Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 3 – Chapitre 6 – Partie 2

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Chapitre 6 : Traîner à Aomori

Partie 2

J’étais arrivé à la maison et j’avais poussé la porte de mon appartement afin de l’ouvrir. L’intérieur était sombre, ce qui me rappelait une époque où Marie n’était pas là. C’était bizarre, la fille elfe venait habituellement vers moi en courant à mon retour. Peut-être que les deux filles étaient sorties et n’étaient pas encore rentrées. En enlevant mes chaussures, j’avais remarqué que, non seulement les lumières étaient toujours allumées, mais que la télévision l’était aussi.

« Oh, se sont-elles endormies ? » m’étais-je demandé à haute voix et j’étais entré. Après avoir fait deux pas, j’avais jeté un coup d’œil sur le côté et j’avais failli sursauter. Une montagne de couvertures avait été construite dans la chambre, avec Marie et Wridra recroquevillées en dessous, les yeux ronds et collés à l’écran.

« … Qu’est-ce que vous faites toutes les deux ? » avais-je demandé après une longue pause. Et la fille elfe avait levé un doigt sur ses lèvres et m’avait fait signe de venir. J’avais défait ma cravate et enlevé ma veste en les observant, et j’avais remarqué qu’elles étaient au milieu du film que nous avions acheté il y a peu de temps. Elles étaient sur le point d’arriver à la scène finale, et la voix joyeuse des sœurs se faisait entendre à la télévision.

« Ohhh ! » Wridra se pencha en avant, et je pus voir dans ses yeux qu’elle avait été captivée par l’histoire. Elle était tellement à fond dedans qu’elle n’avait même pas remarqué que je venais. Quand on était ainsi attiré dans une histoire, un phénomène intéressant se produisait. Ils s’identifient et se connectent aux personnages, partageant leurs mêmes émotions, telles que la douleur, le chagrin et le bonheur. C’était le moment où ils venaient de surmonter des épreuves, et un joli sourire s’était répandu sur le visage de la dragonne qui avait des milliers d’années. J’étais sûr que Wridra souriait comme ça quand elle était enfant. Au fur et à mesure que le moment émotionnel passait, cette chanson édifiante avait commencé à jouer. La musique était simple, mais racontait aussi une histoire en soi. Et ainsi, le visage de la dragonne s’était illuminé de bonheur.

« Ahh, c’est incroyable… ! Je ne savais pas qu’une telle harmonie pouvait être trouvée dans ce soi-disant anime ! » Et elle semblait si désintéressée quand elle s’était levée ce matin, j’avais pensé à cela quand j’avais commencé à me changer pour le travail. Alors que le final s’achevait et que la musique joyeuse s’éteignait, les deux filles retirèrent le tas de couvertures et s’étirèrent. « Ohh… C’est tout à fait merveilleux. Si colorée et pleine d’émotions, avec un charme exceptionnel en elle. J’ignorais que la campagne du Japon était un endroit si fantastique… »

« Ahem. Donc tu comprends enfin. L’anime rassemble de nombreux dessins pour raconter une belle histoire comme celle-là. Et juste pour que tu saches, ils n’utilisent pas la magie pour le faire, » expliqua Marie.

Elles s’étaient assises au salon pour discuter du film qu’elles venaient de voir. Marie avait commencé à préparer le thé avec une main entraînée, alors j’avais aussi fini par m’asseoir avec elles. Wridra avait une expression rêveuse de son côté et poussa un soupir en se tenant les joues.

« Nnn, c’était vraiment comme si j’étais dans un rêve. Ce monde m’a semblé constamment occupé et plein de futilités, mais il semble qu’il y en ait encore qui ont un cœur enjoué, » déclara Wridra.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Ce n’était qu’une petite fraction de ce que les animes ont à offrir, et il y a des milliers de titres sur le marché. Tu pourrais en regarder un tous les jours et mettre des années à les parcourir tous. » Marie avait passé sa main dans ses cheveux avec une expression de fierté, et Wridra s’était retrouvée à court de mots. J’avais aussi été surpris. Marie avait l’air de s’amuser comme une folle en se vantant du sujet. « Oh, je suis désolée, je me suis tellement amusée ici. Au fait, ce kakuni que nous avons eu il y a quelque temps était un cadeau de notre voisin. J’ai apprécié d’autres saveurs suprêmement riches comme le foie gras — bien que tu ne le connaisses probablement pas. »

« Quoi !? Impossible, tu n’aurais pas pu recevoir un tel traitement en prime… Ce n’est pas juste, ce n’est pas juste du tout ! Je me suis retenue de venir ici ! » s’écria Wridra.

Euh… Qu’est-ce qui se passe ?

Wridra pleurnichait en s’allongeant sur la table, et les joues de Marie rougissaient avec une expression joyeuse en regardant la dragonne. Peut-être qu’elle voulait quelqu’un à qui se vanter depuis longtemps. Wridra était la seule à qui nous pouvions parler de notre secret, et elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que cette situation était « injuste ». Je savais par expérience que les femmes avaient tendance à avoir un côté qui aimait se vanter auprès des autres, alors j’avais rapidement suivi pour adoucir le coup.

« Hum, personnellement, j’aime mieux le monde d’où vous venez toutes les deux, » déclarai-je.

« … Oui, j’aime ça aussi. Si seulement il y avait des dépanneurs, » déclara Marie.

Hein ? Eh bien… Ils n’avaient jamais pensé à le faire. En fait, j’aurais été déçu s’ils l’avaient fait, et je pensais que pouvoir profiter de toute la nature qui s’y trouve était bien meilleur.

« Je veux un repas délicieux, plutôt qu’un poisson qui sent mauvais. Ahh, ce qu’on a eu au déjeuner était si doux et délicieux. J’aimerais aussi vivre au Japon ! » déclara Wridra.

Oh, elle en a eu aujourd’hui ? J’avais demandé non verbalement à Marie d’un regard, et elle m’avait lancé un regard fier. Je vois. Alors elle s’était aussi vantée de la crème glacée. Wridra continua à sangloter, puis me regarda.

C’est bizarre, tu es censé être la grande Magi-Drake, pas un chaton qui cherche une maison. Mais je suis désolé, je ne gagne pas assez pour m’occuper de deux… Attends, n’es-tu pas la femme de quelqu’un ?

Elle avait continué à me lancer des regards, et je ne savais vraiment pas quoi faire. Après avoir pris un bain, j’avais ouvert la porte pour trouver les deux filles assises sur le lit, et Marie m’avait fait signe. Quant à Wridra, elle semblait faire quelque chose comme ce qu’elle faisait ce matin. Ses yeux noirs me regardaient, mais elle s’était détournée comme si elle était encore bouleversée pour tout à l’heure. J’avais jeté un coup d’œil pour voir qu’elle utilisait une sorte de corde, et l’appareil faisait un bruit de grésillement. Elle y travaillait depuis le matin, et je m’étais demandé ce qu’elle comptait créer ici au Japon. Ma curiosité me tuait, alors je m’étais assis à côté d’elle, et elle m’avait murmuré de me taire sans même lever les yeux. Elle était dans un état de concentration totale, alors Marie et moi n’avions fait que regarder en silence. On aurait dit qu’elle soufflait des particules magiques dans un bijou qui avait la taille d’une pièce de 500 yens. Elle semblait dessiner quelque chose comme un circuit imprimé pour une machine. Marie et moi avions continué à nous fixer.

Sizzz…

De la fumée s’élevait de l’appareil, et il semblait que le travail de précision était fait. Wridra poussa un soupir de soulagement, puis referma le couvercle.

« Maintenant, voyons si ça marche. Turck Ittshi Aap. » Les mots mystérieux étaient probablement des mots avancés de la langue des dragons. La phrase servait également d’incantation pour un sort, et les Mages-Drakes avaient la capacité de jeter des sorts en utilisant des mots de la langue. Cela m’avait presque fait oublier que nous étions encore dans le quartier Koto au Japon. Alors que nous regardions, une ombre noire était apparue lentement. Il était apparu lentement du milieu de l’air, puis s’était posé sur ses pieds avec un plop. Son petit corps était couvert de fourrure noire, et il avait une longue queue. Quand elle avait laissé échapper un petit miaulement, les yeux de Marie s’étaient élargis.

« Ah ! Un chat… Je veux dire, un familier ! Peux-tu en appeler un même dans ce monde ? » demanda Marie.

« Normalement, c’est impossible. Après tout, il n’y a pas de mécanisme sous-jacent qui permet de compléter la magie ici, mais avec un noyau artificiel comme celui-ci, c’est une autre histoire. » Wridra souriait en frottant le menton du chat noir. Marie ne pouvait pas s’empêcher de se rapprocher, et le chat s’était tourné vers elle et avait reniflé son doigt. Il avait pris son temps en sentant Marie, puis avait émis un miaulement satisfait. Il avait frotté sa fourrure contre elle en signe d’approbation.

« Wôw, c’est chaud… N’es-tu pas une beauté ? Tu as un visage mignon. » Marie s’était habituée à parler avec les chats. Après l’avoir vue caresser le chat derrière son cou, Wridra s’étira et bâilla.

« Ahh… Bien sûr, je n’ai pas créé un familier simplement pour le plaisir. » Elle avait fait un geste pour que je vienne. J’étais un peu anxieux, mais ma curiosité l’avait emporté. Je m’approchai d’elle avec précaution, puis Wridra posa son doigt sur mon menton comme elle l’avait fait pour le chat, puis inclina mon visage vers le haut. Son doigt fin avait tracé le long de mon visage, puis s’était arrêté derrière mon oreille. Puis, j’avais entendu un bruit comme une sorte d’aspiration, et mes épaules avaient bougé de façon surprenante. Quand Wridra avait touché le noyau qui se trouvait sur le col du familier, j’avais senti des mots étranges se prononcer dans mon oreille.

« Une ligne de communication a été établie. »

Hein… !?

La même voix se répercutait sur l’ornement du chat, et Marie et moi nous étions regardées.

« Ne me dis pas que tu as fabriqué la même technologie que celle venant du monde des rêves !? » m’écriai-je.

« Hah, hah. Bien sûr, mes créations sont supérieures à celles des humains. La portée effective, la qualité sonore et la portabilité sont nettement améliorées, » répondit Wridra.

C’était très surprenant. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle apporte la technologie du monde des rêves ici, et Wridra l’avait fait si facilement. Puis, comme pour se venger de toutes les vantardises qu’elle avait endurées sur le Japon, elle se mit à expliquer.

« Voler la technologie n’est pas une tâche facile. Après tout, il faut bien comprendre la structure, la démonter, repenser son concept et la reconstruire en respectant toutes ses exigences. Comprenez-vous maintenant l’étendue de ma grandeur ? » demanda Wridra.

J’étais tellement sous le choc que je n’enregistrais pas ce qu’elle disait. Marie était dans un état similaire, la bouche grande ouverte, mais aucun mot ne sortait.

« C’est tellement impressionnant que je ne sais pas quoi dire. Alors… qu’est-ce que ça veut dire ? » demanda Marie.

« Je suppose qu’on peut utiliser ça pour parler même quand je suis au travail, » déclarai-je.

La fille avait fait un « Ah ! » et avait pris le chat dans ses bras. Le chat lui avait frotté son nez rose et elle avait ri face au chatouillement.

« Tu es si petit, mais tu es assez étonnant, n’est-ce pas ? As-tu un nom ? » demanda Marie.

Je pouvais entendre les murmures de Marie au fond de mon oreille. Je commençais à comprendre le but de Wridra dans tout ça. Bien sûr, elle avait un air suffisant quand je m’étais retourné pour lui faire face.

« Tu prendras le familier avec toi comme un compromis. Ainsi, je pourrai partager ses sensations. Moi aussi, je vais apprécier ce soi-disant shinkansen, » déclara Wridra.

Ce n’était pas étonnant qu’elle soit si concentrée sur la réalisation de ce projet. Elle nous avait donné une fonction téléphonique, tout en se permettant de profiter de la vue du voyage.

« Pas de problème. Et nous ferons en sorte que tu puisses te joindre à nous pour notre prochain voyage. » Elle avait souri, puis nous avait dit comment utiliser notre nouvel outil. On pourrait croire que Wridra venait du futur, avec tous les outils qu’elle fabriquait. Eh bien, nous avions achevé toutes nos tâches. Nous avions terminé la mission de sauvetage dans l’ancien donjon, Wridra avait terminé les préparatifs pour le voyage, et le plus important : les savoureux snacks avaient été disposés sur la table.

« Notre tant attendue Golden Week est enfin arrivée. Assurez-vous de ne pas trop dormir à cause de toute cette agitation. Nous irons à Aomori dès que nous nous réveillerons, » déclarai-je.

Les deux filles avaient levé les mains en l’air en s’acclamant, puis elles avaient tapé dessus sur le lit.

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Après avoir fait notre rapport, l’homme bien bâti nous avait regardés avec un niveau de choc que nous n’avions jamais vu auparavant. Il s’appelait Zera, le chef de l’équipe de la Pierre de Sang qui était devenu notre ami après la mission de sauvetage que nous venions de terminer l’autre jour. La femme aux cheveux roux connue sous le nom de Doula était avec lui, et nous venions de nous rencontrer. La vue était très différente de la nuit précédente, quand nous avions vaincu le démon.

« Hein ? Te rends-tu compte de la quantité de trésors que nous trouvons ? Vas-tu sérieusement y retourner une fois ? » Il se leva en parlant et en faisant des gestes vers les piles de Pierres Magiques et autres butins. Il semblait que la salle du trésor avait été déverrouillée après avoir vaincu le démon, et ils étaient tous occupés à sortir leurs trouvailles. Les membres de l’escouade semblaient absolument ravis de travailler.

« Oui, nous avons de longues vacances qui arrivent. »

Marie et moi avions souri en répondant, et même Doula avait un regard sévère sur son visage. Le fait est que le Golden Week que nous attendions depuis si longtemps était plus important pour nous. De plus, j’avais déjà reçu Astroblade, que je soupçonnais être le plus grand trésor de tous. Zera avait gratté ses cheveux noirs, comme s’il ne comprenait toujours pas.

« Je ne comprends pas. C’est comme si vous n’aviez aucun désir pour quoi que ce soit… ou que vous désiriez seulement quelque chose de complètement différent. On va s’occuper de tout ici, alors profitez de vos vacances, » déclara Zera.

Puis, il semblait se souvenir de quelque chose. Il avait sorti des emballages un peu plus grands que la taille de mon poing et m’avait tendu le paquet. Quand je l’avais déballé, il y avait un joyau turquoise qui me rappelait l’océan.

« Tenez, c’est la plus grosse pierre magique qu’on ait trouvée ici. Je m’inquiète pour votre avenir, alors prenez au moins ça. Je vous enverrai le reste de votre part une fois que nous aurons vendu une partie des marchandises. » Avec ça, il avait poussé l’objet dans mes mains avant même que je puisse hésiter. Je ne pensais pas que quelqu’un finirait par s’inquiéter pour mon avenir, même dans ce monde… Marie et moi l’avions remercié et j’avais décidé de l’accepter sans protester. Ensuite, les autres membres de l’équipe s’étaient joints à la conversation.

« Mais vous ne partez pas bientôt en vacances pour votre lune de miel, capitaine Zera ? »

« Vous avez obtenu assez de fonds avec ce butin. Peut-être que vous devriez effectuer votre voyage et approfondir votre amour avec… »

Les deux intervenants avaient reçu un coup de poing à la tête, comme d’habitude. Mais même lui semblait apprécier la vue de Doula, habituellement calme, qui s’agite. Zera avait regardé son coéquipier, mais ils avaient tous l’air de s’amuser. Puis, le grand homme avait regardé vers moi.

« Quoi qu’il en soit, pensez à ça comme un gage de célébration. Le premier étage semble avoir d’autres maîtres d’étage, alors vous pouvez aller vous amuser jusqu’à ce qu’on ait fini de les nettoyer. »

« Oui, merci. Nous allons y aller maintenant ! »

On s’était dit au revoir, puis j’avais activé ma compétence de mouvement à longue distance : Trayn, le guide du voyage. Marie s’était accrochée à moi alors que nous tombions dans un monde une couche plus bas, nous plongeant dans les ténèbres.

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