme avait balancé ses hanches avec souplesse.
« Dégoûtant ! » Rombert le gronda en fronçant les sourcils.
« Aww, allez. Je t’ai obtenu une commande de cet endroit, tu sais ? » déclara l’humain.
« Tu ne peux pas envoyer un client qui s’est présenté pour acheter une alliance dans un magasin comme ça ! » déclara la naine.
« Tu ne sais pas comment les hommes fonctionnent, Rombert, » déclara l’humain.
« … Un héros en plus ! »
« Les héros ont aussi des batailles à mener dans la chambre à coucher, » déclara l’humain.
Laissant les deux individus à leurs querelles, Diablo avait quitté la bijouterie, médaille en main.
Une fille monstrueuse au pays des rêves. Ça sonne tellement indécent !
Il était rempli de l’excitation qu’il ressentait lorsqu’il se tenait devant un nouveau donjon inexploré.
†††
Cinq jours après le festival du Nouvel An — .
La voiture avait fait un bruit de cliquetis en roulant sur la route. Diablo tenait les rênes avec Sylvie assise à ses côtés.
« Rombert n’est-elle pas une grande artisane ? » demanda Sylvie.
« Si on ignore à quel point elle est bavarde, » répliqua Diablo.
« En fait, elle est plutôt bavarde, tant qu’il n’y a pas d’alcool, » déclara Sylvie.
On ne peut pas la faire taire quand c’est le cas, hein.
« Je n’ai aucune plainte à formuler au sujet de l’artisanat. » Rombert lui avait en effet fabriqué une paire de magnifiques alliances.
« J’ai été très surprise quand vous avez décidé d’aller à la capitale dès que les alliances ont été faites ♪, » déclara Sylvie.
« Hmph… Cela n’a pas grand-chose à voir avec les anneaux qui sont terminés. D’ailleurs, c’est moi qui suis surpris ici. Je ne pensais pas que j’aurais un chef de guilde en même temps que le fourrage, » déclara Diablo.
Il s’était rendu à la diligence où il avait laissé sa voiture pour préparer les chevaux pour le voyage, mais Sylvie l’y attendait le lendemain.
« J’ai dit que je viendrais avec vous, n’est-ce pas ? » déclara Sylvie.
« Qu’en est-il de tes autres fonctions ? » demanda Diablo.
« Hmm… Je me suis dit que ce serait le bon moment pour habituer le nouveau au travail. L’avoir comme mandataire sera une bonne leçon pour lui, » déclara Sylvie.
« Comme mandataire ? » demanda Diablo.
« Oui, Émile, » déclara Sylvie.
« Cet idiot ? » demanda Diablo.
« Il est en fait assez rusé quand ça compte, vous savez ? » Sylvie sourit avec ironie.
« Cela ne fait pas de lui un bon candidat pour devenir chef de guilde, » déclara Diablo.
« Ahaha... Vous voyez, l’important, c’est la popularité, » répliqua Sylvie,
Diablo haussa les épaules, la popularité n’était pas un sujet de prédilection. Émile était souvent entouré par les membres de son groupe, et avait les compétences sociales nécessaires pour rassembler les gens.
« Je suis du genre à donner des instructions depuis les coulisses, » dit Sylvie, en regardant le décor. « Mais Émile est du genre à aborder les crises de front, et il a toujours ses amis avec lui. »
« Hm… »
« Il est un peu comme vous, en fait, » déclara Sylvie,
« Hmph… Je ne me rappelle pas avoir déjà dirigé des “amis”, » déclara Diablo.
« Vraiment ? » demanda Sylvie,
« Je n’ai besoin que de moi quand le moment est venu de me battre, » déclara Diablo.
Lorsque le démon Modinaram avait attaqué, il s’était senti à l’aise avec Sasara et Rose qui tenaient l’avant-garde. Mais elles n’étaient plus là maintenant. En fin de compte, tout dépendait de la situation, du moins c’est ce que pensait Diablo. Tout comme le temps et le terrain, il y avait un style de combat que l’on pouvait adopter avec l’avant-garde pour aider, et un style de combat pour quand on ne l’avait pas.
Pourtant, Diablo n’avait jamais pu comprendre ceux qui dépendaient des autres malgré leurs propres forces, qui disaient des choses comme : « Nous ne pouvons pas défier ce boss parce que le guérisseur n’est pas là » ou « Nous sommes en repérage dans un donjon, alors je veux avoir un éclaireur dans les parages. »
« Même si ce monde est construit sur la coopération, je travaille seul, » déclara Diablo.
« Mais je suis ici avec vous en ce moment, » déclara Sylvie.
« Je ne peux pas te faire confiance, » déclara Diablo.
« Ouah, grossier !? » Le visage de Sylvie était pratiquement ruiné par les larmes.
… Des larmes de crocodile.
C’est pourquoi je ne peux pas te faire confiance.
Diablo avait gratté l’une des oreilles de Sylvie avec ses doigts, afin de couper la conversation.
« Vous ne pouvez pas faire ça, Diablo ! » s’écria Sylvie.
« Faire quoi ? »
« Les oreilles sont très délicates ! » Les oreilles de lapin de Sylvie s’étaient mises à bouger avec excitation.
Les marcheurs avaient un excellent sens de l’audition. Leurs ancêtres avaient vécu dans les plaines et avaient développé les capacités de repérage et l’agilité nécessaires pour échapper aux grands prédateurs. Ils étaient également assez zélés lorsqu’il s’agissait de s’occuper de leurs oreilles.
Au-delà de cela, Diablo s’était demandé si c’était la première fois que quelqu’un le grondait depuis qu’il était venu au monde. Beaucoup de gens s’opposaient à lui, et beaucoup d’autres étaient en colère contre lui. Il avait dû faire face à des individus qui avaient mis sa vie en danger plus d’une fois… mais il ne se souvient pas d’avoir été grondé.
« Arrêtons-nous pour le déjeuner, Diablo ♪, » déclara Sylvie.
« Déjeuner ? C’est beaucoup trop tôt…, » déclara Diablo.
« Il y a une rivière là-bas, et le temps est si beau. J’ai envie de manger quelque chose de vraiment bon, » déclara Sylvie.
« Hm. »
Ce n’est pas comme s’il avait prévu de voir le roi. Au contraire, l’échoppe dont il avait entendu parler l’intéressait et il avait décidé d’aller y faire un tour. Ainsi, il s’était donné beaucoup de mal pour visiter la capitale royale. Il n’était pas pressé d’y aller, alors il avait arrêté la voiture comme Sylvie l’avait demandé. Elle avait pris les ustensiles de cuisine à l’arrière en descendant.
« Je vais alimenter le feu, alors allez chercher de l’eau pour la marmite ! » déclara Sylvie.
Je dois aussi aider… ?
Lorsqu’il était avec Rem et Shera, ils avaient généralement de la viande séchée et des fruits. Ils faisaient même parfois de la soupe, car Rem connaissait suffisamment la magie élémentaire pour allumer un feu, si bien qu’il finissait toujours par les regarder fixement pendant qu’elles travaillaient. La seule fois où il s’était occupé de cuisine, c’était dans son donjon personnel.
Sur les instructions de Sylvie, il avait lavé la marmite en fer dans la rivière, puis il l’avait reprise dans l’eau. Lorsqu’il était revenu, Sylvie avait déjà fabriqué un simple four avec quelques briques.
« Merci, Diablo ! » Elle sourit. « Ensuite, j’ai besoin que vous fassiez la vaisselle. »
« … Hmm. »
merci pour le chapitre
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