Chronicle Legion – La Route de la Conquête – Tome 1 – Chapitre 3 – Partie 3

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Chapitre 3 : Les Chevaliers et les Faits d’Armes

Partie 3

Le groupe de Masatsugu était rentré au Lycée Rinzai un peu avant midi, ou plus précisément, les dortoirs du lycée. La princesse Shiori et Hatsune étaient toutes les deux des pensionnaires.

Après que la voiture de la princesse avait été garée sur le parking du personnel, Masatsugu et Hatsune étaient restés aux côtés de Shiori tout en se dirigeant vers le dortoir.

Contrairement à hier, Shiori ne s’était pas placée en tête du petit groupe.

Sur le campus, elle avait l’intention de garder sa façade de « princesse douce et vertueuse ».

« ... Taisei ? » demanda Masatsugu alors qu’il doutait de ce qu’il voyait devant le dortoir des garçons. Il y avait Taisei Okonogi qui se tenait là à l’attendre.

Alors qu’il était préoccupé par la présence de la princesse, Taisei fit un geste de la main, voulant pouvoir parler en privé avec Masatsugu.

Comme il vivait dans la ville, Taisei n’était pas pensionnaire. En outre, maintenant que la loi martiale était en vigueur, les établissements d’enseignement étaient tous fermés pour le moment. Masatsugu n’avait donc aucune idée de la raison qui faisait qu’il se trouvait là.

« Votre Altesse, puis-je dire un mot à mon ami ? » Masatsugu jeta un coup d’œil à Taisei avant de demander la permission à la princesse.

« Cela ne me dérange pas... cependant, j’aimerais également le rencontrer, » répondit Shiori. « Je souhaite connaître les réactions de l’école et des étudiants. »

Après que Masatsugu ait fait venir Hatsune et la princesse auprès de son ami, Taisei avait salué la princesse avec un air confus en interrogeant Masatsugu avec un regard qui semblait dire. « Qu’est-ce que c’est que ça ? »

Complètement insensible, Masatsugu avait alors demandé. « Que se passe-t-il, Taisei ? Ne voulais-tu pas me parler ? »

« Oh, oui. Compte tenu de ces moments inhabituels, l’information est difficile à se procurer, » répondit Taisei. « J’ai donc pensé que “Peut-être que Masatsugu-kun pourrait avoir des informations légitimes puisqu’il sert la princesse ?”. Je suis donc venu pour pouvoir obtenir quelques informations. »

« Et ainsi, tu as fait tout ce chemin jusqu’au dortoir pour cette raison, non ? » demanda Masatsugu.

« Tout à fait, » répondit Taisei. « J’ai effectué le trajet avec mon vélo. De plus, en tant que membre du conseil des élèves, j’étais également curieux de savoir si les pensionnaires agissaient de manières inappropriées. J’ai brièvement observé le dortoir des garçons et c’est assez chaotique là-dedans. »

C’était seulement à ce moment-là que Masatsugu se rappela que son ami était le vice-président du conseil des étudiants.

Le visage de Taisei était beau, mais totalement indéchiffrable quant à ce qu’il pensait ou ressentait. Il avait alors soupiré avant de lui répondre. « En raison de la perturbation noétique générée par l’armée, il est pratiquement impossible de recevoir des signaux de télévision et de radio, mais il y a occasionnellement des images ou un peu de son. En utilisant des informations fragmentaires, tout le monde fait toutes sortes de spéculations afin de donner un sens à la situation... ou plus... je suppose qu’ils essayent de s’imaginer ce qui va arriver après ça. »

D’après ce que Masatsugu avait entendu, il existait autrefois des entreprises qui développaient des téléphones portables de poche. Cependant, la présence d’ondes noétiques permanente était devenue l’une des raisons empêchant l’adoption généralisée de cet équipement rendu obsolète...

Les ondes noétiques consistaient l’énergie des pensées produites par les bêtes de rétention, les génies et les Chevaliers. Le terme général utilisé pour désigner les techniques de contrôle noétique afin de provoquer des interférences destructrices des ondes électromagnétiques en utilisant des ondes noétiques puissantes était « perturbations noétiques ».

Selon une légende urbaine, l’utilisation d’un four à micro-ondes à côté d’un Chevalier le ferait exploser. (Le four, pas le Chevalier.)

Il y a dix ans, quand le Seigneur César menait un millier de Légionnaires afin de combattre l’armée américaine stationnée au Japon, des interférences électriques avaient eu lieu dans tout le Japon. Les humains devaient encore inventer des moyens de produire des ondes électromagnétiques assez fortes pour contrer les puissantes ondes noétiques.

« En outre, parmi les étudiants de l’extérieur de la ville ou de la préfecture, il y a des individus qui prévoient d’utiliser des routes secondaires non bloquées pour rentrer chez eux à bicyclette, » expliqua Taisei.

« Le fait de partir en soi n’est pas interdit..., » répondit Masatsugu.

« Oui, quand j’ai dit “l’armée” tout à l’heure... Ce n’est probablement pas l’Empire Britannique, mais les forces locales du Fief de Kinai, n’est-ce pas ? » demanda Taisei. « Ce n’est pas une invasion étrangère, mais une rébellion ou un coup d’État, non ? »

Hier soir à 19 h, le Fief de Kinai avait tenu une conférence de presse.

La conférence de presse avait eu lieu avant les perturbations noétiques et donc, tout le monde dans la ville de Suruga avait pu la regardée dans les nouvelles. Toujours à la pointe de l’actualité, Taisei n’avait pas manqué cette information.

Alors que Masatsugu était sur le point de répondre aux questions de son ami, la dame qu’il servait parla avant lui.

Souriant avec douceur, la princesse avait offert une suggestion. « Eh bien ! Puisque nous sommes proches de midi... Pourquoi ne rassemblons-nous pas tous les étudiants en pension pour un repas ? Cela me pèse un peu sur la conscience que depuis hier, je n’ai pas officiellement salué tout le monde à mon arrivée... Hatsune, s’il vous plaît, occupez-vous de prendre des dispositions nécessaires pour tout ça. »

« D-D’accord, princesse, » répondit Hatsune.

***

Une heure plus tard, le repas de rassemblement était prêt.

Il y avait un total de soixante-dix garçons et filles vivant dans les dortoirs. La cafétéria de l’école avait été choisie comme lieu de rassemblement parce qu’il n’y avait pas d’espace dans les dortoirs où tout le monde pouvait se réunir. De plus, Shiori avait utilisé le système d’annonces publiques de l’école pour pouvoir inviter d’autres étudiants et membres du personnel présents à participer au repas de groupe.

En raison du temps de préparation insuffisant, le choix de nourritures n’avait rien de spécial.

Néanmoins, le fait que suffisamment de thés et de boulettes de riz puissent être rassemblés pour servir tant de personnes était rendu possible grâce au leadership de la princesse qui avait proposé l’idée.

« Mes chers camarades, les dames auraient-elles la gentillesse de se joindre à moi pour aider à la cuisine ? » demanda Shiori. « Et messieurs, pourriez-vous aider à mettre en place la pièce ? Ah oui ! Les membres du conseil des élèves pourraient-ils aller à la salle de diffusion ? »

Ses idées avaient été transmises par Hatsune, Masatsugu et Taisei puis exécutées par la communauté.

Shiori s’était souvenue de la position de Taisei dans le conseil des élèves, alors elle avait fait ses demandes aux membres du conseil des élèves par l’intermédiaire de leur vice-président (en vérité, ils ressemblaient plus à des instructions qu’à des demandes).

En outre, Shiori était également allée à la cuisine de la cafétéria pour faire des boulettes de riz avec les filles.

La princesse n’était pas très qualifiée dans les arts culinaires, mais conscients de son statut de noble, les étudiantes s’entendirent vite avec elle.

Quand le repas commença, Shiori inclina la tête pour s’adresser à tout le monde. « Salutations, mesdames et messieurs. Suruga est actuellement confronté à une période de tribulations. »

Elle continua. « Les forces britanniques et le fief de Kinai ont formé l’Alliance pour la Restauration, dans l’intention de lancer une insurrection contre notre gouvernement impérial. Ceci est indiscutable. »

« Cependant, une panique ou une méfiance excessive ne ferait que créer un plus grand danger pour vous, » continua-t-elle.

« La Charte de la Chevalerie interdit formellement aux forces armées d’attaquer, de piller et de blesser intentionnellement les civils et leurs zones résidentielles, » continua-t-elle. « Cet accord, dirigé par l’empereur Karl le Grand de l’Alliance du Roi Chevaleresque, a été fortement soutenu par le Seigneur César et par Victoria II, la reine d’Angleterre, et est ainsi apparu comme un ensemble de règles internationales d’engagement. »

« En d’autres termes, nous sommes protégés par cette charte, » continua-t-elle.

« Il est très probable que d’autres attaques soient lancées contre le fort tutélaire de Suruga, mais en quittant arbitrairement la ville et en vous dirigeant vers les zones non-protégées par la Charte de la Chevalerie... serait en fait le choix le plus dangereux, » continua-t-elle.

La princesse avait expliqué la situation, mettant en garde les étudiants contre des comportements imprudents.

Puis elle avait souri et avait déclaré tout en plaisantant à moitié. « J’ai quitté l’école à Rome à mi-chemin et j’ai été transférée sur ce campus... Maintenant que je suis à Suruga, j’ai l’intention d’aller correctement à l’école jusqu’à la fin de mes études. Je souhaiterais que tout le monde s’occupe bien de moi, s’il vous plaît. »

Ses paroles enjouées avaient réussi à dissiper la nervosité du public, provoquant des rires dans la pièce.

Après avoir terminé son discours, Shiori ne s’était pas assise. Elle était allée un peu partout dans la pièce afin d’avoir une conversation amicale avec les étudiants. Interrogée sur l’agitation actuelle, elle expliquait la situation du mieux qu’elle le pouvait. Il n’y avait jamais une absence de sourires autour d’elle à un moment donné.

Juste avant la fin du repas, Taisei avait déclaré à Masatsugu. « C’est incroyable. Avec ce seul rassemblement, Son Altesse est devenue “la princesse des dortoirs des étudiants”, agissant d’une manière encore plus fiable que les enseignants ou nous du conseil des élèves. À ce rythme, elle prendra le contrôle du monde au sein de l’école en moins d’un mois. »

***

Le Dortoir de Lys Noir avait été attribué à l’usage exclusivement de la princesse.

Il s’agissait d’un bâtiment de deux étages construit avec un cadre en acier. Il y avait un grand hall, une salle à manger, un salon de conversation, une salle de lecture, etc. au rez-de-chaussée et à l’étage, il y avait plusieurs chambres individuelles pour les pensionnaires. La disposition était la même que les dortoirs ordinaires des garçons et des filles.

Cependant, Dortoir de Lys Noir donnait vraiment une impression plus classe et plus propre que les autres dortoirs de la ville. Grâce aux travaux de rénovation, tout le papier peint était nouveau. Les meubles chics avaient également rendu l’intérieur très élégant. La décoration intérieure seule était pratiquement du « style Rokumeikan [1] ».

Après le repas, Masatsugu, Shiori et Hatsune étaient allés dans le salon de conversation dans le Dortoir de Lys Noir. Il y avait trois grands canapés disposés autour d’une table basse en ivoire.

En tant que responsable, Shiori était tranquillement assise sur un canapé. Debout, Masatsugu avait expliqué à la princesse ce qu’il avait entendu plus tôt. « ... Et c’est ce que mon meilleur ami a dit tout à l’heure. »

« Prendre le contrôle du monde, vraiment ? » demanda Shiori. « Votre ami utilise les mots d’une manière amusante. »

Masatsugu avait répété ce que Taisei avait dit, faisant ainsi sourire Shiori.

Contrairement au « sourire obéissant visant le monde extérieur » qu’affichait Shiori pendant le repas, son actuel sourire exprimait une sorte d’ironie avec une forte volonté et intelligence.

« Cependant, il l’a plutôt bien dit, » déclara Shiori. « Je dois devenir la personne la plus influente dans cette école et à Suruga, sinon, mes projets en seront affectés... Je dois d’abord prendre le contrôle de la zone de Suruga avant de progresser dans mes objectifs en obtenant la suprématie totale dans la préfecture de Shizuoka, Tōkaidō, puis dans l’est du Japon, et pour finir, dans l’ouest du Japon. »

« ... Quoi !? » s’exclama Masatsugu.

Shiori avait déclaré plusieurs mots qu’on ne s’attendrait pas d’une princesse mise à l’abri.

Alors que Masatsugu était stupéfait en entendant ça, Hatsune avait déclaré avec une importante excitation clairement audible dans le ton de sa voix. « Onii-sama, tu dois bien te souvenir de ça. Notre princesse a un plan très ambitieux. D’abord, elle se fera un nom et donnera une leçon à la faction de l’Impératrice qui l’a intimidée et harcelée, elle ainsi que sa mère. À l’avenir, elle deviendra le cerveau gouvernant secrètement tout le Japon depuis l’ombre. »

« Quoi !? » s’exclama à nouveau Masatsugu.

« Pour le dire plus simplement, notre princesse prendra le contrôle du Japon, » répondit Hatsune. « Nous, du clan Tachibana, sommes les aides et espions de confiance qui sommes là afin de l’aider à atteindre ses objectifs ♪. »

La révélation de Hatsune était surprenante, mais il était possible de trouver une certaine logique sous-jacente.

La relation intime entre le clan Tachibana et la princesse Shiori Fujinomiya était vraiment semblable au lien profond entre « un général de la période Sengoku et un clan secret de ninja ».

Même les aides-domestiques du Dortoir de Lys Noir étaient toutes des femmes plus âgées du clan Tachibana.

En outre, Hatsune avait changé son kimono et son hakama afin de revêtir un uniforme officiel de l’école. En la voyant habillée comme ça, Masatsugu avait été frappé par une pensée.

Peut-être que Hatsune aimait porter le hakama en tant que garde du corps de sa maîtresse.

Après tout, il était beaucoup plus facile de se déplacer dans un hakama qu’en jupe. Actuellement, à l’intérieur du dortoir, la probabilité d’une attaque contre la princesse serait plutôt faible, d’où le fait qu’Hatsune s’était changée afin de porter son uniforme.

« ... Tu fais attention aux détails. Je suis surpris, » déclara Masatsugu.

« Onii-sama, pourrais-tu ne pas faire de tels commentaires grossiers à l’improviste ? » demanda Hatsune.

« Oh, désolé, » répondit-il. « Les examens de mi-années vont bientôt arriver. Je t’ai cataloguée comme le type de personne qui emprunterait des notes à ses amis afin de les copier, et qui passerait les examens à l’aide d’un bachotage de dernière minute. »

« Comment peux-tu connaître ma stratégie pour les examens ? » demanda Hatsune.

Naturellement, étant donné la situation actuelle de la tourmente qui touchait la ville, on ne pouvait que tenter de deviner si des examens à mi-parcours auraient lieu ou non.

Cependant, Masatsugu regardait maintenant Shiori, car il avait une question à lui poser. « Je comprends maintenant les intentions de Votre Altesse. La question est, pourquoi me le dire ? Bien que je fasse partie du clan Tachibana, vous me connaissez à peine. De plus, nous nous sommes rencontrés que depuis quelques jours. »

Il n’y avait pas si longtemps, Masatsugu était encore un étudiant ordinaire sans le moindre indice sur les secrets de son clan.

D’ailleurs, il avait également perdu sa mémoire. Il serait inconsidéré pour une princesse de prendre comme subordonnée de confiance quelqu’un dont sa personnalité et ses dispositions étaient inconnues.

Shiori avait alors répondu. « En effet, il y a beaucoup de choses dont j’ai besoin de discuter avec vous, Masatsugu-sama, y ​​compris celui-ci. Veuillez bien m’accompagner. »

« Compris. Est-ce pour... quelque chose comme une discussion en privé ? » demanda Masatsugu.

« Nullement ! Ceci est une invitation à un rendez-vous qui ne comprendra que nous deux, » étonnamment, la princesse avait répondu ça avec une expression solennelle.

Notes

  • 1 Rokumeikan : Le Rokumeikan (鹿鳴館?) (litt. Pavillon du cri du cerf) était un grand bâtiment à un étage situé à Tokyo au Japon. Achevé en 1883, il est considéré comme un symbole de l’occidentalisation controversée pendant l’ère Meiji (1868-1912). Destiné à loger des hôtes étrangers, il fut commandé par le ministre des Affaires étrangères Inoue Kaoru et dessiné par l’architecte britannique Josiah Conder, un conseiller étranger travaillant au Japon.

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Un commentaire :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le chapitre.

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