Chapitre 1 : Légions envahissantes (1)
Partie 1
Un étudiant mâle de deuxième année au lycée vivant dans la ville de Suruga dans la préfecture de Shizuoka dans la région de Tōkaidō.
Si l’on devait expliquer son identité, la phrase précédente serait suffisante afin de décrire Masatsugu Tachibana, qui n’était ni une célébrité ni un athlète d’élite de niveau national.
Pour le dire franchement, en mettant de côté certaines particularités, Masatsugu Tachibana n’était rien de plus qu’un lycéen tout à fait ordinaire.
Cependant, ce Masatsugu ordinaire avait toujours eu ses propres ambitions.
« En parlant de l’événement final qui aura lieu avant la fin du deuxième mandat, Taisei, sais-tu ce que c’est ? » demanda Masatsugu
« Bien sûr Masatsugu-kun, les examens finaux, » répondit Taisei.
« Faux ! Il s’agit du concours de beauté qui a lieu en décembre, un événement qui se déroule le dernier jour du festival de l’école, » déclara Masatsugu.
« ..., » l’ami de Masatsugu, Taisei Okonogi, avait réagi avec un silence en tant que consternation face à ces paroles.
Ils étaient tous deux actuellement dans la cafétéria du Lycée Privé Rinzai. Masatsugu buvait un berlingot de thé vert pendant que Taisei avait du café en cannette. La cafétéria était toujours bondée pendant l’heure du repas de midi, mais actuellement, elle était totalement inoccupée comme nous nous trouvions après l’école.
Soit dit en passant, Taisei avait des cheveux bruns teints, et un visage dont les traits pouvaient être considérés comme harmonieux et beaux.
Malheureusement, peut-être en raison de son excellent caractère et de son éducation, combiné avec un remarquable bon sens, il n’était pas une personne qui attirait particulièrement l’attention.
Et maintenant, comme toujours, Taisei parlait doucement. « Au fait, Masatsugu-kun, j’ai entendu dire que tu faisais partie du comité exécutif du festival de l’école. Est-ce vrai ? »
« Tout à fait. Je remplace Takeda qui a été transféré à la fin du premier mandat, » répondit Masatsugu.
Comparé à la posture et au ton doux de son ami, Masatsugu semblait en comparaison plutôt rigide.
De temps en temps, Masatsugu dégageait une impression semblable à ce qu’on s’attendrait à voir au contact d’un samouraï. C’était en fait assez approprié puisque dans le passé, la Famille Tachibana avait servi les Tokugawa en tant que jikisan hatamoto [1], des samouraïs au service direct du Shogunat.
Même si sa disposition n’était pas venue de sa lignée, si l’on devait classifier Masatsugu comme une analogie entre dur et mou, alors, il était clairement une personne agissant comme un ancien. Masatsugu parlait avec un ton solennel et sa posture était assez rigide et droite. Il n’avait jamais crié lorsqu’il y avait de l’agitation dans l’air, il avait très rarement raconté des blagues, et il avait rarement enfreint les règlements de l’école. Par conséquent, il n’avait pas beaucoup d’amis en classe.
En y incluant Taisei, il n’avait que trois ou quatre amis proches.
S’il devait se regarder dans un miroir à cet instant précis, alors il ressemblerait sûrement à un homme sombre avec un front légèrement plissé.
... Contre toute attente et en totale contradiction avec ses dispositions de personne rigide, Masatsugu avait à ce moment-là sorti de son sac d’école la liste des candidates au concours de beauté.
« Pour être honnête, quand j’ai commencé à siéger au comité de direction et que l’on m’a confié la responsabilité du concours de beauté, j’ai trouvé que c’était un problème et j’ai pensé que je n’y étais pas adapté, » déclara Masatsugu. « Cependant, après avoir regardé ces concurrentes qui s’étaient portées volontaires ou qui avaient été recommandées par des amis... » Masatsugu feuilletait son dossier alors qu’il déclarait la fin.
Environ, une vingtaine de filles envisageaient d’y participer. Chaque profil incluait le nom de la fille, une photo de son visage, ainsi qu’une présentation qu’elle avait elle-même réalisée et pour finir, une photo alors qu’elle portait un maillot de bain. Il y avait beaucoup de jolies filles parmi les candidates en lice pour devenir Miss Lycée Rinzai.
Tout en révélant un sourire nihiliste empli d’indifférence, Masatsugu était l’image parfaite d’un samouraï meurtrier et maléfique.
« J’ai ainsi découvert que ce n’est finalement pas si mal..., » continua Masatsugu. « Non, je devrais plutôt dire que j’apprécie ce poste. Je ne m’étais pas rendu compte qu’au cours de ses deux dernières années que je pourrais être un gars qui aime un petit peu les filles. »
« Je pense que oui. Je ne l’avais jamais remarqué auparavant, » déclara Taisei.
« J’aimerais animer ce concours de beauté, mais malheureusement, il n’y en a pas d’assez bonne pour ne pas avoir une candidate qui deviendra à coup sûr la reine. Matsuki-san, une course pour son argent..., » déclara Masatsugu.
« Oh ! Parles-tu de la fille qui s’est fait repérer par les agences de talents ? » demanda Taisei.
« Je veux trouver un ou deux autres prétendants à la première place afin qu’elles s’opposent à elle, » répondit Masatsugu.
« Hé, Masatsugu-kun, si tu parles de quelque chose comme ça avec un visage aussi austère, pourrais-tu au moins parler d’un sujet lié à l’avenir de la nation ? » Voyant Masatsugu avec les bras croisés et une expression solennelle, son ami n’avait pas pu s’empêcher de se moquer de lui. « Comme la hausse de diverses taxes pour l’année prochaine ou les sommes importantes que le Japon verse à Rome à des fins non divulguées. »
Le père de Taisei Okonogi travaillait dans la branche de Shizuoka de l’agence de presse Tōkaidō. Peut-être en raison de son environnement familial, Taisei parlait souvent des problèmes sociaux lors de ses discussions bien qu’il ne soit qu’un adolescent. C’était probablement également la raison pour laquelle il s’entendait très bien avec le « trop sérieux » Masatsugu.
En passant, nous étions aujourd’hui le 1er octobre et donc, il restait encore un peu de temps avant le concours de beauté qui se déroulait en décembre.
« Au fait, Masatsugu-kun, retournes-tu maintenant au dortoir ? » demanda Taisei.
« Non. J’ai prévu d’aller dans ma maison afin d’y faire du ménage, » répondit Masatsugu.
« Je suppose qu’il est très facile pour le désordre et la poussière de s’accumuler dans une maison quand personne n’y vit, » déclara Taisei. « Si tu es d’accord avec ça, j’aimerais venir avec toi et t’aider. Comme aujourd’hui il n’y a pas de travail étudiant, j’ai beaucoup de temps libre. »
« Je suis très content que tu m’offres de m’aider. Merci beaucoup, » répondit Masatsugu.
Taisei occupait le poste de Vice-Président du Conseil des Étudiants.
Ces manières d’agir étaient fondamentalement les mêmes quand il était avec des amis proches. Après que Masatsugu eut baissé la tête en signe de gratitude, ils avaient tous deux quitté la cafétéria.
Le Lycée Rinzai était situé dans la banlieue est de la ville de Suruga, près des montagnes, et assez loin du centre-ville.
En passant, comme leur école était connue comme étant un endroit où de prestigieuses familles la fréquentaient, il y avait beaucoup d’étudiants qui venaient s’inscrire depuis très loin.
La plupart de ces étudiants vivaient dans les dortoirs et Masatsugu était l’un d’entre eux. La maison de ses parents était située dans la ville de Suruga, tout comme l’école, mais il n’avait désormais plus de famille. Ses parents et grands-parents étaient tous décédés et il n’avait ni frère ni sœur.
Grâce à l’héritage et à la rente d’orphelin laissés par son père-soldat, Masatsugu pouvait vivre sans avoir de soucis financiers.
Il aurait pu vivre seul dans sa maison, mais il avait choisi par commodité de vivre dans le dortoir qui comprenait une aide ménagère.
« Pour une fois, je m’éloigne de l’école et j’ai enfin le sentiment de visiter la ville, » déclara Masatsugu.
« Comme l’école est si proche de la montagne, il y a très peu de résidences se trouvant à proximité, » répondit Taisei.
La ville de Suruga était située sur une plaine littorale face à la baie de Suruga.
Sur cette région littorale se trouvait une ville régionale vraiment très calme. Mais en cours de route, il y avait deux petites montagnes qui s’érigeaient dans la région avec une série légèrement abrupte de monts et le tout se tenait à une altitude d’environ trois cents mètres. Il s’agissait du Mont Udo et du Mont Kunou — qui formait une zone montagneuse emplie de verdure.
L’école de Masatsugu et Taisei était située sur le côté ouest du Mont Kunou.
Tous deux avaient ainsi pris un bus en direction du centre-ville.
Cet itinéraire conduisait au quartier commercial présent en face de la Gare de Suruga. Sur le chemin, un camion militaire passa devant eux. Il voyageait dans la direction de l’école, et il se rendait probablement à l’installation militaire connue sous le nom de base tutélaire.
« Tokugawa Ieyasu [2] a dit que “le château de Kunou est la citadelle intérieure du château de Sunpu”. Savais-tu ça ? » demanda Masatsugu.
« Le château de Kunou... Es-tu en train de parler du fort qui se dressait sur le Mont Kunou ? » demanda Taisei.
« Tout à fait, » répondit Masatsugu. « Il s’agit maintenant d’un ensemble de ruines là où se dressait le château et il n’y a presque plus rien debout. Mais ce qui a pris sa place est la base tutélaire — ce qui est quelque chose tel un château — et elle a été construite à proximité. Donc, cela signifie que le Seigneur Ieyasu avait raison en disant ça. »
Après que Tokugawa Ieyasu eut quitté sa position de premier shogun du bakufu d’Edo, il était retourné dans sa ville natale de Suruga et avait construit le château de Sunpu comme résidence pour pouvoir y vivre en paix lors de sa retraite.
La ville de Suruga était une terre avec des liens intimes avec le « Seigneur Divin » Tokugawa Ieyasu.
Pendant qu’ils bavardaient, le bus les avait emmenés à travers la ville de Suruga. Il y avait beaucoup de bâtiments commerciaux et de bureaux près de la gare, mais c’était beaucoup moins animé qu’à Tokyo. Après tout, il s’agissait d’une ville régionale idyllique. Masatsugu et Taisei n’étaient pas descendus même quand le bus s’était approché de la gare.
Après ça, le bus avait continué pendant une dizaine de minutes avant que finalement, ils débarquent à un arrêt près de la rivière Abe.
Après avoir traversé un quartier résidentiel pendant environ cinq minutes, ils arrivèrent à la maison de Masatsugu Tachibana.
Il s’agissait d’une maison à un étage construite dans le style japonais. L’habitation principale avait un salon et au moins cinq chambres spacieuses de style japonais. En outre, il y avait un passage en terre battue. Et à l’entrée, il y avait une magnifique porte avec un toit de chaume.
Cet endroit était bien trop grand pour qu’un lycéen seul puisse le nettoyer.
Après avoir ouvert l’ancienne porte en bois, Masatsugu regarda la zone proche de la porte d’entrée. Il fronça les sourcils devant ce qu’il venait de constater.
« ... Hmm !? » s’exclama-t-il.
Il avait remarqué que la porte d’entrée était ouverte.
Il était sûr d’avoir correctement fermé la porte quand il était venu le mois dernier afin de nettoyer les lieux.
« Un cambrioleur a-t-il laissé la porte ouverte ? » demanda Taisei.
« Je vais aller jeter un coup d’œil dedans. Donc, attends-moi dehors, » répondit Masatsugu.
Après avoir un peu poussé un Taisei surpris afin qu’il sorte, Masatsugu entra par le passage.
En supposant qu’un intrus ait laissé la porte ouverte, un cambriolage aurait très probablement eu lieu. Masatsugu ne voulait pas exposer son ami au danger. Et ainsi, Taisei acquiesça immédiatement et resta seul devant la porte.
L’ami de Masatsugu, bien conscient de ses compétences particulières, n’avait pas du tout insisté.
Il serait plus efficace de laisser ça à Masatsugu plutôt que d’appeler la police.
« ... Des bottes ? » Dès qu’il eut franchi l’entrée, Masatsugu marmonna pour lui-même.
Il disait ça, car il y avait une paire de bottes pour femmes qui avait été soigneusement placée là. Il s’agissait de bottes à mi-cheville et sans talon apparent.
Ce n’était pas la seule chose suspecte. Masatsugu ne passait ici qu’une fois par mois afin de nettoyer cette maison. Cependant, le couloir était actuellement étincelant, et il était évident d’un simple coup d’œil qu’il avait été soigneusement essuyé avec un chiffon humide.
En outre, on pouvait sentir le parfum de l’encens à l’intérieur de la maison...
Masatsugu avait alors enlevé ses chaussures avant d’aller dans la salle contenant l’autel bouddhiste d’où le parfum provenait. En y regardant de plus près, il y trouva une fille agenouillée devant l’autel avec ses paumes tendues ensemble dans une position de prière.
Elle était habillée comme une étudiante de style japonais en portant un hakama [3]. Ce genre d’apparence était censé être banal dans la capitale, mais moins ici.
Les magnifiques cheveux noirs de la fille étaient attachés par un ruban écarlate. Elle regardait les portraits des défunts parents de Masatsugu... à savoir sa mère décédée pendant son enfance et son père tombé au champ d’honneur il y a trois ans.
La fille avait environ quinze ou seize ans. Bien que certains traits enfantins lui soient restés, son visage était très beau et adorable.
Avant que Masatsugu puisse parler, l’étudiante se retourna, sentant sans doute l’arrivée de Masatsugu.
« Bienvenue à la maison, Onii-sama. Ceci fait si longtemps depuis notre dernière rencontre. Douze ans, je crois ? » déclara-t-elle d’une voix cristalline tout en lui souriant tendrement.
Cependant, Masatsugu ne l’avait nullement reconnue. D’ailleurs... après y avoir réfléchi, il hocha la tête avant de déclarer, « Je comprends mieux maintenant. J’ai une petite sœur perdue depuis si longtemps, c’est ça ? »
« Non ! Tu as tords, » déclara-t-elle.
« Alors qui êtes-vous ? » demanda-t-il.
Après avoir calmement rejeté les spéculations de Masatsugu, elle affirma ça. « La relation de Hatsune avec Onii-sama... Je me demande quelle est la meilleure façon de la décrire. »
« Étiez-vous une amie d’enfance qui vivait près de chez moi, alors vous m’appelez votre grand frère pour refléter la différence d’âge ? » demanda-t-il.
« Encore faux. Les amis d’enfance ou les parents proches auraient été plus faciles, mais la vérité s’avère être plus subtile que ça. Et c’est ce qui rend difficile pour moi de l’expliquer, » répondit-elle. « Laisse-moi voir, notre relation est légèrement plus éloignée que celle de cousins. »
« Ça veut dire des cousins germains ou une sorte de parent éloigné, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.
« Oui, c’est à peu près ça. Je suis sûre que tu pourrais trouver un lien si tu parcourais attentivement nos arbres généalogiques, mais cela prend trop de temps pour le faire, alors, je vais directement t’appeler “Onii-sama”, » déclara-t-elle.
« Décidément, s’adresser à vous en tant que “probablement un parent éloigné” serait certainement un problème, » répondit-il.
« Tu comprends, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi nous avions décidé ça il y a longtemps, Fufufufu, » déclara-t-elle avant de se mettre à rire.
Masatsugu conversait avec l’intruse dans la salle de l’autel bouddhiste dont le sol était recouvert de tatami.
La jeune fille souriante avait maintenu sa position formelle assise, donc en seiza [4], alors Masatsugu s’était également assis devant elle de la même manière. Cette fille était apparemment une parente avec un prénom de Hatsune, mais Masatsugu n’avait aucun souvenir de tout cela, alors il continua son enquête.
« Quel est votre nom ? Je veux connaître votre nom complet, » déclara-t-il.
« Oh, tu es si affreux, Onii-sama ! M’as-tu oubliée ? Je ne peux pas croire que tu aies oublié ta Hatsune Tachibana, qui est dans le même clan que toi. C’est tellement horrible de ta part, » répliqua Mlle Tachibana Hatsune qui commençait à faire la moue telle une enfant.
Masatsugu inclina la tête en signe d’excuses.
« Nous vivions très près les uns des autres à la maternelle et nous avons tout le temps joué ensemble, » continua-t-elle.
« Vraiment ? Alors, permettez-moi de vous poser une question, sœur — désolé, je veux dire Tachibana Hatsune-kun, » déclara Masatsugu.
« N’hésite pas à m’appeler comme tu le préfères. Vas-y et utilise “petite sœur” afin de me nommer. Ceci ne me dérange nullement et tu peux également me parler d’une manière plus familière, » dit-elle.
« Dans ce cas, d’accord, allons avec Hatsune. Y a-t-il une autre relation spéciale entre nous ? Comme une vieille promesse de mariage ou de vagues sentiments d’amour que nous aurions eu l’un pour l’autre, » demanda-t-il.
« Des sentiments d’amour ? » demanda Hatsune.
« C’est bien ça. En fait, ces derniers temps je me posais souvent la question. Comme si une fille allait soudainement tomber du ciel et se confesser à moi ou qu’une fiancée en provenance de l’enfance pourrait soudainement apparaître pile en face de moi, » dit-il.
Hatsune avait frappé ensemble ses mains devant elle avant de répondre. « J’ai également lu des histoires de ce type comme dans “le Bric à Brac Hebdomadaire du Shounen” ou “Shoujo Margarita”. »
« Tu peux trouver des choses similaires dans de nombreux romans et des jeux de simulation d’amour destinés aux adolescents, » répondit-il.
« Est-ce le genre que tu aimes, Onii-sama ? » demanda Hatsune.
« Il y a quelque temps, j’ai regardé brièvement ce genre de choses quand un ami me les a recommandés, » répondit-il. « Grâce à ces histoires, il y a des nuits où je ressens douloureusement combien il est insupportable d’être un célibataire. »
« Je comprends mieux maintenant, pauvre petite chose ! » répondit-elle.
« Voilà pourquoi je voulais poser des questions sur notre passé commun, » dit-il.
« Oui, je comprends tout à fait. Il n’y a absolument rien de tel dans notre passé ! » déclara-t-elle.
« Ho, c’est vraiment une triste nouvelle que tu me dis là, » dit-il.
Alors que Hatsune le niait catégoriquement, Masatsugu restait totalement imperturbable.
« On ne peut pas y faire grand-chose, car le passé ne peut pas être changé. Oh ! Mais je m’en souviens maintenant. Je pense que tu as proposé de m’épouser quand nous étions jeunes, » déclara Hatsune.
« Dans ce cas, pourquoi tout à l’heure m’as-tu dit “absolument rien de tel” ? » demanda Masatsugu.
« Désolée, mais je suis parfois si tête en l’air, » dit-elle.
« Je vois. Ceci semble bien être le cas, » dit-il.
« Mais il y a plus que ça, » dit-elle. « Et voici comment j’avais répondu à l’époque. “Je le considérerai sérieusement si dans le futur, tu grandis pour devenir aussi fort qu’un lutteur de sumo étant au rang de yokozuna [5]”. »
« Mais pourquoi un lutteur de sumo de rang yokozuna ? » demanda-t-il.
« Car ceux que j’avais l’habitude d’aimer étaient des hommes puissants comme des yokozunas, des champions de luttes ou des maîtres lethwei [6]. En vérité, tu sais, même maintenant, ils sont toujours mon type d’homme ! » répondit-elle.
« Je sens une sorte d’obsession d’initié dans ton dernier exemple..., » déclara-t-il.
Le Myanmar en Asie du Sud-Est faisait actuellement partie de l’Empire Romain d’Orient. Masatsugu était très impressionné que Hatsune amène en ce lieu un art martial légendaire.
Il avait alors commencé à évaluer sa propre éligibilité.
Corpulence moyenne avec une taille de 1 mètre 75. Il possédait une corpulence assez mince avec pratiquement aucune graisse.
Il était assez musclé, mais malgré ça, il n’était nullement un homme macho avec des muscles saillants.
« On dirait que ma formation visant à rechercher le futur bonheur a échoué, » déclara-t-il.
« Les premiers béguins de l’enfance ne portent jamais de fruits, Onii-sama, » répondit-elle.
« Au fait, Hatsune, pourquoi es-tu venue dans ma maison ? » demanda-t-il.
« Je suis venue ici afin de rendre hommage à mon défunt Oncle et à ma défunte Tante, » répondit-elle. « Ce n’est qu’une manière de dire bonjour tout en visitant ma ville natale, mais je m’excuse d’être venue ici sans demander la permission. »
« Si ma mémoire est bonne, j’avais fermé la porte, » dit-il.
« Ne t’inquiète pas pour ça, je suis très débrouillarde. Ce genre de serrure ne me prend pas plus de soixante secondes pour ouvrir, » Hatsune bomba fièrement sa poitrine tout en disant ça. Malgré son visage enfantin, elle était extrêmement voluptueuse. Puis elle avait attrapé son sac posé sur le tatami.
Ses doigts pâles et élancés avaient alors sorti une épingle à cheveux qui avait été délibérément déformée pour prendre la forme d’une aiguille.
« Ce qui signifie que tu as utilisé cette chose pour forcer la serrure de la porte d’entrée..., » dit-il.
« Voilà comment j’ai ouvert la porte et je suis entré, » dit-elle.
« Ainsi, celle qui a nettoyé la maison est également..., » demanda-t-il.
« J’ai remarqué que la maison était un peu en désordre, alors j’ai décidé d’un peu aider en la nettoyant, » dit-elle.
« Je m’en doutais bien. Merci, » dit-il. « Mais sais-tu que tu es actuellement pris en flagrant délit de violation de propriété ? »
« Tu es si méchant, Onii-sama, » dit-elle. « Je suis quand même pour toi la même chose qu’une petite sœur. La violation de propriété ne s’applique pas à la famille ! »
« Je ne parierais pas sur ça. Il s’agit principalement au juge de décider, » dis-je.
« Hein !? Vraiment ? » demanda-t-elle.
La calme réfutation de Masatsugu avait surpris Hatsune.
« ... Excusez-moi, Masatsugu-kun et Tachibana-san. » Taisei les interrompit alors qu’il arrivait à la salle de l’autel bouddhiste avant d’y entrer.
Taisei devait être venu observer la situation après avoir entendu le son de leur conversation. Il avait alors dit avec tact, « Le couchée du soleil sera bientôt là surtout si votre acte de comédie continue sans qu’un homme droit arrive afin de freiner les choses qui sont en train de se dérouler. »
Dans tous les cas, il s’agissait de la rencontre entre Hatsune Tachibana et Masatsugu... Ou plutôt, leur réunion.
Notes
- 1 Jikisan hatamoto : Un hatamoto (旗本) (« sous les drapeaux ») dans le Japon féodal, est un garde officiel d’un daimyō ou d’un shogun. Caractérisés par l’utilisation du nodachi, ils sont souvent utilisés comme une force d’élite et en renfort rapide au service direct du shogunat Tokugawa du Japon féodal. Le jikisan hatamoto sert uniquement le shogun et aucun autre seigneur.
- 2 Tokugawa Ieyasu : Tokugawa Ieyasu (徳川家康, Tokugawa Ieyasu) (31 janvier 1543 - 1er juin 1616), est daimyo puis shogun du Japon. Il est le dernier des trois unificateurs du Japon de l’époque Sengoku, après Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi (aussi nommé Hashiba).
- 3 Hakama : Le hakama (袴) est un pantalon large plissé (sept plis, cinq devant et deux derrière), muni d’un dosseret rigide (koshi ita). Il était traditionnellement porté par les nobles du Japon médiéval, et notamment les samouraïs. Il prit sa forme actuelle durant la période Edo. Femmes comme hommes pouvaient porter le hakama.
- 4 Seiza : Le seiza (正座, « s’asseoir correctement ») est le terme japonais pour la façon traditionnelle de s’asseoir au Japon.
- 5 Yokozuna : Yokozuna (横綱?) est le rang (et non pas le niveau) le plus élevé que peut atteindre un lutteur-sumo. Une fois promu, le yokozuna ne peut plus perdre son titre, mais on attend de lui qu’il se retire s’il ne peut plus obtenir des résultats dignes de son rang.
- 6 Lethwei : La boxe birmane se nomme bama lethwei ou Myanma yuya louvi (Myanmar traditional boxing en anglais).
Merci pour le chapitre.
P.S : Masatsugu, joue au poker, je crois que tu es fais pour ça vu ton visage…
Conversation étrange avec une inconnue 🙂 Masatsugu n’a pas l’air de se laissé surprendre pour si peu…
La prochaine sortie apportera des réponses à ce niveau là.