Chapitre 5 : Legatus Legionis (1)
Table des matières
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Chapitre 5 : Legatus Legionis (1)
Partie 1
« Le sort en est jeté. » « Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. » « Toi aussi, mon fils ! ? »
Elles étaient toutes des citations célèbres de Jules César.
Bien que le nom de César devint plus tard la source étymologique de « kaiser », qui signifie empereur, Jules César lui-même n’était pas monté sur le trône de son vivant. Sa dernière position était « dictateur à perpétuité ».
César était né en 100 avant Jésus-Christ.
Il était issu d’une famille patricienne, mais dont la richesse et l’influence étaient limitées.
Ce n’était pas encore un empire à l’époque, la Rome antique approchait de la fin de son ère républicaine. C’était une grande nation prospère, avec des frontières en expansion et de vastes territoires. En quête d’un pouvoir encore plus grand, ceux qui étaient au pouvoir avaient continué à s’engager dans des luttes politiques et des luttes internes.
C’était le genre de scène politique dans laquelle César était entré.
Au fil des décennies, il était passé du statut de jeune homme politique sans rien de particulier, si ce n’est qu’il était devenu consul de la République romaine et gouverneur de la province de Gaule.
Il avait réussi, en tant que commandant militaire, à réprimer les rébellions en Gaule, à vaincre les rivaux politiques sur le champ de bataille et à exercer une autorité inégalée à l’intérieur des frontières de Rome.
Finalement, Jules César avait obtenu la position de dictateur.
Malheureusement, il avait été assassiné à l’âge de cinquante-six ans après avoir posé les fondations du futur Empire romain.
Son héritier, Octave, devint le premier empereur, se faisant passer pour Augustus — .
On pourrait appeler César un politicien et soldat rare, mais il n’était clairement pas un personnage aussi « simple ».
Un grand orateur, excellent auteur de proses, maître stratège, populaire auprès du peuple, charmant, effronté...
Une fois, lorsqu’il avait été kidnappé par des pirates, il s’était même plaint qu’ils demandaient une rançon trop faible.
Il avait accumulé des dettes massives équivalentes au budget de la défense d’un pays et cela n’avait jamais pesé sur sa conscience. Ce n’était qu’après plus d’une décennie d’ascension qu’il avait finalement remboursé toutes ses dettes.
La rumeur disait qu’il avait couché avec les femmes d’un tiers des sénateurs romains.
La perte de cheveux accompagnant l’âge avancé était l’une des choses qui le troublaient le plus.
Les soldats de l’armée de César surnommaient aussi leur commandant « le coureur de jupons ». César l’avait accepté en riant, cultivant une sorte de camaraderie entre lui et son armée.
En tout cas, César n’était ni un saint ni un homme noble d’esprit.
Avançons rapidement jusqu’à l’année 1998 à la fin du XXe siècle. Après une contemplation attentive, Jules César avait déclaré solennellement : « Il est peut-être temps que je me décide à passer à l’acte chirurgical. Qu’en dites-vous ? »
« L’allure de Votre Excellence est devenue notre symbole national et cela inclut vos cheveux qui se dégarnissent. Ne vous abaissez pas à tricher avec des méthodes telles que la transplantation de cheveux. »
L’officier d’état-major de César avait averti le généralissime qui vérifiait ces rares cheveux avec un miroir à la main.
Ils se trouvaient sur l’île de Lantau à Hong Kong, une partie du territoire de l’Empire romain oriental.
Leur emplacement comprenait le fort tutélaire de l’armée romaine et le Centre de commandement de la région administrative de l’Asie de l’Est.
Tous les deux parlaient dans le bureau du commandant appartenant au généralissime César. Chaque année, il passait un tiers de son temps à Hong Kong, un autre tiers au Japon, le reste étant réparti sur d’autres lieux.
Alexis Yang, un membre de l’état-major militaire, parlait à César.
Le nom chinois de cet homme était Yang Zhongda. Trente-quatre ans. Son apparence mince pouvait être considérée comme belle et gracieuse, mais les poils du visage autour de sa bouche et de son menton avaient contribué à une impression de sauvagerie.
« Mettez ça de côté, écoutez d’abord un rapport sur la rébellion au Japon. »
Yang avait projeté une image. C’était un maître noétique. Une carte du Japon Impérial leur avait été présentée, ainsi qu’un rapport sur l’Alliance pour la Restauration.
« L’Alliance pour la Restauration est formée par des loyalistes autoproclamés qui s’inquiètent pour leur pays... Le fief Kinai n’est rien d’autre qu’une marionnette, tandis que l’Empire Britannique joue un triple rôle de cerveau, de soutien et de fournisseur de troupes de combat, » déclara Yang.
« La cible de la Grande-Bretagne est Seigneur Tenryuu, la Bête Sacrée du Japon, n’est-ce pas ? » demanda César.
« D’après les rumeurs, les Bêtes Sacrées en Angleterre ne vivront plus longtemps. Votre supposition pourrait très bien être correcte, » répondit Yang.
Les ressources naturelles comme le pétrole et les métaux précieux étaient souvent à l’origine de conflits internationaux.
Et les Bêtes Sacrées divines étaient les sources des pouvoirs mystiques. La possession de puissantes puissances mystiques avait permis aux pays d’assurer la richesse, la prospérité et la force militaire. C’était ainsi que le monde moderne fonctionnait.
En adhérant à cette règle d’or, l’Empire romain d’Orient avait réussi. À défaut, l’Amérique était tombée dans le déclin.
La priorité absolue d’un État impérialiste était d’assurer la bénédiction continue des Bêtes Sacrées.
« La proposition de l’Alliance pour la Restauration de “réformer le Japon Impérial en partant de l’ouest et en sauvant l’impératrice” semble susciter des réactions favorables de la part des fiefs occidentaux du Japon. Peut-être souhaitent-ils rejouer la restauration meiji où Satsuma et Chōshū ont repris la cour impériale, » Yang avait étendu son index et avait dessiné un cercle du côté ouest du Japon sur la carte.
Là-bas, il y avait les régions de Kyūshū, Chūgoku et Shikoku. Yang était un expert de l’Extrême-Orient et connaissait bien les affaires et l’histoire du Japon.
« L’Alliance se rassemble derrière un slogan : “L’impératrice doit être débarrassée de l’influence corrompue de César et l’armée romaine de l’Est doit être expulsée des îles du Japon”, » déclara Yang.
« Ça me dit quelque chose, » déclara César.
« Ils lèvent une bannière de grande justice, comme un certain César l’a fait dans le passé, » déclara Yang.
Il y a dix ans, il y avait eu des bases militaires américaines réparties sur les îles du Japon.
Condamnant l’armée américaine pour « ingérence injuste dans les affaires intérieures de l’allié de Rome, le Japon, et portant atteinte aux droits de l’impératrice japonaise », César avait conduit une armée de mille Légionnaires à marcher sur le Japon. Se présentant comme le protecteur du Japon et de l’impératrice, il avait vaincu les forces américaines en garnison au Japon.
En tant que conquérant triomphant, César était devenu le véritable souverain du Japon, à l’exception de son nom.
C’était identique à la façon dont il était devenu l’amant de la reine Cléopâtre et le conquérant de l’Égypte bien avant l’ère actuelle.
« Au fait... » César avait soulevé un point de doute : « Il y a dix ans, j’ai gagné la confiance des conseillers de l’impératrice en place et du Fief de Kantō, qui m’a ensuite invité à diriger une force expéditionnaire au Japon. Aujourd’hui, l’Empire Britannique souhaite utiliser la même méthode... Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi le fief Kinai est prêt à les aider. »
« Si mes impressions sont exactement, » dit l’officier d’état-major yang en accord. « Je ne serais pas surpris si c’était Kyūshū ou Shikoku qui aidait les Britanniques puisque ces fiefs ont gardé leurs distances de Rome et de la famille impériale actuelle. Cependant, le gouverneur général du fief de Kinai... Je me souviens qu’il est censé avoir de l’aversion pour Rome et de la haine pour la Grande-Bretagne. »
« De plus, c’est un type têtu qui n’écoute jamais les conseils. » César avait souri avec amusement. Il avait rencontré les douze gouverneurs généraux qui servaient comme seigneurs régionaux du Japon et connaissaient bien leur personnalité. « S’il était le patron égoïste d’une société à l’ancienne, il aurait une chance de briller dans le monde des affaires. »
« Dans ce cas, pourquoi laisserait-il les Britanniques aux commandes ? » demanda Yang.
« Peut-être que quelqu’un a utilisé une sorte de magie pour faire fondre le cœur têtu du gouverneur général de Kinai, instillant de chaleureux sentiments d’amitié pour la Grande-Bretagne, » déclara César.
« Magie, hein ? Cela semble particulièrement convaincant venant d’un gars qui est mort il y a deux mille ans, » avait répondu l’officier d’état-major yang à la blague de son commandant.
Après tout, dans cette époque moderne où les Légionnaires, les bêtes de rétention, les esprits et d’autres êtres mystérieux jouaient un rôle actif, il était souvent nécessaire de poser « ce genre de possibilité ».
« Le lanceur de sorts n’est pas forcément un maître noétique. Ce n’est pas le genre de miracle qui peut être accompli par des maîtres ordinaires de niveau humain. Il est impossible pour les esprits et les bêtes de rétention, parce que ces choses ne comprennent pas les subtilités du cœur humain. Les compétences de haut niveau de “contrôle de l’esprit” sont au-delà d’eux, » le maître noétique et officier d’état-major de l’armée romaine avait analysé de sa propre initiative.
En passant, il n’était qu’un maître noétique à mi-chemin. Le mieux qu’il pouvait accomplir était « d’utiliser la noèse pour tromper les cibles avec des illusions » comme un ninja japonais.
« Une telle capacité ne serait-elle pas une spécialité des pairs de Votre Excellence, les ressuscités ? » demanda-t-il.
« Bien sûr, nous sommes capables de beaucoup d’exploits surnaturels, mais ce genre de choses nous dépasse aussi, » avait répondu César en haussant les épaules.
« Êtes-vous bien au courant, oui ? Nos Exploits d’Armes... sont purement des capacités à prendre les réalisations illustres de nos vies passées et à les reconstituer dans le présent. Ils sont inutiles en dehors du champ de bataille, » déclara César.
« Alors la magie est hors de question ? » demanda Yang.
« Il serait prématuré de tirer des conclusions hâtives. » Faisant un clin d’œil à l’officier d’état-major yang, César avait dit : « Elles ont toujours été celles qui ont apporté au monde de toutes nouvelles puissances mystiques. Quand ces femmes priaient les Bêtes Sacrées exaltées pour “des armes afin de leur permettre de protéger leurs nations”, les Bêtes Sacrées leur accordaient des Légionnaires. Quand elles avaient prié pour des “héros victorieux”, nous avons été ressuscités. »
L’homme dont le nom était devenu synonyme d’empereur avait souri avec confiance. « Dans ce monde, les Bêtes Sacrées sont prêtes à écouter les demandes égoïstes et personnelles de certaines personnes. »
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Partie 2
Aujourd’hui, nous nous trouvions le troisième jour depuis l’arrivée des forces britanniques à Suruga.
Le premier jour, Tachibana Masatsugu avait sauvé la vie de la princesse Shiori et avait pris le contrôle d’un Kamuy pour pouvoir riposter. Le deuxième jour, Masatsugu avait mené soixante-quatre Kamuys afin de vaincre une armée de Croisés.
Et nous nous trouvions le matin du troisième jour. Nous étions un dimanche.
Vers 7 heures du matin, Masatsugu s’était rendu au terrain de sport du lycée Rinzai. Shiori était là, sur le côté.
La lumière du soleil rafraîchissante illuminait le monde. L’air du matin était frais et revivifiant.
« Masatsugu-sama, dirigez les noesis indisciplinées dans votre cœur et façonnez-le en soldats, en leur ordonnant de se matérialiser... C’est ainsi que les Légionnaires sont convoqués. Le mot “Légionnaire” est le sens même de cette armée ou Légion, » Une Shiori bien éduquée lui donnait des explications.
« Du Nouveau Testament de la Bible... L’évangile de Marc, en avez-vous entendu parler ? Quand Jésus a demandé à un groupe d’esprits maléfiques de se nommer, ils ont répondu : “Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux”. Nos Légionnaires sont basés sur le même principe. Ce sont des armées simultanées et des formes de vie singulières au sein d’une Légion. Et ce qui donne naissance aux Légionnaires, c’est précisément les noesis des Chevaliers. »
Masatsugu avait compris. Après ça, il avait dû le mettre en pratique.
Il avait concentré son esprit sur le vaste ciel. Un pouvoir informe et incolore avait naturellement surgi depuis les profondeurs de son âme, s’étendant au-dessus de lui.
En d’autres termes, c’était les noesis ainsi que la volonté et les pensées de Masatsugu.
Tous les Chevaliers avaient convoqué les Légionnaires de la même manière, mais à des fins d’illustration, prenez la quantité de noesis libérées par Akigase Rikka pendant l’invocation comme exemple...
Et vous verrez qu’il y en avait moins d’un cinquième de ceux produits par Masatsugu.
Les Ressuscités étaient des guerriers qui avaient vécu dans le monde antique, accumulant d’innombrables victoires illustres sur les champs de bataille infernaux.
Les Chevaliers modernes ne pouvaient pas du tout espérer leur tenir tête.
« Puis, en utilisant l’Appellation que vous détenez, donnez une forme définitive aux noesis, » déclara-t-elle.
Ces Appellations étaient nées lorsque des Bêtes Sacrées avaient insufflé la vie à des noms symbolisant des exploits martiaux immortalisés dans les légendes.
Par exemple, Zuihou et Onikiri Yasutsuna avaient été créés par Seigneur Tenryuu, la Bête Sacrée du Japon.
Par conséquent, en les utilisant, on manifesterait les Légionnaires conférés par Seigneur Tenryuu, à savoir, les Kamuys...
« Pour les Ressuscités comme vous, Masatsugu-sama, leurs propres noms peuvent être utilisés directement comme Appellations, » avait dit Shiori à Masatsugu. « Plutôt que de se manifester sous la forme d’une Appellation, le nom symbolisant les Exploits d’Armes renaît comme un être humain vivant — c’est le genre d’être que vous êtes, les Ressuscités. »
« Mais Princesse, je ne connais pas mon vrai nom, » répondit-il.
Masatsugu avait été convoqué dans le monde humain par le Seigneur Tenryuu, une Bête Sacrée. S’il utilisait son nom perdu pour invoquer les Légionnaires, une grande armée de Kamuys devrait sûrement apparaître.
« Utilisez Izumi-no-Kami Kanesada que je vous ai donnée hier. Comme cette Appellation est aussi un nom dans lequel mon grand-père a insufflé de la vie, il pourrait être capable de convoquer des Kamuys, » répondit la princesse.
« Je vois. » Masatsugu avait pris l’épée japonaise à ses pieds et avait dit : « Mon Appellation d’Izumi-no-Kami Kanesada, je convoque une armée en ton nom. »
Il ne s’était rien passé. La grande quantité de noesis libérée par Masatsugu était restée suspendue dans le ciel.
« Cela ne fonctionne toujours pas…, » déclara-t-il.
En fait, ils avaient fait des expériences jusqu’à tard dans la nuit d’hier.
Masatsugu et Shiori étaient venus sur le terrain de sport du lycée Rinzai, mais il n’avait pas réussi à convoquer un seul Légionnaire. C’est pourquoi ils avaient décidé de réessayer le matin.
« Cette méthode ne fonctionne pas non plus... Nous devons trouver une autre solution. » Avec un regard troublé, Shiori avait dit : « En tout cas, retournons au dortoir pour le petit-déjeuner. »
Tachibana Masatsugu était un Chevalier — et un Legatus Legionis qui était revenu des enfers.
Son compagnon Ressuscité, Jules César, commandait plus de mille Légionnaires, mais Masatsugu ne pouvait même pas en convoquer un.
Ils ne savaient pas pourquoi c’était le cas alors qu’il avait clairement été capable de contrôler les Kamuys de Rikka.
Maintenant que les soixante-quatre Kamuys étaient déjà retournés sous le contrôle de Rikka, Masatsugu n’avait pas un seul soldat à utiliser.
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L’emplacement de l’histoire s’était maintenant déplacé vers le salon principal du Dortoir du Lys Noir, exclusivement réservé à l’usage de la princesse.
Il était 8 heures du matin le dimanche. En raison de la loi martiale en vigueur dans la ville de Suruga, personne n’était d’humeur à profiter de ce jour de congé.
L’atmosphère dans la ville était tendue, même si ce n’était pas une situation d’urgence.
Le Japon, la Grande-Bretagne et Rome orientale étaient tous signataires de la Charte de la Chevalerie. Ces règles d’engagement international, à l’instar des règlements sportifs, interdisaient strictement aux forces armées d’attaquer des zones au-delà d’un certain seuil de population. Plutôt que de fuir imprudemment, il serait plus sûr de rester dans sa propre maison dans la ville en attendant la fin du conflit.
C’était l’une des raisons pour lesquelles la situation était relativement stable.
« Je suppose que beaucoup de personnes... se souviennent des scènes à l’époque où le Seigneur César a traversé le Japon avec son armée de mille Légionnaires, » remarqua tranquillement la princesse, après avoir rassuré la veille les élèves de l’internat.
Masatsugu et Hatsune étaient également présents. Rassemblé dans le salon de conversation, le trio prenait leur petit-déjeuner. Le menu comprenait de la salade verte, un consommé de légumes en tant que soupe, des tomates grillées, du poulet fumé et des œufs durs.
Il y avait aussi du thé noir, des toasts et du yogourt.
Se trouvant sur la table était un petit-déjeuner occidental avec une alimentation équilibrée.
« Après tout, le Seigneur César aime particulièrement ses grandes entrées, » Shiori s’était amusée à se moquer du vrai dirigeant du Japon. « Après la défaite des Américains, il n’avait pas besoin de visiter toutes les régions du Japon. Il a fini par mener personnellement une expédition de Hokkaidō à Okinawa... En envoyant délibérément des Centurias pour traquer l’armée américaine, il a montré sa puissance aux citoyens japonais. »
Le Centuria était le pilier des Légionnaires de l’Empire Romain d’Orient.
« On disait à l’époque qu’il étudiait la Charte de la Chevalerie avec enthousiasme pour éviter que les combats n’affectent la population japonaise. Même les journaux et la télévision ont fait des reportages spéciaux à ce sujet…, » continua la princesse.
Dans tous les cas, dans la Rome antique, avant que César n’atteigne sa position d’autorité...
Ses dettes étaient astronomiques. Et l’argent qu’il avait emprunté avait été dépensé pour s’habiller à la mode, offrir des cadeaux aux femmes, organiser des parades personnelles ou des matchs de gladiateurs pour le grand public, gagnant ainsi en popularité, etc., toutes les dépenses qui effectuaient auraient fait froncer les sourcils à toute personne décente en entendant parler d’elles.
« Je me souviens aussi. J’ai vu ces reportages quand j’étais jeune, » déclara Hatsune. Elle, la dame d’honneur, prenait également le petit-déjeuner à table.
Se comportant naturellement lorsqu’elle était assise à la même table que la princesse, même en mangeant des toasts recouverts de beurre et de confiture, il était évident que Hatsune n’était pas un personnage ordinaire.
Cependant, la fille du clan Tachibana avait soudain regardé Masatsugu et avait demandé de façon suspecte : « Onii-sama, cela me dérange depuis un certain temps déjà. Il est clair que tu sois un jeune homme en pleine forme, mais pourquoi ton appétit est si petit ? »
« C’est vrai, tu as raison, » répondit-il.
Masatsugu passait normalement par sa routine matinale dans le dortoir des garçons, mais depuis l’emménagement de Shiori, il venait toujours au Dortoir du Lys Noir tôt le matin pour faire des tâches dans le dortoir et remplir son devoir de garde du corps. De plus, pendant le petit-déjeuner avec les filles aujourd’hui, il n’avait mangé qu’une salade (sans vinaigrette), un œuf dur (avec seulement une pincée de sel), une tranche de pain grillé (nature) et une tasse d’eau.
Personne ne savait ce qu’était l’avenir, mais au moins pour l’instant, la ville de Suruga n’avait aucun problème de pénurie alimentaire.
Masatsugu n’avait pas été forcé par les circonstances quant à son alimentation. C’était son appétit habituel de tous les jours depuis ces deux ans.
« Je n’ai pas l’habitude de manger trop de nourriture délicieuse, alors ça suffit pour moi, » continua-t-il.
Il sentait que quelque chose à l’intérieur de lui s’empatterait s’il s’habituait à manger des repas complets.
Inexplicablement, c’était ce que Masatsugu avait toujours ressenti. C’est alors qu’une idée lui était venue à l’esprit. C’était peut-être parce que tout simplement, il n’était pas une personne moderne, mais une personne venant d’une ère antérieure.
Cependant, il ne pouvait toujours pas se remémorer de ses souvenirs passés ou de son véritable nom.
Il était fort possible qu’il ait vécu à une époque de famine ou qu’il soit originaire d’un pays appauvri.
Masatsugu avait réfléchi à diverses possibilités pendant que Hatsune le regardait attentivement.
« Je n’ai jamais pensé que tu étais devenu Chevalier avant de perdre la mémoire, Onii-sama. J’étais tellement surprise. Tu as même hérité d’une appellation liée au Shinsengumi, » déclara Hatsune.
« Désolé de te l’avoir dit si tard. Je ne l’ai découvert qu’hier pour ma part, » répondit-il.
Après la bataille d’hier, c’était à ce moment-là que Masatsugu avait expliqué une partie de l’histoire à Hatsune.
Masatsugu n’avait pas révélé la vraie raison pour laquelle il était capable de contrôler les Légionnaires. Peut-être qu’un jour, il devrait dire à Hatsune « nous ne sommes pas liés par le sang et je ne suis pas de l’ère moderne ». Cependant, cela pourrait certainement attendre jusqu’à ce que la situation soit réglée.
« Dis, Onii-sama, donc ton appellation n’est pas celle-là, hein…, » demanda Hatsune.
« Celle-là ? » demanda Masatsugu en réponse au murmure de Hatsune.
« Celle qui a secrètement été transmit notre famille Tachibana. Je pense qu’il est toujours sous la garde des anciens. C’est un trésor que chaque citoyen japonais connaît, » répondit Hatsune.
À ce moment-là, ils avaient entendu la sonnette de l’entrée. Un visiteur était manifestement arrivé.
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« Votre Altesse, pardonnez-moi d’avoir fait une visite à l’improviste. »
La visiteuse avait été emmenée dans la salle de réception du Dortoir du Lys Noir.
Il s’agissait de la Chevalière Akigase Rikka. Elle était vêtue d’un uniforme d’officier militaire noir avec une épée japonaise accrochée à la taille.
Naturellement, Shiori était l’hôte. Masatsugu était présent en tant que « chevalier de la princesse » tandis que Hatsune aidait en tant que dame de compagnie en servant du thé vert à leur invitée.
« ... »
Masatsugu observait l’épée japonaise de Rikka plutôt que sa personne.
L’épée était dans son fourreau, mais exsudait encore une puissante aura de noesis comme il sied à une lame de grande renommée. Masatsugu pouvait dire que l’épée était égale à sa propre épée Izumi-no-Kami Kanesada.
En les jugeant simplement comme des épées, Rikka avait probablement plusieurs grades supérieurs.
Cependant, leurs exploits et leurs réalisations respectives étaient comparables... Simplement dite, puisqu’Akigase Rikka avait hérité d’une telle épée, elle était de toute évidence une générale talentueuse.
D’ailleurs, après la bataille d’hier, Masatsugu avait accompagné Shiori pour rencontrer Rikka.
« Voici Tachibana Masatsugu-sama. Pour certaines raisons, il n’a pas encore reçu la Confirmation de Chevalier... Mais c’est dans tous les cas un véritable Chevalier et mon officier d’état-major personnel, » déclara Shiori.
« Oubliez le nom de Hijikata. C’était simplement un stratagème de commodité utilisé en cas d’urgence, » avait-elle continué.
C’était donc ainsi que Shiori avait introduit Masatsugu, qui avait contrôlé les Légionnaires afin de les faire se battre sur le champ de bataille.
Après cela, Rikka avait invoqué son autorité en tant que Chevalière officielle pour effectuer une reconnaissance simplifiée de la Confirmation de Chevalier sur Tachibana Masatsugu. Avec cela, Masatsugu pouvait maintenant porter ouvertement Izumi-no-Kami. Autrement, il était interdit aux civils ordinaires de porter des épées et des lames.
« A-Au fait, V-Votre Altesse, » après avoir échangé des plaisanteries avec Shiori, la dame Chevalière avait jeté un coup d’œil à Masatsugu et avait dit avec un peu de bégaiement.
« Puis-je... Serait-il possible pour moi d’avoir un bref entretien avec lui ? En tant que Chevalière, je suis curieuse quant à certaines choses, » avait-elle continué.
« Très certainement. Allez-y, Masatsugu-sama, » accepta la princesse.
« Compris, » répondit Masatsugu.
Face à l’insistance de Shiori, Masatsugu s’était placé devant Rikka.
La courageuse dame Chevalière était incroyablement embarrassée, trop timide pour établir un contact visuel avec Masatsugu alors qu’il était clair que c’était elle qui était venue leur rendre visite en cette période d’urgence.
À la fin, ils s’étaient assis tous les deux face à face sur le canapé de la salle de réception sans avoir d’autres personnes directement à côté d’eux.
Rikka avait toussé sèchement et avait dit lentement : « Hijikata-dono, merci beaucoup pour hier. »
« Je m’appelle Tachibana, » répondit-il simplement.
En la voyant s’adresser à lui avec le nom de convenance, Masatsugu l’avait donc instantanément corrigée.
« E-Excusez-moi, Hijikata-dono, » elle s’était à nouveau adressé à lui ainsi.
« Je m’appelle Tachibana, » répéta-t-il une fois de plus.
« ... Je vois, vous insistez pour le nier ? Eh bien ! Tachibana-dono, il y a une question que j’aimerais vous poser. Est-ce que les personnes disent souvent que vous êtes aussi beau qu’une célébrité ? » demanda Rikka.
Rikka avait posé une question très étrange. N’a-t-elle pas dit qu’elle voulait une conversation entre Chevaliers ?
De plus, son expression semblait indiquer qu’elle était très nerveuse. Cette jeune fille au titre honorifique de « Chevalière Princesse de la Maison Akigase » se comportait comme une petite fille timide devant Masatsugu.
Masatsugu ne savait pas ce qui se passait, mais dans tous les cas, il avait répondu. « Oui, quelqu’un l’a dit récemment. »
« Je le savais... Alors que pensez-vous de la poésie haïku ? » demanda Rikka.
« Je suppose que je les aime beaucoup. C’est juste que je n’ai pas le talent pour les écrire, » répondit Masatsugu.
« Je le savais ! » s’écria Rikka.
Masatsugu devint de plus en plus confus face à ce qui se passait là... Comment cette fille savait-elle que les haïkus qu’il avait écrits en classe de japonais étaient terribles ? C’était totalement inexplicable.
En revanche, Rikka semblait assez excitée par cet échange. Elle s’était empressée de demander : « Eh bien, Tachibana-dono. Votre épée est Izumi-no-Kami Kanesada, n’est-ce pas ? »
« Oui, » répondit Masatsugu.
« Je le savais…, » répondit-elle.
Malgré les réponses sans expression de Masatsugu, Rikka était très émue.
Observant d’un peu peu plus loin, Hatsune avait dit, « Aussi beau qu’une célébrité, un intérêt pour le haïku, mais mauvais pour l’écriture, Izumi-no-Kami Kanesada est son épée, c’est véritablement Hijikata Toshizō, vous savez ? Avec ces faits, Onii-sama est certainement très similaire au “Vice-Commandant sans pitié”. »
« Vraiment ? » demanda Masatsugu.
« C’est exact. J’ai au moins lu “Roar, My Sword and Heroic Impressions of the Shinsengumi”. J’ai aussi étudié en détail le trio de Hijikata-san, le Commandant Kondō, et Okita Sōji, » répondit Hatsune.
« Hatsune, me trouves-tu aussi beau ? » demanda Masatsugu.
« C’est vrai, mais on ne peut s’empêcher de souhaiter que ta personnalité soit plus normale, » répondit Hatsune.
« Tu devrais garder cette dernière partie pour toi, » répondit Masatsugu.
« C’est comme ça que les choses sont. Ce qu’il y a à l’intérieur d’un homme compte plus que son visage ♪, » répliqua Hatsune.
Après avoir écouté les commentaires de Hatsune, Masatsugu avait finalement compris la situation.
Rikka avait apparemment été prise au piège à la suite de leur stratagème de convenance, croyant à tort que « Tachibana Masatsugu est Hijikata Toshizō ».
Ce n’était pas tout. Masatsugu avait alors regardé Rikka, qui regardait vers le bas avec un rougissement important, clairement timide. Une intuition... avait refait surface dans l’esprit de Masatsugu.
Peut-être qu’elle avait des sentiments personnels pour Hijikata Toshizō.
Cela devait être quelque chose comme une fervente fan ou une adoratrice. Voyant la situation prendre un virage pour le moins étrange, Masatsugu avait jeté un coup d’œil à Shiori qui se trouvait un peu plus loin. Elle était la personne la mieux placée pour s’en occuper.
Après une certaine contemplation, Shiori avait dit : « Rikka-sama, puisqu’il serait préférable d’éviter de laisser le fort tutélaire sans défense pour des durées prolongées, veuille y retourner pour l’instant. Plus tard... J’amènerai sûrement Masatsugu-sama pour vous rendre visite. »
En prononçant cette déclaration, Shiori avait prononcé le nom de Masatsugu de manière suggestive.
« Quand le moment viendra, j’espère que vous nous permettrez d’utiliser le sanctuaire de l’eau, » déclara Shiori.
« En effet, c’est une demande qui ne serait pas accordée à la légère, mais étant donné les circonstances d’urgence et le fait que cet Hi-Tachibana-dono possède la recommandation de Votre Altesse, je l’autoriserai, » répondit Rikka.
Dès que les mots « sanctuaire de l’eau » avaient été mentionnés, l’expression de Rikka avait immédiatement changé.
La jeune fille qui vénérait le héros était redevenue une guerrière impressionnante.
Finalement, Rikka s’était préparée à partir. Sur le chemin de l’entrée, elle ne montrait plus l’agitation d’une jeune fille comme elle le faisait avant.
Masatsugu avait secrètement conclu à lui-même que c’était l’attitude originale d’Akigase Rikka.
Il avait accompagné Shiori et Hatsune pour reconduire Rikka jusqu’à l’entrée. Après avoir dit au revoir à la princesse, Rikka avait regardé Hatsune droit dans les yeux et avait dit : « Cela me tracasse depuis avant aujourd’hui ? Puis-je vous demander si nous nous sommes déjà rencontrés ? »
« Eh ? Vous et moi, Rikka-sama ? » demanda Hatsune.
« Pas récemment, mais il y a longtemps... En tant qu’enfants. Je me souviens du Fief de Tōkaidō qui organisait un tournoi d’arts martiaux au Château de Nagoya et nous étions toutes les deux en compétition dans la division jeunesse. Quel est votre nom complet ? » demanda Rikka.
« Tachibana Hatsune, » répondit Hatsune.
« Je le savais. La Tachibana de Suruga — le clan a qui on leur a accordé Kurou Hougan Yoshitsune, » répondit Rikka.
Minamoto no Yoshitsune était connu sous le nom d’Ushiwakamaru et Shanaou pendant l’enfance. Parmi ses exploits, il avait combattu Musashibō Benkei à Gojō Bridge, avait mené une charge de cavalerie sur une falaise pour lancer une attaque-surprise dans la bataille d’Ichi-no-Tani, et une victoire complète sur le clan Taira à Dan-no-ura. Kurou Hougan était l’un de ses autres surnoms.
Rikka avait regardé la jeune fille Tachibana et avait demandé : « Personne n’a encore hérité de cette appellation ? »
« Oh, pas encore. C’est de très haut niveau et elle semble assez difficile, » répondit Hatsune.
« Je suppose. Cependant, il serait dommage qu’une appellation aussi puissante reste en sommeil. Veuillez me faire savoir s’il y a un moyen d’aider et je fournirai une assistance complète. Il serait plus rassurant d’avoir autant de Chevaliers puissants que possible, surtout compte tenu des circonstances actuelles sous la menace de la guerre, » déclara Rikka.
Après avoir dit cela, Akigase Rikka avait quitté le Dortoir du Lys Noir.
On aurait dit que l’appellation Tachibana, très prisée par le clan Tachibana, avait une histoire très distinguée.
***
Partie 3
« Vous quatre êtes volontaires pour attaquer Suruga... ? Eh bien, ce n’est certainement pas un problème. »
Le Chevalier Noir avait été un instant décontenancé, surpris par la suggestion soudaine qui venait de l’un de ses subordonnés.
Cependant, il avait immédiatement fait un sourire cordial et avait accepté gracieusement leur demande. Les quatre Chevaliers qui se tenaient devant lui étaient des Chevaliers au service du Fief du Kinai.
« Nous, Britanniques, n’avons pas réussi à envahir Suruga à deux reprises. Indéniablement, il est temps pour vous, messieurs du fief du Kinai, de nous démontrer votre talent, » déclara le Chevalier Noir.
Ils se trouvaient actuellement dans la cité de Fuji au pied de la montagne sacrée de Fuji. Le fort tutélaire de Fuji était situé dans les zones humides en pleine campagne.
Actuellement, cette installation militaire avait été conquise par les forces britanniques et celle de l’Alliance pour la Restauration.
Nous nous trouvions le troisième jour depuis le début de l’opération. Il était 10 h 26. Le Chevalier Noir faisait une pause, prenant un café dans la salle à manger réservée aux officiers de haut rang.
Quatre Japonais étaient venus lui rendre visite.
C’étaient les Chevaliers que le fief du Kinai avait envoyés en renfort.
« Le Chevalier Noir, nous avons une proposition. Il pèse lourd sur notre conscience que vos chevaliers britanniques ont été accablés en prenant la tête jusqu’à présent. Nous quatre, nous sommes prêts à conquérir le fort tutélaire de Suruga en votre nom…, » déclara l’un d’eux.
Ils avaient refusé de laisser la Grande-Bretagne s’attribuer tout le mérite dans cette guerre.
Malgré une formulation courtoise de la part des hommes japonais, leur ambition était claire comme de l’eau de roche.
Le Chevalier Noir avait écouté avec courtoisie leur explication. Ces quatre Japonais prévoyaient une sortie demain ou après-demain.
Le Chevalier Noir leur avait déclaré avec franchise : « Comme le dit le proverbe, frappez pendant que le fer est encore chaud. Pourquoi ne pas partir ce soir ? Nous, de l’Empire Britannique, fournirons un soutien total. »
Finalement, les Chevaliers de l’armée provinciale de Kinai avaient accepté la suggestion du Chevalier Noir et avaient pris congé.
*Soupir*
« Quel tracas ! » s’exclama le Chevalier Noir.
Après le départ des Japonais, tous deux étaient restés dans la salle à manger.
Il s’agissait du Chevalier Noir, haussant les épaules avec un sourire, et du génie Morrigan assises sur le côté.
« ... Vous semblez plutôt satisfait, » déclara Morrigan.
« Naturellement, plus il y a de chevaliers sous son commandement, plus il y a des tracas. Je ne faisais que me souvenir de quelque chose, » déclara le Chevalier Noir.
Actuellement, le fort tutélaire de Fuji était occupé par un contingent de l’Alliance pour la Restauration.
Cette force d’occupation était composée de soldats de la flotte d’Extrême-Orient des Forces impériales britanniques, dont le plus important provenant du destroyer Tintagel et de la flotte qui l’accompagnait. La plupart de ses effectifs provenaient de milliers de marines transportés par des embarcations de débarquement qui était arrivé plus tôt.
Le capitaine du Tintagel, Sire Grayson, était le commandant.
Les principaux combattants étaient deux Chevaliers, Sire Steven et Sire Lampard, tous deux Chevaliers de Sa Majesté.
Cependant, le fief du Kinai avait envoyé hier des Chevaliers japonais et plusieurs milliers de soldats. Ces renforts avaient convergé avec les forces britanniques au fort tutélaire de Fuji après avoir atteint le port de Tagonoura.
« Tout le monde veut sortir et se battre, n’est-ce pas ? L’affectation des effectifs fait partie du travail du commandant, » déclara le Chevalier Noire.
« Vous parlez d’ambition pour la gloire ? » demanda Morrigan.
« C’est l’une des raisons, bien que les dépenses des guerres modernes soient financées par l’État et l’armée. Dans le passé, les chevaliers devaient se financer entièrement, ce qui signifiait que partir au combat entraînait des dépenses exorbitantes, » répondit le Chevalier Noir.
Un vassal recevait un territoire du roi, mais devait en échange payer des impôts et contribuer au service militaire.
Il fallait prendre en charge toutes les dépenses nécessaires. C’était la vie du chevalier médiéval européen. Les daimyo japonais avaient également adhéré à un système similaire pour servir le gouvernement du shogunat.
En fait, la relation entre la famille impériale japonaise moderne et les Douze Maisons n’était pas très différente de cela.
« L’armure est étonnamment chère alors qu’avoir un cheval militaire coûte cher. De même, les personnels de soutien et l’infanterie ont tous besoin d’argent. Il n’y avait absolument aucune raison d’aller au combat à moins d’avoir une chance de gagner le butin de la victoire, » déclara le Chevalier Noir.
« ... Quelle vie difficile, le monde des chevaliers médiévaux ! » répondit Morrigan.
« Il y a plus que ça. Le pillage et le vol étaient des moyens de faire de gros profits, tandis que les chevaliers ennemis pouvaient être pris en otages puis échangés contre de belles rançons. Ainsi, les chevaliers de haut rang vivaient généralement longtemps, » répondit le Chevalier Noir.
Les gens modernes avaient trop de fantasmes sur « ce que c’était d’être chevalier ».
Le Chevalier Noir avait fait un sourire ironique. Dans sa vie passée, c’était un rêveur qui avait poursuivi « les idéaux de la chevalerie », mais qui avait aussi connu de nombreuses batailles difficiles.
« Pour avoir pris des “règles de guerre” de ce genre dans notre passé et les avoir reconditionnés dans un style moderne pour qu’elles soient plus acceptables pour les personnes du peuple qui sont apprivoisées par la douce vie de la civilisation... C’est probablement ce qui a traversé l’esprit de Sa Majesté Karl lorsqu’il a pensé à la Charte de la Chevalerie, » déclara le Chevalier Noir.
« Projetez-vous votre propre étroitesse d’esprit sur les autres ? » demanda Morrigan.
« Non, renaître de l’abîme du monde souterrain tout en cherchant encore à assouvir notre faim de frissons de la guerre — Nous, Ressuscités, sommes tous des individus de ce genre. C’est normal de penser ainsi, » répondit le Chevalier Noir.
« Je vois, » déclara Morrigan.
« En outre, les guerres sont très pratiques à cette époque, ce qui est vraiment merveilleux. Les Légionnaires sont générés à partir de notre noesis et nous n’avons pas besoin d’autorité ou de grandes fortunes pour lever des armées. Tant que les sanctuaires d’eau pourraient être réquisitionnés, l’entretien des Légionnaires nécessite peu de travail ou d’argent, » déclara le Chevalier Noir.
En tant que « prince » dans le passé, le Chevalier Noir n’avait jamais eu à se soucier des frais de subsistance.
Toutefois, il avait beaucoup d’expérience avec les problèmes financiers dans la collecte de fonds de guerre. En revanche, commencer une bataille dans l’ère moderne était aussi facile que d’effectuer une partie d’échecs. Quelle belle époque pour vivre !
« Au fait, comment est la Force de Chevalier des Chevaliers du Kinai qui étaient ici tout à l’heure ? » demanda le Chevalier Noir.
« D’après les dossiers, chacun d’entre eux à environ 50 unités, » répondit Morrigan.
« Alors, ils sont quatre, au total deux cent. La dame Chevalière de Suruga a à peu près cent cinquante unités, avec l’avantage d’être chez elle. Nous n’avons pas de chances écrasantes en notre faveur... Morrigan, pouvez-vous vérifier l’emplacement de notre princesse ? » demanda le Chevalier Noir.
Le génie s’était tout de suite assis après avoir entendu cette instruction.
« Princesse Eleanor ? » demanda Morrigan.
« Oui, demandez à la princesse d’exécuter cette tâche préparatoire. J’ai entendu dire que la dame Chevalière est la fille du gouverneur général Tōkaidō, ce qui veut dire qu’elle vaut vraiment la peine de recruter dans notre camp, » déclara le Chevalier Noir.
« Le Chevalier utilisant les Légionnaires maniant le katana... C’est bon de le laisser seul ? » demanda Morrigan.
Hier, Morrigan et le Chevalier Noir avaient observé le siège de Suruga depuis le ciel.
De façon inattendue, une armée s’était montrée à mi-chemin et avait utilisé des katanas avec une maîtrise à l’épée stupéfiante. Les Légionnaires étaient identiques aux Kamuys en apparence, sauf qu’elles étaient de couleur rouge-violet. De plus, les noesis de leur commandant étaient extrêmement fortes et inflexibles...
Morrigan avait évoqué le personnage très mémorable, incitant le Chevalier Noir à sourire et à répondre : « Oubliez-le. Après tout, la princesse ne peut en aucun cas s’occuper de lui. En plus, n’êtes-vous pas curieuse ? Comment ce personnage, qui semble héberger une sorte de secret, gérera-t-il de nouveaux ennemis cette fois-ci ? »
☆☆☆
« Parfois, les Ressuscités cachaient leurs vrais noms, » pendant qu’elle parlait, la princesse Shiori s’était mise dans l’embarras. « Dans tous les cas, ce sont des Chevaliers dont la Force de Chevalier dépasse les 500, ce qui leur permet de faire ressortir une puissance monstrueuse sur le champ de bataille. Mais ils attirent trop d’attention. »
« Attirer trop d’attention ? » demanda Masatsugu en appuyant sur le bouton de l’obturateur de sa petite caméra.
Shiori avait momentanément baissé la tête pour éviter l’objectif, mais elle avait quand même répondu très soigneusement.
« Prenez par exemple le fait que les Kamuys sous votre contrôle étaient rouge-violet, Masatsugu-sama. B-Beaucoup de Ressuscités convoquera des Légionnaires spéciaux... Ou bien utiliseraient des Faits d’Armes provenant d’accomplissements illustres dans leurs vies passées, » répondit-elle.
« C’est vrai. Le Fait d’Armes d’Izumi-no-Kami Kanesada est la Maîtrise à l’Épée de “Hijikata Toshizō”, » déclara Masatsugu.
« Comme il s’agit d’existences si flagrantes, leurs identités sont facilement déduites d’un coup d’œil par des yeux perspicaces. Par conséquent, ils utilisent tous des alias et ne participent jamais à une guerre à grande échelle jusqu’à ce qu’ils soient déployés dans une bataille cruciale... pour ainsi cacher leur existence. De cette façon, la simple participation d’un Ressuscité est déjà une attaque-surprise de grande ampleur, » expliqua la princesse.
« Je vois, pas étonnant qu’Akigase-dono m’ait pris pour Hijikata Toshizō, » déclara Masatsugu.
Hochant la tête en signe de reconnaissance, Masatsugu avait continué à prendre des photos avec son appareil photo.
Chaque fois qu’il appuyait sur l’obturateur, Shiori se mettait dans l’embarras.
« Elle pense que je cache mon identité alors que le nom de Hijikata utilisé la dernière fois est mon vrai nom, n’est-ce pas ? » demanda Masatsugu.
« Je crois que oui. M-Masatsugu-sama, pourquoi dois-je porter un maillot de bain !? » dans un moment rare, la princesse blonde platine avait protesté en élevant sa voix larmoyante.
Actuellement, Shiori ne portait qu’un bikini blanc vraiment réduit alors qu’elle était en présence de Masatsugu. Ils étaient seuls tous les deux.
Il se trouvait actuellement dans une salle de classe vide au Lycée Rinzai. Sous le double effet de l’imposition de la loi martiale et du dimanche, il n’y avait pratiquement personne à l’école. Les chances d’être vu ici étaient très réduites.
« C’est une exigence pour le concours de beauté prévu pour le festival de l’école, » expliqua Masatsugu.
« Concours de beauté !? » s’écria Shiori.
« Princesse, n’ai-je pas mentionné hier que j’aurai besoin que vous me fassiez une petite faveur en tant que femme ? » demanda Masatsugu.
La révélation instantanée de la réponse de Masatsugu avait fait rappeler à Shiori sa promesse antérieure dans une soudaine réalisation.
« Je suis le membre du comité exécutif du festival de l’école responsable du concours de beauté. J’ai attendu désespérément que de belles étudiantes s’inscrivent et animent ce concours, » déclara Masatsugu.
« Me demandez-vous de participer à un concours de beauté !? Et d’être habillée d’un maillot de bain si révélateur ! » demanda Shiori.
« Oui, » répondit-il simplement.
« Aghhhhhhhhhh ! » cria Shiori.
Une Shiori toujours intelligente en temps normal était à court de mots et très agitée.
Le fait de montrer autant de peau devant les autres semblait la rendre très embarrassée.
« Princesse, si vous ne voulez pas, je l’annulerai…, » déclara Masatsugu.
« N-Non, je suis prête à le faire pour vous en échange de votre aide — c’étaient les termes de notre contrat et de notre promesse. Ce n’est donc rien, » Shiori avait finalement redressé sa posture et avait fait face à l’objectif de la caméra.
Cependant, elle ne pouvait toujours pas dissiper ses sentiments d’embarras, croisant les bras pour cacher son corps. Cela avait fini par serrer et soulever sa poitrine, mettant encore plus en valeur sa magnifique silhouette.
Sans aucun changement d’expression, Masatsugu avait continué à prendre des photos sans arrêt.
Avec sa timidité sur son beau visage, jumelé à une silhouette sexy, Shiori était sans aucun doute un modèle de magazine attrayant en ce moment.
« S’il vous plaît, arrêtez de prendre autant de photo de moi. Ce maillot de bain a été acquis en mon nom par une dame d’honneur dans la Capitale Impériale de Rome l’année dernière... C’est un peu mince pour commencer et ma poi... est un peu... En outre, il s’est resserré au bout d’un an, » déclara Shiori tout embarrassée.
« Oh ? » répondit Masatsugu.
En d’autres termes, la silhouette de la princesse avait mûri d’une manière significative depuis l’année dernière.
Les fruits présents au niveau de sa poitrine rappelaient de petits cantaloups, sa taille présentait des courbes dont les mots de beauté ne rendaient pas justice, et ses fesses étaient rondes et voluptueuses. Cette excellente silhouette, normalement cachée sous des vêtements conservateurs ou un uniforme, était maintenant totalement exposée aux seuls yeux de Masatsugu.
Après le départ de Rikka Akigase...
À l’origine, Shiori voulait inviter Masatsugu pour un voyage au fort tutélaire.
Masatsugu lui avait dit qu’il avait besoin d’une faveur avant d’aller au fort tutélaire et il avait rappelé à Shiori qu’elle devait apporter son maillot de bain. D’ailleurs, le petit appareil photo utilisé par Masatsugu faisait partie de l’inventaire du comité exécutif du festival scolaire.
« À ce propos, Masatsugu-sama, combien de personnes prendront part au processus d’approbation de la demande ? » demanda timidement Shiori. « Je ne veux pas être vue en maillot de bain par trop d’individus... »
« Rassurez-vous, le comité d’approbation est composé de trois ou quatre personnes, mais je prends la décision finale en tant que responsable. Il n’y a donc pas de problème, même si je vérifie seul…, » répondit Masatsugu.
« Eh ? Alors cela ne veut-il pas dire qu’il n’était nullement nécessaire pour moi de porter un maillot de bain ? » s’écria Shiori après avoir compris la situation.
Quand Shiori avait signalé un point suspect, Masatsugu avait réfléchi un instant avant de répondre : « En effet, c’est vrai ce que vous dites. Ce n’était pas vraiment nécessaire. »
« Masatsugu-sama ! Alors c’est votre faute si j’ai porté un maillot de bain pour rien ! » la princesse lui cria dessus, mais Masatsugu avait secoué la tête.
Puis il avait répondu. « Pas du tout. Cette session n’était pas du tout un gâchis. »
« Pourquoi ça !? » s’écria Shiori.
« Je me sens très chanceux d’avoir été témoin d’un si magnifique corps. Cela vaut déjà la peine de servir une princesse pendant ces deux derniers jours, » répondit Masatsugu.
« … !? »
L’opinion honnête de Masatsugu avait fait geler Shiori inexplicablement.
Elle avait l’air d’avoir été surprise par ses paroles et elle ne savait pas comment réagir.
☆☆☆
« Masatsugu-sama... On pourrait dit que vous êtes une personne hétéroclite au premier coup d’œil, » lâcha Shiori sur Masatsugu.
Shiori marchait avec colère aux côtés de Masatsugu, boudant encore pour ce qui s’était passé avant.
Après la séance photo, elle avait mis son uniforme sur le maillot de bain et ils revenaient à pied. Il leur avait fallu vingt minutes pour arriver devant le dortoir du bâtiment scolaire du Lycée Rinzai.
« Se pourrait-il que vous ayez l’habitude d’interagir avec les filles ? Hier, vous m’avez taquiné à chaque occasion et aujourd’hui, vous m’avez couvert d’abondantes flatteries…, » déclara une princesse en colère.
« Je suppose que c’est le genre de personne que j’étais avant de perdre la mémoire, » répliqua Masatsugu comme s’il se souvenait de quelque chose.
« Hein ? » Shiori avait été totalement déconcertée par cette explication. Elle ne s’attendait vraiment pas à une telle annonce.
Masatsugu avait poursuivi, « Récemment, en examinant les demandes du concours de beauté, j’ai découvert que j’ai l’air d’être un homme avec des goûts très larges quand il s’agit de femmes. »
« Qu’est-ce que vous insinuez ? » demanda Shiori.
« Je veux dire que je suis un gars qui apprécie toutes sortes de dames, » répondit Masatsugu.
« Vous appréciez toutes sortes de dames !? » s’écria Shiori.
« Par exemple, Sawanobori-san de la troisième année de la classe 3 a un air mature que je trouve assez séduisant. En revanche, Itou-san de la 2e année de la classe 2 avec ce look d’écolière me semble être un avantage rare. Horiike-san du club d’athlétisme possède une beauté naturelle que l’on trouve dans les clubs d’athlétisme. Hasegawa-san, qui est toujours malade et à l’infirmerie, possède une qualité qui lui fait paraître fragile et attachante ce qui est très agréable selon moi. La prof d’anglais Toda-sensei, qui vient de signer ses papiers de divorce il y a un mois, est déjà une femme de trente-sept ans, mais elle a ce charme qu’on ne trouve pas dans les lycéens, » expliqua Masatsugu.
« Vous désirez tout simplement tout ce qui est féminin ! » s’écria Shiori.
« Je ne le nie pas. Ah, Oriha-san, qui gère les dortoirs pour filles, a aussi cette chaleur et cette ouverture d’esprit que j’apprécie beaucoup, » déclara Masatsugu.
« Pour autant que je me souvienne, n’a-t-elle pas une cinquantaine d’années... ? » demanda Shiori.
« Oui. Peut-être que son apparence s’est estompée au fil des ans, mais elle a cette beauté intérieure qui a été distillée au fil du temps, » répondit Masatsugu.
« ... »
« J’ai perdu mes souvenirs du passé, mais mon corps et mon âme se souviennent encore de la façon de se battre. En conséquence, j’ai pu entrer sur le champ de bataille de façon extrêmement naturelle pour tuer les ennemis et contrôler les Légionnaires... En fait, je pense que c’est la même chose pour la façon dont je traite avec les femmes, » déclara Masatsugu.
Le fait d’avoir Masatsugu qui était bavard était une situation très rare et c’était peut-être parce que le sujet des femmes avait été abordé.
« Mon corps et mon âme n’ont pas oublié comment construire des relations profondes avec les femmes. J’aimerais l’essayer dès que j’en aurais l’occasion…, » déclara Masatsugu.
« M-Masatsugu-sama ! » cria Shiori.
« Je plaisante. Je sais que ce ne sont pas des sujets de plaisanterie, » déclara Masatsugu.
« En vous entendant dire ça, je suis enfin soulagée…, » déclara Shiori.
Ce n’était qu’après que Masatsugu avait admis sans expression qu’il plaisantait que Shiori avait l’air rassurée.
Il avait été frappé par une pensée. Cette princesse très intelligente était pleine de ruse, mais avait du mal à gérer ce type de conversation. Cela l’avait rendue extrêmement mignonne selon lui.
Pendant qu’ils bavardaient, ils étaient retournés au salon principal utilisé pour les conversations du Dortoir du Lys Noir.
Les résidents, Shiori et Hatsune, les femmes de ménage du clan Tachibana et Masatsugu étaient les seuls autorisés à entrer dans ce bâtiment.
La dame d’honneur qui venait normalement saluer Shiori avec un joyeux « bienvenu à la maison~ » n’était nulle part. On aurait dit qu’elle était sortie.
« Où est allée Hatsune ? Je pensais lui demander de conduire, » déclara Shiori.
« Princesse, parlez-vous du fait d’aller visiter Akigase-sama au fort tutélaire ? » demanda Masatsugu.
« Je crois que le fluide ectoplasmique est essentiel pour que vous puissiez vous réveiller pleinement, Masatsugu-sama. Les Légionnaires actifs consomment du liquide ectoplasmique, mais vous n’avez pas reconstitué vos réserves depuis de nombreuses années, » déclara Shiori.
« Est-ce pour ça que je ne peux pas convoquer mes propres Légionnaires ? » demanda Masatsugu.
« Oui, grâce au malentendu concernant le nom de Hijikata Toshizō de la dernière fois, Rikka-sama est prête à nous soutenir activement. Nous devrions profiter de l’occasion pour nous réapprovisionner au sanctuaire de l’eau et établir un pacte, » déclara Shiori.
Masatsugu avait accepté la suggestion de Shiori, mais il avait eu une autre idée.
Cela suffirait-il vraiment à résoudre le problème ? Pour une raison inconnue, Masatsugu n’était pas d’accord avec la princesse. Cependant, incapable d’offrir une alternative, il ne pouvait que regarder toute la pièce en silence.
« Hmm ? »
Masatsugu avait remarqué une note laissée sur la table dans le salon.
« Princesse, Hatsune est allée au fort tutélaire, » déclara Masatsugu.
« Toute seule ? Qu’est-ce qu’elle fait là ? » demanda Shiori.
« C’est ce qu’elle a écrit, » répondit Masatsugu.
La note signée par Hatsune disait : « Princesse et Onii-sama : je sors un peu parce que mes ambitions héroïques se sont soudainement réveillées. Quoi qu’il en soit, je visiterai la maison d’un parent dans la ville avant de me rendre au fort tutélaire. Ne vous inquiétez pas pour moi, même si je rentre tard. »
***
Partie 4
« Grand-père ! Je suis venu chercher ce que la princesse voulait ! »
En utilisant cette excuse, Tachibana Hatsune avait obtenu ce qu’elle voulait pour elle-même.
L’ancien le plus vénérable du clan Tachibana, le Tachibana Bunzaemon, âgé de cent deux ans, avait d’abord refusé, en disant : « Hmm ~ alors ! Organisons une réunion pour obtenir l’approbation du clan... »
« De quoi parlez-vous, grand-père ? Suruga est en crise en ce moment, c’est une urgence ! » avait alors déclaré Hatsune.
Le mot urgence avait renversé les objections de l’aîné.
Hatsune avait donc quitté la résidence de Bunzaemon près de la gare de Suruga.
Sa prochaine destination était la partie Est de la citée de Suruga où se trouvait le Lycée Rinzai. Mais plutôt que le dortoir, elle se dirigeait vers le plateau dans la région montagneuse à l’est de la ville — le fort tutélaire de Suruga.
Sur un scooter, Hatsune avait accéléré tout au long de la route.
Elle était vêtue de son kimono hakama et de ses bottes basses dans le style Haikara-san. De plus, elle portait un casque et avait placé un certain objet contre sa poitrine.
« L’appellation Kurou Hougan Yoshitsune... Chaque défi vaut la peine d’être essayé, » déclara-t-elle pour elle-même.
Hatsune était une artiste martiale accomplie, mais n’avait jamais été inspirée quant au fait de devenir Chevalier.
Cependant, maintenant que la cité de Suruga et la princesse avaient été prises dans le coup d’État de l’Alliance pour la Restauration, la situation était très désastreuse. Il n’y avait pas d’inconvénient à détenir une certaine puissance de combat — .
Pour qu’une simple écolière ait un tel sens des valeurs, elle appartenait vraiment au clan Tachibana qui s’enorgueillit de sa force et de sa valeur.
D’ailleurs, il n’était pas juste pour Masatsugu-oniisama, l’autre jeune du clan Tachibana, de se battre seul. Cela la dérangeait. Elle ne voulait pas perdre face à lui.
« Au fait, mon père à Tokyo m’a dit qu’il voulait venir parler d’Onii-sama. Qu’est-ce que c’est que ça ? » murmura-t-elle pour elle-même.
Les environs de Suruga étant bloqués par l’Alliance pour la Restauration, son père n’avait pas pu se rendre dans de telles circonstances.
Quoi qu’il en soit, Hatsune était arrivée près du fort tutélaire sur son scooter. Hier, un grand nombre de Kamuys et de Croisés avaient été tués au combat et de nombreux Légionnaires s’étaient écrasés dans cette région.
Maintenant, les cadavres des Japonais ou des Britanniques n’étaient plus visibles.
Les Légionnaires étaient des géants créés à partir des noesis des Chevaliers. Leurs corps disparaîtraient donc automatiquement une heure après la mort.
Hatsune avait donc atteint la porte latérale sans rencontrer de cadavres.
Bien sûr, ce n’était pas un endroit où les civils pouvaient fréquenter librement. Heureusement, Hatsune avait récemment accompagné la princesse lors de ses fréquentes visites, de sorte que le soldat qui gardait la porte s’était souvenu de son visage.
De plus, elle avait un atout.
« Je dois discuter avec la châtelaine Rikka-sama... Oh, j’ai oublié l’heure prévue, mais Rikka-sama m’a dit que j’étais la bienvenue pour passer à n’importe quelle heure ♪ ! Jetez un coup d’œil à ceci, » avait-elle déclaré.
Elle avait parlé de la promesse verbale antérieure et elle avait sorti la carte de visite de Rikka Akigase.
C’était la carte que Shiori avait remise récemment à Hatsune, sur laquelle on avait écrit les mots « s’il vous plaît, aidez la princesse ». Hatsune avait donc gardé la carte pour Shiori en tant que dame d’honneur et l’utilisait maintenant.
À moitié convaincu, le garde avait confirmé avec le fort tutélaire pour savoir ce qu’il devait faire.
À la fin, Rikka avait donné le feu vert et le garde avait donc facilement permis à Hatsune d’entrer.
Heureuse et chanceuse aux yeux des autres, Hatsune était en fait assez méticuleuse et prudente — du moins elle le pensait elle-même — et plutôt glissante dans ses allées et venues.
Cette fois, elle avait réussi à infiltrer le fort tutélaire par impulsion et initiative.
L’objectif de Hatsune était de montrer « un certain objet » à Rikka pour évaluation, en profitant de l’occasion pour poser des questions sur son expérience réussie. Hatsune voulait savoir comment le Chevalier Rikka Akigase avait hérité de l’Appellation du célèbre Onikiri.
« Onii-sama a oublié son passé d’héritier d’une Appellation... Demander à quelqu’un d’autre de partager son expérience est une bonne idée, » murmura-t-elle pour elle-même.
Ce n’était pas un endroit que l’on pouvait visiter arbitrairement sur une impulsion et un esprit optimistes.
Hatsune l’avait bien compris. Suivant le soldat qui la guidait, elle était entrée dans les locaux du fort tutélaire.
Elle avait vu les casernes et les hangars qui avaient été détruits deux jours plus tôt.
Il y avait aussi les soldats nerveux et fatigués appartenant à l’armée provinciale Tōkaidō.
Alors qu’elle était témoin de cette vue, Hatsune avait été emmenée dans un petit bâtiment de trois étages.
C’était un peu comme les immeubles à locataires mixtes de la ville. C’était là que se trouvait le bureau du châtelain. Shiori avait déjà visité cet endroit hier.
... Arrivée à l’entrée, Hatsune avait demandé au guide militaire par curiosité : « Excusez-moi ! Avez-vous vu quelque chose de bizarre courir à l’intérieur ? »
« Non, je n’ai rien vu, » répondit immédiatement le soldat, mais Hatsune ne le croyait pas.
Tout à l’heure, une « silhouette humaine enveloppée d’une brume noire » s’était glissée dans le bâtiment. La silhouette était à peu près de la taille de Hatsune, mais malheureusement, elle ne pouvait pas bien voir le visage obscurci par la brume.
Cependant, le guide n’a-t-il même pas vu la brume noire... ?
À ce moment, un certain objet à côté de la poitrine de Hatsune s’était mis à vibrer.
Hatsune l’avait précipitamment enlevé de l’endroit où il était, un rouleau bleu. Du vieux papier japonais avait été enroulé puis relié à l’aide de ficelle écarlate. C’était l’objet précieux du clan Tachibana pour la manifestation de Kurou Hougan Yoshitsune — .
Le parchemin symbolisant le sceau d’un Exploit d’Armes vibrait à nouveau.
Il essayait de transmettre quelque chose. Sans l’ombre d’un doute, Hatsune avait chargé vers l’avant afin de poursuivre la silhouette humaine aperçue avant ça !
☆☆☆
« Ils devraient me contacter d’un moment à l’autre…, » murmura Rikka.
Elle était dans le bureau du châtelain, face au bureau.
Bloquée par l’Alliance pour la Restauration, la citée de Suruga était comme une île enclavée sans aucun moyen de communiquer avec l’extérieur. Mais aujourd’hui, c’était déjà le troisième jour.
Les renards de liaison envoyés hors de la ville devraient déjà être de retour.
Le château de Nagoya — le quartier général du Fief de Tōkaidō et de la Maison Akigase — devrait également lui transmettre des messages.
Si seulement il y avait un moyen d’échanger des informations et d’établir des communications, Rikka pourrait travailler de concert avec des forces amies à l’extérieur au lieu d’être coincée à l’intérieur du fort tutélaire sur la défensive.
« ... Je suppose aussi que l’Alliance pour la Restauration en est bien consciente, » déclara-t-elle.
Les forces de l’Alliance avaient pris le fort tutélaire de Fuji.
Peut-être qu’ils allaient assiéger Suruga en force dans les deux jours qui suivraient.
Naturellement, les deux Chevaliers de Sa Majesté de l’ennemi avaient subi des pertes importantes et ne pouvaient plus combattre aussi rapidement.
Par contre, Rikka avec sa Force de Chevalier de 154 avait encore des Kamuys utilisables.
En incluant les pertes précédentes, les cent cinquante-quatre Légionnaires de Rikka s’étaient complètement rétablies.
« Je n’aime pas vraiment défendre les châteaux, mais je suis reconnaissante pour ce fait, » murmura-t-elle.
Le plus grand avantage des combats sur le territoire national était que les Légionnaires qui étaient tombés au combat près du fort tutélaire où le pacte tutélaire avait été établi n’avaient eu besoin que d’un jour pour reprendre vie.
De plus, un Chevalier avait aussi gagné en robustesse grâce à la bénédiction d’un sanctuaire de l’eau.
Il était une fois un chevalier qui s’était battu pendant sept jours d’affilée, sans se reposer ni dormir, et qui avait réussi à défendre avec succès un fort tutélaire.
Dans le passé, les batailles de siège favorisaient le côté défensif. Le même principe s’appliquait aussi au combat moderne des Légionnaires. Ainsi, Rikka avait pu garder son sang-froid sans devenir trop névrosée.
En fait, le corps ne tiendrait pas longtemps si l’on restait continuellement tendu en période de crise.
« En effet, c’est pour ça que lire ceci est une bonne chose, » murmura-t-elle.
Rikka avait légèrement toussé et avait pris un livre se trouvant sur le bureau.
Le livre de poche sur le bureau était « Roar, My Sword », écrit par un romancier d’histoire nationale. Mettant en vedette Hijikata Toshizō le vice-commandant du Shinsengumi en tant que protagoniste, c’était un chef-d’œuvre brillant représentant des batailles sanglantes et des histoires de jeunesse.
Rikka avait feuilleté les pages au hasard. Elle était tombée amoureuse de ce livre en 6e année.
Le fait d’apporter ce livre à Suruga avait été une pure coïncidence. À l’origine, elle l’avait attrapé de ses étagères à la maison sur un coup de tête, voulant savourer à nouveau ce fameux titre après tant d’années.
Jamais Rikka ne s’attendait à rencontrer Hijikata Toshizō dans la zone de Suruga à travers les rebondissements malicieux du destin — .
« Le pouvoir de prendre mes Kamuys... Ce n’était certainement pas un Chevalier ordinaire. »
Le jeune homme se faisant appeler Masatsugu Tachibana avait un beau visage, portait Izumi-no-Kami Kanesada et se spécialisait dans l’art de l’épée du style Tennen Rishin.
Tous les éléments avaient donc corroboré les suppositions de Rikka. De plus, il n’y avait pas de photos de Hijikata Toshizō.
Une théorie était que Hijikata Toshizō n’était jamais apparu devant un appareil photo de toute sa vie comme une précaution contre l’assassinat par le gouvernement meiji. Il ne voulait pas que son image se répande.
Cependant, on disait qu’il était aussi beau qu’une célébrité — .
Beaucoup de gens l’avaient attesté dans de nombreux écrits. Et il en était de même pour celui qu’elle avait rencontré. Selon elle, Masatsugu Tachibana était si beau...
Juste au moment où Rikka pensait au visage de Masatsugu, quelqu’un avait frappé à la porte du bureau. Se rappelant la nouvelle de l’arrivée de la dame d’honneur de la princesse, elle se demanda s’il n’était pas aussi venu.
Rikka ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu nerveuse. Elle avait rangé le livre de poche dans un tiroir.
« S-S’il vous plaît, entrez. »
Rikka avait affiché intentionnellement un visage calme.
Cependant, elle avait froncé les sourcils dès qu’elle avait vu le visiteur. Il s’agissait d’une silhouette humaine enveloppée d’un voile noir, obscurcissant le visage et la silhouette, probablement une puissante technique noétique afin de masquer son apparence.
Cela dit, des noesis de cette force —, Rikka était emplie de doutes quant à qui il s’agissait.
Les maîtres néoétatiques humains n’étaient pas capables d’un tel rendement. Cela avait déjà atteint le niveau des bêtes de rétention de haut rang.
Les individus ordinaires n’arriveraient même pas à détecter les déplacements de la brume noire même si elle se trouvait sous leurs yeux, n’est-ce pas ? Telle était la force des noesis utilisées pour la dissimulation d’identité de cette personne.
« Excusez-moi, mais cette technique est inutile sur moi. Tout au plus, il est plus difficile de vous voir clairement, » Rikka avait haussé les épaules et avait levé la main droite.
Elle avait pris sa lame personnelle, Onikiri Yasutsuna. Les techniques noétiques avaient eu un effet limité sur les Chevaliers comme Rikka qui possédait une Appellation de haut niveau.
« Je reconnais votre capacité à vous faufiler dans le fort tutélaire par des moyens inconnus. Si vous êtes un assassin, je vous affronterais avec mon épée, » déclara Rikka.
Dégainant Onikiri Yasutsuna, Rikka s’était levée et elle s’était lentement approchée de la silhouette. Même si les contours étaient flous, le découpage des parties du corps ne poserait aucun problème.
Cependant, cette silhouette ombrée avait immédiatement dissipé son déguisement.
« Une déclaration audacieuse. Fufufufu, » une jeune femme était apparue, et son rire était aussi beau que le son des clochettes d’argent.
De plus, c’était une jeune fille blonde dont les cheveux magnifiques atteignaient la taille. Sa silhouette était si svelte que ses membres semblaient assez délicats pour se briser avec une légère pression. Le plus frappant de tous était son beau visage.
Délicat, exquis, aussi beau qu’une fée. Sa peau était aussi parfaitement pâle et immaculée comme de la porcelaine.
Elle portait un manteau de fourrure noire qui atteignait sa taille. Ses jambes minces étaient vêtues de collants noirs. Sa tenue noire rappelait les vêtements funéraires, probablement en raison de l’aura fatale que la femme exsudait.
« Je voudrais faire une demande à la féroce et courageuse Chevalière — veuillez me reconnaître, moi, Éléanore, comme votre maître. Inclinez-vous devant moi et prêtez serment d’allégeance, » déclara Éléanore.
« Quelles bêtises dites-vous… ? » demanda Rikka.
La blonde regardait fixement Rikka, la faisant frissonner.
Rikka ne pouvait exercer aucune force dans son corps. Son corps avait même commencé à bouger tout seul. Se penchant légèrement vers l’avant au niveau de sa taille, ses genoux étaient presque sur le point de s’agenouiller. Sa vue était dominée par la blonde.
Si elle inclinait la tête et prêtait un serment de loyauté — .
Rikka Akigase deviendrait la possession de la fille. Cela avait provoqué la colère de Rikka.
« Gah — ! »
Rikka avait serré la lame d’Onikiri Yasutsuna avec sa main gauche.
La lame avait coupé la surface de sa paume. La douleur était arrivée avec l’effusion de sang frais, mais grâce à cette douleur, le mystérieux contrôle s’était quelque peu atténué. Rikka avait fixé son regard avec violence sur la fille se trouvant devant elle.
Bien que ses membres soient encore faibles, le fait de taillader son ennemi ne serait pas un problème.
« Oh, mon Dieu ! De penser qu’il y a des Chevaliers au Japon qui peuvent résister à des malédictions contraignantes. Quelle surprise ! » déclara Éléanore.
La blonde avait souri à Rikka qui avait retrouvé sa présence d’esprit.
Tenant un revolver .38 dans sa main droite, elle avait visé la tête de Rikka.
« Même parmi les Chevaliers de Sa Majesté, peu sont capables de résister à mon pouvoir. Quelqu’un d’aussi dangereux que vous devrait être tué par précaution…, » l’enchanteresse avait souri avec moquerie.
Rikka se lamentait à l’intérieur d’elle. Un épéiste ordinaire faisant face à des armes à feu serait une situation très défavorable, mais elle était Chevalier avec la capacité de sentir et de contrôler les noesis.
Elle était capable de lire la soif de sang de la sorcière pour éviter à l’instant avant que la détente ne soit pressée.
Puis, s’approchant rapidement, elle pourrait tuer son ennemi avec un coup d’épée instantané.
Malheureusement, Rikka était en mauvais état pour le moment et incapable de se précipiter à portée d’attaque. Le plus troublant de tous était que la sorcière Éléanore regardait Rikka dans les yeux, l’hypnotisant avec des mots enchantés.
« Laissez-moi vous demander encore une fois... S’il vous plaît, voulez-vous devenir mon chevalier ? » demanda la sorcière.
Une lumière dorée clignotait dans les yeux de la sorcière.
Rikka avait grincé des dents. Les yeux de la sorcière vidaient son corps de ses forces. La situation s’aggravait à chaque instant qui passait. Elle avait besoin d’une sorte d’opportunité pour lui permettre de contre-attaquer !
« Ça s’arrête ici, la malfaisante ! » La voix courageuse et énergique d’une jeune fille avait été entendue sur les lieux.
La dame d’honneur de la princesse, Tachibana Hatsune, avait fait irruption dans le bureau. Capable de voir la sorcière que les gens ordinaires ne pouvaient pas voir, elle avait lancé le parchemin bleu se trouvant dans sa main sur la sorcière.
Vivant au nom de sang Tachibana, elle avait réagi sans la moindre hésitation.
« !? »
La sorcière avait évité le parchemin qui volait vers son visage.
Les mouvements d’Éléanore étaient agiles. Malgré son apparence faible et frêle, elle avait des réflexes de bête. Cependant, son plan d’action était indéniablement une erreur — .
« Yahhhhhhhhhhhhhhhhh ! »
Stimulant son corps épuisé, Rikka s’était avancée.
Utilisant toutes les forces qui lui restaient, elle envoya un coup d’épée vers la gorge de la sorcière. Cependant, son corps affaibli ne pouvait pas bouger normalement. À la fin, son épée n’avait réussi qu’à transpercer l’épaule gauche de la sorcière.
« Guuuh ! »
La sorcière Éléanore avait gémi en raison de douleur quand le sang rouge éclaboussait là — non.
Ce qui sortait de l’épaule de la jeune fille mince était d’une manière incroyable du sang bleu. C’était presque comme le bleu marin du liquide ectoplasmique.
« On dirait que c’est vraiment la fin, » Éléanore avait parlé pleine de chagrin et elle se tourna vers la fuite dès qu’elle eut terminé sa phrase.
Elle s’était précipitée vers la fenêtre de la chambre au lieu de se diriger vers Rikka ou Hatsune. Le bureau était situé au troisième étage, mais elle s’était dirigée vers la fenêtre sans hésitation.
Quand Éléanore était entrée en collision avec le verre, Rikka avait vu le corps mince de la sorcière se transformer en chien noir.
C’était un chien de chasse musclé. Sous la forme d’un chien, la sorcière Éléanore avait brisé le verre et s’était précipitée dans les airs.
« Qu’est-ce qu’il y a avec cette fille... ? » Totalement drainée de toutes ses forces, Rikka ne pouvait plus bouger même avec toute sa volonté.
Elle avait trébuché sur le côté de la fenêtre et Hatsune était allée la soutenir.
« E-Elle est partie... »
Hatsune avait regardé par la fenêtre et avait balayé le sol de son regard, parlant dans la confusion.
Le chien noir courait à toute vitesse, traversant la pelouse du fort tutélaire aussi vite que le vent. En cours de route, elle s’était à nouveau transformée — mais cette fois-ci en corbeau.
Le corbeau noir avait déployé ses ailes et il avait pris son envol.
L’image du départ de la sorcière était sans aucun doute une sorte de mauvais présage.
☆☆☆
« Cependant, il est compréhensible que Rikka-sama se fasse de fausses idées, » alors qu’elle disait cela, Shiori marchait dans le parking du fort tutélaire de Suruga.
Masatsugu était également de la partie après avoir simplement joué le rôle du conducteur. Avec Izumi-no-Kami Kanesada suspendue à sa taille, il servait maintenant de Chevalier de la princesse.
« Tōkaidō est une terre qui a des liens profonds avec le Seigneur Tokugawa Ieyasu. Hijikata Toshizō a servi le shogunat Tokugawa comme samouraï jusqu’à la toute fin et a ensuite servi de protecteur de la famille impériale. C’est un héros spécial. En plus de…, » Shiori avait jeté un coup d’œil à Masatsugu.
« Moi aussi, j’ai eu des soupçons quant à savoir si votre véritable identité est Lord Hijikata, Masatsugu-sama. Je suppose que mon grand-père m’a peut-être envoyé un héros ayant des liens intimes avec la famille impériale... Les rumeurs sur l’apparence du Lord Hijikata sont semblables aux vôtres, Masatsugu-sama, » déclara Shiori.
« Je vois, » répondit simplement Masatsugu.
« Cependant, ma supposition a été balayée quand l’Izumi-no-Kami Kanesada, chère à la Maison Fujinomiya, n’a montré aucune réaction, » déclara Shiori.
Masatsugu avait maintenant aussi compris cela. Hijikata Toshizō était très beau et Shiori et Rikka avaient montré un grand intérêt pour le visage de Masatsugu Tachibana.
« Au fait, Masatsugu-sama, vos talents de conducteur... pourraient être améliorés, » déclara Shiori.
« Désolé pour ça. Pour être honnête, je n’ai pas l’habitude de conduire un véhicule à quatre roues, » répondit Masatsugu.
« Une fois qu’on aura trouvé Hatsune, laissez-lui le voyage du retour…, » déclara Shiori.
Masatsugu Tachibana avait la mauvaise habitude de se transformer en démon de la vitesse lorsqu’il ne faisait pas attention.
Après avoir expérimenté à quel point il conduisait dangereusement, Shiori était complètement hagarde dans son esprit et son corps.
Sur les routes de montagne sinueuses jusqu’au plateau du fort tutélaire, la princesse avait dû réprimer sa peur alors qu’elle avait crié à chaque virage. (De plus, comme l’expérience serait plus terrifiante en descente, Masatsugu avait une confiance absolue qu’il pourrait faire crier Shiori avec encore plus de force.)
En bavardant, les deux individus s’étaient approchés du bâtiment contenant le bureau du châtelain.
Ils avaient ensuite découvert l’attaque mystérieuse de l’intrus sur Rikka Akigase ainsi que l’arrivée de Hatsune à la rescousse.
☆☆☆
Devant le bâtiment du bureau du châtelain, Masatsugu et la fille du clan Tachibana parlaient.
« ... C’est donc ce qui s’est passé. On a à peine réussi à repousser cette fille capable de se transformer, » déclara Hatsune.
Dans un rare état d’apathie, Hatsune avait rapporté toute l’histoire.
Son expression était mélangée avec le doute, ne sachant pas si ce qu’elle avait vu était réel. On aurait dit qu’elle avait été ensorcelée par un esprit de renard.
« Nous vivons à une époque où les morts ressuscitent et parcourent le monde. Une sorcière pouvant se transformer n’a rien de surprenant, » répondit Masatsugu.
« Onii-sama, je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un comme ça. Les techniques noétiques ne peuvent être utilisées que pour le camouflage, » déclara Hatsune.
Un groupe de soldats s’était rassemblé devant le bâtiment.
Allongée sur une civière, Rikka était transportée hors de la bâtisse avec un certain nombre de personnes qui attendaient sur le côté, y compris les ambulanciers paramédicaux et Shiori. Ils étaient venus jusqu’à elle pour examiner son état.
« Masatsugu-sama ! » Shiori avait appelé son nom et Masatsugu s’était précipité aux côtés de la princesse et de Rikka.
« Rikka-sama a une demande pour vous, » déclara la princesse.
« Une demande pour moi ? » demanda Masatsugu.
Arrivé aux côtés des deux filles, Masatsugu n’avait pas pu s’empêcher de se sentir un peu perplexe devant ce que Shiori lui avait dit.
Pendant ce temps, Rikka avait faiblement souri tout en restant allongée sur la civière sans avoir la moindre force. Elle n’avait réussi qu’à courber les coins de ses lèvres, mais son courage était évident.
« ... Comme vous pouvez tous le voir, j’ai été négligente. En vérité, je ne suis pas sûre de pouvoir me rétablir immédiatement, » déclara Rikka.
La voix de Rikka manquait aussi de vitalité, mais elle regardait Masatsugu avec fermeté.
« Hiji — non, Tachibana-dono. J’espère que vous pourrez défendre Suruga à ma place pour le moment. La princesse a aussi donné son consentement, » continua Rikka.
L’assassin était une fille blonde inconnue, mais elle était certainement impliquée dans l’Alliance pour la Restauration.
L’occasion de conquérir le fort tutélaire pendant que le châtelain était inconscient était bien trop évidente.
Masatsugu avait alors dit. « Puisque Son Altesse Shiori a donné son consentement, je n’ai pas d’objections. Je défendrai Suruga en votre nom malgré mes humbles talents. »
« J’apprécie beaucoup, » Rikka avait fermé les yeux après l’avoir remercié.
Elle avait perdu connaissance. De façon inattendue, Masatsugu Tachibana était maintenant chargé des devoirs du châtelain. Comme il était incapable de convoquer un seul Légionnaire, comment allait-il s’opposer à l’ennemi ?
Masatsugu avait haussé les épaules. Il n’y avait aucune raison de s’inquiéter avant la bataille. La seule façon de savoir si les choses marcheraient était de le faire pour de vrai.