Chapitre 1 : Légions envahissantes (1)
Partie 3
Les nouvelles de l’arrivée de la princesse impériale se répandirent dans les rues de Suruga comme une traînée de poudre.
La personne présente dans les rumeurs faisait enfin une apparition. De plus, le but de sa visite n’était pas le tourisme.
« Peut-être pourrais-je être rappelée à la capitale un jour... Mais personnellement, je souhaite faire de cet endroit ma résidence à long terme, » avait-elle déclaré.
Elle avait déménagé ici pour s’installer au lieu d’un séjour de courte durée.
Ce fut la déclaration publique que la Princesse Shiori Fujinomiya avait effectuée lors d’un entretien avec la station de télévision locale.
Il était de coutume pour les membres de la famille impériale d’éviter de paraître en public afin d’éviter des risques inutiles. La seule exception étant l’Impératrice en exercice qui représentait la figure maternelle de la nation.
Mais cette fois, Shiori était apparue intentionnellement devant les médias.
Le jour même où elle était arrivée à Suruga, elle avait été présentée dans une émission de télévision locale qui n’avait pas été diffusée à l’échelle nationale, partageant ses vues avec un présentateur de nouvelles, une femme dans la trentaine.
Cet entretien en tête-à-tête avait eu lieu dans une chambre d’hôtel.
La présentatrice avait demandé pourquoi elle était venue à Suruga après avoir terminé sa période d’études dans l’Empire Romain d’Orient en tant qu’Étudiante Étrangère.
« J’ai été invité par Rome quand j’avais douze ans et j’ai appris beaucoup de choses là-bas... Cependant, on pourrait difficilement appeler ça une vie d’étudiante normale. Je souhaite m’inscrire au lycée quelque part de calme et paisible, comme un moyen d’acquérir des expériences sociales de toutes sortes. »
L’interview avait été diffusée vers 18 heures et avait rassemblé une part d’audience de plus de soixante pour cent dans la plus grande région de Suruga. Pendant le programme, l’animatrice de la station de télévision locale avait conduit nerveusement l’interview avec appréhension.
« Et l’endroit que vous avez choisi pour cela est..., » déclara l’animatrice radio.
« En effet, Suruga est la ville natale de mon défunt père, » déclara Shiori. « J’ai décidé de déménager à Suruga après mon retour au Japon parce que je voulais commencer une nouvelle vie ici. Peut-être que cela pourrait causer des ennuis aux résidents, auquel cas je demande à l’avance pardon à tout le monde. »
« Votre Altesse ! Cela vous dérangerait-il si je vous demandais de parler de vos cheveux... ? » demanda l’animatrice.
« En vérité, mes cheveux ne sont pas teints, » répondit la princesse.
La Princesse Shiori avait une tête avec de brillants cheveux blond-platine. Il y avait une beauté mystérieuse dans la couleur de ses cheveux. Ceci n’appartenait pas à quelqu’un ayant des origines purement japonaises.
« Comme la plupart des personnes le savent déjà..., » Shiori commença son explication. « La première Impératrice, Sa Majesté Himiko, a appelé l’esprit sacré du Seigneur Tenryuu afin qu’il la possède. Dans un état d’union divine, elle a donné naissance à des princesses jumelles, qui étaient respectivement la deuxième impératrice, Toyo-sama, et ma mère, Son Altesse Fujinomiya... »
Cette anecdote était identique à la naissance virginale du Messie, Jésus Christ, né de Marie.
Les prêtresses servant le Seigneur Tenryuu et toutes les autres Bêtes Sacrées produiraient une progéniture par parthénogenèse en utilisant l’Énergie Spirituelle de leur partenaire.
La princesse Shiori caressa doucement ses cheveux, révélant un sourire légèrement troublé.
« Les familles royales des différentes nations adorant les Bêtes Sacrées sont toutes nées de la même manière, » continua-t-elle son explication. « Une particularité de ces lignées est que seules les filles sont conçues. Il y a aussi un phénomène que personne ne comprend apparemment... De temps en temps, un enfant comme moi naît. »
« Puis-je vous demander de détailler un peu plus ce que vous voulez dire ? » demanda-t-elle.
« Mes cheveux sont d’une couleur identique à ceux de mon grand-père, n’est-ce pas ? » demanda la princesse.
Le Seigneur Tenryuu était un dragon de platine géant dont le corps entier brillait du même éclat que les cheveux de Shiori.
L’animatrice comprenait les implications et hocha la tête vigoureusement. « En d’autres termes, Shiori-sama, il y a une ressemblance particulièrement forte entre vous et votre grand-père... Serait-ce correct de le dire ainsi ? »
« Fufufufu, je suppose que ce serait une façon de le dire, » répondit la princesse.
L’interview était sur les ondes pendant environ une demi-heure.
Pendant ce temps, la princesse avait répondu avec aisance, exprimant ses opinions avec clarté. En outre, elle était restée tout le temps souriante et élégante, démontrant pleinement le caractère noble d’une princesse.
... La diffusion du programme avait causé un énorme effet.
*
À partir du lendemain, la popularité de la princesse Shiori Fujinomiya avait augmenté de façon spectaculaire parmi la population Suruga.
« Je suppose qu’elle ne l’a pas fait exprès, mais c’était vraiment très efficace, » déclara Masatsugu.
Le bon ami de Masatsugu, Taisei Okonogi, avait également été impressionné et avait dit. « La princesse a accepté une interview à la télévision, alors que les rumeurs à son sujet faisaient fureur. En utilisant ses propres mots, elle explique parfaitement sa raison d’être à Suruga. C’est déjà suffisant pour impressionner les autres avec une image de “jeune, mais fiable”. De plus, en tant que belle jeune femme blonde, elle a déjà un impact visuel massif. »
« C’est totalement vrai, » Masatsugu était d’accord.
En seulement quelques jours, Shiori Fujinomiya était passée de « une princesse inconnue » à « la princesse locale connue de tous les résidents de la ville de Suruga. »
« Si c’était intentionnel, elle serait une très bonne manipulatrice, » déclara Masatsugu.
« Hahahaha, j’en doute, » répondit Taisei. « Tout le monde sympathise avec la princesse qui a été envoyée à Rome en otage, alors ils la considèrent naturellement favorablement. Elle a déjà obtenu un soutien ferme des personnes âgées. La jeune génération aussi... »
Au moins au Lycée Rinzai où étudiait Masatsugu, Shiori avait obtenu une popularité écrasante.
La princesse avait déclaré explicitement qu’elle voulait s’inscrire dans un lycée de Suruga. Le Lycée Rinzai devait être là où elle serait transférée.
Le plus surprenant de tous, elle avait l’intention d’emménager dans les dortoirs des étudiants.
Le vendredi de l’arrivée imminente de la princesse Shiori, Masatsugu avait été recherché par sa cousine éloignée.
« Naturellement, nous ne pouvons pas permettre à la princesse de vivre dans un dortoir ordinaire, » déclara Hatsune.
Hatsune avait finalement admis à Masatsugu qu’elle était la « dame d’honneur personnelle de la princesse ».
En utilisant l’heure qu’il avait à attendre ce matin avant de se rendre à l’école, ils discutèrent devant le dortoir des étudiants.
« C’est pourquoi nous avons demandé à l’école de fournir un dortoir inutilisé, » déclara Hatsune. « À partir de ce soir, la princesse et moi resterons ici. »
« D’accord, c’est pourquoi il y avait des ouvriers qui ont aménagé cet endroit plus tôt..., » déclara Masatsugu.
Masatsugu et Hatsune se tenaient devant le « Dortoir du Lys Noir » qui était réservé exclusivement à la princesse.
Avec la diminution des pensionnaires, l’endroit n’avait pas été utilisé depuis les cinq dernières années. Grâce à un remodelage rapide, sa façade extérieure était devenue très à la mode.
De plus, c’était avant-hier quand la princesse s’était présentée avant Masatsugu.
Cette nuit-là, l’interview était apparue à la télévision. Le lendemain, Son Altesse Shiori avait visité la mairie afin de rencontrer le maire de Suruga.
Et aujourd’hui, c’était vendredi. Et la princesse commencerait à assister aux cours lundi prochain.
Masatsugu se sentait impressionné par le programme très efficace de la princesse.
Hatsune lui avait dit. « Au fait, Onii-sama, pourrais-tu aujourd’hui m’accompagner après l’école ? »
« Cela ne me dérange pas... Mais pour quelle occasion ? » demanda Masatsugu.
Après la fin des cours de cette journée, tout cela faisait partie du précieux temps de la fin de semaine, qui comprenait le temps après la fin des cours du vendredi ainsi que samedi et dimanche.
Quoi qu’il en soit, Masatsugu n’avait aucun engagement préalable qui l’obligerait à sortir, alors il accepta facilement la demande de Hatsune.
Cependant, Hatsune avait commencé à le surprendre avec ce qu’elle avait ensuite dit. « La princesse vous demande, Onii-sama. »
« Moi ? Demandez par la princesse ? » demanda Masatsugu.
Jamais, dans ses rêves les plus fous, il ne s’attendait à ce que Hatsune lui demande de répondre à l’appel de la princesse.
Quand Hatsune avait révélé l’emplacement de leur réunion, Masatsugu était devenu encore plus confus.
« Le fort tutélaire de Nihondaira... ? » s’exclama Masatsugu.
La confusion de Masatsugu était à son maximum. Il n’avait pas la moindre idée de la raison pourquoi on lui avait demandé d’aller dans ce genre d’endroit.
En allant vers l’est en voiture depuis le Lycée Rinzai, on atteindrait les hautes terres formées du Mont Udo et du Mont Kunou qui étaient tous deux adjacents. La région autour du pic du Mont Udo était connue sous le nom de « Nihondaira », le plus haut plateau de la région.
Un fort tutélaire y était situé... ainsi que la base militaire de Suruga.
De plus, ce n’était pas une base ordinaire. Elle servait de « châtelain » (le nom d’un poste chargé de la gestion d’un château et de son territoire au nom d’un daimyo dans le passé) en ayant un fort tutélaire qui était là pour la tâche effectuée par Les Chevaliers.
Un soi-disant Chevalier était une personne ayant la capacité spéciale d’invoquer de puissants Légionnaires, des soldats géants ailés. Ils étaient aussi des commandants qui conduisaient leurs troupes à se battre sur les lignes de front.
Se battant pour le compte des militaires et de la nation, ils prenaient des risques et avaient des responsabilités incalculables.
Par conséquent, les Chevaliers étaient honorés avec toutes sortes de traitements privilégiés. Ils étaient des héros respectés dans l’armée et des officiers de haut rang au sommet de la chaîne de commandement. Ceux qui avaient atteint le grade de Chevalier recevraient des salaires généreux et seraient traités comme des nobles dans la société civile.
En effet, les forts tutélaires étaient les bastions d’où les Chevaliers et les Légionnaires opéraient.
... Et ainsi commença le jour où la vie de Masatsugu Tachibana fut radicalement bouleversée.
Merci pour ce travail 🙂