Bienvenue au Japon, Mademoiselle l’Elfe – Tome 3 – Chapitre 1 – Partie 5

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Chapitre 1 : Faire des emplettes avec Mme l’Elfe

Partie 5

J’avais frotté les pots avec une brosse à récurer pendant que je pensais distraitement à leur conversation. Je n’avais jamais entendu parler d’un objet lié à un dragon. Les fragments de dragon, qui étaient extrêmement durables et résistants à la chaleur, étaient utilisés dans toutes sortes d’armes et d’armures. Mais la plupart de ces matériaux provenaient de dragons inférieurs, et ces créatures ne pouvaient pas se comparer à celles de statut légendaire comme Wridra.

« Hmhm, bien sûr. Je suis un peu méticuleuse, et l’équipement de ce monde n’est composé que de jouets par rapport à mes créations. Cependant, je me comporterai bien dans ce monde. Il y a quelqu’un qui a tendance à se plaindre à proximité, après tout. » Ses rires résonnaient derrière moi, et je me demandais si j’étais vraiment si inquiet à ce point. J’avais certainement regardé avec appréhension, mais je ne pensais pas avoir exprimé mes inquiétudes à haute voix… Cependant, j’étais reconnaissant que Wridra se soit fait un point d’honneur afin de ne pas attirer l’attention non désirée. J’avais fermé le robinet et je m’étais essuyé les mains avec une serviette. Quand j’étais retourné à la table, les deux dames m’avaient accueilli avec un « Bon retour » et un « Bon travail ».

« Alors, tu seras le tank de Marie comme on l’avait prévu. C’est un honneur et un soulagement que tu veilles sur nous, » déclarai-je.

« Tu me donnes entière satisfaction, comme avec ce curry tout à l’heure, alors ça ne me dérange pas. Il n’y a pas besoin de me remercier, bien sûr, mais… tu n’as pas beaucoup de jours de congé, si je me souviens bien. J’apprécie le geste, mais tu n’as pas besoin de m’offrir de tels repas si souvent, » déclara Wridra.

Hein ? Depuis quand avait-elle acquis une telle compréhension de ma situation professionnelle ? Soudain, je m’étais souvenu qu’elle était assise seule dans l’oasis. Elle l’avait fait par considération, en nous laissant seuls, Marie et moi, ensemble. Elle était redoutée par beaucoup comme le Magi Drake, mais je la considérais comme beaucoup plus gentille que la plupart des humains. Bien que nous n’avions pas besoin qu’elle soit aussi prévenante avec nous maintenant. Marie avait volontiers pris un calendrier de bureau en main pour lui en montrer la raison.

« Hehe, ne t’inquiète pas pour ça. Regarde, ce calendrier est rempli de jours de congé ! Tu ne le sais peut-être pas, mais mai est un mois merveilleux et plein de vacances. » C’est pourquoi Wridra n’avait pas à s’inquiéter. J’avais seulement besoin de travailler jusqu’à mardi, puis j’avais des jours de congé consécutifs pour le Golden Week. Le Jour commémoratif de la Constitution, la Journée de la verdure, la Journée des enfants, puis le samedi et le dimanche, et cela me donnaient cinq jours de congé consécutifs au total. Ça m’avait presque donné le vertige. Mais malheureusement, Wridra n’avait pas semblé comprendre l’importance de cela, du point de vue de quelqu’un qui avait des jours de congé tous les jours de l’année. Elle avait répondu à nos visages souriants avec un ton neutre. « Hein. »

« Oh, c’est vrai. J’ai aussi des billets. Comme j’ai plusieurs jours de congé consécutifs, je voulais t’inviter chez moi à la campagne, comme je l’ai mentionné il y a quelque temps… Tu te souviens ? » demandai-je.

Marie avait répondu à ma question par une exclamation aiguë. Elle était venue à admirer la campagne japonaise pleine de verdure sous l’influence de l’anime qu’elle regardait. Donc, naturellement, je voulais exaucer son vœu et l’emmener là-bas. Marie se leva de sa chaise presque inconsciemment, ses joues commencèrent à devenir roses, et ses yeux pourpres s’élargirent comme s’ils avaient oublié comment cligner des yeux. Je l’avais regardée dans la confusion, puis elle s’était précipitée vers moi de l’autre côté du plancher, me prenant dans ses bras. Elle était étonnamment puissante pour sa petite carrure, et ma chaise s’était pliée en arrière à un angle. Je l’avais vite serrée dans mes bras.

« Oui, oui, oui ! Je veux y aller ! Oh, mon Dieu, je suis si excitée ! Umm, merci ! » déclara Marie.

« Haha, je suis content. Mais il n’y a vraiment rien. Je ne pense même pas qu’ils ont des magasins de proximité. » Sur ce, j’avais sorti une enveloppe du sac à côté de moi. À l’intérieur, il y avait des billets pour le shinkansen, « Hayabusa ». Je les avais mis sur la table. Ils n’étaient pas bon marché, mais je voulais que Mademoiselle l’Elfe fasse l’expérience d’un train à grande vitesse. Je voulais aussi lui acheter des boîtes à lunch de la gare, une spécialité lors de voyages comme ceux-ci, et lui permettre de passer des vacances dans le nord-est. Tandis que je considérais tout cela, une prise de conscience importante m’avait frappé. Quelque chose d’évident m’était complètement sorti de l’esprit : je n’avais acheté que deux billets.

« C’est exact… Euh, Mlle Wridra. Désolé, j’ai commandé les billets vendredi, et j’en ai juste assez pour deux, » déclarai-je.

« Hm ? Ça ne me dérange pas. Tu ne m’attendais pas en premier lieu. Je ne peux pas t’en vouloir de ne pas être capable de prédire l’avenir. Va profiter d’un peu de temps seul avec elle. » Il semblait qu’elle était de bonne humeur après le repas, et elle acquiesça d’un signe de tête magnanime. C’était un énorme soulagement. J’étais content qu’elle ne se soit pas fâchée contre moi. J’avais été impressionné par la maturité de l’ancien dragon. Marie avait pris le billet dans sa main, l’avait retourné et l’avait observé.

« Qu’est-ce qu’un shin-kan-sen ? Est-ce différent de la voiture qu’on conduit d’habitude ? » demanda Marie.

« Oui, c’est plus rapide que les trains qu’on a pris avant… Je pense que ce sera plus facile de te le montrer. » Avec ça, j’avais regardé sur mon smartphone et j’avais choisi une vidéo du shinkansen. La vidéo téléchargée sur un site vidéo montrait la silhouette distinctive du shinkansen Hayabusa, qui avait rapidement avancé à une vitesse vertigineuse. Sa silhouette s’avançant à toute allure sous le ciel bleu sur un fond pastoral et montagneux était une source d’inspiration. C’était quelque chose qui n’existait pas dans le monde du rêve, bien sûr, et la fille avait haussé la voix avec les yeux collés à l’écran.

« Ah ! Si vite ! Wooow, comment peut-il aller beaucoup plus vite qu’un oiseau ? Whoa, attends, attends une minute. On va monter là-dessus !? » demanda Marie.

« Bien sûr que oui. J’ai des billets, après tout. Tu as le siège spécial fenêtre. » Elle avait l’air adorable en regardant d’avant en arrière entre l’écran de mon téléphone, puis vers moi, et encore en arrière. Comme je me sentais bien de faire la réservation, j’avais entendu la voix de Wridra murmurer à côté de moi.

« Je veux… »

« Hm ? »

« Je veux aussi le voir…, » murmura Wridra.

Nous avions gelé. Wridra avait un léger sourire sur son visage, les larmes coulant le long de ses joues. Attends une minute. Elle n’avait pas dit que ça ne la dérangeait pas, et qu’elle était mature ? Je pouvais à peine exprimer la question, immobile, et la dragonne se mit à sangloter ouvertement.

« On peut repartir en voyage une autre fois. Alors, on pourra y aller ensemble ! » J’avais essayé de lui remonter le moral, ma voix craquant involontairement. Elle regardait le ticket. Ses émotions se manifestaient toujours facilement sur son visage, c’était donc très évident ce qui lui passait par la tête. Il y avait deux billets. Le siège au bord de la fenêtre de Marie était déjà pris en compte. Et ma place, alors ? Marie et moi avions tous les deux avalé de façon audible en même temps.

 

 

« K-Kazuhiho ne mentirait pas sur quelque chose comme ça ! La prochaine fois, c’est sûr ! D’accord ? » demanda Marie.

« Je me demande quand aura lieu cette “prochaine fois”. Ah… Vous m’oublieriez sûrement d’ici là. Ils disent que ce qui arrive une fois arrive trois ou même quatre fois. Les enfants des hommes ne se soucient pas d’un dragon solitaire et ancien comme moi. Je ne suis pas différent d’un rocher au sol, » déclara la dragonne.

Oh non, elle était maintenant assise avec le visage baissé et les genoux contre sa poitrine. Nous étions devenus pâles, et tout ce que nous pouvions faire, c’était de battre des lèvres inutilement. En fin de compte, elle n’avait pas baissé les bras jusqu’à ce que je signe un engagement écrit stipulant que nous l’emmènerions la prochaine fois. Même à ce moment-là, elle n’arrêtait pas de me faire répéter ma promesse.

La pièce n’était éclairée que par un éclairage indirect, avec des rideaux épais couvrant les fenêtres. La pièce autrefois vivante était couverte d’une teinte orange, indiquant qu’il était temps d’aller se coucher. Et dans cette chambre, une fille était allongée sur le lit. Elle ne s’en rendait probablement pas compte, mais elle débordait de charme féminin alors qu’elle me fixait avec une place à côté d’elle libre sur le lit. C’était comme si elle m’appelait. Elle semblait différente de d’habitude dans l’éclairage tamiser. Ses traits nets, ses lèvres pulpeuses et rouges et ses clavicules qui sortent de ses vêtements semblaient obscurcir son âge réel. Le lit avait grincé quand j’y avais posé mon genou et pris place à côté d’elle, et elle avait mis son bras autour de moi. Marie avait levé une jambe et l’avait placée sur ma cuisse comme d’habitude. Elle passait ses doigts dans ses cheveux, et je sentais une légère odeur sucrée. L’elfe était plus silencieuse que d’habitude. Elle me fixa sans mot, les yeux légèrement humides. Elle m’avait serré un peu plus fort et ses cheveux soyeux m’avaient un peu chatouillé.

Ah, je vois. Elle m’attend.

Temporairement, je lui avais touché les cheveux avec mes doigts et elle avait gelé. Elle était restée immobile les yeux fermés, confirmant mon soupçon qu’elle m’attendait. Je l’avais embrassée sur le front, et elle avait senti la chaleur de mes lèvres qu’elle avait anticipée. Son visage s’était adouci, mais elle avait ensuite caché son visage sous les couvertures, alors je n’avais plus pu apprécier son expression mignonne. Seuls ses beaux cheveux blancs étaient maintenant visibles, mais je pouvais dire que ses longues oreilles étaient d’une nuance de rose.

« Hehe, bonne nuit. Faisons de notre mieux dans le donjon, » déclara Marie.

« Bonne nuit, Marie. Fais de beaux rêves… Oh, je suppose qu’on va regarder le même rêve, » déclarai-je.

Nous avions ri, puis nous avions écouté les battements de cœur des uns et des autres. Je pouvais sentir la chaleur des couvertures et la douceur de son corps. Notre température corporelle avait graduellement augmenté, se préparant à s’endormir. La regarder cligner des yeux somnolents m’avait aussi bercé au pays des rêves. Comme mes paupières devenaient lourdes, j’avais entendu un craquement par-derrière.

« Hm, si confortable. C’est aussi confortable que ces sources chaudes. »

Avec ça, une paire de bras s’enroula autour de ma taille. Peut-être que cela aurait dû être considéré comme quelque chose de malheureux, mais il semblerait que les dragons n’aimaient pas porter des vêtements lorsqu’ils allaient dormir. La sensation qui se pressait contre le dos était une torture pour moi en tant qu’homme, et cela m’avait légèrement tiré de mon état de somnolence.

« Vous êtes tout simplement trop adorables. Vous avez commencé à éveiller mes instincts maternels, » elle parlait doucement, comme par considération pour Marie, qui dormait confortablement. Ses respirations chuchotées me chatouillaient les oreilles.

« Peut-être que je ne fais que l’imaginer, mais je pense que tu as toujours eu un fort instinct maternel, » déclarai-je.

« Imbécile. Tu dis ça, mais tu ne connais rien aux dragons. » Avec ça, elle avait serré son bras autour de mon ventre. Elle avait appuyé ses hanches contre moi par-derrière, et ma somnolence semblait devenir de plus en plus distante. Mais non, je devais me coucher tôt ce soir avec le raid imminent sur le donjon, sinon je me serais fait gronder.

« Bonne nuit, Wridra. Merci pour tout, » déclarai-je.

« Hah, hah, hah, si je peux savourer des moments comme ça, être garde du corps serait un petit prix à payer. Les repas et les conversations ont été agréables, en effet. Fwah... » La somnolence qui émane de vous est trop puissante. On dirait presque l’effet d’une sorte de magie. Après quoi, elle avait bâillé et s’était blottie la tête contre moi. La chaleur invitante des couvertures l’avait rapidement attirée dans le royaume du sommeil profond.

J’étais le seul qui restait éveillé. Je regardais Marie, qui respirait tranquillement dans un sommeil confortable. Alors que je fixais ses longs cils, une pensée m’avait traversé l’esprit. Peut-être qu’elle était déjà beaucoup plus proche de moi que je ne le pensais. En fait, je ne pouvais pas l’imaginer ne pas être à mes côtés. Ce qui était étrange, vu qu’on ne passait du temps ensemble que depuis un mois. J’avais aussi réalisé qu’elle n’était pas vraiment une enfant. C’est peut-être pour ça qu’elle m’attirait tant. Tellement que je ne pouvais pas arrêter ces sentiments. En écoutant les doux bruits de respiration des deux côtés, mes paupières avaient commencé à devenir lourdes, elles aussi. J’avais fini par m’endormir avec elles, et on pouvait entendre des sons de sommeil de trois personnes résonner dans ma chambre à coucher.

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