Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 4 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Des cendres aux cendres, de la poussière à la poussière

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Chapitre 5 : Des cendres aux cendres, de la poussière à la poussière

Partie 1

Après avoir passé notre journée au Japon, Marie et moi, nous nous étions comme d’habitude couchés dans les bras l’un de l’autre. Sa peau était plus chaude que d’habitude, et elle avait laissé échapper un souffle chaud alors que nos corps se rejoignaient.

Nous pourrions avoir des difficultés en été. En fait, Marie avait peut-être même trouvé une solution à ce problème. Ma conscience avait commencé à s’évanouir à mesure que j’y pensais, et la porte du monde des rêves s’était ouverte.

Où se situe la limite entre le rêve et la réalité ?

J’avais regardé à côté de moi, hébété, pour trouver une fille en pyjama qui ne semblait pas à sa place au Japon, ses yeux violet pâle s’ouvrant lentement. Avec elle toujours à mes côtés, j’avais l’impression que cette ligne était floue.

Cet endroit était un rêve, et pourtant c’était en soi un monde réel. Un monde différent du Japon. Un endroit où la magie et les niveaux existaient, et où les gens et les pays s’efforçaient de devenir plus forts afin de survivre. Mais il y avait aussi de nombreuses similitudes.

L’une d’entre elles étant la vérité universelle : des gens pouvaient mourir, pour ne plus jamais revenir.

 

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Des personnes étaient enveloppées dans un tissu blanc, avec un blason de leur famille sur la poitrine. Chacun d’eux était placé dans une petite barque remplie de fleurs et flottait sur la rivière brune.

« … » Le prêtre aspergea d’huile parfumée et pria pour que les morts atteignent l’Eden, un monde où il n’y avait ni douleur ni souffrance. Les guerriers qui avaient survécu avec leur conviction retourneraient un jour au ciel. Il était intéressant de voir comment cet enseignement était partagé entre les différents pays et religions.

Chacun de nous, dans nos vêtements de deuil, avec une main sur sa poitrine, se tenant silencieusement pendant que le défunt descendait la rivière. Il continuait à pleuvoir légèrement, mouillant nos cheveux et notre front.

Au total, huit personnes étaient mortes pendant l’avancement au deuxième étage. Bien qu’ils n’aient pas été présents à ces funérailles, un nombre égal de personnes n’avaient jamais repris conscience. Leurs âmes avaient été volées par le maître d’étage, et ils étaient inconscients depuis.

Les bateaux avaient continué tout droit sur la rivière, brûlant à vive allure alors qu’ils étaient enflammés par des flèches de feu. Une mère s’était mise à crier alors qu’il était temps de se séparer de son enfant pour toujours, et le maître de maison lui avait tenu l’épaule en guise de soutien. Une Doula aux cheveux rouges se tenait au centre, les yeux rouges de larmes.

Ceux qui avaient combattu le mal allaient être envoyés en Eden. La mort arrive soudainement, et ceux qui avaient été pris ne reviendraient jamais… mais tout le monde avait compris que la mort n’était pas la fin.

Nous nous étions inclinés devant le prêtre, et en quittant l’assistance, deux personnes s’étaient tenues devant nous. Il s’agissait de Zera, qui nous avait fourni un endroit où loger, et de Doula, les yeux encore rouges. Nous avions été un peu surpris de les voir s’incliner poliment. Ils s’étaient retournés sans dire un mot et étaient partis.

« Qu’est-ce que tu penses que c’était ? » demandai-je, surpris.

« Je pense qu’ils ont fait preuve de gratitude. Si nous ne les avions pas aidés, ils n’auraient peut-être pas pu envoyer le défunt sur ces bateaux, » répondit Marie en faisant un signe à la chatte noire qui se cachait à l’ombre d’un arbre. La jeune elfe avait pris le chat dans ses bras lorsque la chatte avait trotté vers elle.

« Ce n’était pas si grand que ça… Eh bien, peut-être que c’était si important pour eux. Je suis content qu’on ait pu aider d’une manière ou d’une autre, » déclarai-je.

« Peut-être que ces deux-là n’ont pas été les seuls à être sauvés. » J’avais demandé après ça à Marie ce qu’elle voulait dire, et elle s’était mise à marcher à mes côtés. Le sol était mouillé par la pluie et il était difficile de marcher, alors j’avais posé une main de soutien sur la taille fine de Marie pour qu’elle ne trébuche pas. Comme elle connaissait mieux ce monde que moi, Marie avait poursuivi son explication.

Selon elle, il y avait plus d’un « maître ». Chaque parent et chaque enfant avait souvent sa propre équipe, et les familles distinguées avaient tendance à avoir un certain nombre de membres. Ainsi, lorsque des maîtres ou des sous-maîtres périssaient, ceux qui les servaient souffraient également.

« La raison pour laquelle tout cela s’est retrouvé avec cette structure est principalement un problème de coûts de maintenance des militaires. En temps de paix, chaque ménage est responsable de la collecte de ressources pour soutenir ses propres forces militaires, » expliqua Marie.

« C’est donc comme ça que ça marche. Donc Zera est un peu comme un PDG qui gère sa propre entreprise. » J’avais regardé les nombreux participants aux funérailles le long du chemin qui menait de la rivière à la ville. La seule chose qui différait sensiblement d’une entreprise ordinaire était la façon dont ils faisaient tous face aux difficultés de leur vie. J’avais senti un pincement au cœur, en voyant les mères et les épouses des défunts pleurer leurs disparus.

« Pour l’instant, notre objectif est d’abattre ce maître d’étage dans le cadre de notre alliance de raid. J’espère que cela conduira à l’approbation de leur mariage, » déclarai-je.

« Oui… mais fais attention à ne pas trop t’en mêler. Tu as tendance à avoir une large perspective sur les choses, mais cela peut être d’autant plus inquiétant parfois. » J’avais reconnu que lorsqu’il s’agissait de se battre, j’avais tendance à voir les choses dans leur ensemble. C’est ce qui m’avait permis d’agir sans paniquer ni risquer de perdre la vie.

Mais, de toute façon, j’avais vu où elle voulait en venir. J’avais presque perdu contre ces bandits à l’oasis il y a quelque temps. Je me tenais devant eux alors qu’ils essayaient d’attaquer Marie, ce qui avait fini par laisser une ouverture que l’ennemi avait utilisée. Je m’étais dit que c’était ce qu’elle essayait de me dire.

Bien sûr, je coopérerais avec Zera et Doula, et j’espérais qu’ils puissent se marier, mais ma priorité absolue était la sécurité de mon équipe et de moi-même. Cela ne me dérangeait pas de me fatiguer, mais je ne pouvais pas me permettre de faire quoi que ce soit qui nous mettrait en danger de façon imprudente. De plus, je devais m’assurer d’arriver à l’heure au travail.

« En ce sens, j’aimerais continuer à profiter des choses à notre propre rythme. Est-ce que cela vous convient ? » La fille et la chatte avaient respectivement levé la main et la patte et avaient exprimé leur accord. Wridra, qui avait tendance à éviter tout inconvénient, avait décidé de ne pas nous rejoindre avant que nous n’arrivions dans l’ancien labyrinthe. Nous avions donc décidé de nous habiller et de partir avec les autres.

Ce jour-là, le groupe de raid s’était lancé dans le labyrinthe pour la deuxième fois. Contrairement à la dernière fois, des aventuriers, des guildes, des prêtres et des équipes supplémentaires financées par des personnes influentes avaient rejoint le terrain, triplant ainsi le nombre total de forces.

Les Maîtres et leurs troupes : 140 membres.

La Guilde des Aventuriers : 89 membres.

Les Prêtres : 42 membres.

L’unité militaire : 74 membres.

La troisième vague de soldats réguliers, également connue sous le nom de corps de chevaliers, devait sécuriser les routes principales, et les autres équipes devaient apporter leur soutien à mesure qu’elles avançaient. Comme tout le monde avait lutté contre les morts-vivants la dernière fois, des prêtres seraient affectés à toute équipe qui en ferait la demande.

Nous avions refusé, bien sûr. Nous ne voulions pas qu’un étranger se joigne à nous et prenne le risque d’informer quiconque de nos voyages au Japon, et Marie était capable de toute façon d’appliquer l’élément saint dans sa magie.

Les deux rangées de troupes avaient ainsi marché sous la pluie, se déplaçant directement de la ville vers les ruines. Alors que nous avancions sur un chemin usé, j’avais regardé l’horizon. Des éclairs avaient clignoté au loin, et le son était parvenu à mes oreilles après un délai.

La pluie dans le désert était quelque peu surréaliste, et je pouvais voir les nuages dans toute la région en même temps. Il y avait d’épais nuages devant nous dans la direction où nous nous dirigions, et la pluie et le vent allaient certainement se renforcer à mesure que nous avancions.

« On ne voit pas de telles choses au Japon, » déclarai-je.

« Bien. Je pense que je me lasserais très vite des vents violents. Ces parapluies en vinyle me manquent beaucoup. » Quand je m’étais retourné, j’avais trouvé que la capuche de l’imperméable de Marie était trempée, sa bouche se plissant et ses sourcils fronçant avec déplaisir. C’était sans compter que la chatte était retournée dans la gemme pour éviter la pluie, ce qui rendait son humeur encore pire. J’avais un peu souri, puis j’avais décidé de lui donner un petit conseil.

« Alors, pourquoi ne pas en faire un ? Si tu étales une Ondine, cela devrait fonctionner comme un parapluie. Ne le penses-tu pas ? » demandai-je.

« Oh ! Comment de si bonnes idées peuvent-elles venir d’un visage endormi comme le tien ? » Attends, qu’est-ce que mon visage a à voir avec tout ça ?

Marie avait levé son bâton, et une Ondine, un esprit de l’eau était apparu sous la forme d’un poisson de couleur marine en produisant un bruit d’éclaboussement. Il était bien plus gros qu’au Japon, et le bruit de la pluie s’éloigna de notre environnement. Quand j’avais levé les yeux, j’avais vu un film d’eau nous recouvrir.

« Whoa... Ça fait bizarre, » déclarai-je.

« Hmm, je suppose que c’est ce à quoi cela ressemblerait si une flaque d’eau pouvait flotter dans l’air. Je suis d’accord qu’il est un peu étrange de voir autant d’ondulations dans l’air comme ça. » Les esprits qui ne pouvaient pas contribuer directement à la bataille avaient tendance à être utiles pour des expéditions comme celle-ci. La vue inhabituelle dans l’air de la nuit avait fait que les autres s’étaient arrêtés et avaient pointé du doigt vers le haut. Le film d’eau s’était progressivement étalé en une sphère, empêchant la pluie d’atteindre la zone qui nous entourait.

« Héhé, c’était facile. Peut-être que j’ai enfin réveillé mes pouvoirs. » C’était assez incroyable de voir comment elle avait pu faire quelque chose comme ça si facilement bien qu’une grande partie de cela soit due à l’impulsion qu’elle avait reçue de la capacité de guidage du sorcier provenant de l’Arkdragon. L’Ondine flottait encore lentement dans les airs, gérant l’abri invisible qui nous protégeait de la pluie.

« Tu as toujours été très talentueuse, Marie. Voyons voir… Et l’imperméable ? »

« Je te remercie. Tu mérites aussi une reconnaissance pour tes talents de cuisinier. Je louerais aussi ton habileté au sabre, si seulement tu corrigeais ta tendance à être un peu trop imprudent. Je dirais… Spirit Umbrella. » Nous avions commencé à inventer inutilement des noms pour ses capacités alors que nous marchions dans le désert pluvieux. En tout cas, j’avais toujours fait les choses à mon propre rythme, et j’avais prévu de profiter pleinement du monde des rêves. J’étais plus soucieux d’améliorer l’humeur de Marie que de la façon dont les autres pourraient me regarder.

« Heeey, voulez-vous bien me laisser participer ? »

« Oh, Zera. Es-tu sûr que tu devrais être là ? Les autres nous lancent des regards envieux, » déclara Doula.

« Eh, laisse-les faire. Nous pouvons juste dire que nous faisions des plans pour notre alliance de raid. » Utilise-t-on ça comme excuse ?

***

Partie 2

Peut-être que les femmes n’aimaient pas la pluie en général, parce que Doula avait balayé l’eau avec une expression irritée. Ses cheveux roux étaient sombres et humides, et elle avait poussé un gros soupir.

« C’est pourquoi je déteste la saison des pluies. Merci, Marie. C’est beaucoup mieux, » déclara Doula.

« Oh, ce n’est rien. À propos de notre plan… Avons-nous des contre-mesures pour ce mystérieux maître d’étage ? » Doula secoua la tête.

L’insaisissable maître d’étage, Shirley. Beaucoup avaient déjà eu leur âme prise par la créature que l’on disait être la mort elle-même. Même lorsqu’elle avait été vaincue d’une manière ou d’une autre en concentrant ses forces pour l’abattre, le maître d’étage était rapidement réapparu.

J’y avais réfléchi pendant un moment. « Peut-être qu’elle a un moyen de se réanimer, qu’elle a un corps principal quelque part, ou qu’il y a plusieurs copies de la même créature. »

« Cette dernière option serait idéale. Au moins, nous ferions une sorte de progrès. » Mais nous savions tous que c’était très peu probable. Les créatures auraient dû agir avec plus de prudence si nous avions réduit leur nombre un par un. D’après ce que j’avais entendu, Shirley avait été cohérente dans ses actions : arrêter nos avancées et prendre des âmes.

Son objectif est-il donc de rassembler le plus grand nombre d’âmes possible ? Attends un peu…

J’avais pris conscience de la situation et j’avais envoyé un message à Marie en privé via le Chat du Lien de l’Esprit. Nous ne pouvions pas encore le révéler aux autres.

« Marie, où penses-tu qu’il emmène les âmes collectées ? » demandai-je.

« Hm… Il doit y avoir un endroit où ils sont stockés. Peut-être que c’est là que le corps principal ou une sorte de secret pourrait être trouvé. » Bingo.

C’était un monstre auquel nous avions affaire, et il ne s’agissait pas seulement de laisser ces âmes reposer en paix. Il était probable qu’il cachait une sorte de secret quelque part à cet étage.

« Il pourrait s’agir d’enlever ces âmes par dépit. Mais ça vaut la peine de se pencher sur la question, » déclarai-je par télépathie.

«  Ne dis pas des choses aussi troublantes. En te connaissant, tu dois penser à quelque chose de stupide comme : “Ce n’est qu’un rêve, alors autant aller le suivre”. »

Zut, elle m’a eu.

Elle avait agi avec indignation et s’était gonflé les joues. Bref, j’avais l’impression qu’on était sur quelque chose. Nous avions continué à marcher sous la pluie et à discuter en nous dirigeant vers l’ancien labyrinthe.

Pendant ce temps, un membre du groupe leva sa capuche et scruta les environs. Bien qu’il semble que ce soit juste pour regarder le paysage, il prenait note du nombre de personnes, de leur équipement et des visages de chacun. Contrairement à beaucoup d’autres personnes, cet individu affichait un regard comme s’il avait déjà vu une bataille. Ses yeux partiellement voilés étaient profondément fixés et il avait une carrure puissante. Le brassard représentant une feuille d’olivier indiquait que l’homme avait été envoyé par l’une des factions politiques, ce qui en faisait un nouveau membre du groupe.

« Quand allons-nous agir ? » demandait un murmure par-derrière, inaudible pour les autres sous la pluie. L’homme répondit stoïquement,

« Après avoir entendu parler de leurs plans. Une fois à l’intérieur, nous nous séparons du groupe principal et rejoignons les autres. »

« J’ai compris. Je déteste ces chiens du royaume. J’ai toujours rêvé de les tuer tous. J’ai hâte que le plaisir commence. » Le grand homme se demandait tranquillement si ça allait vraiment être amusant.

Mais une chose était sûre : ce serait un cauchemar pour eux. Il laissa échapper un rare rire étouffé. De nombreux groupes aux intentions différentes se cachaient dans le désert pluvieux.

La pluie avait commencé à tomber plus fort, et tout le monde avait regardé avec envie le sort de l’elfe.

 

+ + + + + + + + + + + + + + +

 

Un esprit de lumière dérivait au-dessus de nos têtes, rayonnant d’une douce lumière. Bien qu’il se soit trouvé au fond de l’ancien labyrinthe, il nous avait fourni de nombreuses lumières, nous permettant d’y passer du temps libre.

Nous étions dans une salle privée au premier étage, avec une seule table et des étagères tout autour de nous. Il n’y avait pas de poussière, grâce au système de circulation d’air, et c’était en fait plus confortable que certaines auberges dans lesquelles j’avais séjourné. C’est pourquoi nous utilisions assez souvent cet endroit comme aire de repos. Comme nous savions lire les textes anciens, la réserve de livres était un bon moyen de passer le temps. Mais nous ne lisions pas les livres cette fois-ci. Au lieu de cela, nous fixions chacun le mur, notre cœur battant rapidement. Le mur ordinaire, qui n’avait rien de particulier…

Finalement, une tache noire s’était formée sur le mur et avait lentement commencé à s’étendre. La noirceur était plus sombre que l’abîme lui-même, et c’était en fait assez terrifiant à voir… mais nous avions tous les deux attendu ce moment avec impatience.

Le bout d’un doigt avait émergé avec un bruit d’éclaboussement, puis des mains s’étaient tendues et avaient saisi chaque côté du mur. L’obscurité s’étendit encore un peu, révélant finalement une Wridra souriante.

« Cela fait un moment ! Maintenant que je suis ici… Awah ! » Nous avions crié de joie et nous l’avions tenue dans nos bras. Oui, c’était une femme, mais on s’était déjà tenus dans les bras plusieurs fois… Ça avait l’air bizarre quand je le disais comme ça, mais en tout cas, ce n’était pas un problème pour nous.

« Ça fait longtemps, Wridra ! Attends, tu as l’air un peu pâle, » déclarai-je.

« Oh, mon Dieu, tu as raison ! Nous devrions prendre un repas tôt aujourd’hui ! » déclara Marie.

« Dans quel monde un enfant s’est-il inquiété de la santé d’un dragon ? » L’expression vide de Wridra semblait demander sans mot, mais elle s’était ensuite mise à rire en semblant amusé. Bien qu’elle soit un être à craindre pour la plupart des gens dans le monde, personne n’aurait cru que c’était le légendaire Arkdragon si on la voyait maintenant.

 

 

« Hah, hah ! Je ne me serais jamais attendu à ce qu’un dragon comme moi ressente une telle joie de nos retrouvailles. Nn… Venez, laissez-moi absorber vos odeurs, l’elfe d’un côté et l’humain de l’autre. » Wridra rabattit sa robe et s’agenouilla, amenant son joli visage juste devant le mien. Son nez avait une forme parfaite, et ses yeux d’obsidienne me rappelaient sa forme de dragon.

Elle nous tenait dans ses bras fins, nous tirant vers elle pour que ses joues lisses soient pressées contre les nôtres. Nous avons senti son odeur familière, ce qui avait rendu Marie très émotive.

« Je suis heureuse aussi… mais voir ta réaction me fait pleurer, alors arrête. » Wridra hocha légèrement la tête, puis ferma les yeux.

Elle avait frotté son nez contre la fille aux yeux larmoyants comme elle l’aurait fait dans sa forme de chat, ce qui avait fait pleurer Marie de manière audible. Elles s’étaient beaucoup manquées. L’elfe et la dragonne qui se parlaient dans les bras l’une de l’autre avaient passé tant de temps à s’amuser ensemble.

C’était étrange de voir à quel point elles s’entendaient bien, bien qu’elles soient de races complètement différentes. Traditionnellement, c’était très rare. Les cultures entre les races étaient tout simplement trop différentes. Cela mis à part, j’avais parlé à Marie,

« Maintenant que Wridra est là, nous avons beaucoup de plaisir pour lequel nous pouvons nous réjouir. N’oubliez pas que nous irons à Grimland le week-end s’il ne pleut pas, » déclarai-je.

« Oui, en effet ! J’ai entendu parler de ces terrifiantes installations récréatives créées dans le royaume des hommes. J’aurai un aperçu des parcs d’attractions où les mauvais esprits rôdent et volent l’argent des visiteurs sans méfiance, » déclara Wridra.

Hm ? Où a-t-elle obtenu cette description ? Eh bien, ce n’est pas si loin de la vérité…

Marie s’était calmée et elle ria joyeusement, semblant apprécier l’atmosphère familière que nous avions si souvent partagée tous les trois. Peut-être que Wridra l’avait sentie et elle avait fait exprès de faire une blague… mais probablement pas.

« De toute façon, nous avons ce raid devant nous, et puis nous allons de nouveau traîner au Japon. Au fait, ce sera une alliance de raid cette fois, donc nous ne pouvons pas nous éloigner trop des deux autres équipes, » déclarai-je.

« Hm, dis-m’en plus sur cette alliance de raid. Aussi, je suis prête pour ce déjeuner de bonne heure maintenant. » Ça semblait être une bonne idée. Le familier de Wridra se cachait de la pluie, donc elle ne savait rien de ce dont nous avions discuté en chemin.

Marie avait invoqué ses esprits de pierre alors que je sortais la nourriture de mon sac. Ses esprits étaient en fait assez pratiques, nous épargnant la difficulté de trouver la pierre parfaite sur laquelle placer le pot.

J’avais versé la soupe que j’avais préparée dans la marmite, et Marie avait commencé à tout expliquer à ma place.

« Nous allons maintenir juste assez de distance pour pouvoir nous précipiter pour aider jusqu’à ce que le maître de l’étage, Shirley, apparaisse. La guilde des aventuriers et d’autres groupes sont avec nous cette fois-ci, donc ils reçoivent aussi un briefing sur le plan en ce moment. » Nous étions des étrangers ici, donc nous ne pouvions pas nous mêler de leurs affaires. Ils nous avaient dit que nous pouvions passer notre temps comme bon nous semblait entre-temps.

J’avais entendu un sons sourds et je m’étais retourné pour trouver une lumière bleu pâle qui sortait de la carte en trois dimensions que Marie avait affichée. Elle utilisait l’outil magique qui nous avait été assigné pour cette expédition. Les nouveaux membres qui s’étaient joints pour ce raid avaient également reçu le leur, mais avec des fonctionnalités limitées.

J’avais pointé les points de lumière affichés sur la carte.

« Ces lumières brillantes sont des équipes enregistrées via le Chat de Lien d’Esprit… Zera et Doula. Nous pouvons leur envoyer des messages spécifiques au lieu d’envoyer des messages à l’ensemble du groupe, » déclara Marie.

« Hmhm, ils ont également pris soin de mes proches, donc je leur transmettrai mes salutations plus tard. C’était une chambre assez confortable qu’ils nous ont laissée. » C’était vrai. Les riches n’avaient pas épargné leurs dépenses pour les chambres, bien que je suppose qu’il fallait s’y attendre. Soudain, Marie semblait se souvenir de quelque chose.

« Maintenant que j’y pense, vous vous souvenez de la salle du trésor que nous avons déverrouillée ? Zera a mentionné que nous en obtiendrions une part, mais a-t-il mentionné combien nous en obtiendrions ? » demanda Marie.

« Oh, je crois qu’il a dit deux pièces de platine… mais je n’ai pas beaucoup d’utilité pour l’argent…, » j’avais dit ça alors que Marie prenait une gorgée de sa cantine, et elle avait failli recracher son eau. Elle s’était mise à tousser à plusieurs reprises, et Wridra et moi l’avions aidé à s’en remettre.

« Vas-tu bien ? Et aussi, peux-tu invoquer ton lézard de feu ? J’aimerais faire chauffer la marmite maintenant, » avais-je demandé, mais elle semblait occupée à essayer de reprendre son souffle. Avais-je dit quelque chose d’aussi surprenant ?

« Toi… Je vois que tu ne sais pas. Tu peux être distrait parfois, Kazuhiro, alors je vais t’expliquer en termes simples. » Elle se leva lentement, l’air un peu… non, beaucoup plus intense que d’habitude. Elle avait levé son bâton et l’avait fait descendre sur le sol dur, invoquant l’esprit connu sous le nom de Salamandre de Feu.

Elle rampa sur le sol comme on le lui avait ordonné, puis se recroquevillait sous le pot.

***

Partie 3

« Ces pièces valent environ quatre fois plus que le revenu annuel d’un salarié, » déclara Marie.

« … Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ? » J’avais plus ou moins compris ce qu’elle voulait dire. Les pièces de platine devaient être coulées à des températures si élevées que seuls certains sorciers pouvaient les fabriquer, et elles n’arrivaient presque jamais sur le marché général. Elles avaient même des mesures anti-contrefaçon, comme des marquages pour les identifier comme authentiques, et un écusson qui apparaissait lorsqu’elles étaient placées en plein soleil. J’avais compris que ces pièces avaient une telle valeur.

« Mais pourquoi aurais-je besoin d’autant d’argent dans mes rêves ? Je serais personnellement plus préoccupé par le fait de transporter une telle fortune, » déclarai-je.

« Tu pourrais acheter toutes ces armures qui étaient exposées à la fête l’autre soir, » déclara Marie.

Qu-Qu-Quoi !?

Mes genoux avaient tremblé et j’avais glissé sur le sol. Je veux dire, je pourrais acheter des produits de première qualité comme ça ? Pas question ! Quoi ?

« J’ai réalisé l’erreur de mes méthodes. Je comprends maintenant la valeur de l’argent, » déclarai-je.

« Très bien. Mais vous marquez un point. J’ai réalisé qu’il n’y a pas grand-chose que je veuille vraiment dans ce monde. » Wridra approuva de la tête. La marmite s’était mise à bouillir et j’avais commencé à y jeter les ingrédients en écoutant les filles parler.

« Oui, je suis d’accord avec cela. Tout ce que je demande dans ce monde, c’est un endroit où dormir en paix. Les richesses et les trésors ne m’apportent pas la joie, » déclara Wridra.

« Exactement. Je suis bien plus enthousiaste à l’idée d’aller peut-être à Grimland ce week-end. Tout comme lorsque nous sommes allés à Chichibu et à Aomori, j’ai hâte de savoir ce qui nous attend. Un endroit où tout le monde, des enfants aux adultes peuvent s’amuser… N’est-ce pas merveilleux ? » Les deux femmes continuèrent à parler et à rire à voix haute.

En les regardant, cette petite question en moi s’était évanouie.

Pourquoi s’entendaient-elles si bien malgré leur race complètement différente ? C’est probablement parce qu’elles partageaient les joies de l’autre. La race n’avait rien à voir avec le fait de s’amuser ou de savourer de délicieux plats ensemble. C’est pourquoi j’avais décidé que je voulais permettre à leur conversation amusante de se poursuivre et les encourager à prendre un peu de ce « hot pot ».

J’avais soulevé le pot pour trouver le lézard de feu qui était encore recroquevillé et qui dormait en dessous. Il avait ouvert ses yeux de fouine, puis avait disparu sur l’ordre de Marie.

« Merci d’avoir attendu. Ce n’est peut-être pas la façon la plus raffinée de manger, mais je vais mettre cela sur la table, » déclarai-je.

J’avais posé le pot sur la table et les filles avaient crié joyeusement. « Enfin ! » Maintenant, il était temps pour nous de profiter de cette marmite peu orthodoxe.

J’avais soulevé le couvercle, laissant échapper une bouffée de vapeur en révélant la soupe rouge. C’était un pot de kimchi (doux) que j’avais préparé pour Wridra. J’avais mis du riz blanc dans des bols et j’avais distribué des assiettes, des baguettes et des bouteilles de thé. L’atmosphère animée qui régnait lorsque j’avais mis la table n’était pas très différente de celle qui régnait au Japon.

« Oh, le riz est froid maintenant. Y a-t-il un moyen de le rendre chaud comme avec de la vapeur ? » demanda Wridra.

« Il faudrait le refaire cuire, mais je suppose que cela prendrait un certain temps, » répondit Marie.

« Oui, ça prendrait un certain temps. Il existe des boîtes à bento qui peuvent conserver la chaleur, mais elles semblent assez chères. » Ça ne me dérangeait pas en général quand je mangeais des bentos, mais on avait mangé un hot pot au kimchi aujourd’hui.

L’odeur de la marmite était très forte et l’elfe, qui avait un odorat très développé, avait l’air plutôt confuse lorsqu’elle avait pris des bouffées en demandant. « Épicé ? Aigre ? Hm ? »

La marmite bouillante était pleine de choux chinois, de ciboulette, de tofu, de pousses de haricots et de porc, qui devraient donner beaucoup d’énergie. L’odeur piquante provenait de la base de kimchi, qui était mélangée à la base de la soupe au miso et donnait beaucoup de saveur. Wridra, qui aimait la nourriture épicée, s’était léché les lèvres en disant le salut d’avant repas, ne pouvant guère contenir son excitation.

« Mangeons un peu ! Itadakimasu ! » déclara Wridra.

« Itadakimasu ! » Nous avions finir de servir le contenu de la marmite et nous avions versé un peu de soupe chaude dans nos bols.

J’avais l’habitude de choisir une saveur douce pour mes hots pots, et celle-ci était un peu plus épicée en comparaison. Leur langue avait été un peu choquée par le piquant, mais la douceur du porc et du chou chinois avait vite fait de la compléter. Le miso avait donné plus de profondeur à la saveur, et une fois que les filles avaient avalé, elles avaient été surprises de constater que le plat n’était pas seulement épicé.

« Ah, c’est épicé, mais tellement savoureux ! Le chou mou est délicieux. »

« Hnnn, ça va si bien avec le porc ! Huff, mmf, j’adore ce riz sucré ! » Elles s’étaient plaintes du piquant, mais elles n’avaient pas pu s’empêcher de boire la soupe. Après chaque bouchée, la chaleur stimulante vous faisait prendre une autre bouchée avec un peu plus de riz.

« Ahh, j’aimerais bien avoir de la bière en ce moment. Je suis sûre que ça irait parfaitement avec ça, » déclara Wridra.

« Ne mentionne pas de telles choses. J’en ai retenu l’envie tout ce temps. Oh non, je ne peux pas m’empêcher d’y penser maintenant… » Les dames luttaient dans l’agonie contre leurs pulsions, mais je ne pouvais pas vraiment les blâmer. Nous étions dans un labyrinthe rempli de monstres, alors c’était de toute façon probablement une bonne idée de se retenir de boire.

Même avec la bonne circulation ici, manger un repas aussi chaud nous faisait avoir chaud et être en sueur. En regardant Marie s’essuyer avec une serviette, j’avais parlé.

« Je vais aller ouvrir la porte très vite. Ça devrait nous aider à nous refroidir un peu, » déclarai-je.

« Oui, s’il te plaît. Ah, si épicé… Mmm ! Les champignons shiitakes sont aussi bons ! » Les shiitakes étaient célèbres pour leur arôme. J’avais toujours trouvé un peu bizarre qu’on les appelle « shee-tah-kee » quand ils étaient diffusés sur les chaînes culinaires étrangères. J’avais fait des recherches sur le sujet il y a quelque temps, et j’avais trouvé intéressant qu’ils soient assez connus dans le monde entier.

Wridra mangeait avec une expression satisfaite, et elle semblait retrouver la couleur sur son visage. Elle était un peu en sueur maintenant, mais elle avait un teint sain, et le repas avait peut-être contribué à faire circuler son sang.

Après avoir mangé deux bols, Marie avait pris un thé et s’était mise à parler. « Alors, pourquoi étais-tu si pâle tout à l’heure, Wridra ? Étais-tu épuisée d’avoir élevé vos enfants ? »

« Hm, cela peut être un peu difficile à comprendre pour une elfe et un humain. » Elle avait vidé un autre bol de riz, puis me l’avait offert pour que j’en refasse un autre. J’avais accepté le bol, en y ajoutant le riz que je comptais utiliser plus tard pour le porridge.

« Normalement, un dragon ne fait que nourrir l’œuf, n’est-ce pas ? » demanda Marie.

« Pour les petits dragons, peut-être. Ils sont plus proches des reptiles que des dragons, et suivent donc les lois du monde comme une créature normale. » Ouais, ça devenait déjà confus. Umm, donc, ce qu’elle appelait les petits dragons était complètement différent d’un Arkdragon.

Selon Wridra, les dragons étaient d’anciennes créatures plus étroitement liées aux esprits, et ils existaient dans ce monde en hébergeant dans leur corps ce qu’on appelait un noyau de dragon. Ce noyau de dragon contenait en lui son propre monde unique, aussi incroyable que cela puisse paraître… Cette conversation était d’une tout autre dimension. En tant qu’humble salarié, j’avais pris la décision de me taire et de manger mon repas.

« Oh, je vois. Je suis une elfe, mais tu es vraiment plus comme un esprit, » déclara Marie.

« C’est vrai. Malgré nos grands corps, nous sommes capables de voler. Cela défie les lois du monde, mais notre existence en fait une vérité indéniable. En d’autres termes, nous avons la capacité de tromper le monde, et j’avais transféré une partie de ce pouvoir à mes enfants, » déclara Wridra.

« Huh, » avais-je dit sans engagement. Les Arkdragons étaient assez mystérieux, mais plus j’en entendais parler, plus je me posais de questions.

Soudain, Wridra avait semblé se souvenir de quelque chose et avait pointé ses baguettes vers moi.

« Ah oui, il y a quelque chose que je dois mentionner. Je ne pouvais pas le dire quand j’étais un chat, mais…, » déclara Wridra.

« Qu’est-ce que c’est ? » La chatte était plutôt expressive, je pensais avoir compris la plupart de ce qu’elle voulait me dire.

Cependant, l’expression de Wridra devenait sévère et je sentis un frisson descendre le long de ma colonne vertébrale. Qu’est-ce qu’elle va dire ?

« Je suis généreuse, alors j’ai ri au début. Tu n’es qu’un enfant, après tout. Mais je dois dire quelque chose, précisément parce que je me soucie de vous deux. » L’air lourd qui l’entourait avait fait disparaître le sentiment de légèreté que j’avais il y a quelques instants. La belle femme qui me regardait avec une aura noire qui émanait d’elle était tout simplement terrifiante. J’avais dégluti deux fois avec force, puis je lui avais demandé avec crainte,

« O-Oui ? Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je.

« … Trop doux. » Hm ? Le pot de kimchi ? Je l’ai fait assez doux…

Je m’étais cogné la tête, pensant que je l’avais mal entendue, mais Wridra avait alors claqué ses mains sur la table, faisant lever le pot de quelques centimètres en l’air. Marie et moi avions crié et nous nous étions accrochées l’un à l’autre, tremblant dans les bras l’un de l’autre.

« À quoi pensiez-vous tous les deux, en agissant de manière si sucrée devant les autres ? N’avez-vous jamais remarqué que je regardais avec des regards désapprobateurs tout le temps, n’est-ce pas ? » demanda Wridra.

Maintenant qu’elle le mentionne, je pensais que la chatte semblait mécontente de nous regarder… Rétrospectivement, je savais exactement de quoi elle parlait.

« Vous avez flirté à chaque occasion ! Ici, là, partout ! Surtout cette fois-là avec ton pyjama de Tai Chi ! » déclara Wridra.

« Kyaaa ! S’il te plaît, arrête ! » s’écria Marie.

« J’ai secrètement sauvegardé des images de ce jour-là. Tenez, que diriez-vous si je vous montrais votre honteux étalage avec la magie de la projection d’images que j’ai pratiquée ! » déclara Wridra.

« Kyaaaaaa ! Nooooooon !! » Marie avait crié tout en s’accrochant à moi, me faisant presque exploser les tympans.

Cette humiliation était pire que le seul facteur d’embarras, et l’ancien labyrinthe rempli de monstres était assez animé par nos cris. Lorsque nous avions été libérés des remontrances de Wridra, nous étions au sol et respirions avec force.

« Je suis désolé, Lady Wridra. Nous avions besoin d’être remis à notre place, » déclarai-je.

« Bien. Ah, je me sens beaucoup mieux après avoir laissé sortir ça. Il y a trop de choses que je ne peux pas communiquer quand je suis sous la forme d’un chat. » Wridra avait étendu ses membres avec un sourire joyeux sur son visage.

C’était juste censé être un repas, mais je me sentais incroyablement épuisé. J’avais décidé d’être plus attentif à la position de Wridra qui nous regardait. J’avais jeté un coup d’œil sur le côté, et Marie avait acquiescé.

S’occuper de la vaisselle était une tâche facile.

L’environnement dans l’ancien labyrinthe était incroyablement pratique en ce qui concerne les voies navigables, et il disposait même d’un système d’égouts. Il était surprenant de voir à quel point cet endroit était bien équipé. Marie avait utilisé l’esprit de l’eau au maximum, en l’utilisant pour créer un courant d’eau et laver la vaisselle.

« Tu es vraiment douée pour cela, pour empêcher les plats de s’entrechoquer. L’as-tu déjà fait ? » Marie, qui était assise à côté de moi, se tourna vers moi. Elle était redevenue comme d’habitude, la rougeur de son visage s’étant atténuée.

« Oui, je fais ça tout le temps dans ton appartement, » répondit Marie.

« Ohh… C’est donc pour ça que mon détergent à vaisselle n’a pas été utilisé. » C’était bien dans un sens économique, mais ma vie quotidienne devenait de plus en plus issue de la fantasy chaque jour, bien que, je ne me plaignais certainement pas. Je m’étais ennuyé de ma vie au Japon jusqu’à ce que cette fille change tout.

Nos vacances à la maison, nos relations avec les voisins et nos projets d’aller au Grimland en étaient la preuve. J’avais réalisé que, en pensant à la façon de divertir l’elfe et la dragonne, on m’avait offert de la joie et du divertissement en retour. On m’avait donné la vie chaleureuse et vivante à laquelle j’avais renoncé depuis longtemps.

« En parlant d’eau, il y a un aquarium dans notre quartier qui abrite un tas de poissons de mer, » déclarai-je.

« Oh ? Pourquoi mettent-ils du poisson pour se divertir ? Ce quartier n’est-il pas proche de la mer ? » Je suppose qu’il serait difficile pour un étranger d’imaginer une installation où l’on regarde des poissons.

J’avais ouvert la bouche pour l’expliquer, puis j’avais senti le bout de son doigt se presser contre moi, semblant m’interrompre. Elle avait alors chuchoté avec ses yeux d’améthyste fixant les miens,

« Héhé, surprends-moi comme tu le fais toujours. Je veux que tu me montres l’aquarium. » Bien sûr que je peux faire ça, Mademoiselle l’Elfe.

Nous avions tous les deux souri et regardé avec joie le lave-vaisselle… Je veux dire, l’esprit continuait son travail, alors que nous étions assis côte à côte tous les deux. Mes jours de congé se remplissaient de projets passionnants pour passer du temps avec Marie.

Soudain, un bruit blanc s’était mis à résonner en provenance de l’outil magique qui était placé sur la table. Une fois le bruit blanc dissipé, une voix masculine profonde s’était mise à parler avec force.

« Ici Pierre de Sang, j’ai besoin que les équipes de l’alliance m’écoutent. Regroupons-nous au deuxième étage demain et commençons nos opérations. »

« Ici Andalousite. Je vous entends très bien. Bien reçu, Pierre de Sang. L’équipe Améthyste est-elle toujours en train de jouer quelque part ? »

Oh, je suppose que je devrais aussi répondre. Je laissai Marie s’occuper de la vaisselle et je me dépêchai de répondre au message.

« Voici l’équipe Améthyste. Nous serons prêts à partir dès que nous aurons fini de faire la vaisselle. » J’avais entendu un ricanement provenant de l’outil magique, puis nous avions décidé de notre lieu de rencontre.

Nous étions prêts à conquérir le deuxième étage. Il était censé grouiller de morts-vivants, mais nous fredonnions en faisant nos bagages et en quittant la pièce.

***

Partie 4

Un assaut simultané des équipes de l’est, de l’ouest et du centre avait commencé.

Les trois équipes qui avaient chacune battu un maître d’étage au premier étage, les équipes Diamant, Rubis et Améthyste étaient réparties dans la zone, et une masse de membres de groupe, du jamais vu auparavant, se précipitait au centre.

C’était la stratégie qui avait été ordonnée par la famille royale. Utilisant leur nombre à leur avantage, les troupes avancèrent alors même qu’une partie d’entre elles était engagée dans des combats, leurs tactiques ressemblant beaucoup à celles qui auraient été utilisées en temps de guerre. Cela leur permettait également de changer de combattants lorsqu’ils étaient fatigués tout en se protégeant les uns les autres contre les embuscades. Ils étaient confrontés non seulement au maître d’étage Shirley, mais aussi au groupe mystérieux qui était intervenu contre les efforts pour avancer dans le donjon.

La guerre et les raids sur les donjons semblaient similaires, mais il y avait en fait quelques différences majeures. En particulier, Hakam s’était inquiété du manque de coordination avec ces différentes troupes réunies dans une telle précipitation. La responsabilité de diriger ces différentes équipes lui avait été confiée, et il s’était creusé la tête pour trouver la stratégie optimale afin de s’en sortir avec le moins de morts possible.

Il avait fixé un petit groupe dans un coin de la carte projetée par l’outil magique et avait poussé un soupir. Certains d’entre eux étaient assis par terre, tandis que d’autres s’appuyaient contre le mur, les autres, dispersés autour d’eux, se reposaient également. La lumière vacillante de la torche illuminait les parois rocheuses et projetait des ombres. Il prit une gorgée de son sac de cuir et appela l’un de ses hommes.

« Pour l’instant, les choses se passent bien. Même les prêtres font tout leur possible cette fois-ci, » déclara-t-il.

« Il semble que oui. Les morts-vivants sont une douleur absolue à gérer, il est donc bon de les voir se faire bannir à gauche et à droite. » Les autres membres, qui avaient été envoyés par la guilde des aventuriers, portaient des expressions de soulagement. Après tout, on leur avait dit que ce serait une mission extrêmement difficile dans un ancien donjon. Ils avaient tous été pratiquement forcés par leur guilde à venir ici malgré la peur qu’ils avaient de perdre leur vie, ils avaient donc tout à fait le droit de se plaindre.

« Je pensais m’enfuir si le besoin s’en faisait sentir, alors je suis content que nous puissions changer de place si nécessaire. Oho, regardez-les partir. »

Dans le couloir, on pouvait voir une masse d’ennemis se faire bannir instantanément. Comme ces monstres n’étaient pas vaincus au combat, ils n’apportaient pas d’expérience pour monter de niveau. Malgré tout, ces hommes étaient bien plus intéressés par la sécurité et la richesse.

« Je veux juste en savoir plus sur cette rumeur de salle du trésor. J’ai entendu dire que celui qui a ouvert celle du premier étage a été récompensé avec des pièces de platine. » Ils avaient tous ri. L’idée de recevoir une telle récompense était tout simplement ridicule. On pouvait dépenser de façon frivole pendant des années sans se retrouver à court d’argent.

Et pourtant, ils étaient tous conscients d’une chose : devenir avide d’une telle récompense était un moyen sûr de se faire tuer. Ils n’avaient survécu aussi longtemps que parce qu’ils comprenaient leur place dans le monde.

« On dirait que c’est presque notre tour. Mais personne ne le remarquera si nous restons assis ici quelques minutes de plus. »

« Je suis d’accord. Ces soldats engagés par le pays ont beaucoup d’énergie, avec la qualité de leur alimentation. Cela ne les dérangerait pas de travailler un peu plus longtemps. » Ils rirent encore, mais ne comprenaient pas la véritable horreur des anciens donjons. Ils pensaient que les innombrables récits d’attaques de monstres n’étaient que des rumeurs. C’était ainsi parce qu’ils n’avaient jamais entendu parler de telles choses qui se produisaient à une si grande échelle. Mais beaucoup de ceux qui se trouvaient dans les étages supérieurs commençaient à réaliser que quelque chose n’allait pas dans cet endroit. Le niveau de difficulté de ce raid dépassait de loin les attentes, et l’existence de Shirley l’Immortel était en soi contre nature.

Juste à ce moment-là, des cris se firent entendre sur le champ de bataille.

Les hommes levèrent les yeux, pensant qu’un puissant monstre avait été abattu. Peut-être que s’ils se dépêchaient, ils pourraient participer au pillage. Ils se levèrent en hâte, mais quelque chose s’abattit sur eux d’en haut.

Boom ! Bruit sourd !

Cela semblait être un sac rouge et mouillé, et il y avait beaucoup d’agitation après ça. Ils avaient dégainé leurs armes en s’attendant à une attaque monstrueuse, et ils n’étaient pas loin de la vérité. Un vieil homme, auquel il manquait les deux bras, se débattait, comme s’il allait bientôt rejoindre les rangs de morts.

« Whoa, d’où vient ce type ? » Sa barbe blanche et sa robe étaient trempées de rouge, et il continuait à se débattre avec des mouvements inhumains. Les hommes pensèrent à l’aider, mais hésitèrent, reconnaissant ce vieil homme fou comme un prêtre guérisseur.

« On dirait qu’il est trop tard pour l’aider… » À ce moment, le vieux prêtre expulsa son dernier souffle et tomba par terre.

À ce moment, le groupe avait regardé, choqué, le cadavre se relever lentement devant leurs yeux. Une brume blanche était sortie des plaies des bras manquants du vieil homme et avait commencé à briller. Son corps, qui était autrefois frêle, s’était mis à gonfler, s’emplissant de muscles alors qu’il inspirait lentement…

« Achevez-le, vite ! Il devient un mort-vivant ! La faucheuse arrive ! » Une voix douloureuse s’était soudainement élevée dans le couloir.

Personne ne pouvait prédire quand et où la Faucheuse allait frapper. Elle avait conduit son âme maléfique dans le cœur de ses victimes pour en faire ses larbins. Mais malgré les cris de désespoir, les hommes étaient restés figés sur place. La masse du vieux prêtre augmentait rapidement de seconde en seconde, et c’était comme si une force invisible les empêchait de bouger.

« C’est… mauvais. Il est allé chasser les morts-vivants et en est devenu un lui-même. »

« Est-ce que nous attaquons ? Hé ! Que devons-nous faire ? » Ils étaient comme un cerf dans les phares, incapables de comprendre le spectacle qui s’offrait à eux, mais lorsque leur instinct de survie s’était activé, ils s’étaient finalement mis à bouger. Mais à ce moment-là, il était trop tard.

Le vieil homme murmura une sainte incantation, puis ses bras brumeux se mirent à attaquer.

***

Partie 5

Le pavé de pierre s’était ouvert en glissant, révélant en dessous un objet fabriqué par l’homme.

À première vue, cela ressemblait à un tronc d’arbre, mais il donnait la sensation d’être en pierre. Il y avait un ornement d’aile au sommet, et cela avait grandi sous nos yeux. C’était la compétence primaire que Marie avait récemment obtenue, connue sous le nom de Veuilleur. Cette structure était apparue lors de l’activation, et sa structure particulière en faisait une compétence assez unique. Le fait est que je ne comprenais pas vraiment à quoi elle servait.

« Hm, cela ressemble à une sorte de tour de guet monstrueuse, » commenta Wridra.

« Oh, ça se voit ? La hauteur de la tour affecte la distance où elle peut détecter les monstres. J’ai cherché une compétence similaire dans les écritures, mais c’est la seule que j’ai pu trouver. »

Je n’avais jamais rencontré une telle compétence auparavant, il était donc difficile de juger de ses effets. Une fois qu’elle avait été mise en place, elle avait progressivement grandi, augmentant en même temps effectivement la portée de détection de l’ennemi… mais pour être honnête, notre première impression avait été quelque chose du genre : « C’est quoi ça ? »

« Détecter les monstres est certainement utile, mais cela prend du temps à mettre en place, et nous ne pouvons pas déplacer sa position une fois qu’elle est activée, à moins que nous n’annulions la première tour. Il a beaucoup de limitations, donc je me serais attendu à ce qu’il ait aussi d’autres fonctions, » déclarai-je.

« Après tout, peut-être que ce n’est pas une si bonne compétence. C’était ma deuxième compétence primaire, alors j’en attendais peut-être trop…, » dit Marie avec un soupçon de déception dans la voix.

Elle avait obtenu cette nouvelle compétence après une longue période, et elle avait gagné un tas de niveaux en même temps. L’acquisition de nouvelles compétences primaires dépendait du niveau de l’utilisateur, et était fortement influencée par ses talents et ses capacités. Souvent, la plupart des gens les obtenaient autour du niveau 35.

Dans cette optique, le niveau 42 était vraiment un signe qu’elle était en retard. Cela aurait impliqué qu’il serait puissant, mais toutes les compétences n’étaient pas gagnantes, semblait-il. Malgré cela, Wridra pensait le contraire.

« Hmm, cela semble être utile. Je vois qu’il y a aussi des circuits magiques présents… Il pourrait être possible de le synchroniser avec des appareils extérieurs. » Marie semblait se sentir assez déprimée par le fait que sa compétence primaire tant attendue n’était rien d’autre qu’un détecteur d’ennemi alors elle était restée silencieuse pendant un certain temps. Elle était d’autant plus optimiste quand elle avait entendu le commentaire de Wridra et elle avait relevé la tête, ses yeux violet pâle brillants.

« À ce propos, as-tu dit que tu avais enregistré le contact de Zera, n’est-ce pas ? » demanda Wridra.

« Hein ? Oui, nous l’avons enregistré par le biais de l’outil magique, de sorte que nous pouvons communiquer ou vérifier la position de chacun à tout moment, » avais-je dit en montrant à Wridra mon outil magique, qu’elle avait pris en main. Elle l’avait observé sous différents angles, puis elle avait fait un bruit affirmatif.

« C’est la caractéristique supplémentaire. Il est possible que Marie puisse envoyer des informations sur l’ennemi à son groupe et à tout contact enregistré. Voyons voir… » Elle avait appuyé sur quelques boutons. Marie avait remarqué quelque chose et avaient levé les yeux, puis elle avait tapé sur son Outil Magique avec son bâton.

« C’est quoi... Oh ! » Je m’étais arrêté au milieu de la phrase. Mon bracelet magique s’était activé, affichant des couleurs qui n’étaient pas présentes sur la carte auparavant. Il y avait trois lumières indiquant notre position, ainsi que plusieurs points rouges au loin.

« Oh, là ! Ce sont les Armures vivantes et les Soldats morts-vivants que j’ai détectés, » déclara Marie.

« Je peux aussi les voir maintenant. Hmm, on dirait que c’est affecté par des obstacles sur son chemin. » Marie avait fait un signe de tête face à mon propos. Elle semblerait un peu voir à travers les objets, mais les ennemis de l’autre côté des murs apparaissent un peu effacés sur la carte. Les points étaient à peine visibles lorsqu’ils étaient maqués par des murs. Cela m’avait rappelé les radars qui montraient les positions des ennemis dans les RPG. Cela avait probablement fonctionné de la même manière.

« Tu peux utiliser dans un groupe cette fonction avec le Chat de Lien de l’Esprit, mais cela devrait permettre à d’autres personnes d’utiliser cette fonction en combat. Je pense qu’elle a aussi d’autres secrets, » Marie et moi avions regardé Wridra avec des yeux écarquillés. Elle avait l’air plutôt confiante, et le mot « secret » nous avait fait penser à toutes les possibilités. Wridra n’avait fait que rigoler et m’avait rendu l’outil magique.

« Eh bien, vous deux pouvez vous débrouiller seuls pour le reste. Il ne serait pas intéressant que je vous gâte tout, » déclara Wridra.

« Oh… Mais tu nous as donné beaucoup de choses sur lesquelles travailler. Merci, Wridra. » Bien que Wridra ne nous ait pas donné la réponse, Marie avait souri joyeusement comme si elle avait reçu un cadeau précieux. Si Wridra avait dit qu’il y avait plus que cette compétence, alors cela devait être vrai. J’étais sûr que nous finirions par nous en rendre compte et que nous ferions bon usage de ses effets au combat.

« Tant mieux pour toi, Marie. Nous allons résoudre ce problème ensemble et utiliser au mieux ta compétence primaire. » Marie se tourna vers moi et sourit joyeusement.

Bien que, personnellement, je pensais que cette chose était déjà assez puissante avec son effet radar, le plus dur dans les donjons était de ne jamais savoir où les ennemis se cachaient. Exposer leur emplacement serait un énorme avantage.

Alors que je pensais à tout cela, Wridra m’avait soudain regardé. Ses yeux d’obsidienne me fixaient directement, son doigt pointait vers moi de manière accusatrice.

« Le problème, c’est toi. Ton habileté au sabre s’est améliorée, mais nous ne pouvons pas attendre davantage comme amélioration sur un court terme, » déclara Wridra.

« Mais je ne peux pas être plus fort que mon niveau, donc c’est normal, non ? » Elle m’avait regardé comme si j’étais un cancre.

« Tu dois savoir que tu peux devenir plus fort avec la bonne combinaison de compétences, » déclara Wridra.

« Oui, bien sûr. C’est l’échange de compétences et l’expérimentation de différents types de combinaison qui rendent le combat si amusant. » Les compétences primaires auraient dû être considérées comme des caractéristiques déterminantes, et j’en avais trois en raison de mon niveau élevé.

Reprise, ce pouvoir m’avait permis d’enregistrer et de reproduire parfaitement les modèles d’attaque.

Sur la Route, ce pouvoir me permettait un mouvement instantané.

L’Image Fantôme, qui allait laisser derrière elle une illusion de moi-même.

J’avais pu combattre les ennemis avec facilité grâce à la combinaison de ces trois compétences. Cependant, le fait que j’ai eu l’avantage de ne pas ressentir beaucoup de douleur dans ce monde de rêve m’avait certainement aidé.

« Je suppose que le moyen le plus rapide de devenir plus fort serait de maîtriser ma compétence d’accélération et mon Astroblade, » déclarai-je.

« Oui. Je peux t’apprendre à utiliser l’accélération, mais faire ressortir le potentiel de cette épée par la manipulation de l’énergie n’est pas mon point fort. Après tout, je ne m’intéresse pas à la façon dont le corps humain fonctionne. » Cela signifiait que je devais apprendre cette partie par moi-même. Zera m’avait déjà donné des leçons, mais il aurait été difficile d’aller au fond des choses par moi-même.

« Je n’en ai pas vraiment envie, mais je devrais peut-être demander à Zera de me former un peu plus. » Ses leçons avaient tendance à être un peu trop intenses pour moi. Je ne me sentais pas vraiment prêt pour ça, même dans mes rêves, mais bon… Mais je ne voulais vraiment pas.

« Au fait, as-tu des conseils à donner pour utiliser l’accélération ? » demandai-je.

« Oui. Effort et courage. Je vais mettre ta personnalité paresseuse en forme, » déclara Wridra.

Beurk, Wridra est du genre intense aussi. C’est bizarre, je pensais que la seule chose qui se relâchait était mon visage. En plus, je n’avais pas vraiment sommeil tout le temps, j’avais juste l’air de l’être.

« Il est temps de mettre tes compétences à l’épreuve. Ne restez pas là, Armures vivantes ! Venez ! » La porte s’était ouverte et les monstres qui tremblaient dans le coin de la pièce s’étaient précipités en furie dans le couloir. La musique de la bataille avait commencé à jouer après un délai, mais… c’était assez gênant. Ce n’était pas du tout excitant, et je me sentais en fait désolé pour mes adversaires.

On pouvait voir des entités fantomatiques translucides se tortiller dans les fissures des articulations de l’armure noire abîmée, comme des bernard-l’ermite. Ils préparaient leurs épées et leurs boucliers, et on pouvait voir quatre âmes flotter derrière eux. Leurs dents s’entrechoquaient en nous regardant fixement, comme s’ils lançaient des incantations. C’était la première fois que Marie faisait face à des monstres humanoïdes, ce qui aurait dû être une expérience terrifiante pour elle.

« Comme c’est triste… Ils se faufilent, essayant de se cacher de Wridra…, » déclarai-je.

« Ah… Oui. Mais leurs niveaux sont plus élevés que ceux des Koopahs du dernier étage alors ne baisse pas ta garde. » Leurs niveaux étaient visibles avec le Veuilleur actif, donc j’espérais qu’elle savait qu’il ne fallait pas les prendre à la légère.

« J’ajouterai qu’il t’est interdit d’utiliser les enchantements sacrés. Cela rendrait le combat trop facile. » Qu’est-ce que c’est que cette restriction ?

Les attaques physiques étaient encore quelque peu efficaces contre les ennemis morts-vivants ayant un corps physique, mais les âmes qui existaient depuis les temps anciens pouvaient les annuler complètement. Malgré tout, Wridra pouvait parfois être déraisonnable, mais elle ne s’attendait pas souvent à ce que je fasse des tâches impossibles. J’avais donc décidé d’essayer de déterminer quelles étaient mes options.

Ils avaient commencé à s’approcher de nous, en faisant claquer leurs armures, alors j’avais dégainé l’Astroblade alors que j’étais en train de réfléchir. La lame fredonnait, semblant drainer l’énergie de mon corps.

« Oh, je comprends. Je dois juste faire attention, » déclarai-je.

« Oui, et pour l’instant, tu ne peux activer l’accélération qu’au moment exact de ton attaque —, » la voix de Wridra s’était déformée. J’avais activé l’accélération quand une lame avait été abaissée vers ma tête.

Clang ! J’avais atterri doucement sur le sol, et la tête et le poignet droit d’une Armure vivante pendaient inutilement. Comme mon ennemi était une âme, elle flottait dans l’air et me fixait au lieu de tomber au sol.

« Hmm, j’aimerais qu’ils aient des points faibles à viser — comme les Koopahs… » Il y avait eu une pause dans mon commentaire parce que je m’étais téléporté pour éviter les trois éclairs qui visaient mon abdomen. J’étais réapparu derrière les soldats morts-vivants, mais je ne savais toujours pas comment les abattre efficacement. On m’avait dit d’utiliser mon énergie pour les vaincre, mais cela ne me disait pas vraiment ce que j’étais censé faire. Même à ce moment-là, si mon professeur le souhaitait, je devais donner tout ce que j’avais.

J’avais provisoirement donné à Astroblade une plus grande partie de mon énergie, et l’arme l’avait aspirée avec avidité. J’avais commencé à respirer avec force, mais ni Marie ni Wridra ne semblaient remarquer le changement. Si elles l’avaient fait, elles ne seraient pas restées assises là, l’air si peu préoccupé, à boire du thé en boîte avec une paille, n’est-ce pas ?

Je préférais les combats difficiles, bien sûr, mais en affrontant autant d’adversaires à la fois, je commençais à avoir l’impression que c’était un peu trop.

« Oh là, il y a douze Armures Vivantes qui se rassemblent en formation, » déclara Marie.

« En effet, leur forme est impeccable. Cela me rappelle, Kitase, que tu as mentionné que tu admirais des formations de troupes aussi propres que celle-ci. Tant mieux pour toi, tu dois être assez extatique, » déclara Wridra.

Ai-je dit cela ? Hein, je suppose que oui… Je me souvenais vaguement avoir mentionné que combattre des ennemis armés d’une épée et d’un bouclier était l’essence même des mondes fantastiques.

Oui… Ce serait bien si je pouvais revenir au moment où j’ai fait ce commentaire et donner une bonne gifle à mon visage souriant à cet instant exact.

On pouvait entendre des bruits de pas dans le coin, et il y avait plus de dix ensembles d’armures sur le sol autour de nous. Elles nous avaient fourni avec soin d’autres ennemis à combattre.

Dès que d’autres armures noires étaient apparues, j’avais bondi.

***

Partie 6

J’avais percé la section centrale des deux ennemis du front, puis j’avais placé une main sur leur blessure pour envoyer une vague d’énergie directe à l’intérieur. L’âme à l’intérieur de l’armure s’était immédiatement échappée, immobilisant le monstre.

« Ah, je vois que tu t’habitues à bannir la conscience des âmes. Tu peux les immobiliser pendant un certain temps en utilisant cette méthode. Maintenant, accélère. » J’avais mémorisé les mouvements efficaces avec Reprise, donc cela devenait de plus en plus optimal avec le temps. Malgré tout, combattre les morts-vivants tout en limitant délibérément les enchantements sacrés était inédit. Je m’étais demandé si elle comprenait vraiment cela…

J’avais commencé à comprendre le flux d’énergie qui circulait dans mon corps et j’avais déclenché l’Accélération pendant un bref instant. Plus précisément, j’avais déjà dépensé tant d’énergie que ces brefs instants étaient tout ce que je pouvais gérer. C’est peut-être ce que Wridra voulait dire lorsqu’elle parlait de l’utiliser au moment exact de mon attaque.

Les attaques qui se dirigeaient vers moi s’arrêtèrent pratiquement sur place, et je me faufilais entre mes adversaires pour enfoncer ma lame dans leurs articulations.

Marie avait applaudi lorsque le temps était revenu à la normale, probablement parce que je les avais frappés en un seul éclair de son point de vue. L’armure avait perdu sa forme humanoïde, et l’âme à l’intérieur avait disparu comme une brume.

« *Souffle rauque*… Mur de pierres, s’il te plaît ! » Marie avait rapidement tapé sur le pavé avec son bâton, et un mur s’était élevé du sol. C’était comme regarder un volet se fermer lentement de bas en haut.

Cela avait scellé le chemin avec un gros bruit sourd, et j’avais finalement poussé un soupir de soulagement.

« Ouf, je suis épuisé… J’aimerais un moment pour reprendre mon souffle, si ça ne vous dérange pas, » déclarai-je.

« C’était impressionnant. Tu en as abattu une trentaine sans même utiliser un élément sacré, » déclara Marie d’un ton impressionné en me tendant une bouteille d’eau. Elle semblait avoir confiance en mes capacités, à en juger par l’absence d’anxiété dans ses yeux. Je m’étais dit qu’elle était assez intelligente pour surveiller mes mouvements et juger que je n’étais pas vraiment en danger.

J’avais pris du thé avec gratitude et je l’avais bu en grandes gorgées. Je n’avais presque pas ressenti de fatigue dans le monde des rêves, mais je pouvais dire que mon corps avait soif. Après avoir étanché ma soif avec le thé tiède, j’avais poussé un profond soupir de soulagement.

« Les illusions ne fonctionnent pas du tout contre les morts-vivants. Ils ne les regardent même pas, » déclarai-je.

« Oui, ils sont pratiquement aveugles. Leurs mouvements sont similaires à ceux des slimes. Maintenant, que penses-tu que tu devrais faire ? » demanda la femme aux cheveux noirs en me regardant qui avais une tête plus courte que moi. Une douce odeur s’échappa de ses cheveux soyeux et raides, rendant difficile de croire que nous étions au milieu d’un champ de bataille. En la voyant de près, je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer à quel point elle était belle, mais j’avais essayé de me concentrer sur sa question.

« Donc, tu dis que j’ai des options. Hmm, je ne connais pas grand-chose sur les slimes…, » répondis-je.

« Elle veut peut-être dire qu’ils peuvent paraître erratiques, mais il y a une méthode dans leur mouvement. Tu sais, comme ce qu’on dit dans les journaux télévisés, à savoir qu’ils cherchent le chemin le plus court dans un donjon. » Je me souvenais avoir entendu quelque chose comme ça. Ils ne semblaient pas être intelligents, mais ils se déplaçaient comme s’ils l’étaient.

« J’ai aussi lu dans une bibliothèque qu’ils se rassemblent pour survivre quand ils n’ont pas de nourriture, » poursuit Marie.

« De la nourriture ? Veux-tu dire que les morts-vivants mangent aussi ? » avais-je demandé. Wridra avait hoché la tête.

« On dit que les morts-vivants se régalent principalement des âmes des vivants. Ce donjon a été longtemps isolé. Regarde, les voilà qui reviennent à la recherche d’un repas. » Marie avait regardé où Wridra pointait du doigt et avait poussé un cri. Les âmes avaient abandonné leur armure et se faufilaient lentement à travers les légères ouvertures dans la paroi rocheuse.

« Ils doivent sentir notre présence. Laissez-moi essayer quelque chose. » Une idée m’était venue, alors j’avais demandé aux deux autres de rester en arrière et de regarder. Je m’étais approché d’une âme qui avait finalement réussi à se mettre de notre côté.

Mes illusions n’affectaient que les sens visuels. Elles étaient très convaincantes, même pour moi, et avaient la capacité de tromper des adversaires intelligents. Mais…

« Essayons… Voilà. » J’avais créé une illusion devant mon adversaire, mais j’avais utilisé une méthode différente cette fois. L’âme qui se trouvait à l’intérieur de l’Armure vivante avait alors ouvert la bouche en grand et avait mordu à l’illusion.

« Oh, il a réagi ! Qu’as-tu fait, Kazuhiro ? » s’écria Marie.

« Je savais que Wridra ne me poserait pas de questions inutiles, alors je me suis dit que cela avait quelque chose à voir avec la manipulation de l’énergie que j’ai pratiquée et j’en ai mis une partie dans mon illusion. » J’avais tissé de l’énergie dans une illusion pour la première fois, mais cela semblait être assez efficace. Plus efficace que je ne l’espérais, vraiment. Un adversaire intelligent serait venu me chercher après avoir réalisé qu’il avait attaqué un leurre, mais l’âme avait continué à mordre bêtement dans l’illusion.

Je l’avais approché par-derrière et lui avais donné deux coups d’épée rapides, ce qui l’avait fait se disperser dans le néant. J’avais canalisé l’énergie dans la pointe de mon épée au moment exact du contact, minimisant ainsi ma consommation d’énergie.

« Oh, c’est bien et facile. Je me sens stupide d’avoir gaspillé tous ces efforts tout à l’heure, » déclarai-je.

« Certains d’entre eux seront plus intelligents que celui-ci. Ne sois pas trop confiant. » Il semblerait que mes illusions seraient plus utiles ici qu’elles ne l’avaient été à l’étage précédent. Malgré cela, comme l’avait dit Wridra, il y avait une chance que je m’attire des ennuis si je devenais trop arrogant.

« Oh, nous devons bientôt nous réveiller au Japon. Marie, peux-tu ouvrir le mur pour que je puisse vaincre le reste ? » demandai-je.

Marie fit un signe de tête, puis ordonna à son esprit de pierre de revenir. L’esprit avait répondu, la paroi rocheuse s’enfonçant cette fois lentement dans le sol. Pendant ce temps, j’avais créé une illusion et l’avais remplie avec le reste de mon énergie. Cette technique était assez épuisante, mais je n’étais pas trop inquiet, car nous allions bientôt nous endormir.

Je tenais l’Astroblade au niveau de la hanche pendant qu’elle bourdonnait comme un moteur à réaction alimenté par mon énergie. La lumière traversait la lame comme une étoile filante, indiquant qu’elle était chargée et prête à frapper. En un sens, c’était comme mon ultime mouvement. Même si j’étais un adulte maintenant, des effets cool comme ceux-ci m’avaient rempli d’excitation. Dommage qu’il ait fallu que je perde mon énergie au point de m’évanouir.

Le mur s’était effondré complètement, révélant quatorze monstres comme le capteur de l’Outil magique nous l’avait dit. Je m’étais demandé si leur processus de pensée fonctionnait vraiment de la même manière que celui des slimes. Cela ne semblait guère innocent, et il était effrayant de les voir s’attaquer à mon illusion avec une violence aussi effrénée.

Fwoooooom ! Astroblade s’était mise en fonction lorsque j’avais libéré toute sa puissance en un seul coup.

Je l’avais balancé vers mes adversaires depuis ma hanche en un éclair, laissant une traînée en forme de lame qui avait anéanti les morts-vivants sur son passage comme si une étoile filante les avait traversés. C’était satisfaisant d’anéantir leur groupe en entier d’un seul coup et de voir des morceaux de leur armure voler.

C’est un bon moyen de réduire le stress. Vraiment fatigant, cependant…

« C’était vraiment cool. Comme une scène de film, » avais-je commenté.

« Je sais — et si tu donnais un nom à cette attaque ? Ou tu pourrais crier “Ressentez ma rage” en l’utilisant, » déclara Marie.

« Hahaha ! Oui, c’est un ordre de ton professeur. Dans le cadre de ta formation, tu es désormais tenu de le dire, » déclara Wridra.

Pas question… Tu m’imagines crier ça avec un visage comme ça ?

Je leur avais lancé un regard qui était clairement en désaccord avec leur idée, mais elles avaient ri d’autant plus fort. J’a1 déjà assez de soucis avec les travaux à venir.

+ + + + + + + + + + + + + + +

Comme l’avait dit Wridra, les morts-vivants étaient apparus là où ils pouvaient trouver de la nourriture.

Je m’étais demandé ce qui arrivait à l’équipe centrale qui avait un important groupe de combattants.

Pendant ce temps, l’une des lignes de bataille s’effondrait quelque part en dehors de notre champ de conscience. Le plan était que chaque équipe fasse un effort coordonné pour former un périmètre tout en avançant, mais lorsqu’un des maillons de la chaîne se rompait, les morts-vivants avaient inondé la ligne qu’ils avaient formée, la faisant s’effondrer. Ils étaient lentement dévorés par les côtés.

Zzz, zzzzzz...

Plusieurs paires d’yeux injectés de sang fixaient l’outil magique placé dans le couloir.

Personne n’avait dit un mot. Leur esprit s’engourdissait, et ils pouvaient à peine bouger.

Les cris incessants résonnaient dans leur esprit.

« Non… Nooooooon !! »

« Ils nous flanquent ! Où est notre arrière-garde ? »

« Les hommes, nous devons tout de suite nous lancer ensemble dans un assaut ! »

« Ah ! On se place autour des prêtres ! Protégez-les ! »

Zzz, zzzzzz !

Leurs cris aigus suppliaient le quartier général de leur venir en aide.

Juste un étage plus loin se trouvait un monde de mort. Les hommes assis ici pensaient à la façon dont les monstres allaient inonder la zone et faire également tomber les quartiers généraux. Leur sens de la justice et leur volonté d’aider les mourants semblaient s’estomper au son de ces cris macabres.

Ils avaient avancé avec des forces massives en utilisant leur moral élevé, mais tout ce qu’ils avaient fini par faire, c’était de donner un festin pour les morts-vivants. Alors que les pertes s’accumulaient à une échelle sans précédent, certains tremblaient de peur, tandis que d’autres jetaient un coup d’œil entre l’Outil magique et leur commandant. Mais Hakam et Aja étaient restés assis sur leur chaise sans bouger d’un pouce.

Puis, le vieil homme encapuchonné avait parlé.

« On dirait que nos petits invités ont enfin fait leur entrée. »

« Oui, ils ont fait tomber l’équipe centrale. À en juger par leur position, ce devait être la maison d’Ajaars, de Gledlin ou de Bakk. Je vais voir ce que le roi pense en commençant par obtenir quelques réponses de la maison Gledlin. » Bien qu’il s’agisse de maisons renommées, chacune d’entre elles connaissait des difficultés financières. Hakam semblait plutôt confiant sur le fait que les coupables étaient issus du ménage Gledlin. Le sorcier se contenta de hocher la tête sans aucune objection.

« Quand on pense que la famille royale a fait naître ce cauchemar en raison de sa cupidité. Peut-être sommes-nous aussi de simples marionnettes dans tout cela. Nous jouons juste notre rôle pour éliminer les rebelles…, » avec cela, le vieil homme pressa son bâton contre le plan du donjon flottant dans l’air. Puis, comme de l’encre tombée dans l’eau, la couleur avait coulé de la pointe du bâton sur la carte.

« Il semble qu’ils soient devenus trop confiants maintenant qu’ils ont plus de forces. Hmph, ça ne sert à rien de détruire l’outil magique. J’ai mélangé un peu de mon sang dans l’eau que je leur ai fait boire auparavant. Oho, je peux les voir clairement maintenant. » L’encre s’était répandue lentement, révélant des points rouges sur la carte en trois dimensions. C’était les « rebelles » mentionnés ci-dessus. Parmi ceux qui se battaient désespérément pour leur vie, les groupes marqués agissaient de façon complètement différente des autres.

Il y en avait environ trois équipes. Pour une raison inconnue, les monstres ne les avaient pas poursuivies. C’était difficile à croire, mais ce détail les rendait bien plus redoutables qu’ils ne l’auraient été autrement.

Cependant, les yeux du commandant Hakam brillèrent d’une lumière sauvage alors qu’il riait comme un animal.

« Les monstres. Alors je suppose qu’il est temps de sortir les Pierres magiques. Elles devraient se sentir honorées d’être les premiers sujets de test. » Ils engloutiraient les plans et les désirs des rebelles dans leur ensemble.

Ou peut-être que c’était l’ancien donjon lui-même qui les dévorerait. Les cris incessants résonnèrent alors qu’ils étaient assis au fond de leur chaise.

***

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