Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 7 – Chapitre 13 – Partie 5

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Chapitre 13 : Voyage à Izu

Partie 5

À en juger par son regard, il semblait qu’elle n’était pas contre l’idée de me hanter. Son corps était devenu semi-transparent, alors j’avais supposé que c’était parce qu’elle se préparait. Elle s’était agrippée à mes épaules, puis je l’avais sentie entrer en moi quand j’avais cru entendre quelqu’un dire « Pardon. » Je ne savais pas si son cœur battait la chamade à cause de l’excitation de la vue ou de l’attente du repas.

« Celui-ci est pour Marie, et le grand est pour Wridra. » J’avais tendu les repas à chacune d’elles, et elles avaient souri et m’avaient remercié. La vue magnifique des cheveux blancs de l’elfe et des cheveux noirs de la dragonne flottant dans le vent avec la mer dans le dos m’avait fait penser que je rêvais. Eh bien, elles venaient littéralement d’un monde de rêve.

Il était à peu près midi, et le soleil était haut dans le ciel de l’est. La voiture était lumineuse grâce aux reflets du soleil sur l’eau, et Marie avait défait avec plaisir les emballages bleu ciel de sa boîte à lunch.

« Je suis affamée. C’est peut-être parce que j’ai eu cette expérience terrifiante sur le pont. »

« Tu n’en as traversé qu’une petite partie. Et quand tu as enfin réussi à parler, tu as à peine dit que tu voulais rentrer, » avait fait remarquer Wridra.

« Hé ! Tu n’auras rien de ce que nous avons fait si tu dis des choses comme ça. C’est dommage, c’est ce que nous avons fait de mieux après avoir passé tant de temps à les préparer, » déclara Marie, les sourcils froncés, mais Wridra serra la boîte à lunch sur la défensive.

« Je ne le rendrai pas ! »

Il est vrai que nous avions passé beaucoup de temps sur eux. En fait, il avait fallu environ deux heures de travail. C’était probablement… non, certainement le plus de temps que j’avais passé à cuisiner pour quoi que ce soit. La raison pour laquelle cela avait pris si longtemps était…

Wridra s’était figée en défaisant l’emballage de la boîte à lunch. Elle y avait trouvé un adorable personnage qui lui souriait en réponse. Elle avait cligné des yeux plusieurs fois, puis elle avait ouvert la bouche en grand.

« Aha ha ha ! La ressemblance est troublante ! »

« Oh mon dieu, c’est trop mignon ! !! »

Je pouvais comprendre leurs réactions de se rouler par terre en riant et en se tortillant. Nos déjeuners étaient des bentos de personnages, qui étaient littéralement des boîtes à lunch arrangées pour ressembler à des personnages célèbres.

Les boules de riz elliptiques avaient utilisé des algues pour former des yeux et des bouches, et elles nous avaient accueillis avec les deux mains levées en signe de célébration. Le motif original était populaire auprès des enfants et des adultes, et c’était la raison principale pour laquelle Marie au départ avait pris un tel goût pour l’anime.

Les personnages avaient des visages adorables avec des boulettes de viande et des œufs de caille pour yeux. Les décorations colorées composées de laitue, d’omelettes roulées et de mini tomates avaient fait naître sur le visage de Marie un sourire adorable.

« Ohh, je n’arrive pas à y croire ! Comment des bentos aussi adorables peuvent-ils exister ! ? Oh, des photos, des photos ! Prends une photo pour moi, vite ! »

Whoa, elle est vraiment excitée.

Je ne pouvais pas lui en vouloir, étant donné qu’elle venait de voir l’une de ses choses préférées dans un lieu de détente parfait après avoir passé tout ce temps à préparer ces déjeuners. J’avais donc sorti mon smartphone et l’avais pointé sur Marie qui souriait avec la boîte à lunch à la main. Wridra avait également rapproché son visage et avait affiché un sourire tout comme le personnage principal, et j’avais pris une photo.

Hmm, cette photo est parfaite. Je la garde pour toujours.

« Eh bien, mangeons. Ça a l’air délicieux ! »

« … »

Mais Marie s’était figée sur place. Elle avait fixé le personnage devant elle, ses baguettes à la main, puis avait jeté plusieurs fois un coup d’œil au reste d’entre nous, et son expression était devenue de plus en plus triste. On aurait dit que des larmes allaient couler de ses yeux d’une minute à l’autre.

Pour une raison quelconque, son sourire joyeux s’était effondré d’un seul coup. Wridra et moi avions regardé Marie.

« Je ne suis pas une enfant. Ce n’est pas comme si… Je ne peux pas le manger… » C’était comme si elle essayait de nous trouver des excuses. Je m’y attendais un peu, mais elle s’était attachée émotionnellement à ce personnage mignon.

Wridra et moi avions échangé des regards. Apparemment, c’était mon rôle d’intervenir dans ces moments-là, car l’Arkdragon avait levé un sourcil vers moi. Le geste signifiait probablement quelque chose comme, « Bonne chance, » ou « Occupe-toi de ça ». Bien sûr, je ne pouvais pas lui faire manger son personnage préféré. Mais je n’avais pas besoin de la convaincre avec mes propres mots. Puisque c’était un personnage qu’elle aimait, tout ce que j’avais à faire était de le laisser lui parler.

« Marie, la meilleure partie des bentos à personnage est d’apprécier leur mignonnerie et de s’amuser à les manger. Si tu ne le fais pas, tu risques de le rendre triste. » J’avais pris une paire de baguettes et j’avais légèrement déplacé les pupilles du personnage.

Il regardait maintenant Marie, comme pour dire : « Ne vas-tu pas me manger ? » Marie et le personnage s’étaient regardés et j’avais vu ses yeux violets s’illuminer.

« A-t-il dit quelque chose ? »

« … Il me demande pourquoi je ne le mange pas, même s’il est délicieux. Ce n’est pas juste. Comment peut-il vouloir que je le mange alors qu’il est si adorable ? Ne sait-il pas ce que je ressens ? » Elle avait froncé les lèvres en prenant ses baguettes. Puis, elle avait montré ses dents blanches pour correspondre à l’expression du personnage.

« Oh, très bien. Alors, allons-y. » Wridra m’avait jeté un regard approbateur, puis nous avions tous dit notre salutation habituelle d’avant repas : « Itadakimasu. »

Et ainsi, notre déjeuner avec vue sur l’océan Pacifique avait commencé. L’attraction principale était le personnage au physique particulier. Il était enveloppé dans des algues comme une boule de riz, et il y avait quelques surprises amusantes à l’intérieur une fois ouvert.

« Hm !? Il y a de la mayonnaise au thon là-dedans ! Tout à fait admirable de ta part de connaître mon plat préféré ! »

« Oui, nous avons secrètement mis les choses que tu aimes. Kazuhiro -san a fait le mien, donc je ne suis pas sûre de ce qu’il y a là-dedans… Oh, un steak haché avec du fromage ! » Oui, les personnages avaient un rôle important. Ils devaient répandre le bonheur et satisfaire les papilles de chacun en contenant en leur sein leurs plats préférés. La joie s’était allumée dans les yeux de Marie et de Wridra pendant qu’elles mangeaient.

Quant à moi, mon sens du goût était émoussé à cause de Shirley qui me hantait. Bien que ce soit insipide et inodore, je pouvais sentir ses émotions lorsqu’elle appréciait la nourriture, c’était donc très satisfaisant pour moi.

Je ne pouvais pas vraiment la voir, mais l’idée qu’elle se tortille béatement à chaque bouchée me rendait plutôt heureux. C’était une partie de la raison pour laquelle je faisais tant d’efforts en cuisine.

« Mmm, je l’adore ! On se sent encore mieux que d’habitude avec cette vue. » Le ciel bleu et la mer bleue. On pouvait voir l’île d’Izu Oshima à l’horizon. C’était un déjeuner animé avec des résidents d’un monde fantastique et des personnages d’anime se réunissant. Le soleil d’été était assez fort, mais le vent passant à travers les fenêtres de la voiture rendait la chaleur plus gérable.

« Oh, prenons du thé. Je crois que le thé Uva est un peu similaire aux feuilles de thé d’Arilai. » La méduse que Marie avait invoquée plus tôt avait ajouté de la glace dans nos gobelets en papier. Les feuilles de thé qui sortaient de la théière sentaient comme des roses douces et parfumées. Ce qu’il y a de bien avec le thé uva, c’est que l’on peut apprécier le parfum aussi bien que la saveur.

« Oh, ça sent beaucoup comme ce que l’on trouve à Arilai ! Jm, c’est agréable et rafraîchissant quand c’est frais comme ça. »

« Grâce à vous deux, j’ai également appris à apprécier le thé. Cela semble assez dépravé pour un dragon de savourer de telles indulgences. »

C’est bizarre. N’est-ce pas le même dragon qui s’est gavé de bière et d’un bol de katsu le jour de notre rencontre ?

Ils semblaient se souvenir de la lointaine terre d’Arilai en sentant le thé. Apparemment, ils avaient pris goût à cet endroit après y avoir accumulé tant de souvenirs amusants.

« Alors, on va finalement aller au parc Banana Wani après ça ? »

« Bien sûr. C’est tout près, donc on devrait y arriver en un rien de temps, même s’il y a un peu de trafic. Il y a beaucoup de plantes et d’animaux, donc je suis sûr que Shirley s’amusera aussi. » Je sentais son cœur battre à l’intérieur de moi. Son excitation enfantine me chatouillait un peu, et je me tortillais légèrement à cause de cette sensation.

J’avais pris quelques photos supplémentaires pendant que les filles mangeaient, et après avoir pris quelques photos de leurs sourires heureux et de leurs signes de paix, nos boîtes à bento étaient vite devenues vides. Après avoir terminé notre repas, nous étions montés dans la voiture et j’avais commencé à rouler lentement. Je n’avais pas été capable de goûter la nourriture, mais c’était un merveilleux déjeuner.

§

Le trafic s’était considérablement calmé lorsque nous avions pris les routes secondaires qui s’éloignaient de la côte. Le paysage était remplacé par des montagnes, et c’était un peu terne sans vue sur la mer. Marie regardait par la fenêtre alors que nous roulions sur une pente, et elle avait soudainement élevé la voix en signe de surprise. Une structure en forme de dôme qui ressemblait à un jardin botanique était apparue. J’avais allumé mes clignotants et garé la voiture.

J’avais considéré combien les attractions touristiques japonaises avaient tendance à être étranges. Le bâtiment du parc Banana Wani ressemblait tout simplement à un centre communautaire, et je m’étais demandé un instant si nous étions vraiment au bon endroit. Le parking ne présentait aucun autre signe distinctif que les quelques plantes tropicales qui y poussaient, il était donc naturel de se poser la question. Je m’étais murmuré à moi-même en sortant de la voiture, puis j’avais remarqué que Marie agitait son index d’un côté à l’autre pour une raison inconnue.

« Tu vis au Japon depuis vingt-cinq ans et tu ne comprends toujours pas ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Je ne savais pas pourquoi elle me demandait ça. Alors que j’essayais de comprendre, Marie s’était alignée à côté de moi. Elle m’avait regardé d’un air suffisant.

« Les attractions touristiques japonaises vous trompent d’abord par leur apparence. Vous baissez votre garde, puis ils vous rattrapent par l’écart entre vos attentes et la réalité. » Elle avait fait un geste pour manger avec ses mains, et j’avais eu peur que Marie soit un peu trop indulgente pour tout ce qui concerne le Japon. J’espérais qu’elle ne serait pas déçue.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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