Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 4 – Chapitre 4 – Partie 1

Bannière de Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe ***

Chapitre 4 : Rencontre avec l’Unagi

Partie 1

J’avais regardé l’horloge murale dès que je m’étais réveillé. Mon cœur battait comme un fou. Après avoir vu que j’avais encore du temps avant le travail, j’avais poussé un soupir de soulagement.

« Oh bien, on a réussi… » Je n’avais pas pu m’empêcher de commenter d’une voix fatiguée.

Passer du temps dans le monde des rêves, c’est ce pour quoi je vivais, mais je n’avais pas pu profiter de la fête hier soir. Je pensais que j’aurais pu explorer un château inconnu avec Marie, mais nous avions à la place fini par être harcelés par une bande d’étrangers.

Il pleuvait toujours juste à l’extérieur des rideaux, et j’avais entendu ce qui ressemblait à des moineaux qui gazouillaient sur la véranda au milieu de la pluie. Puis, j’avais senti Marie se retourner et poser sa tête sur mon épaule.

« Bonjour, Marie. Je suppose que tu n’es pas de très bonne humeur aujourd’hui, » déclarai-je.

« Tu supposes correctement. Je suis mentalement épuisée. La couverture est si moelleuse et confortable, mais je suis juste vraiment très fatiguée. » J’avais passé la plupart de mon temps avec Marie, mais il semblerait qu’il y avait trop de monde à gérer la nuit dernière. Nous n’avions même pas pu discuter ensemble et je devais avouer que j’étais fatigué de tous ces yeux partout où nous regardions.

« Abstenons-nous de fréquenter des lieux aussi animés à l’avenir. Je ne pense pas que nous soyons prêts pour cela. » L’elfe hocha la tête à profusion face à ma suggestion, puis pressa sa joue contre moi de façon ludique. Elle était encore chaude après son réveil quand je lui avais tapoté le dos de manière réconfortante.

Nous avions été accueillis chaleureusement dans le monde des rêves la nuit dernière pour nous redonner de la vigueur, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir mal à l’aise à cause de toute l’attention que nous avions reçue. Nous n’avions presque pas eu le temps de manger avec tout le monde qui nous parlait, et nous ne pouvions même pas apprécier l’alcool à cause de nos apparences jeunes. Si, en plus, j’avais fait la grasse matinée et fini trop tard pour le travail… Oui, je ne voulais même pas y penser.

Juste à ce moment-là, j’avais entendu le cuiseur de riz faire bip-bip de la cuisine.

« Tu sais, on dit que les mignonnes petites fées se sentent beaucoup mieux après le petit déjeuner. Et si nous essayions de le découvrir ? » demandai-je.

« Oui, j’aimerais bien un peu de riz sucré. Et un peu d’assaisonnement de furikake. Des œufs renversés, du bacon et du thé seraient également très appréciés. Je veux un peu de ce thé genmaicha que nous avons acheté l’autre jour. » La façon dont elle se frottait à moi avec ses longues oreilles tombantes était assez adorable.

Depuis le retour du voyage d’Aomori, notre cuiseur de riz était bien plus utile pour préparer le petit déjeuner. Nous avions du pain de temps en temps, mais Marie semblait apprécier la douceur du riz. Ou peut-être était-ce plutôt l’impression que son palais s’était adapté à la nourriture japonaise.

J’avais posé mes pieds nus sur le sol et je m’étais dirigé vers la cuisine. Malgré le peu de fatigue que je ressentais, c’était une journée de travail et je devais donc travailler jusqu’au soir.

Je dois faire tout le travail que j’ai pour ne pas avoir à rester après les heures de travail… Peu importe, je ne veux pas penser à ça maintenant.

Cela avait dû être plus dur pour Marie, qui était plus petite que moi et qui n’aimait pas avoir affaire à d’autres personnes. Elle semblait inhabituellement instable tout à l’heure, alors je voulais au moins lui préparer quelque chose de savoureux pour le dîner. Quand j’avais réfléchi au plat qui la rendrait la plus heureuse… quelque chose m’était tout de suite venu à l’esprit, et j’avais décidé de prendre les ingrédients sur le chemin du retour.

J’avais allumé le poêle sous une casserole, et une autre pensée m’avait traversé l’esprit.

« Dis-moi. Penses-tu que les lézards de feu pourraient être utilisés comme substitut de poêle dans ce monde ? » demandai-je.

« Hmm, je n’en suis pas sûre. Ils peuvent être un peu agressifs, donc je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. J’aimerais d’abord m’habituer à les contrôler. Tu ne voudrais pas que cet endroit soit incendié, n’est-ce pas ? » Marie sauta du lit et elle répondit ainsi en marchant vers moi. Le chat noir était recroquevillé sur le lit, et Wridra avait parlé de s’occuper des choses pour s’assurer que nous serions cachés dans l’autre monde, alors je m’étais dit que ce serait calme pour le reste de la journée.

Il aurait été incroyable que Marie apprenne à contrôler les lézards de feu. Nous pourrions même faire des kakuni sans rien dépenser en gaz. J’avais pensé à des choses aussi stupides alors que je coupais des radis, des daikons et des légumes verts avant de les mettre dans le pot de bouillon. J’avais mis un peu de miso une fois que la marmite avait commencé à bouillir, puis un doux parfum avait rempli la cuisine.

L’elfe féérique s’était adossée à sa chaise et avait pris une bouffée d’air avec son nez mignon.

« Hmm, ça sent bon. Ça me rappelle Aomori, » répondit Marie.

« Je ne m’attendais pas à ce que tu aimes autant la nourriture japonaise. J’ai repoussé l’idée pendant un certain temps, mais on pourrait peut-être essayer le natto. » J’avais fait tomber le bacon dans l’huile chaude, et la fille avait fait pivoter sa tête alors qu’elle était emplie de doutes.

« Na-tto… ? Qu’est-ce que c’est que cette nourriture ? » demanda Marie.

« J’en ai acheté pour moi. Veux-tu y jeter un coup d’œil ? » Alors que je l’avais demandé, son expression, auparavant émotive, s’était transformée en curiosité, et elle s’était approchée encore plus près. Elle portait des pantoufles avec des oreilles de lapin et un adorable pyjama bleu ciel. Puis, son adorable visage s’était mis à bouger. Elle avait vu le soja pourri — je veux dire, le bol de natto.

« Non, non, non, je ne peux pas faire ça ! Quoi ? Qu’est-ce que c’est ? Je ne peux pas le croire. Est-ce une sorte de répulsif à monstres ? » demanda Marie.

« Umm, le soja est parfois utilisé pour cela, mais c’est un aliment de base japonaise. » Bien que… tout le monde n’aimait pas ça, et certaines régions n’en mangeaient pas du tout. Mais comme Marie aimait la nourriture japonaise et prétendait même que les Japonais avaient une passion contre nature pour la bonne saveur, elle avait tendance à voir les choses sous un angle favorable, malgré ses réserves.

« Est-ce… bon ? » demanda Marie.

« Hmm, cela dépend de la personne. Tu n’es pas obligé de le manger si tu ne veux pas, » répondis-je.

« … Vas-tu le manger ? » demanda Marie.

« Je l’ai déjà ouvert, donc oui, » avais-je répondu en transférant le bacon et les œufs dans une assiette, alors que Marie avait réfléchi à sa décision. Elle se tenait la tête à deux mains avec des plis entre les sourcils, une expression d’indécision agonisante que je n’avais pas souvent vue auparavant. J’avais surpris des bribes de son murmure plutôt accusateur, du genre « Est-ce que je me fais avoir ? » et « Le Japon est censé être un pays de gourmands… »

Puis, elle avait ouvert la bouche avec un regard qui disait qu’elle était préparée au pire.

« Je vais essayer ! » déclara Marie.

« Hein ? Es-tu sûre ? Tu peux essayer une bouchée et abandonner si tu n’aimes pas. » Elle avait mis chaque main en un poing, puis avait hoché la tête. Pour être honnête, je n’avais aucun moyen de savoir comment elle allait réagir, donc j’étais plutôt inquiet. J’avais ajouté des œufs et des oignons verts pour au moins masquer l’odeur et j’avais bien mélangé. J’avais également préparé des noris rôtis, ce qui avait donné un petit déjeuner japonais très familier et générique… Je ne savais pas encore comment elle réagirait.

« Est-ce du natto ? » Elle avait ramassé un seul morceau avec ses baguettes, et une ficelle collante s’étendit vers le bas. Elle avait émis un « Oof » audible, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Cela avait l’air clairement pourri, et le natto était en fait un aliment fermenté.

« Tu es censé le manger avec du riz, mais assure-toi de commencer avec un petit peu seulement, » répondis-je.

« Suis-je censée mettre ça sur mon riz bien-aimé ? Suis-je sur le point de faire une terrible erreur ? » Je devenais nerveux rien qu’en la regardant.

J’avais ressenti chaque battement de mon cœur en regardant le natto fraîchement mélangé sur son bol de riz… Oh, j’espère vraiment que ça ne va pas mal tourner. Ça aurait été terrible si elle avait fini par détester la nourriture japonaise à cause de ça.

J’avais regardé avec anxiété, et elle avait apporté le riz au natto vers sa bouche avec ses baguettes. Même la chatte, qui avait été recroquevillée sur une chaise, regardait avec ses yeux dorés grand ouverts.

Elle aurait probablement dit. « Vas-tu vraiment manger ça ? » si elle pouvait parler, et elle avait secoué la tête vers moi de manière accusatrice, comme si tout cela n’était qu’une farce. Je ne comprends pas le langage des chats, mais non, je n’ai trompé personne.

*badump*… *badump*…

Marie avait envoyé la nourriture dans sa bouche les yeux fermés, puis s’était mise à lentement mâcher. Elle avait immédiatement mis une main à sa bouche et s’était tenue droite, ce qui nous avait donné, à l’Arkdragon et à moi, des sueurs froides. Mais…

alors qu’elle continuait à mâcher, la forme de ses sourcils avait commencé à se détendre dans leurs positions habituelles. Elle le goûta avec une expression étonnée, en regardant le plafond, puis dans le bol de natto, puis l’avala.

« Hm ? Ça sent comme si c’était pourri, mais… Hm… Il a une saveur si profonde. C’est difficile de croire que ce sont des haricots. C’est bon ! » déclara Marie.

« Oh, euh, je suis content. C’est super! » Whow… Quel soulagement ! Si elle avait fini par courir dans les toilettes, j’aurais été rongé par la culpabilité, même au travail.

« Pourquoi transpires-tu autant ? » demanda Marie.

« Oh, ne t’inquiète pas pour ça. Je pensais juste que tu n’aimerais pas ça. » Elle avait encore l’air un peu confuse, mais elle s’était retournée vers le natto et elle en avait rajouté la moitié sur le bol de riz. Il semblait que le natto avait obtenu le sceau d’approbation pour le Petit-Déjeunée de Mademoiselle l’Elfe. C’est bien pour toi, le natto.

« Comment dire... Il a une telle profondeur, mais il est étrangement collant et a un goût riche. L’odeur ne me dérange plus autant. Est-ce à cause des oignons verts ? » demanda Marie.

« Il paraît qu’on s’y habitue une fois qu’on l’a mangé. Je pense que je vais aussi en prendre. » J’avais regardé la chatte, et elle avait secoué violemment la tête. Il semblait qu’elle n’en voulait pas, mais je n’étais de toute façon pas sûr que les chats auraient dû en manger. Le natto avait peut-être aussi rendu sa gueule toute collante.

Alors, pour Wridra, j’avais préparé du riz blanc avec du furikake et une assiette de bacon et d’œufs à la place. Le chat avait commencé à manger joyeusement, et elle semblait apprécier particulièrement le bacon couvert de jaune d’œuf, bien que je ne lui aurais pas donné un tel repas si elle avait été une chatte normale au lieu d’un familier.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire