Épisode 7 : Bienvenue au Japon, Mademoiselle Magi Drake.
Partie 6
Cet endroit avait beau être une installation récréative, c’était quand même une auberge japonaise agréable et tranquille.
Pendant que nous marchions dans le couloir, il y avait beaucoup de familles qui semblaient profiter de leur temps libre ici.
La lumière du soleil était presque directement au-dessus de nos têtes, et plusieurs personnes se dirigeaient en ce moment vers la salle à manger.
On pourrait déjà aller manger, mais il vaudrait mieux se détendre un peu après avoir pris un bain.
Comme c’était la première visite aux sources chaudes pour l’elfe dont je tenais la main, je devrais lui apprendre la bonne façon d’en profiter.
« Après avoir pris un bain, tu pourras choisir la boisson que tu veux. C’est à ça que sert ce stand, » déclarai-je.
« … Je… Je vois. Est-ce pour ça que tu m’as donné cette pochette à cordon ? » demanda Marie.
Je m’étais retourné et j’avais remarqué alors qu’elle avait pris le temps de répondre que le visage de la fille était si rouge que je m’étais demandé si elle n’avait pas surchauffé alors qu’elle était dans les sources chaudes.
Ses clavicules étaient visibles alors qu’ils n’étaient pas couverts par son yukata, et le fait de voir sa peau claire plus pâle que d’habitude la rendait plus séduisante que la normale.
En voyant ses lèvres pulpeuses et douces, j’avais failli avoir le visage tout chaud.
Comme elle était une elfe qui avait vécu 100 ans, elle était en fait beaucoup plus âgée que moi.
« Ouais, alors, euh, vas-y, choisis ce que tu veux, » balbutiai-je.
J’avais pointé du doigt devant moi, et les yeux de la fille s’étaient dirigés vers l’alignement de jus de fruits.
Le réfrigérateur derrière le verre contenait du café, du lait, du lait aux fraises et diverses boissons en conserve.
La vue était sûre d’attirer l’attention de n’importe quel enfant, et les yeux de la jeune fille brillèrent d’excitation.
Mais en sentant les yeux de quelqu’un sur nous, j’avais regardé sur le côté pour trouver Wridra dans le coin du couloir, comme si elle était sur le point de pleurer.
Elle se tenait assez loin de nous, mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Je voulais le lui demander, mais elle avait disparu de l’autre côté du couloir avec un regard douloureux. Je lui aurais acheté du jus de fruits si elle en avait voulu…
En y repensant, j’avais senti une traction sur ma manche.
« Je veux celui-là ! La couleur est si jolie, » déclara Marie.
« Oh, bien sûr. Alors je choisirai le même. Excuse-moi…, » déclarai-je.
Les deux bouteilles de ramunes (boisson non alcoolisée gazeuse japonaise) s’étaient cognées l’une contre l’autre pendant que je les mettais sur le comptoir pour les payer.
C’était drôle de voir Marie lutter pour faire passer la bille à travers le goulot de la bouteille [1].
Elle avait mis la bouteille sur une serviette et avait essayé de l’enfoncer, mais elle semblait avoir de la difficulté à pousser assez fort.
J’avais placé ma main sur la sienne pour l’aider, et elle avait légèrement tremblé en raison de l’effort.
Juste au moment où elle commençait à se tourner vers moi, la bille s’était retirée avec un « pop » satisfaisant !
« Oh ! Qu’est-ce que c’est ? Il y a une boule transparente là, » déclara Marie.
« Oui, ça s’appelle une bille, et c’est utilisé comme sceau pour la boisson, » répondis-je.
Elle fit un bruit montrant son étonnement et regarda avec curiosité dans la bouteille, et ses yeux d’un pourpre pâle observèrent le gaz carbonique qui faisait des bulles dans la bouteille.
Ces boissons devaient lui paraître étranges.
Elle fixait la bouteille tout le temps pendant que nous marchions vers le bain de pieds.
On aurait dit qu’elle était impatiente de le boire, mais elle avait juste besoin d’attendre un peu plus longtemps.
Après une courte marche, nous étions arrivés au bain de pieds se trouvant tout près.
Il y avait différents endroits pour profiter de l’eau chaude de l’établissement, l’un d’eux étant un plan d’eau qui était aussi un passage qui ne montait même pas jusqu’à vos genoux.
Nous nous étions assis sur les sièges dans ce qui ressemblait à une véranda et nous avions plongé les pieds dedans, sentant la chaleur de l’eau qui était juste à la bonne température.
« Comme c’est intéressant. Je ne m’attendais pas à voir un bain comme ça. Je suppose que c’est pour te réchauffer le corps ? » demanda Marie.
« C’est bien ça. Il suffit d’y tremper les pieds pour se réchauffer tout le corps. Mais aller aux sources chaudes est bien sûr plus efficace pour se garder au chaud par une journée froide, » répondis-je.
La rougeur sur le visage de la jeune fille s’était estompée, et j’étais soulagé de voir qu’elle était redevenue joyeuse.
Elle s’était laissée tomber à côté de moi et, avec sa jambe à côté de la mienne, il était facile de voir la différence dans les couleurs de notre peau.
Elle les étendit aussi loin qu’elle le pouvait, puis fit de petits gestes de pression avec eux.
Ses pieds étaient pâles comme le reste de son corps et beaucoup plus petits que les miens.
J’avais écarté mes orteils de la même façon, et elle avait ri joyeusement en voyant ça.
« Alors, qu’as-tu pensé des sources chaudes ? J’ai entendu dire que cet endroit est plutôt bien, » demandai-je.
« Oh, c’est incroyable. Je n’ai rien à comparer parce que je viens de la forêt et que c’est la première fois que je vais aux sources chaudes, mais j’ai frissonné quand j’y ai trempé mon corps. J’ai même pensé que ça me corromprait en tant qu’elfe, » déclara Marie.
J’avais entendu des gens dire cela à propos d’eux-mêmes, mais je ne savais pas que les elfes pouvaient ressentir la même chose.
Elle semblait sincère en me disant ça, et cela me rendait heureux de l’avoir invitée.
« Alors je suppose que je devrais dire, bienvenue dans la culture des sources chaudes. Je suis vraiment content que tu aies l’air d’aimer ça, » déclarai-je.
« Oh, mais je ne sais pas si je devrais. Et si je suis vraiment corrompue en tant qu’elfe ? Tu ne riras peut-être plus quand mes oreilles tomberont de ma tête, » déclara Marie.
Nous avions tous les deux ri, puis nous avions cogné nos bouteilles ensemble.
Le ramune froid m’avait fait du bien en descendant dans la gorge et cela m’avait laissé un arrière-goût rafraîchissant.
Les yeux de Marie s’étaient un peu élargis en sentant les bulles, puis elle avait souri et avait dit que cela avait bon goût.
« Je voulais te remercier. J’étais gênée au début, mais voir ton visage endormi m’a aidée à me détendre, » déclara Marie.
Hm ? Gênée ? Que voulait-elle dire ?
Je ne m’attendais pas à des remerciements formels, mais elle avait retiré ses pieds de l’eau.
Je l’avais observée, me demandant ce qui allait se passer ensuite, puis elle avait placé sa petite main sur ma poitrine.
« Tu dois te sentir gênée comme je l’ai été, » déclara Marie.
« Hein… ? »
Son joli visage obstrua le soleil à mesure qu’elle se rapprochait, et mes yeux s’élargirent.
Son nez s’était frotté contre mon front, puis elle m’avait gentiment caressé les cheveux.
Ses lèvres douces étaient aussi — non, beaucoup plus douces que je ne l’imaginais quand elles se pressaient contre mon front.
Le temps semblait disparaître.
Mes pensées avaient été effacées de mon esprit, et je ne connaissais que la chaleur qui venait d’elle.
Un léger jet d’eau se fit entendre, mais on aurait dit que cela venait de si loin.
Seul le cou de la fille était apparu dans mon champ de vision, et j’avais senti sa respiration me chatouiller les cheveux.
Les cheveux brillants et soyeux de l’elfe me caressaient les joues, et j’étais à court de mots.
Tout ce que je pouvais faire, c’était sentir sa chaleur.
Puis, la chaleur avait commencé à remplir visiblement mes joues.
J’avais fait un léger bruit en m’éloignant d’elle, et le visage de l’elfe avait rempli ma vue.
La fille rougissante devant moi semblait si féminine et pure que je ne pouvais m’empêcher d’être captivé par elle plus que d’habitude.
En me voyant ainsi, un sourire satisfait se répandit sur son visage.
« Hehe, qu’est-ce que tu dis d’un merci ? » demanda Marie.
« A-Ahhh, c’était, très, très, surprenant. Umm, merci, » balbutiai-je.
« C’est moi qui te remercie… J’ai un peu froid. Peux-tu te pousser pour moi ? » demanda Marie.
J’étais encore au milieu de ma confusion, quand la fille avait placé ses fesses entre mes jambes.
Elle était ensuite retournée à son bain de pieds et avait commencé à fredonner en étant de bonne humeur.
La sensation contre mon front était encore clairement persistante, donnant l’impression que les lèvres de Marie étaient toujours là.
J’étais ébloui par ses cuisses qui sortaient de son yukata, et j’avais besoin de temps pour contenir l’émotion étrange que je ressentais.
Je ne savais pas, mais apparemment Wridra lui avait dit ce qui suit.
« Mains, pieds, où tu veux… Embrasse-le quelque part. S’il a des sentiments pour toi, regarde son visage et tu verras. » C’était un conseil agressif, mais précis.
Tandis que ma tête se remettait lentement de la confusion, j’en étais venu à une prise de conscience.
La fille avait fait un pas en avant, et malgré ma nature timide, je devais faire la même chose.
En d’autres termes, il semblait que nous étions plus que de simples amis à partir de ce moment.
C’est ce que j’avais ressenti quand j’avais touché mon propre front.
C’était assez choquant, et je n’aurais probablement ressenti aucune douleur si je m’étais pincé la joue tout à l’heure.
Je n’avais jamais fait l’expérience de quelque chose comme ça auparavant, donc j’avais l’impression que ce n’était pas vraiment réel et j’avais pensé à la possibilité que ce soit un rêve très agréable.
Mais la jeune fille était bien là et profitait du bain de pieds devant moi, ses orteils oscillant d’avant en arrière.
J’avais finalement remarqué la bouteille dans ma main et j’avais porté le ramune à ma bouche.
Le liquide qui traversa ma gorge était très froid et doux.
Quand j’avais reposé ma bouteille, une paire d’yeux d’un violet pâle me fixait, et mon cœur avait bondi.
« Pourquoi y a-t-il des sources chaudes alors qu’il n’y a pas de volcan ici ? » demanda Marie.
J’avais ressenti un peu de soulagement lorsqu’elle avait posé la question.
C’était probablement parce que ses yeux étaient comme toujours si emplis de curiosité.
Cela m’avait fait me dire que Marie était juste là devant moi, et que son action tout à l’heure était tout à fait naturelle.
Pendant que je buvais du ramune, alors que je trempais dans le bain, et que j’appréciais nos conversations pendant un moment, mon cœur sembla enfin se calmer.
Ce moment restera gravé dans mon esprit comme un souvenir spécial, mais je voulais protéger la relation que nous avions déjà.
Comme je l’avais pensé, Marie semblait très intéressée par les sources chaudes, alors je lui avais parlé de leur histoire et de certaines sources chaudes célèbres dans différentes régions du Japon.
Mais je m’étais rendu compte que j’avais peut-être choisi le mauvais sujet de discussion quand je lui avais dit qu’il y avait tant de sources d’eau chaude parce que ce pays était l’un des pays les plus sujets aux tremblements de terre du monde.
Ses yeux s’étaient ouverts en grand.
« Ça me fait me souvenir de quelque chose ! Il y a eu un tremblement de terre cette nuit-là ! Ce n’était donc pas qu’un incident rare !? » demanda Marie.
« Non, ça arrive assez souvent… Pourquoi ne pas nous joindre aux exercices d’évacuation de mon immeuble l’un de ces jours ? » demandai-je.
Marie avait pâli, puis hocha la tête avec ferveur.
Je m’étais souvenu qu’elle était si surprise cette nuit-là qu’elle était pratiquement sortie des toilettes.
J’avais décidé de ne pas lui dire que les villes métropolitaines, comme celle où nous vivons, étaient particulièrement vulnérables aux tremblements de terre.
Ils montraient souvent à la télévision des régions dans lesquelles il était dangereux de se trouver lors de tremblements de terre.
La zone du Koto Ward était rouge vif sur les cartes des zones illustrées à l’époque.
« Il y a eu un très grand tremblement de terre il y a longtemps. Ça a aussi mal tourné chez mon grand-père, » déclarai-je.
« Vraiment ? Est-ce vraiment bon maintenant ? » demanda Marie.
« Bien sûr que oui. Nous sommes le pays le mieux préparé au monde en matière de tremblements de terre. Des gens d’autres pays viennent même ici pour se renseigner sur nos méthodes, » déclarai-je.
En entendant cela, Marie poussa un soupir de soulagement et frotta ma jambe comme pour me réconforter.
La Golden Week s’approchait, et j’avais prévu de visiter la maison de mon grand-père avec elle.
Je faisais ça parce qu’elle s’était beaucoup intéressée à la vie japonaise à l’ancienne après avoir regardé un anime.
Maintenant que nous étions tous réchauffés, nous avons décidé de prendre nos bouteilles vides et de quitter le bain de pieds.
Nous avions traversé le couloir sombre et un peu nostalgique de style japonais, quand elle s’était tournée vers moi avec beaucoup d’enthousiasme.
« Oh, j’ai hâte d’y être ! C’est un endroit plein de verdure et de respect pour la nature, n’est-ce pas ? Il doit y avoir des dieux partout, » déclara Marie.
« En fait, je n’en suis pas sûr. En vérité, je n’ai jamais regardé l’histoire de la région. Tu en sais peut-être plus que moi à ce stade-ci, » déclarai-je.
« Comme c’est décevant ! Ne connais-tu pas la terre où tu as grandi ? Tu dois étudier à notre retour. Je vais t’aider, » déclara Marie.
Argh, je ne voulais pas étudier après être rentré du travail…
J’avais grogné en ouvrant la porte coulissante pour trouver Wridra couchée sur le sol de tatami.
« Oh, je me demandais où tu étais. Que s’est-il passé ? » demandai-je.
« Uuuugh, je pensais pouvoir manger quelque chose de délicieux… Tu es terrible ! » déclara Wridra.
Elle avait les larmes aux yeux, et elle avait une expression affamée quand elle s’était assise.
Nous la regardâmes tous les deux d’un air vide, et même si nous nous sentions mal, nous ne pouvions pas nous empêcher de rire.
« Uuuugh ! Après avoir été si prévenant, tu as intimidé une pauvre Magi-Drake ? Vous êtes des enfants du démon ! » déclara la dragonne.
« Hmm, on dirait le menu. Regarde, ils ont une spécialité locale ici aussi. Ça s’appelle waraji katsu. En voulez-vous toutes les deux ? » demandai-je.
« « Oui !! » »
Comme c’est mignon, elles étaient parfaitement synchronisées.
Le fait de prendre un bain me donnait faim pour une raison ou une autre, et tout ce que j’avais mangé, c’était des pommes de terre miso sur le chemin.
Mais en y pensais, nous avions aussi mangé des boulettes de riz.
Mais nous faisions notre merveilleuse excursion d’une journée, alors je ne pouvais pas trop me plaindre.
J’avais passé une commande auprès d’un employé depuis ici, en pensant qu’il était très pratique de ne pas avoir à nous rendre à la salle à manger parce que nous avions réservé une chambre pour trois.
La famille Ichijo avait aussi dû passer leur temps ici.
Quand la nourriture était arrivée, j’avais réalisé qu’on l’appelait waraji katsu parce que c’était aussi gros que des sandales waraji.
Le katsu avait été servi avec de la sauce sucrée sur le dessus et placé sur un lit de riz blanc.
Les yeux de Wridra scintillèrent face à la masse de nourriture, et la bouche de la jeune elfe s’était ouvert avec surprise.
Nous ne pouvions pas profiter du bain en plein air fourni avec la salle privée, mais je n’aurais pas pu voir Wridra se débattre avec joie sur le tatami de l’auberge, alors je dirais que ça en valait la peine.
Ce n’était pas nécessairement un signe d’excuse, mais le saké et les délicieux plats d’accompagnement qui l’entouraient après le bain semblaient lui faire oublier tout le stress de l’éducation de ses enfants.
Pour être honnête, je me sentais mal d’avoir oublié que ce voyage était pour elle.
Les filles avaient apprécié le reste de leur séjour en faisant la sieste et en retournant aux sources chaudes.
Notes
- 1 Pour plus d’info, c’est par ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ramune.
Merci pour le chapitre!